Maison de Chalon-Arlay

famille noble, tige de la maison de Chalon

La maison de Chalon-Arlay — ou maison d'Orange-Chalon après le mariage en 1386 du seigneur Jean III de Chalon-Arlay avec la princesse Marie des Baux-Orange —, est une importante dynastie de seigneurs du Jura (comté de Bourgogne) et de princes souverains de la Principauté d'Orange, issue de la maison de Chalon, elle-même issue des comtes de Bourgogne, de Mâcon et d'Auxonne, des comtes de Chalon et des anciens princes d'Orange (Orange et la Franche-Comté faisaient partie de l'ancien royaume de Bourgogne-Provence). En lignée agnatique (mâle), ce sont des Anscarides d'Ivrée.

Maison de Chalon-Arlay
Cadre
Type

La maison d'Orange-Nassau, qui a donné les stathouders des Provinces-Unies, les rois des Pays-Bas, et un roi d'Angleterre, est son héritière, bien qu'elle ne lui soit pas directement apparentée.

Histoire

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Issue de Jean Ier d'Arlay, fils de Jean Ier, auteur de la maison de Chalon, une branche cadette des comtes palatins de Bourgogne de la maison d'Ivrée, elle doit sa fortune à l'exploitation du sel du Jura, un des plus importants gisements d'Occident.

Par le mariage de Jean III avec la princesse Marie des Baux, elle acquiert la principauté d'Orange et l'immédiateté impériale. Cette fortune lui a assuré une position éminente au sein de la noblesse comtoise puis dans l'ensemble des États bourguignons.

La lignée agnatique s'éteignit en 1530 avec Philibert de Chalon, vice-roi de Naples et capitaine général des armées impériales en Italie. Par testament, ce dernier avait institué comme héritier universel son neveu René de Nassau, fils de sa sœur Claude et du comte Henri III de Nassau-Breda, sous réserve de reprendre le nom et les armes des Chalon.

Également mort sans enfant de son mariage avec Anne de Lorraine, René légua les biens des Chalon en même temps que ceux des Nassau-Bréda à son cousin Guillaume de Nassau-Dillenbourg dit le Taciturne. Bien qu'il se fît appeler Guillaume « d'Orange », ce dernier ne reprit pas le nom de Chalon, auquel il n'avait aucun droit, et signa ainsi l'extinction de la dynastie. La maison d'Orange-Nassau, issue du Taciturne en lignée masculine puis féminine, et donc sans lien de parenté direct avec les anciens Chalon, conserva néanmoins l'essentiel de ses fiefs jusqu'à l'Ancien Régime (Guillaume III). Mais en 1684 et 1730, après un procès-fleuve d'un ou deux siècles, les biens comtois des Orange-Nassau passèrent (mais sans les titres afférents, restés aux Orange-Nassau !) aux Gand-Vilain[1] de Merode d'Isenghien, puis à leurs héritiers de Brancas-Lauragais, et d'Arenberg.

Succession

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Seigneurs de Chalon-Arlay

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Seigneurs de Chalon-Arlay et prince d'Orange

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Comte de Nassau, Prince d'Orange

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Principaux châteaux forts du Jura

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Les seigneuries de la famille sur l'actuel territoire suisse en 1443 : Orbe, Échallens, Grandson, Montagny et Cerlier (en violet).

Les fiefs des Chalon d'Arlay ont plusieurs origines :

La part des Chalon-Arlay s'enrichit du partage sixte d'Auxerre (un sixième de Salins, avec Châtel-Belin), et plus généralement, vers 1400, des biens comtois de leurs cousins faillis de Chalon-Auxerre-Tonnerre : avec Lons en partie (le bourg de Lons ; les Arlay réunissent ainsi l'ensemble de la baronnie de Lons-le-Saunier), Rochefort, Montaigu, Monnet, Orgelet, Dramelay, Arinthod, Montfleur (en seigneurie directe ou suzeraine ; ces biens avaient notamment été possédés par une branche cadette des Chalon-Auxerre, les Châtel-Belin : Tristan, fils cadet de Jean II, et son fils Jean, mort en 1396 à Nicopolis sans postérité ; puis la branche aînée des Chalon comtes d'Auxerre et de Tonnerre — de Jean III à Louis II, prodigues et fort endettés — les retrouve mais doit les céder aux Chalon-Arlay ; il existe une autre version : les Chalon-Auxerre-Tonnerre sont confisqués par le comte et duc de Bourgogne Jean sans Peur, et leurs biens passent à son petit-fils le Téméraire, alors comte de Charolais : puis le gendre du Téméraire, l'empereur Maximilien, les cède aux Chalon-Arlay en 1494 avec Valempoulières[5]).

Ainsi, la vallée de l'Ain est désormais contrôlée depuis sa source (à l'est de Champagnole) jusqu'aux confins de terres relevant, elles, de la mouvance des princes de Savoie (comme Thoirette, avec les sires de Thoire-Villars, les barons de Cornod ou de Coligny-le-Neuf…).

Armoiries

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À partir de 1301, les seigneurs de la maison de Chalon charge la bande d'une étoile d'azur aux armes familiales de gueules à la bande or.[6]

Lors de l'obtention du titre de prince d'Orange, les Chalon écartèlent l'écu à la bande d'or sur champ de gueules d'un huchet d'azur lié de gueules sur champ d'or, en chargeant le tout de l'écu de Genève : équipollé d'azur à cinq points d'or.[6]

Les émaux de la maison de Chalon, le gueules et l'or, ont été repris pour créer des armoiries. Au début du XXe siècle, le canton de Vaud demande à ses communes qu'elles se dotent d'armoiries. La commune d'Étagnières, alors dans le district d'Échallens souhaite reprendre quelque chose qui la rattache à son passé. Or, la commune appartenait par le passé à la seigneurie d'Échallens qui était dirigée par la maison de Chalon avant que les Bernois et les Fribourgeois ne la conquièrent pour en faire un bailliage commun. Aussi, la commune choisit les émaux de la maison de Chalon pour créer ses armoiries en rappel à son passé[8]. La même réflexion amène d'autres communes à en faire de même. Aussi, entre autres, les communes de Penthéréaz ou de Bioley-Orjulaz adoptent de même les émaux de la maison de Chalon pour leurs armoiries[8].

Généalogie des seigneurs de Chalon-Arlay et princes d'Orange

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  • Louis II de Chalon-Arlay (1390-1463), épouse Jeanne de Montbéliard puis Éléonore d'Armagnac
    • Guillaume VII de Chalon (1415-1475) (de Jeanne de Montbéliard), épouse Catherine de Bretagne
    • Hugues III de Chalon-Arlay, (v. 1452-1490), d'Eléonore d'Armagnac épouse Louise de Savoie
    • Jeanne (~1455-?), d'Eléonore d'Armagnac, épouse Louis de Seyssel-La Chambre
    • Louis de Chalon-Arlay (1448-1476), fiancé à Françoise d'Amboise, sans descendance légitime
      • Jean soit Jean-François, dit Bâtard de Chalon-Arlay, (né vers 1467-1472 et mort après 1552), d'Eléonore d'Armagnac, épouse Anne d'Albret, puis Catherine de Bourzès
        • Pierre, d'Anne d'Albret, (vers 1496 - ?), épouse en 1519 Marquise de Galand
        • Catherine, de Catherine de Bourzès, (vers 1525- après 1587) épouse en 1552 Guillaume Comitis

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Jean-Pierre Beau, Paul Frédéric Chalon, Histoire de la maison de Chalon : Tome 1. Comtes de Bourgogne, Comtes d'Auxerre et Tonnerre, Barons d'Arlay, Xe – XVe siècles, Montsoult (réimpr. 1990), 238 p.
  • Jean-Pierre Beau, Paul Frédéric Chalon, Histoire de la maison de Chalon, Xe – XVe siècles : Tome 2 (15e-20e siècles). Princes d'Orange, Comtes de Joigny, Descendants de Jean bâtard de Chalon, sire d'Origny., Montsoult (réimpr. 2000), 311 p. (2002, seconde édition, 345 pages)
  • René Verdier, « Chapitre 4. Le temps des seconds couteaux », dans René Verdier, La bataille d'Anthon (1430). Lyon et le Dauphiné restent français, Fontaine, Presses universitaires de Grenoble, coll. « La Pierre et l'Écrit », , 206 p. (lire en ligne), p. 31 à 42.
  • Léon Jéquier, « À propos d'un médaillon aux armes de Chalon-Orange », Archivum heraldicum : internationales Bulletin, no 99,‎ , p. 3-4 (lire en ligne).
  • Jean-Claude Voisin, « Le rôle des Salines de Salins (Jura) dans la politique d'une grande famille comtoise des XIIIe – XIVe siècles : les Chalon-Arlay », Mémoires de la Société pour l'histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, vol. 41,‎ , p. 141-157 (lire en ligne).

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. « Gand et Vilain de Gand » [PDF], sur Racines&Histoire.
  2. « Arlay, d'après le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, par Alphonse Rousset, tome Ier, 1854 », sur CEGFC (Centre d'entraide généalogique de Franche-Comté),.
  3. « Bletterans, d'après le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, par Alphonse Rousset, tome Ier, 1854 », sur CEGFC (Centre d'entraide généalogique de Franche-Comté).
  4. « Nozeroy, d'après le Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, par Alphonse Rousset, t. IV, 1854 », sur CEGFC (Centre d'entraide généalogique de Franche-Comté).
  5. « Valempoulières, p. 112 », sur Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, t. VI, par Alphonse Rousset, chez A. Robert à Lons, 1858.
  6. a b c d et e Jules Gauthier et Léon Gauthier, Armorial de Franche-Comté, Paris, , 230 p. (lire en ligne), p. 7
  7. Johannes Baptist Rietstap, Armorial general, Baltimore, Genealogical Publishing Co., , 2e éd., 1200 p. (ISBN 978-0-8063-4811-7).
  8. a et b Roger Bastian, Charles Kraege et al. (préf. Daniel Burnand, ill. Ketty et Alexandre Gisiger), Les communes vaudoises et leur armoiries : District d'Aigle, Avenches, Échallens, Lavaux, Moudon, Oron, Payerne, Pays-d'Enhaut et Vevey, t. 3, Chapelle-sur-Moudon, Ketty & Alexandre, (ISBN 2-88114-037-8), « District d'Échallens », p. 71