Jacques Laffite
Jacques Laffite, né le à Paris, est un pilote automobile français. Il a notamment disputé 176 Grands Prix de Formule 1 et remporté six victoires entre 1974 et 1986. De 1997 à 2012, il commente en qualité de consultant les Grands Prix de F1 pour la chaîne de télévision française TF1. Il est le père de Margot Laffite, journaliste sportive et le beau-frère de Jean-Pierre Jabouille[1],[2].
Nom complet | Jacques-Henri Marie Sabin Laffite |
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Date de naissance | |
Lieu de naissance | Paris |
Nationalité |
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Années d'activité | 1974-1986 (F1) |
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Qualité | Pilote automobile |
Nombre de courses | 176 |
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Pole positions | 7 |
Podiums | 32 |
Victoires | 6 |
Champion du monde | 0 |
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BiographieModifier
JeunesseModifier
Fils d'un avocat parisien, Jacques Laffite passe son enfance dans le monde de la haute bourgeoisie française et fréquente des bonnes écoles. Ses intérêts étaient déterminés par le sport, il devient un bon joueur de tennis, skieur et patineur. À l'hiver 1958, il rencontre son futur beau-frère Jean-Pierre Jabouille ; les deux seront plus tard diplômés ensemble à l'armée.
Après avoir échoué à obtenir son diplôme d'études secondaires, il travaille comme mécanicien pour Jabouille. Sans grandes connaissances en mécanique, Jabouille et Laffite ont toujours malgré tout réussi à faire tourner leur voiture.
CarrièreModifier
En 1966, Jean-Pierre Jabouille lui propose de devenir son mécanicien lors des épreuves de la Coupe Renault 8 Gordini[3],[4]. Après ses premiers succès en tant que pilote automobile, Jabouille attire, en 1968, l'attention de l'industriel français Hubert Giraud qui demande pourquoi Laffite ne pilote pas ; lorsqu'il apprend qu'il est sans le sou, il lui finance une voiture de course de Formule France. Laffite devant construire sa voiture lui-même, il lui faut du temps avant qu'il puisse disputer ses premières courses. Il profite de l'intervalle pour s'inscrire à l'École Winfield (dont le "W" et le nom figure sur une série de vignettes autour de son casque couleur "British Racing Green", durant le reste de sa carrière de pilote). Une deuxième place obtenue dans une compétition junior lui assure une saison payée en Formule 3. Ainsi, sa carrière commence de manière beaucoup plus professionnelle que prévu.
En 1970, Jacques Laffite, passé en Formule Renault, vit une saison désastreuse : les voitures de Formule Renault, dangereuses et rapides, sont conduites par de jeunes pilotes fougueux et imprudents alors que Laffite, âgé de 27 ans, n'est pas disposé à prendre autant de risques qu'eux. En 1971, il partage son cockpit avec un riche pilote automobile amateur et s'entend mieux avec ses concurrents après une première saison de familiarisation. Laffite remporte ses premières victoires à Albi et au Paul Ricard et termine cinquième du championnat. En 1972, Laffite rejoint l'équipe BP Racing, domine la saison sur un châssis Martini avec douze victoires et remporte son premier titre majeur. Il participe la même année aux 24 heures du Mans avec Pierre Maublanc de quinze ans son aîné sur Ligier JS2. En 1973, il devient champion de Formule 3 avec un châssis Martini et remporte également le Grand Prix de Monaco de Formule 3.
L'année suivante, sa victoire au championnat d'Europe international de Formule 3 lui vaut une notoriété au-delà des frontières françaises. En 1974, alors qu'il doit débuter en Formule 2 pour Ligier avec une JS2 à moteur Maserati, Frank Williams l'engage en Formule 1 au sein de sa modeste écurie Frank Williams Racing Cars en grande difficulté financière. Parallèlement, Jacques Laffite participe au championnat de Formule 2 au volant d'une March-BMW qu'il termine au troisième rang. À trente ans, Jacques Laffite fait donc ses débuts en Formule 1 au Grand Prix d'Allemagne 1974 sur le Nürburgring au volant d'une Iso IR1. Au cours des quatre courses restantes de la saison, Laffite a du mal à se faire avec la transition en Formule 1, son seul objectif est de terminer les courses.
En 1975, resté chez Williams, Laffitte n'a aucune chance face aux dominantes Ferrari, Brabham et McLaren. Néanmoins il termine deuxième, derrière Carlos Reutemann, du Grand Prix d'Allemagne sur le sélectif tracé du Nürburgring, obtenant le premier podium de sa carrière, un an exactement après ses débuts. Il contribue ainsi à la survie de l'équipe. Parallèlement à ses débuts en Formule 1, Jacques Laffite devient, en 1975, champion d'Europe et de France de Formule 2 et conquiert, pour le constructeur Alfa Romeo, le titre mondial d'endurance du Championnat du monde des voitures de sport 1975 sur la 33TT12 WSC (quatre victoires avec l'Italien Arturo Merzario, aux 800 kilomètres de Dijon, 1 000 kilomètres de Monza (Trofeo Filippo Caracciolo), 1 000 km de la Coppa Florio et 1 000 kilomètres du Nürburgring).
Grand espoir de la Formule 1 française malgré ses 33 ans, Jacques Laffite accepte l'offre de Guy Ligier de piloter la nouvelle voiture de course française Gitanes-Ligier-Matra. Laffite est choisi, début 1976, à l'issue d'un test comparatif face à Jean-Pierre Beltoise pour faire débuter en compétition la première Ligier. Après une saison 1976 pleine de promesses, avec vingt points marqués en championnat et la première pole position à Monza, Laffite et Ligier semblent plus en difficulté en 1977. La saison démarre mal pour Laffite : à la veille de la huitième manche du championnat, en Suède, il n'a pas marqué un seul point en championnat. Dans ce contexte, et bien que mal qualifié, Laffite remporte sa première victoire après l'abandon de Mario Andretti ; cette victoire est si inattentue que sur le podium, Laffite est privé de Marseillaise, les organisateurs n'ayant pas envisagé la victoire d'un Français. Ce succès de Laffite sur la Ligier-Matra constitue la première victoire d'un ensemble châssis-moteur français de l'histoire de la Formule 1. Ce succès, qui reste pourtant une performance isolée au milieu d'une saison globalement décevante, rend Laffite et Ligier extrêmement populaires en France.
Après une saison 1978 en demi-teinte, il faut attendre 1979 pour que Laffite et Ligier se hissent au plus haut niveau. Au volant de la Ligier JS11, Laffite remporte les deux premières courses de l'année en Amérique du Sud et fait figure de favori pour le titre mondial. Ligier perd progressivement pied en cours d'année et Laffite termine quatrième du championnat du monde, performance qu'il réédite en 1980 avec une victoire en Allemagne sur l'Hockenheimring (quelques jours après que son ami et ancien coéquipier Patrick Depailler s'est tué au volant d'une Alfa Romeo sur le même circuit) mais sans jamais s'être mêlé à la lutte pour le titre à cause de résultats trop irréguliers.
En 1981, après un début de saison raté, il gagne en Autriche puis, sous la pluie, au Canada. Il aborde l'ultime manche du championnat, à Las Vegas, en troisième position au championnat, avec des chances d'être sacré. Laffite passe à côté de sa course et, pour la troisième année consécutive, obtient la quatrième place du championnat.
En 1982, Laffite subit le déclin soudain de l'écurie Ligier et, démotivé, n'est guère en mesure de se mettre en évidence. Il se relance chez Williams, l'écurie de ses débuts ; en 1983, avec le modeste V8 Ford-Cosworth atmosphérique, l'équipe n'est pas en mesure de lutter avec les concurrents qui bénéficient du moteur turbo. Ce n'est que lors du dernier Grand Prix que Williams passe au turbo, grâce à un partenariat avec le motoriste japonais Honda. 1984 est une nouvelle fois décevante pour Laffite qui essuie les plâtres d'un moteur encore peu fiable et aux performances irrégulières. Laffite se plaint en outre de ne pas bénéficier du même matériel que son coéquipier Keke Rosberg.
Après deux saisons chez Williams, Laffite effectue, en 1985, son retour chez Ligier. À plus de quarante ans, le vétéran obtient, avec le moteur Renault turbo, plusieurs bonnes performances et, en 1986, monte à deux reprises sur le podium. Au Grand Prix de Grande-Bretagne, sur le tracé de Brands Hatch, il est victime au départ d'une collision en chaîne dans le cœur du peloton. Après avoir heurté de face le rail de sécurité, il est relevé avec de multiples fractures aux jambes et au bassin. À l'issue d'une opération chirurgicale menée par le professeur Émile Letournel, Laffite retrouve l'usage de ses jambes. Cet accident marque la fin de sa carrière en Formule 1, le jour où il égalait le record de participations détenu par Graham Hill (176 départs).
Jacques Laffite sur Williams-Ford, suivi par l'UOP Shadow-Ford de Jean-Pierre Jarier au Grand Prix des États-Unis 1975 à Watkins Glen.
Jacques Laffite au volant de la Ligier JS5 en 1976.
Jacques Laffite au Grand Prix d'Italie 1976.
Jacques Laffite sur la deuxième marche du podium (à droite) du Grand Prix des Pays-Bas 1977 avec Niki Lauda et Jody Scheckter.
Jacques Laffite au Grand Prix de Grande-Bretagne 1978 avec la Ligier JS9.
Jacques Laffite à l’approche des « S » de la piscine lors des qualifications du Grand Prix de Monaco 1979 avec la Ligier JS11.
Jacques Laffite et la Ligier JS7 à Rétromobile 2019.
Après la Formule 1Modifier
Après sa convalescence, Laffite reprend le volant en compétition dans des épreuves de Tourisme, terminant 17e du premier Championnat du monde des voitures de tourisme au volant d'une Alfa Romeo 75 pour Alfa Corse, mais aussi en (DTM) en Allemagne durant trois saisons, ou bien encore en Endurance.
Fin 2005, il effectue son retour en monoplace à l'occasion de la première manche du championnat de Grand Prix Masters, destiné aux anciennes gloires de la Formule 1. En 2007, Jacques Laffite fait ses débuts en Championnat d'Europe FIA GT3 au Bucarest City Challenge 2008, au sein de l'équipe AutoGT Racing[5]. En octobre 2008, à 64 ans, il teste une Renault R27 sur le circuit Paul Ricard[6].
Par ailleurs, de 1997 à 2012, Jacques Laffite commente, en qualité de consultant, les Grands Prix de Formule 1 sur la chaîne française TF1 où il remplace Johnny Rives. À ce titre, il est surtout connu pour sa réaction à l'incident du Grand Prix d'Europe 1997 au cours duquel Michael Schumacher est entré en collision avec Jacques Villeneuve ; Jacques Laffite a alors réagi avec des jurons en direct à la télévision. De 1997 à 2002, il commente en duo avec Pierre Van Vliet, remplacé en 2003 par Christophe Malbranque. Depuis 2013, il anime l'émission Dimanche Méca sur Eurosport.
Vie privéeModifier
Jacques Laffite a deux filles, Camille et Margot. Cette dernière est journaliste sportive en sport automobile et notamment en Formule 1 sur Canal+.
Passionné de golf, Jacques Laffite est actionnaire du Golf de Dijon-Bourgogne.
Également profondément attaché à la Creuse pour le golf, la pêche et la nature, il y possède une propriété près d'Aubusson[7].
Il est le beau-père de Karim Laghouag et l'ex-beau-père d'Arnaud Tsamere.
Fin , lors d'une émission télévisée, il annonce être atteint par le syndrome de Parkinson « De temps en temps j'ai des petits tremblements » explique t-il[8].
Résultats en championnat du monde de Formule 1Modifier
Saison | Écurie | Châssis | Moteur | Pneus | GP disputés | Victoires | Pole positions | Meilleurs tours | Points inscrits | Classement |
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1974 | Frank Williams Racing Cars | Iso FW | Ford V8 | Goodyear | 5 | 0 | 0 | 0 | 0 | n.c. |
1975 | Frank Williams Racing Cars | FW FW04 |
Ford V8 | Goodyear | 10 | 0 | 0 | 0 | 6 | 12e |
1976 | Ligier Gitanes | JS5 | Matra V12 | Goodyear | 16 | 0 | 1 | 1[9],[10],[11] | 20 | 7e |
1977 | Ligier Gitanes | JS7 | Matra V12 | Goodyear | 17 | 1 | 0 | 1 | 18 | 10e |
1978 | Ligier Gitanes | JS7 JS9 |
Matra V12 | Goodyear | 16 | 0 | 0 | 0 | 19 | 8e |
1979 | Ligier Gitanes | JS11 | Ford V8 | Goodyear | 15 | 2 | 4 | 2 | 36 | 4e |
1980 | Équipe Ligier Gitanes | JS11/15 | Ford V8 | Goodyear | 14 | 1 | 1 | 1 | 34 | 4e |
1981 | Équipe Talbot Gitanes | JS17 | Matra V12 | Michelin | 15 | 2 | 1 | 1 | 44 | 4e |
1982 | Équipe Talbot Gitanes | JS17 JS17B JS19 |
Matra V12 | Michelin | 15 | 0 | 0 | 0 | 5 | 17e |
1983 | TAG Williams Team | FW08C FW09 |
Ford V8 Honda V6 turbo |
Goodyear | 13 | 0 | 0 | 0 | 11 | 11e |
1984 | Williams Grand Prix Engineering | FW09 FW09B |
Honda V6 turbo | Goodyear | 16 | 0 | 0 | 0 | 5 | 14e |
1985 | Équipe Ligier | JS25 | Renault V6 turbo | Pirelli | 15 | 0 | 0 | 1 | 16 | 9e |
1986 | Équipe Ligier | JS27 | Renault V6 turbo | Pirelli | 9 | 0 | 0 | 0 | 14 | 8e |
Victoires en Championnat du monde de Formule 1Modifier
# | Année | Manche | Grand Prix | Circuit | Écurie | Voiture | Résumé |
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1 | 1977 | 08/17 | Suède | Anderstorp | Ligier Gitanes | JS7 (en) | Résumé |
2 | 1979 | 01/15 | Argentine | Buenos Aires | Ligier Gitanes | JS11 | Résumé |
3 | 1979 | 02/15 | Brésil | Interlagos | Ligier Gitanes | JS11 | Résumé |
4 | 1980 | 10/15 | Allemagne | Hockenheim | Équipe Ligier Gitanes | JS11/15 | Résumé |
5 | 1981 | 11/15 | Autriche | Österreichring | Équipe Talbot Gitanes | JS17 (en) | Résumé |
6 | 1981 | 14/15 | Canada | Montréal | Équipe Talbot Gitanes | JS17 (en) | Résumé |
Résultats aux 24 Heures du MansModifier
Année | Voiture | Équipe | Équipiers | Résultat |
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1972 | Ligier JS2-Maserati 3.0L V6 | Automobiles Ligier | Pierre Maublanc | Abandon |
1973 | Ligier JS2-Maserati 3.0L V6 | Automobiles Ligier | Guy Ligier | Abandon |
1974 | Ligier JS2-Maserati 3.0L V6 | Automobiles Ligier | Alain Serpaggi | 8e |
1977 | Renault Alpine A442 2.0L Turbo V6 | Renault Sport | Patrick Depailler | Abandon |
1978 | Mirage M9-Renault 2.0L Turbo V6 | Grand Touring Cars Inc. | Vern Schuppan / Sam Posey | 10e |
1990 | Porsche 962C-Porsche Type-935 3.0L Turbo Flat-6 | Joest Porsche Racing | Jean-Louis Ricci / Henri Pescarolo | 14e |
1993 | Venturi 500 LM-Renault PRV 3.0L Turbo V6 | Jacadi Racing | Michel Maisonneuve / Christophe Dechavanne | Abandon |
1994 | Porsche 911 Carrera RSR-Porsche 3.8L Flat-6 | Porsche Flymo Mobil Alméras / Larbre Compétition | Jacques Alméras / Jean-Marie Alméras | Abandon |
1996 | McLaren F1 GTR-BMW S70 | Team Bigazzi SRL / Team BMW Motorsport | Marc Duez / Steve Soper | 11e |
Autres victoiresModifier
- 1975 : 800 kilomètres de Dijon
- 1975 : 1 000 kilomètres de Monza
- 1975 : 1 000 kilomètres du Nürburgring
- 1988 : 500 kilomètres de Monza, victoire de catégorie
- 1988 : 500 kilomètres du Nürburgring, victoire de catégorie
- 1994 : 3 Heures de Zhuhai
Notes et référencesModifier
- Gilles, « JACQUES LAFFITE SOUFFLE … 75 BOUGIES, CE MERCREDI 21 NOVEMBRE 2018 ! », sur autonewsinfo.com, (consulté le )
- Gilles, « JEAN-PIERRE JABOUILLE FÊTE SES 75 ANS. », sur autonewsinfo.com, (consulté le )
- « JACQUES LAFFITE SOUFFLE … 75 BOUGIES, CE MERCREDI 21 NOVEMBRE 2018 ! », sur Autonewsinfo (consulté le )
- « coupe r8g - Page : 4 - Histoires du sport automobile - FORUM Sport Auto », sur forum-auto.caradisiac.com (consulté le )
- « {{{1}}} »
- « Jacques Laffite tests Renault F1 car », ESPN F1.com, (lire en ligne, consulté le )
- Jacques Laffite : la maison de l'ex-pilote de Formule 1 partiellement détruite
- « Jacques Laffite est atteint du syndrome de Parkinson », sur L'ÉQUIPE (consulté le )
- (ja) « F1GP World Championship Round 16 », Japan Automobile Federation (consulté le )
- https://www.nikkansports.com/ns/sports/motor/japan_gp/history/japan-1976.html
- http://www.statsf1.com/fr/1976/japon/meilleur-tour.aspx
Liens externesModifier
- « Radioscopie de Jacques Laffite » [vidéo], sur ina.fr, France Inter,
- Jacques Laffite aux 24h du Mans