Montricher-Albanne
Montricher-Albanne est une commune française située dans le département de la Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Montricher-Albanne | |||||
Le village d'Albanne. | |||||
Administration | |||||
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Pays | France | ||||
Région | Auvergne-Rhône-Alpes | ||||
Département | Savoie | ||||
Arrondissement | Saint-Jean-de-Maurienne | ||||
Intercommunalité | Communauté de communes Cœur de Maurienne Arvan | ||||
Maire Mandat |
Sophie Verney 2020-2026 |
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Code postal | 73870 | ||||
Code commune | 73173 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Montrichelains Albanois Bouinats |
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Population municipale |
477 hab. (2021 ) | ||||
Densité | 17 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 45° 14′ 50″ nord, 6° 24′ 10″ est | ||||
Altitude | Min. 600 m Max. 2 926 m |
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Superficie | 27,99 km2 | ||||
Type | Bourg rural | ||||
Unité urbaine | Hors unité urbaine | ||||
Aire d'attraction | Saint-Jean-de-Maurienne (commune de la couronne) |
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Élections | |||||
Départementales | Canton de Saint-Jean-de-Maurienne | ||||
Législatives | Troisième circonscription | ||||
Localisation | |||||
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Géolocalisation sur la carte : Auvergne-Rhône-Alpes
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La commune, issue de la fusion des communes de Montricher-le-Bochet et d’Albanne en 1969, se trouve dans la vallée de la Maurienne. Son une altitude moyenne est de 1 763 m.
Géographie
modifierSituation
modifierLa commune de Montricher-Albanne est située au cœur de la vallée de la Maurienne dans les Alpes françaises, à moins de 10 km de la commune de Saint-Jean-de-Maurienne, sous-préfecture du département de la Savoie, et à 80 km de Chambéry, la préfecture. Elle est par ailleurs longée sur sa limite nord-est par l'Arc, rivière prenant sa source dans les glaciers de l’est du département à la frontière avec l'Italie. Ailleurs, la commune est délimitée par la ligne de crête à l'ouest, par le crêt des Sallanches au sud et par les torrents de la Valloirette à l'est. Elle est exposée au nord (versant ubac des Karellis) et au sud-est (versant adret d'Albanne).
La superficie de la commune est de 27,99 km2, mais les zones habitées sont principalement situées sur des replats de versants pentus sculptés par les glaciers du Quaternaire. Son altitude minimale est de 600 m, son altitude maximale de 2 926 m et son altitude moyenne de 1 763 m[1].
L'accès à Montricher-Albanne se fait par la vallée de l'Arc (le Bochet), puis par le col routier d'Albanne (1 657 m) entre Albanne et Montricher. Cette route du col d'Albanne représente par ailleurs une étape cycliste longue de 12,3 km avec dénivelé positif de 957 m pour une pente moyenne de 7,8 %. D'autres cols situés sur le crêtes permettent également l'accès à la commune, parmi lesquels : le Pain de Sucre (chemin, à environ 1 900 m entre Albanne et Valloire), le col d'Emy (environ 2 700 m entre Albanne et Albiez), la Croix d'Albiez (Montissot, environ 1 900 m entre Les Karellis et Albiez-le-Jeune). Un chemin permet également l'accès entre Albannette et Valloire via l'Écherrenes dans la vallée de la Valloirette. On accède à ces lieux principalement par la marche l'été et en ski de randonnée l'hiver.
Communes limitrophes
modifierMontricher-Albanne est limitrophe de 6 autres communes, 4 sur le même versant situé sur la rive sud de l’Arc (Villargondran, Albiez-le-Jeune, Albiez-Montrond et Valloire) et 2 sur le versant opposé (Saint-Julien-Mont-Denis et Saint-Martin-de-la-Porte). Celle partageant la plus longue limite est Valloire (s'étendant de l'Arc au sud de la commune), et la plus courte Villargondran, au nord-ouest.
Géologie et relief
modifierLe site de la commune de Montricher-Albanne se situe en saillie, à peu près au milieu de la vallée de la Maurienne, par ailleurs l'une des plus longues vallées des Alpes françaises.
Les hauts de la commune permettent de très vastes panoramas sur une distance de 60 km à la ronde jusqu'à la pointe de Rochemolon au-dessus du col du Mont-Cenis à la frontière italienne, les sommets de la Vanoise, le mont Thabor, le grand Galibier, les aiguilles Noires, le massif des Écrins dans les Hautes-Alpes, les Encombres, la vallée des Arves, le pic de l'Étendard, la chaîne de Belledonne et plus au loin les contreforts du massif des Bauges dans les Préalpes.
Situé juste en face de la commune à Saint-Julien-Montdenis, le massif de la Croix des Têtes est l'un des plus grands escarpements calcaires des Alpes. L'on peut y distinguer de nombreux plis (anticlinaux et synclinaux), Montricher-Albanne se situant dans l'enfilade, dans la ligne directe des aiguilles d'Arves. À proximité, le torrent de la Valloirette a tracé son sillon dans les gorges du même nom, au sein d'un synclinal[2],[3].
Montricher-Albanne se situe également au juste milieu entre la zone ultra-dauphinoise (flysh = alternance d'ardoises et de grès) qui constitue les sommets à partir de 1 600 m et 2 000 m d'altitude, la zone sub-briançonnaise (calcaires principalement : Perron des Encombres, vallée de la Valloirette, fort du Télégraphe) et la zone briançonnaise (gneiss : Vanoise), c'est-à-dire entre les massifs anciens (Vanoise) et ceux plus récents (Belledonne, Grandes-rousses)[4].
Le point le plus bas de la commune se situe à environ 900 m d'altitude, au Bochet. Son sommet est pour sa part la Grande Chible culminant à 2 932 m, sur Albanne. Les principaux sommets sont : la Grande Chible, La pointe d'Emy (2 797 m), la pointe des Chaudannes (2 480 m), la Tête d'Albiez-le-Vieux (2 468 m), Casse Massion (2 433 m). Différentes sommités sont présentes sur la commune : le Crêt des Sallanches (Pain de Sucre), le Crêt de Talière (au-dessus de la forêt de Vinouve), le Crêt de Porte Brune (au-dessus des Karellis) et le Crêt de la Parenche (au niveau du col d’Albanne).
Hydrographie
modifierLa commune de Montricher-Albanne dépend de plusieurs bassins versants, tous connectés au collecteur principal qu'est l'Arc, principal cours d'eau de Maurienne et deuxième plus important cours d'eau du département de la Savoie. L'Arc représente la limite septentrionale de la commune à partir du Pas du Roc jusqu'au Bochet.
Trois principaux torrents coulent également dans les combes :
- le torrent des Moulins, qui prend sa source dans les vallons de la Chible et rejoint la Valloirette (la Vallée d'Or), avant de rejoindre à son tour l'Arc au niveau du Pas du Roc. Une cascade, la cascade du Pis, se trouve sur le parcours du torrent des moulins d’Albanne ;
- le torrent des Fontagnoux sur Montricher, qui prend sa source sur les pentes de la Ramaz et de la tête d'Albiez, et qui se jette dans l'Arc au niveau de Saint-Félix ;
- le torrent du Bochet, qui prend sa source dans le Combe de Messolard et qui se jette directement dans l'Arc au niveau du village du Bochet qui s'est installé sur le cône de déjection du torrent.
À ces torrents s'ajoutent d'autres nombreuses sources affleurant le versant en altitude. Elles résulteraient de remontées d'eau depuis le massif de l’Étendard. Quelques petites grottes (bourna), la plupart aujourd'hui comblées, apparaissent dans la partie calcaire sur Albannette dans la continuité du massif des Encombres (un réseau souterrain est signalé juste en face, dans le massif des Encombres).
Enfin, le lac de Pramol (« prés moux ») est à l'origine une zone marécageuse comprenant une tourbière, mais dont la digue naturelle a été rehaussée de manière à mettre plus en valeur le lac. Un entonnoir de dissolution (en partie comblé) se situe juste à proximité. Les eaux du lac s'écoulent en direction du torrent des Fontagnoux.
Climat
modifierEn 2010, le climat de la commune est de type climat de montagne, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[5]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat de montagne ou de marges de montagne et est dans la région climatique Alpes du nord, caractérisée par une pluviométrie annuelle de 1 200 à 1 500 mm, irrégulièrement répartie en été[6].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 18,8 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 869 mm, avec 8,5 jours de précipitations en janvier et 8,2 jours en juillet[5]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Saint-Jean de Maurienne », sur la commune de Saint-Jean-de-Maurienne à 5 km à vol d'oiseau[7], est de 11,6 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 910,9 mm[8],[9]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[10].
Risques environnementaux
modifierSur la commune est potentiellement à risque le versant des ardoisières au-dessus du Bochet. Dans les années 1950 à 1970, la forêt était malade à cause du fluor déversé par l'industrie présente dans la vallée de la Maurienne, le terrain mis à découvert commença à bouger ce qui demanda par la suite de gros travaux de la part de l'équipement afin de protéger la route départementale et le village en contrebas.
S'ajoute également la zone de marais sur Albanne, l'entonnoir de dissolution au lac de Pramol, les risques de chutes de blocs de pierre au Bochet et à Montricher, et celui de la combustion de la tourbière à côté du village. Le risque d'avalanches demeure aussi important l'hiver et une partie du printemps : en particulier sur le crêt blanc et dans la combe des moulins entre Albanne et Albannette (la forêt de la Mélezia faisant office de protection), du côté du Bec de l'Aigle en direction du hameau de la Plagne et du village d’Albanne, dans la Combe de la Rama et dans la Combe de Messolard.
Longtemps, des hivers durant, les villages d’Albanne et d’Albannette étaient totalement isolés l'hiver à cause de fortes chutes de neige et de grandes avalanches. La dernière grosse avalanche remonte à l'hiver 1961.
Voies de communication et transports
modifierTransport routier
modifierLa commune de Montricher-Albanne ne voit passer sur son territoire aucun axe routier majeur. Pour autant, sur l’autre rive de l'Arc marquant sa limite nord, se trouvent l'autoroute A43 et l'ex-nationale 6 aujourd'hui déclassée en départementale 1006. La première est une autoroute venant de Lyon et traversant la Maurienne jusqu'à Modane d'où elle rejoint l'Italie par le tunnel du Fréjus. La sortie pour rejoindre Montricher-Albanne est la sortie 28 située sur la commune de Saint-Julien-Mont-Denis à moins de 5 km du Bochet. La seconde est la partie déclassée de l’ex-Nationale 6 rejoignant Paris à l'Italie par le col du Mont-Cenis, via Lyon et Chambéry.
Ailleurs, la commune est traversée par une multitude de routes communales, à l'exception de la départementale 81 A venant de Saint-Jean-de-Maurienne.
Transport ferroviaire
modifierMontricher-Albanne voit passer sur son territoire quelques centaines de mètres de la ligne de Culoz à Modane (frontière) dite « ligne de la Maurienne ». Longeant, comme l'A43 et la RD 1006, la commune sur la rive nord de l'Arc, celle-ci passe sur environ 500 m sur l’autre rive au nord-est de la commune.
La gare ferroviaire la plus proche est la gare de Saint-Julien-Montricher, située sur la commune de Saint-Julien-Mont-Denis mais juste de l'autre côté de la rive de l’Arc et à moins d'1 km du Bochet. Cette gare est toutefois aujourd'hui fermée, aussi les deux gares encore desservies les plus proches sont la gare de Saint-Jean-de-Maurienne - Arvan à Saint-Jean-de-Maurienne et la gare de Saint-Michel - Valloire à Saint-Michel-de-Maurienne. La première est située à environ 6 km par la route du Bochet, et la seconde à environ 10 km, mais quasiment autant de Montricher, la route y menant débutant à l'est du côté de Saint-Michel-de-Maurienne.
Ces deux gares sont desservies par les TGV en provenance de Paris et à destination de Turin et Milan en Italie (et inversement), ainsi que par les TER Rhône-Alpes en provenant de Lyon et/ou Chambéry et se dirigeant vers Modane (et inversement). Durant la période hivernale, la liaison TGV est renforcée les week-ends, en particulier les samedis, à destination de Modane et desservant les différentes stations de sport d'hiver de la Maurienne.
Transport aérien
modifierL'aéroport le plus proche de la commune est l'aéroport de Chambéry - Savoie, situé au nord de Chambéry, à environ 90 km de la commune, par la route. Deux autres grands aéroports situés dans la région peuvent desservir la commune, à savoir l'aéroport international de Genève, situé près de la frontière franco-suisse, et l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry, près de Lyon, tous deux distants d'environ 180 km par la route.
Transports en commun
modifierLa commune de Montricher-Valloire est notamment desservie par les autocars départementaux, gérés par le conseil général de la Savoie, sous la dénomination « Belle Savoie Express ». Il s'agit principalement de la ligne régulière M7, rejoignant Saint-Jean-de-Maurienne aux Karellis.
La commune n'étant pas intégrée dans une communauté de communes, ne possède pas de transports en commun gérés par l'intercommunalité, comme à Saint-Jean-de-Maurienne avec le réseau « Cœur de Maurienne Bus » qui bien que s'approchant de Montricher-Albanne, se contentent de desservir Villargondran et Saint-Julien-Mont-Denis[11].
Urbanisme
modifierTypologie
modifierAu , Montricher-Albanne est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[12]. Elle est située hors unité urbaine[13]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Saint-Jean-de-Maurienne, dont elle est une commune de la couronne[Note 1],[13]. Cette aire, qui regroupe 26 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[14],[15].
Occupation des sols
modifierL'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (95,7 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (93,3 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (58,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (24,4 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (12,5 %), prairies (1,8 %), zones agricoles hétérogènes (1,2 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (0,7 %), mines, décharges et chantiers (0,6 %)[16].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
-
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols en 2018 (CLC) de la commune.
-
Carte orthophotogrammétrique de la commune.
Morphologie urbaine
modifierLa commune est constituée de différents hameaux :
- Le Bochet, aujourd'hui chef-lieu et seul village situé en fond de vallée à environ 900 m d'altitude ;
- Albanne, à 1 630 m d'altitude ;
- Albannette, « la petite Albanne », à 1 400 m ;
- Les Karellis, station de ski et habitat à l'année à 1 600 m ;
- Montricher, à environ 1 200 m.
Hameaux auxquels s'ajoutent également les principaux « remus » ou habitats diffus de Saint-Félix, quelques maisons à côté d'une carrière en fond de vallée, le hameau de Beau-Mollard (environ 1 400 m), les chalets de la Plagne (2 000 m, sur le versant d'Albanne), les chalets des Loys (environ 1 800 m, sur le versant de Montricher).
Logements
modifierToponymie
modifierLe toponyme de la commune de Montricher-Albanne est formé à la suite de la fusion des deux villages, Montricher-le-Bochet et Albanne, par arrêté préfectoral le (publié au J.O. le )[17],[18].
- Albanne
Le nom de la paroisse et commune d'Albanne a assez peu dérivé. La paroisse est ainsi désignée par Cabannaria de Albana au XIe siècle, In Albanna en 1184, ou encore Albana en 1457[19],[20]. Tous ces toponymes sont issus du cartulaire de Maurienne[19]. Le nom d’Albanne est cité pour la première fois en 1040 sous l'épiscopat de l'évêque Thibaud, une riche veuve du nom d'Ermengarde donne au chapitre de Saint-Jean l'église d'Albanne et une grande partie des biens qui en dépendent[21]. Un hameau de la commune est dénommé Albannette ou Albanette, en latin Albaneta, mentionné dès le XIe siècle dans le cartulaire de Maurienne, désignant « la petite Albanne », par opposition au chef-lieu désigné par Albana major[20],[22].
Albanne ou Albane est un toponyme semblant désigner, selon le chanoine Gros, une propriété agricole dont le nom du propriétaire, Albanus « d´Albe, albain, d'Albanie », a fini par désigner le territoire[19],[20]. Ce cognomen a été retrouvé dans d'autres régions (Val de Suse ou Hautes-Alpes)[19]. Le chanoine indique qu'en patois local ce toponyme est prononcé [Arban-na][19].
D'autres analyses semblent indiquer que le toponyme Albanne (dont la prononciation serait « [Herban] »), désignerait le « blanc » en patois local, bien qu'en latin, Alb désigne aussi la montagne[réf. nécessaire]. À cet égard, il peut être fait un rapprochement entre Albanne et Albiez, qui sont deux villages situés chacun sur un des versants de la Grande Chible (2 932 m d'altitude)[réf. nécessaire].
- Montricher
Le nom de la paroisse et commune de Montricher (prononcé « Montrocher » ou « Morshel »[réf. nécessaire]), dont on trouve une commune homonyme en Suisse, dans le canton de Vaud, est mentionné pour la première fois en 1184 dans une bulle du pape Lucius III, dans laquelle le roi de Bourgogne Gontran aurait concédé à Felmase, premier évêque de Maurienne, les territoires des paroisses de Montricher et d'Albanne[23]. La paroisse est ensuite désignée par In monte Richerio au XIe siècle. En 1209, une mention en latin dans une charte du diocèse de Maurienne, datant de 1209, donne Obligaverunt quidquid habent apud montem Richerium, justum scilicet et injustum[24],[25]. Le nom évolue avec la langue romane en Montrichier (1441), Mont rocher (1698) et Montriche (1786)[26]. En 1793 on trouve sous l'occupation française Mont Richer, qui évolue à jusqu'en 1801 en Mont-Richel, puis en Montricher pour devenir en 1962 Montricher-le-Bochet, avant sa fusion avec Albanne en 1969[17],[18].
Montricher semble dériver d'un oronyme composé de Mont- désignant la montagne et -richer, qui trouverait son origine dans la dérivation du prénom Ricarius, plus tard Richarius ou Richerius[27], désignant ainsi la montagne de Richer.
En francoprovençal, le nom de la commune s'écrit Morshèl-Arban-no, selon la graphie de Conflans[28].
- Autres lieux-dits
Le Bochet : nom d'origine germanique Bosc, latinisé Boscas, ou nom rural signifiant « petit bois »[29]. En 1962, la fusion avec Montricher donne la commune de Montricher-le-Bochet[17].
Hameau de Saint-Félix : en 1882, l'industriel Félix Roche ouvre une carrière de gypse au Champet, donnant ainsi au hameau son nom actuel Saint-Félix[23].
Enfin, le nom des Karellis (station de ski de la commune) provient du nom patois d'une herbe locale (de type molinie) : la karelle, qui forme de grandes touffes d'herbes sur lesquelles les bergers faisaient de la luge l'été. La station des Karellis a vu le jour sur le lieu-dit plan karelli[30].
Histoire
modifierTraces du passé
modifierUne pierre à cupules (Préhistoire) se trouve au lieu-dit « plan la Roche », à proximité du col d’Albanne. Des monnaies à l’effigie de l'empereur romain Sévère Alexandre (222 à 238 apr. J.-C.) ont été retrouvées sur Montricher (la vallée de la Maurienne, d'abord peuplée par les Celtes, ayant été conquise par les Romains). Un ensemble de tombes constituées de lauzes déposées en forme de triangle a été mis au jour lors de la création de la station des Karellis en 1973. Dans l'une d'elles fut trouvée une plaque de ceinture qui permit d'identifier ce cimetière comme burgonde (Ve siècle et VIe siècle apr. J.-C.)[23], les Burgondes ayant reçu la Sapaudia (Savoie) durant le Ve siècle[31].
Au Pain de Sucre, à plus de 1 900 m d'altitude, un mur d'enceinte a été révélé, au lieu-dit la Turraz (la tour). Le fortin, dont l'origine semble remonter au haut Moyen Âge (période des incursions sarrasines et normandes), devait probablement permettre de sécuriser le passage entre Albanne et Valloire et ainsi de protéger l'axe du Galibier tout en surveillant le secteur du col du Télégraphe situé juste en face[32]. Il était alimenté en eau par deux « biefs » (conduite, canalisation), l'un depuis une source située versant Albanne, l'autre depuis le ruisseau du Villard.
Noblesse et dépendance
modifierDurant le Moyen Âge et l'ancien régime Montricher dépendait de la châtellenie de Villargondran alors qu’Albanne dépendait de celle de Valloire, toutes deux inféodées à l'évêque de Maurienne[33].
Le , Albanne et Montricher s'affranchissent des droits féodaux de l'évêque moyennant le versement de 1 814 livres pour Montricher et de 10 200 livres pour Albanne[33]. En 1774, Thomas-Maurice Richeri est inféodé de la terre et juridiction de Montricher avec le titre de comte (armorial Foras). Les descendants se manifestent en 1843 afin, semble-t-il, de réclamer leurs droits sur la commune. Le , Joseph Bertolino reçoit inféodation de la terre et juridiction d’Albanne avec le titre de comte[21].
En 1860, le traité de Turin officialise le rattachement de la Savoie à la France et Montricher et Albanne se retrouvent intégrées dans le nouveau département de la Savoie en juin. Ce traité fait suite à un plébiscite organisé sur l’ensemble du territoire savoisien. Les résultats pour Montricher et Albanne sont[33] :
- Albanne : 91 inscrits - 89 votants - 87 oui - 2 non - 2 abstentions
- Montricher : 83 inscrits - 81 votants - 80 oui - 1 non - 2 abstentions
Calamités
modifierLes maladies
modifierLes villages eurent à souffrir de la peste notamment celle de 1630, la population des villages diminua de moitié. La lèpre fit aussi des ravages, à Albanne les lépreux étaient parqués au lieu-dit « le creux des Chenevières ».
Incendies
modifierLes villages furent de nombreuses fois incendiés, que ce soit par la guerre ou les incidents domestiques, le feu se propageant rapidement du fait de la couverture des toitures en chaume (paille de seigle).
Montricher connut notamment des incendies en 1615, 1883, 1878 et le [25]. Le Bochet fut pour sa part incendié par l'armée nazie le . Le service de la reconstruction et la commune de Montricher en Suisse firent preuve de solidarité et permirent à la commune de se reconstruire[23]. Albannette connut un grand incendie le et enfin plusieurs incendies à Albanne, le , en 1797, le et en 1846[21],[34].
Avalanches
modifierLongtemps, des hivers durant, les villages d’Albanne et d’Albannette étaient totalement isolés l'hiver à cause de fortes chutes de neige et de grandes avalanches. En 1729, l'on mentionne une avalanche importante vers l'oratoire Saint-Eldra à Albannette[21].
En 1935, une énorme avalanche partie de la côte des Enfers descend jusqu'à l'Arc, le déplacement de l'air détruisant à l'occasion tous les moulins de Montricher[23].
Entre Albanne et Albannette, le crêt Blanc est un lieu privilégié pour le départ des avalanches, et les dernières grosses avalanches datent des années 1960. En 1961, une avalanche partit du crêt de Talière et descendit en direction d’Albanne. Il est encore possible de nos jours de remarquer les traces de ces dernières dans le paysage.
Litiges forestiers
modifierDe nombreux litiges eurent lieu entre Albanne, son hameau Albannette, et les communes limitrophes de Valloire et de Montricher en ce qui concerne l'appartenance des forêts de la Mélezia (sur Albannette), celle des Loys (entre Albanne et Montricher') et celle de la Maréchalle (entre Albanne et Saint-Martin-de-la-Porte).
Pour la Mélezia, les faits remontent à l'année 1471. À l'époque, la communauté d’Albanne ne reconnait à celle de Valloire qu'un simple droit de bûcheronnage (servitude d'usage), droit qui sera confirmé en 1645. En 1728 les Albannois déposent plainte contre les abus du seigneur Alexis Grange de Valloire[35], lui reprochant de trop nombreuses coupes de bois. Cela sera réédité le , en 1793 et 1794, ainsi qu'en 1810. Ces affaires seront par ailleurs portées devant le Sénat de Savoie. Mais le conflit reprend en 1831, lorsque les communes de Valloire et d’Albanne entament un procès au sujet de la forêt de la Mélezia et que la commune de Valloire demande le partage de cette forêt en deux lots, un lui revenant, l'autre pour Albanne. Ceci sera entériné le . Le , les habitants d’Albanne se sentant lésés vont se pourvoir auprès du tribunal provincial de Maurienne à la fois contre la commune de Valloire et contre celle d’Albanne. Le , une première requête est déposée, les Albannois se retirent de la procédure le au profit des habitants du hameau d’Albannette. Le , un arrêt est formulé en faveur d’Albannette et la commune de Valloire fait appel. Après maintes péripéties, elle ne sera résolue que le , confirmant la propriété de la Mélézia au hameau d’Albannette dont les habitants sacrifièrent à l'époque toutes leurs richesses pour se pourvoir en justice[35].
Concernant la forêt des Loys, par un arrêté de 1513, monseigneur Gorrevod fait don de la forêt des Loys, située entre Montricher et Albanne. En 1570, l'évêque Pierre Lambert intervient pour mettre fin à un long procès entre les paroisses de Montricher et de Valloire, et le droit d'usage se transforme en droit de propriété. Le procès entre Valloire et Montricher ne se terminera qu'en 1846, confirmant la sentence de 1570[33],[35].
Enfin, la forêt de la Maréchale, dont le nom viendrait du nom du seigneur de la Bufette, Joseph de Maréchal, habitant de Saint-Martin-de-la-Porte et qui s'était approprié cette parcelle selon les mêmes principes que le noble Alexis Grange de Valloire pour la Mélezia. Le , par une transaction à l'amiable les communes d’Albanne et de Saint-Martin-le-Porte, voulant faire cesser cette situation d'indivision (droit d'usage), s'entendent pour qu'un tiers de la forêt revienne à Saint-Martin-la-Porte[21],[35].
Opérations militaires
modifierEn 1792, la Savoie est annexée à la France. Lors des opérations militaires ayant précédé cette annexion, les Sardes (la Savoie faisait alors partie du royaume de Sardaigne) menèrent une offensive en Maurienne et firent reculer les troupes républicaines françaises à l'entrée de la vallée vers Aiguebelle. Une contre-offensive française fut néanmoins menée depuis le Galibier et Valloire. Le , les habitants d’Albanne délogèrent la garde française ayant pris position au Pain de Sucre : c'est la « bataille d'Albanne », qui vaudra au village d'être brûlé en représailles et aux curés d’Albanne et de Montdenis qui cherchèrent à s'enfuir, d'être déportés au bagne de l'île de Ré[21],[36].
Le chemin de l'Écherènes entre Albannette et Valloire fut aménagé par les troupes françaises en 1708 afin de favoriser le passage entre le Briançonnais et la Savoie. C'est un chemin très pittoresque qui serpente à flanc de montagne entre quelques pitons rocheux. Dans les années 1990, les communes de Montricher-Albanne et de Valloire ont créé une piste forestière à cet endroit.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, les troupes fascistes italiennes annexèrent dans un premier temps la Savoie, avant de fuir par les sommets quand vint l'heure de la débâcle. Elles furent alors remplacées par les troupes nazies allemandes à partir de 1943. La Maurienne devint ainsi un axe stratégique pour protéger la plaine du Pô en Italie. Le maquis de Montricher, alors très actif, permit de contrôler les allées et venues dans la vallée, notamment la voie ferrée internationale située juste en contrebas. Le village accueillait également de nombreux résistants. Durant la guerre, les Nazis, situés au fort du Télégraphe, en profitèrent aussi pour tirer sur les habitants du village d’Albanne qui passèrent sur le chemin en direction de Saint-Michel-de-Maurienne. Le village du Bochet, lui, fut brûlé par les occupants nazis le , quand ceux-ci fuirent la Savoie avant de trouver refuge à leur tour en Italie[23].
Fusion de deux communes
modifierLa commune de Montricher-Albanne est issue de la fusion de deux communes distinctes, Montricher-le-Bochet et Albanne, qui ont décidé de fusionner en 1969 dans le but de favoriser l’essor de la nouvelle entité et de permettre la création de la station des Karellis dans les années qui suivront[37],[17].
- Par décret du , la commune de Montricher devient Montricher-le-Bochet,
- Par arrêté préfectoral du , Albanne est rattachée à la demande des habitants et à l'initiative du maire d’Albanne, Armand Mottard, à la commune de Montricher-le-Bochet, qui devient alors Montricher-Albanne.
- En 1975, la station des Karellis est créée.