Philippe Sarde

compositeur français
Philippe Sarde
Philippe Sarde en dédicace à la librairie Gibert Joseph en octobre 2022.
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Andrée Gabriel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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signature de Philippe Sarde
Signature

Philippe Sarde, né le [1],[2] à Neuilly-sur-Seine, est un compositeur français de musique de film.

Il est le frère aîné du producteur Alain Sarde.

Biographie Modifier

Son père, Henri Sarde, exerce la profession d'antiquaire[3] tandis que sa mère, Andrée Gabriel, est chanteuse à l'Opéra de Paris[4]. Il accompagne très tôt cette dernière aux répétitions et cherche à imiter le chef d'orchestre en utilisant un spaghetti comme baguette[5]. Dès 5 ans, son père l'inscrit à des cours de solfège puis il entre au conservatoire[3]. Il y suit des études d'harmonie, de contrepoint, de fugue et de composition avec Noël Gallon[6]. Il a deux frères : Frédéric et le futur producteur de cinéma Alain Sarde. Philippe Sarde a également pour parrain Georges Auric qui était à l'époque directeur de l'Opéra. Tout jeune, il s'intéresse énormément au cinéma et collectionne des bobines de vieux films français oubliés de nos jours, comme Fantômas (1947) de Jean Sacha, avec Simone Signoret[5],[7].

À 17 ans, il réalise Florence, un court-métrage noir et blanc en 35 mm dont il compose la musique et demande à Vladimir Cosma de l'aider à l'orchestrer[8]. Il hésite alors entre la réalisation cinématographique et la musique. Après avoir demandé à cinquante personnes de son entourage de visionner son court-métrage, et suite à leurs réflexions admiratives concernant sa musique, il décide d'opter pour une carrière de compositeur de cinéma[9]. À 18 ans, il rencontre Claude Sautet qui lui propose de signer la musique de son film Les Choses de la vie grâce à une recommandation de son producteur qui avait vu le fameux court-métrage du jeune musicien[9]. Écrite en un mois seulement pour quelques 70 musiciens, Les Choses de la vie est le premier coup de maître d’un compositeur alors seulement âgé de 20 ans : c'est le début d'une longue carrière[4],[10],[11].

Sarde est un homme fidèle à certaines valeurs comme l'amitié et, outre Claude Sautet, il va développer une collaboration très suivie avec certains cinéastes, dont André Téchiné, Jacques Doillon, Pierre Granier-Deferre, Georges Lautner, Marco Ferreri, Laurent Heynemann ou Bertrand Tavernier. Il est très rare qu'un seul musicien parvienne à fidéliser plusieurs metteurs en scène simultanément comme l'a fait Philippe Sarde et cette situation apparaît comme presque unique en France[12]. Certains d'entre eux comme Bertrand Tavernier, Yves Boisset, Alain Corneau ou Nadine Trintignant ont témoigné de son caractère entier, de son regard toujours pertinent sur le montage des films[13], ou sur la place réservée à la musique voire aux silences quand les notes ne sont pas nécessaires[14]. Cette relation privilégiée avec les cinéastes, mais aussi avec certains acteurs comme Alain Delon qui a travaillé à sept reprises avec le musicien[15], a parfois entraîné des jalousies, de la méfiance de la part de certains producteurs comme Ralph Baum[16] ou encore des critiques assassines comme celles de l'historien du cinéma Alain Garel qui, sans les nommer explicitement, fustige les musiciens les plus populaires des années 70 et 80 (essentiellement Philippe Sarde et Vladimir Cosma) en les accusant de n'être que des « bons techniciens », écrivant de simples « musiquettes », et dénonçant une régression vers le « concept archaïque » de musique d'accompagnement lorsque ces derniers font travailler de grands solistes de jazz[17].

Sa personnalité exigeante et son perfectionnisme musical ne connaissent pas (ou peu) de limites et Sarde n'hésite pas à demander aux musiciens ou orchestres les plus renommés de venir travailler sur ses partitions : le saxophoniste Stan Getz (sur Mort d'un pourri), le trompettiste Chet Baker (sur Flic ou Voyou), le violoniste Stéphane Grappelli, le London Symphony Orchestraetc.

Il se définit lui-même comme un « scénariste musical », dont le rôle est d'exprimer musicalement ce que le réalisateur ne peut traduire par les images[18].

Toujours à la recherche de nouvelles sonorités où le répertoire classique côtoie une écriture contemporaine parfois proche de l'atonalité, la musique de Sarde combine souvent différentes instrumentations assez singulières. À ce titre, sa partition pour le film La Guerre du feu constitue un point d'orgue dans sa filmographie imposante, où il combine deux orchestres, des chœurs, des solistes et des percussions dans un style avant-gardiste.

Il n'hésite pas non plus à retravailler certains de ses thèmes musicaux pour en proposer de nouvelles variations sur d'autres films : c'est le cas pour le thème musical du film Le Chat qui sera ré-exploité sur un autre film, ou du thème pour le film Le Choc, réutilisé sur The Manhattan Project et dans Le Bossu (Les noces de Caylus) par exemple.

Le succès de sa musique pour le film Tess et sa proposition pour l'Oscar de la meilleure musique en 1981 lui ouvrent les portes de Hollywood avec le film Le Fantôme de Milburn.

Mais toujours fidèle à son éthique qui lui dicte ses choix professionnels, il ne mènera qu'une carrière timide aux États-Unis, contrairement à ses illustres aînés tels Georges Delerue ou Maurice Jarre.

Depuis plusieurs années, quelque peu déçu par le cinéma français, il a considérablement ralenti sa cadence. Il n'accepte plus que des projets qui lui tiennent à cœur et il se consacre prioritairement à des œuvres expérimentales et confidentielles.

Philippe Sarde se marie avec Florence Nave (fille de Jacqueline Nave et Marcel Anthonioz[19]) en , mais ils divorcent 6 mois plus tard. En 1994, il épouse Clotilde Burrer, avec qui il a deux filles : Ponette (née en 1998) et Liza (née en 1999).

Depuis 2010, le nom de Philippe Sarde n'apparaît pas ou plus au générique des films. Les réalisateurs de prédilection ont disparu : Lautner, Ferreri, Granier-Deferre, Boisset. Quant à Jacques Doillon et André Téchiné, ils ne semblent plus faire appel à lui, préférant se tourner vers des musiciens issus de la nouvelle génération.

Compositions Modifier

Années 1960 Modifier

  • 1966 : Florence (court-métrage) de Philippe Sarde

Années 1970 Modifier

Années 1980 Modifier

Années 1990 Modifier

Années 2000 Modifier

Années 2010 Modifier

Années 2020 Modifier

Compilation Modifier

  • Anthologie de musiques de films - 50 ans de cinéma, Label BMG, 2022. Coffret de cent musiques de film de Philippe Sarde, qui en a composé au total plus de deux cents[4].

Distinctions Modifier

César Modifier

Toutes les récompenses et nominations concernent le César de la meilleure musique originale.

Avec 10 nominations, Philippe Sarde détient le record de la catégorie.

Autres récompenses Modifier

Décorations Modifier

Notes et références Modifier

  1. Philippe Sarde sur Les Gens du cinéma.
  2. « IMDB me donne 3 ans de plus que je n'ai réellement (je suis né en 1948, et non 1945) », Philippe Sarde interviewé par Benoît Basirico le 10 septembre 2005.
  3. a et b Christian Lauliac, « Philippe Sarde, ou le goût de surprendre » (consulté le )
  4. a b et c Nathalie Simon, « Philippe Sarde, le scénariste musical », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous,‎ 16-17 avril 2022, p. 43 (lire en ligne).
  5. a et b Perrot 2002, p. 79.
  6. a b et c « Biographie de Philippe Sarde », sur Universal Music France (consulté le )
  7. Larriba 2020, p. 13.
  8. Elhaïk 2018, p. 561.
  9. a et b Perrot 2002, p. 87.
  10. « Biographie et actualités de Philippe Sarde France Inter - Page 1 », sur www.franceinter.fr (consulté le ).
  11. « Philippe Sarde : biographie, actualités et musique à écouter », sur France Musique (consulté le ).
  12. Perrot 2002, p. 46.
  13. Perrot 2002, p. 46-47.
  14. Basirico 2018, p. 152.
  15. « La musique de mes films a toujours constitué pour moi un élément essentiel de leur identité. Dès la première écoute du thème de « La veuve Couderc », j'ai su que Philippe Sarde allait devenir un partenaire musical d'exception. », dédicace d'Alain Delon datée du 15/10/2021 et figurant sur le livret du coffret Anthologie de musiques de films - 50 ans de cinéma, Label BMG, 2022
  16. Bastie 2014, p. 85.
  17. Alain Garel, « Au-delà du mépris », dans François Porcile et Alain Garel (dir.), La Musique à l'écran, Éditions Corlet / SACEM / Télérama, 1992 (ISBN 2854803760), p. 27-29
  18. documentaire de Frédéric Chaudier et Frédéric Zamochnikoff Un voyage musical avec Philippe Sarde (2013).
  19. « Fiche généalogique de la première épouse de Philippe Sarde » (consulté le )

Voir aussi Modifier

Bibliographie Modifier

  • Vincent Perrot, B.O.F. : Musiques et compositeurs du cinéma français, Paris, Dreamland, , 304 p. (ISBN 2-910027-93-7).
  • Daniel Bastié, Philippe Sarde, des notes pour l'écran, Mariembourg, Grand Angle, , 228 p. (ISBN 978-2-87334-029-2).
  • Alain Lacombe et François Porcile, Les musiques du cinéma français, Paris, Bordas, , 328 p. (ISBN 978-2-04019-792-6).
  • Thierry Jousse, B.O. ! Une histoire illustrée de la musique au cinéma, Vanves, EPA, , 288 p. (ISBN 978-2-37671-077-6).
  • Benoît Basirico, La musique de film : compositeurs et réalisateurs au travail, Paris, Hémisphères, , 256 p. (ISBN 978-2-37701-020-2).
  • Serge Elhaïk, Les Arrangeurs de la chanson française : 200 rencontres, Paris, Textuel, , 2162 p. (ISBN 978-2-84597-655-9).
  • Gérard Dastugue, « Philippe Sarde by side : profils d'un scénariste musical », dans Jérôme Rossi (dir.), La musique de film en France : courants, spécificités, évolutions, Lyon, Editions Symétrie, , 470 p. (ISBN 978-2-914373-98-2, lire en ligne), p. 271-286.
  • Gérard Dastugue, « Philippe Sarde, l'auteur et le populaire ou les voyages de la mélodie », dans Philippe Gonin et Jérôme Rossi (dir.), Le cinéma populaire français et ses musiciens, Dijon, Editions Universitaires de Dijon, (ISBN 978-2-36441-379-5, lire en ligne), p. 309-324.
  • Luc Larriba, « Entretien avec Philippe Sarde : Composer pour des films et non coller de la musique sur des images », Revus & Corrigés, no 9,‎ , p. 12–25 (ISSN 2609-9942).
  • Alexandre Poncet, « Entretien avec Philippe Sarde : Les choses de sa vie », Classica, no 226,‎ , p. 62–66 (ISSN 1966-7892).

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