Wikipédia:Sélection/Monde byzantin

Acte de mariage de l'impératrice Théophano

Scènes de batailles d'animaux, avec des parties de l'eschatocole de l’acte.
Scènes de batailles d'animaux, avec des parties de l'eschatocole de l’acte.

L'acte de mariage de l'impératrice Théophano (Archives d'État de Wolfenbüttel, 6 Urk 11) est un acte de dotation du haut Moyen Âge en faveur de la princesse byzantine Théophano Skleraina. Suite à son mariage avec Otton II en 972, elle reçoit l'onction d'impératrice du Saint-Empire romain germanique, qu'elle dirige plus tard. Le document juridique établi par Otton II est un exemple des contacts politiques et culturels entre l'empire d'Occident et le cercle culturel byzantin-orthodoxe au Xe siècle. Témoignage de l'art ottonien, influencé par les modèles byzantins, ce document transmis en écriture calligraphique est l'un des fleurons de la production diplomatique du haut Moyen Âge.

Al-Mundhir III ibn al-Harith

Al-Mundhir III ibn al-Harith, connu dans les sources grecques comme (Flavios) Alamoundaros ((Φλάβιος) Ἀλαμούνδαρος), est roi des Ghassanides de 569 à environ 581. Fils d'al-Harith V ibn Jabalah, il succède à son père en tant que roi de sa tribu, mais également à la tête des clients et alliés arabes de l'Empire byzantin à l'est, avec le rang de patrice. Malgré d'importantes victoires sur les rivaux Lakhmides, tribu arabe à la solde de l'Empire perse, les relations avec Byzance se détériorent sous son règne à cause de son monophysisme convaincu, opposé au chalcédonisme préféré par le pouvoir byzantin. L'alliance se rompt totalement en 572, lorsqu'il découvre un projet d'assassinat commandité par les Byzantins. Les relations sont restaurées en 575 et Mundhir obtient de l'empereur la reconnaissance de son statut royal et la promesse de tolérance envers l'Église monophysite.

En 580 et 581 Mundhir participe à une infructueuse campagne contre la capitale perse Ctésiphon, aux côtés du général byzantin (et futur empereur) Maurice. L'échec de la campagne provoque une dispute entre les deux hommes, Maurice accusant Mundhir de trahison. Des agents byzantins capturent Mundhir qui est alors conduit à Constantinople mais il n'est pas jugé. Son arrestation provoque un soulèvement parmi les Ghassanides conduits par son fils, al-Nu'man VI. Quand Maurice accède au trône en 582, Mundhir est exilé en Sicile bien que, d'après une source syriaque, il soit autorisé à retourner dans sa contrée natale après le renversement de Maurice en 602.

Alexis Ier Comnène

Alexis Comnène Ier (image tirée d'un manuscrit grec de la bibliothèque du Vatican).
Alexis Comnène Ier (image tirée d'un manuscrit grec de la bibliothèque du Vatican).

Alexis Ier Comnène (grec : Ἀλέξιος Α' Κομνηνός, v. 1058-1118) est empereur byzantin du 1er avril 1081 au . Il est le troisième fils du curopalate Jean Comnène et d’Anne Dalassène et le neveu de l’empereur Isaac Ier Comnène.

Son règne de 37 ans est l’un des plus longs de l’Empire byzantin et aussi l’un des plus agités. À son arrivée au pouvoir, l'Empire sort d'une période de guerres civiles qui ont mis à bas les structures impériales solides de l'ère macédonienne tandis que les menaces extérieures s'amoncellent, conduisant à des pertes territoriales importantes, allant jusqu'à menacer la survie même de l'Empire. De ce fait, les premières années du règne d'Alexis sont toutes entières consacrées à la lutte d'abord contre les Normands puis contre les Petchénègues et les Seldjoukides. Il parvient dans un premier temps à défendre efficacement les frontières de l'Empire avant de parvenir à reconquérir une partie de l'Asie Mineure dans le sillage de la Première croisade, même si ses relations avec les Croisés sont ambivalentes. En parallèle de cette intense politique étrangère, il procède à des réformes de grande ampleur de toute l'administration de l'Empire, fondant la légitimité de sa famille sur un réseau d'alliances matrimoniales particulièrement denses. La famille impériale devient le cœur du pouvoir. Enfin, il est aussi très impliqué dans les affaires religieuses de son époque.

À sa mort Alexis lègue à son fils un territoire consolidé et agrandi. Son œuvre restauratrice et réformatrice est l'une des plus importantes de l'histoire de l'Empire byzantin. Cependant, si à court et moyen terme le gouvernement d'Alexis Ier est un succès, son bilan reste contrasté. Il ne parvient qu'imparfaitement à rétablir la puissance byzantine car la reconquête de l'Asie Mineure reste partielle. En outre, l'économie de l'Empire commence à subir la concurrence des républiques italiennes. Il est aussi accusé d'avoir mis fin à un début de renaissance culturelle. Enfin, les bases sur lesquelles repose désormais l'autorité impériale, c'est-à-dire sur les liens familiaux, apparaissent comme fragiles à long terme.

Alexis II Comnène

Alexis II dans le Promptuarii Iconum Insigniorum.
Alexis II dans le Promptuarii Iconum Insigniorum.

Alexis II Comnène (en grec byzantin : Αλέξιος Β’ Κομνηνός), né le 10 septembre 1169 et mort en octobre 1183, est empereur byzantin de 1180 à 1183. Fils de Manuel Ier Comnène et de Marie d'Antioche, il épouse en 1180 Agnès de France, fille de Louis VII et d'Alix de Champagne et rebaptisée Anna.

Alexis II est couronné coempereur deux ans après sa naissance et succède à son père quelques mois après son mariage. Sa mère, Marie d’Antioche, assume la régence avec le protosébaste Alexis Comnène, neveu de Manuel Ier. Leur régime favorise à tel point les marchands italiens et l’aristocratie du palais que le mécontentement populaire permet à Andronic Comnène, un autre membre de la famille Comnène, de fomenter une révolution qui chasse la régence à la suite du massacre des Latins de Constantinople. Affectant la plus parfaite loyauté à l’endroit de l’empereur, Andronic fait couronner Alexis II une deuxième fois le 16 mai 1182. D’un caractère faible, surtout porté vers les plaisirs, l’adolescent fait tout ce que lui demande Andronic, y compris condamner à mort sa propre mère l’année suivante. En septembre 1183, Andronic se fait couronner coempereur, puis, n’ayant plus besoin d’Alexis II, fait étrangler celui-ci deux mois plus tard.

Andronic Ier Comnène

Pièce à l'effigie d'Andronic Ier Comnène.
Pièce à l'effigie d'Andronic Ier Comnène.

Andronic Ier Comnène (en grec byzantin : Ανδρόνικος Αʹ Κομνηνός), né vers 1118 et tué le , est empereur byzantin de à sa mort. Fils du sébastocrate Isaac Comnène et petit-fils d’Alexis Ier, il arrive tardivement sur le trône, alors qu'il est âgé de plus de soixante ans. Auparavant, sa vie est parsemée d'événements chaotiques. Il s'oppose à plusieurs reprises à son cousin, l'empereur Manuel Ier, qui est contraint de l'emprisonner quand Andronic ne s'enfuit pas parmi les différents États voisins de l'Empire byzantin.

À la mort de Manuel, Andronic ne tarde pas à profiter du vide du pouvoir engendré par la minorité d'Alexis II et l'incapacité de ses régents à faire valoir leur autorité. Il se porte à la tête d'une rébellion unissant la population de la capitale et les membres de l'aristocratie mis de côté sous les précédents empereurs Comnène. Son arrivée sur le trône, marquée par le massacre des Latins de Constantinople, inaugure un règne troublé et violent. Il a l'ambition de réformer en profondeur l'administration de l'Empire, ce qui donne de lui l'image d'un empereur hostile à l'élite dominante, un constat aujourd'hui en partie nuancé. Surtout, il réprime avec violence les oppositions qui se dressent contre lui, emprisonnant, tuant ou mutilant ses rivaux potentiels. Il s'aliène rapidement une bonne partie de l'aristocratie dominante, fait face à de multiples révoltes tandis que les frontières de l'Empire sont assaillies, notamment par les Normands. Finalement, deux ans après sa prise du pouvoir, il est renversé par une révolte spontanée conduite par Isaac II Ange et exécuté au terme d'une atroce agonie.

En dépit de la brièveté de son règne, la personnalité d'Andronic tout autant que ses réformes ambitieuses ont suscité un fort intérêt de la part des historiens qui portent un regard ambivalent sur lui. Il est loué pour son désir de réforme, mais sévèrement jugé pour son despotisme qui contribue à plonger l'Empire dans une période troublée, aboutissant au sac de Constantinople en 1204.

Andronic II Paléologue

Fresque représentant Andronic II Paléologue, située au monastère de Saint-Jean-le-Précurseur près de Serrès.
Fresque représentant Andronic II Paléologue, située au monastère de Saint-Jean-le-Précurseur près de Serrès.

Andronic II Paléologue, né le , mort au mont Athos le , est empereur byzantin du au . Il est le fils de Michel VIII Paléologue et de Théodora Vatatzès.

Il hérite d'un empire restauré à la suite de la reprise de Constantinople par son père en 1261. Toutefois, malgré cet important succès, Michel VIII n'a pas eu les moyens de rétablir l'empire dans ses anciennes frontières et Andronic devient empereur d'un État épuisé par la politique extérieure de son père. En effet, Byzance doit faire face à de nombreuses menaces sur ses différentes frontières et Andronic est en présence de nombreux défis, à la fois internes et externes. Souvent dénigré, car son règne marque le début d'un déclin inéluctable, Andronic n'a pas les moyens de surmonter tous les défis qui se présentent à lui. En effet, les finances de l'État sont à sec et ses forces armées sont considérablement diminuées, tandis que l'économie de l'empire est asphyxiée par les guerres entre Venise et Gênes auxquelles il est souvent mêlé. Enfin, les diverses querelles religieuses qui émaillent le règne d'Andronic fragilisent encore plus l'Empire byzantin déclinant. Malgré tout, Andronic a contribué à réaliser une entreprise de renaissance culturelle, ainsi que des réformes financières et judiciaires durables.

Au cours de son règne, Andronic II prend le contrepied de la politique de son père. Il met en place une réforme financière drastique qui réduit les effectifs de l'armée, s'oppose à la politique d'union religieuse avec Rome et tente de freiner l'avance turque en Asie Mineure.

Antiquité tardive

Assemblée des Dieux. Illustration du codex Vergilius romanus, folio 234, Ve ou VIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane
Assemblée des Dieux.
Illustration du codex Vergilius romanus, folio 234, Ve ou VIe siècle, Bibliothèque apostolique vaticane
L’expression Antiquité tardive est utilisée pour désigner une période historique qui commence à la fin du IIIe siècle mais dont la date de fin est beaucoup plus floue. Elle n’est employée qu’en référence aux pays ayant appartenu au monde romain, c’est-à-dire aux régions d’Europe occidentale et méridionale, d’Asie et d’Afrique autour du bassin méditerranéen mais se prolonge bien au-delà de la fin de l’Empire romain d’Occident en 476.

Basile II

Basile II (enluminure du XIe siècle)

Basile II le Bulgaroctone (en grec Basileios BoulgaroktonosΒασίλειος Β΄ Βουλγαροκτόνος : tueur de Bulgares) empereur byzantin de 960 à 1025, né en 958, mort le 15 décembre 1025, fils de Romain II et de Théophano. C’est la figure la plus marquante de la dynastie dite « macédonienne » installée sur le trône par Basile Ier, issue d’une famille d’origine arménienne établie en Macédoine.

La période d’expansion de l’empire byzantin, qui avait commencé en 945, a été l’œuvre de plusieurs hommes politiques et administrateurs remarquables. Basile II est de ceux-là. Il donne à l’empire byzantin ce qui correspond à son espace géographique à son apogée : la péninsule des Balkans, l’Asie Mineure, le nord de la Syrie, la Haute Mésopotamie, l’Arménie et l’Italie du Sud : l’Empire qu’il laisse à son frère Constantin VIII est le plus vaste de l’histoire byzantine depuis le temps de Justinien.

Le règne effectif de Basile II dure 49 ans et est le plus long de toute l’histoire byzantine. Avec Justinien son règne est sûrement l’un des plus glorieux. Cependant les deux empereurs sont différents à bien des égards. Alors que Justinien était un intellectuel, Basile II est d’abord un soldat qui passe une grande partie de son temps avec son armée. Néanmoins, Basile est un très bon gestionnaire et un extraordinaire homme politique ; mais avant d’arriver à son but, le basileus a dû conquérir le pouvoir et écarter des usurpateurs.

Bataille de Dyrrachium (1081)

L'Italie et les Balkans en 1084.
L'Italie et les Balkans en 1084.

La bataille de Dyrrachium (près de l’actuelle Durrës, en Albanie) eut lieu le 18 octobre 1081 et opposa l’Empire byzantin sous la conduite de l’empereur Alexis Ier Comnène et les Normands d’Italie du Sud, dirigés par Robert Guiscard, duc d’Apulie et de Calabre. L’affrontement, qui se termina par la victoire des Normands, se produisit aux abords de la ville de Dyrrachium (aussi connue sous le nom de Durazzo), capitale byzantine de l’Illyrie.

Après la conquête de l’Italie byzantine et de la Sicile sarrasine par les Normands, l’empereur byzantin, Michel VII, fiança son fils à la fille de Robert Guiscard. La déposition de l’empereur Michel fournit à Robert Guiscard le prétexte qu’il cherchait pour envahir l’Empire byzantin en 1081. Son armée mit le siège devant Dyrrachium, mais sa flotte fut défaite par les Vénitiens. Le 18 octobre, les Normands engagèrent le combat contre l’armée byzantine commandée par l’empereur à l’extérieur de la ville. Au début, l’aile droite de l’armée byzantine réussit à mettre en déroute l’aile gauche des Normands. Les mercenaires varègues se joignirent aux forces byzantines dans la poursuite des fugitifs mais furent rapidement isolés du gros des troupes et massacrés. Les chevaliers normands au centre des troupes attaquèrent alors le centre de l’armée byzantine, la battirent et la mirent en déroute.

Cette victoire permit aux Normands de s’emparer de Dyrrachium en février 1082 et d’avancer vers l’intérieur, s’emparant de la plus grande partie de la Macédoine et de la Thessalie. Mais Robert Guiscard dut bientôt quitter la Grèce, l’empereur romain germanique, Henri IV, ayant attaqué le pape Grégoire VII, son allié. Guiscard laissa son fils Bohémond avec la responsabilité des troupes de Grèce. Après une série de succès sur l’empereur, Bohémond fut cependant défait par celui-ci près de Larissa. Forcé de retourner en Italie, Bohémond perdit successivement tous les territoires gagnés initialement par les Normands au cours de cette campagne. Ce fut le début de la restauration de l’Empire sous les Comnènes.

Césaropapisme

Othon Ier et le pape Jean XII
Othon Ier et le pape Jean XII

Césaropapisme est un mot né au milieu du XIXe siècle. Il désigne un système de gouvernement temporel (césar) qui, dans une volonté de domination universelle, cherche à exercer son pouvoir sur les affaires religieuses (pape). L’Empereur empiète donc sur les affaires de l’Église. Il occupe ainsi une place privilégiée dans la sphère législative et théologique de l’Église. Pour le cas des monarchies, on peut aussi parler de théocratie royale, gouvernement de la cité par Dieu, par l’élu de Dieu, le roi doit gouverner l’État et protéger l’Église. Le problème que posent les relations entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel est le suivant : il s’agit de savoir qui le dirige au nom de Dieu ; il faut donc déterminer si c’est le pape ou le patriarche qui est soumis à l’empereur en tant que citoyen romain ou si l’empereur est soumis au pape en tant que chrétien. La naissance du césaropapisme est contemporaine de la conversion au christianisme de l’empereur Constantin au début du IVe siècle. Ce mode de gouvernement est lié à l’Antiquité tardive et à l’Empire byzantin. En Occident, il concerne la période ottonienne.

Chute de Constantinople

Le siège de Constantinople en 1453 – miniature réalisée à Lille en 1455 (manuscrit de Bertrandon de la Broquière, BNF, MS fr. 9087, f. 207v).
Le siège de Constantinople en 1453 – miniature réalisée à Lille en 1455 (manuscrit de Bertrandon de la Broquière, BNF, MS fr. 9087, f. 207v).

La chute de Constantinople a eu lieu le , lors de la prise de la ville par les troupes ottomanes conduites par Mehmed II. Elle marque la disparition de l’Empire byzantin.

Le siège qui débute au début du mois d’avril 1453 intervient alors que la situation de Byzance s’est considérablement dégradée lors des siècles précédents. En 1453, l’empire se réduit aux alentours de Constantinople et au Péloponnèse et il n’est plus en état de résister à la puissance montante qu’est l’Empire ottoman à cette époque. Ce dernier a déjà assiégé Constantinople à deux reprises sans résultats mais contrôle l'Anatolie et une grande partie des Balkans. Malgré de multiples appels à l’aide des Byzantins en direction de l’Occident, seules quelques rares troupes italiennes combattent aux côtés des 5 000 défenseurs byzantins conduits par l’empereur Constantin XI. Ces 7 000 à 8 000 hommes sont largement surpassés en nombre par les 80 000 à 100 000 soldats ottomans soutenus par une flotte de plus de 120 navires. Après avoir résisté à plusieurs assauts, les Byzantins finissent par céder le 29 mai 1453. S’ensuit un large pillage de la ville puis l’entrée de Mehmed II dans la cité. Il gagne à cette occasion l’épithète de Fatih (le Conquérant) et fait de Constantinople la nouvelle capitale de son empire qui entre dans sa période faste...

Comptoirs italiens en mer Noire et en Méditerranée

Bannière des républiques maritimes italiennes : lion de saint Marc pour Venise, croix de saint Georges pour Gênes, croix de Malte pour Amalfi, croix tréflée pour Pise.
Bannière des républiques maritimes italiennes : lion de saint Marc pour Venise, croix de saint Georges pour Gênes, croix de Malte pour Amalfi, croix tréflée pour Pise.

Les comptoirs italiens en mer Noire et en Méditerranée constituent un ensemble de comptoirs commerciaux, essentiellement vénitiens et génois, situés sur plusieurs îles et régions littorales de ces deux mers pendant le Moyen Âge tardif. Entre le XIIe siècle et le XVe siècle, ces enclaves italiennes dans des territoires étrangers permettent aux républiques de Venise et de Gênes de contrôler les échanges commerciaux entre les trois continents qui bordent ces deux mers : Europe, Afrique et Asie.

L'établissement de ces comptoirs est, dans un premier temps, facilité par les relations qu'entretiennent les républiques italiennes avec l'Empire byzantin, notamment lors de la première croisade au cours de laquelle Vénitiens, Génois et Byzantins combattent dans le même camp contre les Seldjoukides. Par la suite, l'alliance entre Byzance et Venise se transforme en confrontation qui atteint son paroxysme lors du sac de Constantinople par les croisés en 1204, permettant à la Sérénissime de s'emparer d'une partie de l'Empire byzantin.

L'alliance en 1261 de l'Empire avec la république de Gênes, rivale de Venise, permet à Gênes d’étendre à son tour sa zone d'influence dans les îles grecques et en Crimée, carrefour stratégique entre l'Empire mongol, traversé par les routes de la soie, et les villes méditerranéennes d'Europe et d'Afrique du Nord.

Concurrentes pour exercer leur domination commerciale entre les continents, les deux thalassocraties italiennes alternent des périodes de coopération et de tension qui dégénèrent à plusieurs reprises en affrontements armés, dont les principaux sont les guerres de Saint-Sabas (1256-1270) et de Chioggia (1378-1381).

Constantin IX Monomaque

Mosaique à Sainte-Sophie représentant Constantin IX. Il porte l’apokombia, contenant des offrandes qu'il est de coutume que l'empereur fasse à l'Église.
Mosaique à Sainte-Sophie représentant Constantin IX. Il porte l’apokombia, contenant des offrandes qu'il est de coutume que l'empereur fasse à l'Église.

Constantin IX Monomaque (en grec : Κωνσταντίνος Θʹ Μονομάχος, Kōnstantinos IX Monomakhos), parfois surnommé « le Gladiateur », né vers 1000, à Antioche et mort le à Constantinople, est un bureaucrate et sénateur devenu empereur byzantin entre le et le .

Issu d'une famille de la noblesse byzantine, il arrive au pouvoir par son mariage avec Zoé Porphyrogénète, dernière représentante, avec sa sœur, de la prestigieuse dynastie macédonienne. Son règne intervient donc à la fin de cette ère d'expansion progressive et de prospérité pour l'Empire byzantin, qui rencontre alors des défis d'ampleur. Longtemps considéré comme hostile à l'armée et peu préoccupé par la défense des frontières, il a pourtant combattu des menaces nouvelles, comme les Normands en Italie du Sud, les Petchénègues dans les Balkans et les Seldjoukides en Orient. Capable d'étendre une dernière fois la frontière orientale par l'incorporation d'Ani en Arménie, il est toutefois en difficultés face à ces forces émergentes qui gagnent peu à peu du terrain.

Sur le front intérieur, ses décisions ont été largement débattues, tandis que son pouvoir est à plusieurs reprises contesté du fait de l'extinction à venir de la dynastie macédonienne. S'il sort vainqueur des différentes rébellions auxquelles il fait face, grâce à une habile maîtrise des réseaux de pouvoir, leur survenue atteste de l'instabilité grandissante de la scène politique impériale, tandis que l'économie connaît des signes d'essoufflement. Reconnu pour avoir ouvert le Sénat byzantin à des pans plus vastes de la société byzantine, notamment aux marchands et commerçants, il a été vu par Paul Lemerle comme un symbole de l'ère de prospérité du monde byzantin du milieu du XIe siècle. Ainsi, il ouvre une importante école de droit, fait participer nombre d'intellectuels à son gouvernement et promeut la culture dans l'Empire. Néanmoins, d'autres historiens ont vu en lui un empereur peu préoccupé des troubles les plus urgents qui frappent l'Empire, dépensier, plus intéressé par des plaisirs futiles et qui se refuse à quitter Constantinople, ce qui peut s'expliquer par sa santé fragile.

Enfin, son règne voit la rupture avec l'Église d'Occident en 1054, un événement dont la portée reste limitée à court terme, mais qui symbolise l'écart grandissant entre Rome et Constantinople. À sa mort, l'Empire s'apprête à connaître des défis de grande ampleur qui vont jusqu'à remettre en cause son existence même. C'est probablement ce qui explique les interprétations si différentes qui ont pu émerger à propos du règne de Constantin IX, tantôt jugé responsable de l'aggravation prochaine de la situation de l'Empire, tantôt reconnu pour ses efforts afin d'y apporter des réponses plus ou moins adaptées.

Constantin XI Paléologue

Constantin XI (ou XII) Paléologue, dit Dragasés (en grec : Κωνσταντίνος ΙΑʹ Δραγάσης Παλαιολόγος, Kōnstantinos XI Dragasēs Palaiologos, en serbe : Konstantin XI Dragaš Paleolog), né le /1405 à Constantinople, et mort le sur les murailles de la même ville, est le dernier empereur byzantin du au , et par conséquent le dernier empereur romain de l'Histoire.

Il est l'un des nombreux fils de Manuel II Paléologue et un représentant de la dernière dynastie régnante, au pouvoir depuis 1261. Frère cadet de Jean VIII Paléologue, il s'illustre par sa fidélité à son frère, servant de régent à plusieurs reprises et l'aidant dans certaines de ses campagnes, notamment dans le despotat de Morée. Il gouverne celui-ci à deux reprises, avec d'autres de ses frères, et tente de renforcer cette province plus florissante que la cité impériale déclinante, mais se heurte inévitablement à la puissance de l'Empire ottoman. À la mort de Jean VIII en 1448, il s'impose comme l'héritier et se rend à Constantinople. Rapidement, il est confronté à la situation dramatique de l'Empire, considérablement affaibli. Il tente de favoriser la politique d'union entre l'église de Constantinople et la papauté, pour susciter une croisade contre les Turcs, d'autant que le nouveau sultan Mehmet II a des ambitions expansionnistes affirmées dès sa prise du pouvoir en 1451. Pour autant, il ne parvient pas à susciter l'unanimité parmi ses sujets sur la question religieuse.

Bientôt, en partie par maladresse, Constantin s'attire l'hostilité du sultan et se retrouve enfermé dans Constantinople, tentant de susciter des renforts en Occident, sans grands succès. En avril 1453, il subit le dernier siège de la Constantinople byzantine, lors duquel il mène en personne la défense de la cité. Largement inférieurs en nombre malgré quelques renforts extérieurs, les assiégés résistent plusieurs semaines et Constantin refuse de quitter la ville. Finalement, Constantinople tombe le et Constantin périt durant les derniers combats, sans que les circonstances exactes de sa mort soient connues. Par la suite, de nombreuses légendes ont émergé à son propos, qui compliquent parfois l'analyse de son règne, son statut de dernier empereur romano-byzantin et sa mort, souvent décrite comme héroïque, lui ayant conféré une aura presque mystique. À cet égard, les historiens oscillent entre la vision d'un empereur combatif mais dénué de moyens à sa disposition et celle d'un dirigeant sans réelle dimension au regard des enjeux de son temps.

Cyrus de Panopolis

Cyrus ou Kyros de Panopolis (nom complet en latin : Flavius Taurus Seleucus Cyrus Hierax, en grec : Κύρος ὁ Πανοπολίτης) est un poète, haut fonctionnaire impérial puis évêque de l'Empire romain d'Orient du Ve siècle. Né vers 400 à Panopolis en Égypte, il rejoint la cour impériale de Théodose II à Constantinople grâce à l'impératrice Eudocie qui apprécie sa poésie. Devenu préfet de Constantinople puis préfet du prétoire d'Orient, il participe activement à la rénovation de la ville et promeut l'utilisation du grec, langue de la majorité de la population dans l'Empire d'Orient, en lieu et place du latin dans l'administration impériale. Accusé de sympathie pour le paganisme à la suite d'intrigues au palais impérial, il est disgracié en 441 puis exilé à Cotyaeum, ville dont il devient évêque. De retour à Constantinople après la mort de Théodose II en 450, il s'implique dans des œuvres de charité et se lie à Daniel le Stylite, avant de mourir vers 470.

Il est de son temps reconnu comme un grand poète. Seuls trois de ses poèmes collectés dans l'Anthologie Palatine nous sont parvenus : un fragment de panégyrique de Théodose II, une lamentation en lien avec son exil de Constantinople et un épigramme qu'il aurait fait graver sur la colonne de Daniel le Stylite.

Empire byzantin

L'Empire byzantin vers l'an 600.
L'Empire byzantin vers l'an 600.

L’Empire byzantin ou Empire romain d'Orient désigne l'État apparu vers le IVe siècle dans la partie orientale de l'Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. Il se caractérise par sa longévité : il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin Ier en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Plus dynamique qu’un monde romain occidental dont l'administration effective est de plus en plus réalisée par les élites barbares à la suite de leur arrivée progressive par traité ou par conquête, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. En 476, c'est la chute de l'Empire romain d'Occident, l'Empire byzantin devient alors l'unique successeur de l'Empire romain en place.

À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien Ier (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétraction. C’est à partir du VIIe siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l'Empire à se transformer à nouveau sous l'impulsion des Comnènes, avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s'emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans ni à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

Tout au long de son histoire millénaire, une continuité autant que des ruptures rythment l’existence de l’Empire byzantin, objet complexe à analyser dans sa diversité. Héritier d’une riche culture gréco-romaine, il la fait vivre et contribue à la transmettre à l’Occident au moment de la Renaissance. Il développe sa propre civilisation, profondément empreinte de religiosité. Pilier du monde chrétien, il est le défenseur d’un christianisme dit orthodoxe qui rayonne dans l’Europe centrale et orientale où son héritage est encore vivace aujourd’hui, tandis que la séparation des Églises d'Orient et d'Occident inaugure une rupture progressive avec le catholicisme romain.

Qualifié d’« archaïque » ou de « déclinant » dans l’historiographie ancienne, parfois empreinte de mishellénisme, l’Empire byzantin a fait preuve d’une remarquable capacité d’adaptation face aux évolutions du monde qui l’entoure et aux menaces qui l’assaillent constamment, souvent sur plusieurs fronts. Il parvient souvent habilement à user de la diplomatie autant que de la force pour contenir ses ennemis. Sa situation exceptionnelle, au carrefour entre l'Orient et l'Occident dont il contribue à brouiller les frontières, entre monde méditerranéen et bassin pontique, lui permet de développer une économie dynamique, symbolisée par sa monnaie, souvent utilisée bien au-delà de ses frontières. Cette même abondance suscite aussi les convoitises de voisins ambitieux qui se heurtent régulièrement aux puissantes murailles de Constantinople. Celle-ci, plus encore que Rome pour l’Empire romain antérieur, est le centre du monde byzantin. Même lors de son déclin à partir de 1204, il préserve une vivacité culturelle qui favorise l’émergence de la Renaissance européenne.

Les jugements sur l’Empire byzantin ont profondément varié en fonction des époques. Considéré comme un modèle à suivre par les régimes absolutistes du XVIIe siècle, il est, au XVIIIe siècle, vivement dénoncé pour cette même raison par les critiques de l’absolutisme, et décrit comme décadent. Ces interprétations ont laissé place à des perspectives historiques plus scientifiques. L’héritage du monde byzantin est cardinal dans la compréhension du monde slave, auquel il a laissé un alphabet et une religion. Au-delà, il a su rayonner, transmettant un droit romain codifié, des chefs-d’œuvre architecturaux, incarnés par la basilique Sainte-Sophie, et, plus largement, une culture originale.

Espagne byzantine

Carte de l'Espagne byzantine.
Carte de l'Espagne byzantine.

L'Espagne byzantine, appelée aussi Hispania voire Spania, est une province romaine d'Orient (« byzantine ») au sud de la péninsule Hispanique, ayant existé entre 552 et 624 approximativement. Elle correspond ainsi à la « période byzantine » de la province de Bétique. Créée à l'occasion des reconquêtes de l'empereur Justinien et de son général Bélisaire, elle recouvre le quart sud-est de la péninsule Ibérique, sans qu'il soit aisé de délimiter précisément ses frontières. Si les Byzantins profitent dans un premier temps des dissensions au sein de la péninsule, notamment entre le pouvoir central qui prône l'arianisme et les populations favorables au premier concile de Nicée, la province s'avère difficile à défendre pour les successeurs de Justinien, occupés par des problèmes plus urgents et les Byzantins se retrouvent sur la défensive. Progressivement, sous l'impulsion du roi wisigoth Léovigild, les Romains d'Hispanie perdent du terrain et le renoncement du roi Récarède Ier à l'arianisme fragilise encore plus les Byzantins. Abandonnée par le pouvoir central, l'Espagne byzantine est réduite à une mince bande de terre au début du VIIe siècle avant de disparaître vers 624, à l'exception des îles Baléares détenues par l'Empire, souvent nominalement, jusqu'au début du Xe siècle.

La présence byzantine en Espagne reste entourée d'un certain mystère, en raison de la maigreur des sources, qu'elles soient archéologiques ou textuelles. La géographie de la province est difficile à délimiter précisément, mais se centre autour des deux bastions de Malaga et de Carthagène avec un débat toujours ouvert sur la réalité de la domination byzantine sur l'arrière-pays et l'existence d'une frontière militaire. Selon les historiens, les Byzantins ont pu s'avancer jusqu'à Cordoue et dans l'Algarve, tandis qu'il apparaît relativement acquis que l'Espagne byzantine constitue une province dirigée par un maître des milices. Enfin, les interactions entre Wisigoths et Byzantins sont réelles et s'incarnent dans l'influence des pratiques et de la culture byzantines auprès des souverains et du clergé hispaniques.

Guerre des Vandales

Cate de la guerre des Vandales (533-534) entre l'empire Byzantin et le royaume des Vandales.
Cate de la guerre des Vandales (533-534) entre l'empire Byzantin et le royaume des Vandales.

La guerre des Vandales oppose de 533 à 534 les Vandales et l'Empire romain d'Orient. Elle aboutit à l'annexion du royaume vandale par les Romains d'Orient.

Les Vandales occupent l'Afrique du Nord romaine depuis le début du Ve siècle et y ont établi un royaume indépendant. Sous leur premier roi, Genséric, la flotte vandale mène des actions de piraterie dans toute la Méditerranée, met à sac Rome et repousse une importante armada de l'Empire d'Orient venue les envahir en 468. Après la mort de Genséric, les relations avec l'Empire d'Orient se normalisent, même si des tensions subsistent en raison de l'adhésion des Vandales à l'arianisme et à leur politique de persécution des partisans du concile de Chalcédoine. En 530, un complot palatin à Carthage renverse le roi Hildéric, favorable aux Byzantins, et le remplace par son cousin Gélimer. L'empereur byzantin Justinien trouve là un prétexte pour intervenir. Après avoir signé la paix avec les Sassanides en 532, il envoie une expédition en Afrique commandée par le général Bélisaire et dont les événements sont narrés par Procope de Césarée, le secrétaire personnel du commandant byzantin. Justinien profite des rébellions en Sardaigne et en Tripolitaine, qu'il a peut-être provoquées et qui déstabilisent le royaume vandale. En effet, les forces de celui-ci sont dispersées, notamment leur marine qui ne peut s'opposer aux Byzantins.

La force expéditionnaire romaine part de Constantinople à la fin du mois de juin 533. Après avoir navigué le long des côtes de Grèce et du sud de l'Italie, elle débarque à Caputvada au début du mois de septembre, à la surprise de Gélimer. Ce dernier rassemble ses forces et affronte les Byzantins lors de la bataille de l'Ad Decimum, près de Carthage, le 13 septembre. Son plan est d'encercler l'armée adverse mais la coordination entre ses différentes forces est défaillante et les Vandales sont vaincus. Bélisaire peut alors s'emparer aisément de Carthage tandis que Gélimer se replie vers Bulla Regia. Il rassemble le reste de son armée, comprenant les éléments envoyés réprimer la rébellion sarde. En décembre, il se dirige vers Carthage pour l'affrontement décisif lors de la bataille de Tricamarum. Là encore, Bélisaire est victorieux et Gélimer doit se réfugier dans les montagnes, avant de se rendre au printemps.

Bélisaire revient à Constantinople avec le trésor royal des Vandales et Gélimer comme captif. Il y jouit d'un triomphe tandis que la préfecture du prétoire d'Afrique est créée. Toutefois, le contrôle impérial ne s'étend pas sur l'ensemble de l'ancienne Afrique romaine et est contrecarré par les rébellions des tribus maures, qui ne sont matées qu'avec difficultés. Finalement, c'est l'intervention de Jean Troglita qui rétablit la paix dans la province en 548.

Guerres turco-byzantines

L'entrée de Mehmed II dans Constantinople est le symbole de la victoire définitive de l'Empire ottoman sur l'Empire byzantin.
L'entrée de Mehmed II dans Constantinople est le symbole de la victoire définitive de l'Empire ottoman sur l'Empire byzantin.

Les guerres entre les peuples turcs et l’Empire byzantin s’étalent sur une période de près de quatre siècles, du milieu du XIe siècle à la chute de Constantinople en 1453.

Ces guerres n’ont pas seulement influé sur les deux belligérants : elles ont aussi compté parmi les éléments déclencheurs des croisades, entraîné la destruction de l’Empire byzantin, le successeur de l’Empire romain de l’Antiquité, et permis à l’Empire ottoman de devenir une des plus grandes puissances de l’époque.

Les premières escarmouches remontent au milieu du XIe siècle lorsque des bandes turques composées de Turcomans et de Seldjoukides s'installent à la frontière orientale de l'Empire byzantin. L'installation durable des Turcs sur le territoire de l'ancien califat abbasside après 1055 permet aux Seldjoukides de se renforcer et de s'étendre aux dépens de l'Empire byzantin. La victoire seldjoukide lors de la bataille de Mantzikert couplée aux guerres civiles byzantines permettent aux Turcs de s'installer en Asie mineure. L'arrivée au pouvoir des Comnène et la première croisade obligent les Seldjoukides à refluer des parties occidentales de l'Asie mineure sans pour autant que les Byzantins puissent récupérer l'ensemble de la péninsule anatolienne à l'image de leur défaite à Myrioképhalon. Le déclin byzantin de la fin du XIIe siècle entraîne la perte de certains territoires asiatiques aux profits des Seldjoukides qui ne peuvent pourtant pas profiter de la division de l'Empire byzantin après 1204, à cause de leur défaite à Antioche du Méandre, mais aussi parce que les Mongols soumettent les Seldjoukides dont le territoire est bientôt divisé en de multiples factions turques.

Après 1261 et la reprise de Constantinople par les Byzantins, les différents émirs turcs qui succèdent à l'État seldjoukide s'étendent aux dépens des territoires asiatiques de l'Empire byzantin et au début du XIVe siècle, la quasi-totalité de l'Anatolie est aux mains des Turcs malgré l'intervention de la compagnie catalane. C'est l'émirat ottoman qui tire le plus grand profit des difficultés byzantines ; il prend possession de Nicée et de Nicomédie vers 1330. Bientôt, les Ottomans traversent le Bosphore et s'installent en Europe, où ils soumettent progressivement l'ensemble des États chrétiens de la péninsule balkanique. Sous le règne de Bayezid Ier, à partir de 1389, Constantinople subit un blocus rarement mis en défaut par l'intervention de quelques aventuriers occidentaux. À cette date, l'Empire byzantin est réduit à la « banlieue » de Constantinople et au despotat de Morée. La défaite de Bayezid à la bataille d'Ankara en 1402 contre Tamerlan affaiblit l'Empire ottoman qui, pendant près d'une décennie, est en proie à une guerre civile et à la révolte d'émirats jadis soumis. Mais l'Empire byzantin ne profite guère de ce sursis et très vite, sa situation redevient semblable à celle de 1402. Après un premier siège en 1422, les Ottomans, conduits par Mehmet II, réussissent à s'emparer de la capitale byzantine en 1453. C'est la fin de ce qui subsistait encore de l'Empire romain, marquant symboliquement du même coup la fin du Moyen Âge et l'entrée dans la Renaissance.

Héraclius

Solidus à l'effigie d'Héraclius et de ses fils Constantin III et Héraclonas.
Solidus à l'effigie d'Héraclius et de ses fils Constantin III et Héraclonas.

Héraclius (en latin Flavius Heraclius Augustus), en grec Ηράκλειος (Hérakleios), né vers ou en 575 et mort le , est un empereur romain d'Orient de 610 à 641. Il est le fondateur de la dynastie des Héraclides qui règne sur l'Empire pendant plus d'un siècle (610-711) .

Le règne d'Héraclius est l'un des plus fondamentaux de l'histoire byzantine. Il intervient à un tournant de l'évolution de l'Empire. Dernier empereur de l'époque romaine tardive, il arrive au pouvoir en 610 au terme d'une rébellion dirigée par son père, Héraclius l'Ancien, contre l'empereur Phocas, qui a renversé et tué Maurice quelques années plus tôt. Toutes les premières années de son règne sont consacrées, avec la plus grande énergie, à une lutte à mort contre les Sassanides qui ont profité des désordres internes de l'Empire pour assaillir et conquérir ses provinces orientales, puis menacer Constantinople avec l'aide des Avars dans les Balkans. Grâce à son habileté stratégique et diplomatique, Héraclius renverse progressivement la situation et parvient à reconquérir l'ensemble des territoires perdus, ainsi qu'à conclure la paix avec les Sassanides entre 628 et 630.

Pendant quelques années, Héraclius jouit d'une brève période de paix. Il se consacre au rétablissement de l'autorité byzantine en Orient et tente, sans succès, de réconcilier les différentes branches du christianisme qui coexistent au sein de son Empire. Cependant, en 633-634, une nouvelle menace apparaît. Les Arabes, portés par une nouvelle religion, l'islam, se lancent à l'assaut du Moyen-Orient. Encore épuisé par la guerre contre les Perses qui l'a laissé exsangue, l'Empire cède rapidement. La défaite du Yarmouk oblige Héraclius à abandonner à nouveau la Syrie, la Palestine et bientôt l'Égypte. Sans ressources militaires et financières, il ne peut que constater l'effondrement de l'œuvre de son règne.

À sa mort, en 641, l'Empire byzantin entre dans une nouvelle ère. Ses provinces orientales sont perdues ou en passe de l'être. Les Balkans voient l'installation progressive des Slaves qui menacent la souveraineté byzantine dans la région tandis que la séparation entre l'ancien monde romain occidental et l'Empire d'Orient s'affirme. Le grec a définitivement supplanté le latin sous Héraclius, un premier schisme apparaît entre Rome et Constantinople, tandis que les vieilles structures administratives héritées de l'Empire romain sont contraintes à une transformation profonde qui s'étale sur toutes les décennies à venir. En dépit de la période sombre dans laquelle s'enfonce l'Empire au milieu du VIIe siècle, Héraclius a laissé l'image d'un empereur combattant, déterminé et capable d'audace stratégique pour rétablir une situation compromise face aux Sassanides. Dans l'imaginaire chrétien occidental, il devient un symbole de la défense de la chrétienté et un modèle pour les Croisades, tandis que la tradition musulmane a largement épargné celui qui a pourtant été un adversaire de l'islam.

Histoire de l'Empire byzantin

Drapeau de l'Empire byzantin.
Drapeau de l'Empire byzantin.

L'histoire de l'Empire byzantin s'étend du IVe siècle à 1453. En tant qu'héritier de l'Empire romain, l'Empire romain d'Orient, nommé « Empire byzantin » par Jerôme Wolf en 1557, puise ses origines dans la fondation même de Rome. Dès lors, le caractère prédominant de l'histoire byzantine est l'exceptionnelle longévité de cet empire pourtant confronté à d'innombrables défis tout au long de son existence, comme en témoigne le grand nombre de sièges que dut subir sa capitale, Constantinople. La création de cette dernière par Constantin en 330 peut constituer un deuxième point de départ à l'histoire de l'Empire byzantin avec la division définitive de l'Empire romain en 395. En effet, l'emplacement de Constantinople au carrefour entre l'Orient et l'Occident contribua grandement à l'immense richesse de l'Empire byzantin. Cette richesse couplée à son très grand prestige firent de lui un empire respecté mais aussi très convoité. En outre, la richesse des sources historiques byzantines permet d'avoir un aperçu complet et détaillé de l'histoire byzantine, bien que l'impartialité des historiens, souvent proches du pouvoir, soit parfois contestable.

Héritier de la Rome antique, l'Empire byzantin développa rapidement des caractéristiques qui lui furent propres. Georg Ostrogorsky décrit l'Empire byzantin comme « la synthèse de la culture hellénistique et de la religion chrétienne avec la forme romaine de l'État ». Cette évolution progressive d'un Empire romain à un empire plus spécifique se fit au cours du VIIe siècle après que l'empire eut avec des fortunes diverses essayé de restaurer l'universalité de l'Empire romain à l'image de l’œuvre de Justinien Ier.

Les conquêtes arabes de la Syrie, de l'Égypte et de l'Afrique du Nord associées aux pénétrations bulgares dans les Balkans et lombardes en Italie contraignirent l'Empire byzantin à se refonder sur de nouvelles bases. L'historiographie moderne retient parfois cette transition comme le passage de la forme proto-byzantine (ou paléo-byzantine) de l'empire à sa forme méso-byzantine. Cette dernière se prolongea jusqu'en 1204 et fut caractérisée dans un premier temps par la période iconoclaste qui vit s'affronter partisans et adversaires des images jusqu'au milieu du IXe siècle. Ce conflit interne empêcha l'empire de mener une politique extérieure offensive mais les empereurs parvinrent tout de même à défendre Constantinople contre les périls extérieurs, notamment arabes.

Le succès des iconodoules et l'établissement de la dynastie macédonienne en 867 firent entrer l'Empire byzantin dans sa période glorieuse, tant sur le plan culturel que territorial. Cette œuvre fut à son apogée lorsque Basile II vainquit les Bulgares et laissa l'empire plus étendu qu'il ne l'avait jamais été depuis Héraclius. Toutefois, après sa mort en 1025, les conflits entre les noblesses civiles et militaires couplés à l'apparition de nouvelles menaces conduisirent l'empire au bord de la ruine. La défaite de Mantzikert contre les Seldjoukides en 1071 eut pour conséquence la perte de l'Asie mineure et l'arrivée au pouvoir des Comnène en 1081. Ces derniers réussirent à rétablir la puissance byzantine sans pour autant récupérer l'ensemble des territoires perdus, tandis que l'animosité entre les Byzantins et les Latins s'accrut progressivement avec l'apparition du phénomène des Croisades. Ces tensions aboutirent à la prise de Constantinople par la quatrième croisade en 1204 et à la division de l'empire entre territoires latins et grecs.

Si l'empire de Nicée parvint à reprendre Constantinople en 1261 et à rétablir l'Empire byzantin, les Paléologues ne purent faire face aux nombreux défis qu'ils rencontrèrent. Ruiné économiquement par les républiques italiennes, affaibli intérieurement par une aristocratie toute puissante et incapable de s'opposer à la pression ottomane, l'Empire byzantin finit par tomber en 1453 après un siècle et demi d'une lente agonie. Toutefois, ce déclin fut marqué par un profond renouveau culturel qui permit à l'influence byzantine de rayonner partout en Europe alors même que son territoire s'amenuisait irrémédiablement.

Histoire de Thessalonique

La Tour blanche, un des symboles de Thessalonique.
La Tour blanche, un des symboles de Thessalonique.

Thessalonique ou parfois Salonique (en grec moderne et ancien Θεσσαλονίκη, en ladino סלוניקה, en turc Selânik et pour les Bulgares Sólun) est la deuxième ville de Grèce (820 000 habitants en 2001), chef-lieu du nome du même nom, située au fond du golfe Thermaïque et de la périphérie (région) de Macédoine centrale.

Elle est fondée par un synœcisme organisé par Cassandre de Macédoine en 315 av. J.-C., qui la baptise en l’honneur de sa femme, Thessalonikè, fille de Philippe II de Macédoine. Grâce à sa localisation au croisement d’axes de communication, Thessalonique devient rapidement un centre commercial important. Son développement continue pendant la domination romaine, malgré le sac de la ville après la défaite de Persée de Macédoine à Pydna. Thessalonique profite de la création de la via Egnatia, la grande route transbalkanique méridionale. Une communauté cosmopolite de marchands s’y installe, faite de Juifs, d’Italiens et de Romains.

À la fin du IIIe siècle, l’empereur Galère y élit domicile et y construit un palais et de nombreux édifices publics. Dans sa lutte contre la chrétienté, il fait de saint Dimitri un martyr qui est devenu le saint patron et protecteur de la ville. Par l’édit de Thessalonique (), l’empereur Théodose Ier déclare obligatoire la foi en la divinité du Père, du Fils et du Saint Esprit et proscrit l’arianisme. Pendant les premiers siècles de l’Empire byzantin la ville, capitale d’un thème, continue son essor économique. Sa foire, les Demetria qui se tiennent en octobre, est une des plus importantes des Balkans. La ville s’enrichit de nombreux monuments et d’imposantes églises. À partir de la fin du VIe siècle Thessalonique subit plusieurs attaques. Elle est prise par les Sarrasins en 904 puis par les Normands en 1185. Suite à la quatrième croisade, Boniface Ier de Montferrat fonde le Royaume de Thessalonique (1204), un État latin que le despotat d’Épire reprend dès 1224 avant une conquête par les Paléologue en 1246. À la fin du XIVe siècle et au début du XVe siècle, Grecs et Ottomans se disputent la possession de la ville, assiégée à plusieurs reprises. Après avoir été protégée par Venise de 1423 à 1430, elle est alors définitivement prise par les Ottomans de Murad II.

En 1492, suite à l’expulsion des Juifs d’Espagne, Salonique, qui n’avait jusqu’alors abrité qu’une petite communauté juive, devient le centre mondial du judaïsme séfarade au point d’être surnommée la « Jérusalem des Balkans » et la « madre de Israël ». Au début du XVe siècle, on y compte 4 855 feux : 2 645 feux juifs, 1 229 feux musulmans et 981 feux chrétiens. Au XVIIIe siècle, Salonique reste le débouché naturel des Balkans : toutes les productions de la région transitent par son port. Le commerce de la ville est alors passé pratiquement intégralement dans les mains des Occidentaux qui ont commencé à s’y installer à la fin du XVIIe siècle. On peut voir là un des premiers signes du déclin de l’Empire ottoman

Irène l'Athénienne

Un solidus à l'effigie d'Irène.
Un solidus à l'effigie d'Irène.

Irène l'Athénienne (en grec ancien Εἰρήνη ἡ Ἀθηναῖα) est une impératrice byzantine, née vers 752 à Athènes et morte le sur l'île de Lesbos. Elle règne en tant que régente pour le compte de son fils de 780 à 790 puis en tant qu’impératrice régnante (Βασιλεύς , basileus) de 797 à 802. Elle est la première femme de l'histoire à régner seule, en tant que basileus.

Issue d’une famille de l'aristocratie athénienne, elle est choisie à l’issue d’un concours de beauté par l’empereur byzantin Constantin V comme épouse pour son fils Léon IV. Elle se marie avec ce dernier en 768 puis monte sur le trône avec lui. Cependant, après cinq ans de règne, Léon IV meurt brutalement. Irène devient alors régente pour le compte de leur fils, Constantin VI, qui est alors âgé de 9 ans.

Lorsqu’elle arrive au pouvoir, la société byzantine est secouée par un grave conflit interne, appelé la « querelle des images », qui oppose les partisans et les opposants aux icônes religieuses. Fervente iconodule, Irène organise alors le deuxième concile de Nicée en 787 afin de rétablir le culte des icônes qui avait été interdit sous ses prédécesseurs.

Lorsque son fils atteint la majorité, elle affiche son intention de se maintenir au pouvoir et de régner seule, ce qui provoque la rébellion d’une partie de l’armée. En 790, une révolte éclate. Constantin VI en profite pour renverser sa mère et prendre le pouvoir. Deux ans plus tard, il décide cependant de la rappeler auprès de lui et la nomme co-impératrice. Par toute une série de manœuvres, Irène s’arrange alors pour rendre son fils impopulaire auprès de l’opinion publique et de l’Église. En 797, elle le renverse par un coup d’État et lui fait crever les yeux. Elle troque alors son titre de « basilissa » (mère de l’empereur) pour celui de « basileus » (empereur), devenant officiellement la « femme empereur ».

Sur le plan intérieur, elle mène une politique fiscale généreuse, favorisant le commerce et l’artisanat et allégeant les impôts dans les grandes villes. Elle fait également cesser les persécutions contre les moines et fait restaurer le monastère du Stoudion, qui devient alors le grand centre intellectuel de l’Empire.

Sur le plan international, elle s’efforce de consolider les frontières de l’Empire par la diplomatie plutôt que par la guerre. Elle met notamment fin temporairement aux raids arabes qui ravagent l’Asie Mineure. La principale réussite du règne d'Irène, tant comme régente que comme impératrice régnante, se trouve dans les Balkans où elle parvient à repousser les Bulgares et les Slaves et à assurer le contrôle de l'Empire sur toute la bande littorale en Thrace et en Macédoine. Ses relations avec l’Occident et Charlemagne sont ambiguës. Les deux souverains entretiennent des rapports tantôt amicaux tantôt hostiles, sur fond de lutte d’influence pour le contrôle de la péninsule italienne. À la fin de son règne, elle semble vouloir se rapprocher de lui. D’après Théophane le Confesseur, un mariage entre les deux souverains est même évoqué, même si ce n’est pas certain.

En 802, sa santé décline. Son ministre des finances, Nicéphore, en profite pour la renverser par un coup d’État. Irène est alors exilée sur Prinkipo puis sur l’île de Lesbos où elle meurt en 803.

Elle laisse l’image d’une femme intelligente, à la fois ambitieuse et sans scrupule, mais également d’une grande piété, comme en témoignent les nombreuses églises qu’elle fit bâtir au cours de son règne.

L’héritage d’Irène est contrasté. Si, en Orient elle reste vénérée par l’Église orthodoxe comme celle qui a œuvré pour la restauration des images, en Occident son règne a été longtemps éclipsé par celui de l’empereur Charlemagne, celui-là même qu’elle a, semble-t-il, failli épouser.

Isaac Ier

Monnaie d'Isaac Comnène.
Monnaie d'Isaac Comnène.

Isaac Ier (grec : Ισαάκιος Aʹ Κομνηνός), né vers 1007 et mort en 1061, est un empereur byzantin qui régna du au et fut le fondateur de la dynastie Comnène.

Fils du général Manuel Erotikos Comnène et devenu orphelin en bas âge, il fut confié avec son frère aux bons soins de l'empereur Basile II qui les fit instruire au monastère du Stoudion. Il se lança ensuite dans la carrière militaire et servit comme commandant en chef de l'armée d'Orient vers 1042 et 1054. En 1057, il se retrouva à la tête d'une conspiration des généraux de l'armée d'Orient contre le nouvel empereur Michel VI. Proclamé empereur le 8 juin 1057 par ses partisans, il réussit à défaire les forces loyales à l'empereur lors de la bataille de Petroe, dans la plaine de l'Hadès le 20 août suivant. Dans les négociations qui suivirent, Isaac aurait accepté d'être adopté par l'empereur avec droit de succession, mais cette proposition fut rejetée par ses troupes. Au même moment, dans la capitale, une faction de la population conduite par le patriarche Michel Ier Cérulaire contraignit Michel VI à abdiquer le 30 août. Entré à Constantinople, Isaac fut couronné par le même patriarche le 1er septembre 1057.

Son premier objectif fut de restaurer les finances publiques. Après avoir récompensé ses partisans et les haut-gradés militaires, il prit très rapidement une série de mesures qui s'avérèrent impopulaires : baisse des salaires, hausse des taxes, abolition de privilèges fiscaux. Mais surtout, il confisqua certaines propriétés de l'Église, ce qui lui valut l'opposition du patriarche dont la volonté de puissance le portait à se présenter comme l'égal de l'empereur. En novembre 1058, l'empereur ordonna son arrestation et son exil avant de convoquer un synode pour le démettre. Toutefois celui-ci mourut avant la tenue du procès. Isaac nomma alors un ancien premier ministre, Constantin Leikoudès, pour lui succéder.

Sur le plan extérieur, la situation demeura relativement calme durant son court règne. En Asie mineure, les Turcs tentèrent sans succès en 1058 d'attaquer le fort de Mormrans ; un autre raid contre Taron n'eut pas plus de succès. Au nord-ouest des Balkans, les raids des Magyars prirent fin avec la signature d'un traité en 1059, alors que le même été, Isaac conduisit avec succès une campagne contre les Petchénègues au nord-est.

Peu de temps après son retour de la campagne contre les Petchénègues, l'empereur tomba malade. Épuisé physiquement et mentalement, il se résolut à abdiquer sur les conseils de Michel Psellos, devenu un conseiller influent à la cour. Il se retira alors au monastère du Stoudion où il mourut quelques mois plus tard.

Ivoire Barberini

L’ivoire Barberini, musée du Louvre
L’ivoire Barberini, musée du Louvre

L’ivoire Barberini est un objet d’art byzantin datant de l’Antiquité tardive. Il est conservé au musée du Louvre à Paris.

C'est un feuillet d’ivoire composé de quatre plaques sculptées dans le style classicisant dit théodosien tardif, représentant le thème de l’empereur triomphateur. L’œuvre est généralement datée de la première moitié du VIe siècle et attribuée à un atelier impérial de Constantinople, tandis que l’empereur figuré est identifié soit à Anastase Ier soit beaucoup plus probablement à Justinien.

Il n’est pas certain que le feuillet appartenait à un diptyque, c’est-à-dire qu’il existait un autre ensemble comparable de plaques formant un second feuillet, où aurait pu être représentée par exemple l’impératrice : le poids de ce premier feuillet est déjà trop important pour qu’il puisse être manipulé aisément et remplir une fonction utilitaire. Par ailleurs, il n’y a pas trace de charnière, qui pourrait indiquer une reliure.

La question de l’identification de l’empereur représenté sur le panneau central constitue le problème central qui a occupé les commentateurs de l’ivoire Barberini : son premier propriétaire moderne connu, Peiresc, y reconnaissait sans hésitation apparente Héraclius et faisait de l’officier lui offrant la statuette de victoire son fils Constantin III. Par la suite, on a reconnu sous les traits de l’empereur aussi bien Constantin Ier, que Constance II, Zénon Ier, et surtout Anastase Ier ou Justinien.

L’identification est compliquée par le fait que l’empereur représenté n’est pas nécessairement celui sous le règne duquel l’ivoire a été réalisé : la datation de l’ivoire n'est donc pas conclusive quant à l’identification de la figure impériale, mais elle est indéniablement une indication précieuse.

Jean Doukas (mégaduc)

Jean Doukas (en grec : Ἰωάννης Δούκας), né vers 1064 et mort avant 1137, est un membre de la famille Doukas et un parent d'Alexis Ier Comnène ainsi qu'un grand chef militaire lors du règne de celui-ci. En tant que gouverneur de Dyrrachium, il défend les possessions impériales dans l'Ouest des Balkans contre les Serbes. Il est nommé mégaduc et chasse les flottes turques de l'émir Tzachas de la mer Égée. Il réprime les rébellions en Crète et à Chypre et reprend le contrôle de la majeure partie de la côte occidentale de l'Anatolie pour le compte des Byzantins.

Jean II Comnène

Jean II Comnène, mosaïque de l'église Sainte Sophie, Constantinople, (XIIe siècle).
Jean II Comnène, mosaïque de l'église Sainte Sophie, Constantinople, (XIIe siècle).

Jean II Comnène, en grec ancien : Ιωάννης Β' Κομνηνός / Iôánnês II Komnênós, (Cilicie, ), est un empereur byzantin qui règne du au . Il est surnommé Kalojannis ou Calojanni, soit « Jean le Beau », beau intérieurement, d'une bonne âme (Kalos signifiant « beau », Jannis, « Jean »). Les chroniques de l'époque le décrivent de teint sombre, avec des traits plutôt ingrats et des cheveux noirs qui lui valent le surnom de Maurus. Son règne, avec celui de son fils Manuel, correspond à la dernière période d'expansion de l'Empire byzantin. Poursuivant l'œuvre de son père Alexis Ier Comnène, il lutte activement contre les Turcs seldjoukides en Asie Mineure, écrase définitivement les Petchenègues et pacifie les Balkans. Toutefois, les résultats de Jean II demeurent inconstants et mitigés (à Antioche, par exemple, et face à Venise), et expliquent que le bilan de son règne soit regardé, indépendamment de la personnalité de l'empereur, avec circonspection par les historiens. Ce phénomène est probablement accentué par le fait que son règne s'articule entre ceux, plus denses et plus dramatiques, d'Alexis Ier et de Manuel Ier, dont les personnalités semblent plus complexes que la sienne.

Jean Troglita

Jean Troglita (en latin : Ioannes Troglita, en grec médiéval : Ἰωάννης Τρωγλίτης) est un général byzantin du VIe siècle. Il participe à la guerre des Vandales lors de laquelle les Byzantins reprennent le contrôle de l'Afrique du Nord et sert dans cette région comme gouverneur militaire local entre 533 et 538 avant d’être envoyé en Orient, pour combattre les Sassanides. En tant que dux Mesopotamiae, Troglita se distingue dans plusieurs batailles, ce qui attire l'attention de l'empereur Justinien Ier. À l'été 546, Justinien choisit Jean Troglita comme commandant des forces byzantines en Afrique. Il doit faire face à une série de révoltes parmi les tribus maures ainsi qu’à l’intérieur de l’armée impériale. Troglita remporte rapidement une première victoire contre les Maures de Byzacène lors de l’été 546-547. Toutefois, il est défait à l’été 547 par les tribus de Tripolitaine et l’Afrique est alors sujette à des raids destructeurs. Troglita réorganise son armée et s’assure le soutien de plusieurs chefs tribaux. Peu après, il affronte et défait une coalition aux champs de Caton à l’été 548. Cette victoire met fin à la révolte mauresque et ouvre une ère de paix en Afrique byzantine. Troglita est aussi impliqué dans la guerre gothique en envoyant à deux reprises des troupes pour renforcer les Byzantins combattant les Ostrogoths. Moins connu que les grands généraux de Justinien comme Bélisaire et Narsès, son action permet néanmoins de consolider de manière décisive le contrôle byzantin sur l'Afrique du Nord récemment conquise, qui devient rapidement une province prospère.

Les exploits de Jean Troglita, notamment contre les Maures, sont le sujet du dernier poème épique en latin de l’Antiquité, le Iohannis seu de Bellis Libycis (La Johannide ou Sur les Guerres de Libye) de Corippe, qui constitue la principale source de l’époque sur la vie de Jean Troglita.

Justin Ier

Profil de Justin Ier sur une pièce de monnaie.
Profil de Justin Ier sur une pièce de monnaie.

Justin Ier (latin : Imperator Caesar Flavius Iustinus Augustus ; grec ancien : Φλάβιος Ίουστίνος Αϋγουστος, comme empereur Ίουστίνος Α Ό Μέγας) est né en 450 ou 452 près de Niš et mort le à Constantinople. Il devient empereur byzantin à un âge avancé, le , et règne jusqu'à sa mort. Il est le fondateur de la dynastie justinienne.

D'origine modeste, il s'élève jusqu'à la magistrature suprême par la voie des armes. De simple soldat du corps des Excubites, il devient général et mène diverses campagnes sous le règne d'Anastase lors desquelles, sans faire montre de talents militaires exceptionnels, il prouve sa fidélité à l'empereur. Devenu membre de l'aristocratie de Constantinople et chef des Excubites, il occupe une place centrale dans le processus de succession d'Anastase. Sans qu'il soit possible de savoir le rôle exact qu'il joue, il tire parti de circonstances favorables pour apparaître comme un candidat de compromis et être nommé empereur en 518.

Son règne, long d'une dizaine d'années, est relativement calme. Il rompt avec la politique religieuse d'Anastase et se plie aux conclusions du concile de Chalcédoine. Par conséquent, il rétablit les relations avec la papauté, sans pour autant réprimer violemment le monophysisme. Sur le plan intérieur, il consolide sa légitimité en éliminant ses rivaux et parvient à pacifier la vie urbaine en luttant contre la violence des factions. Enfin, sa politique étrangère est principalement tournée vers l'Orient. D'abord en paix avec les Sassanides, il manœuvre pour accroître l'influence byzantine dans le Caucase, jusqu'à déclencher une guerre ouverte avec les Perses, tandis qu'il soutient le développement du christianisme en mer Rouge.

Le personnage de Justin a souvent été l'objet de jugements sévères ou caricaturaux, tant par les chroniqueurs contemporains que par les historiens modernes : ses origines auraient fait de lui un berger inculte, inapte à gouverner, qui serait parvenu au pouvoir grâce à un concours de circonstances et qui, frappé par une sénilité grandissante, n'aurait régné qu'en nom sous la tutelle de son neveu et futur successeur Justinien. Si l'influence de Justinien sur son oncle est indiscutable, et s'il apparaît clairement comme le successeur désigné de Justin, des analyses plus nuancées sont peu à peu apparues, remettant en cause l'idée d'une mainmise absolue de Justinien sur les destinées impériales entre 518 et 527.

Justinien

Justinien, mosaïque de la basilique Saint-Vital de Ravenne, avant 547.
Justinien, mosaïque de la basilique Saint-Vital de Ravenne, avant 547.

Justinien Ier dit Justinien le Grand (en latin, Imperator Caesar Flavius Petrus Justinianus Sabbatius Augustus, en grec ancien : Φλάβιος Πέτρος Σαββάτιος Ἰουστινιανός) est un empereur romain d'Orient, né vers 482 à Tauresium (Macédoine) et mort le à Constantinople. Ayant régné de 527 jusqu'à sa mort, il est l'une des principales figures de l'Antiquité tardive. Que ce soit sur le plan du régime législatif, de l'expansion des frontières de l'Empire ou de la politique religieuse, il a laissé une œuvre considérable.

D’origine modeste, il parvient aux faîtes du pouvoir grâce à l’action de son oncle et empereur Justin Ier dont il est l’un des principaux conseillers avant de devenir son successeur. Si son arrivée au pouvoir n’est pas sans troubles, puisqu’il doit faire face à la sédition Nika, il impose progressivement son autorité sur un Empire qui, depuis sa fondation, est constamment sur la défensive face aux assauts de nombreux adversaires et tente de faire perdurer l’héritage de Rome, au travers du projet de la restauration de l'Empire.

Justinien est souvent considéré comme le plus grand empereur de l’histoire byzantine ou encore comme le dernier grand empereur romain, avant que l'Empire romain d'Orient ne commence à se différencier de l’Empire romain dont il est le continuateur direct. Il est le dernier empereur à chercher à rétablir l’unité et l’universalité de l’Empire romain, ce qui l’amène à mener des guerres expansionnistes, principalement en Italie et en Afrique, tout en défendant victorieusement les frontières contre les Perses ou les Slaves. Au-delà de ses succès militaires, il entreprend une œuvre de codification législative de grande ampleur qui influence profondément l’évolution du droit en Europe pour les siècles à venir. Très pieux, il intervient fortement dans les affaires religieuses.

Léon V l'Arménien

Solidus de Léon V l'Arménien et son fils ainé, Constantin.
Solidus de Léon V l'Arménien et son fils ainé, Constantin.

Léon V l'Arménien (en grec : Λέων Εʹ ὁ Ἀρμένιος), né vers 775 et assassiné le , est un empereur byzantin de 813 à 820. D'origine arménienne, il vient d'Asie Mineure et s'élève par la voie des armes. Il participe à la révolte avortée de Bardanès Tourkos mais parvient à rester proche du milieu impérial. Finalement, il profite de la défaite de Michel Ier Rhangabé contre les Bulgares en 813 pour le renverser et s'emparer du trône.

Son règne est presque exclusivement consacré à deux missions. Tout d'abord, il doit lutter contre les Bulgares qui ont infligé deux graves défaites de suite aux Byzantins. Presque assiégé par Kroum à son arrivée sur le trône, il ne peut guère l'affronter directement mais bénéficie de sa mort brutale qui écarte le danger. Par la suite, il remporte une victoire contre le khan Omourtag et peut signer une paix honorable qui, si elle consacre l'existence d'un État bulgare indépendant, préserve Constantinople d'une menace potentiellement mortelle.

Sur le front de la politique intérieure, sa grande oeuvre est le retour de l'iconoclasme, soit la condamnation du culte des icônes. Après le rétablissement de ce culte par Irène l'Athénienne en 787, il estime que les difficultés rencontrées par l'Empire sont dues à cette forme d'idolâtrie. Néanmoins, ce sont plus des raisons politiques que religieuses qui expliquent ce choix. Il lui permet d'asseoir son pouvoir en l'appuyant sur des victoires militaires qui légitiment son revirement théologique. S'il essaie d'abord de persuader les principales autorités ecclésiastiques, dont le patriarche Nicéphore Ier de Constantinople, de professer l'iconoclasme, il n'hésite pas ensuite à user de la répression pour imposer ses vues. Pour autant, une part notable de la population de l'Empire, principalement parmi le clergé, reste hostile à cette doctrine.

Finalement, il est renversé et assassiné en 820 par un de ses anciens compagnons d'armes, Michel II l'Amorien, qui poursuit sa politique iconoclaste.

Licario

Licario, appelé Ikarios (en grec : Ἰκάριος) par les chroniqueurs grecs, est un amiral byzantin d'origine italienne au XIIIe siècle. En désaccord avec les barons de l'Eubée, sa terre d'origine, il entre au service de l'empereur Michel VIII Paléologue et reconquiert la plupart des îles de la mer Égée. En récompense, il reçoit l'Eubée comme fief et obtient le rang de mégaduc, ce qui fait de lui le premier étranger à obtenir une telle distinction.

Manuel Ier Comnène

Manuel Ier Comnène.

Manuel Ier Comnène (en grec, Μανουήλ Α’ Κομνηνός) (28 novembre 111824 septembre 1180) est empereur byzantin (11431180) à une période charnière pour l’empire. Manifestant sa volonté de le restaurer dans sa gloire passée et de réaffirmer Byzance dans sa suprématie du monde méditerranéen au XIIe siècle, Manuel poursuit une politique étrangère ambitieuse et énergique.

Pour ce faire, il s’allie au Pape et aux puissances occidentales montantes, envahit l’Italie, maîtrise le passage de la Deuxième croisade à travers son empire et établit un protectorat byzantin sur les royaumes croisés d’Outremer. Faisant face au jihad islamique en Terre sainte, il fait cause commune avec le Royaume de Jérusalem et participe à l’invasion de l’Égypte fatimide. Manuel recompose la carte politique des Balkans et de la Méditerranée orientale en plaçant les royaumes de Hongrie et d’Outremer sous l’hégémonie byzantine et en menant des campagnes agressives aussi bien à l’ouest qu’à l’est.

Toutefois, vers la fin de son règne, les réalisations de Manuel en Orient sont compromises par la défaite à la bataille de Myriokephalon qui, pour une large part, est due à son arrogance à attaquer une place forte turque bien défendue (défaite qui mènera à la fondation de l’Empire turc ottoman et la fin de Byzance).

Marine byzantine

L'enseigne impériale (basilikon phlamoulon) des navires byzantins au XIVe siècle, décrite par Georges Kodinos et reproduite dans l’atlas castillan Conoscimento de todos los reinos (ca. 1350).
L'enseigne impériale (basilikon phlamoulon) des navires byzantins au XIVe siècle, décrite par Georges Kodinos et reproduite dans l’atlas castillan Conoscimento de todos los reinos (ca. 1350).

La marine byzantine est la composante maritime des forces armées de l’Empire byzantin. À l’image de celui-ci, héritier de l'Empire romain, elle tire ses origines directes de la marine romaine. Cependant, comparée à cette dernière, la marine byzantine joue un rôle plus déterminant dans la défense et la survie de l’empire. Ainsi, la flotte romaine, bien inférieure en puissance et en prestige aux légions, fait face à peu de menaces maritimes importantes et reste cantonnée à un rôle de police. La mer est en revanche un aspect vital dans l’existence de l’Empire byzantin, ce qui a amené plusieurs historiens à parler d’« empire maritime ».

L'hégémonie romaine en Méditerranée est d'abord mise en cause par les Vandales avant que Justinien Ier n'élimine cette menace. À cette époque, l'introduction du dromon au sein d'une flotte permanente symbolise la rupture de la marine byzantine avec ses racines romaines. Ce processus s'accélère par les premières conquêtes musulmanes au VIIe siècle qui font du lac romain qu'était la Méditerranée un vaste champ de bataille entre Byzantins et Arabes. La flotte byzantine joue un rôle important dans les guerres contre les Arabes puisqu'elle défend à la fois les possessions lointaines de l'empire mais aussi Constantinople, avec le feu grégeois comme atout capital permettant de sauver cette dernière à plusieurs reprises.

Initialement, la défense des côtes byzantines et des abords de Constantinople est assurée par la grande flotte des Karabisianoi. Néanmoins, cette mission est peu à peu dévolue aux flottes thématiques (régionales) tandis qu'une flotte impériale centrale est maintenue à Constantinople, protégeant la ville et formant le cœur des expéditions navales. À partir de la fin du VIIIe siècle, la marine byzantine, bien organisée et puissante, domine en Méditerranée. Malgré la persistance de l'antagonisme avec les marines musulmanes, rythmé d'une alternance de succès et de déboires, les Byzantins retrouvent au Xe siècle leur position de suprématie en Méditerranée orientale.

Au cours du XIe siècle, la marine commence à décliner à l'image de l'empire. Les Byzantins doivent faire face à de nouveaux défis maritimes venant de l'Occident. Ils sont peu à peu contraints de se reposer pour leur défense sur les marines des cités-États italiennes telles que Venise ou Gênes, ce qui n'est pas sans lourdes conséquences pour l'économie et la souveraineté byzantines. Une certaine renaissance se dessine sous les Comnène mais elle est suivie d'une autre période de déclin qui culmine avec la division de l'empire après la quatrième croisade en 1204-1205. Après la restauration de l'empire en 1261, plusieurs empereurs Paléologue tentent de faire revivre la marine byzantine mais leurs efforts n'ont que des effets temporaires. Jusqu'au milieu du XIVe siècle, la flotte byzantine, qui pouvait à certaines époques déployer des centaines de navires, est limitée à une douzaine de vaisseaux au mieux et le contrôle de la mer Égée passe définitivement aux mains des Italiens et des Ottomans. Cette marine diminuée n'en reste pas moins active jusqu'à la chute de l'Empire en 1453...

Maurice (empereur)

Solidus de Maurice.
Solidus de Maurice.

Maurice (latin : Flavius Mauricius Tiberius Augustus, grec : Φλάβιος Μαυρίκιος Τιβέριος Αὔγουστος) (539-) est un empereur romain d'Orient ou empereur byzantin de 582 à 602.

Si ses origines et les premiers temps de son existence demeurent mal connus, Maurice s'impose comme l'un des principaux généraux de l'Empire sous le règne de Tibère II Constantin (578-582), dont il a été un des proches avant son arrivée au pouvoir. Il combat notamment les Sassanides lors de plusieurs campagnes et finit par être l'héritier désigné, accédant au pouvoir en 582. Son règne, principalement connu par l'œuvre de Théophylacte Simocatta, voit l'Empire combattre sur deux fronts. D'abord, il remporte un succès éclatant contre les Sassanides, puisqu'il finit par prendre le parti du souverain Khosro II contre un usurpateur et peut ensuite conclure une paix avantageuse pour l'Empire, assurant des gains territoriaux notables en Orient, sur une grande partie de l'Arménie. Une fois la frontière orientale stabilisée, Maurice s'efforce de rétablir la solidité du limes danubien face aux incursions des Slaves et des Avars. Par une stratégie agressive, consistant à porter la guerre en territoire ennemi, il semble en passe de réaffirmer la souveraineté byzantine dans les Balkans. Cependant, l'armée, fatiguée de ces campagnes incessantes, confrontée à des effectifs en baisse et à des soldes irrégulièrement payées, symboles des difficultés financières de l'Empire, finit par se révolter et par renverser Maurice qui est exécuté par Phocas, son successeur par la force.

Si la politique extérieure de Maurice est bien connue, ses accomplissements intérieurs sont moins bien appréhendés. Il réforme l'Empire, notamment ses provinces avec la fondation des exarchats de Ravenne et de Carthage et se distingue par son souhait de rétablir les finances de l'Empire, alors fragiles du fait d'un contexte économique et démographique défavorable ainsi que de coûteuses opérations militaires de défense des frontières. Ces efforts expliquent son impopularité grandissante parmi la population et l'armée. En dépit des difficultés de cette fin de règne, qui sont aussi celles d'un monde romain oriental à l'aube de transformations profondes et de défis d'envergure, Maurice a laissé le souvenir d'un empereur capable, désireux de stabiliser son Empire. Il a aussi associé son nom à un manuel de stratégie militaire, le Strategikon, parmi les plus célèbres de l'histoire militaire. Néanmoins, premier empereur à être renversé et exécuté dans l'histoire byzantine, son échec final demeure un élément marquant de son règne.

Michel IV le Paphlagonien

Histamenon du règne de Michel IV qui porte la couronne et le loros tenant à la main le labarum et le globe surmonté d'une croix (verso).
Histamenon du règne de Michel IV qui porte la couronne et le loros tenant à la main le labarum et le globe surmonté d'une croix (verso).

Michel IV (en grec : Μιχαὴλ (Δʹ) ὁ Παφλαγὼν), né vers 1010 et mort le , est un empereur byzantin qui règne du au . Originaire de Paphlagonie en Anatolie, son ascension doit beaucoup à son frère, Jean l'Orphanotrophe, qui devient l'un des personnages les plus influents de l'Empire sous Romain III Argyre et qui l'introduit à la cour. Là, il devient l'amant de l'impératrice, Zoé Porphyrogénète et il pourrait avoir provoqué la mort de Romain III, dont il devient immédiatement le successeur par son mariage avec Zoé.

Sous son règne, c'est surtout Jean l'Orphanotrophe qui s'affirme comme administrateur des affaires de l'Empire, aux côtés d'autres membres de la famille dite des Paphlagoniens. Sans réel soutien parmi les clans de l'aristocratie, Michel IV se repose donc sur son cercle proche et souffre de différents complots tout au long de son règne. L'interprétation de son pouvoir est contrastée car affecté par une épilepsie de plus en plus invalidante, il semble parfois en retrait, même s'il s'implique personnellement dans les affaires extérieures et militaires. Tenant d'une politique plus défensive en Orient, il fait face à des contestations de la domination byzantine dans les Balkans, en particulier de la part des Bulgares, dont il peine à vaincre la rébellion menée par Pierre Deljan. En Italie, il tente de reconquérir la Sicile mais finit par rappeler le général Georges Maniakès alors victorieux, tandis qu'un début de soulèvement des mercenaires normands fragilise les possessions impériales dans la péninsule.

Sur le front intérieur, le régime des Paphlagoniens est marqué par une pression fiscale accrue et un début de dévaluation de la monnaie byzantine, qui ne remet pas encore en cause la stabilité de l'Empire, alors à son apogée. Finalement, en 1041, affaibli par la maladie, Michel IV se retire et meurt presque immédiatement dans un monastère qu'il a parrainé. S'il a assuré sa succession en promouvant son neveu Michel V sur le trône impérial, celui-ci ne s'y maintient que quelques mois, démontrant la précarité de la position des Paphlagoniens à la tête de l'Empire. Dans le contexte de l'extinction à venir de la dynastie macédonienne, toujours incarnée par Zoé et Théodora Porphyrogénète mais sans héritier mâle, le règne de Michel IV tente d'inventer un nouveau système de gouvernement alors que les ambitions s'aiguisent parmi les prétendants au trône. S'il échoue, il préfigure certains traits qui se retrouvent dans la manière de gouverner de plusieurs de ses successeurs.

Michel V

Portrait de Michel V, figurant dans le mutinensis gr. 122, manuscrit grec composé au XVe siècle. Les traits de son visage sont proches de ceux figurant sur les pièces de son règne.
Portrait de Michel V, figurant dans le mutinensis gr. 122, manuscrit grec composé au XVe siècle. Les traits de son visage sont proches de ceux figurant sur les pièces de son règne.

Michel V (en grec : Μιχαήλ Εʹ Καλαφάτης), dit le Calfat, né vers 1015 et mort le , est un empereur byzantin pendant 129 jours du au .

Neveu de Michel IV dont la sœur Marie avait épousé un calfat du nom d'Étienne, Michel ne montra aucune reconnaissance ni à l'endroit de l'impératrice Zoé qui l'avait adopté, ni à l'endroit de son oncle Jean à la suggestion duquel il devait le trône. Réformateur, méprisé à cause de ses origines modestes, Michel V supprima les privilèges de l'aristocratie de la cour et voulut procéder à une profonde réforme de l'administration. Après avoir feint le plus grand respect à l'endroit de ses deux bienfaiteurs, il les fit exiler sur les conseils de son oncle Constantin. Mais si l'exil de Jean l'Orphanotrophe, détesté pour le fardeau fiscal imposé au peuple, ne provoqua aucune réaction, celui de l'impératrice Zoé, dernière survivante avec sa sœur Théodora de la dynastie macédonienne à la légitimité forte, provoqua une révolution. Michel et son oncle Constantin durent fuir Constantinople pour chercher refuge au monastère du Stoudion où, rattrapés par la foule, ils eurent les yeux crevés et furent enfermés dans deux monastères différents le . Sa chute, racontée en détail par les chroniqueurs de l'époque, illustre l'influence de la population de la capitale dans le jeu politique byzantin au XIe siècle.

Michel VI Bringas

Tétartéron d'or de Michel VI Bringas.
Tétartéron d'or de Michel VI Bringas.

Michel VI Bringas (parfois surnommé le Stratiotique ou Stratiotikos — signifiant le belliqueux, allusion possible à son titre de logothète des armées) (grec : Μιχαὴλ ΣΤʹ ὁ Στρατιωτικός) (?-1059) est brièvement empereur byzantin du au . Haut fonctionnaire déjà âgé, il est choisi par les eunuques pour succéder à la dernière représentante de la dynastie macédonienne, l'impératrice Théodora Porphyrogénète. Le règne extrêmement bref de Michel VI, « moins capable de régner que d'être conduit et régi », constitue une année de transition pendant laquelle hauts fonctionnaires, militaires, patriarche et population de Constantinople luttent pour le pouvoir. Une rébellion militaire conduite par Isaac Comnène y met fin, après quoi l'empereur abdique pour se faire moine et finir ses jours dans un monastère.

Les nombreux troubles qui émaillent l'année du règne de Michel VI, premier empereur à régner après la longue ère d'expansion de la dynastie macédonienne, annoncent les troubles à venir de l'Empire. L'empereur ne parvenant jamais à se concilier les différents clans qui se disputent le pouvoir, son règne est marqué par une guerre civile, tantôt ouverte, tantôt larvée, qui dure jusqu'en 1081.

Michel VIII Paléologue

Michel VIII représenté avec le Christ sur un hyperperion célébrant la reprise de Constantinople
Michel VIII représenté avec le Christ sur un hyperperion célébrant la reprise de Constantinople

Michel VIII Paléologue (grec : Μιχαήλ Η΄ Παλαιολόγος) (v. 1224 - ) est un empereur byzantin du XIIIe siècle qui règne entre 1261 et 1282.

Michel VIII, est empereur de Nicée de 1258 à 1261, puis empereur byzantin de 1261 à 1282. Il usurpe le trône de Nicée au souverain légitime Jean IV Lascaris. Son passage au pouvoir est souvent considéré comme le dernier grand règne de l’empire byzantin. Il reprend Constantinople et rénove la Cité Impériale. Ensuite, grâce à une diplomatie habile, il évite une croisade contre la Romanie (autre nom de l’Empire byzantin d’alors). Il utilise d’ailleurs bien plus la diplomatie pour régler ses différends que la manière forte à l’image des Vêpres siciliennes dont il est un facteur déclenchant important mais auquel il ne participe pas directement.

Cependant Michel VIII commet plusieurs erreurs, par exemple en supprimant les colons sur la frontière turque pour épargner aux finances byzantines déjà bien mal en point une dépense supplémentaire. À l’intérieur de l’Empire, il rénove certes Constantinople mais contribue par le renvoi du patriarche Arsène à créer une grave crise religieuse qui perdure bien après la mort des deux protagonistes. De plus, son alliance avec Gênes qui cède à la cité italienne de grands privilèges commerciaux dans l’empire, empêche le relèvement économique et participe ainsi à la future chute de l’empire byzantin.

Missorium de Théodose

Copie du missorium au Musée national d'art romain de Mérida.
Copie du missorium au Musée national d'art romain de Mérida.

Le missorium de Théodose Ier est un grand plat d’argent d’apparat conservé à la Real Academia de la Historia, à Madrid. Probablement réalisé à Constantinople pour célébrer les decennalia (le dixième anniversaire du règne) de l’empereur Théodose Ier, il le représente en train de remettre un codicille à un haut fonctionnaire, flanqué de ses deux co-empereurs, Valentinien II et Arcadius. Il est caractéristique du style classicisant théodosien et considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie romaine tardive.

Le missorium provient d’un trésor d’argenterie, qui comprenait également deux coupes, découvert en 1847 à Almendralejo, près de Mérida (Espagne) dans la province espagnole de Badajoz. C’est un des plus beaux exemples d’argenterie des largesses impériales (largitio), c’est-à-dire de la catégorie de ces objets de luxe réalisés en vue des célébrations impériales (accession au trône, anniversaire de règne principalement) et offerts en ces occasions par l’empereur aux plus grands dignitaires de l’Empire.

Mistra

Le monastère de Pantanassa
Le monastère de Pantanassa

La cité de Mistra ou Mystrás (en grec Μυστράς ou Myzithrás (Μυζηθράς) dans la Chronique de Morée) est une ancienne cité de Morée (Péloponnèse) fondée par les Francs au XIIIe siècle, près de l’antique Sparte. Elle est aujourd’hui en ruines.

Mistra fut fondée en 1249 par Guillaume II de Villehardouin, alors prince d’Achaïe, qui cherchait à construire une forteresse sur les hauteurs du Taygète dans le but de protéger Sparte, alors lieu de résidence favori des Villehardouin.

Fondée par les Francs, Mistra ne reste pas longtemps en leur possession. Fait prisonnier en 1259 à la bataille de Pélagonie, Guillaume doit céder Mistra en même temps que d’autres forteresses à Michel VIII Paléologue, en guise de rançon. L’empereur fait alors de Mistra la capitale du Despotat de Morée, statut qu’elle conserve jusqu’à la chute de l’Empire byzantin. En 1348, l’empereur Jean VI Cantacuzène nomme son fils Manuel à la tête du despotat, marquant le début d’une période de prospérité, à la fois économique, mais surtout culturelle, pour la ville. Désormais, Mistra est gouvernée par les fils ou les frères des empereurs byzantins. Sous le despote Théodore, Mistra est la deuxième plus grande ville de l’Empire après Constantinople, et l’ancien palais de Guillaume II devient la deuxième résidence des empereurs…

Nicéphore Ier

Solidus de Nicéphore Ier et de Staurakios.
Solidus de Nicéphore Ier et de Staurakios.

Nicéphore Ier, dit le Logothète, (en grec Νικηφόρος), probablement né vers 750 et mort le , est un empereur byzantin régnant de 802 à 811. Son règne intervient au moment d'une période d'instabilité depuis les années 780, qui font suite à la reprise en main de l'Empire par la dynastie isaurienne.

Il arrive au pouvoir en renversant Irène l'Athénienne après avoir été son logothète général. L'Empire byzantin est alors confronté à plusieurs menaces extérieures et à un certain désordre interne, lié à la fois à la crise iconoclaste alors en cours et aux réformes économiques et fiscales de sa prédécesseur. Il mène, tout au long de son règne, d'importantes réformes intérieures particulièrement rigoureuses et guidées par un souci de bonne gestion des finances publiques. Il entreprend aussi une politique de repeuplement de la Grèce et d'une partie des Balkans pour renforcer le contrôle de l'Empire dans cette région, tout en renforçant le système militaire local. Si ces mesures ont parfois été dénoncées par ses contemporains, elles sont jugées favorablement par les historiens modernes qui y voient l'entreprise d'un empereur conscient des forces et des faiblesses de l'Empire, dont les assises en sortent renforcées à long terme.

Confronté à différentes révoltes durant son règne, il parvient néanmoins à défendre son trône tout en cherchant l'apaisement sur le plan religieux. Il évite de relancer la crise iconoclaste et essaie de ne pas se laisser déborder par le parti monastique de Théodore Studite, qui refuse toute prérogative du politique sur le religieux.

Enfin, sa politique étrangère est plus contrastée. Confronté à la triple menace de la contestation impériale en Occident, des raids arabes en Orient et de la pénétration bulgaro-slave dans les Balkans, il tente de les juguler une à une. S'il parvient à préserver la frontière avec le califat abbasside, il ne peut espérer reprendre du terrain. En Occident, il défend avec succès les possessions byzantines de Venise et de Dalmatie mais peine à contester la prétention au titre impérial de Charlemagne. Enfin, dans les Balkans, après des succès réels, il échoue dans sa tentative de soumission des Bulgares. Vaincu par le khan Krum à la bataille de Pliska, il y trouve la mort et laisse l'Empire dans une situation très précaire dont il parvient finalement à se relever.

Nicéphore III Botaniatès

Nicéphore III Botaniatès, entouré de Jean Chrysostome et saint Michel. Miniature d'un manuscrit des homélies de Jean Chrysostome, BNF, Coislin 79, fo 2 vo.
Nicéphore III Botaniatès, entouré de Jean Chrysostome et saint Michel. Miniature d'un manuscrit des homélies de Jean Chrysostome, BNF, Coislin 79, fo 2 vo.

Nicéphore III Botaniatès ou Botaneiates ou Botaniate (grec : Νικηφόρος Βοτανειάτης), né vers 1001 et mort en 1081, est empereur byzantin du au .

Issu d'une famille aristocratique d'Anatolie, il s'illustre par ses talents de chef militaire à plusieurs occasions et sur différents fronts, dans le contexte d'un Empire byzantin à son apogée depuis la mort de Basile II en 1025 mais confronté à des menaces extérieures nouvelles et à une instabilité interne grandissante avec la fin de la dynastie macédonienne. De par son influence, Nicéphore est assez vite un acteur des crises et des révoltes qui secouent le monde politique byzantin. Il soutient ainsi Isaac Ier quand il prend le pouvoir en 1057, avant d'être exilé par Romain IV Diogène et de revenir en grâce sous Michel VII après la bataille de Mantzikert. Néanmoins, mécontent de la tournure des événements qui voit la pénétration de plus en plus marquée des Seldjoukides en Asie Mineure, il finit par se détourner de l'empereur et se révolte contre lui en 1078. Soutenu par une partie notable de l'élément anatolien de l'Empire, inquiet pour son avenir, il parvient à s'emparer du trône, alors même qu'une autre révolte venue d'Europe vise aussi Constantinople.

D'emblée, le règne de Nicéphore est marqué par la lutte incessante contre des complots et des soulèvements à différents endroits de l'Empire. Il se montre incapable d'installer solidement sa légitimité dans un jeu politique caractérisé par des luttes d'influence et une compétition entre différentes branches de l'aristocratie. S'il tente d'acheter la loyauté de la population, de l'armée ou de puissantes familles par une politique de cadeaux qui fragilise le trésor impérial, il est dépassé par les défis nombreux auxquels fait face l'Empire, en particulier l'avancée des Seldjoukides en Anatolie ou encore le débarquement des Normands de Robert Guiscard dans les Balkans. Bientôt, ses soutiens s'amenuisent et c'est de la famille des Comnènes, un temps loyale à sa cause, que le soulèvement décisif intervient en 1081. Porté par Alexis Comnène, il rassemble un parti suffisamment fort pour prendre Constantinople au début du mois d'avril. Nicéphore abdique et se retire dans un monastère où il meurt quelques mois plus tard. L'installation de la dynastie des Comnènes marque le début d'une nouvelle phase dans l'histoire de l'Empire byzantin.

Paul Paléologue Tagaris

Broderie représentant un aigle bicéphale byzantin, accompagné d'une inscription mentionnant un patriarche de Constantinople prénommé Paul (possiblement Paul Paléologue Tagaris).
Broderie représentant un aigle bicéphale byzantin, accompagné d'une inscription mentionnant un patriarche de Constantinople prénommé Paul (possiblement Paul Paléologue Tagaris).

Paul Paléologue Tagaris (en grec moderne : Παῦλος Παλαιολόγος Τάγαρις), né vers 1320 ou 1340 et mort après 1394, était un moine grec byzantin et un imposteur. Même s'il descendait de la famille Tagaris, Paul prétendait avoir également un lien avec la dynastie des Paléologues qui régnait sur l'Empire byzantin à cette époque. Adolescent, il fuit son mariage et devint moine. Mais ses pratiques frauduleuses l'impliquèrent dans un scandale. Fuyant Constantinople, il voyagea beaucoup, de la Palestine à la Perse et au royaume de Géorgie et, finalement, via l'Ukraine et le royaume de Hongrie, vers le royaume germanique d'Italie, la Grèce latine, le royaume de Chypre et le royaume de France.

Au cours de sa longue et tumultueuse carrière, Tagaris fut nommé évêque orthodoxe. Il vendit des ordinations à des ecclésiastiques en prétendant être le patriarche orthodoxe de Jérusalem, délaissa l'orthodoxie grecque pour le catholicisme romain avant de revenir sur sa décision, soutint à la fois le Saint-Siège et l'antipape d'Avignon durant le grand schisme d'Occident, et intrigua pour être nommé patriarche latin de Constantinople. Enfin, quand ses escroqueries furent démasquées, il retourna à Constantinople, où il se repentit et confessa ses péchés devant un synode en 1394.

Philippes

Portique du forum de Philippes.
Portique du forum de Philippes.

Philippes (en grec ancien : Φίλιπποι / Phílippoi) est une ville antique fondée par le roi de Macédoine Philippe II en 356 av. J.-C., abandonnée au XIVe siècle après la conquête ottomane, aujourd'hui un site archéologique faisant partie du nome de Kavala en Grèce.

Modeste fondation macédonienne, Philippes occupe une place notable dans l'Histoire en raison de deux événements majeurs : la bataille de Philippes sous ses murs en octobre 42 av. J.-C., puis la prédication paulinienne en 49 ou 50. Les héritiers de Jules César la transforment en colonie romaine sur la via Egnatia, peuplée de vétérans italiens. Le passage de l'apôtre Paul — et son martyre à Philippes selon certains historiens grecs modernes — induisent durant l'Antiquité tardive l'édification de vastes basiliques, peut-être comme centre de pèlerinage. Durement touchée par un séisme au début du VIIe siècle, la cité se couvre de ruines et subit d'éphémères occupations bulgare, latine et serbe, alternant avec des retours de domination byzantine, jusqu'à la conquête ottomane au XIVe siècle et son abandon complet.

Redécouverte par des érudits au XIXe siècle, Philippes est rattachée à la Grèce en 1913, et progressivement fouillée par les archéologues de l'École française d'Athènes, puis par leurs homologues grecs, qui mettent au jour le théâtre, le forum monumental du IIe siècle et une série d'églises paléobyzantines. L'Église de Grèce fait de Philippes un lieu de commémoration paulinienne, et le site archéologique devient en 2016 le 18e site grec inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Phocas

Solidus à l'effigie de Phocas.
Solidus à l'effigie de Phocas.

Phocas (latin : Flavius Phocas Augustus, grec : Φωκάς), né vers 547 et mort le , est un empereur byzantin de 602 à 610.

Simple centurion dans l'armée impériale, il participe à une campagne militaire dans les Balkans en 602 quand il prend la tête d'une révolte des soldats contre l'empereur Maurice, alors profondément impopulaire du fait des difficultés économiques et financières de l'Empire. Rapidement, Phocas profite de la fragilité du pouvoir impérial pour pénétrer dans Constantinople, s'emparer du pouvoir et faire exécuter la famille de Maurice. C'est le début d'un règne tyrannique, marqué autant par une instabilité interne que par des frontières assaillies par des adversaires de l'Empire, qui profitent de l'incompétence de Phocas. En effet, ce dernier est largement reconnu pour son incapacité à s'imposer à la tête de l'Empire. Sa légitimité est contestée du début à la fin et fait le lit de nombreuses révoltes, souvent réprimées dans le sang, ce qui ne fait qu'accroître son impopularité. Dans le même temps, l'empereur des Sassanides, Khosro II, lance un assaut général sur les provinces orientales de l'Empire que Phocas ne parvient pas à repousser. Peu à peu, les provinces périphériques cèdent tandis qu'à Carthage, le gouverneur Héraclius l'Ancien lance une rébellion qui s'empare rapidement de l'Égypte, avant qu'une flotte conduite par son fils, Héraclius, ne prenne Constantinople sans combattre. Phocas, abandonné de toutes parts est capturé et mis à mort. Si certains historiens estiment qu'il souffre parfois injustement de la sévérité des chroniqueurs de l'époque, rares sont ceux qui remettent en cause le souvenir d'un empereur incapable de gouverner un Empire alors en proie à de grandes difficultés, qu'il a parfois contribué à aggraver.

Romain III Argyre

L'empereur Romain III dans son campement lors de la campagne qu'il mène en Syrie en 1030.
L'empereur Romain III dans son campement lors de la campagne qu'il mène en Syrie en 1030.

Romain III Argyre (en grec : Ρωμανός Γʹ Αργυρός), né en 968 et mort le , est un empereur byzantin du à 1034. C'est le petit-fils de Romain Argyre et de son épouse Agathe Lécapène, elle-même fille de Romain Ier Lécapène.

Issu de l'aristocratie, il occupe différentes hautes fonctions administratives quand intervient la mort de Constantin VIII en 1028. Ce dernier est le dernier représentant mâle de la prestigieuse dynastie macédonienne, qui ne survit plus qu'au travers de ses deux filles, Zoé et Théodora. Sur son lit de mort, il leur cherche alors un mari pour pérenniser la présence sur le trône de sa famille. Perçu comme plus influençable que d'autres prétendants, c'est Romain III qui est choisi pour épouser Zoé. Lors de son règne, il s'attelle à poursuivre l'effort expansionniste des Macédoniens en Orient avec des résultats contrastés, dont les succès tiennent moins à ses capacités personnelles qu'à celles de ses généraux. Néanmoins, à sa mort, les frontières de l'Empire sont préservées voire renforcées sur les différents fronts.

À l'intérieur, s'il a parfois été accusé de mesures fiscales favorables aux plus aisés, il semble avoir rapidement instauré une rigueur fiscale qui suscite des inimitiés. Surtout, sa légitimité fragile est régulièrement remise en question, y compris par Théodora et Zoé. Cette dernière, dont l'union avec Romain n'est animée que de sentiments politiques, se détourne de plus en plus de son mari, lequel lui rend la pareille. Finalement, en 1034, il décède dans des circonstances en partie mystérieuses, qui laissent ouverte la piste d'un complot ou d'un empoisonnement dans le cercle proche du pouvoir. C'est Michel IV, l'amant d'alors de Zoé, qui lui succède.

Sac d'Amorium

Miniature du manuscrit Skylitzès dépeignant le siège de la ville par les Arabes.
Miniature du manuscrit Skylitzès dépeignant le siège de la ville par les Arabes.

Le sac d’Amorium par le califat abbasside à la mi-août 838 est l’un des évènements majeurs dans la longue histoire des guerres arabo-byzantines. La campagne abbasside est dirigée par le calife Al-Mu'tasim en personne en représailles à une expédition byzantine conduite par l’empereur Théophile sur les terres frontalières arabes l’année précédente. Mu'tasim vise la ville d’Amorium, une cité byzantine de l’Anatolie occidentale qui est le berceau de la dynastie régnante mais aussi l’une des plus importantes villes byzantines de l’époque. Le calife rassemble une armée exceptionnellement grande qu’il divise en deux parties : la première pénètre profondément dans l’Asie Mineure byzantine tandis que la seconde, située au nord, défait les troupes conduites par Théophile à Anzen. Les troupes abbassides convergent ensuite vers la ville d’Ancyre abandonnée par les Byzantins. Après le sac de la cité, elles se dirigent vers le sud, en direction d’Amorium qu’elles atteignent le 1er août. Théophile, qui fait face à des intrigues de cour à Constantinople et à la révolte de l’important contingent khurramite de son armée, ne peut intervenir.

Amorium est puissamment fortifiée et possède une garnison importante. Toutefois, un traître révèle aux Arabes un point faible dans la muraille, où les assiégeants concentrent leurs attaques jusqu’à dégager une brèche. Au cours d'une tentative de négociation, les Byzantins, incapables de percer les lignes adverses, retirent imprudemment leurs troupes du secteur de la brèche, ce qui permet aux Arabes d'entrer dans la ville et de s'en emparer. La plupart de ses habitants sont massacrés et les autres sont réduits en esclavage. Amorium est complètement détruite et ne parvient pas, par la suite, à retrouver sa prospérité d’antan. La majorité des survivants sont finalement relâchés après une trêve signée en 841 mais plusieurs personnalités importantes sont conduites à Samarra et exécutées dans les années suivantes après avoir refusé de se convertir à l’islam. Ils sont dès lors désignés comme les « 42 martyrs d’Amorium »...

Siège de Constantinople (717-718)

Description du feu grégeois, manuscrit de Jean Skylitzès.
Description du feu grégeois, manuscrit de Jean Skylitzès.

Le second siège arabe de Constantinople en 717-718 est un siège terrestre et maritime de Constantinople, la capitale de l'Empire byzantin, par les Arabes du Califat omeyyade. La campagne est le point culminant de trente ans d'attaques et d'empiètement par les Arabes sur les régions frontalières de l'Empire byzantin alors en plein désordre interne. Les Arabes dirigés par Maslama ben Abd al-Malik envahissent l'Asie Mineure byzantine en 716. Ils espèrent initialement exploiter la guerre civile en cours entre le général Léon l'Isaurien et Théodose III mais Léon parvient à mettre la main sur le trône avant le début du siège.

Après avoir passé l'hiver sur les côtes d'Asie Mineure, l'armée arabe passe en Europe et pénètre en Thrace au début de l'été 717. Elle construit des lignes de siège pour mettre en place un blocus de la cité, qui est protégée par les imposants remparts théodosiens. La flotte arabe qui accompagne l'armée et doit compléter le blocus par mer est neutralisée peu après son arrivée par la marine byzantine et son feu grégeois. Cela permet à Constantinople de continuer à être ravitaillée par mer tandis que l'armée arabe est frappée par la famine et la maladie au cours de l'hiver inhabituellement dur qui suit. Lors du printemps 718, les deux flottes arabes envoyées en renfort sont détruites par les Byzantins après que leur équipage chrétien a fait défection. En outre, une armée de soutien envoyée à travers l'Asie Mineure tombe dans une embuscade et est vaincue. Ces évènements, couplés avec l'attaque des Bulgares sur leurs arrières, forcent les Arabes à lever le siège le 15 août 718. Lors de sa retraite, la flotte arabe est presque totalement détruite par des tempêtes et des attaques byzantines...

Théodora (impératrice, femme de Justinien)

Théodora représentée sur une mosaïque de la basilique Saint-Vital à Ravenne, de 547.
Théodora représentée sur une mosaïque de la basilique Saint-Vital à Ravenne, de 547.

Théodora (en grec : Θεοδώρα) est une impératrice byzantine née vers 500 à Chypre ou Paphlagonie et morte en 548 à Constantinople. Elle règne conjointement avec son mari Justinien, dont elle devient l'épouse légitime en 525, soit deux ans avant leur couronnement.

La jeunesse de Théodora est incertaine et comporte plusieurs zones d'ombres. La principale source sur la première partie de sa vie est l'Histoire secrète, un ouvrage controversé, à la fois violent et pornographique, dans lequel il est difficile de distinguer le vrai du faux. Selon l'auteur, un certain Procope de Césarée, elle serait la fille d'un dresseur d'ours et belluaire, nommé Akakios, qui était attaché à l'hippodrome de Constantinople. Sa mère, dont le nom ne nous est pas parvenu, était une danseuse et comédienne. Durant sa jeunesse, Théodora est, selon Procope de Césarée, danseuse et courtisane. Lors d'un voyage en Libye puis en Égypte, elle reçoit une solide formation culturelle et religieuse, et acquiert une première expérience de la vie politique à un niveau local. Elle rentre ensuite à Constantinople où elle rencontre Justinien, le futur empereur.

Séduit par la personnalité de Théodora, en qui il voit plus qu'une simple concubine, Justinien décide de l’épouser puis de l'associer au pouvoir. Leur règne conjoint, de 527 à 548, constitue une période de transformations majeures pour l'Empire byzantin. Théodora semble ainsi avoir eu une influence importante sur les réformes législatives de Justinien, notamment vis-à-vis des droits des femmes. Même si elle ne partage pas les projets d'expansions territoriales de son mari, elle paraît l'avoir globalement soutenu dans sa politique. En 532, une révolte majeure éclate à Constantinople, à tel point que Justinien songe à la fuite. Théodora serait alors intervenue pour l’en dissuader, permettant ainsi à son mari de préserver son trône.

Par la suite, l'empereur n'hésite pas à consulter régulièrement sa femme, y compris pour son plan de reconstruction de la capitale à la suite de cette révolte. Du reste, les deux époux laissent l'image d'un couple soudé, malgré quelques divergences comme sur la question des monophysites. Loin d'exercer le pouvoir de manière solitaire, l'impératrice s'appuie au cours de son règne sur un vaste réseau de relations politiques, au premier rang duquel se trouve sa fidèle collaboratrice Antonina et le chef des eunuques Narsès.

Personnalité aux multiples facettes, elle laisse l'image d'une femme au tempérament affirmé, à la fois habile et impitoyable, et l'une des souveraines les plus influentes de son temps. Son parcours fait partie des exemples les plus remarquables d'ascension sociale. Ses nombreuses représentations artistiques témoignent de la fascination des auteurs à son égard à travers les siècles. Elle et son mari Justinien sont représentés sur les mosaïques de la basilique Saint-Vital de Ravenne en Italie.

Théodora Comnène (Despina Hatun)

Théodora, la princesse de Trébizonde, d’après Pisanello (détail).
Théodora, la princesse de Trébizonde, d’après Pisanello (détail).

Théodora Comnène, aussi connue sous le surnom gréco-turc de « Despina Hatun » (c’est-à-dire « Mademoiselle la Princesse »), est née à une date inconnue, probablement à Trébizonde, et décédée après 1478, à Diyarbakır (Turquie). Elle était la fille de l’empereur Jean IV de Trébizonde, un État byzantin situé dans la région du Pont.

Réputée pour sa très grande beauté, elle devint l’épouse d’Uzun Hasan, khan des Turkmènes de la Horde du Mouton Blanc (Ak Koyunlu). Demeurée chrétienne et supposée influente auprès de son époux, le principal rival de l’Empire ottoman dans l’Asie mineure de la seconde moitié du XVe siècle, elle suscita dans l’Occident de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance le mythe de la princesse de Trébizonde, alliant la figure de la demoiselle en détresse à celle de la femme d’influence, instigatrice potentielle d’une grande croisade contre les Turcs. Son image, plus ou moins galvaudée, inspira longtemps les artistes, parmi lesquels le peintre Pisanello ou encore Jacques Offenbach.

Théophile (empereur byzantin)

Solidus de Théophile.
Solidus de Théophile.

Théophile (en grec Θεόφιλος), né en 813 et mort le , est un empereur byzantin ayant régné du 2 octobre 829 au . Dernier défenseur de l'iconoclasme, son règne marque le prélude d'une période prospère pour l'Empire byzantin en dépit des menaces extérieures.

Il succède à son père, Michel II, à la mort de celui-ci en 829. Rapidement, il est confronté au regain des offensives arabes sur les différents fronts. En Occident, il n'est guère en mesure de préserver la Sicile dont l'invasion se poursuit. Il préfère défendre la frontière orientale, souvent franchie par les armées abbassides qui pillent les provinces les plus exposées de l'Empire. Si la mort du calife Al Mamoun en 833 lui offre un répit, son successeur, Al-Mu'tasim, reprend vite les offensives. En 838, il pille Amorium, le lieu de naissance de la famille de Théophile, ce qui constitue une défaite de grande ampleur, même si les Arabes ne parviennent pas à conquérir de nouveaux territoires aux dépens de l'Empire byzantin. Sur les autres fronts, il maintient la présence byzantine dans les Balkans et renforce son contrôle sur le pourtour sud de la Crimée, en entretenant de bonnes relations avec les Khazars.

Au sein de l'Empire byzantin, il maintient l'iconoclasme en vigueur depuis 815 et accroît même la répression à l'encontre des opposants, sans parvenir à faire émerger un réel soutien à cette doctrine dans la population et dans le clergé. En effet, ses déboires en matière de politique étrangère fragilisent l'iconoclasme dont la légitimité repose sur la promesse de victoires contre les ennemis de l'Empire. Son règne est aussi marqué par une renaissance progressive de l'activité culturelle et artistique. Intéressé par la culture arabo-musulmane, il est aussi passionné par l'art et l'architecture et impulse plusieurs constructions dans l'Empire et à Constantinople, attestant de la vigueur retrouvée de la civilisation byzantine, portée par une économie prospère

Il décède jeune, en 842 et laisse le pouvoir à son très jeune fils, Michel III et c'est sa femme, l'impératrice Théodora, qui exerce la régence. Théophile a particulièrement intéressé les historiens modernes. En effet, au-delà de sa personnalité affirmée et de son style théâtral, son règne intervient à un moment charnière de l'histoire byzantine. Dernier représentant de l'iconoclasme, il incarne encore l'idée d'un Empire en péril, qui doit trouver son salut dans la recherche des faveurs divines et la prohibition d'une pratique idolâtre. Néanmoins, par ses ambitions diplomatiques et architecturales, son goût du faste et son attrait pour la culture au sens large, il préfigure aussi l'ère d'expansion que va connaître l'Empire, alors à l'orée de la renaissance macédonienne.

Thomas le Slave

Miniature du manuscrit Skylitzès de Madrid, une version de la chronique de Jean Skylitzès représentant Thomas à cheval et habillé comme un empereur byzantin, négociant avec les Arabes. La rébellion de Thomas est l'un des épisodes les plus richement illustrés du manuscrit.
Miniature du manuscrit Skylitzès de Madrid, une version de la chronique de Jean Skylitzès représentant Thomas à cheval et habillé comme un empereur byzantin, négociant avec les Arabes. La rébellion de Thomas est l'un des épisodes les plus richement illustrés du manuscrit.

Thomas le Slave (v. 760 - octobre 823) est un chef militaire byzantin du IXe siècle particulièrement connu pour avoir mené une révolte de grande envergure contre l’empereur Michel II l’Amorien.

D’origine slave, cet officier vient de la région du Pont (dans le nord-est de la Turquie actuelle) et monte dans la hiérarchie, de même que les futurs empereurs Léon V et Michel II, sous la protection du général Bardanès Tourkos. Après l’échec de la rébellion de Bardanès en 803, Thomas tombe en disgrâce jusqu’à l’intronisation de Léon V. C’est à ce moment-là qu'il est élevé à un commandement militaire important. Après le meurtre de Léon et l’usurpation du trône par Michel l’Amorien, Thomas se révolte et réclame le titre impérial pour lui-même. Il parvient à s’assurer rapidement du soutien des thèmes de l’Asie Mineure et conclut une alliance avec le califat abbasside. Après avoir vaincu les troupes et la marine des thèmes maritimes, il fait voile avec son armée vers Constantinople pour l’assiéger. Michel II fait alors appel au khan bulgare Omourtag qui envoie ses troupes combattre l’armée de Thomas. Si les Bulgares sont repoussés, ils parviennent à infliger de lourdes pertes aux rebelles qui finissent par s’enfuir quand Michel décide de se porter à leur rencontre. Thomas trouve refuge à Arcadiopolis où il est finalement capturé et exécuté.

La rébellion de Thomas est l’une des plus importantes de l’histoire de l’Empire byzantin mais ses circonstances précises restent floues du fait de la coexistence de récits historiques concurrents, dont certains comprennent des faits inventés par Michel. De ce fait, la rébellion se voit attribuer différentes motivations et forces agissantes. L’Oxford Dictionary of Byzantium résume ainsi : « La révolte de Thomas a été diversement attribuée à une réaction contre l’iconoclasme, à une révolution sociale ou une révolte populaire, à une révolte des groupes ethniques non grecs de l’empire, aux ambitions personnelles de Thomas et à son désir de venger Léon V ». De même, les conséquences de la révolte, notamment sur la situation militaire de l’empire, sont discutées.