Tchernivtsi
Tchernivtsi Чернівці | ||||
![]() Héraldique |
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L'hôtel de ville sur la place Centrale. | ||||
Administration | ||||
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Pays | ![]() |
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Subdivision | ![]() |
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Maire | Oleksiy Kasprouk | |||
Code postal | 58000 — 58499 | |||
Indicatif tél. | +380 372 | |||
Démographie | ||||
Population | 266 366 hab. (2016) | |||
Densité | 1 741 hab./km2 | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 48° 18′ nord, 25° 56′ est | |||
Altitude | 248 m |
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Superficie | 15 300 ha = 153 km2 | |||
Divers | ||||
Fondation | XIIIe siècle | |||
Première mention | 1408 | |||
Statut | Ville | |||
Ancien(s) nom(s) | Cernăuţi Czernowitz |
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Localisation | ||||
Géolocalisation sur la carte : Oblast de Tchernivtsi Géolocalisation sur la carte : Ukraine Géolocalisation sur la carte : Ukraine | ||||
Liens | ||||
Site web | www.city.cv.ua/ | |||
Sources | ||||
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Tchernivtsi (en ukrainien : Чернівці) ou Tchernovtsy ou encore Tchernowitz (en russe : Черновцы ; en roumain : Cernăuți ; en allemand : Czernowitz ; en polonais : Czerniowce) est une ville d'Ukraine et la capitale administrative de l'oblast de Tchernivtsi. Sa population s'élevait à 266 366 habitants en 2016.
GéographieModifier
Tchernivtsi est arrosée par la rivière Prut et se trouve à 115 km au sud-est d'Ivano-Frankivsk, à 143 km au sud de Ternopil, à 148 km au sud-ouest de Khmelnytskyï et à 408 km au sud-ouest de Kiev[1].
HistoireModifier
Les débuts de l'histoire de la ville sont moldaves : un édit du 8 octobre 1408 signé par le voïvode Alexandre Ier le Bon, prince de Moldavie de 1400 à 1432, accorde des privilèges aux marchands de Lviv pour commercer dans la ville. Dès lors Cernăuți devient une métropole régionale et internationale, et capitale d'un județ homonyme ; parmi les marchands qui s'y établissent, on trouve Iacob Frâncou, à l'origine du frankisme.
En 1775, la ville de Cernăuți et la région alentour, toujours moldaves, sont annexées par l'Empire des Habsbourg qui dénomme la cité Czernowitz et la région Bucovine. L'Empire y implante de nombreux colons autrichiens, juifs, polonais et Ruthènes (de Galicie). Czernowitz devient en 1849 capitale du kronland de Bucovine ou Buchenland, mis en place par la constitution de l'Autriche du . Même si seul l'allemand est officiel, la ville témoigne des mélanges culturels qui existaient dans l'Empire austro-hongrois au début du XXe siècle. Elle est alors surnommée « la petite Vienne de Bucovine ».
En 1908 se tient à Czernowitz un congrès de l'OSM pour décider quelle sera la langue nationale du peuple juif. Les sionistes y défendent la création d'un État juif en Palestine et l'adoption de l'hébreu moderne comme langue nationale des Juifs, mais se heurtent aux bundistes, qui militent pour le droit des Juifs à vivre en minorité reconnue et respectée là où ils sont (c'est-à-dire en Europe centrale et orientale) et qui défendent le yiddish, la langue du peuple. Une petite minorité défend l'idée de créer un État juif ailleurs, en Amérique ou en Ouganda. La déclaration finale est un compromis entre les deux tendances principales : elle affirme que le yiddish est une des langues nationales du peuple juif mais pas la seule. Un autre clivage moins visible est celui entre religieux (les mouvements hassidiques sont nombreux en Galicie et Bucovine) pour qui l'identité juive n'existe pas hors du judaïsme et qui sont nombreux parmi les sionistes, et les laïcs, nombreux parmi les bundistes, et pour lesquels il existe une identité culturelle liée aussi à l'histoire et pas nécessairement à une croyance.
Lors du recensement autrichien de 1910, Czernowitz compte 85 458 habitants. La langue d'usage sert alors à définir la « nationalité » selon les critères austro-hongrois : 48 % des habitants de la capitale de la Bucovine déclarent parler l'allemand (la yiddish étant compté comme tel), 26 % le roumain/moldave, 18 % l'ukrainien/ruthène, 7 % le polonais. Sur le plan religieux, 32 % se déclarent juifs, 27 % catholiques romains, 24 % grecs orthodoxes, 11 % gréco-catholiques et 5 % protestants. La ville possède une tolérance et une ouverture d'esprit qui étonnent les voyageurs de l'époque. Les Juifs cultivés ont comme langue d'usage l'allemand, ce qui fait de la cité le symbole de la symbiose judéo-allemande. Seule une minorité parle le yiddish.
La première Guerre mondiale s'achève par la dissolution de l'Autriche-Hongrie en 1918 : les Ukrainiens et les Moldaves de Czernowitz proclament leur souveraineté sur la Bucovine et, ces derniers étant plus nombreux, le pays et sa capitale rejoignent la Roumanie : la ville reprend son nom moldave de Cernăuți. En 1930, elle compte 200 000 habitants dont la moitié est juive. Désormais c'est le roumain qui est officiel, même si les autres langues continuent d'être d'usage courant (y compris pour les journaux et les théâtres). La crise économique des années 1930, la montée des nationalismes et des extrémismes politiques, l'antisémitisme du gouvernement d'Octavian Goga qui adopte en 1937 des mesures discriminatoires en faveur des Roumains de souche, mettent à mal la tolérance qui régnait jusque-là à Cernăuți.
Cernăuți devient soviétique le à la suite du pacte Hitler-Staline et reçoit alors le nom russe de Tchernovtzy (Черновцы) : selon les dispositions de ce pacte, les germanophones chrétiens sont tous transportés de force vers l'Allemagne dans des trains et bus qui ne seront pas restitués ; par ailleurs, la quasi-totalité des Roumains qui n'avaient pas fui la ville et ses environs, soit près de 15 000 personnes, sont déportés vers le Kazakhstan[2]. Cernăuți est reprise l'été 1941 par l'armée roumaine aux ordres du maréchal Antonescu (allié de l'Allemagne nazie) qui donne l'ordre de déporter en Transnistrie les Juifs de la ville, indistinctement accusés d'avoir soutenu l'occupant soviétique, alors que seule une minorité de bundistes devenus communistes (et, par conséquent, sortis du judaïsme traditionnel) avait pris ce parti. Le juste Traian Popovici, maire de la ville jusqu'en 1942, parvient à grand-peine à en sauver 16 000.
Après que la Roumanie a rejoint les Alliés le c'est l'Armée rouge qui reprend Tchernovtsy. Beaucoup de Juifs choisissent de quitter la ville pour la Roumanie ou pour Odessa, et de là, pour l'Occident ou pour Israël. La ville fait partie de la République socialiste soviétique d'Ukraine (RSS d'Ukraine) à partir de 1947, sous son nom ukrainien de Tchernivtsi (Чернівці), jusqu'à la dislocation de l'Union soviétique en 1991. Depuis, c'est une ville de l'Ukraine indépendante. À l'exception de petites minorités russe et roumaine, sa population est aujourd'hui presque entièrement ukrainienne, mais il n'est pas rare que des touristes descendant des Autrichiens ou des Juifs de la ville, viennent la visiter.
PopulationModifier
DémographieModifier
Recensements (*) ou estimations de la population [3] :
NationalitésModifier
Selon le recensement de 1930, la ville comptait 112 427 habitants, répartis ainsi :
- 42 592 Juifs
- 30 367 Roumains
- 16 359 Allemands
- 11 130 Ukrainiens
- 8 986 Polonais
- 1 521 Russes
- 568 Hongrois
Selon le recensement de 2001, les 236 691 habitants se répartissaient ainsi :
- 189 021 Ukrainiens ;
- 26 733 Russes ;
- 10 553 Roumains déclarés comme tels ;
- 3 829 Roumains déclarés comme Moldaves, distinction héritée de l'Union soviétique, propre à l'oblast de Tchernivtsi et marquant les origines de ces roumanophones : issus de Bucovine du Nord ou du raion de Herța/Hertsa (qui n'ont jamais appartenu à l'Empire russe) ils sont comptés comme « Roumains », mais issus de Bessarabie (raions de Sulița/Novosselytsia, Hotin/Khotyn, Chelmenăuți/Kelmentsi et Secureni/Sokyriany) ils sont déclarés comme « Moldaves » car pour l'historiographie et l'ethnographie soviétiques, le fait que la Bessarabie soit devenue russe en 1812 par le traité de Bucarest a créé dans cette région une nationalité romano-slave distincte des Roumains : les « Moldaves » (voir aussi la controverse identitaire en République de Moldavie) ;
- 1 408 Polonais ;
- 1 308 Juifs ;
- 971 autres.
PersonnalitésModifier
- Aharon Appelfeld (1932-2018), écrivain israélien
- Rose Ausländer (1901-1988), poétesse
- Joseph G. Burg, essayiste.
- Paul Celan (1920-1970), poète germanophone roumain
- Maria Forescu (1875-1943/2), actrice et chanteuse
- Alfred Gong (1920-1981), écrivain et poète.
- Arseni Iatseniouk (°1974), homme politique ukrainien
- Alfred Kittner (1906-1991), poète
- Ernest Kern (1908-1969), médecin, pionnier de l'anesthésie-réanimation en France
- Mila Kunis (°1983), actrice américano-ukrainienne
- Itzik Manger
- Selma Meerbaum-Eisinger, poétesse
- Gregor von Rezzori (1914-1998), écrivain autrichien
- Maximilien Rubel (1905-1996), marxologue
- Joseph Schumpeter (1883-1950), économiste autrichien, fut professeur à l'université de Czernowitz
- Friedrich Zelnik (1895-1950), metteur en scène
- Robert Flinker (1906-1945), médecin et écrivain, y étudia.
JumelagesModifier
La ville de Tchernivtsi est jumelée avec[4] :
- Salt Lake City (États-Unis) depuis le
- Konin (Pologne) depuis le
- Suceava (Roumanie)
- Nazareth Illit (Israël) depuis le
- Saskatoon (Canada) depuis le
- Klagenfurt (Autriche) depuis le
- Podolsk (Russie) depuis le
GalerieModifier
NotesModifier
- Distances à vol d'oiseau ou distances orthodromiques.
- Nikolaï Feodorovitch Bugaï, Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии [La Déportation des peuples d'Ukraine, de Biélorussie et Moldavie], Hg. v. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, 1999, p. 567-581.
- (ru) Recensements de 1959, 1970 et 1979 sur www.webgeo.ru — (ru) Recensement de 1989 sur demoscope.ru — (en) Population Statistics [1] — (uk) Office des statistiques d'Ukraine : Статистичний збірник «Чисельність наявного населення України на 1 січня 2010 року» [Manuel statistique « Nombre d'habitants de l'Ukraine au 1er janvier 2010 »]. [2] ; Статистичний збірник «Чисельність наявного населення України на 1 січня 2011 року» [Manuel statistique « Nombre d'habitants de l'Ukraine au 1er janvier 2011 »]. [3] ; Статистичний збірник «Чисельність наявного населення України на 1 січня 2012 року» [Manuel statistique « Nombre d'habitants de l'Ukraine au 1er janvier 2012 »] [4]
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