Jacques Doillon

réalisateur, producteur et scénariste français
Jacques Doillon
Description de cette image, également commentée ci-après
Jacques Doillon en 2013.
Naissance (80 ans)
20e arrondissement de Paris
Nationalité française
Profession réalisateur, scénariste, producteur
Films notables Les Doigts dans la tête
La femme qui pleure
La Drôlesse
Le Petit Criminel
Ponette

Jacques Doillon est un réalisateur, producteur et scénariste français né le dans le 20e arrondissement de Paris. Actif depuis les années 1970, il a réalisé une trentaine de films, dont Les Doigts dans la tête (1974), La femme qui pleure (1979), La Drôlesse (1979) et Ponette (1996).

Nommé deux fois aux Césars dans la catégorie de la meilleure réalisation et deux fois pour la meilleure adaptation, il a notamment reçu le Prix Louis-Delluc en 1990 pour Le Petit Criminel.

En février 2024, il est accusé par plusieurs actrices de viol, d’agression et de harcèlement sexuels, pour des faits qui se seraient déroulés entre les années 1980 et 2010.

Biographie modifier

Famille modifier

Jacques Doillon naît le à Paris dans une famille modeste : son père est comptable, sa mère standardiste. Élève au lycée Voltaire à Paris, il fréquente le ciné-club animé par le professeur de littérature Henri Agel[1].

Carrière modifier

Jacques Doillon commence comme monteur, notamment sur des documentaires tels que Paris-secret d'Édouard Logereau en 1965 et Paris top secret de Pierre Roustang en 1969. En 1973, il réalise son premier long métrage L'An 01 d'après la bande dessinée de Gébé (la partie Afrique est réalisée par Jean Rouch et la partie à New York par Alain Resnais).

En 1994, il s'inspire de l'histoire de Germaine de Staël et Benjamin Constant pour réaliser un long métrage de cinéma Du fond du cœur et une version longue en douze épisodes pour la télévision Germaine et Benjamin.

En 2013, le festival du film de Belfort - Entrevues lui consacre une rétrospective[2].

En 2019, il parraine la troisième édition du festival Films courts de Dinan. L'événement lui consacre une rétrospective avec la projection spéciale de Ponette[3].

En février 2024, à la suite des accusations sexuelles à son encontre, Jacques Doillon est écarté de la présidence du jury du festival Viva il cinéma ! à Tours[4].

Vie privée modifier

De son couple avec Noëlle Boisson, monteuse, est née la réalisatrice Lola Doillon en 1975. Il vit ensuite avec Jane Birkin de 1980 à 1992, avec laquelle il a, en 1982, l'actrice Lou Doillon. Il est aussi le père de Lili (1995), dont la mère est Brune Compagnon. De sa relation avec la réalisatrice Amélie van Elmbt naîtra ensuite Lina Doillon (2010). Il a un fils, Lazare Doillon-Tencer (2016), dont la mère est Marianne Doillon-Tencer.

Affaires judiciaires modifier

Accusations de viol et d'agressions sexuelles modifier

Le 6 février 2024, la comédienne Judith Godrèche dépose une plainte contre Jacques Doillon pour viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité. Le cinéaste est accusé de l'avoir violée en marge et au cours du tournage de La Fille de 15 ans[5]. Selon la déposition de Judith Godrèche, les faits se sont déroulés « dans la maison de Jane Birkin (la compagne du cinéaste à l'époque), et plus précisément dans le bureau de Jacques Doillon[n 1]. » La déposition est enregistrée le 6 février par la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris[6]. Dans une réponse publiée le 9 février, Jacques Doillon dénonce des enquêtes « non contradictoires » et répond sur les différents points soulevés[n 2].

Quelques jours après la déposition de Judith Godrèche, les actrices Isild Le Besco et Anna Mouglalis accusent à leur tour Doillon d'agression et de harcèlement sexuels dans une enquête du journal Le Monde, pour des faits advenus respectivement en 2000 et en 2011[10].

Conséquences modifier

Malgré la polémique, la société de production maintient la sortie de CE2, dernier film du cinéaste, prévue le [11], [n 3], puis annonce, le , que la sortie en salles est « reportée » jusqu'à nouvel ordre[13].

Style modifier

Ses films, intimistes et personnels, proposent une réflexion sur l'enfance, la frustration, le tourment, la complexité du sentiment et le rapport de classe. Son œuvre se caractérise principalement par des récits linéaires et ténus, marqués par une grande tendresse pour les personnages en perdition et fait le choix récurrent d'espaces clos et de décors naturels, réduits au strict minimum. On note par ailleurs des dialogues foisonnants et des plans inscrits ostensiblement dans la durée.

Filmographie modifier

Cinéma modifier

Longs métrages modifier

Distinctions modifier

Prix modifier
Nominations modifier

Courts métrages modifier

  • 1969 : Trial (documentaire)
  • 1970 : La Voiture électronique (documentaire)
  • 1970 : Vitesse oblige (documentaire)
  • 1971 : Tous risques (documentaire)
  • 1971 : On ne se dit pas tout entre époux d'après un scénario de Gébé
  • 1971 : Bol d'or (documentaire)
  • 1973 : Laissés pour compte (Les oubliés) (documentaire)[16]
  • 1973 : Les Demi-jours (documentaire)[17]
  • 1973 : Autour des filets (documentaire de 11 minutes sur les gardiens de but de handball)
  • 1991 : Contre l'oubli - segment Pour Anstraum Aman Villagran Morales, Guatémala

Télévision modifier

Réception critique modifier

Le critique de cinéma Éric Neuhoff, évoquant l'ensemble de l'œuvre de Jacquot, Doillon et Garrel, écrit le 16 février 2024 « se replonger dans leur filmographie est une punition ». Il décrit Doillon comme « illustrant le cinéma d'auteur jusqu'à la caricature », « braillard et sentencieux, verbeux et brouillon », ayant « élevé l'ennui au niveau des beaux-arts ». Un cinéma « prétentieux », « narcissique », et des histoires de « touche-pipi », d'incestes, d'hommes mûrs couchant avec de jeunes adolescentes[18].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. L'actrice revient également sur le tournage du film et indique que Jacques Doillon « a viré l'acteur » pour se mettre à sa place et incarner le personnage du père du petit ami de l'héroïne qui tombe amoureux d'elle. « Tout d'un coup, il décide qu'il y a une scène d'amour, une scène de sexe entre lui et moi », raconte Judith Godrèche ; elle ajoute que, pour cette scène, « 45 prises » ont été faites. « J'enlève mon pull, je suis torse nu, il me pelote, me roule des pelles », décrit-elle. Elle précise que Jane Birkin était présente sur le tournage de cette scène, « une situation extrêmement douloureuse pour elle »[6],[7],[8].
  2. Concernant la scène incriminée par Judith Godrèche, il affirme que « cette scène est dans le scénario original ». « C’est la scène 79 où il est notamment écrit : "Affolés, soulevés, ils font l’amour". Judith Godrèche a évidemment lu et relu le scénario puisqu’elle a même prétendu l’avoir écrit », ajoute-t-il[9].
  3. Son actrice principale, Nora Hamzawi, déclare alors sur Instagram ne pas soutenir cette décision qui constitue pour elle « un mépris de la parole des femmes ». Elle ajoute : « ce qui se passe dans le milieu du cinéma, et qui je l’espère s’étend à d’autres milieux, est essentiel et important. C’est la chose à soutenir en priorité aujourd’hui[12],[4]. »

Références modifier

  1. Vincent Pinel, Cinéma français, Cahiers du cinéma, , p. 260.
  2. « 10 raisons de sortir ce week-end », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Dinan. Jacques Doillon, Jean Becker et PPDA au film court », sur Le Télégramme, (consulté le ).
  4. a et b « MeToo cinéma Nora Hamzawi se désolidarise de la sortie de CE2 de Jacques Doillon, Alexis Manenti n’en assurera pas la promotion non plus », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Jacques Doillon accusé de viol, d’agression sexuelle et de harcèlement par les actrices Judith Godrèche, Anna Mouglalis et Isild Le Besco », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne  , consulté le ).
  6. a et b « Judith Godrèche accuse le réalisateur Jacques Doillon de l'avoir abusée sexuellement », sur Franceinfo, (consulté le ).
  7. « Judith Godrèche a également porté plainte contre Jacques Doillon », sur Franceinfo, (consulté le ).
  8. « “Je n’ai jamais été attirée par Benoît Jacquot mais j’ai été son enfant femme”, témoigne Judith Godrèche », sur France Inter, (consulté le ).
  9. « Accusations contre Jacques Doillon : Le réalisateur dénonce des "mensonges" » sur 20minutes.fr avec l'AFP, publié le .
  10. Jérôme Lefilliâtre et Lorraine de Foucher, « Jacques Doillon accusé de viol, d’agression sexuelle et de harcèlement par les actrices Judith Godrèche, Anna Mouglalis et Isild Le Besco », sur Le Monde, .
  11. « Malgré les accusations visant Jacques Doillon, la sortie de son film CE2 maintenue le 27 mars », sur Le Figaro, (consulté le ).
  12. « Nora Hamzawi s’oppose à la sortie du dernier film de Jacques Doillon, mis en cause pour des violences sexuelles par plusieurs actrices », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « La sortie du film CE2 de Jacques Doillon, accusé de viol et d'agressions sexuelles, est "reportée" », par Jacky Bornet, France Télévisions - Rédaction Culture, sur francetvinfo.fr, le .
  14. Avec Jean Rouch et Alain Resnais.
  15. « CE2 », sur auvergnerhonealpes-cinema.fr.
  16. Produit par les Films du Centaure. Musique composée par François de Roubaix : Gilles Loison & Laurent Dubois, François de Roubaix charmeur d'émotions, Éditions Chapitre Douze, Bruxelles-Paris 2006, p. 526.
  17. Produit par les Films du Centaure. Musique composée par François de Roubaix : Gilles Loison & Laurent Dubois, François de Roubaix charmeur d'émotions, Éditions Chapitre Douze, Bruxelles-Paris 2006, p. 527.
  18. « Jacquot, Doillon, Garrel : se replonger dans leur filmographie est une punition », Le Figaro.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

  • Alain Philippon, Jacques Doillon : scénario, Dunkerque/ Pantin/ Crisnée, Ciné 104/ Yellow Now/ Studio 43, , 160 p. (ISBN 2-87340-078-1).
  • René Prédal, Jacques Doillon, trafic et typologie des sentiments, Paris/ Condé-sur-Noireau, Éditions du Cerf, coll. « 7ème Art », , 432 p. (ISBN 2-204-07350-4).
  • « Rencontre avec Jacques Doillon (Entretien avec René Prédal) », Jeune Cinéma, no 284,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Nicolas Livecchi, L'enfant acteur. De François Truffaut à Steven Spielberg et Jacques Doillon, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, coll. « Réflexions faites », , 368 p. (ISBN 978-2-87449-150-4).
  • André Encrevé, « Doillon Jacques », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 2 : D-G, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2020, p. 212-213 (ISBN 978-2-84621-288-5).
  • Antoni Collot, Les Prises Doillon, Paris, Marest éditions, , 120 p. (ISBN 979-10-96535-39-2).

Documentaires modifier

  • 1998 : Jacques Doillon : les mots, l'émotion… d'Anne Brochet et Françoise Dumas, production INA et La Sept ARTE, 52 min.
  • 2007 : Jouer Ponette - Autour du film de Jacques Doillon de Jeanne Crépeau, production Box Film, 92 min.
  • 2008 : Des sables dessinés d'Antoni Collot, production Liaison cinématographique, 27 min.
  • 2020 : Il était une fois, Doillon de Pierre Chassagnieux, coll. « Parole de cinéaste », production INA et Ciné+, 53 min.

Liens externes modifier