Théophile Alexandre Steinlen

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Théophile-Alexandre Steinlen, né à Lausanne le et mort à Paris le , est un artiste anarchiste[1],[2], peintre, graveur, illustrateur, affichiste et sculpteur suisse, naturalisé français en 1901.
BiographieModifier
JeunesseModifier
Il est le fils de Samuel Steinlen, un employé des Postes de Lausanne. Originaire d'Allemagne, la famille Steinlen avait été admise à la bourgeoisie de Vevey en 1831. Le père de Samuel, Théophile-Christian (Gottlieb) (1779-1847), enseignait le dessin à Vevey, et l'un de ses frères, Marius Steinlen (1826-1866), était peintre, élève de Charles Gleyre.
Théophile-Alexandre Steinlen étudie la théologie à l'Université de Lausanne pendant deux années, puis, en 1879, se tourne vers l'art, suivant une formation au dessin d'ornement industriel à Mulhouse, chez Schoenhaupt[3], avant de s'installer à Paris avec sa femme Émilie en 1881.
Un artiste montmartroisModifier
Logeant depuis 1883 sur la butte Montmartre, Steinlen fait rapidement connaissance avec les personnalités artistiques qui y gravitent. Il entre en relation avec Adolphe Willette, et Antonio de La Gandara avec lesquels il fréquente à partir de 1884 le Chat noir, le cabaret tenu par Rodolphe Salis, devenant notamment l'ami d'Henri de Toulouse-Lautrec. Il y connaît naturellement Aristide Bruant. Il expose initialement au Salon des indépendants, en 1893, puis, régulièrement, au Salon des humoristes.
Adversaire de l’injustice, compatissant envers les déshérités, qui alors ne manquaient pas à Montmartre, il dépeint des scènes de la rue, des usines, de la mine, mettant en scène les malheureux de toute espèce, mendiants, ouvriers dans la misère, gamins dépenaillés et prostituées. Ces personnages semblent plus souvent écrasés par leur triste condition que révoltés. Il est par ailleurs le spécialiste des chats, qu’il dessine sans se lasser, dans toute leur fantaisie, joueurs, endormis ou en colère. Il dessine aussi des nus féminins.
Steinlen pratique de préférence le dessin et le pastel pour dépeindre la vie quotidienne de la rue et ses petits métiers. Le réalisme de ses dessins a inspiré certaines œuvres de Jean Peské, ou les débuts de Pablo Picasso. Il développe également un œuvre gravé, reprenant les mêmes thèmes que ses dessins, ou en y mêlant la politique, comme dans les lithographies par lesquelles il illustre les malheurs de la Belgique et de la Serbie en 1914-1918. Mais ce sont surtout ses affiches qui, comme celle de la Tournée du Chat noir, sont à l’origine de sa popularité. Il pratique aussi la sculpture sur le thème des chats (Chat angora assis[4]). Il illustre également des ouvrages littéraires, comme la refonte en 1903 des Soliloques du Pauvre de Jehan Rictus, et collabore à divers journaux humoristiques tels que Gil Blas illustré, L'Assiette au Beurre (dès le no 1), Le Rire et Les Humoristes, qu’il fonde en 1911 avec Jean-Louis Forain et Charles Léandre.
Steinlen est inhumé au cimetière Saint-Vincent à Paris.
Engagements libertairesModifier
En 1897, il devient le principal illustrateur de La Feuille de Zo d’Axa et s'engage durant l’affaire Dreyfus en dénonçant les machinations militaires et les mensonges de l’état-major, renvoyant dos à dos la justice et l'armée[6].
La même année, il se lie d’amitié avec Jean Grave et, quand ce dernier lance Les Temps nouveaux en 1902, il est parmi les illustrateurs comme Maximilien Luce, Jules Grandjouan, Félix Vallotton, Paul Signac et Camille Pissarro. Il fournit également en soutien des estampes pour des tombolas ou pour des ventes au profit des Temps nouveaux auxquels il participe jusqu’à la Première Guerre mondiale et à la reprise jusqu’en 1920. Il fait des portraits de Jean Grave (gouache et estampe), illustre de nombreux livres et brochures liés au mouvement anarchiste ainsi que Guerre et militarisme de Jean Grave (1909), L’État, son rôle historique de Pierre Kropotkine, La Question sociale de Sébastien Faure ou encore Évolution et Révolution d’Élisée Reclus. Entre 1901 et 1912, il dessine dans l’Assiette au beurre où il dénonce les iniquités sociales et affirme ses aspirations et sa démarche libertaires[6].
En 1901, Samuel-Sigismond Schwarz fait appel à ses talents pour illustrer la première couverture de L'Assiette au beurre. Schwarz n'avait publié jusqu'alors que des magazines plutôt légers ; Steinlen était très au fait de ce qui se passait dans le monde de la presse engagée en Europe, il était un ami d'Albert Langen, le fondateur de la revue satirique allemande Simplicissimus, un éditeur militant qui fut rapidement condamné par le pouvoir impérial, et qui s'était inspiré en 1896 du Gil Blas illustré.
En 1902, Steinlen milite pour la constitution d’un syndicat des artistes peintres et dessinateurs dont il prononce le discours d’adhésion à la Confédération générale du travail en juillet 1905. En 1904, il adhère à la Société des dessinateurs et humoristes dont, en 1911, il est un des présidents d’honneur. En 1905, il adhère ainsi que Charles Andler, Séverine ou encore Octave Mirbeau, à la « Société des amis du peuple russe et des peuples annexés » dont le président est Anatole France. En 1907, il figure parmi un comité constitué pour ériger une statue à Louise Michel. Il est également signataire de diverses pétitions, contre la condamnation à mort du cordonnier Jean-Jacques Liabeuf en 1910[6].
HommageModifier
Un monument en pierre, dû au sculpteur Paul Vannier[7],[8], lui est dédié dans le square Joël-Le Tac (18e arrondissement de Paris), qui fut aménagé en cette occasion en 1935.
ŒuvresModifier
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PeinturesModifier
- Chat sur un coussin ;
- Les Éléments. Formes et couleurs, 1900 ;
- L'Application à la décoration des brodeuses au métier et à l'aiguille, 1900 ;
- Fête de nuit, 1900 ;
- Poilu, 1917, Paris, musée d'Orsay ;
- Café à Léon, 1921, collection privée ;
- Belmont-sur-Lausanne, 1923 ;
- Couple d’amoureux ;
- La Détente ;
- La belle Rousse ;
- L'Assiette au beurre.
DessinsModifier
- L’Omnibus
- Retraité allumant sa pipe
- Anatole France
- Jeune femme au buste découvert
- Les Bouquetières
- Le Violoniste
- Personnages au turban bleu
- Études de femmes debout
- Couple d'amoureux près des anciennes fortifications de Paris communément appelées "les fortifs", fusain, 45 x 62 cm, Gray (Haute-Saône), musée Baron-Martin
LithographiesModifier
- Les deux Chats
- Tournée du Chat noir, lithographie en couleurs (1896)
- Clinique Chéron, lithographie en couleurs et affiche (1905)
- Bal de barrière, lithographie sur papier, (1898), Gray (Haute-Saône), musée Baron-Martin.
- Œuvres de Théophile Alexandre Steinlen
Les Éléments. Formes et couleurs (1900), musée des beaux-arts de Nancy.
Fête de nuit (1900), musée des beaux-arts de Nancy.
Poilu (1917), Paris, musée d'Orsay.
Portrait de Suzanne Valadon, Vernon, musée Alphonse-Georges-Poulain.
Filles et souteneurs au Moulin Rouge, Buenos Aires, musée national des beaux-arts d'Argentine.
AffichesModifier
- Lait pur stérilisé de la Vingeanne
- Aristide Bruant
- Yvette Guilbert
- Compagnie Française des Chocolats et des Thés
- Le 14-Juillet
- L'Absinthe
- Le Beau Soir
- Dans la pluie et le vent
IllustrationsModifier
- 1888 : Les Femmes d'amis de Georges Courteline
- 1888 : Les Gaietés bourgeoises, de Jules Moinaux (père de Georges Courteline)
- 1889 : Dans la rue, recueil de chansons d'Aristide Bruant
- 1889 : Dans la rue II, d'Aristide Bruant
- 1896 : Les Chansons de femmes, de Paul Delmet
- 1901 : Crainquebille, d’Anatole France
- 1903 : Les Soliloques du Pauvre, de Jehan Rictus
- 1905 : Le Train de 18h47 de Georges Courteline, illustré avec Albert Guillaume[9]
- 1910 : La Chanson des Gueux, de Jean Richepin
- 1914 : Barabbas, de Lucien Descaves
- 1923 : Les Caillettes en paniers, de Jean des Vallières, Livre édité par La Connaissance à Orléans, 166 pages
- Illustrations de Steinlen
Eugénie Buffet : Ma Vie, Mes Amours, Mes aventures.
SculpturesModifier
- Le Chat assis, bronze à patine verte monté sur socle en marbre noir, 12 × 5 × 7 cm, dépôt du musée des Arts Décoratifs, Gray, musée Baron-Martin.
Œuvres dans les collections publiquesModifier
- Belfort, musées de Belfort : fonds de dessins de Steinlen liés à la Première Guerre mondiale.
- Périgueux, musée d'art et d'archéologie du Périgord : quatre Chats en bronze.
- Vernon, musée Alphonse-Georges-Poulain : fonds d'œuvres de Steinlen (peintures, fusains, dessins à la plume, etc.) provenant de la donation faite vers 1960 par la veuve du collectionneur belge Yvan Lamberty, ami de Steinlen, comme de Jehan Rictus, de Francisque Poulbot, et d'autres artistes et écrivains.
- Genève, Petit Palais :
- 14 juillet 1895 ;
- Chat.
ExpositionsModifier
- Montreuil-sous-bois, Musée de l'Histoire vivante, Le Bel héritage, rétrospective 1885-1922, du 18 mars au 31 mai 1987.
- Clermont-Ferrand, musée d'art Roger-Quilliot, « Dans la vie »[10] du 10 mars au 10 mai 1998[11].
- Auvers-sur-Oise, musée Daubigny, « Théophile-Alexandre Steinlein (1859-1923) - Un autre regard », du 21 avril au 3 novembre 2002.
- Musée d’art et d’archéologie de Guéret, « Théophile Alexandre Steinlein (1859-1923), Regard sur les ouvriers du bâtiment », du 4 octobre 2003 au 4 janvier 2004.
- Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, « Steinlen, l'œil de la rue », du 17 octobre 2008 au 25 janvier 2009[12].
- Bruxelles, musée communal des beaux-arts d'Ixelles, reprise de l'exposition de Lausanne « Steinlen, l'œil de la rue », du 12 mars au 30 mai 2009.
- Bezons, Vision d'un anarchiste de la grande boucherie, 22 lithographies de Steinlen exposées à la médiathèque Maupassant du 4 au 29 novembre 2014.
Notes et référencesModifier
- Vittorio Frigerio, Émile Zola au pays de l'Anarchie, Éditions littéraires et linguistiques de l’Université de Grenoble (ELLUG), 2006, page 40.
- Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, « Le Maitron » : notice biographique.
- « Lausanne honore Catherine et Gabriel de Rumine, Théophile Alexandre Steinlen et Serge Lifar »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), ville de Lausanne, 2004.
- « Théophile Alexandre Steinlen, Chat angora assis », Images d’Art, {{Article}} : paramètre «
date
» manquant (lire en ligne, consulté le 20 mai 2017). - Portrait of T. A. Steinlen, notice sur le site du Spencer Museum of Art.
- Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
- Voir sur roussard.com.
- Voir sur montmartre-secret.com.
- Disponible sur Gallica.
- Dans la vie est le titre d'un recueil de textes et de chansons que Steinlen a illustré pour son ami le chansonnier Aristide Bruant.
- Catalogue, sous la direction de Gérard Bonnin, éd. Ville de Clermont-Ferrand, 1998.
- « Steinlen, l'œil de la rue », Université de Lausanne (consulté le 1er novembre 2008)
AnnexesModifier
BibliographieModifier
- Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Tome VIII, p. 211-212.
- Ernest de Crauzat, Steinlen peintre, graveur, lithographe, Paris, Ch. Meunier, 1902.
- Catalogue de l'exposition des œuvres peintes, dessinées et gravées de Th.-A. Steinlen, avec une étude d'Anatole France, Paris, Édouard Pelletan, 1904.
- Claude Aveline, Steinlen, l'homme et l'œuvre, Paris, les Écrivains réunis, 1926.
- Fr. Jourdain, Un grand imagier : Alexandre Steinlen, Éditions du Cercle d'Art, 1954.
- L. Contat-Mercanton, Théophile Alexandre Steinlen, Bâle, Musée Gutenberg, 1960.
- Réjane Bargiel et Christophe Zagrodski, Steinlen affichiste, catalogue raisonné, Lausanne, Éditions du Grand-Pont, 1986.
- Nicole Lamothe, Steinlen, peintre et illustrateur, Petites affiches, 4 février 2005, p. 13.
- Jacques Christophe, Steinlen, l’œuvre de guerre (1914-1920), 2 tomes, Lyon, Aléas, 1999.
- Jacques Christophe , Steinlen, partitions musicales, chansons et monologues d'Aristide Bruant, Lyon, Aléas, 2003.
- Philippe Kaenel (avec Catherine Lepdor), Théophile-Alexandre Steinlen : l'œil de la rue, Milan : 5 Continents Éditions ; Lausanne : Musée cantonal des Beaux-Arts, 2008.
- Julien Delmaire, Minuit, Montmartre, Paris, Éditions Grasset et Fasquelle, 2017, 224 p. (roman)
Travaux universitairesModifier
- Manon Tertrain, La conception anarchiste de l'art social dans l'œuvre politique de Théophile-Alexandre Steinlen, , mémoire de master 1re année en histoire de l'art contemporain, sous la dir. de Pierre Arnauld, Paris-I, 2009 (voir notice SUDOC).
- Xavier Bodu, Bestiaire et Société : l'Animal dans l'œuvre de Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923), Mémoire de Master 1 en Histoire de l'Art Contemporain, sous la direction d'Emmanuel Pernoud, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2012 (voir notice sur la Base AGORHA).
ArticlesModifier
- Sonya Mermoud, « Entre caresses et coups de griffes, Téophile-Alexandre Steinlen laisse derrière lui une œuvre éclectique et engagée », dans L’Événement syndical, Lausanne, 14 janvier 2009 (texte intégral en ligne).
Article connexeModifier
Liens externesModifier
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- Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
- Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, « Le Maitron » : notice biographique.
- René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : notice.
- L'Éphéméride anarchiste : notice biographique.
- Centre International de Recherches sur l'Anarchisme (Lausanne) : notice bibliographique.
- Marc Fehlmann, « Steinlen, Théophile Alexandre » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
- « Estampes de Théophile Alexandre Steinlen », sur INHA (consulté le 7 janvier 2018).
- (en) Théophile Alexandre Steinlen dans Artcyclopedia
- Théophile Alexandre Steinlen, La passion des félins : Planète Chats, 2007
- Théophile Alexandre Steinlen, plus de 1000 dessins sur le site steinlen.net
- Dessins de Steinlen sur la Première Guerre mondiale, reproductions de Je sais tout no 137 du 15 avril 1917
- L'Œuvre gravé et lithographié de Steinlen par Ernest de Crauzat (nombreuses reproductions)
- Floréal : Fête nationale [1] 1920, article nécrologique du 29 décembre 1923 Gallica
- Illustrations de Steinlen pour J.-H. Rosny (1894-1896)