Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Ponce Pilate

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L'article en cours d'écriture: Ponce Pilate

Les sources modifier

Sur le rassemblement armé des Samaritains...

La vitesse de la réaction de Vitellius suggére qu'il était déjà (aware: conscient ou informé) de problèmes soulevés par l'administration de Pilate et qu'il n'attendait qu'une occasion pour agir. p. 171 Il a envoyé un membre de son équipe (Marcellus)

Toutefois, le voyage a pris 3 mois (hiver) et il est arrivé juste après que Tibére soit mort. (

Josèphe ne donne aucune indication pour expliquer la raison pour laquelle il remplace le Grd-prêtre qu'il vient de nommer (173) + contraste Vitellius Pilate

Venues de Vitellius en Judée modifier

Pour Smallwood, « Peu après le départ honteux de Pilate », Vitellius vient à Jérusalem pour« pour s'assurer que tout est paisible sous le gouverneur intérimaire et prendre des mesures pour apaiser les Juifs après leur récentes malheureuses expériences ». La population lui demande d'obtenir la garde des vêtements du grand-prêtre. Il écrit à Tibère pour obtenir son aval. (172)

Il reçoit la réponse positive de Tibère en avril (172) Environ 3 mois plus tard, Il vient accompagné des deux légions au moment de la Pâque 37, fort du retour de Tibère, il donne la garde des vêtements du grand-prêtre aux autorités juives. (172-173) !!!!

Flavius Josèphe modifier

« C'est à Rome, alors qu'il fait partie de la « famille » des Flaviens, que Flavius Josèphe écrit son œuvre littéraire[1]. » Il demeure dans cette ville jusqu'à sa mort sous la protection de la famille impériale dont il est pensionné permanent, installé dans une maison propriété des empereurs[2], y menant une existence de courtisan lettré tout en écrivant ses livres[3],[2].

« Ces circonstances rendent suspecte, même a priori, la présentation que Josèphe nous propose de faits auxquels il a été si étroitement mêlé[2] » Historien officiel des Flaviens, la crédibilité de Flavius Josèphe a souvent été mise en cause. Ses travaux sont souvent considérés comme de la propagande romaine ou déconsidérés comme une apologie de ses propres actions visant à réhabiliter sa réputation[4],[2]. Selon Marcel Simon, « son récit abonde en contradictions, en ambiguïtés, voire, dans la mesure où nous sommes en mesure de l'établir, en erreurs »[2]. « Publié avec l'imprimatur et sur l'ordre de Titus, la Guerre des Juifs est un écrit de propagande officielle, qui magnifie, sans le moindre mot de critique, la puissance romaine et qu'anime une aversion foncière pour le nationalisme exaspéré des Zélotes, rendus responsables[2] » de la défaite des Juifs et de la destruction du Temple de Jérusalem. Après les morts de Domitien (96) et d'Agrippa II, Juste de Tibériade a publié un livre qui visiblement contestait fortement les affirmations de Josèphe sur bien des points[5].

Philon d'Alexandrie modifier

Les évangiles modifier

Les Pères de l'Église modifier

Identité modifier

Son nomen modifier

Une mention au début de l'Évangile selon Luc[P 1], un passage des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe[P 2] et une courte phrase de Tacite dans les Annales[Note 1] sont les trois seuls textes qui permettent de savoir que le surnommé « Pilate » s'appelait « Pontius ». L'inscription retrouvée à Césarée en 1961 ne comporte quant à elle que les dernières lettres du nom[6]. Son nomen renvoie à la gens à laquelle il appartient, peut-être[7] le clan samnite assez connu des Pontii[8]. Cette tribu sabellienne belliqueuse occupant un vaste territoire montagneux des Abruzzes a notamment pour ancêtre Caius Pontius qui s'est illustré lors des guerres samnites[9].

Son cognomen modifier

Son cognomen « pilatus » a fait imaginer de manière fantaisiste qu'il avait eu un affranchi parmi ses ancêtres, le mot pilatus , « coiffé du bonnet rouge », s'applique en effet, aux esclaves romains affranchis[10]. Il fait référence avec plus de vraisemblance[Note 2] à une charge honorifique (« l'homme au javelot » ou « titulaire d'un javelot d'honneur », d'un pilum, arme emblématique du légionnaire romain) et suggère que ce titre « a pu être attribué au gouverneur de Judée en raison de ses exploits militaires » mais cela reste hypothétique[11].

Des auteurs comme Pierre Comestor ou Pineda ont recueilli des traditions incertaines pour faire naître Pilate à Lugdunum (aujourd'hui Lyon) ou à Séville[12] (où une tradition populaire fait de la Casa de Pilatos une copie de son prétoire romain). Selon l'Évangile apocryphe de Nicodème, il aurait épousé avec l'assentiment de Tibère, une noble romaine connue sous le nom de Claudia Procula et identifiée, sans beaucoup de vraisemblance, à la petite-fille de l'empereur Auguste[13]. Les spéculations fantaisistes sur l'origine de cette femme que l'on suppose avoir appartenu à cette grande famille aristocratique, ont permis d'expliquer l'ascension sociale de son époux probablement issu de la bourgeoisie puisque la comparaison avec les carrières d'autres chevaliers (notables bourgeois faisant partie des equites illustriores) permet de penser qu'il a exercé une activité d'ordre militaire avant d'être nommé préfet de Judée[14].

Procurateur ou préfet modifier

 
L'inscription de Césarée maritime sur laquelle figure partiellement le nom : [Pont]ius Pilatus (2e ligne)

Depuis la fin du XXe siècle, l'historiographie s'accorde pour dire que le titre officiel de Ponce Pilate, comme pour les autres titulaires de la charge jusqu'au règne de l'empereur Claude (41 - 54), était Praefectus, un grade militaire. Or, pendant des siècles, le titre attribué à Ponce Pilate a été celui de procurateur qui a pu sembler « inséparable de son nom »[15] : en effet, tant Philon que le second prologue de l'évangile attribué à Luc qualifient Ponce Pilate d’épitropos (en grec, ἐπίτροπος), ce qui correspond au titre latin de procurator que l'on trouve chez Tacite[P 3]. Dans les autres passages, les rédacteurs des évangiles mais aussi Flavius Josèphe utilisent quelquefois le terme grec sans connotation officielle d’hegemon qui désigne — « celui qui dirige » — correspondant au latin praeses[15].

Toutefois, la découverte en 1961 à Césarée d'une inscription attestant de la construction d'un sanctuaire dédié à l'empereur Tibère (le Tiberieum), à l'initiative d'un [Pon]tius Pilatus dont la titulature apparaît partiellement comme [prae]fectus Iudaeae, a montré que Pilate ne portait pas ce titre de « procurateur », qui ne s'impose que plus tardivement en Judée[15]. Ainsi, le praefectus qui gouverne la Judée a la charge des fonctions administratives, militaires et juridiques — tant sur le plan civil que criminel — mais il s'occupe également de la levée des impôts ce qui fait de lui un « procurateur » (en latin, procurator) chargé des intérêts de l'empereur et il semble que ce soit la dénomination qui soit restée à partir de l'époque de Claude[15] « correspond[ant] à une évolution historique des gouverneurs de rang équestre »[16].

Nomination modifier

 
La Palestine au Ier siècle av. J.-C.

Ponce Pilate est nommé préfet en 26 sous le règne de l'empereur Tibère (14-37), sans qu'on en connaisse les motivations. Il prend la tête d'une province impériale d'un type particulier, généralement confiée à des membres de l'ordre équestre dont les gouverneurs ne reçoivent pas de l’empereur l’imperium proconsulaire comme cela se fait pour des provinces impériales plus importantes ou pour les provinces sénatoriales[17]. Certains chercheurs[18] estiment que la Judée n'avait peut-être pas d'autonomie propre, constituant plutôt un district de la province de Syrie — dont le gouverneur est le seul à posséder l’imperium complet — sous l'autorité d'un légat chargé du commandement des troupes, de la justice et des impôts[17].

Succédant à Valerius Gratus — resté onze ans en fonction — Ponce Pilate est le cinquième des gouvernants romains qui se succèdent en Judée entre 6 et 36, tous issus de l'ordre équestre. Il est néanmoins le seul parmi eux dont la notoriété a traversé les siècles, notamment à travers les attestations de son contemporain Philon d'Alexandrie[P 4] mais surtout des évangiles chrétiens et des écrits de l'historien judéo-romain Flavius Josèphe[P 5]. Il existe également une attestation archéologique découverte en 1961 à Césarée[19], la ville dont ces dirigeants romains avaient fait le siège de leur administration au détriment de Jérusalem, probablement pour le luxe des palais hérodiens et les divertissements offerts par cette cité[15]. En qualité de Préfet, Ponce Pilate gouvernait donc une province où étaient stationnées des forces militaires[20].

Fonction modifier

Le poste qu'occupe Ponce Pilate, dans une région aux troubles et à l'insécurité permanents, est ingrat et redouté en même temps qu'il est sans prestige. Nombre de ses titulaires ne s'y maintiendront que très peu de temps mais certains, comme Pilate lui-même et son prédécesseur Valérius Gratus, restent plus de dix ans, jouant des antagonismes ethniques et opposant les forces autochtones[21], même si la politique romaine s'appuie sur les institutions préexistantes et les élites locales pour les faire fonctionner[22].

L'officier romain chargé du gouvernement de la Judée dirige son administration ainsi que les troupes auxiliaires cantonnées dans sa juridiction qu'il peut, en cas de nécessité, voir augmentées par un appoint de troupes de la province de Syrie. Il détient l'autorité juridique suprême[23], même s'il reste une certaine autonomie aux autorités juives en matière de droit civil et de droit pénal[24]. Il est également habilité à frapper monnaie — généralement de pièces de bronze qui suivent le comput officiel de l'empire — et à collecter les impôts[23].

Contexte modifier

Au Ier siècle de l'ère commune, la Palestine se trouve dans une situation politique complexe : depuis l'an 6 de notre ère et la déposition du souverain hérodien Hérode Archélaüs par Auguste, la Judée est passée sous administration romaine avec le rang de province « équestre », dépendant de l'empereur mais sous responsabilité directe du légat de Syrie. En dehors de la Judée, de l'Idumée et de la Samarie, la Palestine est dirigée par la dynastie hérodienne qui est néanmoins soumise au pouvoir romain[25]. De manière générale, pour une région qui change régulièrement de statut, la Palestine est, depuis le Ier siècle av. J.-C. et tout au long du Ier siècle, le théâtre d'agitations et de nombreux soulèvements motivés par différents facteurs — recherche d'amélioration des conditions sociales ou fiscales — sur fond d'attente eschatologique d'ordre prophétique qui poussent certains des habitants à une certaine radicalité à l'encontre des autorités romaines[26].

Les soulèvements populaires auxquelles succèdent des provocations romaines, parfois inconscientes, maintiennent ainsi un climat souvent insurrectionnel qu'il convient cependant de relativiser : sous l'administration de Pilate et de son prédécesseur, la province paraît bénéficier d'une relative prospérité ainsi que semblent en témoigner la longueur de leurs administrations successives — s'étalant chacune sur plus de dix ans — ainsi que le règne des tétrarques Philippe (-4 à 34) et Hérode Antipas (-4 à 39)[25].

Titulature modifier

 
L'inscription de Césarée maritime sur laquelle figure partiellement le nom : [Pont]ius Pilatus (2e ligne)

Depuis la fin du XXe siècle, l'historiographie s'accorde pour dire que le titre officiel de Ponce Pilate, comme pour les autres titulaires de la charge jusqu'au règne de l'empereur Claude (41 - 54), était Praefectus, un grade militaire. Or, pendant des siècles, le titre attribué à Ponce Pilate a été celui de procurateur qui a pu sembler « inséparable de son nom »[15] : en effet, tant Philon que le second prologue de l'évangile attribué à Luc qualifient Ponce Pilate d’épitropos (en grec, ἐπίτροπος), ce qui correspond au titre latin de procurator que l'on trouve chez Tacite[P 6]. Dans les autres passages, les rédacteurs des évangiles mais aussi Flavius Josèphe utilisent quelquefois le terme grec sans connotation officielle d’hegemon qui désigne — « celui qui dirige » — correspondant au latin praeses[15].

Toutefois, la découverte en 1961 à Césarée d'une inscription attestant de la construction d'un sanctuaire dédié à l'empereur Tibère (le Tiberieum), à l'initiative d'un [Pon]tius Pilatus dont la titulature apparaît partiellement comme [prae]fectus Iudaeae, a montré que Pilate ne portait pas ce titre de « procurateur », qui ne s'impose que plus tardivement en Judée[15]. Ainsi, le praefectus qui gouverne la Judée a la charge des fonctions administratives, militaires et juridiques — tant sur le plan civil que criminel — mais il s'occupe également de la levée des impôts ce qui fait de lui un « procurateur » (en latin, procurator) chargé des intérêts de l'empereur et il semble que ce soit la dénomination qui soit restée à partir de l'époque de Claude[15] « correspond[ant] à une évolution historique des gouverneurs de rang équestre »[27].

Contexte modifier

Au Ier siècle de l'ère commune, la Palestine se trouve dans une situation politique complexe : depuis l'an 6 de notre ère et la déposition du souverain hérodien Hérode Archélaüs par Auguste, la Judée est passée sous administration romaine avec le rang de province « équestre », dépendant de l'empereur mais sous responsabilité directe du légat de Syrie. En dehors de la Judée, de l'Idumée et de la Samarie, la Palestine est dirigée par la dynastie hérodienne qui est néanmoins soumise au pouvoir romain[25]. De manière générale, pour une région qui change régulièrement de statut, la Palestine est, depuis le Ier siècle av. J.-C. et tout au long du Ier siècle, le théâtre d'agitations et de nombreux soulèvements motivés par différents facteurs — recherche d'amélioration des conditions sociales ou fiscales — sur fond d'attente eschatologique d'ordre prophétique qui poussent certains des habitants à une certaine radicalité à l'encontre des autorités romaines[28].

Les soulèvements populaires auxquelles succèdent des provocations romaines, parfois inconscientes, maintiennent ainsi un climat souvent insurrectionnel qu'il convient cependant de relativiser : sous l'administration de Pilate et de son prédécesseur, la province paraît bénéficier d'une relative prospérité ainsi que semblent en témoigner la longueur de leurs administrations successives — s'étalant chacune sur plus de dix ans — ainsi que le règne des tétrarques Philippe (-4 à 34) et Hérode Antipas (-4 à 39)[25].


Origines de Ponce Pilate modifier

Si le praenomen de Pilate est inconnu (plusieurs prénoms ont été proposés, Lucius ou Marcus en se basant sur l'interprétation épigraphique de l'inscription de Pilate)[29], ses nomen et cognomen offrent la possibilité d'émettre des hypothèses sur ses origines[Note 3].

Une mention au début de l'Évangile selon Luc[P 1], un passage des Antiquités judaïques de Flavius Josèphe[P 7] et une courte phrase de Tacite dans les Annales[Note 4] sont les trois seuls textes qui permettent de savoir que le surnommé « Pilate » s'appelait « Pontius ». L'inscription retrouvée à Césarée en 1961 ne comporte quant à elle que les dernières lettres du nom[6]. Son nomen renvoie à la gens à laquelle il appartient, peut-être[30] le clan samnite assez connu des Pontii[31]. Cette tribu sabellienne belliqueuse occupant un vaste territoire montagneux des Abruzzes a notamment pour ancêtre Caius Pontius qui s'est illustré lors des guerres samnites[32].

Son cognomen « pilatus » a fait imaginer de manière fantaisiste qu'il avait eu un affranchi parmi ses ancêtres, le mot pilatus , « coiffé du bonnet rouge », s'applique en effet, aux esclaves romains affranchis[33]. Il fait référence avec plus de vraisemblance[Note 5] à une charge honorifique (« l'homme au javelot » ou « titulaire d'un javelot d'honneur », d'un pilum, arme emblématique du légionnaire romain) et suggère que ce titre « a pu être attribué au gouverneur de Judée en raison de ses exploits militaires » mais cela reste hypothétique[34].

Des auteurs comme Pierre Comestor ou Pineda ont recueilli des traditions incertaines pour faire naître Pilate à Lugdunum (aujourd'hui Lyon) ou à Séville[35] (où une tradition populaire fait de la Casa de Pilatos une copie de son prétoire romain). Selon l'Évangile apocryphe de Nicodème, il aurait épousé avec l'assentiment de Tibère, une noble romaine connue sous le nom de Claudia Procula et identifiée, sans beaucoup de vraisemblance, à la petite-fille de l'empereur Auguste[36]. Les spéculations fantaisistes sur l'origine de cette femme que l'on suppose avoir appartenu à cette grande famille aristocratique, ont permis d'expliquer l'ascension sociale de son époux probablement issu de la bourgeoisie puisque la comparaison avec les carrières d'autres chevaliers (notables bourgeois faisant partie des equites illustriores) permet de penser qu'il a exercé une activité d'ordre militaire avant d'être nommé préfet de Judée[37].

Nomination modifier

 
La Palestine au Ier siècle av. J.-C.

Ponce Pilate est nommé préfet en 26 sous le règne de l'empereur Tibère (14-37), sans qu'on en connaisse les motivations. Il prend la tête d'une province impériale d'un type particulier, généralement confiée à des membres de l'ordre équestre dont les gouverneurs ne reçoivent pas de l’empereur l’imperium proconsulaire comme cela se fait pour des provinces impériales plus importantes ou pour les provinces sénatoriales[17]. Certains chercheurs[38] estiment que la Judée n'avait peut-être pas d'autonomie propre, constituant plutôt un district de la province de Syrie — dont le gouverneur est le seul à posséder l’imperium complet — sous l'autorité d'un légat chargé du commandement des troupes, de la justice et des impôts[17].

Succédant à Valerius Gratus — resté onze ans en fonction — Ponce Pilate est le cinquième des gouvernants romains qui se succèdent en Judée entre 6 et 36, tous issus de l'ordre équestre. Il est néanmoins le seul parmi eux dont la notoriété a traversé les siècles, notamment à travers les attestations de son contemporain Philon d'Alexandrie[P 8] mais surtout des évangiles chrétiens et des écrits de l'historien judéo-romain Flavius Josèphe[P 9]. Il existe également une attestation archéologique découverte en 1961 à Césarée[39], la ville dont ces dirigeants romains avaient fait le siège de leur administration au détriment de Jérusalem, probablement pour le luxe des palais hérodiens et les divertissements offerts par cette cité[15]. En qualité de Préfet, Ponce Pilate gouvernait donc une province où étaient stationnées des forces militaires[40].

Fonction modifier

Le poste qu'occupe Ponce Pilate, dans une région aux troubles et à l'insécurité permanents, est ingrat et redouté en même temps qu'il est sans prestige. Nombre de ses titulaires ne s'y maintiendront que très peu de temps mais certains, comme Pilate lui-même et son prédécesseur Valérius Gratus, restent plus de dix ans, jouant des antagonismes ethniques et opposant les forces autochtones[41], même si la politique romaine s'appuie sur les institutions préexistantes et les élites locales pour les faire fonctionner[42].

L'officier romain chargé du gouvernement de la Judée dirige son administration ainsi que les troupes auxiliaires cantonnées dans sa juridiction qu'il peut, en cas de nécessité, voir augmentées par un appoint de troupes de la province de Syrie. Il détient l'autorité juridique suprême[23], même s'il reste une certaine autonomie aux autorités juives en matière de droit civil et de droit pénal[43]. Il est également habilité à frapper monnaie — généralement de pièces de bronze qui suivent le comput officiel de l'empire — et à collecter les impôts[23].

Titulature modifier

 
L'inscription de Césarée maritime sur laquelle figure partiellement le nom : [Pont]ius Pilatus (2e ligne)

Depuis la fin du XXe siècle, l'historiographie s'accorde pour dire que le titre officiel de Ponce Pilate, comme pour les autres titulaires de la charge jusqu'au règne de l'empereur Claude (41 - 54), était Praefectus, un grade militaire. Or, pendant des siècles, le titre attribué à Ponce Pilate a été celui de procurateur qui a pu sembler « inséparable de son nom »[15] : en effet, tant Philon que le second prologue de l'évangile attribué à Luc qualifient Ponce Pilate d’épitropos (en grec, ἐπίτροπος), ce qui correspond au titre latin de procurator que l'on trouve chez Tacite[P 10]. Dans les autres passages, les rédacteurs des évangiles mais aussi Flavius Josèphe utilisent quelquefois le terme grec sans connotation officielle d’hegemon qui désigne — « celui qui dirige » — correspondant au latin praeses[15].

Toutefois, la découverte en 1961 à Césarée d'une inscription attestant de la construction d'un sanctuaire dédié à l'empereur Tibère (le Tiberieum), à l'initiative d'un [Pon]tius Pilatus dont la titulature apparaît partiellement comme [prae]fectus Iudaeae, a montré que Pilate ne portait pas ce titre de « procurateur », qui ne s'impose que plus tardivement en Judée[15]. Ainsi, le praefectus qui gouverne la Judée a la charge des fonctions administratives, militaires et juridiques — tant sur le plan civil que criminel — mais il s'occupe également de la levée des impôts ce qui fait de lui un « procurateur » (en latin, procurator) chargé des intérêts de l'empereur et il semble que ce soit la dénomination qui soit restée à partir de l'époque de Claude[15] « correspond[ant] à une évolution historique des gouverneurs de rang équestre »[44].

Contexte modifier

Au Ier siècle de l'ère commune, la Palestine se trouve dans une situation politique complexe : depuis l'an 6 de notre ère et la déposition du souverain hérodien Hérode Archélaüs par Auguste, la Judée est passée sous administration romaine avec le rang de province « équestre », dépendant de l'empereur mais sous responsabilité directe du légat de Syrie. En dehors de la Judée, de l'Idumée et de la Samarie, la Palestine est dirigée par la dynastie hérodienne qui est néanmoins soumise au pouvoir romain[25]. De manière générale, pour une région qui change régulièrement de statut, la Palestine est, depuis le Ier siècle av. J.-C. et tout au long du Ier siècle, le théâtre d'agitations et de nombreux soulèvements motivés par différents facteurs — recherche d'amélioration des conditions sociales ou fiscales — sur fond d'attente eschatologique d'ordre prophétique qui poussent certains des habitants à une certaine radicalité à l'encontre des autorités romaines[45].

Les soulèvements populaires auxquelles succèdent des provocations romaines, parfois inconscientes, maintiennent ainsi un climat souvent insurrectionnel qu'il convient cependant de relativiser : sous l'administration de Pilate et de son prédécesseur, la province paraît bénéficier d'une relative prospérité ainsi que semblent en témoigner la longueur de leurs administrations successives — s'étalant chacune sur plus de dix ans — ainsi que le règne des tétrarques Philippe (-4 à 34) et Hérode Antipas (-4 à 39)[25].

Préfecture modifier

Bien qu'ils divergent sur d'autres points, les textes de Flavius Josèphe et de Philon d'Alexandrie s'entendent pour rapporter l'image détestable que Ponce Pilate laisse auprès des Juifs, même bien au-delà de la Judée[46]. Ainsi, dans Légation à Caïus, Philon d'Alexandrie raconte un épisode où les autorités juives menacent d'envoyer une supplique à l'empereur Tibère, ce qui ne fait qu'accroître la colère de Pilate, car « il craignait que, si on envoyait des députés on ne vînt à découvrir les autres méfaits de son gouvernement, ses vexations, ses rapines, ses injustices, ses outrages, les citoyens qu'il avait fait périr sans jugement, enfin son insupportable cruauté[P 11]. » Maints commentateurs actuels soulignent que ce portrait hostile reflète une opinion préconçue qui sert rétrospectivement à justifier le remplacement des procurateurs romains par Hérode Agrippa Ier. Si les sources néotestamentaires dressent de leur côté un portrait moins hostile du préfet, elles ne le présentent pas pour autant comme un modèle de la justice romaine[47].

Ainsi il convient de tempérer la façon qu'ont ces sources apologétiques voire théologiques chrétiennes ou juives — parfois influencées par leur particularisme communautaire — de noircir l'image d'un fonctionnaire sur lequel l'historiographie actuelle pose un regard plus nuancé : Pilate ne semble pas outrepasser ses prérogatives et semble avant tout soucieux de préserver l'ordre et les intérêts de Rome[48],[49]. Si le pouvoir de Ponce Pilate repose sur la puissance militaire de l'empire qu'à l'instar de tout gouverneur romain il n'hésite pas à déployer de temps en temps avec une « insensibilité dévastatrice », il faut noter que la présence romaine ne se fait habituellement sentir que lors de la levée des impôts, de la construction des routes et par une présence policière minimale, essentiellement cantonnée au palais d'Hérode et à la forteresse Antonia[50].

Durant les onze années de la préfecture de Pilate, on peut relever une série de six incidents entraînant des protestations plus ou moins graves dont l'histoire a conservé la trace : dès 26, l'année de son arrivée, un incident concernant des images figurant l'empereur sur des enseignes romaines ; un incident consécutif à la construction d'un aqueduc financé avec le trésor du Temple ; un incident concernant des pièces frappées avec un symbole cultuel païen ; un épisode concernant les sacrifices sanglants galiléens ; une affaire anodine de consécration de boucliers dorés à Jérusalem prise pour un outrage ; et encore en 36, l'affaire mettant en scène un prophète samaritain se proclamant « Nouveau Moïse ». On peut y ajouter les arrestations et exécutions de Jean le Baptiste et de Jésus de Nazareth, voire l’arrestation du populaire Jésus Bar Abbas[51].


Dernières années modifier

Éventuel rapport de Pilate à Tibère modifier

Le rapport que Ponce Pilate aurait écrit à Tibère sur les événements de Judée ayant pour principal sujet l'activité de Jésus dont parle Tertullien (Apologétique)[52] est aussi mentionné par Moïse de Khorène. Jérôme de Stridon le mentionne aussi dans sa Chronicon hieronymus (en)[53] (c. 380), ainsi que la Chronicon Paschale[53], dont l'auteur byzantin utilise principalement comme sources: Julius Africanus (IIIe siècle) ; les Fastes consulaires ; l’Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée ; la Chronique de Jean Malalas ; les Acta Martyrum ; le Traité des Poids et Mesures d'Épiphane de Salamine (IVe siècle).

Eusèbe de Césarée (début du IVe siècle) mentionne également un « rapport » de Pilate à Tibère. Pour Eusèbe, Pilate « se fait le simple écho de ce qui s'est passé et se dit dans la province dont il a la charge[54] » À la suite de ce rapport, Tibère aurait soumis au Sénat les faits qui révélait la divinité du Christ[55] en donnant son avis favorable pour que Jésus entre au Panthéon[52]. On trouve aussi la même affirmation dans plusieurs textes d'origine syro-édéssienne regroupées sous le nom de « Légende d'Abgar ».

Edoardo Volterra estime que Tertullien se référait à un document authentique écrit par Ponce Pilate[56]. Nikos Kokkinos remarque que les Chronicon hieronymus et Chronicon Paschale situent ce rapport sous les consulats de Gallus et Nonianus qui ont été les consuls éponyme de l'année 35[53]. Pour lui cela renforce son point de vue fondé sur les indications chronologiques de Flavius Josèphe selon lesquelles Jean le Baptiste est mort vers 35 et que subséquemment Jésus aurait été crucifié par Ponce Pilate à la Pessah (Pâque) 36[57]. (Voir à ce sujet Date de la mort de Jean Baptise)

Toutefois, la tradition chrétienne telle qu'elle est parvenue jusqu'à nous à la naissance de la critique historique il y a deux siècles, estime qu'il s'agit d'une légende. Pour elle, le passage de Jésus en Judée et même sa crucifixion sont passés inaperçu à l'époque et les auteurs chrétiens antiques qui font état de ce rapport ont cru à ces légendes car ils voulaient embellir l'histoire de leur héros. Ainsi pour le théologien Jean-Pierre Lémonon les critiques qui estiment que ce rapport a existé « majorent la notoriété du fait chrétien à ses débuts[58] ». Il lui semble donc impossible de prendre en considération l'assertion de Tertullien, qui pour lui est « historiquement invraisemblable »[52].

car estime-t-il, « si le gouverneur devait faire un choix parmi les événements qu'il rapportait à Rome, l'exécution de Jésus de Nazareth n'était pas parmi les plus importants[58]. » Pour lui, L'attitude de Pline le Jeune qui s'enquiert 80 ans plus tard auprès de Trajan de la conduite à tenir envers les chrétiens tiendrait beaucoup plus aux traits de caractère de Pline qu'à la pratique courante[58].

Conflit Antipas - Arétas IV modifier

 
Ruines de la cité fortifiée de Gamala, enjeu de la guerre entre Arétas IV et Hérode Antipas. (On entrevoit au fond, le lac de Tibériade.)

Bien que les événements ne se situent pas sur les territoires de la province romaine de Judée, le conflit entre Hérode Antipas et le roi arabe de Pétra, Arétas IV, a probablement eu des répercussion dans la province administrée par Ponce Pilate.

Éxécution de Jean le Baptiste modifier

« Obéissant à des motivations purement dynastiques[59] », pour être nommé par l'empereur à la tête de la tétrarchie de Philippe qui vient de mourir (vers 34), Antipas a imaginé conforter sa position en se mariant avec Hérodiade[60], pourtant mariée à son demi-frère Hérode[61] (appelé Philippe dans les évangiles attribués à Marc et Matthieu[61]). Pour éviter le déshonneur d'être répudiée ainsi qu'Antipas et Hérodiade l'ont convenu en secret, Phasaélis épouse d'Antipas et fille du roi de Pétra Arétas IV s'est enfuie dans le royaume de son père[62],[63],[64], assumant ainsi que l'alliance entre Antipas et Arétas est brisée[65].

À un moment de ce conflit qui est en débat (voir Date de la mort de Jean Baptiste), Antipas pense faire taire son opposition en exécutant un prédicateur juif appelé Jean le Baptiste. Cette exécution semble avoir eu d'importantes répercutions sur la situation politique dans la région pendant plusieurs années.

Défaite d'Antipas modifier

Peu après la fuite de sa fille, Arétas exploite le prétexte d'une contestation de frontières « du territoire de Gamala » et déclare la guerre à Antipas[65]. Il est possible qu'Arétas ait profité de la participation d'Antipas à la grande conférence sur l'Euphrate, pour celer la paix et la victoire romaine sur Artaban III (automne 36[66]), pour déclencher son offensive[67],[68].

Une bataille a alors lieu et « toute l'armée d'Hérode est taillée en pièces à cause de la trahison de transfuges qui, tout en appartenant à la tétrarchie de Philippe, étaient au service d'Hérode [Antipas][62]. » Suivant Flavius Josèphe, cette défaite intervient « en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste[62] ». La défaite d'Antipas est ainsi considérée au sein de la population juive comme une vengeance divine contre Antipas pour le punir d'avoir mis à mort Jean[59] et dont Arétas IV n'aurait été que l'instrument[59].

Il est possible que la crucifixion de Jésus, cousin de Jean Baptiste, ait aussi joué un rôle dans cette défaite. En effet, selon Moïse de Khorène, ainsi que plusieurs sources en syriaque et en arménien, le roi d'Édesse, Abgar V « fournit des auxiliaires » au roi Nabatéen, Arétas IV[69],[70]. Ceux-ci combattent « sous la conduite de Kosran[71] Ardzrouni[72], pour faire la guerre à Hérode (Antipas) »[73]. Toutefois, l'historicité de cette mention est contestée par Jean-Pierre Mahé. Pour des critiques comme Ilaria Ramelli ou Robert Eisenman, le soutien d'Abgar V aurait été motivé par le fait que l'empereur Tibère n'a pas sanctionné Ponce Pilate et Caïphe après la crucifixion de Jésus comme il s'y était engagé dans sa réponse à Abgar V[69],[70]. Toutefois, cette correspondance entre Abgar V et Tibère est considérée depuis plusieurs siècles comme entièrement légendaire par l'Église latine d'Occident, au point que le cycle de ces écrits a été nommée « Légende d'Abgar ». Certains critiques modernes se rangent à cet avis, alors que si la plupart des critiques estiment qu'il est possible que la ville d'Édesse ait été évangélisée par Thaddée - Addaïe, il est difficile d'utiliser des sources aussi controversées.

Répression des Samaritains modifier

En 36, Ponce Pilate fait réprimer avec célérité un rassemblement de Samaritains sur le mont Garizim. À l'instigation d'un homme qui selon Flavius Josèphe « considérait le mensonge comme sans importance et usait de toutes sortes de manœuvres pour plaire au peuple[74] », les plus convaincus « prirent les armes » et s'installèrent dans le village de Tirathana pour accueillir la masse des samaritains et « faire en grand nombre l'ascension de la montagne[74] ». Cet homme leur avait promis de leur montrer « des vases sacrés enfouis par Moïse[74] »[Note 6].

Selon Jean-Pierre Lémonon, la légende des vases sacrés était très répandue dans les milieux juif et samaritain au Ier siècle[75]. Dans ces légendes, « ces instruments sacrés sont ceux qui permettent le vrai culte[75]. » La découverte des instruments cachés et leur restauration apparaissent comme une fonction du prophète eschatologique[76]. La tradition samaritaine y reconnaissait la manifestation du prophète eschatologique semblable à Moïse[76]. Le rassemblement possédait donc une connotation messianique[76]. Ce type de fièvre était naturellement de nature à inquiéter un gouverneur romain.

Dans tout le passage, Flavius Josèphe qui parle à plusieurs reprises de cet homme qui semble s'être proclamé « nouveau moïse », n'en donne jamais le nom[51]. Toutefois, son nom pourrait avoir été conservé par Origène (Contre Celse, I, 57 et VI, 11), qui l'appelle Dosithéos[51]. Pour Robert Eisenman et d'autres critiques, il pourrait s'agir de Dosithée de Samarie qui selon les Pères de l'Église et la littérature chrétienne qualifiée ultérieurement d'apocryphe, aurait succédé à la tête du mouvement de Jean le Baptiste après son exécution, car il était l'un de ses trente disciples[77]. Pilate fait crucifier leurs leaders et les personnalités les plus en vue qu'il est parvenu à capturer[78].

Selon la tradition des mandéens — la dernière communauté de Baptistes antiques existant encore aujourd'hui — et notamment dans le Haran-Gawaita[79], les mandéens placent leur départ de Palestine en 37-38, sous le règne d'Artaban III[79], à cause d'une répression qui aurait eu lieu peu de temps après la mort du Baptiste[80],[79].

Pour Robert Eisenman, les indications de la tradition mandéenne, sont cohérentes avec ce que décrit Flavius Josèphe, chez qui les exécutions du Baptiste, et le rassemblement armé de Dosithée se suivent dans une période très brève[77]. Le départ de cette branche de Baptistes dans l'année, ou les deux années suivantes est donc possible. Finalement c'est Simon le Mage qui aurait pris la tête des baptistes refusant de reconnaître Jésus comme Messie et qui avaient pu rester en Palestine[77]. Selon la tradition talmudique, Dosithée échappe à la répression romaine, mais finit par mourir de faim dans une grotte dans la région de Kaukab (15 km au sud-ouest de Damas). Kaukab aurait constitué aux Ier et IIe siècle une place forte des disciples de Dosithée et Simon le Mage[81].

Jean-Pierre Lémonon place ces deux derniers événements après la mort de Séjan (en 31). « Deux événements ont eu pour Pilate des suites plus ou moins graves: lors de l'affaire des boucliers dorés, il est désapprouvé par l'empereur ; le massacre des Samaritains lui coûte sa place. Même si nous ignorons la décision de Gaïus (Caligula) à l'égard de Pilate, le fait est là : à la suite de cet incident, Pilate quitte la Judée[82]. »

Renvoi de Ponce Pilate modifier

 
Pièce présentant Aulus Vitellius face à son père, Lucius Vitellius.

Lucius Vitellius est consul en 34[83]. Nommé légat de la province romaine de Syrie par Tibère, il arrive dans sa province en 35[83]. L'empereur lui a confié la délicate mission de gérer le conflit arméno-parthe et « de diriger toutes les révolutions qui se préparaient en Orient[P 12] ».

La répression du rassemblement de Samaritains sur le mont Garizim[74], dont certains avaient pris leurs armes[74],[P 13], provoque les plaintes du Conseil des Samaritains qui envoie une délégation auprès de Vitellius[84] (probablement à Antioche). Bien que du point de vue romain, il ait été du devoir de Pilate d'intervenir et que celui-ci ne semble pas avoir outrepassé ses droits dans cette affaire[84], Vitellius décide de son renvoi à Rome pour qu'il s'explique auprès de l'empereur[85] de « ce dont l'accusaient les Juifs[P 14],[Note 7] », apparemment pour qu'il passe en procès devant Tibère[78]. Pour Lester L. Grabbe, « la raison exacte pour laquelle [Vitellius] accepte ces accusations n'est pas claire[78] », mais on ne peut que constater qu'il les a acceptées[78].

Pilate quitte sa charge pour Rome vers la fin de l'année 36 ou le début de l'année 37, au plus tard à la fin février[86], ainsi que l'envisagent la plupart des chercheurs[Note 8]. Vitellius envoie « un de ses amis[87] » appelé Marcellus pour lui succéder, ou pour assurer l'intérim. C'est le seul cas où Flavius Josèphe, dans la désignation de la fonction du gouverneur de Judée, utilise l'expression epimeletes (ἐπιμελητής), c'est-à-dire « préposé », « chargé de mission »[88], ce qui est rare. Nous ne sommes donc pas certain que Marcellus avait vraiment les pouvoirs d'un préfet, il n'était peut-être qu'un fonctionnaire subalterne de Vitellius[88]. Aucun acte officiel de Marcellus n'est signalé[Note 9]. « Pilate, après dix ans passés en Judée, se hât[e] vers Rome, obéissant aux ordres de Vitellius, qu'il ne pouvait pas rejeter. Mais avant qu'il atteigne Rome, Tibère le devance en quittant la vie[P 15] ». Jean-Pierre Lémonon estime que l'on perd la trace historique de Pilate après cet épisode[89] ». Au moment où Ponce Pilate arrivait à Rome, Caligula, le nouvel empereur, tira de prison Agrippa Ier[90], le frère d'Hérodiade et lui octroya, outre le titre de roi, les territoires de Philippe[91] qui venaient d'être l'enjeu de la guerre où l'armée d'Hérode Antipas avait été anéantie par celle du roi nabatéen, Arétas IV[Note 10].

Vitellius vient à nouveau à Jérusalem à la Pâque 37[92],[P 16]. À la fin de la fête, il destitue le grand prêtre Joseph Caïphe et nomme Jonathan ben Hanan pour le remplacer[93]. Vitellius a donc renvoyé coup sur coup, les deux acteurs principaux du procès de Jésus.

Un procès de Pilate ? modifier

Le premier auteur chrétien à parler d’Actes de Pilate, est Justin de Naplouse (ou Justin Martyr) qui vers 150 écrit à « l'Empereur, au Sénat et à tout le peuple », la première de ses deux apologies du christianisme. Dans cette apologie, Justin mentionne à deux reprises des « Actes de Pilate » qui ne sont pas le futur texte chrétien, mais « des minutes du procès, conservées dans les archives romaines[94] ». Pour Jean-Pierre Lémonon, Justin conjecture l'existence de ces « Actes » du procès de Pilate[95]. Dans ces deux passages, l'auteur renvoie ses lecteurs — dont l'empereur et le sénat — à ces Actes pour prouver la véracité de ses dires[95]. Christian Amphoux pose la question : Justin (qui a finalement été exécuté comme chrétien) « aurait-il pris le risque de faire état d'une fausse information alors qu'il était facile pour les destinataires de son Apologie de la faire vérifier dans les archives[96] ? »

Eusèbe de Césarée mentionne aussi l'existence d'un texte qu'il appelle « Actes de Pilate et de notre Sauveur[P 17]. » Selon lui, pour transformer les mentalités, l'empereur Maximin Daïa aurait fait rédiger des « Actes » de Pilate dirigés contre les chrétiens : « Dans les écoles, durant toute la journée, les enfants avaient à la bouche Jésus, Pilate et les Actes fabriqués par outrage[P 17],[54] ».

« P. L. Maier a cru pouvoir affirmer qu'il n'y eut probablement pas de procès contre Pilate en raison de la mort de Tibère »[97]. Selon Jean-Pierre Lémonon : « Les textes avancés par P. L. Maier ne manquent pas de pertinence, [mais] ils ne permettent pas cependant de définir avec certitude le sort de Pilate d'autant plus que la violence de la lettre d'Agrippa, rapportée par Philon [...] invite à nuancer [ses] propos[97]. » L'opinion d'Agrippa sous la plume de Philon d'Alexandrie sont en effet sans équivoque, parlant de Pilate ; il écrit entre autres:

« Il craignait que, si on envoyait des députés on ne vînt à découvrir les autres méfaits de son gouvernement, ses vexations, ses rapines, ses injustices, ses outrages, les citoyens qu'il avait fait périr sans jugement, enfin son insupportable cruauté[P 11]. »

« Philon utiliserait-il des propos aussi violents à l'adresse d'un fonctionnaire romain si celui-ci n'avait pas été officiellement blâmé pour son comportement en Judée[97] ? »

Eusèbe de Césarée dit que Ponce Pilate n'a pas survécu longtemps à sa disgrâce et qu'il s'est suicidé après avoir été exilé à Vienne, la troisième année du règne de Caligula. Toutefois, la tradition éthiopienne — pour qui Pilatus est un saint chrétien — connaît le martyre de Pilate[98], qui aurait été exécuté à Rome.

À cause de ces indications, que l'on ne parvient pas à comprendre, après son arrivée à Rome, l'histoire perd sa trace[P 18].

Inflexion politique modifier

Le mandat de Vitellius marque un retour à l'ordre en même temps qu'au travers d'une inflexion de la politique précédente, une volonté de conciliation envers les Juifs. Lors d'une première venue à Jérusalem, au cours de l'année 36[92], un des premiers actes de Vitellius consiste à restituer les vêtements du Grand Pontife que s’étaient arrogés les Romains à la suite d'Hérode[85], ce qui leur conférait le contrôle des cérémonies qui se déroulaient au Temple de Jérusalem lors du jeune du Kippour ainsi que lors des fêtes célébrées au cours des trois pèlerinages[Note 11].

L'année suivante, en route avec Hérode Antipas pour combattre les nabatéens et leur roi Arétas IV, Vitellius accepte de contourner la région de Jérusalem pour ne pas offenser la population par la vue des enseignes de ses légions, à l'effigie impériale, au contraire de ce qu'avait fait Pilate[P 19]. Il se rend même au Temple de Jérusalem avec Hérode pour y sacrifier à l'occasion de la Pâque et destitue le grand-prêtre Caïphe, probablement jugé trop proche de Pilate[85].

Répression des Samaritains modifier

« Les Samaritains ne manquèrent pas non plus de troubles, car ils étaient excités par un homme qui ne considérait pas comme grave de mentir et qui combinait tout pour plaire au peuple. II leur ordonna de monter avec lui sur le mont Garizim, qu'ils jugent la plus sainte des montagnes, leur assurant avec force qu'une fois parvenus là il leur montrerait des vases sacrés enfouis par Moïse, qui les y avait mis en dépôt. Eux, croyant ses paroles véridiques, prirent les armes, et, s'étant installés dans un village nommé Tirathana, s'adjoignirent tous les gens qu'ils purent encore ramasser, de telle sorte qu'ils firent en foule l'ascension de la montagne. Mais Pilate se hâta d'occuper d'avance la route où ils devaient monter en y envoyant des cavaliers et des fantassins, et ceux-ci, fondant, sur les gens qui s'étaient rassemblés dans le village, tuèrent les uns dans la mêlée, mirent les autres en fuite et en emmenèrent en captivité beaucoup, dont les principaux furent mis à mort par Pilate, ainsi que les plus influents d'entre les fuyards.  »

— Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, IV, 1

Jean-Pierre Lémonon place ces deux derniers événements après la mort de Séjan (en 31). « Deux événements ont eu pour Pilate des suites plus ou moins graves: lors de l'affaire des boucliers dorés, il est désapprouvé par l'empereur ; le massacre des Samaritains lui coûte sa place. Même si nous ignorons la décision de Gaïus (Caligula) à l'égard de Pilate, le fait est là : à la suite de cet incident, Pilate quitte la Judée[82]. »

En 36, Ponce Pilate fait réprimer avec célérité un rassemblement de Samaritains sur le mont Garizim. À l'instigation d'un homme qui selon Flavius Josèphe « considérait le mensonge comme sans importance et usait de toutes sortes de manœuvres pour plaire au peuple[74] », les plus convaincus « prirent les armes » et s'installèrent dans le village de Tirathana pour accueillir la masse des samaritains et « faire en grand nombre l'ascension de la montagne[74] ». Cet homme leur avait promis de leur montrer « des vases sacrés enfouis par moïse[74] ».

Selon Jean-Pierre Lémonon, la légende des vases sacrés était très répandues dans les milieux juif et samaritain au Ier siècle[75]. Dans ces légendes, « ces instruments sacrés sont ceux qui permettent le vrai culte[75]. » La découverte des instruments cachés et leur restauration apparaissent comme une fonction du prophète eschatologique[76].

La tradition samaritaine y reconnaissait la manifestation du prophète eschatologique semblable à Moïse[76]. Le rassemblement possédait donc une connotation messianique[76]. Ce type de fièvre était naturellement de nature à inquiêter un gouverneur romain.

Dans tout le passage, Flavius Josèphe qui parle à plusieurs reprises de cet homme qui semble s'être proclamé « nouveau moïse », n'en donne jamais le nom[51]. Toutefois, son nom pourrait avoir été conservé par Origène (Contre Celse, I, 57 et VI, 11), qui l'appelle Dosithéos[51].

Fin de charge modifier

Renvoi de Pilate à Rome modifier

 
Pièce présentant Aulus Vitellius face à son père, Lucius Vitellius.

Lucius Vitellius est consul en 34[83]. Nommé légat de la province romaine de Syrie par Tibère, il arrive dans sa province en 35[83]. L'empereur lui a confié la délicate mission de gérer le conflit arméno-parthe et « de diriger toutes les révolutions qui se préparaient en Orient[99] ».

La répression du rassemblement de Samaritains sur le mont Garizim[74], dont certains avaient pris leurs armes[74],[100], provoque les plaintes du Conseil des Samaritains qui envoie une délégation auprès de Vitellius[84] (probablement à Antioche). Bien que du point de vue romain, il ait été du devoir de Pilate d'intervenir et que celui-ci ne semble pas avoir outrepassé ses droits dans cette affaire[84], Vitellius décide de son renvoi à Rome pour qu'il s'explique auprès de l'empereur[85] de « ce dont l'accusaient les Juifs[101],[N 1] », apparemment pour qu'il passe en procès devant Tibère[78]. Pour Lester L. Grabbe, « la raison exacte pour laquelle [Vitellius] accepte ces accusations n'est pas claire[78] », mais on ne peut que constater qu'il les a acceptées[78].

Pilate quitte sa charge pour Rome vers la fin de l'année 36 ou le début de l'année 37, au plus tard à la fin février, ainsi que l'envisagent la plupart des chercheurs[N 2]. Vitellius envoie « un de ses amis[87] » appelé Marcellus pour lui succéder, ou pour assurer l'intérim. C'est le seul cas où Flavius Josèphe, dans la désignation de la fonction du gouverneur de Judée, utilise l'expression epimeletes (ἐπιμελητής), c'est-à-dire « préposé », « chargé de mission »[88], ce qui est rare. Nous ne sommes donc pas certain que Marcellus avait vraiment les pouvoirs d'un préfet, il n'était peut-être qu'un fonctionnaire subalterne de Vitellius[88]. Aucun acte officiel de Marcellus n'est signalé[N 3]. « Pilate, après dix ans passés en Judée, se hât[e] vers Rome, obéissant aux ordres de Vitellius, qu'il ne pouvait pas rejeter. Mais avant qu'il atteigne Rome, Tibère le devance en quittant la vie »[102]. Jean-Pierre Lémonon estime que l'on perd la trace historique de Pilate après cet épisode[103]. Au moment où Ponce Pilate arrivait à Rome, Caligula, le nouvel empereur, tira de prison Agrippa Ier[90], le frère d'Hérodiade et lui octroya, outre le titre de roi, les territoires de Philippe[91] qui venaient d'être l'enjeu de la guerre où l'armée d'Hérode Antipas avait été anéantie par celle du roi nabatéen, Arétas IV[104].

Vitellius vient à nouveau à Jérusalem à la Pâque 37[92],[105]. À la fin de la fête, il destitue le grand prêtre Joseph Caïphe et nomme Jonathan ben Hanan pour le remplacer[93]. Vitellius a donc renvoyé coup sur coup, les deux acteurs principaux du procès de Jésus.

Un procès de Pilate ? modifier

Le premier auteur chrétien à parler d’Actes de Pilate, est Justin de Naplouse (ou Justin Martyr) qui vers 150 écrit à « l'Empereur, au Sénat et à tout le peuple », la première de ses deux apologies du christianisme. Dans cette apologie, Justin mentionne à deux reprises des « Actes de Pilate » qui ne sont pas le futur texte chrétien, mais « des minutes du procès, conservées dans les archives romaines[94] ». Pour Jean-Pierre Lémonon, Justin conjecture l'existence de ces « Actes » du procès de Pilate[95]. Dans ces deux passages, l'auteur renvoie ses lecteurs — dont l'empereur et le sénat — à ces Actes pour prouver la véracité de ses dires[95]. Christian Amphoux pose la question : Justin (qui a finalement été exécuté comme chrétien) « aurait-il pris le risque de faire état d'une fausse information alors qu'il était facile pour les destinataires de son Apologie de la faire vérifier dans les archives[106] ? »

Eusèbe de Césarée mentionne aussi l'existence d'un texte qu'il appelle « Actes de Pilate et de notre Sauveur »[107] ». Selon lui, pour transformer les mentalités, l'empereur Maximin Daïa aurait fait rédiger des « Actes » de Pilate dirigés contre les chrétiens : « Dans les écoles, durant toute la journée, les enfants avaient à la bouche Jésus, Pilate et les Actes fabriqués par outrage[107],[54] ».

« P. L. Maier a cru pouvoir affirmer qu'il n'y eut probablement pas de procès contre Pilate en raison de la mort de Tibère »[97]. Selon Jean-Pierre Lémonon : « Les textes avancés par P. L. Maier ne manquent pas de pertinence, [mais] ils ne permettent pas cependant de définir avec certitude le sort de Pilate d'autant plus que la violence de la lettre d'Agrippa, rapportée par Philon [...] invite à nuancer [ses] propos[97]. » L'opinion d'Agrippa sous la plume de Philon d'Alexandrie sont en effet sans équivoque, parlant de Pilate ; il écrit entre autres:

« Il craignait que, si on envoyait des députés on ne vînt à découvrir les autres méfaits de son gouvernement, ses vexations, ses rapines, ses injustices, ses outrages, les citoyens qu'il avait fait périr sans jugement, enfin son insupportable cruauté[108]. »

« Philon utiliserait-il des propos aussi violents à l'adresse d'un fonctionnaire romain si celui-ci n'avait pas été officiellement blâmé pour son comportement en Judée[97] ? »

Eusèbe de Césarée dit que Ponce Pilate n'a pas survécu longtemps à sa disgrâce et qu'il s'est suicidé après avoir été exilé à Vienne, la troisième année du règne de Caligula. Toutefois, la tradition éthiopienne — pour qui Pilatus est un saint chrétien — connaît le martyre de Pilate[98], qui aurait été exécuté à Rome.

Inflexion politique modifier

Le mandat de Lucius Vitellius marque un retour à l'ordre en même temps qu'au travers d'une inflexion de la politique précédente, une volonté de conciliation envers les Juifs. Jean-Pierre Lémonon estime que Vitellius ne vint pas à Césarée lors du renvoi de Pilate, mais il vint un peu plus tard à Jérusalem.

Lors d'une première venue à Jérusalem, au cours de l'année 36[92], un des premiers actes de Vitellius consiste à restituer les vêtements du Grand Pontife que s’étaient arrogés les Romains à la suite d'Hérode le Grand[85], ce qui leur conférait le contrôle des cérémonies qui se déroulaient au Temple de Jérusalem lors du jeune du Kippour ainsi que lors des fêtes célébrées au cours des trois pèlerinages[N 4].

Selon Flavius Josèphe, Vitellius vient en Judée et à Jérusalem au moment de la Pâque 37[92].

« Reçu avec magnificence, il fit remise aux habitants de l'ensemble des impôts sur la vente des récoltes. II accorda aussi que le vêtement du grand-pontife et tous ses ornements fussent placés dans le Temple et gardés par les prêtres comme ils en avaient. jadis la prérogative ; pour le moment, c'était dans la citadelle appelée l'Antonia (la forteresse de la garnison romaine, résidence de Pilate, lorsqu'il était à Jérusalem) qu'ils étaient déposés [...] Vitellius prit soin que le vêtement fût gardé conformément à nos coutumes nationales et enjoignit au commandant de la garnison de ne pas s'inquiéter du lieu où il était, ni du jour où on s'en servirait.  »

— Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, IV, 3

Ces mesures marquent une réelle volonté de conciliation et une nette inflexion de la politique précédente. À la fin de la fête, Vitellius destitue le grand prêtre Joseph Caïphe et nomme Jonathan ben Hanan pour le remplacer[93], ce qui semble confirmer que Marcellus n'a que des pouvoirs limités, car ce pouvoir de destitution/nomination des grands prêtres est une prérogative des gouverneurs de Judée et pas de celui de Syrie.

L'année suivante, en route avec Hérode Antipas pour combattre les nabatéens et leur roi Arétas IV, Vitellius accepte de contourner la région de Jérusalem pour ne pas offenser la population par la vue des enseignes de ses légions, à l'effigie impériale, au contraire de ce qu'avait fait Pilate[109]. Il se rend même au Temple de Jérusalem avec Hérode pour y sacrifier à l'occasion de la Pâque et destitue le grand-prêtre Caïphe, probablement jugé trop proche de Pilate[85].

Le renvoi de Ponce Pilate modifier

Sommaire de la section

Sur ordre du légat de Syrie Lucius Vitellius auprès duquel se multiplient les plaintes venues tant des Juifs que des Samaritains[110] Ponce Pilate est obligé de quitter la Judée pour s'expliquer auprès de l'empereur « sur ce dont l'accusaient les Juifs ». La décision du légat de Syrie qui est aussi consul semble sans appel, Ponce Pilate « se hâte » même de gagner Rome « pour obéïr aux ordres de Vitellius auxquels il ne pouvait rien objecter[111] ».

Ponce Pilate est renvoyé vers la fin 36 ou au début 37[86]. Dès sa nomination comme légat de Syrie (en 34), Vitellius avait fait preuve d'une toute autre attitude que celle qui ressortait des provocations de Pilate et réussit à rétablir l'ordre par une politique conciliante à l'égard des traditions juives. Ces provocations semblent même s'être arrêtées avec la prise de fonction de Vitellius. Il démet le grand prêtre Caïphe, par trop lié à Pilate, et rend aux prêtres du temple la supervision des cérémonies des grandes fêtes cultuelles juive en leur restituant les habits sacerdotaux que s'était arrogé le pouvoir romain[110].

Un désaveu total modifier

Un tel renvoi d'un gouverneur romain de Judée est exceptionnel et même unique chez Flavius Josèphe. Il existe d'autres épisodes où des procurateurs ou des préfets sont envoyés à Rome pour s'expliquer sur plainte de la population, mais à chaque fois il est procédé tout à fait autrement. Dans un premier temps des délégués juifs ou samaritains sont envoyés à Rome, ceux-ci étant pris parmi des personnalités importantes porteuses de ces doléances[N 5] et seulement ensuite le gouverneur les rejoint pour l'audience auprès de l'empereur. Cette fois-ci, seul Ponce Pilate est envoyé à Rome sans qu'aucun des membres du « conseil des Samaritains » qui se sont « rendus auprès de Vitellius » ne l'accompagne ou ne le précède.

Ce désaveu de Ponce Pilate est d'autant plus étonnant que Flavius Josèphe précise bien que « croyant véridiques les paroles [d'un prédicateur, les Samaritains] prirent les armes », et se regroupèrent en masse « dans un village nommé Tirathana ». D'un point de vue romain, si des samaritains se sont regroupés en armes, l'intervention de Pilate est non seulement légitime mais c'est, au contraire, s'il n'était pas intervenu qu'il aurait dû être sanctionné. Rien donc qui justifie une sanction et encore moins la procédure exceptionnelle qu'a choisie Vitellius.

Ce qui est étonnant aussi c'est que Flavius Josèphe semble confondre les samaritains et les juifs. Flavius Josèphe est lui même juif, pharisien d'une grande famille de prêtre au Temple, ayant été lui même un des grand-prêtres, il a en outre été un général ayant dirigé la Galilée pendant la révolte de 66 - 70, il est quasiment impossible qu'il puisse associer la phrase « ce que lui reprochaient les juifs » avec le fait que ce sont des Samaritains qui se sont révoltés et l'affirmation que c'est « le conseil des samaritains » qui s'est rendu auprès de Vitellius pour se plaindre.

Quand a eu lieu le renvoi de Pilate ? modifier

Dans le texte de Flavius Josèphe, on remarque que plusieurs événements majeurs, prenant place entre 34 et la fin 36, sont racontés après la mention du départ de Ponce Pilate. Or c'est une dizaine d'événements majeurs, avec des développements, qui sont racontés en sept chapitres entre l'annonce du départ de Pilate et la fin 36 date où intervient au plus tôt son départ réel. Ces événements sont par exemple la mort d'Hérode Philippe (34); le voyage d'Hérode Antipas à Rome (34); la fuite de sa femme Phasaelis (35)[65]; l'arrestation et la mort de Jean le Baptiste (vers 35)[65]; la campagne contre les Parthes (étés 35 et 36); la première venue de Vitellius à Jérusalem (pâque 36); la guerre entre Hérode Antipas et Arétas IV (été/automne 36)[65], la rencontre sur l'Euphrate pour conclure la paix avec les Parthes, où se trouve entre autres Lucius Vitellius et Hérode Antipas (fin 36). Pourtant, c'est à ce moment que le texte place le départ de Pilate et ce dernier disparaît du texte ensuite. C'est uniquement si l'on connaît précisément la date de la mort de Tibère et la date des événements qui suivent que l'on peut se rendre compte que la narration du départ de Pilate est très anticipée. Il est évident que de telles connaissances et qu'une telle attention ne sont pas à la portée de n'importe quel lecteur et que pendant des siècles personne n'a parlé de cet étrangeté du texte de Flavius Josèphe.

Il arrive que pour des commodités de rédaction, Flavius Josèphe anticipe ou retarde une narration, mais en ce cas il le signale, ce qui non seulement n'est pas le cas ici, mais s'accompagne de faits très troublants: un désaveu public et quasiment sans appel d'un préfet qui est intervenu contre un important rassemblement armé, une sanction exceptionnelle et une confusion vraiment étrange pour un grand-prêtre pharisien entre juifs et samaritains. Plusieurs auteurs ont donc envisagé que ce passage avait été remanié. Il faut dire qu'il se trouve à proximité de quatre autres passages qui sont eux aussi soupçonnés d'avoir été remaniés ou interpolés, dont le célèbre Testimonium flavianum.

Pour Jean-Pierre Lémonon, Pilate part à Rome entre décembre 36 et février 37 et son arrivée à Rome après la mort de Tibère s'explique par le fait qu'il s'y est rendu par voie terrestre. (La navigation était suspendue en hiver, toutefois celle-ci reprenait le 5 mars, par exemple à Misène avec la fête dite « Isidis Navigium ».)

Pour Gilbert Picard, le rappel de Pilate serait intervenu après la prise de fonction de Caligula et son ami Hérode Agrippa, que le nouvel empereur vient de sortir de prison pour le faire roi, aurait contribué à ce rappel[112].

Tout le monde s'accorde de toute façon, sur le fait que ce départ est intervenu bien après 34 où pourtant le texte de Flavius Josèphe semble le situer.

Quel est le motif du renvoi de Pilate ? modifier

Ces interrogations sur le texte de Flavius Josèphe conduiraient naturellement à essayer de trouver ces informations chez d'autres auteurs antiques et notamment chez Tacite qui fait une relation précise de tout ce qui se passe à Rome. Puisque Ponce Pilate a été renvoyé à Rome « pour renseigner l'empereur sur ce dont l'accusaient les Juifs », la relation de cette explication a vraisemblablement été faite par Tacite. Malheureusement, les livres des Annales de Tacite qui couvrent la période des empereurs Caligula et le début du règne de Claude ne nous ont pas été conservés, ses livres s'interrompent justement avec la mort de Tibère, pour ne reprendre qu'au cours du règne de Claude[N 6]. Cela conforte l'opinion de ceux qui pensent que chez Flavius Josèphe, le départ de Pilate a été déplacé et le motif de ce départ changé car ce renvoi avait un rapport avec les événements relatés par les Évangiles.

Toutefois, « P. L. Maier a cru pouvoir affirmer qu'il n'y eu probablement pas de procès contre Pilate en raison de la mort de Tibère[97]. » Dans ce cas, le manque des textes de Tacite, s'expliquerait pour de toutes autres raisons. Il appuie son opinion sur des textes de Suétone et Dion Cassius, qui font allusion à une amnistie générale au début du règne de Caligula.

Pilate dans les Évangiles modifier

Le deuxième prologue de l'Évangile attribué à Luc (3,1) est le seul passage qui fournit des indications chronologiques qui permettent de savoir que le Pilate dont on parle dans les évangiles est Ponce Pilate. Dans toutes les autres parties des évangiles, le gouverneur romain est simplement appelé Pilate et jamais Ponce Pilate. De même, celui que l'on identifie à Hérode Antipas car il fait exécuter Jean le Baptiste est appelé Hérode, qui peut être un nom dynastique, mais qui ne permet pas de le distinguer des autres tétrarques ou rois de la famille d'Hérode le Grand. Malicieusement, les auteurs de l'évangile selon Marc donnent même le titre de roi à l'Hérode qui correspond à Antipas (Mc 6:14), alors que justement il n'a jamais pu obtenir ce titre, comme si au moment où ils l'ont écrit, les auteurs de cet évangile voulaient accroître l'incertitude. Ce deuxième prologue, écrit une vingtaine d'années après l'évangile attribué à Marc, présente Ponce Pilate comme gouverneur de la Judée et le situe dans un environnement politique[P 1]. « Or, en la quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, [...] la parole de Dieu vint à Jean (le Baptiste), le fils de Zacharie, au désert. » Cette précision chronologique qui n'apparait que dans les années 80-90, correspond à l'année 28/29, mais ne s'applique pas à Jésus et encore moins à sa confrontation avec un Pilate, mais au début de la prédication de Jean le Baptiste.

Répression dans le Temple modifier

L'Évangile attribué à Luc évoque aussi des « Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs victimes[P 20] ». Les « victimes » dont il est question, sont les animaux qui étaient sacrifiés à Dieu dans le Temple de Jérusalem, une pratique qui existait dans la plupart des autres religions de l'Antiquité. Selon cette phrase trop brève, qui n'a d'écho ni chez Flavius Josèphe, ni chez Philon d'Alexandrie, Pilate aurait donc aussi réprimé un mouvement de protestation animé par des Galiléens à l'intérieur même du Temple. Ici, les Galiléens ne sont pas spécialement des habitants de Galilée, mais des membres du mouvement créé vers l'an 6, par Juda le Gaulanite (ou Judas le Galiléen), aussi appelé « quatrième philosophie » par Flavius Josèphe, ou des membres du mouvement Zélote[113].

Pilate et Jésus modifier

 
Fresques du procès de Jésus, église Saint-Jean-Baptiste de Iaroslavl.

Les évangiles présentent Pilate comme quelqu'un qui veut libérer Jésus « le roi des Juifs (Jn 18:39) », mais qui est contraint de le condamner par les autorités juives et la foule. Il se retrouve piégé et doit libérer Jésus Barabbas[114], un « brigand » inculpé pour émeute et meurtre, que l'évangile attribué à Matthieu présente comme étant célèbre (Mt 27:16), plutôt que de libérer Jésus bien qu'après que Jésus ait reconnu être le roi des Juifs (Jn 18:37), Pilate estime qu'il est innocent (Jn 18:38).

Le théologien Michel Quesnel fait remarquer que « déterminer qui porte la responsabilité de la mort de Jésus a des retombées politiques, religieuses et idéologiques. Après avoir longtemps chargé les Juifs, les historiens sont actuellement souvent tentés d'attribuer l'initiative de [la] mise à mort [de Jésus] aux seuls Romains, en la personne de Pilate. Plus délicate encore que d'autres à propos de Jésus, cette question doit être étudiée par les chercheurs en faisant au maximum abstraction de leurs présupposés[115]. »

Les raisons pour lesquelles les évangélistes — qui sont des judéo-chrétiens — atténuent la responsabilité de Ponce Pilate dans le processus de condamnation de Jésus pourraient être liées aux circonstances de rédaction de leur récit, dans le cadre de l'Empire romain, afin que leur écrit puisse franchir la barre de la censure. On constate qu'au fil des rédactions la responsabilité « des Juifs » est de plus en plus importante pour atteindre son paroxysme dans les Actes des Apôtres puis les évangiles attribués à Jean et à Pierre, les derniers à avoir été rédigés avant 150. C'est dans cette période que s'élargit la rupture entre les Nazôréens (notsrim en hébreu, les juifs chrétiens[116]) et le mouvement des rabbins en formation[116] dans l'Académie de Yabneh[117], notamment avec une nouvelle rédaction de la Birkat haMinim contenant une malédiction à l'égard des hérétiques (minim) parmi lesquels les Nazôréens sont inclus[118],[119].

Condamnation de Jésus de Nazareth modifier

Les mentions ultérieures de Pilate dans les Évangiles se réfèrent toutes à la comparution de Jésus devant lui[Note 12]. Pilate est surtout connu comme juge au procès de Jésus, ce qui a conféré une notoriété exceptionnelle à ce simple gouverneur de province, au nom mentionné dans les professions de foi des chrétiens[120]. Les chapitres 27 de Matthieu, 15 de Marc, 23 de Luc et 18-19 de Jean[P 21] rapportent le renvoi de Jésus de la demeure du Grand prêtre à Pilate, son interrogatoire, la pression de la foule, la libération de Barabbas :

Selon les évangiles synoptiques, Jésus est conduit devant Pilate par les responsables du Sanhédrin à la suite du « saccage du Temple » (Jésus ayant chassé les marchands du temple, selon Mc 11, 15-19 et passages parallèles). Il « venait de se révéler pouvant être violent, et donc risquait de fragiliser l'équilibre précaire entre le monde juif toujours prêt à s'agiter et l'occupant romain[121]. » Toutefois, dans l'évangile attribué à Jean, ce saccage du Temple (Jn 2:14-17) n'est pas le motif de l'arrestation de Jésus, car il a lieu plusieurs années avant que Jésus soit arrêté par une Cohorte romaine dirigée par un tribun[Note 13] (Jn 18:12) qui ne sont pas présent lors de l'arrestation relatée dans les synoptiques. La nuit précédent sa comparution, il avait été arrêté à Gethsémani, par une foule armée de bâtons et de glaives, envoyée par les grands-prêtres[P 22], ou selon l'évangile attribué à Jean, dans un jardin anonyme par une cohorte dirigée par un tribun (Jn 18:12) « et des gardes détachés par les grands prêtres et les Pharisiens (Jn 18:3) ». Jésus avait été trahi par Judas. Selon l'évangile attribué à Matthieu, on le traîne alors dans la demeure du grand-prêtre Caïphe (Mt 26:57) qui a convoqué de toute urgence le Grand Conseil ou Sanhédrin. Interrogé par le grand-prêtre, Jésus reconnaît être « le Christ, le Fils de Dieu[P 23] ». Dans l'évangile attribué à Jean, Jésus est d'abord interrogé par Anne « le beau-père de Caïphe (Jn 18:13) ». Anne l'envoie « alors, toujours lié, au grand prêtre, Caïphe (Jn 18:24) » et après le chant du coq (Jn 18:27), Jésus est mené « de chez Caïphe au prétoire (Jn 18:28) » (de Pilate) sans comparaître devant le Sanhédrin et sans avoir avoué être le Christ (Messie). Dans les trois évangiles synoptiques, nous sommes le jour de Pâque (Pessah), alors que dans celui attribué à Jean, nous sommes la veille de cette fête.

Le pays étant occupé par les Romains, il faut obtenir un autre jugement, cette fois devant le tribunal du gouverneur (hegemon), Pilate, pour parvenir à une condamnation à mort, les Juifs ayant perdu le Ius gladii (de), « droit de glaive ». Il est accusé d'être le « roi des Juifs (Mt 27:11, Jn 18:33) ». Pilate l'interroge à ce sujet et Jésus répond « Tu le dis : je suis roi (Jn 18:37). » Pilate déclare alors: « Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation (Jn 18:38). » Croyant sans doute avoir trouvé le moyen d'épargner Jésus, il propose à la foule (Ecce homo[P 24]) de libérer un prisonnier à l'occasion de la Pâque[P 25]. « C'est pour vous une coutume que je vous relâche quelqu'un à la Pâque. Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? (Jn 18:39) » Mais, contrairement à ce qu'il attendait, la foule crie « Libérez Barabbas » (PâLaT bar Abbas), du nom de cet autre prévenu dont Pilate aurait instruit le procès au même moment, présenté comme un émeutier, un meurtrier et « un brigand », c'est-à-dire un révolté Galiléen.

« Et Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que plutôt il s'élevait un tumulte, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; vous, vous y aviserez[P 26]. »

Bien que reconnaissant l'innocence de Jésus, Pilate le livre pourtant au supplice de la croix, supplice typiquement romain et de nature ignominieuse[122], alors que les juifs utilisent la lapidation comme pour pour Étienne ou l'apôtre Jacques[123]. Comme motif de la condamnation, il fait inscrire, selon l'usage romain, sur la croix le motif de la condamnation, la mention : « Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs (Jn 19:19) » (INRI). Les grands prêtres protestent et lui demandent d'inscrire plutôt : « Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs (Jn 19:21) », mais Pilate refuse en répondant « Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit[P 27] ». Dans l'évangile attribué à Jean, alors qu'il est sur la croix, Jésus reçoit un coup de lance (Jn 19:34), alors que dans les trois évangiles synoptiques et dans celui attribué à Pierre, ce coup de lance ne figure pas. Pilate accorde le corps de Jésus à Joseph d'Arimathie et dans celui attribué à Jean, Nicodème s'associe à lui pour l'inhumer (Jn 19:34). Dans les seuls évangiles attribué à Matthieu et à Pierre, Pilate délègue aux autorités juives la garde du tombeau[P 28], ce qui, selon Marie-Françoise Baslez est contraire aux règles de la crucifixion romaine[122]. Au fil de la rédaction des évangiles la responsabilité des Juifs est de plus en plus affirmée, pour atteindre son paroxysme dans l'évangile attribué à Jean et celui attribué à Pierre, ceux qui ont été rédigés en derniers.

Libération de Jésus bar Abbas modifier

Barabbas est le personnage évangélique qui avec Judas Iscariot est celui qui a le plus interrogé les critiques, même si aucun consensus ne se dégage à son sujet. Il est mentionné dans une seule source, les évangiles et uniquement pour exonérer Ponce Pilate de sa responsabilité d'avoir condamné Jésus de Nazareth à être crucifié. Or, bien que ce ne soit plus apparent aujourd'hui, ce personnage portait lui aussi le nom de Jésus. De plus, en araméen, bar Abbas signifie « fils du Père » qui semble être une référence à Jésus de Nazareth lui-même, puisque dans les évangiles, Jésus désigne souvent Dieu par « le Père » et que Jésus y est crédité du titre de fils de Dieu[124], dont « fils du Père » est une forme plus populaire. Robert Eisenman fait remarquer que les surnoms ou cognomen Barsabas, Barnabas et Barabbas sont souvent connectés aux noms des membres de la famille de Jésus dans les textes chrétiens antiques[124], comme Joseph Barsabbas ou le frère de Jésus appelé Judas qui dans le Codex Bezae des Actes des Apôtres est même appelé Judas Barabbas, alors que dans les versions actuelles, il est nommé Judas Barsabas.

La personnalité de Barabbas modifier

Il n'y a aucun accord au sujet de ce Barabbas, qui dans les versions antiques de l'évangile attribué à Matthieu est appelé Jésus Barabbas, le nom « Jésus » ayant probablement été enlevé de cet évangile après la conversion au christianisme des empereurs romains (IVe siècle). Origène qui au IIIe siècle s'indigne que l'on puisse donner le nom de Jésus à Barabbas témoigne du caractère embarrassant que présentait visiblement cette mention de Jésus Barabbas[Note 14]. Pour certains historiens, Barabbas est un Zélote. Pour d'autres, qui estiment que les Zélotes n'existent pas à l'époque de Jésus, l'épisode de Jésus Bar Abbas pourrait être un indicateur de la poursuite de l'activité du groupe de Judas le Galiléen, appelé Quatrième philosophie[114], ou Mouvement Galiléen. Pour d'autre encore, il s'agit d'un procédé littéraire et les deux Jésus n'en font qu'un, mais permettent de décrire deux faces de Jésus[125],[126],[124],[127], tout en exonérant les Romains de leur responsabilité dans cette exécution, pour que les évangiles ne puissent pas être soupçonnés de contenir la moindre critique des autorités au pouvoir.

Pour Robert Eisenman, les frères de Jésus et les apôtres surnommés le Zélote, comme Simon le Zélote et Judas le Zélote, ainsi que Judas le Sicaire, sont de véritables Sicaires et Zélotes et Jésus qui partageait des idées très proches de ces groupes[124] est aussi évoqué dans les évangiles à travers ce Jésus Barabbas[124]. Pour lui, c'est parce que les frères de Jésus — parfois appelés Barsabas, Barnabas et Barabbas[124] — étaient des Zélotes qu'ils ont été peu à peu occultés[128], jusqu'à utiliser comme argument théologique la doctrine de la virginité perpétuelle de Marie, qui apparaît pour la première fois en 374[129].

Pour Hyam Maccoby, le surnom Bar Abbas aurait été donné à Jésus de Nazareth à cause de son habitude de prier et de prêcher en désignant Dieu comme « Abba » (Père), dont témoignent les évangiles[125]. Pour Eisenman, Barabbas dans les évangiles est quelque chose comme un remplaçant pour Jésus lui-même[124]. « C'est l'homme qui a été arrêté « dans la sédition » pour avoir provoqué une « émeute et un meurtre » (Mc 15, 7 et passages parallèles)[124]. » Ce qui semble correspondre à l'incident que Jésus provoque dans le Temple[P 29] et dont les évangiles synoptiques font la cause de son arrestation dans les deux jours qui suivent[P 30] et de sa crucifixion le lendemain. Hyam Maccoby considère aussi que ce Yeshua Bar Abba ou Jésus Barabbas n'est rien d'autre que Jésus de Nazareth, et que le choix entre deux prisonniers est une fiction ou un procédé littéraire[125]. Il conclut que certains des actes attribués à Barabbas doivent alors historiquement avoir été commis par Jésus[125].

À la suite d'Alfred Loisy plusieurs critiques font un lien et notent la correspondance entre le récit de la passion de Jésus et le récit fait par Philon d'Alexandrie, pour un personnage appelé par dérision, non pas Barabbas mais Karabbas, acteur involontaire d'une parodie pour se moquer du nouveau roi juif Agrippa Ier en route vers son nouveau royaume et qui se déroule en été 38[130], moins de deux ans après le renvoi de Ponce Pilate avec une procédure exceptionnelle (fin 36 / début 37).

Toutefois, pour un théologien comme Jean-Pierre Lémonon « ces explications ne prennent pas les sources au sérieux[131] ». Il estime qu'il n'y a parmi les objections soulevées que des contradictions ou des développements apologétiques, ce qui ne disqualifie pas a priori un texte sur le plan de l'histoire[131]. Pour lui, « l'épisode de Barabbas se trouve attesté dans les quatre évangiles[131] ». Il souscrit à l'affirmation d'un de ses collègues, Raymond Edward Brown, qui estime que « la critique invite, au moins, à reconnaître l'historicité de la libération d'un partisan armé nommé Barrabas[132] » distinct de Jésus, sans lequel le récit tel que nous le connaissons aujourd'hui n'aurait pas pu se développer[131]. À partir des récits de la Passion, « une tendance à accentuer le parallèle entre les deux personnages[131] » a pu se dessiner, bien qu'ils n'aient pas été « nécessairement mis en concurrence par Pilate lui-même à la demande de la foule[131]. »

Le privilège pascal modifier

Le débat sur la vraisemblance du procès de Jésus jugé par Ponce Pilate tel qu'il est décrit dans les évangiles, dure depuis tellement longtemps et est tellement célèbre, que l'on a même donné un nom au fait que le gouverneur romain était, selon les évangiles, obligé de relâcher le prisonnier que la foule désignait lors de la fête de pâque. Il est appelé le « privilège pascal ».

L'évangile attribué à Matthieu le décrit ainsi:

« A chaque Fête, le gouverneur avait coutume de relâcher à la foule un prisonnier, celui qu'elle voulait[P 31]. »

La valeur historique du « privilège pascal » est très disputée[133]. Sa réalité est mise en doute pour plusieurs raisons[133]. D'abord, parce que dans tout l'Empire romain il n'est attesté dans aucun texte de quelque nature que ce soit[134]. Les seuls textes qui en parlent ce sont les évangiles[134], puis dans les siècles suivants les récits de la Passion qui ont ont été tirés[133]. Comme les évangiles ne sont pas des textes indépendants, mais qu'au contraire les rédacteurs des versions et évangiles ultérieurs ont composés les leurs avec, sous les yeux, les textes des précédents[135], les récits du procès n'ont peut-être qu'une source commune[136], qui pourrait être le premier rédacteur de l'évangile attribué à Marc. Comme pour tous les autres passages des évangiles, ce rédacteur se réfère à l'Ancien Testament[137] presque à chacune des phrases qu'il écrit. Ce ne sont en tout cas pas des « témoignages indépendants »[135] comme on le lit parfois sous la plume d'auteurs confessionnels. Ces récits, ne concernent que deux prisonniers : Jésus de Nazareth et Jésus bar Abbas.

De plus, si cette obligation non-attestée a été jugée peu probable pour des gouverneurs romains, elle a semblé presque invraisemblable pour un préfet en Judée[134]. En effet, depuis la mort d'Hérode le Grand (-4), puis la prise de contrôle directe de la Judée par les Romains (+6), la Galilée, mais aussi la Judée et même parfois la Samarie, sont traversées de révoltes, alors que parallèlement des groupes appelés « brigands » par les Romains infestent le pays[138],[139]; les motivations sociales et politiques de ces brigands étant perceptibles dans les récits de Flavius Josèphe[140]. Une telle obligation pour un gouverneur de Judée aurait donc été à haut risque[141], car ces Galiléens, Sicaires, Zélotes ou « brigands » suscitaient souvent la sympathie de la population et donc de « la foule ». En tout cas, Flavius Josèphe qui s'était proposé de noter tous les privilèges que les Romains avaient accordés aux Juifs n'a pas cité ce privilège que Brandon estime tout à fait extraordinaire[134]. Alors qu'il mentionne des dizaines de répressions et des centaines de crucifixions, Flavius Josèphe n'en profite à aucun moment pour donner un exemple de prisonnier relâché pour une raison de ce type dans son récit en vingt sept volumes[142].

Toutefois pour un théologien comme Jean-Pierre Lémonon, « l'épisode de Barabbas se trouve attesté dans les quatre évangiles[131] » et le « privilège pascal » est explicitement mentionné dans trois d'entre-eux, seul celui attribué à Jean lie directement la coutume de la libération d'un prisonnier et la fête de Pâque[131]. Pour lui, « l'épisode Barabbas enchevêtré à la mention du privilège pascal fait partie d'une tradition ancienne des récits de la Passion ; la tension, née de la présence romaine, offre un bon contexte historique soutenant l'existence de prisonniers détenus par le gouverneur romain et populaires au moins auprès d'une partie du peuple de Jérusalem[131]. »

Pour lui, l'existence d'un prisonnier nommé Barabbas distinct de Jésus semble être une donnée historique minimum « nécessaire pour que le récit tel que nous le connaissons aujourd'hui ait pu se développer[131]. » De même, « il n'est pas impossible qu'à l'occasion de fêtes le gouverneur de Judée ait procédé à des libérations, c'était l'occasion de manifester à la fois la réalité du pouvoir romain et sa mansuétude[131] ». Il admet toutefois, que « rien ne permet de parler de coutume[131]. »

Pilate versus Ponce Pilate modifier

Il y a une telle différence entre le Ponce Pilate décrit par Philon d'Alexandrie et Flavius Josèphe et la personnalité faible du Pilate « qui joue une partition hésitante dans le Drame de la Passion[143] », que l'on peut parler de contradiction[143].

 
Lavement des mains par Pilate (Duccio).
Geste devenu proverbial quoique peu vraisemblable, à moins que ce Pilate là, ne soit juif[Note 15].

Vexations, rapines, injustices, outrages[P 11],[144], « dédain hautain pour les sentiments des autres[144] », « les citoyens qu'il avait fait périr sans jugement et enfin son insupportable cruauté[P 11] », sont les accusations émises contre Ponce Pilate par les auteurs séculiers[144]. « Les évangélistes le décrivent sous un jour très différent: inspiré par les plus humaines et honorables intentions pour ceux qui sont sujets de son gouvernorat, il déploie tous ses efforts pour les persuader de se désister de leur folie, et quand il est finalement contraint par la nécessité d'accomplir une obligation amère, il se lave les mains[144] » avant de livrer Jésus pour qu'il soit exécuté[144].

Jean-Pierre Lémonon ne nie pas cette « opposition entre les textes profanes et les textes évangéliques de la Passion en ce qui concerne le portrait de Pilate[145]. » Selon lui toutefois, un changement profond aurait été entamé récemment et les études sur Pilate refuseraient désormais « cette opposition sans nuance entre un Pilate soi-disant brutal des sources profanes, et un autre, celui des évangiles, qui serait hésitant, voire débonnaire[145]. »

Ce n'est donc pas seulement le « privilège pascal » qui a semblé improbable à la plupart des exégètes laïcs et des historiens[Note 16], c'est aussi la façon dont, selon les évangiles, Pilate l'aurait appliqué. Curieusement, après que Jésus ait affirmé « Tu le dis : je suis roi (Jn 18:37). » Pilate déclare alors: « Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation (Jn 18:38). ». Or, s'il n'était pas un roi reconnu par l'empereur, cette prétention à la royauté est un crime de lèse majesté, menaçant Rome et le pouvoir impérial et effectivement passible de mort[146],[Note 17].

En toute logique, Pilate persuadé que Jésus était innocent aurait du le relaxer sans autre forme de procès, ce dont il avait tout à fait l'autorité nécessaire[147]. Au lieu de cela on le voit recourir au subterfuge du « privilège pascal »[147] qui va immédiatement se retourner contre lui[148]. « De plus, quand les grands prêtres poussent la foule à exiger la liberté de Barabbas et contrecarrent ainsi ses intentions, il en est réduit à demander timidement à la foule: « Que ferais-je donc de celui que vous appelez le Roi des Juifs ? »[147] ». Puis docilement il envoie l'innocent Jésus à la crucifixion parce que « la foule » le lui a demandé, alors que même en supposant que le « privilège pascal » existait, celui-ci parlait seulement de faire libérer un prisonnier et pas d'envoyer à la mort celui que « la foule » désignerait[148]. Pilate aurait alors relâché Jésus Bar Abbas qui était un membre de la résistance très populaire et célèbre[148]. Brandon fait remarquer qu'il s'agit là d'une conduite aberrante pour un gouverneur romain, dont on peut se demander comment il l'a justifiée dans son rapport à l'empereur Tibère[148].

Pilate de plus en plus innocent modifier

Exonération de la responsabilité des Romains modifier

Indépendamment de savoir si Jésus Barabbas et Jésus de Nazareth sont deux personnes distinctes, un grand nombre de critiques admettent en général que l'épisode Barabbas allié à la mention du privilège pascal est utilisé par les rédacteurs des évangiles pour minimiser la responsabilité des Romains au travers de la figure de Pilate.


Sur le contexte d'écriture:

François Blanchetière souligne le climat qui régnait à l'époque et qui préoccupait grandement les autorités romaines avec les poursuites contre les « Davidiques » attestées à l'époque de Domitien ; le caractère « séditieux » attachés aux noms de christianus et de Christos, comme en témoignent Suetone et Tacite[118]


On comprend que Marc, écrivant son évangile à Rome au moment du triomphe de Vespasien consécutif à la prise de Jérusalem (71), ait conservé, dans un texte cependant grec, la forme hébraïque « Cananéen » (qannaim), incompréhensible en fait par le groupe hellénophone auquel il s'adressait, dans le souci de ne pas présenter un zélote, c'est-à-dire un rebelle, comme appartenant au groupe des disciples de Jésus, précaution qu'inspirait à l'auteur le contexte politique de la Rome contemporaine.

Évangile de Pierre modifier

L'Évangile attribué à Luc est le seul à contenir un épisode où Pilate envoie Jésus se faire juger par Hérode[P 32]. En suivant la tradition ecclésiastique, on estime que cet Hérode est Hérode Antipas, qui est d'ailleurs mentionné pour avoir fait exécuter Jean le Baptiste auparavant.

Un évangile attribué à l'apôtre Pierre — vraisemblablement daté du IIe siècle[Note 18] — déclaré apocryphe au VIe siècle, propose un fragment du récit de la Passion assez semblable aux synoptiques[149] et dont la valeur documentaire est de même nature que les récits néotestamentaires, faisant cohabiter souvenirs et interprétations. Ces dernières sont dictées tant par l'apologétique que par le souci de relayer les Écritures[150]. Ce vernis apologétique y « innocente » Pilate, sans aller toutefois jusqu'à en faire un chrétien. Ce dernier y est présenté assez proche d'un Hérode portant le titre de roi, à l'instar de ce que présente l'évangile selon Luc. On y retrouve la scène du lavement des mains de Pilate, qui n'est pas romaine[122], mais juive, et celle de la requête de Joseph d'Arimathée auprès du préfet pour prendre en charge la dépouille de Jésus, ce que Pilate lui accorde[151]. Dans cet évangile, c'est « Hérode, le roi » qui prononce la sentence après le départ de Pilate.

Ami de César modifier

Dans l'évangile attribué à Jean, Pilate est qualifié « d'ami de César », ce qu'il n'est pas dans les évangiles synoptiques. Ainsi, alors que Pilate cherche à relâcher Jésus, selon cet évangile « les Juifs vociféraient, disant : " Si tu le relâches, tu n'es pas ami de César " (Jn 19:12). » Or, « ami de César » est un titre que les empereurs accordaient à quelques personnes très importantes. Il est invraisemblable que Ponce Pilate ait été autorisé à porter ce titre par Tibère. Pilate n'est ni un roi de la région, ni même un sénateur. C'est un simple membre de l'ordre équestre à qui a été confié une toute petite province de l'Empire. Il n'y a en tout cas aucune trace historique d'une position élevée de Ponce Pilate qui aurait pu justifier ce titre.


Toutefois, pour les spécialistes les évangiles ne sont pas des « témoignages indépendants » bien que ce soit ainsi que les appellent souvent les théologiens. Les rédacteurs des récits du procès que l'on trouve chez Mathieu, puis chez Luc avaient une version de l'évangile attribué à Marc sous les yeux et il en est de même pour l'évangile selon Jean. Les variations que l'on lit dans ces évangiles ultérieurs étant le plus souvent justifiés par la théologie et la christologie du rédacteur. Pour Lémonon toutefois le fait que Barabbas et la mention du privilège pascal font « partie d'une tradition ancienne des récits de la passion » garantissent que l'on a ici deux personnage différents et pas un procédé littéraire parlant deux fois du même Jésus.

Maurice Sartre explique le lavement des mains ainsi : La tradition suivie par Mathieu et Marc fait de Pilate un préfet lâche et faible (avec notamment la scène du lavement des mains, tentative vaine de se disculper) alors que celle suivie par Luc et Jean, plus favorable, en fait une personne soucieuse de mener sa propre enquête sur les faits reprochés à Jésus[152].

Différences entre les évangiles modifier

Le coup de lance trouve une explication chez certains exégètes par le fait que, « dans sa couche la plus ancienne » l'évangile attribué à Jean « présente Jésus et comme le prophète semblable à Moïse annoncé par Deutéronome (18, 18-19), et comme le « fils de Joseph[153] », c'est à dire le descendant et l'héritier du patriarche Joseph[154],[155] », en référence au fils de Jacob dont le tombeau se trouve en Samarie[156].

C'est ainsi que M. E. Boismard explique notamment le coup de lance qui est porté à Jésus dans l'évangile selon Jean, alors qu'aucun des quatre autres évangiles écrits avant 150 ne le mentionne[157]. Il fait remarquer que « Dans la première moitié du IIe siècle, Rabbi Dosa se fait l'écho d'une tradition rabbinique selon laquelle le Messie fils de Joseph serait mis à mort, accomplissant ainsi en sa personne l'oracle du Livre de Zacharie (12, 10) : « Ils regarderont vers celui qu'ils ont transpercé[158]. » »

Pilate dans les Évangiles modifier

 
Fresques du procès de Jésus, église Saint-Jean-Baptiste de Iaroslavl.
 
Pilate se lave les mains (Duccio).

Les évangiles présentent Pilate comme quelqu'un qui veut libérer Jésus « le roi des Juifs (Jn 18:39) », mais qui est contraint de le condamner par les autorités juives et la foule. Il se retrouve piégé et doit libérer Jésus Barabbas[114], un « brigand » inculpé pour émeute et meurtre[159], plutôt que de libérer Jésus dont il dit qu'il est innocent.

Le théologien Michel Quesnel fait remarquer que « déterminer qui porte la responsabilité de la mort de Jésus a des retombées politiques, religieuses et idéologiques. Après avoir longtemps chargé les Juifs [suivant en cela le récit des Évangiles], les historiens sont actuellement souvent tentés d'attribuer l'initiative de [la] mise à mort [de Jésus] aux seuls Romains, en la personne de Pilate. Plus délicate encore que d'autres à propos de Jésus, cette question doit être étudiée par les chercheurs en faisant au maximum abstraction de leurs présupposés[115]. »

Les raisons pour lesquelles les évangélistes — qui sont des judéo-chrétiens — atténuent la responsabilité de Ponce Pilate dans le processus de condamnation de Jésus pourraient être liées aux circonstances de rédaction de leur récit, dans le cadre de l'Empire romain, afin que leur écrit puisse franchir la barre de la censure. On constate qu'au fil des rédactions la responsabilité « des Juifs » est de plus en plus importante pour atteindre son paroxysme dans les évangiles attribués à Jean et à Pierre et dans la dernière version des Actes des Apôtres[160], les derniers à avoir été rédigés avant 150. C'est dans cette période que s'élargit la rupture entre les Nazôréens (notsrim en hébreu, les juifs chrétiens[116]) et le mouvement des rabbins en formation[116] dans l'Académie de Yabneh[117], notamment avec une nouvelle rédaction de la Birkat haMinim contenant une malédiction à l'égard des hérétiques (minim) parmi lesquels les Nazôréens sont inclus[118],[119].

Seul, l'Évangile attribué à Luc (3,1) présente Ponce Pilate comme gouverneur de la Judée et le situe dans un environnement politique[161]. « Or, en la quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, (...) la parole de Dieu vint à Jean (le Baptiste), le fils de Zacharie, au désert ». Cette précision chronologique ne s'applique pas à Jésus, mais au début de la prédication de Jean le Baptiste.

Répression dans le Temple modifier

L'Évangile attribué à Luc évoque aussi des « Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs victimes[162] ». Les « victimes » dont il est question, sont les animaux qui étaient sacrifiés à Dieu dans le Temple de Jérusalem, une pratique qui existait dans la plupart des autres religions de l'Antiquité. Selon cette phrase trop brève, qui n'a d'écho ni chez Flavius Josèphe, ni chez Philon d'Alexandrie, Pilate aurait donc aussi réprimé un mouvement de protestation animé par des Galiléens à l'intérieur même du Temple. Ici, les Galiléens ne sont pas spécialement des habitants de Galilée, mais des membres du mouvement créé vers l'an 6, par Juda le Gaulanite (ou Judas le Galiléen)[N 7], ou des membres du mouvement Zélote[113].

Arrestation et interrogatoire de Jésus modifier

Les mentions ultérieures de Pilate dans les Évangiles se réfèrent toutes à la comparution de Jésus devant lui[163]. Pilate est surtout connu comme juge au procès de Jésus. Les chapitres 27 de Matthieu, 15 de Marc, 23 de Luc et 18-19 de Jean[164] rapportent le renvoi de Jésus de la demeure du Grand prêtre à Pilate, son interrogatoire, la pression de la foule, la libération de Barabbas :

Jésus est conduit devant Pilate par les responsables du Sanhédrin à la suite du « saccage du Temple » (Jésus ayant chassé les marchands du temple, selon Mc 11, 15-19 et passages parallèles). Il « venait de se révéler pouvant être violent, et donc risquait de fragiliser l'équilibre précaire entre le monde juif toujours prêt à s'agiter et l'occupant romain[165] ». La nuit précédent sa comparution, il avait été arrêté à Gethsémani, par une foule armée de bâtons et de glaives, envoyée par les grands-prêtres[166], ou selon l'évangile attribué à Jean, dans un jardin anonyme par une cohorte dirigée par un tribun (Jn 18:12) « et des gardes détachés par les grands prêtres et les Pharisiens (Jn 18:3) ». Jésus avait été trahi par Judas. Selon l'évangile attribué à Matthieu, on le traîne alors dans la demeure du grand-prêtre Caïphe (Mt 26:57) qui a convoqué de toute urgence le Grand Conseil ou Sanhédrin. Interrogé par le grand-prêtre, Jésus reconnaît être « le Christ, le Fils de Dieu[167] ». Dans l'évangile attribué à Jean, Jésus est d'abord interrogé par Anne « le beau-père de Caïphe (Jn 18:13) ». Anne l'envoie « alors, toujours lié, au grand prêtre, Caïphe (Jn 18:24) » et après le chant du coq (Jn 18:27), Jésus est mené « de chez Caïphe au prétoire (Jn 18:28) » (de Pilate) sans comparaître devant le Sanhédrin et sans avoir avoué être le Christ (Messie). Dans les trois évangiles synoptiques, nous sommes le jour de Pacque (Pessah), alors que dans celui attribué à Jean, nous sommes la veille de cette fête.

Le pays étant occupé par les Romains, il faut obtenir un autre jugement, cette fois devant le tribunal du gouverneur (hegemon), Pilate, pour parvenir à une condamnation à mort. Il est accusé d'être le « roi des Juifs (Mt 27:11, Jn 18:33) ». Pilate l'interroge à ce sujet et Jésus répond « Tu le dis : je suis roi (Jn 18:37). » Pilate déclare alors: « Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation (Jn 18:38). » Croyant sans doute avoir trouvé le moyen d'épargner Jésus, il propose à la foule (Ecce homo[168]) de libérer un prisonnier à l'occasion de la Pâque[169]. « C'est pour vous une coutume que je vous relâche quelqu'un à la Pâque. Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? (Jn 18:39) » Mais, contrairement à ce qu'il attendait, la foule crie « Libérez Barabbas » (PâLaT bar Abbas), du nom de cet autre prévenu dont Pilate aurait instruit le procès au même moment, présenté comme un émeutier, un meurtrier et « un brigand », c'est-à-dire un révolté Galiléen.

« Et Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que plutôt il s'élevait un tumulte, prit de l'eau et se lava les mains devant la foule, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; vous, vous y aviserez[170]. »

Bien que reconnaissant l'innocence de Jésus, Pilate le livre pourtant au supplice de la croix, supplice typiquement romain et de nature ignominieuse[122], alors que les juifs utilisent la lapidation comme pour pour Étienne ou l'apôtre Jacques[123]. Comme motif de la condamnation, il fait inscrire, selon l'usage romain, sur la croix le motif de la condamnation, la mention : « Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs (Jn 19:19) » (INRI). Les grands prêtres protestent et lui demandent d'inscrire plutôt : « Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs (Jn 19:21) », mais Pilate refuse en répondant « Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit[171] ». Dans l'évangile attribué à Jean, alors qu'il est sur la croix, Jésus reçoit un coup de lance (Jn 19:34), alors que dans les trois évangiles synoptiques et dans celui attribué à Pierre, ce coup de lance ne figure pas. Pilate accorde le corps de Jésus à Joseph d'Arimathie et dans celui attribué à Jean, Nicodème s'associe à lui pour l'inhumer (Jn 19:34). Dans les seuls évangiles attribué à Matthieu et à Pierre, Pilate délègue aux autorités juives la garde du tombeau[172], ce qui, selon Marie-Françoise Baslez est contraire aux règles de la crucifixion romaine[122]. Au fil de la rédaction des évangiles la responsabilité des Juifs est de plus en plus affirmée, pour atteindre son paroxysme dans l'évangile attribué à Jean et celui attribué à Pierre, ceux qui ont été rédigés en derniers.

Les différences entre les évangiles modifier

Les différences et incompatibilités entre les évangiles, notamment entre les évangiles synoptiques et l'évangile attribué à Jean sont importantes. Ainsi, dans les évangiles synoptiques (Marc, Matthieu, Luc) le motif de l'arrestation de Jésus est l'incident qu'il a déclenché en chassant les « marchands du Temple » qui provoque son arrestation la nuit même et son exécution le lendemain. En revanche dans l'évangile selon Jean, cet épisode est raconté au tout début du récit évangélique et Jésus célèbre ensuite au moins deux pâques et revient à deux reprises à Jérusalem — dont une fois où il y séjourne plus d'un mois — avant d'être arrêté et exécuté, c'est-à-dire plusieurs années après. Dans ce même évangile, parmi ceux qui viennent l'arrêter se trouve une cohorte menée par un tribun — c'est-à-dire plusieurs centaines de soldats —, alors que les synoptiques ne mentionnent qu'une foule armée de bâtons et de glaives, envoyée par les grands-prêtres. De la même façon, l'évangile selon Jean est le seul à relater le coup de lance qui est porté à Jésus[158], alors qu'aucun des quatre autres évangiles écrits avant 150 ne le mentionne (les synoptiques et l'évangile attribué à Pierre).

Un grand nombre de différences entre les évangiles sont probablement dues aux points de vues théologiques différents des divers auteurs. Leur récit est en effet bâti dans une optique d’« accomplissement des Écritures » plutôt que de reportage sur les événements[173]. En effet, pour les historiens, le scénario évangélique est une construction des années 60-70 « due à l'évangéliste Marc, à laquelle Matthieu, Luc et Jean apporteront chacun, dans les années 75-95, leurs variantes[174]. » Ce qui rend illusoire de prétendre écrire une biographie de Jésus[174].

Le coup de lance trouve une explication chez certains exégètes par le fait que, « dans sa couche la plus ancienne » l'évangile attribué à Jean « présente Jésus et comme le prophète semblable à Moïse annoncé par Deutéronome (18, 18-19), et comme le « fils de Joseph[175] », c'est à dire le descendant et l'héritier du patriarche Joseph[154],[155] », en référence au fils de Jacob dont le tombeau se trouve en Samarie[176]. En revanche

Le procès modifier

Les modalités du procès de Jésus sont déconcertantes[177] si l'on se réfère à ce que l'on connait du droit de l'époque : aucune reconstitution des faits ou des procédures connues ne résiste à l'examen à partir des évangiles[178]. La question de ce procès, toujours ouverte, est d'autant plus difficile qu'elle a été obscurcie, par le temps et l'antisémitisme entre autres, de multiples enjeux politiques et religieux[179].

Le coup de lance modifier

Concernant les différences entre les évangiles synoptiques et l'évangile attribué à Jean, Marie-Émile Boismard en explique un bon nombre par le fait que sa première phase de rédaction aurait été l’œuvre de « samarito-chrétiens »[158], ou qu'il aurait été destiné à des Samaritains[154]. Pour lui comme pour François Blanchetière, « l'évangile selon Jean, certainement dans sa couche la plus ancienne, présente Jésus et comme le prophète semblable à Moïse annoncé par Deutéronome (18, 18-19), et comme le « fils de Joseph[180] », c'est à dire le descendant et l'héritier du patriarche Joseph[154],[155] », en référence au fils de Jacob dont le tombeau se trouve en Samarie[181]. « C'est donc lui qui rassemble en sa personne les deux personnages de la Bible que vénéraient les Samaritains : il est à la fois Moïse le prophète et Joseph le roi[154]. Les Samaritains peuvent donc le reconnaître pour le personnage eschatologique qu'ils attendaient[154]. » L'évangile selon jean est indéniablement le plus favorable aux Samaritains[155].

C'est ainsi que M. E. Boismard explique notamment le coup de lance qui est porté à Jésus dans l'évangile selon Jean, alors qu'aucun des quatre autres évangiles écrits avant 150 ne le mentionne[157]. Il fait remarquer que « Dans la première moitié du IIe siècle, Rabbi Dosa se fait l'écho d'une tradition rabbinique selon laquelle le Messie fils de Joseph serait mis à mort, accomplissant ainsi en sa personne l'oracle du Livre de Zacharie (12, 10) : « Ils regarderont vers celui qu'ils ont transpercé[158]. » »

« Dans la tradition rabbinique : « L'attente eschatologique de deux messies est fort bien attestée soit à Qumran[182], soit dans la tradition rabbinique. A Qumran ils ne sont pas nommés, mais dans la tradition rabbinique, l'un était appelé « fils de David » et l'autre « fils de Joseph » ou encore « fils d'Ephraïm »[183]. » Dans les Manuscrits de la mer Morte, trois figures eschatologiques séparées sont attendue par la communauté: un Prophète, un Messie d'Aaron et un Messie d'Israël[184].


p94 « Dans la première moitié du II° siècle, Rabbi Dosa se fait l'écho d'une tradition rabbinique selon laquelle le Messie fils de Joseph serait mis à mort, accomplissant ainsi en sa personne l'oracle de Za 12, 10 : « Ils regarderont vers celui qu'ils ont transpercé. » A quand remonte cette tradition ? Certains indices permettent de penser qu'on en trouve un écho dans le 4° évangile.


p. 96 « Or, l'épisode des noces de Cana est immédiatement précédé par le récit de la vocation de Nathanaël (Jn 1, 45-51) auquel il est intimement lié, puisque nous l'avons vu, c'est comme « fils de Joseph » (Jn 1, 45), comme roi d'Israël (Jn 1, 49), que Jésus accompli le miracle sur la demande de sa mère. » Par ailleurs, le récit de « sa mère » « présente au pied de la croix est immédiatement suivi par l'épisode du coup de lance donné par le soldat romain dans le côté de Jésus, épisode dont le sens est donné dans la citation de Za 12, 10 (Jn 19, 31-37). Ces deux épisodes sont eux aussi, étroitement liés puisque c'est le disciple que Jésus aimait, à qui Jésus remet « sa mère » selon Jn 19, 25-27, qui peut témoigner du coup de lance donné par le soldat romain (Jn 19, 35). Tous ces épisodes sont liés et nous avons donc une double inclusion en forme de chiasme ; au récit de Jésus changeant l'eau en vin aux noces de cana, sur la demande de sa mère (Jn 2, 1-11), correspond le récit de Jésus en croix qui remet « sa mère » au disciple bien-aimé (Jn 19, 25-27). Au récit de la vocation de Nathanaël, dans lequel Jésus est reconnu comme « fils de Joseph » et comme « roi d'Israël » (Jn 1, 45-49), correspond l'épisode du coup de lance qui fonde l'oracle de Za 12, 10 : « Ils verront celui qu'ils ont transpercé » (Jn 19, 37). C'est donc en tant que « fils de Joseph » que Jésus accomplit l'oracle de Za 12, 10. C'est déjà constituée, la tradition dont, plus tard, Rabbi Dosa se fera l'écho. »



La relation ci-dessus correspond plus au contenu des évangiles vu par la tradition chrétienne que ce qui est effectivement écrit dans les évangiles. En effet, les évangiles ont été écrits séparément et lors de leur composition (essentiellement dans la période 70 - 115) personne n'a envisagé que certains d'entre eux puissent être un jour regroupés dans un livre unique : le Nouveau Testament. Par simplification, cette histoire est en général racontée en effectuant une sélection des épisodes tour à tour dans l'un ou l'autre évangile particulier, alors que cet épisode ne figure pas dans les autres ou qu'il y est raconté différemment. Or cette sélection est elle aussi le résultat de la tradition ecclésiastique. Cette façon de faire ne permet pas d'analyser ce que chacun des textes dit effectivement.

L'Évangile attribué à Luc est le seul à contenir un épisode où Pilate envoie Jésus se faire juger par Hérode[185]. En suivant la tradition ecclésiastique, on estime que cet Hérode est Hérode Antipas, qui est d'ailleurs mentionné pour avoir fait exécuter Jean le Baptiste auparavant.

Ils dénoncent comme une illusion le fait {{citation|de penser pouvoir reconstruire la biographie de Jésus - peine perdue puisque {{citation|le scénario évangélique est une construction des années 60, due à l'évangéliste Marc, à laquelle Matthieu, Luc et Jean apporteront chacun, dans les années 75-95, leurs variantes. »

Évangile de Pierre modifier

Un évangile apocryphe attribué à l'apôtre Pierre — vraisemblablement daté du IIe siècle[N 8] propose un fragment du récit de la Passion assez semblable aux synoptiques[186] et dont la valeur documentaire est de même nature que les récits néotestamentaires, faisant cohabiter souvenirs et interprétations. Ces dernières sont dictées tant par l'apologétique que par le souci de relayer les Écritures[187]. Ce vernis apologétique y « innocente » Pilate, sans aller toutefois jusqu'à en faire un chrétien. Ce dernier y est présenté assez proche d'Hérode, à l'instar de ce que présente l'évangile selon Luc. On y retrouve la scène du lavement des mains de Pilate, qui n'est pas romaine[122], mais juive, et celle de la requête de Joseph d'Arimathée auprès du préfet pour prendre en charge la dépouille de Jésus, ce que Pilate lui accorde[188]. Dans cet évangile, c'est « Hérode » qui prononce la sentence après le départ de Pilate.

Y a-t-il eu un procès de Pilate ? modifier

Selon Jean-Pierre Lémonon: « Les textes avancés par P. L. Maier ne manquent pas de pertinence, ils ne permettent pas cependant de définir avec certitude le sort de Pilate d'autant plus que la violence de la lettre d'Agrippa, rapportée par Philon [...] invite à nuancer les propos de P. L. Maier. Philon utiliserait-il des propos aussi violents à l'adresse d'un fonctionnaire romain si celui-ci n'avait pas été officiellement blâmé pour son comportement en Judée[97] ? » Les propos d'Agrippa sous la plume de Philon d'Alexandrie sont en effet sans équivoque, parlant de Pilate ; il écrit entre autres:

« Il craignait que, si on envoyait des députés on ne vînt à découvrir les autres méfaits de son gouvernement, ses vexations, ses rapines, ses injustices, ses outrages, les citoyens qu'il avait fait périr sans jugement, enfin son insupportable cruauté[108]. »

Peut-on imaginer qu'un auteur juif d'Alexandrie ait pu prendre un tel risque en s'exprimant sur un haut responsable romain, « membre de la classe équestre » et ancien Préfet, si celui-ci n'avait pas été disgracié ?

Pilate dans les textes antiques modifier

Aucun texte d'auteurs romains qui parlait de Ponce Pilate n'a été conservé. Seuls des textes d'auteurs juifs, ou judéo-chrétiens (les évangiles), parlent de lui, mais Flavius Josèphe s'arrête à son retour à Rome, épisode après lequel Pilate échappe à l'historien[97].

Néanmoins, Tacite, vers 115, le mentionne incidemment dans ses Annales[189], en rapportant la répression des christiani sectateurs de Christ qui avait été livré au supplice par le « procurateur » Ponce Pilate — ce qui est généralement considéré comme la première mention des chrétiens chez un auteur romain —, accusés par Néron d'avoir incendié Rome (en 64)[190].

La mention de Pilate dans le Symbole de Nicée-Constantinople est à signaler.

Les traditions chrétiennes modifier

À partir du IIe siècle, les récits chrétiens sur Ponce Pilate sont, en revanche, très nombreux dont plusieurs posent d'importants problèmes de cohérence et de chronologie. En particulier à partir du IVe siècle, l'histoire de Pilate a généré toute une littérature apocryphe dont les trois éléments les plus connus sont les Acta Pilati (les « Actes de Pilates »), l'Anaphora Pilati (rapport de Pilate à Tibère sur la Passion du Christ), et la Paradosis Pilati, (martyre de Pilate par Tibère, suite de l'Anaphora Pilati)[191].

Les Actes de Pilate chrétiens apparus vers la fin du IVe siècle donneront naissance à l'Évangile de Nicodème qui, bien que considéré comme apocryphe influenceront fortement la culture chrétienne occidentale.

Puisant vraisemblablement dans des traditions plus anciennes, leur première attestation conservée figure dans une Homélie sur la date de Pâques datant de 387 et dans un passage du Panarion d'Épiphane de Salamine. Selon ces traditions, Pilate se serait converti au christianisme et serait mort martyr puni par Tibère, ou se serait suicidé après avoir été exilé dans la vallée du Rhône.

Les Pères de l'Église modifier

Justin de Naplouse modifier

Le premier auteur chrétien à parler d’Actes de Pilate, est Justin de Naplouse (ou Justin Martyr) qui vers 150 écrit à « l'Empereur, au Sénat et à tout le peuple[N 9] », la première de ses deux apologies du christianisme. Il s'agit de prouver que les membres de l'Église n'ont rien à voir avec les juifs messianistes pour lesquels les Romains ont inventé le nom de chrétiens, qui à cette époque sonne comme une « qualification criminelle »[N 10].

Dans cette apologie, Justin mentionne à deux reprises des « Actes de Pilate » qui ne sont pas le futur texte chrétien, mais « des minutes du procès, conservées dans les archives romaines[94]. » dont il conjecture l'existence[192], dans un procédé apologétique[95]. Dans ces deux passages, l'auteur renvoie ses lecteurs à ces Actes pour prouver la véracité de ses dires. « En consultant les Actes de Pilate, les Romains auxquels Justin destine son œuvre, pourront vérifier la réalisation des prophéties dans les événements qui ont marqué la passion du Christ »[95].

Tertullien modifier

Dans l'Apologétique (v. 197), Tertullien fait état d'un « rapport » que Pilate aurait fait à Tibère sur les événements de Judée relatifs à Jésus[52] et fait du préfet romain un « chrétien de cœur »[52]. À la suite de ce rapport, Tibère aurait soumis au Sénat les faits de Judée « qui avaient révélé là-bas la vérité de la divinité du Christ[55] » en donnant son avis favorable pour que Jésus entre au Panthéon[52]. « Le Sénat n'ayant pas lui même vérifié ces faits, vota contre. » Tibère « persista dans son sentiment et menaça de mort les accusateurs des chrétiens[55]. » On trouve la même affirmation dans plusieurs textes d'origine syro-édéssienne regroupées sous le nom de « Légende d'Abgar ».

Au début du XXe siècle, Salomon Reinach envisageait que le rapport dont parle Tertullien pourrait être le texte apocryphe connue comme la Lettre de Pilate adressée à l'empereur Claude[52] mais considérait ce document comme un faux[193]. Au milieu du XXe siècle E. Volterra estimait que Tertullien se référait à un document authentique écrit par Ponce Pilate[56]. Mais, au XXIe siècle, Jean-Pierre Lémonon souligne que ces critiques « majorent la notoriété du fait chrétien à ses débuts » et qu'il n'existe aucune attestation historique qu'un rapport du gouverneur à l'empereur ait été nécessaire dans le cas de l'exécution du type de celle de Jésus[58]. L'attitude de Pline le Jeune qui s'enquiert 80 ans plus tard auprès de Trajan de la conduite à tenir envers les chrétiens tiendrait beaucoup plus aux traits de caractère de Pline qu'à la pratique courante[58]. Il semble donc impossible de prendre en considération l'assertion de Tertullien - historiquement invraisemblable - pour écrire l'histoire[52].

Eusèbe de Césarée modifier

Au début du IVe siècle, Eusèbe de Césarée mentionne également un « rapport » de Pilate à Tibère, sans que l'on puisse déterminer s'il s'agit du même que celui auquel faisait référence Tertullien dans son Apologétique (écrit vers 197). Mais pour Eusèbe, Pilate « se fait le simple écho de ce qui s'est passé et se dit dans la province dont il a la charge[54] », alors que conformément aux Évangiles, Tertullien faisait de Pilate un « chrétien de cœur[52],[194] ». Au contraire pour Eusèbe, « Pilate ne prend pas en compte ce qu'il rapporte[54]. » Pour Jean-Pierre Lémonon, les écrits d'Eusèbe concernant « le rapport de Pilate » sont dépendants de l' Apologétique de Tertullien dont il donne d'ailleurs la référence explicite. Toutefois, Eusèbe « ne fait pas mention du texte de l' Apologétique qui présente Pilate comme un chrétien de cœur car il est également l'écho d'une tradition qui met en valeur le châtiment de Pilate[54]. » En effet dans son Histoire Ecclésiastique, Eusèbe de Césarée s'appuie sur « les écrivains grecs qui nous ont laissé la suite des olympiades avec les événements survenus à leur date » pour mentionner que Ponce Pilate n'aurait pas survécu longtemps à sa disgrâce et se serait donné la mort alors que Caligula était empereur (37 - 41)[195].

Eusèbe mentionne également l'existence d'Actes anti-chrétiens qu'il appelle « Actes de Pilate et de notre Sauveur »[107] ». Pour transformer les mentalités, l'empereur Maximin Daïa aurait fait rédiger des « Actes » de Pilate dirigés contre les chrétiens : « Dans les écoles, durant toute la journée, les enfants avaient à la bouche Jésus, Pilate et les Actes fabriqués par outrage[107],[54] ». « On y retrouvait des thèmes classiques empruntés parfois aux polémiques entre chrétiens et juifs. Plusieurs attaques sont liées à la naissance de jésus : Jésus serait né hors des liens du mariage, il serait un fruit de la débauche ; ses parents ont fui en Égypte en raison de leur honte ; si Jésus était fils de Dieu, celui-ci n'aurait pas laissé massacrer des innocents lors de la naissance de son fils[196] ». Les miracles de Jésus « étaient des actes de magie. Sa prétention à la royauté et son activité de malfaiteur l'ont conduit à la mort. La résurrection y était ramenée à une affirmation subjective, car comme déjà Celse l'affirmait, il n'était pas convenable que « le Ressuscité » ne se manifeste pas au plus grand nombre, en particulier à ses ennemis[196]. »

Les textes non orthodoxes modifier

Le rapport de Pilate à Tibère modifier

Le rapport que Ponce Pilate aurait écrit à Tibère sur les événements de Judée ayant pour principal sujet l'activité de Jésus dont parle Tertullien (Apologétique)[52] est aussi mentionné par Moïse de Khorène. Jérôme de Stridon le mentionne aussi dans sa Chronicon hieronymus (en)[53] (c. 380), ainsi que la Chronicon Paschale[53], dont l'auteur byzantin utilise principalement comme sources: Julius Africanus (IIIe siècle) ; les Fastes consulaires ; l’Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée ; la Chronique de Jean Malalas ; les Acta Martyrum ; le Traité des Poids et Mesures d'Épiphane de Salamine (IVe siècle).

À la suite de ce rapport, Tibère aurait soumis au Sénat les faits qui révélait la divinité du Christ[55] en donnant son avis favorable pour que Jésus entre au Panthéon[52]. À ce sujet Tertullien écrit : « Donc Tibère, sous le règne de qui le nom « chrétien » a fait son entrée dans le monde, soumit au Sénat les faits qu'on lui avait annoncé de Syrie-Palestine, faits qui avaient révélés là-bas la vérité de la divinité du Christ, et il manifesta son avis favorable. Le Sénat, n'ayant pas lui-même vérifié ces faits, vota contre. César [Tibère] persista dans son sentiment et menaça de mort les accusateurs des chrétiens[55]. »

Nikos Kokkinos remarque que les Chronicon hieronymus et Chronicon Paschale situe ce rapport sous les consulats de Gallus et Nonianus qui ont été les consuls éponyme de l'année 35[53]. Pour lui cela renforce son point de vue fondée sur les indications chronologiques de Flavius Josèphe selon lesquelles Jean le Baptiste est mort vers 35 et que subséquemment Jésus aurait été crucifié par Ponce Pilate à la Pessah (Pâque) 36[57]. (Voir à ce sujet Date de la mort de Jean Baptise)

Toutefois, l'historien chrétien Jean-Pierre Lémonon critique la position de E. Volterra qui vers 1950 estimait lui aussi que Tertullien se référait à un document authentique écrit par Ponce Pilate[56]. Pour lui, ces critiques « majorent la notoriété du fait chrétien à ses débuts », car estime-t-il, « si le gouverneur devait faire un choix parmi les événements qu'il rapportait à Rome, l'exécution de Jésus de Nazareth n'était pas parmi les plus importants. » Pour lui, L'attitude de Pline le Jeune qui s'enquiert 80 ans plus tard auprès de Trajan de la conduite à tenir envers les chrétiens tiendrait beaucoup plus aux traits de caractère de Pline qu'à la pratique courante[58]. Il lui semble donc impossible de prendre en considération l'assertion de Tertullien, qui pour lui est « historiquement invraisemblable »[52].

Tertullien et Eusèbe modifier
CHAPITRE II
[COMMENT TIBÈRE FUT VIVEMENT FRAPPÉ DE CE QU'IL APPRIT PAR PILATE CONCERNANT LE CHRIST]

[1] La merveilleuse résurrection du Sauveur et son ascension étaient déjà connues d'un grand nombre. En vertu d'une ancienne coutume, les gouverneurs des provinces devaient informer l'empereur régnant des événements survenus dans leur ressort, de façon à ; ce que rien n'échappât au prince. Pilate fit donc part à Tibère de ce qu'on racontait dans toute la Palestine au sujet de la résurrection de notre Sauveur Jésus-Christ ?, [2] l'informant des autres merveilles de sa vie, et qu'à cause de sa résurrection le plus grand nombre croyait déjà en la divinité de Jésus. L'empereur en référa au Sénat. Cette assemblée écarta la proposition, en apparence parce qu'elle n'avait pas été soumise à son examen préalable (c'était une loi antique qu'un dieu ne pouvait être reconnu chez les Romains que par un vote et un décret du Sénat) ; mais, en vérité, parce que l'enseignement divin et la prédication du salut n'avaient besoin ni de l'assentiment ni de la garantie d'une assemblée humaine. [3] Le Sénat romain ayant ainsi repoussé le projet qui lui était adressé au sujet de notre Sauveur, Tibère garda sa manière de voir antérieure et n'entreprit rien de mal contre la doctrine du Christ.

[4] C'est ce que Tertullien, homme très versé dans les lois romaines, illustre du reste et des plus célèbres à Rome nous raconte dans son Apologie. Cet ouvrage écrit en langue latine, a été traduit en grec et voici textuellement ce qu'il nous apprend de celle affaire :

« [5] Pour traiter de l'origine de telles lois, il faut remarquer que, d'après un ancien décret, aucune divinité ne pouvait être consacrée par l'empereur à moins d'avoir été examinée par le Sénat. C'est ainsi qu'en usa Marc-Émile au sujet d'un certain dieu Alburnus. Mais que chez vous la décision des hommes donne la divinité, voilà certes qui est favorable ù notre cause. Si Dieu ne plaît pas à l'homme, il ne sera pas Dieu; de cette manière, il convint donc que l'homme fût favorable à Dieu. [6] Tibère, sous le règne duquel le nom chrétien fit son apparition dans le monde, reçut de Palestine, où elle débuta, des informations relatives à leur doctrine; il les transmit au sénat, laissant voir que cette croyance lui plaisait. Cette assemblée refusa d'y ajouter sa sanction, parce qu'elle n'avait pas été consultée tout d'abord. Tibère persévéra dans son sentiment et menaça de mort ceux qui accusaient les chrétiens. »

Cette disposition d'esprit était chez l'empereur, le fait d'une direction de la Providence céleste, afin que la parole de l'évangile, encore à ses débuts, pût être, sans obstacle, répandue dans tout l'univers.

La lettre de Pilatus à Claude modifier

La tradition chrétienne mentionne aussi une lettre qu'un gouverneur de Judée surnommé Pilatus aurait envoyée à l'empereur Claude. Ce texte apocryphe, lié traditionnellement à la passion des apôtres Pierre et Paul, constitue le dernier chapitre des Actes de Pilate[197].

Présente en sa version grecque dans les Actes de Pierre et Paul — un écrit daté du Ve siècle[198] —, elle sert lors d'un interrogatoire de Simon le Magicien et des apôtres Pierre et Paul par l'empereur Néron à Rome[197]. Présentée comme un document officiel, elle sert à appuyer « la réalité historique des miracles de Jésus et à confondre les prétentions mensongères de Simon[199] »[197].

Dans ce texte le rapport de Pilatus est lié à un débat entre Pierre et Simon le Mage[197] et produit ainsi un anachronisme en liant ce débat au règne de Claude alors que Pilate a gouverné sous Tibère[197].

Machin modifier

Je demande une sanction contre X qui va jusqu'à suggérer sur la pdd de l'aticle Jean le Baptiste que je serais antisémite en écrivant: « Je signale entre autres manœuvres de sa part ses tentatives de mettre en vedette de vieilles légendes antisémites dans l'article Judas Iscariote, dont il serait dommage qu'elles tombent dans l'oubli ». Ce contributeur qui initialement contribuait sous IP (très flottante) semble chercher l'affrontement avec moi depuis le mois d'août. Ainsi en août, sur la pdd de Jude (frère de Jésus), dans une section qu'il a appelée La tradition catholique, la tradition catholique, la tradition catholique..., il accusait l'article de relever « du bourrage de crâne beaucoup plus qu'autre chose » et « d'être malhonnête, tout simplement », càd d'avoir cité Pierre-Antoine Bernheim de façon malhonnête.

J'ai supporté — sans même les relever — ses constantes mises en cause de ma bonne foi, ses accusations (au combien loin de la réalité) de n'exposer que le point de vue catholique et de ne pas donner le point de vue des historiens modernes (dans des articles très correctement sourcé, alors que lui-même n'emmène aucun historien), etc. en pensant que c'était peut-être un nouveau contributeur, suivant le principe de ne pas mordre les nouveaux. Mais là, ça fait quand même, au moins, 8 mois qu'il a eu toutes les explications qu'il veut et avec le coup des légendes antisémites que je mettrai soi-disant dans des articles, pour moi il a franchi une limite inacceptable.

Je signale — entre autre —, ce type d'affirmation sur la pdd de l'article crucifixion que j'avais aussi laissé passé:

« Michel Abada ne veut pas de cette source 2aire ; c'est normal, il est totalement étranger au monde de l'art en général, comme le montrent des confusions crasses qu'il commet dans certains de ces messages de la pdd de Jean le Baptiste (par exemple, confusion entre auteur et narrateur, qui suggère qu'il n'a pas mis le nez dans un roman depuis qques décennies au moins...). "Cinéaste" pour lui est une sorte d'injure ; comme "ignorant" ou "crétin" ; voilà ce que c'est que de ne jamais décoller de ses livres d'histoire. mais l'ignorant n'est pas celui que l'on croit. »

Et il y a d'autres cas.

Discussion:Jude_(apôtre)#Et_les_historiens_modernes.2C_bordel_.3F : « UNE PHRASE, vous estimez que c'est suffisant ? Il faut la chercher d'abord ; elle se trouve dans le dernier tiers de l'article, est-ce normal ? Je ne le pense pas. Proportionnellement au reste, c'est ridicule. Il faudrait une section, beaucoup plus haut dans l'article. Pourquoi n'y a-t-il PAS LA MOINDRE SECTION SUR "LES HISTORIENS MODERNES", pour faire contrepoids à la tonne de "tradition" qu'on nous balance à la figure ? »

« ce n'est pas seulement votre ton qui n'est pas acceptable. La remise en cause permanente de mon honnêteté intellectuelle est encore plus inacceptable. Au moins, vous auriez pu vous rendre compte au vu du contenu de mes contributions que vos soupçons n'avaient strictement pas le moindre fondement. Mais en réalité, je pense que vous n'en avez cure et que vous recherchez simplement l'affrontement avec moi. »

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Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le fait que Flavius Josèphe, un auteur juif qui connaît donc parfaitement les différences entre les Juifs et les Samaritains, indique que « Vitellius ordonna à Pilate, de rentrer à Rome pour renseigner l'empereur sur ce dont l'accusaient les Juifs » fait supposer à certains critiques que le renvoi de Pilate avait d'autres motifs que les plaintes des Samaritains, dont les griefs étaient portés par la population juive, mais sur lesquels les commanditaires de l’œuvre de Josèphe — Vespasien et le futur empereur Titus — préféraient que l'on reste discret.
  2. Pour voir les débats sur ces dates, cf. Lémonon 2007, p. 223-225, extrait en ligne ; quelques historiens dont Gilbert Picard, ont estimé que celui-ci serait intervenu alors que Caligula était déjà nommé à Rome, peu après le 16 mars 37, cf. Gilbert Picard, « La date de naissance de Jésus du point de vue romain, p. 805 ; Nikkos Kokkinos date la fin de la préfecture de Pilate vers 36 et, utilisant la chronologie de Josèphe sur la mort de Jean le Baptiste fixe celle-ci vers 35 et hypothèse que la mort de Jésus de Nazareth aurait donc eu lieu à la Pacque 36, quelques mois avant le renvoi à Rome de Ponce Pilate par Lucius Vitellius ; cf. Nikkos Kokkinos, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, Crucifixion in A.D. 36 : The Keystone for Dating the Birth of Jesus, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 134-136.
  3. L'absence de traces documentaires sur ce successeur de Pilate (cf. Hadas-Lebel 2009, p. 83) conduit certains critiques à s'interroger pour savoir si Marcellus et Marullus doivent être considérés comme identiques ou non. Jean-Pierre Lémonon et d'autres estiment toutefois que cette identification n'est soutenue par aucun document (cf. Lémonon 2007, p. 22, note no 3) et que rien ne s'oppose à ce que ce soit deux personnages différents.
  4. Les fêtes célébrées au cours des trois pèlerinages sont traditionnellement : Pessa'h, Chavouot et Souccot.
  5. Le fait d'être choisi comme délégué comportait une certaine dose de risque. Par exemple, dans un conflit qui mettait en cause le procurateur Antonius Felix, le grand prêtre Ananias sera ensuite retenu à Rome, l'obligeant à démissionner de sa fonction de grand-prêtre, alors même que l'empereur a semblé donner raison aux plaignants.
  6. Aucun livre d'auteur latin ou grec parvenu jusqu'à nous ne parle de Ponce Pilate. Au Ier siècle, seuls des livres d'auteurs juifs en parlent. À partir de 150 seuls des auteurs chrétiens en parlent. La phrase de tacite qui mentionne Ponce Pilate, ne nous apprend rien sur le point de vue romain à son sujet.
  7. Appelé aussi « quatrième philosophie » par Flavius Josèphe.
  8. Les dates de rédactions sont néanmoins débattues, certains chercheurs lui conférant une plus grande ancienneté, en faisant un écrit contemporain des évangiles voire, selon quelques auteurs, les précédant.
  9. « À l'empereur Titus Aélius Hadrien Antonin le Pieux, Auguste, César, et à Vérissimus (Marc Aurèle), César, fils d'Auguste, philosophe et à Lucius, philosophe, fils de César selon la nature et d'Antonin le pieux par l'adoption, ami de la culture, au sacré Sénat et à tout le peuple romain, en faveur des hommes de toute origine, injustement haïs et persécutés, moi l'un d'eux, Justin […] originaire de Flavia Neapolis, cité de Syrie-Palestine, j'adresse ce discours et cette pétition. »
  10. « Parce que vous avez entendu dire que nous attendons un royaume, vous supposez sans discernement que nous parlons d'un royaume humain, alors qu'il s'agit de celui qui est auprès de Dieu ; cela résulte aussi du fait qu'interrogés par vous nous avouons être chrétiens, alors que nous savons bien que pour celui qui fait cet aveu, la peine de mort est instituée. », cf. Ire Apologie, XI, 1, in Claude Munier, Apologie pour les chrétiens de Justin, Éd. Cerf, 2006, p. 153.

Références modifier

  1. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 135.
  2. a b c d e et f Marcel Simon, « Qui était Flavius Josèphe ? », dans Aux origines du Christianisme,  éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 31.
  3. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Mimouni2012_p133
  4. Voir notamment Étienne Nodet, Flavius Josèphe : Création et histoire, in Revus Biblique no 100 , 1993, p. 5-40.
  5. Shaye J. D. Cohen, Josephus in Galilee and Rome: His Vita and Development As a Historian, Brill Academic Publishers, Boston, Leiden, 2002, p. 114-129.
  6. a et b Lémonon 2007, p. 23-24, extrait en ligne
  7. (en) Edward Togo Salmon, Samnium and the Samnites, Cambridge University Press, , p. 398
  8. M. J. Ollivier, « Ponce Pilate et les Pontii », Revue biblique, no 5,‎ , p. 594-596
  9. Jacques Heurgon, Rome et la Méditerranée occidentale jusqu'aux guerres puniques, PUF, , p. 327
  10. (de) Alexander Demandt, Pontius Pilatus, C.H. Beck, , p. 48
  11. Lémonon 2007, p. 121.
  12. (en) Raymond Edward Brown, The death of the Messiah: from Gethsemane to the grave, Doubleday, , p. 294
  13. (en) Helen K. Bond, Pontius Pilate in History and Interpretation, Cambridge University Press, , p. 133
  14. Claude Aziza, « Ponce Pilate », L'Histoire, no 70,‎ , p. 46
  15. a b c d e f g h i j k l m et n Hadas-Lebel 2009, p. 70
  16. Lémonon 2007, p. 52-53
  17. a b c et d Mimouni 2012, p. 418
  18. cf. Maurice Sartre, Le Haut-empire romain, éd. Seuil, 1997, p. 344 ; Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie, éd. Fayard, 2001, p. 471-472, 552-554 ; cités par Mimouni 2012, p. 418
  19. Guy Couturier (professeur émérite de la faculté de théologie de l'Université de Montréal), « L'inscription de Ponce Pilate », interbible.org, .
  20. Michel Dubuisson, Le « Procurateur » de Judée, p. 133.
  21. Mimouni 2012, p. 419-420
  22. Mimouni 2012, p. 422
  23. a b c et d Mimouni 2012, p. 419
  24. Mimouni 2012, p. 427
  25. a b c d e et f Mimouni, Maraval 2007, p. 24. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Mimouni 2007 p. 24 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  26. Mimouni 2012, p. 436, 437
  27. Lémonon 2007, p. 52-53
  28. Mimouni 2012, p. 436, 437
  29. (de) Ekkehard Weber, « Zur Inschrift des Pontius Pilatus », Bonner Jahrbùcher, no 171,‎ , p. 198
  30. (en) Edward Togo Salmon, Samnium and the Samnites, Cambridge University Press, , p. 398
  31. M. J. Ollivier, « Ponce Pilate et les Pontii », Revue biblique, no 5,‎ , p. 594-596
  32. Jacques Heurgon, Rome et la Méditerranée occidentale jusqu'aux guerres puniques, PUF, , p. 327
  33. (de) Alexander Demandt, Pontius Pilatus, C.H. Beck, , p. 48
  34. Lémonon 2007, p. 121.
  35. (en) Raymond Edward Brown, The death of the Messiah: from Gethsemane to the grave, Doubleday, , p. 294
  36. (en) Helen K. Bond, Pontius Pilate in History and Interpretation, Cambridge University Press, , p. 133
  37. Claude Aziza, « Ponce Pilate », L'Histoire, no 70,‎ , p. 46
  38. cf. Maurice Sartre, Le Haut-empire romain, éd. Seuil, 1997, p. 344 ; Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie, éd. Fayard, 2001, p. 471-472, 552-554 ; cités par Mimouni 2012, p. 418
  39. Guy Couturier (professeur émérite de la faculté de théologie de l'Université de Montréal), « L'inscription de Ponce Pilate », interbible.org, .
  40. Michel Dubuisson, Le « Procurateur » de Judée, p. 133.
  41. Mimouni 2012, p. 419-420
  42. Mimouni 2012, p. 422
  43. Mimouni 2012, p. 427
  44. Lémonon 2007, p. 52-53
  45. Mimouni 2012, p. 436, 437
  46. Hadas-Lebel 2009, p. 71
  47. Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, éd. Bayard, 2011, p. 99
  48. cf. Lémonon 2007, notamment préface de Maurice Sartre
  49. Bond 2004
  50. Martin Goodman, Rome et Jérusalem, éd. Perrin, 2009, p. 744
  51. a b c d et e Mimouni 2012, p. 436
  52. a b c d e f g h i j k et l Lémonon 2007, p. 233, extrait en ligne. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Lémonon 233 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  53. a b c d e et f Nikkos Kokkinos, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 143.
  54. a b c d e f et g Lémonon 2007, p. 235, extrait en ligne
  55. a b c d et e Tertullien, Apologétique, 5, 2, cité par Lémonon 2007, p. 233.
  56. a b et c E. Volterra, Di una decisione del Senato Romano ricorda da Tertulliano, dans Scritti in onore di Contardo Ferrini pubblicati in occasione della sua beatificazione, I, Milan, p. 471-488, cité par Lémonon 2007, p. 234
  57. a et b Nikkos Kokkinos, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 137-157.
  58. a b c d e et f Lémonon 2007, p. 234, extrait en ligne.
  59. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 217.
  60. Nikkos Kokkinos, Crucifixion in A.D. 36 : The Keystone for Dating the Birth of Jesus, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 267-268.
  61. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 216.
  62. a b et c Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XVIII, V, 1.
  63. Nikkos Kokkinos, Crucifixion in A.D. 36 : The Keystone for Dating the Birth of Jesus, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 133.
  64. Nikkos Kokkinos, Crucifixion in A.D. 36 : The Keystone for Dating the Birth of Jesus, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 146.
  65. a b c d et e Nikkos Kokkinos, Crucifixion in A.D. 36 : The Keystone for Dating the Birth of Jesus, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 134. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Kokkinos_Chronos_134 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  66. Il y a un quasi-consensus pour suivre les indications chronologiques fournies pas Flavius Josèphe et situer cette bataille en 36 ; cf. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : Des prêtres aux rabbins, éd. P.u.f./Nouvelle Clio, 2012, p. 407 ; Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 216-217; E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 189 ; Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 427. Toutefois, pour résoudre la contradiction entre Flavius Josèphe qui fournit des indications qui place la mort de Jean le Baptiste vers 35 et la tradition chrétienne qui la situe en 29, Christiane Saulnier reprend la proposition d'Étienne Nodet qui suppose que Josèphe s'est trompé et place donc cette bataille avant 29. Cette proposition ne rencontre toutefois pas une grande réception.
  67. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Smallwood_186
  68. Le moment de l'expédition de Vitellius (printemps 37) indique que la victoire d'Arétas ne peut pas être intervenue avant la deuxième partie de l'année 36, puisque la plainte d'Antipas à Tibère, est arrivée de façon évidente trop tard pour que la campagne ordonnée par Tibère ait lieu dans la même saison. cf. E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 186, note no 23.
  69. a et b (en) Ilaria Ramelli, Possible Historical Traces in the Doctrina Addai, § n° 9.
  70. a et b Robert Eisenman, James the Brother of Jesus and the Dead Sea Scrolls: The Historical James, Paul The Enemy, and Jesus' Brothers as Apostles, Tome I, éd. GDP, Nashville, 2012.
  71. Khosran est peut-être une altération pour Khouran qu’on lit dans Thomas Arçrouni, p.  49-53, cf. Victor Langlois.
  72. D'après Victor Langlois, il s'agit probablement d'un ancêtre des Arçrouni, qui régneront sur la Sophène puis deviendront une des quatre grandes familles arméniennes (avec les Mamikonian, les Bagratouni et les Siouni).
  73. Moïse de Khorène, Histoire de l'Arménie, Livre II chapitres 29, sur http://remacle.org
  74. a b c d e f g h i et j Lémonon 2007, p. 215
  75. a b c et d Lémonon 2007, p. 217
  76. a b c d e et f Lémonon 2007, p. 218
  77. a b et c Eisenman 2012 vol. II, p. 21-22.
  78. a b c d e f et g Grabbe 1992, p. 424. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Grabbe1992_p424 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  79. a b et c Grabbe 1992, p. 510.
  80. Eisenman 2012 vol. II, p. 21.
  81. Blanchetière 2001, p. 123.
  82. a et b Lémonon 2007, p. 257
  83. a b c et d Daniel R. Schwartz, Agrippa I : The Last King of Judaea, éd. Mohr Siebeck, 1990, p. 184.
  84. a b c et d Lémonon 2007, p. 219. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Lémonon219 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  85. a b c d e et f Hadas-Lebel 2009, p. 74
  86. a et b Lémonon 2007, p. 223-225, extrait en ligne
  87. a et b Lémonon 2007, p. 65. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Lémonon65 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  88. a b c et d Michel Dubuisson, Le «procurateur» de Judée , Revue belge de philologie et d'histoire , 1999, vol. 77, p. 135. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Dubuisson » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  89. Lémonon 2007, p. 223, extrait en ligne
  90. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 227.
  91. a et b (en) E. Mary Smallwood, The Jews [...], op. cit., p. 189.
  92. a b c d et e Lémonon 2007, p. 224-225, extrait en ligne Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Lémonon 224_225 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  93. a b et c Lémonon 2007, p. 225. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Lémonon225 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  94. a b et c J. D. Dubois, La figure de Pilate: Introduction aux textes relatifs à Pilate dans Pierre Geoltrain et Jean-Daniel Kaestli (éds.), Écrits apocryphes chrétiens Tome II, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2005, p. 245.
  95. a b c d e et f Lémonon 2007, p. 232-233, extrait en ligne
  96. Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme. , 2010, éd. Carthala, Paris, p. 75.
  97. a b c d e f g h et i Lémonon 2007, p. 225, extrait en ligne Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Lémonon 225 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  98. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Lémonon_244
  99. Tibère « charge Vitellius de diriger toutes les révolutions qui se préparaient en Orient. » c.f. Tacite, Annales, Livre VI, § XXXII.
  100. « Eux, croyant ses paroles véridiques, prirent les armes, et, s'étant installés dans un village nommé Tirathana, s'adjoignirent tous les gens qu'ils purent encore ramasser, de telle sorte qu'ils firent en foule l'ascension de la montagne. » Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, IV, 1.
  101. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII, IV, 2.
  102. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, 18,89, cité par Lémonon 2007, p. 223
  103. Lémonon 2007, p. 223, extrait en ligne
  104. Il y a une quasi unanimité pour suivre les indications chronologiques fournies pas Flavius Josèphe et situer cette bataille en 36 ; cf. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : Des prêtres aux rabbins, éd. P.u.f./Nouvelle Clio, 2012, p. 407 ; Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 216-217; E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule, p. 189 ; Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Mineapolis, 1992, p. 427 ; Nikkos Kokkinos, in Jack Finegan, Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies, éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, p. 135. Toutefois, pour résoudre la contradiction entre Flavius Josèphe qui fournit des indications qui place la mort de Jean le Baptiste vers 35 et la tradition chrétienne qui la situe en 29, Christiane Saulnier reprend la proposition d'Étienne Nodet qui suppose que Josèphe s'est trompé et place donc cette bataille avant 29. Cette proposition ne rencontre toutefois pas une grande réception chez les historiens.
  105. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, IV, 3.
  106. Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme. , 2010, éd. Carthala, Paris, p. 75.
  107. a b c et d Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique, Livre IX, § V, 1s
  108. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Philon
  109. « Il avait eu l'idée, pour abolir les lois des Juifs, d'introduire dans la ville [de Jérusalem] les effigies de l'empereur qui se trouvaient sur les enseignes… » cf. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, III, 1, texte en ligne
  110. a et b Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, éd. Picard, 2009, p.  74
  111. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, IV, 2
  112. Gilbert Picard, « La date de naissance de Jésus du point de vue romain, p. 805.
  113. a et b Gérard Nahon , article Zélotes de l'Encyclopædia Universalis.
  114. a b et c Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 448.
  115. a et b cf. Michel Quesnel, « Jésus et le témoigage des Évangiles », in P. Geoltrain (Dir.), Aux Origines du christianisme, Gallimard / Le Monde de la Bible, 2000, Paris, p. 206. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Quesnel_206 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  116. a b c et d Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 482.
  117. a et b Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 489.
  118. a b et c Blanchetière 2001, p. 205. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Blanchetière_205 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  119. a et b Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 71s.
  120. Lémonon 2007, p. 15.
  121. Michel Quesnel, « Jésus et le témoignage des Évangiles », dans Pierre Geoltrain, Aux Origines du christianisme, Gallimard / Le Monde de la Bible, p. 207.
  122. a b c d e et f Marie-Françoise Baslez, Bible et Histoire, Folio histoire, Gallimard, 2003, p. 210.
  123. a et b Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 455.
  124. a b c d e f g et h Eisenman 2012 vol. I, p. 64.
  125. a b c et d Hyam Maccoby, Revolution in Judaea: Jesus and the Jewish Resistance Taplinger Publishing co, 1980, New-York, p. 165–166.
  126. Horace Abraham Rigg, Barabbas, JLB 64, p. 417-456, voir aussi Stefan L. Davies, Who is call Barabbas ?, NTS 27, p. 260-262.
  127. Jennifer K. Berenson Maclean, Barabbas, the Scapegoat Ritual, and the Development of the Passion Narrative, HTR 100, 2007, p. 309-334 ; où Berenson Maclean expose que l'épisode est construit en référence à Lévitique 16, Barabbas et Jésus étant les deux bouc-émissaires.
  128. Eisenman 2012 vol. I, p. 376-388.
  129. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 23-24.
  130. B. J. Oropeza, C. K. Robertson, Douglas C. Mohrmann, Jesus and Paul: Global Perspectives,
  131. a b c d e f g h i j k et l Lémonon 2007, p. 176.
  132. Raymond Edward Brown, The Gospel according to John XIII-XXI, New-York, 1970, p. 871 et La mort du Messie, p. 909-910 ; cité par Lémonon 2007, p. 176.
  133. a b et c Lémonon 2007, p. 173.
  134. a b c et d S. G. F. Brandon, Jésus et les Zélotes, Flamarion, Paris, 1975, p. 291.
  135. a et b Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme. Enquête sur les recherches récentes, Karthala, Paris, 2010, p. 88.
  136. Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme. Enquête sur les recherches récentes, Karthala, Paris, 2010, p. 178.
  137. Jacques Giri, Les nouvelles hypothèses sur les origines du christianisme. Enquête sur les recherches récentes, Karthala, Paris, 2010, p. 172.
  138. Mimouni 2012, p. 445.
  139. Mimouni 2012, p. 436.
  140. Mimouni 2012, p. 434.
  141. S. G. F. Brandon, Jésus et les Zélotes, Flamarion, Paris, 1975, p. 292.
  142. S. G. F. Brandon, Jésus et les Zélotes, Flamarion, Paris, 1975, p. 291 et note no 2 de la même page.
  143. a et b Paul Winter, Pilate in history and in christian tradition, in Marginal Notes on the Trial of Jesus, p. 72.
  144. a b c d et e Paul Winter, Pilate in history and in christian tradition, in Marginal Notes on the Trial of Jesus, p. 76.
  145. a et b Lémonon 2007, p. 258
  146. Lémonon 2007, p. 172
  147. a b et c S. G. F. Brandon, Jésus et les Zélotes, Flamarion, Paris, 1975, p. 294.
  148. a b c et d S. G. F. Brandon, Jésus et les Zélotes, Flamarion, Paris, 1975, p. 295.
  149. Pour une traduction en français, cf; Éric Junod, « L'Évangile de Pierre », in François Bovon et Pierre Geoltrain (éds.) Écrits apocryphes chrétiens, vol. I, éd. Gallimard, 1997, p. 247-254.
  150. Par exemple, des épisodes répondant à des prophéties d'Esaïe (Es, 59, 7) et de Zacharie (Za 12, 10) pour, respectivement Ev Pierre 6 et 9 ; cité par François Bovon, op. cit. infra, 2004 p. 29.
  151. François Bovon, Les derniers jours de Jésus, éd. Labor et Fides, 2004, p. 26–28.
  152. Lémonon 2007, p. 6
  153. Nouveau Testament, Évangile selon Jean « Jn 1:45-Philippe rencontre Nathanaèl et lui dit : " Celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les prophètes, nous l'avons trouvé : Jésus, le fils de Joseph(,) de Nazareth. " » ; voir à ce sujet les explications de Marie-Émile Boismard, op. cit., 2001, p. 88.
  154. a b c d e et f Marie-Émile Boismard, L'évangile de Jean et les Samaritains, in Le judéo-christianisme dans tous ses états, Acte du colloque de Jérusalem; 6-10 juillet 1998, Simon Claude Mimouni (Dir.), Paris, Cerf, 2001, p. 87.
  155. a b c et d François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 214.
  156. Boismard, 1998, cité par François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 214.
  157. a et b Marie-Émile Boismard, L'évangile de Jean et les Samaritains, in Le judéo-christianisme dans tous ses états, Acte du colloque de Jérusalem; 6-10 juillet 1998, Simon Claude Mimouni (Dir.), Paris, Cerf, 2001, p. 95.
  158. a b c et d Marie-Émile Boismard, L'évangile de Jean et les Samaritains, in Le judéo-christianisme dans tous ses états, Acte du colloque de Jérusalem; 6-10 juillet 1998, Simon Claude Mimouni (Dir.), Paris, Cerf, 2001, p. 96.
  159. Pour le théologien Raymond E. Brown, rien ne permet d'affirmer, comme l'on fait certains auteurs, que Barabas était membre du parti zélote auquel les auteurs des évangiles, écrits après la révolte juive de 66-70 dont ce parti fut le moteur, ont pu le rapprocher ; cf. Raymond E. Brown, La Mort du Messie, éd. Bayard, 2005, p. 766-768, cité par Jean Zumstein, L'Évangile selon saint Jean (13-21), vol. 2, éd. Labor et Fides, 2007, p. 229, extrait en ligne. Toutefois, nombre d'historiens comme par exemple Gérard Nahon ne sont pas aussi catégoriques. Leurs positions dépendent du moment où, selon eux, apparaît le groupe Zélote, qui selon les historiens apparaît entre l'an 6 et l'an 66. Cela dépend aussi du groupe dont ils pensent que les zélotes sont issus: la Quatrième philosophie de Judas de Gamala ou l'une des quatre tendance d'Esséniens à laquelle une version de la notice de Flavius Josèphe rapportée dans un écrit attribué à Hippolyte de Rome les rattache.
  160. Selon Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, dans ACT III, une « tendance dure se manifeste à l'égard des Juifs, alors que ACT II (« texte occidental ») voulait au contraire les innocenter ». Les deux auteurs notent que le « texte occidental » des Actes des Apôtres « que « ceux qui habitent Jérusalem et leurs chefs » ne comprenant pas les Écritures, avaient livré Jésus à Pilate après l'avoir jugé. En reprenant ce texte ACT III (« texte alexandrin ») le durcit. Les chefs du peuple ont demandé (souligné par les auteurs) à Pilate de faire mourir Jésus, et ils ont fait cette demande bien que, l'ayant jugé, ils n'eussent trouvé en lui aucun motif méritant la mort. » Selon les deux auteurs, ACT III renchérit sur le texte occidental, avec l'anthitèse suivante qui fait référence à l'épisode Barabbas : « Vous avez demandé qu'un meurtrier vive et vous soit donné en grâce, mais l'auteur de la vie, (vous l'avez tué). » cf. Actes des deux apôtres, livre I, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 48.
  161. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées bf
  162. Évangile attribué à Luc, Bible de Jérusalem, Lc 13. 1
  163. Voir par exemple1Ti 6. 13, Ac 3. 13, Ac 4. 27, Ac 13. 28
  164. Mt 27. 1-2 puis Mt 27. 11-26, Mc 15. 1-15, Lc 23. 1-24, Jn 18. 28 puis Jn 19. 4-31
  165. Michel Quesnel, « Jésus et le témoignage des Évangiles », dans Pierre Geoltrain, Aux Origines du christianisme, Gallimard / Le Monde de la Bible, p. 207.
  166. Évangile attribué à Matthieu, Mt 26. 47.
  167. Évangile selon Matthieu, Nouveau Testament, « Mt 26:63-Mais Jésus se taisait. Le Grand Prêtre lui dit : " Je t'adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. " Mt 26:64-" Tu l'as dit, lui dit Jésus. D'ailleurs je vous le déclare : dorénavant, vous verrez le Fils de l'homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. »
  168. Jn 19. 5
  169. La Bible de Jérusalem, Jean, chapitre 18"Je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais c'est pour vous une coutume que je vous relâche quelqu'un à la Pâque. Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? "
  170. Mt 27. 24
  171. Jn 19. 19-22
  172. Mt 27. 62-65
  173. Étienne Nodet o.p., Le fils de Dieu, Procès de Jésus et Évangiles, éd. Cerf, 2003.
  174. a et b Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, p. 49.
  175. Nouveau Testament, Évangile selon Jean « Jn 1:45-Philippe rencontre Nathanaèl et lui dit : " Celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les prophètes, nous l'avons trouvé : Jésus, le fils de Joseph(,) de Nazareth. " » ; voir à ce sujet les explications de Marie-Émile Boismard, op. cit., 2001, p. 88.
  176. Boismard, 1998, cité par François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 214.
  177. Paul Mattéï, Le christianisme antique de Jésus à Constantin, éd. Armand Colin', 2008, p. 71.
  178. Marie-Françoise Baslez, Bible et Histoire,  éd. Gallimard-Folio histoire, 2005, p. 209.
  179. Salomon Malka, Jésus rendu aux siens. Enquête en Israël sur une énigme de vingt siècles, Paris,  éd. Albin Michel (Paroles vives), 1999.
  180. Nouveau Testament, Évangile selon Jean « Jn 1:45-Philippe rencontre Nathanaèl et lui dit : " Celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les prophètes, nous l'avons trouvé : Jésus, le fils de Joseph(,) de Nazareth. " » ; voir à ce sujet les explications de Marie-Émile Boismard, op. cit., 2001, p. 88.
  181. Boismard, 1998, cité par François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 214.
  182. Selon Jean Starcky, le messianisme à Qumrân « a varié au cours de près de trois siècles : presque inexistant pour le Maître de Justice fondateur, réparti entre le pouvoir sacerdotal et le prince temporel au temps du Maître qui s'exila en Damascène, réduit semble-t-il à l'attente d'un Messie sacerdotal au temps de Pompée et peu marqué par les commentaires qui visent le Maître de Justice persécuté par Hyrcan II, il redevient très vivace dans les commentaires de l'époque du Christ, avec retour aux Prophéties sur le rejeton de David. » cf. Jean Starcky, « Khirbet Qumrân, un site énigmatique », in P. Geoltrain (Dir.), Aux Origines du christianisme, Gallimard / Le Monde de la Bible, 2000, Paris, p. 155.
  183. Marie-Émile Boismard, L'évangile de Jean et les Samaritains, in Le judéo-christianisme dans tous ses états, Acte du colloque de Jérusalem; 6-10 juillet 1998, Simon Claude Mimouni (Dir.), Paris, Cerf, 2001, p. 92.
  184. Christian-Georges Schwentzel, Juifs et Nabatéens, Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, p. 97.
  185. Lc 23. 11-12
  186. Pour une traduction en français, cf; Éric Junod, « L'Évangile de Pierre », in François Bovon et Pierre Geoltrain (éds.) Écrits apocryphes chrétiens, vol. I, éd. Gallimard, 1997, p. 247-254.
  187. Par exemple, des épisodes répondant à des prophéties d'Esaïe (Es, 59, 7) et de Zacharie (Za 12, 10) pour, respectivement Ev Pierre 6 et 9 ; cité par François Bovon, op. cit. infra, 2004 p. 29
  188. François Bovon, Les derniers jours de Jésus, éd. Labor et Fides, 2004, p. 26–28.
  189. Tacite, Annales, 15, 44
  190. Paul Mattéi, Le christianisme antique de Jésus à Constantin, éd. Armand Colin, 2008, p. 51
  191. cf. Robert Beylot, Martyre de Pilate, éd. Brepols, coll. Patrologia Orientalis n°204 (45.4), 1994, présentation en ligne
  192. Certains chercheurs ont émis l'hypothèse qu'il s'agirait d'un apocryphe disparu voulant faire de Pilate le témoin romain de prophéties de l'Ancien Testament, document qui serait à l'origine de la littérature chrétienne sur Pilate mais la théorie esquive notamment la nature apologétique de l’œuvre de Justin ; cf. Lémonon 2007, p. 232-233
  193. Reinach estimait que « Ponce Pilate n'aurait jamais fait mettre à mort un homme libre accusé de s'être dit le roi des Juifs, sans en aviser Tibère, ne fut-ce que pour se créer un titre en sa faveur ». Pour lui, cette opinion était d'ailleurs celle « des anciens, mieux qualifiés que nous pour connaître les obligations » d'un gouverneur de province, « puisque ne le trouvant pas, ils en ont fabriqué plusieurs » ; cf. S. Reinach, Cultes, mythes et religions, III, Paris, cité par Lémonon 2007, p. 233
  194. Tertullien, Apologétique, V, 1-2.
  195. Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique, Livre II, § VII
  196. a et b Lémonon 2007, p. 236, extrait en ligne
  197. a b c d et e Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, éd. Atelier, 2007, p. 242, extrait en ligne.
  198. Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, éd. Atelier, 2007, p. 243.
  199. Jean-Dominique Dubois et R. Gounelle, Écrits apocryphes, II, p. 359, cité par Jean-Pierre Lémonon, op. cit., p. 242.

Réponse modifier

Une discussion à propos de Nazoréens, entre Mogador et Le scripteur, se trouve ici MLL (d) 8 mai 2012 à 21:23 (CEST)

Quel rapport avec le titre de la section que vous avez créé « Petitfils » (une référence à Jean-Christian Petitfils) et cet article sur les Nazôréens ? Jean-Christian Petitfils est un historien généraliste dont la période de plus grande compétence doit se situer à partir du XVIIe siècle, rien à voir avec un sujet aussi pointu que les Nazôréens et autres sectes judéo-chrétiennes des premiers siècles. des thèses sur l'évangile selon Jean (et d'autres sur le [[suaire d


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