Hermine David

peintre française

Hermine David, de son vrai nom Hermine-Lionette Cartan-David, est une artiste peintre et graveuse française — membre de la Société des peintres-graveurs français — née le [Note 1] dans le 17e arrondissement de Paris, morte le [Note 2] à Bry-sur-Marne[3].

Hermine David
Jules Pascin, Hermine dans son lit, aquarelle sur papier[1].
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Formation
Distinction
Archives conservées par

Biographie

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Comme sa mère le lui rappela souvent, Hermine David pensa toute sa vie être le fruit de la relation d'une nuit de celle-ci avec un prince de Habsbourg[4].

 
Sigrid Hjertén, Hermine David, 1922.

Membre de l'École de Paris de la première moitié du XXe siècle, elle entre à l'académie Julian et intègre l'atelier de Jean-Paul Laurens de 1902 à 1905[5].

En 1901, un accident stupide, une baleine de corset reçue dans l'œil, la défigure, la dotant à vie d'yeux exorbités et globuleux[4],[Note 3].

C'est en 1907 chez le marchand de tableaux Henri Bing[5] qu'elle rencontre Jules Pascin, venu de Berlin, qui devient son mentor. Il traîne une réputation sulfureuse et ils vivront une relation tumultueuse du fait d'une seconde relation sentimentale que Pascin vit simultanément et sans dissimulation avec Lucy Krohg[6]. Pascin et Hermine David mènent alors jusqu'en 1914 une vie de bohème, entourés d'amis : Georges Braque, Tsugouharu Foujita, Juan Gris, Moïse Kisling, et ceux du Bateau-Lavoir : Max Jacob, Suzanne Valadon, Maurice de Vlaminck.

 
Villa des Arts, 15, rue Hégésippe-Moreau

La nationalité bulgare de Pascin (la Bulgarie est l'ennemie de la France dans la Première Guerre mondiale) le contraint à gagner les États-Unis en 1914. Six mois après son départ, Hermine le rejoint par le paquebot Lusitania et emménage avec lui à Brooklyn[4]. Le regard puritain de l'Amérique sur le concubinage les fait se marier le [7]. Le marché de l'art leur fait néanmoins bon accueil et ils resteront à New York jusqu'en 1920. Ils voyagent alors en Floride, en Louisiane, en Caroline du Sud, au Texas, jusqu'au Mexique.

À Cuba, les frasques de Pascin les obligent en à rentrer en France où le couple vit un temps au 15, rue Hégésippe-Moreau (la Villa des Arts), puis au 73, rue Caulaincourt[8], avant de se séparer[9],[Note 4].

Paysagiste, qualifiée de post-impressionniste, Hermine David est aussi portraitiste. On lui doit, entre autres, le portrait de Kiki de Montparnasse[Note 5],[10],[Note 6].

David est une illustratrice très sollicitée par le monde de l'édition de 1926 à 1929[Note 7]. Une suractivité dans ce domaine qui la passionne (voir rubrique Livres illustrés ci-dessous) l'oblige au repos. Elle effectue, en 1929, une cure à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), avant de poursuivre dans les Pyrénées, à Barcelone et dans l'île de Majorque, périple dont elle rapporte de nombreux dessins et aquarelles[9],[5].

En 1930[Note 8], Pascin se suicide, laissant un testament où il lègue tout en partage entre sa femme légitime, Hermine, et sa maîtresse Lucy Krohg[11],[Note 9]. Les deux femmes se réconcilient alors, Hermine se rapprochant de Lucy Krohg chez qui (10 bis Place Saint-Augustin) elle exposera jusque dans les années 1960. Après la mort de Pascin, Hermine David fait aussi plusieurs séjours de ressourcement spirituel en l'abbaye d'En-Calcat et y fait don de deux toiles Madone à l'enfant.

À partir des années 1940, elle crée également des émaux de Limoges sur cuivre, œuvre dans l'art sacré[12] et dans le décor des vases de Sèvres.

Elle participe aux expositions de groupe organisées par la Société des femmes artistes modernes (FAM), créée en 1931 par Marie-Anne Camax-Zoegger. Elle est présente sur la liste des artistes de l'exposition de 1935 à la galerie Bernheim-Jeune.

En 1966, Hermine David se retire à la Maison nationale des artistes de Nogent-sur-Marne.

Distinction

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Livres illustrés (sélection)

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Collections

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Collections publiques

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Collections privées

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  • Henri Braun-Adam[14].

Expositions

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Expositions personnelles

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Les expositions ont été très nombreuses surtout à Paris, mais aussi à la Library of Congress Washington et à l'Art Institute de Chicago dans les années 1930.

  • Galerie Berthe Weill, 1923.
  • Galerie Joseph Brummer, New York, 1924.
  • Galerie Eugène Druet, Paris, (catalogue).
  • Galerie Vildrac, Paris, novembre-[15].
  • Galerie Colette Weil, Paris, 1930[16].
  • Baléares - Peintures, gouaches, aquarelles, dessins, Galerie M. P. Trémois, Paris, 1930[17],[18].
  • Université de Chicago (Illinois), 1930.
  • Galerie Lucie Krohg, expositions régulières jusqu'en 1960.
  • Hermine David - Peintures, aquarelles, dessins, émaux, Galerie Abel Rambert, 38 rue de Seine, Paris, 1980.
  • Hermine David, peintre et graveur, Médiathèque Valery Larbaud, Vichy, mai- (catalogue).
  • Peintures et dessins d'Hermine David, Galerie nationale des beaux-arts de Sofia (Bulgarie), 2013.

Expositions collectives

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Réception critique et témoignages

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« Toutes les qualités du graveur, pour qui le noir et le blanc offraient déjà les ressources de la couleur, semblent encore amplifiées par la rareté des tons, leur rapprochement inattendu et la fraîcheur incomparable de l'ensemble. Des coins de port sur la Méditerranée, des maisons de Paris à six étages, égayées par le vert ingénu des arbres, le joli dessin d'un nuage, des villes du Midi pleines d'ombres et de mystère, avec leurs passants endimanchés, une femme à la fenêtre, une madone encastrée dans un pan de mur, tels sont les sujets où sa fantaisie se donne le plus souvent libre cours. L'arabesque des lignes, l'invention dans la forme, la liberté, la grâce, sont autant de qualités qui font d'Hermine David une des meilleures femmes-peintres de ce temps. »

— Jean de Gaigneron[15]

« C'est peut-être lorsqu'ils se dessinent sur les maisons d'une avenue, sur l'architecture d'un édifice, que les arbres d'Hermine David acquièrent toute la plénitude de leur charme. Une petite villa enfouie dans son jardin, ou le boulevard Raspail lorsque les arbres sont en fleurs, sont pour elle le prétexte à un hymne au printemps, à la joie, à l'amour. Elle sait mettre tant d'enthousiasme, de passion, dans cette naissance et cet épanouissement des fleurs et de la verdure, qu'on ne peut rester insensible, on est conquis. À cette divinisation d'un sens secret du paysage s'ajoute une science exquise de l'exotique et du rétrospectif. C'est justement ce goût de l'exotisme qui fait, qu'ayant été aux Baléares, elle en a rapporté toute une série d'œuvres remarquables. »

— Georges Pillement[18]

« Hermine David. Subtile artiste, toute de sensibilité frémissante, d'ingénuité vraie et d'une charmante invention poétique ; de plus, femme délicieuse et douce, avec ce regard distendu qui laisse incertain sur son orientation, conférant à ce personnage un peu irréel une absence qui ajoute à l'attraction qu'il opère. »

— Michel Ciry[26]

Notes et références

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  1. Selon les archives Hermine David de Mad et Jean-Claude Benoit, boulevard des Batignolles et selon acte de naissance, fille de Ferdinand Cartan et Marcelle David, époux, 23 avenue des Ternes, Paris 17e.
  2. Le Dictionnaire Bénézit, dans son édition de 1976, donnait 1971 comme date de décès d'Hermine David. L'édition de 1999 se range bien à la date de 1970 aujourd'hui communément admise.
  3. « … Hermine David, belle artiste au visage ingrat, avec ce regard distendu qui ferait croire qu'un œil vous fixe pendant que l'autre se soucie de retrouver le nuage dont cette très talentueuse lunaire vient apparemment de descendre pour une courte halte… »

    — Michel Ciry, Le Temps des promesses

  4. À cette dernière adresse vécurent également Auguste Renoir et Théophile Alexandre Steinlen.
  5. Le portrait de Kiki de Montparnasse par Hermine David est reproduit avec ceux qui furent peints par Tsugouharu Foujita, Per Krohg et Moïse Kisling dans le livre qu'a publié Kiki de Montparnasse, Souvenirs de Kiki, Henri Broca éditeur, Paris, 1929.
  6. Alain Jouffroy publie dans les pages hors-texte de La Vie réinventée. L'explosion des années 20 à Paris une photo-document montrant les deux femmes attablées ensemble dans un restaurant de Montparnasse.
  7. Elle entretient ainsi une abondante correspondance avec ses éditeurs, et on peut toujours voir ces écrits épistolaires apparaître dans des catalogues de ventes d'autographes et de manuscrits.
  8. Année qui est significativement celle d'un seul titre dans la rubrique Livres illustrés
  9. Crespelle précise que le testament (manuscrit original) de Pascin ainsi que des œuvres d'Hermine étaient présentées dans le musée de l'ancien atelier de l'académie de Montparnasse (10 rue de l'Arrivée), fermé aujourd'hui. Sur Hermine David, voir pages 185, 190, 204, 205, 210, 211.

Références

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  1. Date inconnue ; voir sur artnet.de.
  2. « ark:/36937/s005b015dcc5d3a3 », sous le nom DAVID Hermine (consulté le )
  3. Archives de Paris 17e, acte de naissance no 1363, année 1886 (vue 12/31) (avec mentions marginale de décès).
  4. a b et c Alain Jouffroy, La Vie réinventée. L'explosion des années 20 à Paris , voir p. 125 à 132.
  5. a b et c Mad Benoit, Hermine David (1886-1970), peintre-graveur de l'Ecole de Paris.
  6. André Bay, Adieu Lucy. Le roman de Pascin, éditions Albin Michel, 1984.
  7. Voir Pascin dans : Nadine Nieszawer, Marie Boyé et Paul Vogel, Peintres juifs à Paris (1905-1939) École de Paris, éditions Denoël, 2000.
  8. Jean-Jacques Lévêque, Les Années folles, 1918-1939. Le triomphe de l'art moderne.
  9. a et b Voir « David, Hermine » dans : David Karef, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord.
  10. Signé « H. David, paysagiste, 1929 ».
  11. Jean-Paul Crespelle, Montparnasse vivant, Hachette, 1962.
  12. Livre collectif, L'Art sacré au XXe siècle en France.
  13. « Hermine David », sur collections.mnbaq.org (consulté le )
  14. Drouot Presse, « La collection Henri Braun-Adam, un destin au service de l'art », novembre 2013.
  15. a et b Jean de Gaigneron, « L'activité artistique - Hermine David à la galerie Vildrac », L'Europe nouvelle, 24 novembre 1928.
  16. François Fosca, « Chroniques - Hermine David, Galerie Colette Weil », L'Amour de l'art, n°3, mars 1929, p. 113.
  17. François Fosca, « Chroniques - Hermine David, Galerie M. P. Trémois », L'Amour de l'art, n°7, juillet 1930, p. 308.
  18. a b et c Georges Pillement, « Hermine David », Art & Décoration, novembre 1930, tome LVIII, pages 139-146.
  19. Dictionnaire Bénézit.
  20. Robert Rey, « Le Salon des Tuileries », Art & Décoration, vol.XLVI, juillet-décembre 1924, pages 39-54.
  21. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours. Voir page 302.
  22. Art Institute of Chicago, International Water Color Exhibition, 1931, catalogue de l'exposition
  23. Art Institute of Chicago, International Water Color Exhibition, 1935, catalogue de l'exposition
  24. Art Institute of Chicago, International Water Color Exhibition, 1936, catalogue de l'exposition
  25. Maurice Delépine, « Les arts », Le Midi socialiste, 16 mars 1936, page 4.
  26. Michel Ciry, Le Temps des promesses. Journal 1942-1949, Plon, 1979. Voir 1er juin 1942 page 17.

Annexes

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Archives

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Iconographie

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Des portraits d'Hermine David par Jules Pascin sont conservés au musée d'Art moderne Richard-Anacréon de Granville, au musée de Grenoble, au musée des beaux-arts de Lyon, au musée de Grenoble et au musée national d'art moderne à Paris, à l'Art Institute of Chicago.

Bibliographie

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  • Georges Pillement, « Hermine David », Art & Décoration, tome LVIII, novembre 1930.
  • Louis Chéronnet, « La peinture féminine », L'Amour de l'art, n°1, janvier 1933, pp. 203-208 (consulter en ligne).
  • Raymond Nacenta, The School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Oldbourne Press, Londres, 1960.
  • Jean-Paul Crespelle, Montparnasse vivant, Hachette, 1962.
  • Gaston Diehl, Pascin, Flammarion, 1968.
  • Eugène Rouir, L'estampe, valeur de placement, Collection Valeurs-Refuge, Guy Le Prat éditeur, 1970.
  • Abel Rambert, Hermine David - Peintures, aquarelles, dessins, émaux, catalogue édité par la Galerie Abel Rambert, Paris, 1980.
  • André Bay, Adieu Lucy - Le roman de Pascin, Editions Albin Michel, 1984.
  • Jeanine Warnod, Les artistes de Montparnasse, Editions Mayer, 1988.
  • David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Presses de l'Université de Laval, 1992 (voir page 216).
  • Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Les Arts et Images du Monde, 1992.
  • Jean-Jacques Lévêque, Les années folles 1918-1939 - Le triomphe de l'art moderne, ACR Editions, 1992.
  • Claude Thibault et Eric Lefebvre, Bibliographie des livres illustrés par Hermine David, La Bibliothèque artistique, 1993.
  • Ouvrage collectif, L'art sacré au XXe siècle en France, Editions de l'Albatros - Société Présence du Livre, 1993.
  • Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, les Éditions de l'Amateur, 1993.
  • André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Editions André Roussard, 1999.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. Voir tome 4 pages 282 et 283.
  • Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001. Voir David, Hermine page 311.
  • Adrian Darmon, Autour de l'art juif. Encyclopédie des peintres, photographes et sculpteurs, Editions Carnot, 2003. Voir David, Hermine page 235.
  • Alain Jouffroy, La Vie réinventée. L'explosion des années 20 à Paris, Editions du Rocher, 2004.
  • Marcus Osterwalder, Dictionnaire des illustrateurs, 1905-1965, Éditions Ides et Calendes, 2005.
  • Mad Benoit, Hermine David (1886-1970), peintre-graveur de l'École de Paris, Editions Jean-Paul Villain, 2006.

Liens externes

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