British Museum

musée de l’histoire et de la culture humaine, situé à Londres
British Museum
Informations générales
Type
Ouverture
Président
Surface
135 000 m2
Visiteurs par an
6,239,983 (2019) [1]
Site web
Collections
Collections
Afrique
Océanie
Amériques
Proche-Orient antique
Asie
Grande-Bretagne et Europe
Égypte ancienne
Antiquités gréco-romaines
Antiquités japonaises
Monnaies et médailles
Dessins et gravures
Nombre d'objets
50 000 en exposition
Bâtiment
Architecte
Protection
Monument classé de Grade I (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
Commune
Adresse
The British Museum
Great Russell Street
London WC1B 3DG
Coordonnées
Carte

Le British Museum (en français « Musée britannique », appellation couramment utilisée jusqu'au XXe siècle, mais devenue rare), est un musée de l'histoire et de la culture humaine, situé dans le quartier de Bloomsbury à Londres, au Royaume-Uni. Ses collections, constituées de plus de sept millions d’objets, sont parmi les plus importantes du monde et proviennent de tous les continents. Elles illustrent l’histoire humaine de ses débuts à aujourd'hui.

Le musée a été fondé en 1753 et ouvert au public en 1759. Son statut actuel de non-departmental public body lui permet d’être financé par le département de la Culture, des Médias et du Sport. Le British Museum compte six millions de visiteurs par an et s'affiche comme le site touristique le plus fréquenté de Grande-Bretagne. Comme dans la plupart des musées et galeries d’art du Royaume-Uni, l’entrée est gratuite, à l’exception de certaines expositions temporaires ; les dons sont encouragés.

Histoire modifier

Le British Museum fut créé en 1753, à partir notamment des collections du médecin et scientifique sir Hans Sloane. Le musée a été ouvert au public le à la Montagu House à Bloomsbury, au même emplacement qu'aujourd'hui ; il comptait alors quelque 80 000 objets. Les collections s’enrichirent notamment avec les contributions du capitaine Cook, et de William Hamilton (archéologue et diplomate britannique). La défaite de Napoléon en Égypte (campagne d'Égypte) permit d’acquérir des pièces d'art égyptiennes, dont la pierre de Rosette. Puis au début du XIXe siècle, lord Elgin, ambassadeur à Constantinople, amena au musée des sculptures du monde grec.

En 1865, un nouveau bâtiment fut construit, rue Great Russell dans le quartier de Tottenham Court, pour remplacer l'ancien (Montagu House), devenu trop petit et qui fut détruit. Le bâtiment comporte une vaste salle de lecture dans laquelle Karl Marx et nombre d'écrivains, philosophes et savants illustres ont travaillé, par exemple Charles Dickens. L'écrivain Angus Wilson fit une partie de sa carrière dans cette salle, où il exerça les fonctions de Deputy Superintendent (il démissionna en 1955 pour se consacrer à l'écriture). Le musée proprement dit a alors le même aspect qu'aujourd'hui.

Les collections d’histoire naturelle furent déplacées dans un nouveau musée (musée d'histoire naturelle de Londres, Natural History Museum) à South Kensington en 1880. Jusqu'en 1997, le British Museum avait la particularité d'héberger dans le même bâtiment un musée et une bibliothèque nationale (la British Library est depuis cette date située près de la gare de Saint-Pancras). Enfin en décembre 2000, on ajouta au musée la « Grande Cour[2] ».

Parmi les nombreuses expositions provisoires hébergée par le British Museum tout au long de son histoire, la plus importante fut « The First Emperor: China's Terracotta Army », qui s'est tenue du à et a rassemblé 120 objets et 12 soldats de terre cuite provenant du mausolée de Qin Shi Huang, le premier empereur de Chine[3]. Cette exposition a fait de 2008 l'année où le British Museum a reçu le plus de visiteurs de toute son histoire et a permis au musée d’être l’attraction culturelle la plus visitée du Royaume-Uni en 2007 et 2008[4],[5]. La dernière fois qu'une exposition avait amené autant de visiteurs dans le musée, c'était celle de 1972 consacrée au pharaon Toutânkhamon[4]. Selon le quotidien The Washington Post, les 400 000 billets mis en vente à l'avance se sont vendus si vite que le musée a dû prolonger ses heures d'ouverture jusqu'à minuit pour faire face à l'affluence[6]. Et selon The Times, malgré cet allongement des horaires d'ouverture, beaucoup de gens ont dû être refoulés à l'entrée du musée[7]. Le plus grand nombre de visites a eu lieu le jour des festivités organisées pour marquer le Nouvel An chinois, où la foule était tellement importante que les portes du musée ont dû être fermées pour des raisons de sécurité[7]. L'armée de terre cuite a été décrite comme le seul ensemble d'objets historiques, en dehors de ceux provenant de l'épave du RMS Titanic, pouvant attirer une telle foule juste grâce à son nom[6].

Bâtiment modifier

Le Smirke Building fut conçu par sir Robert Smirke dans un style néoclassique, et l'idée développée en 1823 ; la construction s'est achevée près de trente ans plus tard. Construit au départ pour abriter la bibliothèque personnelle du roi George III, ce nouveau bâtiment de forme carrée est situé au nord de Montagu House. L'aile sud du Smirke Building a finalement remplacé la vieille maison.

La salle de lecture circulaire, recouverte d'un dôme de 42,5 m de diamètre, fut bâtie en 1857 par Sidney Smirke, frère cadet de Robert Smirke.

L'Aile blanche, conçue par l'architecte John Taylor, fut ajoutée trente ans plus tard. Les galeries du roi Édouard VII, qui sont une addition dans le style Art nouveau, devinrent partie intégrante du musée en 1914.

Les ailes contenant les collections sont situées autour de la Grande Cour Elizabeth II, qui est la plus grande place couverte d'Europe[8]. Elle a été conçue par Foster and Partners qui a gagné le concours lancé en 2000 dans trois buts : révéler les espaces cachés, repenser les anciens espaces, en créer de nouveaux. Norman Foster s'inspire de sa création pour le Reichstag de Berlin pour le toit. La cour est inaugurée le 6 décembre 2000 par la Reine Elisabeth II[9].

Départements modifier

Les salles sont regroupées en plusieurs départements, définis selon une grande région ou un thème, et d’autres qui sont temporaires :

Égypte et Soudan antiques modifier

 
Jeunes visiteurs devant la pierre de Rosette, en 1985.
 
Affluence devant la pierre de Rosette, désormais en vitrine (2014).

Le British Museum héberge une des premières collections mondiales d'art de l'Égypte antique ; ses objets proviennent de toutes les périodes. Les sept galeries égyptiennes permanentes du musée, dont sa salle la plus grande (salle 4 : sculptures monumentales), exposent seulement 4 % des objets conservés. On y trouve la statuaire et l’architecture des décors pharaoniques historiques, souvent inscrits avec des hiéroglyphes. Beaucoup d’autres aspects de la culture égyptienne antique sont représentés, les sarcophages et les momies, mais aussi des meubles, bijoux et autres objets trouvés dans les sépultures. Ils reflètent la pratique des enterrements somptueux pour les plus riches, dont la famille royale et les représentants du gouvernement[10].

Voici quelques pièces remarquables de ces collections :

Antiquités grecques et hellénistiques modifier

 
Caryatide de l'Érechthéion

Le British Museum possède l'une des plus vastes et des plus complètes collections d’antiquités du monde gréco-latin, avec plus de 100 000 objets répartis dans 24 salles : ce secteur est le plus important du musée. Pour le monde grec, les collections proposent des objets allant du début de la préhistoire jusqu'à l’ère byzantine[11]. L’archéologie au XIXe siècle n'en était qu'à ses premiers balbutiements ; des chercheurs isolés : Charles Newton, John Turtle Wood, Robert Murdoch Smith et Charles Fellows, commençaient seulement à mettre au jour différents sites tout autour de la Méditerranée.

Les vestiges hellènes proviennent de l'ensemble du monde grec antique : de Grèce continentale et des îles Égéennes, jusqu'aux colonies d'Asie Mineure et d’Égypte en Méditerranée orientale, et même des tyrannies de Grande Grèce (Sicile et Italie méridionale). On y retrouve les cultures cycladique, minoenne et mycénienne, puis la Grèce classique avec d'importantes sculptures du Parthénon à Athènes, ainsi que des éléments de deux des Sept Merveilles du monde : le mausolée d'Halicarnasse et le temple d'Artémis à Éphèse.

Les points forts de la collection comprennent :

Temple d'Héphaïstos
  • Cadre de coffre en marbre et coffre de la colonnade , (449-415 av. J.-C.)
Parthénon
Propylées
  • Chapiteau et tambour à colonnes, (437-432 av. J.-C.)
Érechthéion
  • Une colonne survivante et des accessoires architecturaux, (420-415 av. J.-C.)
  • L'une des Cariatides , (415 av. J.-C.)
Temple d'Athéna Nikè
  • Dalles et chapiteaux de la frise, (427-424 av. J.-C.)
Sanctuaire d'Apollon à Daphni
  • Colonnes cannelées, bases de colonnes et chapiteaux ioniques (399-301 av. J.-C.)
Monument chorégique de Thrasyllos
  • Statue de Dionysos, (270 av. J.-C.)
Tour des Vents
  • Chapiteau corinthien en marbre (50 av. J.-C.)
Temple de Bassae
  • Vingt-trois blocs de la frise intérieure du temple, (420-400 av. J.-C.)
Mausolée d'Halicarnasse
  • Deux figures autonomes colossales identifiées comme Mausole et son épouse Artémise, (vers 350 av. J.-C.)
  • Partie d'un cheval du groupe de chars ornant le sommet du mausolée, (vers 350 av. J.-C.)
  • Frise d'Amazonomachie : une longue section de frise en relief montrant la bataille entre les Grecs et les Amazones, (vers 350 av. J.-C.)
Temple d'Artémis à Éphèse
  • L'une des bases de colonnes sculptées (340-320 av. J.-C.)
  • Partie de la frise ionique située au-dessus de la colonnade, (330-300 av. J.-C.)
Cnide, en Asie Mineure
Xanthe, en Lycie, Asie Mineure

Antiquités romaines modifier

Le département possède les plus vastes collections d’antiquités hors d’Italie, depuis le Chalcolithique jusqu'aux premières civilisations italiques et la civilisation étrusque, ainsi que nombre de témoignages sur la civilisation ancienne de Chypre et des colonies barbares de Lycie et de Carie en Asie Mineure. Il présente également plusieurs vestiges de l'époque de la République romaine, mais son point fort est la variété des artefacts antiques provenant de tout l’Empire romain, à l’exception toutefois de la Grande-Bretagne (qui forme le cœur des collections du département de la Préhistoire en Europe).

Ses collections de bijoux et de bronzes, de vases grecs (la plupart tirés de tombes d’Italie méridionale, et qui proviennent des collections de William Hamilton et du chevalier Durand), de verrerie romaine dont le célèbre vase Portland à camées, de mosaïques romaines provenant de Carthage et d’Utique en Afrique proconsulaire dégagées par Nathan Davis (en), et des trésors d'argent de Gaule romaine (en partie légués par le philanthrope et parrain du musée, Richard Payne-Knight), sont particulièrement importants. Les antiquités chypriotes sont également bien représentées : elles proviennent du rachat de la collection de sir William Hamilton ainsi que du legs d'Emma Turner en 1892, qui avait financé plusieurs campagnes de fouille à travers l'île. Les sculptures romaines (plusieurs sont de simples copies d’originaux grecs) sont présentes en grand nombre grâce au fonds Townley et d'autres sculptures provenant de la célèbre collection Farnèse.

Les collections du département de la Grèce antique et de Rome sont réparties dans différentes pièces du musée, mais les principaux vestiges architecturaux et monuments sont au rez-de-chaussée, à travers les galeries 5 à 23. Au premier étage, les galeries contiennent des objets de taille plus modeste, provenant aussi bien d'Italie et de l’Empire romain, que de Grèce et de Chypre.

Proche-Orient modifier

 
Salle no 9 : les bas-reliefs du palais de Ninive (entre 701 et 681 av. J.-C.).

Riche d'une collection de quelque 330 000 objets[12], le British Museum possède la plus grande et la plus importante collection d’antiquités mésopotamiennes hors d’Irak. Elle concerne les civilisations du Proche-Orient ancien et des régions voisines : la Mésopotamie, la Perse, la péninsule Arabique, l’Anatolie, le Caucase, une partie de l’Asie centrale, la Syrie, la Terre sainte et les colonies phéniciennes de l'Ouest de la Méditerranée de la période préhistorique jusqu'aux débuts de l’islam, au VIIe siècle. En particulier, les collections d’antiquités assyriennes, babyloniennes et sumériennes, parmi les plus complètes au monde, forment des salles entières aux murs recouverts de bas-reliefs d’albâtre provenant des palais assyriens de Nimrod, de Ninive et de Khorsabad. Seules les collections du Moyen-Orient du Louvre et du musée de Pergame à Berlin peuvent rivaliser par le nombre et la qualité des vestiges.

Le noyau de la collection s’est constitué autour du legs d’objets mésopotamiens de C. J. Rich en 1825. Puis cette collection s’est considérablement enrichie avec le produit des fouilles d'A. H. Layard sur les sites assyriens de Nimrod et de Ninive entre 1845 et 1851. À Nimrod, Layard avait mis au jour le palais du Nord-Ouest d'Assurnazirpal II, ainsi que trois autres palais et divers temples ; par la suite il découvrit le palais de Sennachérib à Ninive, qui ne comportait « pas moins de 71 salles ». Grâce à ces recherches, un grand nombre de lammasu, de bas-reliefs et de stèles, y compris l’obélisque noir de Salmanazar III, se trouvent aujourd'hui au British Museum.

 
Salle no 6 : une paire de lions ailés et des bas-reliefs de Nimrod devant les portes en bronze de Balawat (vers 860 av. J.-C.).
 
Salle no 52 (Perse) : le cylindre de Cyrus (entre 559 et 530 av. J.-C.), souvent considéré comme la première charte des droits de l'homme.

Les fouilles de Layard furent poursuivies par son assistant, Hormuzd Rassam et en 1852–1854, ce dernier localisa le palais du Nord d’Assurbanipal à Ninive et y mit au jour de magnifiques bas-reliefs, notamment une célèbre scène de chasse royale au lion. Il découvrit aussi la « bibliothèque d'Assurbanipal », collection de tablettes cunéiformes d’une importance historique énorme dont on a recensé 130 000 pièces. W. K. Loftus a effectué des fouilles à Nimrod entre 1850 et 1855 et a mis la main sur un lot de statuettes d'ivoire dans le palais incendié. De 1878 à 1882 Rassam a continué d'enrichir les collections du Musée par une multitude de vestiges, parmi lesquels le Cylindre de Cyrus trouvé à Babylone, les portes en bronze de Balawat, et une belle collection de bronzes d’Urartu provenant de Toprakkale.

Au début du XXe siècle, D. G. Hogarth, Leonard Woolley et T. E. Lawrence entreprirent de nouvelles fouilles à Karkemish, en Turquie. Les fouilles menées dans le Sud de l'Irak après la Première Guerre mondiale ont continué d'enrichir les collections mésopotamiennes : le tell al-Ubaid, exploré par H. R. Hall entre 1919 et 1924, a révélé les meubles en bronze d’un temple sumérien, notamment des statues grandeur nature de lions et un panneau gravé représentant le lion à tête d'aigle Indugud. Woolley a poursuivi les fouilles du site d'Ur de 1922 à 1934, où il a mis au jour la nécropole royale du IIIe millénaire av. J.-C. Il y a parmi ces chefs-d'œuvre l'étendard d'Ur, le « bélier au cannelier », le jeu royal d'Ur et deux lyres ornées de têtes de taureau. Le département possède aussi trois statuettes en diorite de Gudea, satrape de Lagash ; des kudurru de calcaire et des bornes milliaires rapportées de différents points de la Mésopotamie antique.

Bien que les collections concernent principalement la Mésopotamie, la plupart des régions voisines sont bien représentées. La collection Achéménides a bénéficié de l’incorporation du Trésor de l'Oxus en 1897 et des objets mis au jour par l’universitaire allemand Ernst Herzfeld et l’explorateur britannique d'origine hongroise Aurel Stein. Sir Gore Ouseley (1825) et le comte d'Aberdeen (1861) ont fait don au musée de bas-reliefs et de sculptures provenant du site de Persépolis. En outre, le musée a pu faire l’acquisition de l’un des plus grands assortiments d'argenterie achéménide au monde. De l’Empire sassanide tardif, on peut admirer des plats et coupes d'argent ciselés, dont une grande partie représente les princes chassant le lion et le cerf. Les antiquités phéniciennes sont de provenances très diverses, mais les colonnes de Tharros (Sardaigne) et les multiples stèles phéniciennes de Carthage sont d’un art admirable. Les antiquités yéménites du musée, souvent dédaignées du public, constituent pourtant l'un des plus beaux témoignages de cette civilisation hors de la péninsule Arabique. Enfin, le musée s'enorgueillit d’un fonds considérable de vestiges de la civilisation de Dilmun et de l'Empire parthe, tirés des tumulus d’A'ali (en) et de Shakhura au Bahreïn.

Les quelque 40 bustes funéraires proviennent presque tous de Palmyre en Syrie, et d'un groupe de bas-reliefs tirés des excavations de Max von Oppenheim au tell Halaf dont le musée a fait l’acquisition dans les années 1920. Les fouilles de Max Mallowan aux tells de Tchagar et de Brak en 1935-1938, et celles de Woolley à Alalakh dans les années 1940 ont permis de compléter les connaissances sur la Syrie antique. Après la guerre, Mallowan et sa femme Agatha Christie sont retournés à Nimrod et ils en ont rapporté au musée de belles pièces en ivoire gravé. La collection d'art philistin a pu être enrichie grâce aux fouilles menées par Kathleen Kenyon à Jéricho dans les années 1950 et à l’acquisition en 1980 de près de 17 000 objets trouvés à Hevel Lakhish par l'expédition Wellcome-Marston de 1932-1938. Les fouilles archéologiques se poursuivent partout où c'est encore possible au Proche-Orient : selon la situation militaire du pays, le musée continue de recevoir des vestiges provenant de sites comme Tell es Sa'idiyeh (de) en Jordanie.

La collection d’art islamique du musée représente près de 40 000 objets[13], ce qui en fait l'une des plus grandes au monde : elle comporte une multitude de céramiques, d'objets peints, de briques, de vestiges en métal, de verrerie, de sceaux et des inscriptions provenant de l'ensemble du monde islamique, de l’Espagne à l’Inde. Le British Museum est particulièrement renommé pour sa collection de céramiques d’İznik (la plus grande au monde), ainsi que quelques artefacts remarquables comme la lampe de mosquée du dôme du Rocher ; le Vaso Vescovali, récipient en métal représentant les constellations du zodiaque ; un choix d’astrolabes et de peinture moghole ou la grande tortue en jade d'Allahabad exécutée pour l’empereur Djahângîr. Des milliers d’objets ont été dégagés après la guerre par les archéologues responsables des sites iraniens de Siraf (David Whitehouse (en)) et de la forteresse d’Alamut (Peter Willey). La collection s’est enrichie en 1983 d’objets d’Iznik et de faïence hispano-mauresque et proto-iranienne grâce au legs Godman. Les artefacts du monde islamique sont exposés dans la galerie no 34 du musée.

Les treize galeries du département du Moyen-Orient ne présentent qu'un choix des pièces archéologiques les plus significatives, soit 4 500 objets. Une enfilade de salles du rez-de-chaussée est consacrée aux bas-reliefs sculptés des palais assyriens de Ninive, de Nimrod et de Khorsabad, tandis que les artefacts du Moyen-Orient sont répartis dans 8 galeries du premier étage. La réserve contient des vestiges de taille généralement plus petite, allant de billes à des sculptures, et environ 130 000 tablettes cunéiformes de Mésopotamie[14].

Asie modifier

La section Asie est constituée de plusieurs ensembles. La plus grande salle présente un groupement d'œuvres de toute l'Asie : Chine, mais surtout Inde et Asie du Sud-Est, puis d'autres salles sont plus spécifiquement conçues pour le Japon, la Corée et une salle en particulier conserve une immense collection de céramiques chinoises récoltées par sir Percival David.

La collection rassemble plus de 75 000 objets couvrant la culture de tout le continent asiatique (de l'Est, du Sud, de l'Asie centrale et du Sud-Est) du Néolithique à nos jours. Beaucoup de ces objets ont été collectés par des officiers coloniaux et des explorateurs dans les anciennes parties de l' Empire britannique, en particulier le sous-continent indien. Un grand nombre d'antiquités chinoises ont été achetées au banquier anglo-grec George Eumorfopoulos dans les années 1930. Les quelque 1800 estampes et peintures japonaises de la collection Arthur Morrison ont été acquises au début du XXe siècle. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le musée a grandement bénéficié du legs du philanthrope P.T. Brooke Sewell, qui a permis au département d'acheter de nombreux objets et de combler des lacunes[15],[16],[17].

Les collections ethnographiques d'Asie couvrent tout le continent, le Proche-Orient, l'Inde, la Chine, le Japon. Une grande partie du matériel ethnographique provient de cultures tribales de chasseurs-cueilleurs, dont les modes de vie ont pour la plupart disparu au siècle dernier. De précieuses collections proviennent des îles Andaman et Nicobar, du Sri Lanka, du nord de la Thaïlande, du sud-ouest de la Chine, des Aïnous de Hokaidu au Japon, de Sibérie et des îles de l'Asie du Sud-Est, comme Bornéo, et un groupe unique d'objets de Java, dont des marionnettes d'ombres et un décor musical de gamelan.

La principale galerie consacrée à l'art asiatique est la galerie 33, avec son exposition complète d'objets chinois, du sous-continent indien et de l'Asie du Sud-Est. Une galerie adjacente présente les sculptures et monuments Amaravati. D'autres galeries aux étages supérieurs sont consacrées aux collections japonaises, coréennes, de peinture et de calligraphie, et de céramiques chinoises.

Afrique, Océanie et Amériques modifier

Dans cette section, le musée héberge une grande collection d'objets de l’Afrique subsaharienne. Il y a aussi des œuvres des îles du Pacifique (Micronésie, Mélanésie et Polynésie) et des Maoris de la Nouvelle-Zélande, mais pas l'art des aborigènes de l'Australie, qui est traité comme une culture séparée. Les collections des Amériques sont des cultures précolombiennes. Le musée a la chance d'avoir quelques-unes des collections océaniques les plus vieilles ; elles ont été rassemblées par les membres des expéditions de James Cook et de George Vancouver, ou par les administrateurs coloniaux, avant l'influence significative de la culture occidentale sur les cultures indigènes.

Grande-Bretagne, Europe et Préhistoire modifier

Monde étrusque modifier

La salle 71 est dédiée au monde étrusque. Les premiers éléments achetés par le British Museum sur la thématique étrusque datent de 1837 et concernent des sarcophages et divers objets qui étaient exposés à l'exposition de Pall Mall des frères Campanari[18]. Le musée conserve aujourd'hui des objets en provenance de Cære, notamment des plaques de terre cuite[19].

Préhistoire et histoire européenne modifier

Le département de la Préhistoire et d'histoire européenne a été institué en 1969 : il rassemble des collections recouvrant un grand intervalle de temps et d'espace, puisqu'il contient aussi bien les plus anciens artefacts humains d’Afrique orientale (vieux de plus de 2 millions d'années), que des objets préhistoriques et néolithiques du monde entier, ou les objets d'art et les témoignages archéologiques de l’Europe depuis la Préhistoire jusqu'à l'époque contemporaine.

Les chantiers de fouilles archéologiques portant sur les sites préhistoriques se sont multipliés au XXe siècle, enrichissant ce département de millions d’objets du monde entier, se rattachant aux périodes Paléolithique, Mésolithique ou Néolithique, à l’âge du bronze et à l’âge du fer en Europe. Les artefacts de l'âge de pierre provenant d'Afrique viennent des legs d'archéologues illustres, tels Louis et Mary Leakey, ou Gertrude Caton-Thompson. Les collections du Paléolithique de Sturge (en), Christy et Lartet contiennent certains des plus anciens objets d'art européens. Plusieurs artefacts de l'âge du bronze venus de toute l'Europe s'y sont ajoutés tout au long du XIXe siècle, réunis en vastes collections par des chercheurs et des universitaires comme Greenwell (en) en Grande-Bretagne, Tobin (en) et Cooke en Irlande, Lukis à la Grandière en Bretagne, Worsaae au Danemark, Siret à El Argar en Espagne, et de Klemm et Edelmann en Allemagne. Grâce aux fouilles menées par Evans/Lubbock et grâce au musée national suisse (site de Giubiasco dans le Tessin), le British Museum possède un ensemble représentatif d’artefacts de l’âge du fer (civilisation de Hallstatt).

En outre, les collections du British Museum relatives à la période qui s’étend des grandes invasions au Moyen Âge sont parmi les plus riches au monde : géographiquement, elles couvrent un territoire s’étendant de l’Espagne au Pont-Euxin et de l’Afrique du Nord à la Scandinavie ; depuis 2010, une sélection de ces collections a été présentée dans une galerie entièrement rénovée. Les collections les plus riches de la période viking sont celles de Johann Karl Bähr pour l'histoire balte (Lettonie), d’Alfred Heneage Cocks pour la Norvège, de sir James Curle pour l’île de Gotland et de Philippe Delamain pour le monde franc ; mais le joyau des collections du haut Moyen Âge est sans conteste le trésor de la sépulture royale de Sutton Hoo, léguée à la nation britannique par Edith Pretty, propriétaire du site de fouille. Le département gère aussi la collection nationale d'horlogerie. Certaines des plus belles pièces viennent des fonds Morgan (en) et Ilbert (en).

Le département assure par ailleurs la conservation des objets britto-romains : le musée détient de loin le plus grand nombre de vestiges en Grande-Bretagne, et il s’agit d’une des plus grandes collections d’histoire nationale derrière l’Italie, avec un très grand nombre de pièces d’argenterie du Bas-Empire, la plupart provenant d’East Anglia, comme le trésor de Mildenhall. Plusieurs objets britto-romains, qui ont longtemps été le clou de la collection, ont été achetés à l’antiquaire Charles Roach Smith en 1856.

Les collections de ce département sont essentiellement exposées au premier étage du musée, dans une enfilade de galeries (no 38 à no 51). Seule une petite partie peut être exposée au public : le reste est stocké dans les archives, à l’intention des chercheurs.

Parmi les nombreux trésors conservés au musée, il y a lieu de citer ceux de Mildenhall, de l’Esquilin, de Carthage, le premier trésor de Chypre (en), de Lampsaque, de Water Newton, de Hoxne et de la vallée de York (IVe au Xe siècle).

Estampes et dessins modifier

Le département des estampes et des dessins conserve la collection nationale des œuvres graphiques de l'art occidental. C'est l'un des plus grands et prestigieux cabinets des estampes du monde, avec l'Albertina de Vienne (Autriche), le département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France et le musée de l'Ermitage. Les œuvres sont facilement accessibles au grand public dans la Salle d'étude, au contraire de bien d'autres collections de ce type[22], et le département possède sa propre galerie en salle 90, où les expositions changent fréquemment[23].

Depuis sa création en 1808, la collection d'estampes et dessins a obtenu une grande reconnaissance internationale. On compte environ 50 000 dessins et plus de deux millions d'estampes[23]. La collection recouvre la période allant du XIVe siècle à nos jours. Les mécènes les plus importants ont été Clayton Mordaunt Cracherode, Richard Payne-Knight, John Malcolm, Campbell Dodgson, César Mange de Hauke et Tomás Harris (en).

Le British Museum conserve plusieurs groupes de dessins de Leonardo da Vinci, Raphaël, Michel-Ange (dont Epifania, la seule série complète de l'artiste à avoir survécu dans sa taille originale), Albrecht Dürer (plus de 130 dessins), Pierre Paul Rubens, Rembrandt, Claude Lorrain et Antoine Watteau, ainsi que de grandes collections d'estampes des plus grands graveurs tels que Albrecht Dürer (près de 500 estampes, dont la grande majorité sont des gravures sur bois), Rembrandt et Francisco de Goya.

Plus de 30 000 dessins et aquarelles britanniques des plus importants artistes britanniques tels que William Hogarth, Paul Sandby, J. M. W. Turner, Thomas Girtin, John Constable, John Sell Cotman, Cox, James Gillray, Thomas Rowlandson et George Cruikshank, ainsi que les grand victoriens. Il y a près d'un million d'estampes dont plus de 20 000 satires.

Les onze volumes du Catalogue of Political and Personal Satires Preserved in the Department of Prints and Drawings in the British Museum[24], composé entre 1870 et 1954 est l'ouvrage de référence pour l'étude des estampes satiriques du British Museum.

En 2011, un don d'un million de livres permet au musée d'acquérir une collection complète de la série Suite Vollard de Pablo Picasso[25].

Monnaies et médailles modifier

Le British Museum abrite l'une des plus belles collections numismatiques au monde, comprenant environ un million d'objets, dont des pièces de monnaie, des médailles, des jetons et du papier-monnaie. La collection couvre toute l'histoire de la monnaie depuis ses origines, du VIIe siècle av. J.-C. à nos jours, couvrant tout à la fois l'Orient et l'Occident. Le département des monnaies et médailles a été créé en 1861[26].

Conservation et recherche scientifique modifier

Ce département a été fondé en 1920. La conservation compte six domaines spécialisés : la céramique et le verre ; les métaux ; les matières organiques (y compris textiles) ; la pierre ; les peintures murales et mosaïques ; l'art pictural. Le département des sciences[27] est chargé de dater les objets et d’identifier les matériaux utilisés dans leur fabrication, les lieux où les objets ont été fabriqués et les techniques utilisées pour les créer. Il publie régulièrement les résultats de ses travaux.

Controverses modifier

Le musée a fait face à de nombreuses controverses au fil des années. Certains objets de sa collection, tels que les marbres du Parthénon et les bronzes du Bénin, font l'objet de demandes de restitution. Le nettoyage des marbres du Parthénon par Joseph Duveen dans les années 1930 qui a détruit leur surface d’origine, y compris leurs pigments est une autre controverse[28]. En 2023, il a été révélé que près de 2000 objets de la collection du musée avaient été volés sur une période de vingt ans, ce qui a conduit le musée à faire face à une crise historique[29]. Le scandale a mené à la démission du directeur[30].

Notes et références modifier

  1. Art Newspaper annual museum survey, 9 April 2020
  2. Le British Museum, guide souvenir, édition en français de 2007.
  3. (en) « British Museum - The First Emperor: China's Terracotta Army », British Museum.
  4. a et b (en) Charlotte Higgins, « Terracotta army makes British Museum favourite attraction », The Guardian, London,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Marjorie Caygill, The Story of the British Museum, The British Museum Press, Londres, 2002 (3e  éd.), 80 p. (ISBN 0-7141-2772-8).
  • (en) Marjorie Caygill, The British Museum: 250 Years, The British Museum Press, Londres, 2006.
  • (en) Rupert Smith, The British Museum : behind the scenes at the British Museum, BBC Books, Londres, 2007, 191 p. (ISBN 978-0-563-53913-1).
  • (en) John Reeve, The British Museum: Visitor's Guide, The British Museum Press, Londres, 2003.
  • Anna Vondracek, La transformation managériale dans les musées : une étude comparée du changement au British Museum et au musée du Louvre à travers l'analyse des usages d'études de publics, Institut d'études politiques, Paris, 2008, 121 p. (mémoire de master recherche).

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