Âge du cuivre
L'âge du cuivre, également connu sous le nom de Chalcolithique[1] ou d'Énéolithique[2], est une période de la Préhistoire qui se situe à la fin du Néolithique avant l’âge du bronze.

Durant cette période, les hommes travaillent l'or, l'argent et le cuivre, mais ce dernier matériau n'est pas en mesure de remplacer la pierre pour la fabrication d'armes ou d'outils, en raison du manque de dureté du cuivre pur[3]. C'est donc une période de coexistence de l'industrie lithique (encore prédominante) et la métallurgie du cuivre (secondaire). En revanche, l'apparition du bronze (alliage de cuivre et d'étain) entraînera une régression rapide du travail de la pierre.
C'est en Europe qu'on a trouvé (en 2010) la plus ancienne trace de métallurgie du cuivre (-5500), à Prokuplje (Serbie). La métallurgie du cuivre est attestée dès le Ve millénaire av. J.-C. en Mésopotamie, au IVe millénaire av. J.-C. en Egypte et en Europe occidentale, au IIIe millénaire av. J.-C. dans la vallée de l'Indus.
Le mot français « Chalcolithique » a été créé par les préhistoriens à partir des racines grecques khalkos (cuivre) et lithos (pierre)[4], ce qui correspond bien à la situation de coexistence de ces deux matières.
Caractéristiques de l'âge du cuivre
modifierLa métallurgie du cuivre pur
modifierLe travail du cuivre semble avoir coexisté avec celui de la pierre (artisanat parfaitement maîtrisé par les hommes du Néolithique), sans amener de bouleversements socio-économiques dans les groupes humains qui le connaissent. L'archéologie montre d'ailleurs que certains groupes maîtrisent le travail du cuivre alors qu'il est ignoré par des groupes voisins ou contemporains. En revanche, l'industrie lithique disparaîtra assez rapidement à la suite de l'apparition de la métallurgie du bronze, puis du fer.
La faible incidence du cuivre sur les cultures néolithiques s'explique par le peu d'intérêt du cuivre pur par rapport à la pierre. Recueilli assez facilement à l'état naturel, le cuivre natif est martelé avant d'être fondu et moulé à 1 000 °C environ. La production est faible si on la compare à celle de l'industrie lithique et elle concerne principalement des pièces de taille modeste : poignards à soie[pas clair] et alênes sont les pièces les plus représentatives.
À la même époque, les productions lithiques sont aussi souvent plus fines.
Autres techniques
modifierCette période est surtout connue pour :
- la retouche par pression, technique permettant une grande finesse dans l'élaboration du mobilier lithique (notamment des pointes de flèches), par le détachement successif de petits éclats ;
- la culture mégalithique, à partir de 4500 avant Jésus-Christ dans toute l'Europe atlantique ;
- les stèles anthropomorphiques du nord de la mer Méditerranée (Languedoc-Roussillon, Provence, Corse, Sardaigne).
D'autres innovations apparaissent durant cette période, comme l'utilisation du sel comme technique de conservation. La première ville connue en Europe, à Solnitsata, en Bulgarie (datée de 4700 à ), est construite autour de la production de sel[5].
Habitat
modifierDurant cette période, les villages se développent, avec :
- l'apparition d'enceintes défensives : de grands fossés qui entourent les espaces habités ;
- la structuration de l'espace dans les plus gros villages.
Chronologie
modifierHors d'Europe
modifier- en Asie du Sud, la culture de Mehrgarh, au Baloutchistan pakistanais, plus particulièrement durant la période dite "Mehrgarh III" (4800 - 3500 av. J.-C.), l'utilisation de forets en cuivre, ainsi que celle de fours et de creusets pour faire fondre le cuivre est attestée avec les fouilles initiées par l'archéologue Jean-François Jarrige entre 1975 et 2000[6] ;
- en Amérique du Sud, la métallurgie du cuivre apparait dans les Andes vers [7].
La métallurgie du bronze, qui va bouleverser les sociétés qui la maîtrisent, apparaît vers en Anatolie, et parvient en Europe de l'Ouest et en Chine vers Son apparition marque la fin du Néolithique en Eurasie.
En Europe
modifierUn site archéologique près de Prokuplje, en Serbie, renferme la plus ancienne preuve connue de travail du cuivre, datée de . Cette découverte de juin 2010 allonge le registre connu de la fusion du cuivre d'environ huit cents ans et suggère que la fusion du cuivre pourrait avoir été inventée dans différentes parties de l'Asie et de l'Europe à cette époque plutôt que de se propager à partir d'une source unique[8],[9].
En Europe occidentale, l'âge du cuivre commence vers 3700 av. J.-C. (avec, par exemple, la culture de Pfyn, en Suisse). La diffusion de l'artisanat du cuivre dans ces régions pourrait s'être faite depuis les Balkans par la voie danubienne. Sur la façade atlantique, la production métallurgique dominante jusqu'à celle du bronze demeure cependant celle de l'or.
La connaissance de l'utilisation du cuivre était beaucoup plus répandue que le métal lui-même. La culture de la céramique cordée utilisait des haches en pierre polie modelées sur des haches en cuivre, avec même des moulures gravées dans la pierre. Ötzi, qui a été découvert dans les Alpes de l'Ötztal en 1991 et dont les restes sont datés d'environ , a été retrouvé avec près de lui une hache en cuivre rattachée à la culture du lac de Mondsee.
Les exemples de cultures chalcolithiques en Europe incluent les sites de Vila Nova de São Pedro (en) et de Los Millares, dans la péninsule Ibérique. Des poteries de la culture campaniforme ont été découvertes sur les deux sites, datant de plusieurs siècles après le début du travail du cuivre. La culture campaniforme semble avoir répandu les technologies du cuivre puis du bronze en Europe, ainsi que les langues indo-européennes[10].
À partir du Néolithique, il semble y avoir une tendance générale à l'augmentation des inégalités sociales, qui s'intensifie à nouveau de manière significative au cours de l'âge chalcolithique et du bronze ancien (EBA) et s'est manifestement exprimée dans la culture matérielle et les coutumes funéraires[11].
Exemples de cultures de l'âge du cuivre
modifier- culture de la céramique cordée, dont la culture de Fatianovo-Balanovo (2900 av. J.-C.), ainsi nommée en raison du motif appliqué sur la pâte crue ;
- culture campaniforme ;
- culture des catacombes ;
- culture de Vučedol ;
- culture de Samara (5200 à 4800 av. J.-C.) ;
- culture de Khvalynsk (4900 - 3500 av. J.-C.), sur la moyenne Volga ;
- culture de Botaï (3700 - 3100 av. J.-C.), dans le Nord de l'actuel Kazakhstan ;
- culture Yamna (3600 - 2300 av. J.-C.), dans la région Boug/Don/Dniepr/Volga ;
- culture d'Usatovo (3500 - 3200 av. J.-C.) ou culture de Coţofeni, dans la région Boug/Dniestr/Dniepr ;
- culture d'Afanasievo (3300 - 2400 av. J.-C.), dans le Sud de la Sibérie ;
- culture de Glazkov (de) (3200 - 2400 av. J.-C.), en Toungousie et en Mongolie.
Notes et références
modifier- ↑ Jean Arnal, « Le Chalcolithique », Bull. Soc. préhist. de France, vol. 51 « Les grandes civilisations préhistoriques de la France », no 8, , p. 96-100 (DOI 10.3406/bspf.1954.12420).
- ↑ Louis Peyrolles et Jean Arnal, « Les fonds de cabane énéolithiques de Fontbouïsse », Gallia, .
- ↑ Marcel Otte, Mireille David-Elbiali et al., La protohistoire, Bruxelles, De Boeck université, , 382 p. (ISBN 978-2-804-15923-8, lire en ligne), p. 8-11
- ↑ (de) Konrad Spindler, Der Mann im Eis, Munich, 1993, p. 217
- ↑ (en) Vassil Nikolov, « Salt, early complex society, urbanization : Provadia-Solnitsata (5500 - 4200 BC) (Abstract) » [PDF], Académie bulgare des sciences (consulté le )
- ↑ (en) K. Kris Hirst, « Mehrgarh, Pakistan and Life in the Indus Valley Before Harappa. The Roots of the Chalcolithic Indus Civilization », sur thoughtco.com, (consulté en ).
- ↑ (es) M. Cristina Scattolin, M. Fabiana Bugliani, Leticia I. Cortés, Lucas Pereyra Domingorena et Marilin Calo, « Una máscara de cobre de 3000 años. Estudios arqueometalúrgicos y comparaciones regionales » [« Un masque de cuivre vieux de 3000 ans. Études archéométallurgiques et comparaisons régionales »], Boletín del Museo Chileno de Arte Precolombino, Santiago de Chile, vol. 15, , p. 25–46 (DOI 10.4067/s0718-68942010000100003, lire en ligne).
- ↑ (en) Bruce Bower, « Serbian site may have hosted first copper makers », sur ScienceNews,
- ↑ (en) Ancient axe find suggests Copper Age began earlier than believed, thaindian.com, 9 octobre 2008
- ↑ (en) D. W. Anthony, The Horse, The Wheel and Language : How Bronze-Age riders from the Eurasian steppes shaped the modern world, Princeton University Press, 2007
- ↑ (en) A. Žegarac, L. Winkelbach, J. Blöcher et al., Ancient genomes provide insights into family structure and the heredity of social status in the early Bronze Age of southeastern Europe, Scientific Reports, volume 11, Article numéro: 10072, 12 mai 2021, doi.org/10.1038/s41598-021-89090-x
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- [Lahelma, Ikäheimo, Nordqvist & Herva 2012] (en) Kerkko Nordqvist, Vesa-Pekka Herva, Janne Ikäheimo et Antti Lahelma, « Early copper use in Neolithic north-eastern Europe: an overview », Estonian Journal of Archaeology, vol. 16, no 1, , p. 3–25 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
- [Nordqvist et al. 2012] (en) Kerkko Nordqvist, Vesa-Pekka Herva, Janne Ikäheimo et Antti Lahelma, « Early copper use in neolithic northeastern Europe: An overview », Estonian Journal of Archaeology, vol. 16, no 1, (DOI 10.3176/arch.2012.1.01, lire en ligne [sur researchgate.net], consulté en ).
- [Otte et al. 2008] Marcel Otte, Mireille David-Elbiali et al., La protohistoire, Bruxelles, université De Boeck, , 382 p. (ISBN 978-2-804-15923-8, lire en ligne [sur books.google.fr]).
- [Pearce 2019] (en) Mark Pearce, « The ‘Copper Age’ — A History of the Concept », Journal of World Prehistory, no 32, , p. 229–250 (DOI 10.1007/s10963-019-09134-z, lire en ligne [sur link.springer.com], consulté en ).