Robert de Balsac

seigneur d'Entragues

Robert de Balsac, parfois écrit BalzacSt-Géron), baron d'Entraigues[1],[2], né en 1440[3] et mort le [4], est un seigneur français du XVe siècle, proche des rois de France Louis XI, Charles VIII puis Louis XII. Il est sénéchal d'Agenais de 1467 à 1491 (où il obtient les seigneuries de Clermont-Dessus, de Dunes et du quart d'Astaffort sur les confiscations opérées par Louis XI aux dépens de Jean comte d'Armagnac), gouverneur de Pise en 1495, puis de nouveau sénéchal d'Agenais de 1499 à sa mort, capitaine de Tournon et Penne d'Agenais ; il acquiert en Auvergne Saint-Chamant (ou Saint-Amant) vers 1473 (il y fonde une collégiale en 1484).

Robert de Balzac
Biographie
Naissance
Décès
Activité
LordVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Jean de Balsac (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Agnès de Chabannes (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Antoinette de Castelnau (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Pierre de Balsac (d)
Louise de Balzac (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Blason

Famille

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Il est le fils cadet de Jean de Balsac (né vers 1400), et d'Agnès-Jeanne de Chabannes (fille de Robert co-seigneur de Charlus-le-Pailhoux à Saint-Exupéry x Alix/Hélis de Bort ; sœur d'Antoine de Chabannes et de Jacques Ier de Chabannes de La Palice, tous deux Grands maîtres de France, née vers 1412)[5].

Son frère aîné Rauffet de Balsac (v. 1430/1439-1473) est conseiller et chambellan de Louis XI, sénéchal de Nîmes et Beaucaire. Un autre frère est l'évêque, prieur et abbé Antoine de Balsac († 1494).

Comme il est de coutume, les bâtards nobles sont destinés au combat. C'est ainsi que Robert de Balsac incorpore dans sa compagnie 8 % de bâtards ; le « Bâtard de Balsac », son parent, en est le lieutenant[6].

Robert est lui-même le père de trois filles naturelles, dont Jeanne x François Rigaud de la Vayssière, fils de Pierre.

Le , Robert de Balsac, veuf de sa 1re femme et cousine germaine Anne de Chabannes (fille d'Antoine, comtes de Dammartin), épouse Antoinette de Castelnau-Bretenoux-Caylus, fille d'Antoine († 1465) baron de St-Côme et Calmont et de Catherine de Chauvigny fille de Guy II baron de Châteauroux vicomte de Brosse, avec qui il a six enfants[7], dont :

La femme de Robert meurt en 1494, trois jours après son départ pour l'Italie, et il épouse Lancia Fabri, issue d'une importante famille pisane (suivant les sources, est la fille de « Laurent Fabri », la sœur de « Ludovic Fabri », voire la fille du gonfalonnier de justice florentin[9]), de qui il a trois enfants[4],[7], dont plusieurs chevaliers du Saint-Esprit[10]. D'autres sources parlent d'une liaison à Pise avec Gabriella Del Lante, fille de Luca Del Lante, gentilhomme pisan[11],[12].

Son écu est à trois sautoirs brisés d'une croisette sous un chef chargé de trois autres sautoirs[13].

Carrière

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Il est d'abord au service de Charles de France (1446-1472), duc de Guyenne et frère du roi[4], qui :

Après la mort du duc de Guyenne en 1472[7], sa carrière suit celle de Rauffet auprès de Louis XI qui :

  • le prend comme chambellan et conseiller (comme l'était son frère)[7]
  • le confirme dans son titre de sénéchal d'Agenais (la Guyenne étant revenue au roi)[7]
  • l'envoie avec son frère au siège de Lectoure de 1473 qui voit la mort de Jean V d'Armagnac[4].

Une rumeur affirme que les deux frères, et particulièrement Robert, ne sont pas étrangers à l'assassinat du comte d'Armagnac, qu'ils haïssent, en dépit de la parole donnée[17]. Ils y avaient intérêt, du fait des terres confisquées qu'ils avaient récupérées, et que toute réconciliation aurait compromises. En 1484, Robert de Balsac est même formellement accusé de l'assassinat par Guillaume de Sabrevois[12].

Cependant, Louis XI apprécie Robert de Balsac bien moins que son aîné[18] (lequel meurt en 1473) : bien que s'étant battu pour le roi en 1475 à Vezelay et à Condom[7], il fait partie des seigneurs disgraciés avec son oncle Antoine de Chabannes. En 1479, il est même poursuivi criminellement, ayant été impliqué par Jacques d'Armagnac, mais les charges finissent par être abandonnées[19]. Il repart quelque temps en Italie[7].

L'avènement de Charles VIII en 1483 met fin à ces disgrâces, et Robert de Balsac revient à temps pour le sacre du . La régente Anne de Beaujeu le confirme comme sénéchal[7] et capitaine. Il participe ainsi à la guerre folle : il lutte contre Alain d'Albret en 1487, participe au siège de Fougères de juillet 1488[5] ainsi qu'à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, la même année, comme lieutenant de Louis II de La Trémoille[12].

Après la majorité du roi, il suit ce dernier en Italie en 1494 et l'aide à l'alliance avec Pise, grâce à la famille de sa nouvelle femme, pisane ou florentine[7]. Charles VIII entame une retraite depuis Naples, en direction de la France ; dans ce cadre, en , « Ruffes, seigneur d'Entraigues et de Dunes » (confondu avec son frère) est mentionné comme commandant 600 gens de pied[20]. Charles VIII ayant pris des engagements, il doit laisser des troupes en Toscane. Il veut complaire aux Pisans, dont le sort a ému certains capitaines français, notamment le comte de Ligny et Robert de Balsac, afin de gagner du temps face aux demandes de restitution de Florence[9].

En , Robert de Balsac est donc nommé gouverneur des citadelles de Pise et de Librafatta, de celles de Pietrasanta et de Mutrone, et ses proches obtiennent celles de Sarzane et de Sarzanello[4],[12],[9]. Grisé par sa nouvelle position, amoureux d'une Pisane (voir plus haut), il promet aux Pisans, moyennement finance, de les défendre contre Florence et de mourir dans la ville. Affirmant avoir reçu des instructions secrètes[9], il refuse l'ordre de Charles VIII d'évacuer la citadelle, comme ce dernier l'avait arrangé avec Florence, ce qui met le roi dans une position difficile, tant du point de vue de l'honneur que du point de vue financier. Le , Robert de Balsac empêche Florence de prendre la ville en faisant tirer au canon depuis la forteresse. Le , il obtient des Pisans qu'ils payent la solde de la garnison, s'engageant à ne rester que 100 jours. À l'échéance, le , pour sauver les apparences, il leur fait prêter serment de fidélité au roi de France, se fait payer (12 000 ducats pour lui, 8 000 pour les soldats[21]) et leur livre donc la citadelle, que les Pisans rasent. Le , il vend Sarzane et Sarzanello 24 000 florins aux Genois. Le , le bâtard de Roussi, son lieutenant, vend Pietrasanta à Lucques, pour 30 000 florins[9]. Il s'attire ainsi à la fois les reproches des Pisans et de Charles VIII.

Il reste encore deux ans en Italie, réfugié dans un monastère[11], jusqu'à la mort du roi[12],[7]. Il se rapproche de Louis II d'Orléans, qui succède à Charles VIII, mort sans enfants. À son avènement, en 1498, Louis XII le remercie en lui octroyant une pension[7]. En 1499, il est de nouveau sénéchal d'Agenais.

En 1502, il publie un traité sur l'art de la guerre, La Nef des princes, où il défend le concept de guerre juste (" le prince doit aviser s'il y a bonne et juste querelle, pour mettre Dieu et la raison pour lui ")[22] : voir ci-après.

Mort le , il est enterré dans le cœur de la collégiale de Saint-Chamant, nouvellement achevée, qu'il a fait construire (en expiation de l'assassinat du comte d'Armagnac, dit-on[12]), conjointement à un donjon[4].

Œuvres

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  • La Nef des princes et des batailles de noblesse, sous-titré « avec le chemin pour aller à l'ospital et aultres enseignemens utilz et proffitables à toutes manières de gens pour congnoistre à bien vivre et mourir, dedyés et envoyés à divers prélatz et seigneurs ainsi qu'on pourra trouver cy après » Lire sur Gallica, traité sur l'art de la guerre, terminé en 1502 pour l'instruction du roi de France, mais dont une version a été faite pour Henry VIII, roi d'Angleterre, aujourd'hui en possession de la British Library[23]. Il a été édité en 1887 par Philippe Tamizey de Larroque.

Références

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  1. Selon l'Histoire du Père Anselme de Ste-Marie (to 2-437), le Dictionnaire d'Aubert de La Chesnaye des Bois (XVIIIe siècle), et une note des éditeurs (en 1788) des Mémoires d'Achille Gamon (avocat et consul d'Annonay au XVIe siècle, p. 327-328), Entraigues est en Limagne, vers Riom et Ennezat, mouvant du comté de Clermont. Cette insistance est troublante, mais le fait semble tout de même fort improbable, ou alors il y avait deux biens homonymes dans la famille ; en tout cas il y a de nombreuses attestations incontestables de la seigneurie des Balsac — ou de leurs descendants et héritiers, les Cremeaux d'Entragues — à Égliseneuve d'Entraigues ou Antoingt ; par ailleurs la possession d'Entraigues (Limagne) relève sans conteste aucun des seigneurs d'Ennezat, qui ne sont pas les Balsac. Balsac, berceau de familial, est à Saint-Géron (en Auvergne, près de Brioude, au nord-ouest de la Haute-Loire ; les Balsac y avaient aussi Rio(u)martin), et la famille jouissait aussi, tout proches, de Léotoing (cf. les fiefs de Bi(o)nsac/Bansac et Vernassal) au moins depuis Roffec Ier, et de Paulhac acquis en 1473 par Roffec II. Entraigues semble entrer dans la famille de Balsac dans la première moitié du XVe siècle, et pourrait venir des droits transmis par Marguerite d'Auzon (deuxième moitié du XIVe siècle), la grand-mère paternelle de Roffec Ier, de même qu'Antoingt. La commune d'Égliseneuve d'Entraigues a adopté pour blason les armes des Balsac. Il n'y a pas de lien des Balsac avec Entraygues-sur-Truyère dans l'Aveyron, contrairement à ce qui est parfois avancé, ni avec Antraigues-sur-Volane, ni semble-t-il Entraygues à Boisset. Signifiant entre les eaux, interfluve, et désignant donc une confluence ou un méandre resserré, le toponyme est particulièrement fréquent, avec des nuances orthographiques. De même, aucun lien n'est avéré avec les Balsac du Rouergue. Les Balsac d'Entragues sont bien une famille brivadoise, comme l'attestent leur dévotion à saint Julien et leur assiduité au Chapitre de Brioude.
  2. « La Bibliothèque de Maria : Noblesse, seigneurs > Saint-Géron > Balsac », sur Généalogie de Raymond CAREMIER
  3. a et b Robert de Blazac sur Geneanet
  4. a b c d e f g h et i Comte de Dienne, Les sénéchaux d'Agenais Robert de Balzac et Rigault d'Aurelle, p. 25-36, Revue de l'Agenais, année 1909, tome 36 (lire en ligne)
  5. a b c et d Robert de Balzac d'Entraygues sur Geneanet
  6. Nicolas Le Roux, La crépuscule de la Chevalerie, nobelle et guerre au siècle de la Renaissance, p.27.
  7. a b c d e f g h i j k l m n o et p René Visy, Le maître de Saint Chamant: peintures du XVe siècle, p. 11-12 lire sur Google Books
  8. Nicole Cazauran, Catherine de Médicis et son temps dans La comédie humaine, Droz, 575 p. (ISBN 9782600028387, lire en ligne), note 38 p. 188.
  9. a b c d et e Jean Charles Léonard, Simonde de Simondi, Histoire des républiques italiennes du Moyen Age, Furne et Ca, (lire en ligne), p. 14,66
  10. Louis Moréri, Le Grand dictionnaire historique, tome V, p.9 Lire sur Google Books
  11. a et b Nancy Delay, « Aux sources de Monna Vanna », Textyles 1er janvier 1994 [1]
  12. a b c d e et f Maxime de Montmorand, Anne de Graville : sa famille, sa vie, son œuvre, sa postérité, pp. 22-37 Lire sur OpenLibrary
  13. Archives d'un serviteur de Louis XI : documents et lettres : 1451-1481 ([Reproduction en fac-similé]) / publiés d'après les originaux par Louis de La Trémoille, p. 154 lire sur Gallica
  14. « De Balsac, p. 435-441 », sur Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France : tome II, Histoire des Pairs de France, par les Pères Anselme de Ste-Marie, Ange et Simplicien, et Honoré Caille Du Fourny, par la Compagnie des Libraires, à Paris, 1726
  15. « Maison de Balsac », sur Racines & Histoire, par Etienne Pattou, 2021 et 2023
  16. « Famille de Balsac », sur Man8Rove
  17. R. de Mandrot, Louis XI, Jean V d'Argmagnac et le drame de Lectoure lire sur la bibliothèque de la Sorbonne
  18. B. de Mandrot, Dépêches des ambassadeurs milanais en France sous Louis XI et François Sforza, note 2 p. 174 lire sur Google Books
  19. Jean-Jacques Garnier, Histoire de France depuis l'établissement de la monarchie jusqu'au règne de Louis XIV (ici confondu avec son frère Rauffet, pourtant déjà mort) lire sur Google Books
  20. Armée française d'Italie, mai 1495
  21. Dora D'Errico, « Se è da fare opera da volgere Arno ». Léonard au service du projet de détournement de l’Arno (1503-1504), Université de Florence [2]
  22. « L'idée de Guerre à la fin du Moyen Age, par Philippe Contamine, p. 81 », sur Persée / Comptes-rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1979, vol. 123, no 1
  23. One That Got Away, blogue des manuscrits médiévaux de la British Library, 11 mars 2012