Tartu
Tartu | |
![]() Héraldique |
![]() Drapeau |
L'Hôtel de Ville vu depuis la colline du Dôme | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Comté | Tartu (Préfecture) |
Statut | Municipalité urbaine |
Maire Mandat |
Urmas Klaas (ER) 2014- |
Démographie | |
Gentilé | Tarbatois, Tarbatoises |
Population | 96 123 hab. (2020[1]) |
Densité | 2 477 hab./km2 |
Ethnies | Estoniens : 80,3 % Russes : 15,6 % Autres nationalités : 4,9 % |
Géographie | |
Coordonnées | 58° 22′ 44″ nord, 26° 43′ 12″ est |
Altitude | Min. 57,2 m Max. 79 m |
Superficie | 3 880 ha = 38,8 km2 |
Localisation | |
Liens | |
Site web | http://tartu.ee/ |
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Tartu (prononcer /taʁ.tu/) (anciennement connue sous les noms de Tarbatu, Youriev, Dorpat et Derpt) est une ville d'Estonie. Avec presque 100 000 habitants, Tartu est la deuxième plus grande ville d'Estonie et la principale ville de l'Estonie du Sud.
À la fois rivale et complémentaire de la capitale Tallinn, Tartu est considérée comme la capitale culturelle et intellectuelle de l'Estonie, abritant l’université de Tartu (créée en 1632), la plus renommée du pays.
Implantée sur les bords de la rivière Emajõgi, centre d'échange majeurs au Moyen Âge et important à l'époque des Chevaliers Porte-Glaive et de la Ligue hanséatique, la ville comporte de nombreux monuments dont l'hôtel de Ville de Tartu, les restes d'une cathédrale du XIIIe siècle ainsi que la plus importante église sculptée d'Europe du Nord : l'église Saint-Jean[2].
Principale ville de l'arrière-pays estonien occupé par des puissances étrangères à de nombreuses reprises, Tartu fut, en réponse, l'un des principaux lieux de revendications culturelles estoniennes. Depuis le XIXe siècle, son rôle dans la création de la République (drapeau Estonien issu des sociétés étudiantes, siège du premier festival national de chant, du premier théâtre de langue estonienne, Traité de Tartu de 1920, siège du Musée national estonien, du ministère de l’Éducation et de la Cour suprême d'Estonie) lui vaut d’être considéré comme le berceau intellectuel et culturel de l'Estonie moderne.
Au XXIe siècle, l'attractivité économique de l'Estonie et de sa capitale Tallinn, rendue possible par le commerce maritime et l'essor des technologies de l'information et de la communication, encourage la ville de Tartu à se distinguer par son domaine de spécialité : la science et la recherche, ainsi que les activités culturelles et touristiques. Tartu est choisie pour être capitale européenne de la culture pour l’année 2024.
GéographieModifier
Tartu se trouve à 185 km au sud-est de Tallinn, elle est la préfecture du comté de Tartu et le centre de l’Estonie du Sud. D'une superficie de 38,8 km2, la ville est traversée par la rivière Emajõgi, qui relie les deux plus grands lacs de l’Estonie et coule sur 10 km à l’intérieur des limites de la ville.
Noms au fil de l'histoireModifier
Au fil des siècles et des dominations, la ville a connu différents noms : du nom original Tarbatu, on la dénomma « Dorpat » sous dominations allemande de 1224 au XVIe siècle et suédoise de 1629 à 1721. Sous domination russe à partir de 1721, elle portait le nom de Юрьев (Youriev ou Jurieff), d'après Iaroslav le Sage et Дерпт (Derpt), une variante de Dorpat.
Depuis 1917 c'est le nom estonien de Tartu qui est utilisé.
Sa devise est « Heade mõtete linn », ce qui signifie en français, « La ville des bonnes idées ».
La ville porte le nom de Tērbata en letton.
On trouve aussi la variante Tartou[3].
HistoireModifier
Préhistoire et antiquitéModifier
Des fouilles archéologiques ont montré l'existence d'un premier établissement permanent sur le site du Tartu actuel dès le Ve siècle de notre ère. Au VIIe siècle, les habitants avaient construit une fortification en bois sur le côté est de la colline de Toome (Toomemägi). A cette période, l'emplacement actuel de Tartu fait partie du Comté d'Ungannie, l'une des provinces de l'ancienne Estonie, et est habité par des peuples autochtones de Langues fenniques. L'emplacement du fort est situé au bord de la rivière Emajõgi qui relie les deux grands lacs du Sud-Estonie : Võrstjärv et Peipsi. Il revêt une importance stratégique car la rivière est empruntée comme route commerciale. L'autre principal lieu de peuplement (depuis le VIe siècle) de l'Ungannie est alors Otepää, localité située à 40 kilomètres au Sud de l'actuelle Tartu.
1030-1220 : Première mention de la ville et affrontement avec la Russie KieviènneModifier
Une principauté voisine des comtés Estoniens, la Russie kiévienne, composée de peuples slaves de l'Est (ancêtres des Russes, Biélorusses et Ukrainiens) et dirigée par des seigneurs d'origine scandinave, est alors en pleine expansion.
En 1030, la Russie Kiévienne connait son apogée et son armée, dirigée par le Prince Iaroslav le Sage, s'empare de la ville, alors occupée par des tribus Estoniennes, et y construit sa propre forteresse, baptisée Youriev (à partir de "Youri", diminutif de "Iaroslav"). Cet évènement, rapporté par les chroniqueurs de la principauté, est la première mention de l'existence de la ville et la première mention d'une invasion du site par des peuples non-Estoniens.
31 ans plus tard, en 1061, l'emplacement est reconquis par les peuples estoniens, les chroniques mentionnent alors l'incendie de la forteresse de Youriev par une tribu Estonienne désignée sous le nom de sosols (il s'agirait en réalité de tribus venus du Nord de l'Estonie).[4],[5]. Reconstruit par les autochtones, le fort, appelé sous son nom originel de Tarbatu, est toujours convoité au cours du 12e siècle par la Russie Kiévienne, qui tente à plusieurs reprises de récupérer la ville, notamment en 1134 et en 1192.
Les Allemands à Dorpat (Tartu)Modifier
À l'époque des Croisades baltes, au début du XIIIe siècle, le fort de Tarbatu (ou Tharbata, ou Tartu) fut à maintes reprises pris et repris par les Chevaliers Porte-Glaive et les Estoniens. En 1224, après que des renforts conduits par le prince Vyachko de Kukenois eurent été installés dans la forteresse, elle fut assiégée et conquise une dernière fois par les croisés allemands. Par la suite, connue sous le nom de Dorpat (Tarbatum), Tartu devint pendant la fin du Moyen Âge un centre commercial d'une importance considérable et la capitale de l'évêché semi-indépendant de Dorpat.
En 1262, l'armée du prince Dmitri de Pereslavl, le fils d'Alexandre Nevski lança une attaque sur Dorpat, qu'il prit et détruisit, mais ses troupes n'arrivèrent pas à s'emparer de la forteresse de l'évêque sur la colline de Toome. L'événement a été consigné aussi bien dans les chroniques allemandes que dans les chroniques en vieux slavon oriental, qui nous donnent également la première attestation de l'installation de marchands et d'artisans allemands à l'ombre de la forteresse épiscopale.
Au cours des années 1280, Dorpat rejoignit la Ligue hanséatique. À l'époque médiévale, Tartu était une ville commerciale importante. Comme dans toute l'Estonie et la Lettonie, une grande partie de la noblesse parlait allemand mais, plus encore, à Tartu/Dorpat (comme à Tallinn), la bourgeoisie germano-balte constituait la partie cultivée de la population et a dominé la vie culturelle et religieuse, l'architecture, l'éducation et la politique jusqu'à la fin du XIXe siècle. Par exemple, c'est un architecte de Rostock, dans le Mecklembourg, qui a conçu la mairie de Dorpat, et les bâtiments universitaires de leur côté l'ont été par Johann Wilhelm Krause, allemand lui aussi. Beaucoup, si ce n'est la plupart, des étudiants et plus de 90 % des enseignants avaient une ascendance allemande et on peut voir encore dans la ville aujourd'hui de nombreuses statues de savants remarquables et qui portent des noms allemands. La plupart des Allemands ont dû partir pendant la première moitié du XXe siècle.
Domination polono-lituanienne puis suédoiseModifier
Pendant la guerre de Livonie, au XVIe siècle, les parties sud de la Confédération livonienne, ainsi que Tartu, tombèrent aux mains du Grand-duché de Lituanie, puis de la République des Deux Nations et firent partie de la voïvodie de Dorpat, dans le duché de Livonie. Un lycée jésuite fut fondé en 1583. En outre, un séminaire pour traducteurs fut créé à Tartu et la ville reçut du roi polonais Étienne Bathory son drapeau blanc et rouge.
Les activités, tant du lycée que du séminaire, furent arrêtées par la guerre polono-suédoise (1601). En 1629, Tartu devint suédoise, ce qui entraîna en 1632 la fondation de l'université par le roi Gustave II Adolphe de Suède.
Empire russeModifier
Le traité de Nystad en 1721 donna la ville à l'Empire russe et elle fut connue dès lors en russe sous le nom de Derpt, mais toujours en français sous le nom (allemand) de Dorpat. Elle fait alors partie du gouvernement (province) de Livonie. En raison des incendies qui détruisirent une grande partie de l'architecture médiévale au XVIIIe siècle dont le plus important fut le grand incendie de Tartu de 1775, la ville fut reconstruite dans l'esprit du baroque tardif et du néoclassicisme. Ne subsistent que quelques bâtiments de l'époque antérieure, dont la maison d'Upsal.
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, Tartu fut le centre culturel des Estoniens à l'époque du nationalisme romantique. La ville accueillit le premier festival de chants en Estonie en 1869, ainsi que le Vanemuine, le premier théâtre national, en 1870. Elle vit aussi la fondation de la Société des écrivains estoniens en 1872.
En 1893, la ville reprit officiellement son ancien nom russe de Iouriev. L'université fut ensuite russifiée à partir de 1895 avec l'introduction du russe comme langue obligatoire dans l'enseignement. L'université impériale russe fut transférée à Voronej en 1918, mais l'université estonienne de Tartu ouvrit ses portes dès 1919.
Avec l'indépendance estonienne qui suivit la Première Guerre mondiale, la ville fut désormais officiellement connue sous le nom estonien de Tartu.
Sous le régime soviétiqueModifier
Les traités de Tartu (1920), entre la Russie soviétique et les républiques nouvellement indépendantes d'Estonie et de Finlande qui faisaient auparavant partie de la Russie impériale, ont été signés dans la ville.
À la fin de la guerre d'indépendance de l’Estonie qui a suivi la Première Guerre mondiale, un traité de paix entre les Bolcheviks et l'Estonie fut signé à Tartu le . Il stipulait que la Russie bolchévique renonçait « à jamais » à toute revendication territoriale sur l'Estonie. Cela n’empêcha pas qu’à la suite du Pacte germano-soviétique de 1939, l'Union soviétique occupât l'Estonie et Tartu en 1940.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, une grande partie de la ville ainsi que le Kivisild (pont de pierre historique construit par Catherine II de Russie en 1776-1778 au-dessus de l’Emajõgi) furent détruits par l'Armée rouge au cours de ses combats, en partie en 1941 et presque complètement en 1944. En 1941 avant l'arrivée des Allemands, les Soviétiques s'empressèrent de fusiller 192 prisonniers politiques et jetèrent leurs corps dans un puits.
Après la guerre, Tartu fut déclarée « ville interdite » aux étrangers, car c’était désormais une base aérienne où l’on construisait des bombardiers sur l'aérodrome de Raadi, dans la banlieue nord-est de la ville. La piste d’envol et d’atterrissage abrite aujourd'hui un grand marché de voitures d'occasion, et on l’utilise quelquefois pour des courses automobiles.
Pendant l'époque soviétique, la population de Tartu a presque doublé, passant de 57 000 à 100 000 personnes, en grande partie en raison d’une immigration massive en provenance d'autres régions de l'Union soviétique.
IndépendanceModifier
Depuis que l'Estonie a recouvré son indépendance en 1991, le centre historique de la ville est en cours de rénovation.
ClimatModifier
Tartu se situe dans la zone tempérée humide du climat continental. Le climat est plutôt doux si l’on considère sa haute latitude ; c’est dû en grande partie à la proximité de la mer Baltique et aux apports d’air chaud venant de l'Atlantique. L'influence continentale peut néanmoins se faire sentir pendant les jours de chaleur en été et les périodes de froid en hiver, quand la température peut parfois (mais c’est rare) tomber au-dessous de −30 °C. En général, les étés vont du frais au chaud et les hivers sont froids, même s’ils ont été très doux et pluvieux ces dernières années.
AdministrationModifier
Le conseil municipal compte 49 membres, élus tous les quatre ans par les habitants selon le principe de la représentation proportionnelle[6]. Il est dirigé par un maire et cinq adjoints[7]. Le maire actuel est Urmas Klaas. Andrus Ansip, Premier ministre d'Estonie de 2005 à 2014, a été maire de Tartu pendant de longues années. Ansip et Klaas appartiennent tous les deux au Parti de la Réforme, majoritaire à Tartu actuellement.
QuartiersModifier
Tartu est officiellement divisé en 17 quartiers qui n'ont pas de fonction administrative.
Quartier | Superficie (ha) |
Habitants 2001 |
Habitants 2006 |
Habitants 2012 |
---|---|---|---|---|
Annelinn | 541 | 30000 | 28200 | 27480 |
Ihaste | 424 | 1000 | 1800 | 2322 |
Jaamamõisa | 149 | 3000 | 3000 | 3202 |
Karlova | 230 | 9500 | 9000 | 9073 |
Kesklinn | 180 | 7500 | 6700 | 6575 |
Maarjamõisa | 113 | 800 | 500 | 377 |
Raadi-Kruusamäe | 283 | 5000 | 4800 | 4626 |
Ropka | 146 | 5500 | 5300 | 5120 |
Ropka ZI | 354 | 2700 | 2700 | 2511 |
Ränilinn | 122 | 2500 | 1800 | 1732 |
Supilinn | 48 | 2100 | 1800 | 1790 |
Tammelinn | 311 | 8000 | 8100 | 8195 |
Tähtvere | 250 | 4500 | 3500 | 3023 |
Vaksali | 75 | 2900 | 3100 | 3206 |
Variku | 77 | 2000 | 1900 | 1840 |
Veeriku | 281 | 5500 | 5300 | 5561 |
Ülejõe | 302 | 8200 | 7700 | 7876 |
DémographieModifier
D'après les données de "Statistics Estonia", la population de Tartu se répartirait historiquement et nationalement comme tel [8],[9]:
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Relations internationalesModifier
Villes jumellesModifier
GalerieModifier
Tartu en 1866.
PersonnalitésModifier
18e siècleModifier
- François Guillemot de Villebois, vice-amiral (1681-1760)
19e siècleModifier
- Karl August Senff, peintre et graveur germano-balte (1770-1838)
- Heinrich Lenz, physicien germano-balte (1804-1865)
- Alexandre von Wrangel (1804-1880)
20e siècleModifier
- Erich Walter, acteur (1877-1957)
- Felix Kersten, masseur thérapeutique (1898-1960)
- Ene-Margit Tiit mathématicienne, statisticienne et professeure à l'université de la ville (1934-)
- Jüri Lina (1949-), essayiste et ufologue
- Jaan Kirsipuu, coureur cycliste (1969-)
21e siècleModifier
- Kersti Kaljulaid (1969-), Présidente de la République d'Estonie en exercice
- Riin Tamm, généticienne (1981-)
- Rein Taaramäe, coureur cycliste (1987-)
- Elisabeth Erm, mannequin (1993-)
- Kregor Zirk (1999-), nageur
Voir aussiModifier
Articles connexesModifier
RéférencesModifier
- https://www.stat.ee/en/find-statistics/statistics-region/tartu-county/tartu-city
- « Tartu »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur pays-baltes.com (consulté le 12 décembre 2018)
- Histoire des pédologues et de la science des sols - Jean Boulaine, Geneviève Signeux - Google Livres, (1989), pages 132 et 160
- « Юрьев уездный город Лифляндской губернии - это... Что такое Юрьев уездный город Лифляндской губернии? », sur Словари и энциклопедии на Академике (Dictionnaire académique russe)
- « Tartu orduajal »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Voir la liste « ici »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Qu’on peut voir « ici »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- "Statistics Estonia", Population par genre et par nationalité.
- Statistics Estonia Données globales pour les recensements de 1881, 1897, 1922, 1934, 1959, 1970, 1979, 1989.
- (et) « Tartu sõpruslinnad », Tartu (consulté le 18 octobre 2016)
- construite en 1899 et détruite en 1944
- (ee) Leo Gens, « Eesti sünagoogid. », Estonian Jewish Museum
- un restaurant de Tartu qui prétend être le pub ayant le plus haut plafond du monde entier. Octobre 2015.