Utilisateur:Cangadoba/Brouillon/Histoire Ouest-Africaine

Préhistoire modifier

Paléoenvironnement modifier

« Le maximum d'aridité se situe entre 20000 et 15500 B.P. [≈ 18000-] ce qui se traduit par une importante expansion des milieux ouverts de savanes au détriment de l'espace forestier réduit à des zones refuges. La transition post-glaciaire, entre 15500 et 12000 ans B.P. [≈ 13500-] connaît un réchauffement et une humidification entraînant un regain de la forêt dense guinéo-congolaise en plaine et de la forêt afromontagnarde en altitude. Entre 9000 et 6000 ans B.P. [≈ 7000-], une phase climatique chaude et humide optimale favorise une importante montée des niveaux lacustres et une large expansion forestière. Après quoi, de 4000 à 2500 B.P. [≈ 2000-], un assèchement progressif contribue à un nouveau retrait des milieux forestiers, à une avancée des taxons mésophiles au sein de ceux-ci et au morcellement de certains massifs. À partir de 2500 B.P. [≈ ], le climat évolue progressivement vers son stade actuel, à caractère plus chaud et plus humide mais il présente une certaine instabilité en rapport avec les phénomènes globaux marquant les deux derniers millénaires. L'influence anthropique en Afrique occidentale atlantique, s'est surtout intensifiée à partir de 2000 ans B.P. [début de l'ère chrétienne], interférant avec les événements climatiques dont elle peut masquer les effets[1]. »

Premiers peuplements modifier

Le Néolithique modifier

 
Diffusion de l'agriculture dans le monde vers 1000 av. J.-C. La société agricole ouest-africaine se concentre alors sur la culture des céréales avec notamment le millet perle, le riz et le sorgho.
 
Morceaux de poterie préhistoriques retrouvés à Kamabai (Sierra Leone).

Les populations humaines d'Afrique de l'Ouest se sédentarisèrent parallèlement au développement de l’agriculture et de l’élevage. Le millet perle (Pennisetum glaucum) semble avoir été domestiqué aux environs de 6000 av. J.-C. (8000 BP) dans une zone située au nord du fleuve Sénégal[2]. Le sorgho aurait lui été domestiqué à l'Est du lac Tchad 5000 av. J.-C. (7000 BP) à partir de l'espèce sorghum bicolor[3]. La domestication de ces deux céréales par les agriculteurs ouest-africains représente un apport majeur pour l'alimentation humaine. En effet le millet perle se diffusera progressivement hors de l'Afrique de l'Ouest et sera notamment adopté par les Éthiopiens, les Indiens et les Bantous[4]. Le sorgho connaîtra le même succès et sera adopté par les Indiens, les Chinois, les Éthiopiens, les habitants du Moyen-Orient et les Bantous[5]. Le Sahara s'assèche progressivement à partir de 3600 av. J.-C. (5600 BP) pour devenir un désert vers 700 av. J.-C. (2700 BP), de manière corrélée à l’affaiblissement des pluies de la mousson atlantique[6]. Ce processus perturbe les activités humaines en modifiant la végétation saharienne: d'abord de type tropicale de mousson, elle devient de type savane, puis de type semi-aride sahélienne avant de devenir de désert. Cette désertification entraîne un afflux important de migrants en destination du sud, notamment dans le delta intérieur du Niger[7]. Le Nord de la zone ouest-africaine est alors soumis à une double pression, subissant d'une part une augmentation de la population et d'autre part les effets de la désertification[8]. C'est dans ce contexte qu'à partir du IIIe millénaire av. J.-C., la riziculture se développe dans le delta intérieur. Cette domestication se fait à partir de l'espèce sauvage Oryza breviligulata (aussi appelée Oryza barthii)[9] et aboutit à l'élaboration d'une nouvelle espèce : Oryza glaberrima. C'est la naissance de la riziculture ouest-africaine, œuvre des populations proto-mandé habitant le delta intérieur, qui sera diffusée chez les populations proches, permettant ainsi l'amorce de la civilisation ouest-africaine[10]. Cette diffusion de la culture du riz se fait vers l'Ouest jusqu'en Casamance, vers le Sud jusqu'au golfe de Guinée et vers l'Est jusqu'au lac Tchad[9]. La culture de l'igname se développe vraisemblablement aux alentours de 2000 av. J.-C. (4000 BP) dans la zone mêlée de forêts et de savanes du Dahomey Gap[11].

Les cultures du Tagant et de Tichitt-Oualata modifier

Le chalcolithique d'Akjoujt modifier

Cités du delta intérieur (VIIIe siècle av. J.-C.-VIIIe siècle) modifier

Au VIIIe siècle av. J.-C., la maîtrise du fer augmenta la productivité agricole et les premières cités-États apparurent[12]. Dia-Shoma est fondée sur un toguere au VIIIe siècle av. J.-C.[13] et Djenné-Djenno est fondée également sur un toguere au IIIe siècle av. J.-C.[14] Ces deux cités sont les plus anciennes cités de toute l'Afrique subsaharienne. Djenné-Djeno devient progressivement un maillon important pour le commerce transsaharien. Venu d'Arabie, le dromadaire est introduit en Afrique depuis au moins le Ve siècle av. J.-C. et commence à être utilisé à grande échelle pour le transport à partir du Ier siècle apr. J.-C.[15] permettant ainsi de faire face à des conditions climatiques devenues difficile pour le char à cheval. Koumbi Saleh est fondée au IVe siècle apr. J.-C.[16] par des Soninkés, un peuple mandé. Gao est fondée au VIIe siècle apr. J.-C. par les Sorkos[17].


Histoire modifier

Période impériale (VIIIe siècle apr. J.-C. - 1591) modifier

 
Afrique de l'Ouest durant la période impériale.

Empire du Ghana ou empire Wagadou modifier

Le développement de l’économie favorisa l’apparition d’États centralisés, à commencer par l’empire du Ghana au VIIIe siècle apr. J.-C. Axé autour de la ville de Koumbi Saleh, sur le territoire de l’actuelle Mauritanie, le Ghana domina la région jusqu’à l’invasion des Almoravides en 1052. À la fin du VIIIe siècle, le roi du Wagadou Kaya Magan Cissé (signifiant « le maître de l’or ») refoule les berbères et réalise l'unité des soninkés, fondant ainsi l'empire Wagadou. Ses successeurs reprendront ce titre de Kaya Magan. L'empereur contrôle alors la région aurifère du Bambouk. La classe dirigeante du Wagadou était principalement animiste[18] et la succession se faisait de manière matrilinéaire. Le successeur de l'empereur était ainsi le fils de sa sœur[19], préservant ainsi avec certitude la lignée familiale. Le Ghana est un État autoritaire dont les institutions à caractère sacré permettent aux dirigeants d'exercer un contrôle fort sur leur zone d'influence[20]. Le roi et son héritier font l'objet d'un culte particulier et des cérémonies en leur honneur sont rendues par l'ensemble des sujets de l'empire[21]. Plus à l'Est, les souverains de Gao font l'objet d'un culte similaire[22]. À la fin du IXe siècle, les souverains du Ghana étendent leur autorité à l’ouest sur la région aurifère du Galam et sur le Tekrour, à proximité de Djenné et de Tombouctou, et au nord sur certaines tribus berbères du Sahara. Au Xe siècle, les premières tensions internes apparaissent. Les Berbères d’Aoudaghost, alors vassaux du Ghana, se révoltent contre l’autorité de l'empereur, qui est mis à mort par le chef des insurgés. Son successeur s’empare alors du royaume d’Aoudaghost, qui est placé sous l’autorité d’un fonctionnaire impérial[23]. Aoudaghost est alors un maillon important du commerce transsaharien. L’apogée du Ghana se situe au XIe siècle. Les royaumes qui le composent laissent peu à peu place à un état centralisé. La capitale du royaume, Koumbi, peuplée de 20 000 habitants, est partagée entre les musulmans et les Soninkés qui sont animistes. Paradoxalement, c'est au XIe siècle, alors que l'Empire est à son apogée, qu'il se met à décliner sous la pression qu'il exerce sur son environnement. En effet, le site de Koumbi est localisé à un endroit stratégique qui permet le contrôle des principales routes commerciales mais son climat est aride et la pluviosité aléatoire[24]. Les besoins en eau nécessaires à l'agriculture autour de Koumbi conduisent ainsi à une baisse importante du niveau de la nappe phréatique, qui n'est pas suffisamment alimentée[25]. C'est le moment que choisissent les Almoravides pour lancer une offensive qui aboutira à la destruction partielle de Koumbi Saleh en 1076. L'Empire du Ghana, déjà fragilisé, est alors à terre, ce qui permet sa conquête par le royaume de Sosso de Soumaoro Kanté qui doit lui aussi rapidement céder face à Sundjata Keïta, qui l'annexe à l’Empire du Mali en 1240.

Empire du Mali modifier

 
Mansa Moussa (1375), empereur du Mali.

La bataille de Kirina opposa en 1235 l’armée du roi sosso Soumaoro Kanté et l’armée de Soundiata Keïta et ses alliés. Après la chute de l’Empire du Ghana, les Sossos dominaient toute la région après avoir vaincu militairement les petits royaumes. Sundjata Keïta s’allie avec les différents royaumes malinkés réunis à Siby et défie Soumaoro Kanté. La bataille de Kirina survient après plusieurs batailles et voit la victoire de l'armée de Sundjata Keïta. La capitale du royaume de Sosso est rasée. Cette victoire de Sundjata Keïta fait de lui le premier « mansa » (empereur) du Mali reconnu par tous les autres rois alliés. C’est le début de l’Empire du Mali qui dominera l’Afrique de l'Ouest pendant plusieurs siècles. La population est alors répartie en trente clans : seize clans d'hommes libres, quatre clans de griots, cinq clans maraboutiques et cinq clans d'artisans. Pour rassembler ces clans, il instaure le système de parenté à plaisanterie. Il met en place deux gouvernements militaires au Nord à Soura et au Sud à Sankaran. Le nom Mali qui veut dire hippopotame en Mandingue, Bambara et Dioula se réfèrerait à Soundiata Keïta qui est mort noyé dans le Sankarani, vraisemblablement au niveau du lieu-dit Sunjatadun situé à 10 kilomètres en amont de Niani. Selon la légende, après sa mort Soundiata Keïta se serait transformé en hippopotame d'où le nom de Mali.

Empire songhaï modifier

 
Manuscrits traitant de mathématiques et d'astronomiques découverts à Tombouctou.

Ces mêmes Songhai fondèrent leur empire au XVe siècle autour de Gao. Le Tombeau des Askia est édifié par l'empereur du Songhaï Askia Mohamed en 1495. En même temps émergèrent au sud du Soudan de puissantes cités-États dont Ife, Bono et Bénin. Plus à l’est, les Yoruba fondèrent l’État d'Oyo et les Igbo la fédération d’Aro, sur le territoire de l’actuel Nigeria. Askia Daoud meurt en 1582, commence alors une grave crise de succession qui affaiblit considérablement l'empire. Son fils, Askia Mohammed III lui succède mais ne règne que quatre ans, les saadiens profitent de la faiblesse de l'empire pour s'emparer des mines de sel de Teghazza. Son frère, Askia Mohammed IV Bano prend alors le pouvoir mais ne règne que deux ans. C'est dans ce contexte d'instabilité que son autre frère Askia Ishaq II monte sur le trône en 1588.

Chute de Gao (1591) modifier

 
Représentation schématique du déroulement de la bataille de Tondibi.

En octobre 1590, réalisant la faiblesse gouvernementale songhaï, le sultan marocain Ahmed al-Mansur Saadi demande à Yuder Pacha de traverser le Sahara avec une armée en direction de Gao. Le général Yuder Pacha est un eunuque musulman originaire d'Andalousie, réfugié à Marrakech après la Révolte des Alpujarras. Entraîné aux techniques militaires européennes, il est fait général par le Ahmed al-Mansur qui lui confie la direction des opérations militaires contre l'Empire songhaï. Avec une armée de 3000 hommes, il mène en 1591 l'invasion et marche vers Gao. À Tondibi, il fait face à l'armée d'Askia Ishaq II, forte de 40 000 hommes, mais, armés de fusils les Marocains disposent d'un net avantage technique. L'armée songhaï commence par envoyer des zébus en furie vers l’ennemi qui sont suivis par l'infanterie, cette dernière est massacrée par l'artillerie marocaine. La cavalerie saadienne finit par achever la cavalerie songhaï. Cette défaite aboutit à la destruction de Gao, capitale songhai et à la prise de Tombouctou. Askia Ishaq II abdique au profit de l'éphémère Askia Mohammed V Gao, qui tente des négociations de paix mais est capturé et exécuté par les marocains. Ces deux cités deviennent alors le pachalik marocain de Tombouctou et de Gao, une colonie d'exploitation aurifère qui est alors le principal pourvoyeur d'or du makhzen saadien. L'Empire songhaï ne s'en remettra jamais et aucune structure politique indépendante de cette importance ne renaîtra en Afrique de l'Ouest.

Morcellement politique (1591-1885) modifier

 
Morcellement politique de l'Afrique de l'Ouest en 1625, après la destruction de Gao
 
Carte politique de l'Afrique de l'Ouest en 1875, montrant le comptoir de Grand-Bassam, prémisse à la colonie de Côte d'Ivoire.
 
Maures pillant un village nègre (1814) par René Geoffroy de Villeneuve. Planche exécutée d'après les dessins originaux réalisés sur les lieux.

Par la suite, des États plus petits essaimeront à travers une Afrique de l’Ouest affaiblie, dont le royaume bambara de Ségou, le royaume bambara de Kaarta, le royaume peul de Khasso et le royaume du Kénédougou de Sikasso. Aucun de ces états ne parvient à s'adapter réellement à l'évolution économique et commerciale en cours. Les commerçants portugais qui avaient établi les premiers comptoirs le long de la côte en 1445 sont suivis par la France et la Grande-Bretagne. L'intensification du trafic maritime, qui contourne désormais l'Afrique, entraîne le déclin économique des cités intérieures comme Gao, Djenné ou Tombouctou, qui prospéraient jusqu'alors grâce au commerce caravanier transsaharien. La traite atlantique commença peu après et prit fin avec son interdiction par les gouvernements américains et européens au XIXe siècle. La traite orientale continuera jusqu'à la colonisation européenne. La France établit ses «Quatre communes» sur les côtes du Sénégal, puis la Révolution française accorde la citoyenneté Française à l'ensemble des personnes qui naissent sur le territoire de ces communes, les premières sont fondées sur les îles de Saint-Louis et de Gorée. Puis les habitants de Gorée fondent Dakar car leur île ne dispose d'espace suffisant pour accueillir une population croissante. La France acquiert Rufisque des Portugais et applique également le statut de citoyen Français à la population. Ces communes se développent alors selon les standards occidentaux, pleinement intégrés à l'économie mondiale, tandis que les Royaumes côtiers ne parviennent toujours pas à s'adapter à ces grandes évolutions. Des tensions apparaissent alors notamment sur la question du chemin de fer que la France et les citoyens des Quatre communes désirent créer pour relier le pôle Dakar-Rufisque-Gorée à Saint-Louis. Elle débouchent sur une première intervention militaire Française contre le Damel du Cayor Lat Dior. En 1879 ce dernier signe un traité dans lequel il accepte la construction d'un chemin de fer traversant son royaume, mais il le révoque en 1880. Les tensions sont alors de plus en plus fortes et Lat Dior lance alors des attaques afin d'empêcher la construction des installations ferroviaires.

Colonisation et résistance (1885-1914) modifier

 
Régiment d'amazones de l'armée royale du Dahomey.
 
Le Soudan occidental en 1889.

La conférence de Berlin fut l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique. Cette conférence débuta le à Berlin et finit le . À l'initiative de Bismarck, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège et la Turquie ainsi que les États-Unis y participèrent. La conférence de Berlin aboutit donc à édicter les règles officielles de colonisation. Les Britanniques créent la Royal Niger Company en 1886. La France, qui est déjà en conflit avec Lat Dior, utilise comme casus belli la violation du traité de 1879 sur la construction du chemin de fer, elle lance alors une intervention militaire contre l'armée Cayor. Le Damel du Cayor est tué lors de la bataille de Deukhlé le ouvrant la voie à la colonisation Française. En 1891, La France colonise la Guinée, en 1891 c'est colonisation du Soudan français, en 1893 la Côte d’Ivoire, enfin de 1892 à 1893, un conflit entre les colonisateurs français et le souverain du Dahomey amène le Dahomey à devenir également une colonie française avec la reddition de Behanzin en 1894. L'Afrique-Occidentale française (AOF) est créée le par l'union du Sénégal, du Soudan français, de la Guinée et de la Côte d'Ivoire seulement. Après des années de guerre et une intense politique de la terre brûlée, Samory Touré est battu et capturé le par le commandant Gouraud, il meurt en captivité le , des suites d'une pneumonie. En 1919 la colonie de la Haute-Volta nouvellement créée et le territoire sous mandat du Togo sont rattachés à l'AOF. En 1900, le territoire de l'actuel Nigeria est découpé en plusieurs protectorats qui forment la colonie du Nigeria en 1914.

Période coloniale (1914-1957) modifier

En 1914, le processus de colonisation est intégralement achevé et l'ensemble des structures politiques précoloniales ont été renversées puis remplacées par les institutions coloniales. C'est également à cette époque que la Première Guerre mondiale éclate et provoque l'engagement de combattants Ouest-Africains dans le conflit.

Première Guerre mondiale (1914-1918) modifier

 
Soldats du 43e bataillon de tirailleurs sénégalais le .

En 1914, l'assimilationniste Blaise Diagne devient le premier député noir d'Afrique élu à la Chambre des députés française. Les troupes noires sont mises à contribution pendant la Première Guerre mondiale et Blaise Diagne est chargé du recrutement des tirailleurs sénégalais. Le nom de tirailleurs sénégalais est issu des premières implantations françaises en Afrique, les Quatre communes (Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque), il ne désigne pas des Sénégalais dans le sens actuel mais tout combattant africain engagé dans les troupes coloniales de l'AOF. Blaise Diagne sillonne l'AOF afin de convaincre ses habitants qui étaient encore soumis au Code de l'Indigénat de venir se battre en France, en leur promettant de fortes primes, des médailles militaires, un certificat de bien manger, un habillement neuf et surtout la citoyenneté française une fois la guerre finie. Il réussit de la sorte à mobiliser 63 000 soldats en AOF[26]. Les tirailleurs participent notamment avec succès à la bataille Ypres, à Dixmude fin 1914, lors de la prise du Fort de Douaumont en octobre 1916. Ils participent à la bataille du Chemin des Dames en avril 1917 au cours de laquelle ils perdent plus de 7 000 tués sur 16 500 engagés dans la bataille[27], ainsi qu'à la bataille de Reims en 1918[28].

Entre-deux-guerres (1918-1939) modifier

Le recensement de 1921 établit la population de l'Afrique-occidentale française à 12 283 000 habitants[29]. Ces chiffres n'incluent alors pas la population de Togo, territoire sous mandat nouvellement rattaché à l'AOF, qui s’élève à 673 000 habitants[29]. La ligne du chemin de fer du Dakar-Niger atteint Bamako en 1923 et est intégralement achevée en 1924.

Seconde Guerre mondiale (1939-1945) modifier

Après-guerre (1945-1957) modifier

 
L'Afrique de l'Ouest coloniale.

Décolonisation (1957-1975) modifier

L'Afrique-Occidentale française est dissoute après le référendum de septembre 1958 sur la future Communauté française, par lequel les territoires membres votèrent leur transformation en républiques autonomes, à l'exception de la Guinée, qui vota pour l'indépendance. En 1958, le débat sur le fédéralisme divise la classe politique ouest-africaine francophone, plusieurs structures fédérales tentent de se mettre en place, mais toutes échouent. Les fédéralistes Léopold Sédar Senghor et Modibo Keïta seront les artisans de la Fédération du Mali, regroupant les colonies françaises du Sénégal, du Soudan français, de la Haute-Volta (futur Burkina Faso) et du Dahomey (futur Bénin). La fédération est créée en janvier 1959, mais dès le mois de mars, le Dahomey et la Haute-Volta se retirent. Modibo Keïta prend la présidence du gouvernement et Léopold Sédar Senghor celle de l’assemblée fédérale.

En mai 1959, de Gaulle reçoit Modibo Keïta et reconnaît l’indépendance de la Fédération du Mali, qui sera proclamée le . Durant l’été, les dissensions entre Sénégalais et Soudanais sur leurs conceptions politiques entraînent l’éclatement de la Fédération du Mali. Le 20 août 1960, le Sénégal proclame son indépendance. Le 22 septembre, Modibo Keïta proclame l’indépendance du Soudan français qui devient la République du Mali. De leur côté la Côte d'Ivoire, le Niger, la Haute-Volta et le Dahomey forment l'Union Sahel-Bénin, qui dura peu de temps et fut remplacée beaucoup plus modestement par le Conseil de l'Entente. Alors que l'AOF se retrouve éclatée en plusieurs républiques indépendantes, le Nigeria est lui décolonisé d'un seul tenant composé de trois régions autonomes. En 1967, le Nigeria devient une république fédérale composée de 12 États, nombre qui augmentera par la suite.

Pays Nom de la colonie Puissance coloniale Date d'indépendance Premier chef d'état
Libéria Commonwealth du Libéria American Colonization Society (États-Unis) 26 juillet 1847 (proclamation de la république du Liberia)

12 avril 1980 (le True Whig est renversé lors d'un coup d'État)

Joseph Jenkins Roberts, premier président
Samuel Kanyon Doe, premier autochtone au pouvoir.
Ghana Côte-de-l'Or Grande-Bretagne 6 mars 1957 Kwame Nkrumah
Guinée Afrique-Occidentale française France 2 octobre 1958 Sékou Touré
Togo Togoland français France 27 avril 1960 Sylvanus Olympio
Mali Afrique-Occidentale française France 22 septembre 1960 Modibo Keïta
Sénégal Afrique-Occidentale française France 4 avril 1960 Léopold Sédar Senghor
Bénin Afrique-Occidentale française France 1er août 1960 Hubert Maga
Niger Afrique-Occidentale française France 3 août 1960 Hamani Diori
Burkina Faso Afrique-Occidentale française France 5 août 1960 Maurice Yaméogo
Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire France 7 août 1960 Félix Houphouët-Boigny
Nigeria Nigeria Grande-Bretagne 1er octobre 1960 Abubakar Tafawa Balewa
Sierra Leone Sierra Leone Grande-Bretagne 27 avril 1961 Milton Margai
Gambie Gambie Grande-Bretagne 18 février 1965 Dawda Kairaba Jawara
Guinée-Bissau Guinée portugaise Portugal 24 septembre 1973 Luís Cabral
Cap-Vert Cap-Vert Portugal 5 juillet 1975 Aristides Pereira

Intégration ouest-africaine (depuis 1975) modifier

 
Soldats de l'ECOMOG en 1997.

En 1975, l'intégralité de l'Afrique de l'Ouest a accédé à l'indépendance. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO ou CÉDÉAO) est créée le . À la suite des tensions entre les différents pays, la CÉDÉAO a décidé en 1978 d'adopter un Protocole de non agression . Suivi en 1981 par le Protocole d'assistance en matière de défense et une Déclaration des principes politiques en juillet 1991. Mais c'est en 1990 que l'aspect sécuritaire de la CÉDÉAO a été appliqué concrètement. Lors de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement, il fut décidé de mettre en place un groupe surveillant l'application d'un cessez-le-feu, l’ECOMOG (pour Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group). Ce groupe de supervision est vite devenu une force d'interposition et est intervenu notamment dans les guerres civiles du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée-Bissau. En 1999, à la suite des différentes guerres civiles, les États membres décidèrent la création d’une force de sécurité en attente. Cette force conserve son appellation d’origine (l’ECOMOG) et ses principales tâches seront entre autres l’observation et la supervision des cessez-le-feu, le maintien de la paix, l’intervention humanitaire, le déploiement préventif, la construction de la paix, le désarmement et la démobilisation.

Des difficultés dans la gestion des affaires commune marque la politique ouest-africaine depuis le début des années 2000. La CÉDÉAO ne parvient pas à mettre un terme aux violences en Guinée faisant suite à la mort de Lansana Conté. Le , la CÉDÉAO envoie une proposition au CNDD visant à envoyer des forces d'intervention en Guinée mais ce dernier la refuse[30]. Les États ouest-africains sont également incapables de trouver une solution à la situation en Côte d'Ivoire. Le , l'organisation suspend la Côte d'Ivoire de l'ensemble de ses travaux[31] à la suite du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara déclaré président élu par la Commission électorale indépendante lors de l'Élection présidentielle ivoirienne et reconnu comme vainqueur par la communauté internationale (reconnu par la plupart des États), l'ONU et l'Union africaine. Cette incapacité à agir est à nouveau mise sur le devant de la scène lorsqu'en 2012 différents groupes armés prennent le contrôle du Nord du Mali qui est contraint de demander l'intervention militaire de la France face à l'inaction de la CÉDÉAO.

L'introduction de la nouvelle monnaie commune de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), l'eco pose également des difficultés. À l’origine prévue pour décembre 2009, elle a été reportée à janvier 2015[32], puis la feuille de route a à nouveau été révisée en annonçant pour 2020 le remplacement complet des monnaies locales des pays participants. Elle devrait à terme regrouper les pays de la zone Franc CFA (UEMOA) ainsi que les pays de la Zone monétaire ouest-africaine (ZMOA) : le Ghana, le Nigeria, la Guinée, la Gambie et la Sierra Leone. Le Libéria a également manifesté son intérêt.

  1. Chimène Assi-Kaudjhisi, Bruno Zéli Digbehi, Émile Roche et Anne-Marie Lezine, « Synthèse sur l'évolution des paléoenvironnements de l'Afrique occidentale atlantique depuis la fin de la dernière période glaciaires. Influences climatiques et anthropiques », Eco-Geo-Trop, vol. 34, no 1,‎ , p. 1-28 (lire en ligne)
  2. Histoire de la recherche agricole en Afrique tropicale francophone - Volume 1 : Aux sources de l'agriculture africaine : de la Préhistoire au Moyen Âge - page 22
  3. Histoire de la recherche agricole en Afrique tropicale francophone - Volume 1 : Aux sources de l'agriculture africaine : de la Préhistoire au Moyen Âge - page 28
  4. Histoire de la recherche agricole en Afrique tropicale francophone - Volume 1 : Aux sources de l'agriculture africaine : De la Préhistoire au Moyen Âge - page 22-23
  5. Histoire de la recherche agricole en Afrique tropicale francophone - Volume 1 : Aux sources de l'agriculture africaine : de la Préhistoire au Moyen Âge - page 28-29
  6. L'aridification du Sahara se serait faite progressivement - Site du Commissariat à l’énergie atomique (CEA)- 13 mai 2008 - Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (INSU-CNRS/CEA/Université de Versailles Saint-Quentin) et l’Institut International de paléoprimatologie, paléontologie humaine, évolution et paléoenvironnements (CNRS, Université de Poitiers)
  7. Recherches archéologiques à Dia dans le Delta intérieur du Niger (Mali) : bilan des saisons de fouilles 1998-2003 - R. Bedaux, J. Polet, K. Sanogo & A. Schmidt (éds) - page 186
  8. Histoire de la recherche agricole en Afrique tropicale francophone - Volume 1 : Aux sources de l'agriculture africaine : De la Préhistoire au Moyen Âge - page 26
  9. a et b Grain de riz, grain de vie - Par Michelle Jeanguyot et Nour Ahmadi - Éditions Quae, 2002 - (ISBN 2-914330-33-2) - page 39
  10. Site officiel de l'Organisation des Nations unies - Chroniques ONU - Christopher Ehret - Vers le troisième millénaire av. J.-C., les populations proto-mandé ont amélioré leur production agricole de manière significative en domestiquant le riz africain, qui pousse dans l'environnement humide du delta intérieur. Cet avantage économique a permis à la société proto-mandé de se développer et de s'étendre. Après 2000 av. J.-C., la société s'est divisée en plusieurs sociétés sœurs alors que les descendants ont immigré en masse vers le sud, apportant la culture du riz dans de nombreuses régions. Dans l'arrière-pays de la côte de Guinée, les villageois qui ne faisaient pas partie du groupe mandé ont adopté le riz que cultivaient leurs voisins mandé.
  11. Histoire de la recherche agricole en Afrique tropicale francophone - Volume 1 : Aux sources de l'agriculture africaine : de la Préhistoire au Moyen Âge - pages 30-31
  12. Recherches archéologiques à Dia dans le Delta intérieur du Niger (Mali) : bilan des saisons de fouilles 1998-2003 - R. Bedaux, J. Polet, K. Sanogo & A. Schmidt (éds) - page 257 - Dans les couches les plus anciennes de l’Horizon I (à partir de 800 av. J.-C.) on trouve déjà des fragments de scories, notamment dans les Sondages A, C, D et F, indiquant que le fer a été travaillé sur place.
  13. Recherches archéologiques à Dia dans le Delta intérieur du Niger (Mali) : bilan des saisons de fouilles 1998-2003 - R. Bedaux, J. Polet, K. Sanogo & A. Schmidt (éds) - page 454 - A Dia-Shoma, une continuité des traditions a été mise en évidence de 800 av. J.-C. à 1900 apr. J.-C., traditions qui ont, semble-t-il, leurs racines dans les régions situées au Nord et au Nord-Ouest du site. La culture matérielle de Dia-Mara semble, elle, être plus liée à celle du Delta et on y trouve plus de signes d’un commerce régional.
  14. Recherches archéologiques à Dia dans le Delta intérieur du Niger (Mali) : bilan des saisons de fouilles 1998-2003 - R. Bedaux, J. Polet, K. Sanogo & A. Schmidt (éds) - page 8 - En 1977 et 1981, R. et S. McIntosh effectuent d’importants travaux sur le site de Dia et Djenné-Djeno (Djenné Ancien) qui révèlent une vieille cité dont la fondation remonte à 250 av. J.-C. et dont l’apogée se situe entre le VIIIe siècle et le Xe siècle apr. J.-C. (R. McIntosh 1998 ; McIntosh & McIntosh 1979, 1980, 1983a, 1983b et 1991 ; S. McIntosh 1995).
  15. Bernard Nantet, Histoire du Sahara et des Sahariens : Des origines à la fin des grands empires africains, Ibis Press, 2008 - page 88
  16. Site de l'UNESCO - Site archéologique de Kumbi Saleh - Description
  17. Le tombeau des Askia Gao/Mali - Patrimoine mondial CRATerre Éditions - page 6
  18. Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) - HISTOIRE GENERALE DE L’AFRIQUE III. L’Afrique du VIIe au XIe siècle - page 157 - Al-Bakrī, qui fournit le plus d’informations sur le Ghana aux Ve et XIe siècles, ne laisse subsister aucun doute sur ce point : Ghana est gouverné par un roi noir qui est adepte de la religion traditionnelle africaine
  19. Villages de l’ancien Tekrour Par Bruno A. Chavane - page 38 Comparaison entre le Wagadou et le Tekrour - L'usage et les règlements exigent que le roi ait pour successeur le fils de sa sœur
  20. Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) - HISTOIRE GENERALE DE L’AFRIQUE III. L’Afrique du VIIe au XIe siècle - page 160
  21. Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) - HISTOIRE GENERALE DE L’AFRIQUE III. L’Afrique du VIIe au XIe siècle - page 159 et 160
  22. Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) - HISTOIRE GENERALE DE L’AFRIQUE III. L’Afrique du VIIe au XIe siècle - page 160 - 'Quant au roi de Kāw-Kāw (Gao), al-Bakrī rapporte que son repas est entouré d’un rituel particulier : danse des femmes au son du tambour, suspension de toute affaire en ville pendant le repas du roi et annonce publique, par des clameurs et des cris, de la fin du repas royal.'
  23. Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) - HISTOIRE GENERALE DE L’AFRIQUE III. L’Afrique du VIIe au XIe siècle - page 160 - Un accroissement de leurs prétentions et un renforcement du pouvoir lamtūna à Awdāghust pouvait constituer une menace pour l’État de Ghana parvenu à son apogée aux IVe/Xe et Ve/XIe siècles[pas clair] ; ainsi s’explique l’installation d’un gouverneur soninke qui devait désormais contrôler le pouvoir des Lamtūna. L’encadrement soninke semble avoir rempli sa mission très efficacement puisque les Noirs garderont le contrôle de la situation à Awdāghust jusqu’à sa destruction, en 446/1055, par les Almoravides, qui supportaient difficilement son alliance avec Ghana.
  24. Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) - HISTOIRE GENERALE DE L’AFRIQUE III. L’Afrique du VIIe au XIe siècle - page 154
  25. Histoire de la recherche agricole en Afrique tropicale francophone - Volume 1 : Aux sources de l'agriculture africaine : de la Préhistoire au Moyen Âge - page 49
  26. Les soldats des colonies dans la Première Guerre mondiale de Chantal Antier Renaud Éditions France Ouest en février 2008 P. 38 (ISBN 978-2-7373-4283-7)
  27. Jean-Yves Le Naour, Dictionnaire de la Grande Guerre, Larousse, 2008, p.70,170
  28. Marc Michel, Les Africains et la grande guerre: l'appel à l'Afrique, 1914-1918, Karthala, 2003,p.237
  29. a et b M.Fallex et A.Mairey, La France et ses colonies (classe de première), Delagrave, 1926.
  30. http://www.google.com/hostednews/ap/article/ALeqM5iAVjutFiNxMjNLZd6fFZMANVHAXgD9CJ1TUG0
  31. Article du « Point » du 7 décembre 2010
  32. http://www.ngrguardiannews.com/focus_record/article01/indexn2_html?pdate=150609&ptitle=Waiting%20for%20West%20African%20common%20currency