Paraguay

république d’Amérique du Sud

Le Paraguay (prononcé : /pa.ʁa.gwɛ/[7] ; en espagnol : /paɾaˈɣwaj/[8] ; Écouter ; en guarani : /paɾaˈɰwaj/), en forme longue la république du Paraguay depuis 1813, est un État souverain enclavé en Amérique du Sud.

République du Paraguay

(es) República del Paraguay Écouter

(gn) Tetã Paraguái

Drapeau
Drapeau du Paraguay
Blason
Armoiries du Paraguay
Devise en espagnol : Paz y justicia (« Paix et justice »)
Hymne en espagnol : Paraguayos, República o muerte (« Paraguayens, la République ou la mort »), depuis 1846
Fête nationale
· Événement commémoré
Description de cette image, également commentée ci-après
La République du Paraguay en Amérique du Sud (l'Amérique du Sud est en gris).
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte du Paraguay avec les principales villes.
Administration
Forme de l'État République unitaire à régime présidentiel
Président Santiago Peña
Vice-président (en) Pedro Alliana
Parlement Congrès
Chambre basse
Chambre haute
Chambre des députés
Sénat
Langues officielles Espagnol et guarani[1]
Capitale Asuncion

25° 17′ S, 57° 38′ O

Géographie
Plus grande ville Asuncion
Superficie totale 406 752 km2
(classé 59e)
Superficie en eau 2,6 %
Fuseau horaire UTC -4
Histoire
Indépendance Espagne
De facto
Déclarée
Reconnue
(212 ans)

Gouvernorat de Nouvelle-Andalousie
Gouvernorat du Paraguay
Intendance du Paraguay
Guerres d'indépendance hispano-américaines
Gouvernement provisoire
Première République
Mort de José Gaspar Rodríguez de Francia
Guerre de la Triple Alliance
Deuxième République
Guerre du Chaco
Troisième République
Coup d'État d'Alfredo Stroessner
El Stronato
Renversement d'Alfredo Stroessner
Transition démocratique
Quatrième République  – 
Démographie
Gentilé Paraguayen
Groupes ethniques Métisses (95 %), autres (5 %)[2]
Population totale (2022[2]) 7 356 409 hab.
(classé 104e)
Densité 18 hab./km2
Économie
PIB nominal (2022) en augmentation 41,935 milliards de $
+ 9,52 %
PIB (PPA) (2022) en augmentation 107,554 milliards de $
+ 6,59 %
PIB nominal par hab. (2022) en augmentation 5 626,082 $
+ 8,04 %[3]
PIB (PPA) par hab. (2022) en augmentation 14 429,657 $
+ 5,15 %[3]
Taux de chômage (2022) 7,1 % de la pop. active
- 7,64 %
Dette publique brute (2022) Nominale
115 454,847 milliards de
+ 18,09 %
Relative
39,390 % du PIB
+ 6,41 %
Monnaie Guaraní (PYG)
Développement
IDH (2021) en diminution 0,717[4] (élevé ; 105e)
IDHI (2021) en diminution 0,582[4] (89e)
Coefficient de Gini (2021) 42,9 %[5]
Indice d'inégalité de genre (2021) 0,445[4] (111e)
Indice de performance environnementale (2022) en diminution 40,9[6] (93e)
Divers
Code ISO 3166-1 PRY, PY
Domaine Internet .py
Indicatif téléphonique +595
Organisations internationales ONU (1945)
Mercosur (1991)
OEI
CIR
GGGI
Groupe de Cairns

Depuis son indépendance au XIXe siècle, le pays connaît une instabilité politique chronique. La dictature d'Alfredo Stroessner est la plus longue de toutes les dictatures qu'a connu l'Amérique du Sud.

Son territoire compte deux régions différentes séparées par la rivière Paraguay : la partie orientale, qui est la plus peuplée, et l'occidentale, qui intègre le Chaco Boreal ou Gran Chaco (le Chaco est une région naturelle qui s'étend de la Bolivie centrale à l'Argentine septentrionale incluse). Entouré par le Brésil à l'est-nord-est, la Bolivie au nord-ouest et l'Argentine au sud-sud-ouest, le Paraguay occupe une superficie de 406 752 km2, sa population est de 7 401 775 en avril 2023[9], sans compter une diaspora de centaines de milliers de Paraguayens, notamment en Argentine, où ils ont souvent fait souche. Sa capitale et plus grande ville est Asuncion.

Toponymie modifier

Le toponyme Paraguay est d'origine guarani. Son étymologie est discutée, des interprétations diverses faisant référence à :

  • Une « rivière prenant naissance dans une mer » (le Gran Pantanal) ;
  • Un « fleuve coulant dans la mer » (le Gran Pantanal), selon l'historien et écrivain franco-argentin Paul Groussac ;
  • Le « fleuve des habitants de la mer », selon l'ancien président paraguayen Juan Natalicio González ;
  • La « rivière couronnée », selon Fray Antonio Ruiz de Montoya ;
  • L'« eau des Payaguaes », selon Félix de Azara, militaire et scientifique espagnol, du nom des indigènes payaguaes qui vivaient sur les rives du fleuve ou d'un cacique appelé « Paraguaio ».

Géographie modifier

 
Image satellite du Paraguay.

Caractéristiques générales modifier

Le Paraguay est, avec une superficie de 406 752 km2 le 60e plus grand pays du monde[2],[10],[11]. Cela représente environ 74 % de la superficie de la France[11]. Il est limitrophe de l'Argentine, de la Bolivie et du Brésil[11]. Le pays compte 4 655 km de frontières terrestres, dont 2 531 km avec l'Argentine, 753 km avec la Bolivie et 1 371 km avec le Brésil[2].

Géologie, topographie et hydrographie modifier

Le Paraguay est un pays enclavé, c'est-à-dire sans accès à la mer, situé à 611 km de l'océan Atlantique et à 819 km de l'océan Pacifique. Il n'a donc pas de zone économique exclusive ni de plateau continental. Ses deux principaux cours d'eau, le Río Paraguay et le Rio Paraná, font partie du bassin du Río de la Plata qui permet de relier l'océan Atlantique. Le Río Paraguay prend sa source au Brésil dans le Mato Grosso et se jette dans le Rio Paraná au bout d'un parcours d'environ 2 695 km. Le Río Paraguay divise le pays en deux espaces distincts[12],[13].

Le point culminant est le Cerro Peró qui atteint 842 m d'altitude. Le point le plus bas se situe à la confluence entre le Río Paraguay et le Rio Paraná à environ 46 m d'altitude. L'altitude moyenne de 178 m.

Climat modifier

 
Climats du Paraguay selon la classification de Köppen.

Le Paraguay est, du fait de ses coordonnées géographiques, un pays possédant un climat subtropical humide. Cela favorise deux phénomènes qui se produisent régulièrement, à savoir les cyclones (ou ouragans) et le phénomène El Niño qui atteint généralement son apogée vers la période de Noël, d'où son nom qui fait référence à l'enfant Jésus[14]. Le pays fait partie de ce que les chercheurs appellent « l'Amérique tropicale »[15]. Situé entre le 19e et le 27e parallèle sud et le 54e et 62e méridien ouest, il est traversé par le tropique du Capricorne[16]. On distingue généralement deux saisons[16] :

Les étés sont très chauds, avec une centaine de jours de fortes températures qui peuvent dépasser les 41 °C[16]. Le record de température est atteint le , avec 45,6 °C relevés à Sombrero Hovy dans le nord du pays[17]. À l'inverse, le thermomètre affiche — °C en octobre 2008[18]. La température moyenne est entre 20° et 24 °C entre les lignes isothermes[16]. Le Gran Chaco est situé en zone semi-aride, avec une pluviométrie très faible[16]. Le record de pluviométrie date de décembre 1971, avec une moyenne de 31,6 mm/jour[18].

Flore et déforestation modifier

Plus de 8 000 espèces de plantes ont été recensées au Paraguay, parmi lesquelles environ 15 % sont utilisées comme plantes médicinales (stévia, citronnelle paraguayenne)[19]. Toutes ces plantes sont menacées à cause de la déforestation liée aux cultures de soja.

Le Paraguay est l'un des pays subissant les plus forts taux de déforestation. Quelque 2,5 millions d'hectares de forêts du Chaco paraguayen ont été perdus au cours de la décennie 2003-2013.

Les terres boisées publiques sont vendues à des éleveurs sud-américains, européens ou américains. Les forêts sont coupées ou brûlées pour permettre la culture du soja ou la création de pâturages pour le bétail. Au Paraguay, la vente et le défrichement des terres sont libéralisés par le manque de mesures régulatrices et l'un des taux de corruption les plus élevés en Amérique latine.

La perte d'habitats provoquée par la déforestation menace la biodiversité de la région : « L'abondance de plusieurs espèces a énormément diminué au cours des dernières années à cause de la déforestation », selon le parc national Teniente Agripino Enciso.

En 2013, l'ancien ministre de l'Environnement José Luis Casaccia déclare que « seulement 13 % de la forêt originale de la partie orientale du pays subsiste encore », précisant que « si on [le gouvernement] continue comme ça, dans trente ans, il n’y aura plus un arbre »[20].

Répartition spatiale des hommes et des activités modifier

Le pays connait une croissance urbaine importante depuis la fin des années 1980. Il fait partie des pays d'Amérique latine dont la transition urbaine est modérée, c'est-à-dire que la population est majoritairement urbaine (entre 50 et 70 %) mais que les espaces ruraux restent très nombreux[21]. De plus, la région du Gran Chaco est difficile à aménager et à mettre en valeur[13]. Ce n'est qu'en 1992 que les urbains deviennent plus nombreux que les ruraux[22].

Le taux d'urbanisation est de 61 % en 2012[22]. La direction nationale des statistiques indique que les aires urbaines « correspondent à toutes les capitales de district, définies conformément aux lois administratives, lesquelles présentent des formes orthogonales, sans aucune autre considération particulière »[22]. Le pays suit le même processus d'urbanisation que la plupart des pays d'Amérique latine avec quelques spécificités et particularités[22]. Le coût du foncier est très inégalitaire selon les zones géographiques et est largement hérité de la dictature d'Alfredo Stroessner[22]. Les villes les plus dynamiques sont pour la plupart situées à la frontière avec l'Argentine et le Brésil[22].

L'aire urbaine du « Grand Asunción » concentre 40 % de la population totale et 60,3 % de la population urbaine[22]

Histoire modifier

Ère précolombienne modifier

Les indigènes Guaraní vivaient dans l'est du Paraguay depuis au moins un millénaire avant l'arrivée des Espagnols. L'ouest du Paraguay, le Gran Chaco, était habité par des nomades dont les peuples Guaycuru étaient les plus importants. Le Río Paraguay était à peu près la ligne de démarcation entre le peuple agricole Guarani à l'est et le peuple nomade et semi-nomade à l'ouest dans le Gran Chaco. Les nomades Guaycurú étaient connus pour leurs traditions guerrières et n'ont été complètement pacifiés qu'à la fin du XIXe siècle. Ces tribus indigènes appartenaient à cinq familles linguistiques distinctes, qui étaient à la base de leurs principales divisions. Les différents groupes linguistiques étaient généralement en concurrence sur les ressources et les territoires. Ils ont ensuite été divisés en tribus en parlant des langues dans les branches de ces familles.

Époque coloniale modifier

Les premiers conquistadores à explorer la région sont menés par l'explorateur Juan Díaz de Solís en 1516 qui s'aventurent dans le Río de la Plata[23]. À l'époque, les Espagnols cherchaient un moyen d'accès pour réduire le trajet pour atteindre les Moluques[23]. Les expéditions se multiplient dans les années 1530. Hormis le fleuve Amazone, les explorateurs ont beaucoup emprunté le Río Paraguay et le Rio Paraná pour avancer dans les terres. C'est ainsi que les Espagnols choisiront le site de la future Asunción en raison de la proximité avec les indigènes Guaraní[24]. Ils s'installent dès 1536 dans la région[16]. Le fort d'Asunción (ou plutôt Nuestra Señora Santa María de la Asunción) est fondé le , le jour de l'Assomption. De 1541 à 1580, Asunción est le siège du gouvernorat de Nouvelle-Andalousie jusqu'à la refondation de Buenos Aires[25]. La ville est l'un des principaux points de passage de la route transcontinentale par laquelle transitait l'or extrait des mines de Potosí[26]. C'est la résistance des Guaraní qui redonne à Buenos Aires la centralité du gouvernorat[27]. La fonction commerciale qui avait été dévolue à la région devient la cause principale de son isolement[27].

À partir de 1608, la mission jésuite commence à s'installer dans les régions qui n'ont pas été colonisées par les Espagnols, principalement entre le Río Paraguay et le Rio Paraná. Jusqu'en 1767, lorsque le roi Charles III décida de l'expulsion des Jésuites[28], les missions fonctionnent en créant un modèle d'organisation spécifique, que certains qualifient de théocratie[27]. Les missions permirent de protéger les Guaraní des exactions éventuelles des Espagnols ou des Portugais, en échange de quoi beaucoup se convertirent au catholicisme. Les missions ont permis de préserver la langue parlée et de publier de nombreux ouvrages en Guarani grâce aux imprimeries qu'ils ont créé[28].

En 1782, le Paraguay devient une intendance au sein de la vice-royauté du Río de la Plata. À partir de la fin du XVIIIe siècle, une série de révoltes sont lancées contre Buenos Aires et les représentants de Madrid. Lorsque commence la révolution de Mai en 1810, Buenos Aires cherche à annexer l'intendance du Paraguay[29]. Les militaires paraguayens, désireux de préserver l'indépendance du territoire et marqués par l'expérience des missions jésuites, se soulèvent contre Buenos Aires. En septembre 1810, le général Manuel Belgrano et ses hommes envahissent l'intendance mais ils sont battus en janvier et mars 1811. Le , le Paraguay se proclame indépendant à la fois de Buenos Aires et de Madrid[30]. Ce n'est que le que le Paraguay fait sa déclaration d'indépendance vis-à-vis de l'Espagne. Le , un premier Congrès est constitué et une junte de cinq personnes est formée autour de Fulgencio Yegros. Un traité de paix et d'amitié est signé en octobre avec Buenos Aires.

La République dictatoriale (1813-1870) modifier

Le , un second Congrès se réunit. Les membres réfléchissent à la forme de gouvernement pour le pays et adoptent le principe de la République. Le Congrès nomme Fulgencio Yegros et José Gaspar Rodríguez de Francia pour diriger la nouvelle junte. Yegros est marginalisé par Francia, qui délaisse les aspects politiques. Francia est élu dictateur pour cinq ans le puis « dictateur suprême à vie »[29] lors du quatrième Congrès le . Francia mène une politique isolationniste, faisant du Paraguay l'un des pays les plus isolés du reste du monde comme le Japon avant l'ère Meiji[30]. Des accords commerciaux sont tout de même signés avec l'empire du Brésil, l'Argentine et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande[30].

Le régime autoritaire de Francia construit les bases d'un État fort et dirigiste afin d'entreprendre la modernisation économique du pays. Le Paraguay instaure ainsi un protectionnisme rigoureux à une époque où la plupart des autres pays adoptaient le système libre-échangiste promu par le Royaume-Uni tout en confiant à leur bourgeoisie nationale le soin de piloter la création de richesses. Ce modèle, poursuivi après la mort de Francia par ses successeurs Carlos Antonio López puis Francisco Solano López, fit du Paraguay l'un des pays les plus modernes et les plus socialement avancés d’Amérique latine : la redistribution des richesses est si importante que de nombreux voyageurs étrangers rapportent que le pays ne connaît ni la mendicité, ni la faim, ni les conflits. La réforme agraire a permis de répartir assez équitablement la terre. Asunción figure parmi les premières capitales du continent à inaugurer un réseau de chemins de fer. Le pays possède une industrie en pleine expansion et une flotte marchande composée de navires construits dans des chantiers nationaux, présente une balance commerciale excédentaire et ne connait pas l’endettement[31]. À la mort de Francia, le Congrès cherche un successeur au dictateur mais tous sont déposés par une fraction de l'armée. Le Congrès jette finalement son dévolu sur le neveu de Francia, Carlos Antonio López, et rédige la déclaration d'indépendance (es), adressée à la fois à Buenos Aires et à Madrid. Carlos Antonio López dirige le pays jusqu'à sa mort en 1862. Bien qu'étant enclavé, le pays se dote d'une marine grâce à la présence du Río Paraná qui donne accès à l'océan Atlantique[31]. Néanmoins, entre 1841 et 1852, le dictateur argentin Juan Manuel de Rosas bloque l'accès au Río de la Plata[32]. En 1856, Lopez obtient du Congrès le droit de désigner son successeur. C'est ainsi que son fils, Francisco Solano López, lui succède à sa mort le , confirmé par le Congrès le suivant.

De la guerre de la Triple-Alliance à la guerre du Chaco (1864-1935) modifier

Fort des moyens économiques laissés par son père, Francisco Solano López se prépara à la guerre qui devait éclater en 1864 avec le Brésil, puis en début 1865 avec l'Argentine et l'Uruguay, les trois pays se liguant par le traité de la Triple-Alliance (1er mai 1865). Le poids relatif du Paraguay inquiétait ses voisins. Son refus de se plier aux exigences du libre commerce prôné par la Grande-Bretagne et les États-Unis déplaisait aux intérêts argentins et brésiliens. Défait, l'acharnement principalement des armées brésiliennes et la résistance obstinée de Francisco Solano Lopez aboutit à sa mort au combat et à la dévastation complète de la partie peuplée du pays.

En 1870, le pays sort de la guerre exsangue, perdant 88 000 km2 au profit des vainqueurs, soit un tiers de sa superficie[33],[34]. Des épidémies de choléra et fièvre jaune déciment la population[33]. En six ans, le pays perd 60 % de sa population[35]. Il mène alors une politique très favorable à l'immigration pour favoriser le repeuplement. L'empire du Brésil occupe le pays jusqu'en 1876, date de la signature du traité de paix. En 1878, le président américain Rutherford B. Hayes arbitre favorablement un conflit frontalier avec l'Argentine.

En 1887, les deux principaux partis politiques du pays, toujours existant aujourd'hui, sont créés : le Parti colorado et le Parti libéral radical authentique[36]. Le pays se remet très lentement de la guerre. En 1900, le Paraguay dépasse à peine le nombre d'habitants de 1850[37]. De 1904 à 1912, la vie politique est très instable[38]. Le pays connaît une première guerre civile (es) en 1922. En 1924, le président Eligio Ayala (es) lance un projet de colonisation et de peuplement du Gran Chaco, qui ravive un vieux conflit frontalier avec la Bolivie[30]. Le projet est poursuivi par son successeur José Patricio Guggiari (es)[38]. Les premiers affrontements armés avec la Bolivie ont lieu dès 1926, mais la guerre du Chaco ne commence qu'en 1932[39]. Ce conflit, le dernier né d'un conflit territorial, est le plus meurtrier du XXe siècle proportionnellement au nombre de combattants engagés[40]. Comme lors de la précédente guerre, les épidémies déciment les troupes, frappées par le paludisme ou le typhus. La Société des nations, malgré ses médiations, ne parvient pas à mettre fin au conflit[39]. C'est la médiation de l'Argentine et du Brésil qui met fin au conflit le .

Instabilité et guerre civile (1935-1954) modifier

C'est après la fin de cette guerre que les forces politiques sous l'influence de l'Argentine puis, à moindre titre, du Brésil, regroupées, en synthèse, entre libéraux (les « bleus ») et libéraux nationalistes (les « rouges » ou « colorados »), durent céder le pouvoir à des régimes militaires sous la pression notamment des anciens combattants du Chaco et du Colonel Franco qui fondera le parti « Fébrériste ». L'orientation politique de ceux-ci alla d'une tendance démocratique (José Félix Estigarribia, « général de la victoire » de la guerre du Chaco, élu le , décédé dans un accident d'avion le ) jusqu'à une tendance influencée par une adaptation locale du fascisme (Général Victor Morinigo, , avec perte progressive d'influence jusqu’au ), pour déboucher, les « colorados » alors dominants, sur une période de guerres civiles (1947), coups d'État et de troubles dont sortira finalement vainqueur le général Alfredo Stroessner en 1954 et renversement de l'influence des deux grands voisins au profit du Brésil.

Dictature d'Alfredo Stroessner (1954-1989) modifier

Après avoir conquis le pouvoir, Alfredo Stroessner dissout le Parlement, interdit les partis d'opposition et purge le Parti Colorado. Tous les quatre ans, le régime organise des élections qui aboutissent chaque fois à la réélection du président. La Constitution est amendée afin de permettre une présidence à vie[41]. Plusieurs centaines, voire milliers, de personnes sont tuées pour des raisons politiques, au moins 20 000 individus sont torturés, 1,8 million de Paraguayens (environ le tiers de la population) choisissent l'exil pour des raisons politiques ou économiques.

Il bénéficie d'un fort soutien des États-Unis, du Brésil, alors sous dictature militaire, et du Chili après le coup d’État. Le président Richard Nixon va jusqu'à déclarer que le régime de Stroessner est un « modèle de démocratie viable pour l’Amérique latine ». « Guidé par la main experte du général Stroessner », déclare Gustavo Leigh, l'un des membres de la Junte chilienne derrière Pinochet, en ouverture du troisième congrès de la Confédération anticommuniste latino-américaine en 1977, « le Paraguay a été l'un des premiers en Amérique à dresser des barricades pour se défendre contre le germe communiste, dans une attitude exemplaire pour les peuples américains ». Des officiers américains participent à la formation de leurs homologues paraguayens aux techniques de torture. La plus célèbre, la pileta consistait à plonger des opposants dans une baignoire emplie d’excréments, jusqu’aux limites de leurs forces[42].

Le régime est également responsable de la sédentarisation forcée et brutale des indigènes Aché à partir de 1967, sédentarisation accompagnée de meurtres et au cours de laquelle des indigènes connurent des conditions de travail proches de esclavage et des enfants furent volés. En 2013, les Aché ont porté plainte contre l’État paraguayen pour crimes contre l’humanité et génocide devant la justice argentine[43].

Outre le soutien financier reçu des États-Unis, l’État paraguayen, grâce à sa situation géographique, fait de la contrebande l'une de ses principales sources de revenu. De l'alcool aux animaux exotiques, en passant par les drogues et les voitures, le volume de la contrebande serait de trois fois supérieur au chiffre officiel des exportations. Le régime de Stroessner emploie amplement la corruption pour conserver la fidélité des Forces armées. Entre 1954 et 1989, quelque 8 millions d'hectares (soit un tiers des terres agricoles du pays) ont été distribués à des proches du pouvoir, principalement des officiers, dont certains ont ainsi pu amasser des fortunes considérables. La forte concentration des richesses et des terres a fait du Paraguay l'un des pays les plus inégalitaires de la planète au cours de cette période[41].

Depuis 1989 modifier

 
Gardes du Congrès National d'Asunción

Alfredo Stroessner est renversé par un coup d'État le mené par le général Andrés Rodríguez Pedotti, chef d'état-major mais surtout son propre gendre[44]. Trois mois plus tard, ce dernier se fait élire président de la République avec 74 % des voix dans un contexte de fraudes massives. Stroessner s'exile au Brésil qui lui offre l'asile politique tandis que le Parti Colorado lui survit au prix d'une mise au goût du jour : les élections présidentielles sont donc désormais formellement libres. Le Paraguay n'a jamais traduit en justice les principaux responsables des actes de torture et assassinats perpétrés pendant la dictature (seuls quelques policiers et un civil ont été condamnés)[41].

L'homme d'affaires Juan Carlos Wasmosy, lui aussi issu du parti Colorado, est élu président en 1993. En , une marche organisée par 20 000 paysans réclamant une réforme agraire converge vers Asunción. Le pays connait également cette même année sa première grève générale depuis trente-cinq ans - qui aboutit à des hausses de salaire - et le gouvernement se trouve déstabilisé par une importante affaire de corruption qui entraine la démission du ministre des Finances[45]. Le président Wasmosy nomme, sous la pression de Washington, le général Ramon Rozas Rodriguez chef de la lutte anti-drogue. Celui-ci est assassiné par balles en , peu avant de présenter son rapport sur les activités illicites de hauts responsables des forces armées, du gouverneur de l'Alto Paraná Carlos Barreto Sarubbi, de l'homme d'affaires brésilien Fahd Jamil et de plusieurs agents de la DEA américaine. En , il démet de sa fonction de commandant en chef de l'Armée de terre le général Lino Oviedo, tenant d'une ligne dure à l'intérieur du Parti colorado et ne cachant plus ses ambitions politiques. Avec le soutien d'un grand nombre d'officiers, Oviedo menace le président de lancer ses chars à l'assaut de l'ordre constitutionnel. Réfugié dans l'enceinte de l'ambassade américaine, Wasmosy négocie et lui promet de le nommer ministre de la Défense. Il revient rapidement sur sa décision devant la pression de manifestation, des États-Unis (qui menacent de suspendre l'aide militaire) et du Mercosur (qui menace d'exclure le Paraguay en cas de retour d'un régime militaire).

Raúl Cubas Grau (Colorado) devient président en 1998. Les tensions à l'intérieur du Parti Colorado restent très vives et culminent avec l'assassinat en 1999 du vice-président Luis María Argaña, rival de Raúl Cubas Grau. Ce dernier, objet d'une procédure de destitution, démissionne et se réfugie au Brésil. Le président du Sénat, Luis Ángel González Macchi, le remplace. Il doit pourtant faire face à une procédure de destitution un an seulement après son arrivée au pouvoir, étant accusé d'avoir détourné à son profit 16 millions de dollars. Il parvient cependant à se maintenir au pouvoir à la faveur d'une « guerre de clans » à l'intérieur du parti colorado. Très impopulaire, il tente d'apaiser le mécontentement en acceptant de suspendre le processus de privatisations. Il déclare l’état d'urgence en . La répression de manifestations contre son gouvernement fait plusieurs morts et conduit à des centaines d'arrestations[46].

En aout 2004, au moins quatre cents personnes meurent dans l'incendie accidentel d'un centre commercial de la capitale, les propriétaires ayant fait fermer les portes afin d’empêcher les clients de partir sans payer[45].

Des élections pour renouveler le président et les deux chambres ont eu lieu le . Nicanor Duarte Frutos, du parti Colorado, est élu président. Le , le parti Colorado voyait son règne de plus de soixante ans s'achever avec l'élection de Fernando Lugo, ancien évêque de gauche de l'Alliance patriotique pour le changement (APC), à la présidence du pays. Celui-ci, premier président de gauche de l’histoire contemporaine du Paraguay, est destitué par le Sénat, où la droite était restée majoritaire, le et remplacé par son vice-président, Federico Franco, issu du Parti libéral de centre droit. Cette destitution, très controversée, fut notamment qualifiée par la présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner de « coup d'État », et valut au Paraguay une exclusion du Marché commun du Sud (Mercosur), de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et de la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (Celac), qui ne reconnurent pas la légitimité du nouveau gouvernement[47]. Horacio Cartes est élu en 2013 et Mario Abdo en 2018, tous deux membres du Parti Colorado.

Politique et administration modifier

Le Paraguay est une république présidentielle. La Constitution de 1992 impose la division des pouvoirs.

Découpage administratif modifier

 
Paraguay en Amérique du Sud.
 
Découpage administratif du Paraguay.

Le Paraguay est divisé en dix-sept départements, mais la capitale dispose d'un statut particulier. À la tête de chaque département, se trouve un gouverneur élu par les citoyens de la région. Voici la liste des départements :

Organisation des pouvoirs modifier

Le président est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement. Le président et le vice-président sont élus pour un mandat de cinq ans. Le président choisit après l'élection les membres de son cabinet.

Le parlement est composé de deux chambres. La Chambre des députés (Cámara de Diputados) compte quatre-vingts membres et le Sénat en compte quarante-cinq. Les élections législatives pour le renouvellement des deux chambres ont lieu tous les cinq ans, en même temps que l’élection présidentielle.

La Cour suprême est la plus haute instance judiciaire. Les sénateurs et le président en choisissent les neuf membres en se basant sur les recommandations d'un conseil spécifique.

La distinction civile la plus élevée du pays est l'ordre national du mérite du Paraguay.

Transparency International classe le pays dans la décennie 1990 comme étant le deuxième ayant le niveau de corruption le plus élevé au monde après le Cameroun et devant le Honduras[48].

Droits des homosexuels modifier

En 2019, Amnesty International reproche aux autorités paraguayennes d'adopter des résolutions bafouant « les droits aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation pacifique et l’égalité entre les personnes, entre autres. » L’organisation a également dénoncé le recours à des arguments de protection de la morale publique comme prétexte pour « restreindre de manière injustifiée les droits aux libertés de réunion et de manifestation pacifique, particulièrement des personnes LGBTI[49]. »

Selon l'Association internationale des personnes lesbiennes et gays (Ilga), le Paraguay est un pays problématique concernant les droits des personnes homosexuelles, atteintes par une « grande violence structurelle, laquelle est corrélée à une impunité de la LGBTphobie ».

Avortement modifier

L'avortement est interdit en toutes circonstances, sauf au cours des 20 premières semaines de grossesse si la vie de la mère est menacée[50].

Drapeau modifier

Le Paraguay est le seul pays à avoir un drapeau avec deux faces différentes.

  • sur l'endroit, on peut observer les armoiries du pays ;
  • sur l'envers on trouve un lion, assis devant une pique surmonté du bonnet phrygien le tout entouré par la devise nationale Paz y Justicia (« Paix et justice »).

Population et société modifier

Démographie modifier

Il est difficile de connaître précisément le nombre d'habitants dans le pays. Le dernier recensement valide date de 2002, le suivant réalisé en 2012 ayant été invalidé[51]. La population du pays est estimée à près de 7 millions de personnes en 2016.

Environ 95 % des Paraguayens sont métis, d'une ascendance à la fois européenne (majoritairement espagnole) et amérindienne[52]. Selon la Dirección Nacional de Estadística (Censo Nacional Indígena), les Amérindiens étaient 87 000 en 2002 (soit 1,7 % de la population)[53], et 117 000 en 2012[54]. L’État paraguayen recense dix-neuf peuples autochtones[54].

La population est principalement concentrée dans la partie située au sud du tropique du Capricorne. 98 % de la population vit dans la partie orientale du pays, qui représente 40 % de la surface du pays[22].

En 2018, le taux de fécondité est d'environ 2,5 enfants par femme, contre 4,6 en 1992[51]. L'âge médian est passé de 20,7 ans en 2000 à 26,3 ans en 2019[55]. Dans le même temps, le taux de mortalité infantile passe de 30,8 décès pour 1 000 naissances à 18,7 décès pour 1 000 naissances en 2019[55]. L'espérance de vie à la naissance est passée de 68 ans en 1990 à 74,5 ans en 2019[55].

Langues modifier

Au Paraguay, il existe deux langues officielles : le guarani et l'espagnol (castillan). Le Paraguay est l’un des rares pays d’Amérique latine où une langue indigène est reconnue depuis longtemps : elle est la langue nationale depuis 1967, et la langue co-officielle depuis 1992. Enfin, depuis 1994, un plan national d’éducation vise à enseigner les deux langues à tous les Paraguayens[56]. Même si les deux langues ont un statut égal, dans l’administration, la justice, l’enseignement et les médias, l’espagnol s’impose largement mais il n'y a que 6 % d'unilingues espagnols et ce pourcentage diminue car le bilinguisme s’étend malgré tout à toutes les sphères de la société : 55 % des Paraguayens peuvent donc s’exprimer en espagnol.

88 à 95 % de la population totale parle le guarani. 39,2 % sont unilingues guarani, 48,9 % sont bilingues guarani-espagnol et 2,7 % parlent une autre langue amérindienne avec parfois le guarani comme seconde langue.

Il existe une vingtaine de langues amérindiennes vivantes : l’aché, l’ayoreo, le bolivien oriental (?), le chamacoco (en), le chiripá, le chorote iyo'wujwa, le guana, le guaraní, le guaraní mbyá, le guarani paraguayen, la lengua, le maká, le maskoy pidgin, le nivaclé, le pai tavytera (en), le sanapaná, le tapieté, le toba et le toba-maskoy, plus une langue disparue, l'emok.

Les autres langues d'origine européenne parlées sont le portugais (3,2 %), l’allemand standard (immigration, environ 1 %), le bas allemand mennonite et l'italien.

Principales villes modifier

Les principales villes sont : Asunción, Ciudad del Este, San Lorenzo, Luque, Capiata et Lambaré.

Les missions jésuites de la Santisima Trinidad de Parana et Jesús de Tavarangue sont classées au patrimoine mondial de l'Unesco[57].

Santé modifier

Il y a environ 11 médecins pour 10 000 personnes[58]. Il y a 18 infirmiers et sages-femmes pour 10 000 personnes[58]. L'espérance de vie en bonne santé était de 64 ans en 2007[58] ; 11 ans plus tard celle-ci était en 2018 d'environ 77,6 ans selon les estimations[59] Le taux d'infection du VIH était de 0,5 % en 2007[58].

Éducation modifier

En 1992, 58,1 % de la population âgée de 15 ans et plus avait seulement terminé l'instruction dans le primaire[22]. L'éducation s'est vraiment démocratisée à partir de 1993[60]. Néanmoins, il y avait encore 25 % d'analphabètes en 2002[61].

En 1999, les enfants âgés de 3 à 5 ans représentaient 21 % de la population d'âge scolaire[60]. Cette proportion passe à 19 % en 2015[60]. Pour les enfants âgés de 6 à 11 ans, la proportion dans la population d'âge scolaire passe de 40 % en 1999 à 38 % en 2015[60]. La proportion pour les enfants âgés de 12 à 14 ans passe de 19 % en 1999 à 20 % en 2015[60]. Cette proportion passe de 21 % en 1999 à 24 % en 2015 pour les enfants âgés de 15 à 17 ans.

En 2018, les frais d'inscription pour le primaire représentent 12,5 % du salaire minimum[60].

En 2015, 30 % des élèves paraguayens ont achevé leurs études secondaires, contre 17 % en 1998[60]. Pour ce qui concerne les études universitaires, la proportion passe de 3,5 % en 1998 à 8,7 % en 2015[60].

Religion modifier

Environ 90 % sont catholiques et 10 % sont protestants (principalement mennonites) ou mormons, entre autres religions.

Sport modifier

Le football est le sport le plus populaire dans le pays. José Luis Chilavert est l'un des meilleurs[réf. souhaitée] joueurs d'Amérique du Sud et a la particularité d'être un gardien de but buteur. Víctor Pecci est également un héros national, finaliste des Internationaux de France de tennis 1979 contre Björn Borg en cinq sets.

L'équipe nationale de football a remporté la Copa América à deux reprises, en 1953 et 1979, et atteint les quarts de finale de la Coupe du monde de football en 2010 perdant contre l'Espagne future vainqueur.

Le pays accueille la Copa América en 1999.

Économie modifier

Caractéristiques générales modifier

Pendant de nombreuses années, l'image du pays a été associée au commerce illicite de produits électroniques, d'armes et de drogue. Cependant, ce scénario a commencé à changer dans les années 2000, avec la montée en puissance d'entreprises légalisées telles que la production de soja, de maïs, de bœuf, entre autres. Les données de la Banque centrale du Paraguay (BCP) ont montré qu'en 2006, les exportations liées au commerce de triangulation (Chine-Paraguay-Brésil), traité par le Brésil – dans la plupart des cas – comme de la contrebande et du détournement de fonds, représentaient 22 % du PIB du pays. . En 2016, ce pourcentage est tombé à 12 %. Avec des recettes fiscales plus élevées grâce à la légalisation de l'emploi, le pays a pu améliorer ses infrastructures, qui étaient précaires. Le Paraguay a une politique de développement économique basée sur les exportations et la dépendance vis-à-vis du marché brésilien prévaut. Le commerce de la triangulation a pour essence l'exportation de produits originaires de Chine, avec le Brésil comme principale destination. L'énergie exportée est essentiellement le surplus hydroélectrique généré par la centrale d'Itaipu, dont le Brésil est le principal acheteur. Et les maquilas, dont les principaux investisseurs sont des Brésiliens, ont également un grand marché de consommation au Brésil pour leurs produits. Par conséquent, dans ces trois piliers de la stratégie de développement du Paraguay, il y a la principale caractéristique des réexportations. Dans le cas des matières premières agricoles, il s'agit de l'exportation de produits originaires du Paraguay[62].

En 2010 et 2013, le Paraguay a connu la plus grande expansion économique d'Amérique du Sud, avec un taux de croissance du PIB de 14,5% et 13,6% respectivement [63],[64]. En 2022, le Paraguay est classé en 91e position pour l'indice mondial de l'innovation[65].

L'économie de marché se distingue par un vaste secteur informel, caractérisé par la réexportation de biens de consommation importés vers les pays voisins, ainsi que par les activités de milliers de microentreprises et de vendeurs ambulants urbains. Néanmoins, au cours des 10 dernières années, l'économie paraguayenne s'est considérablement diversifiée, les industries de l'énergie, des pièces automobiles et de l'habillement ouvrant la voie[66].

Les zones urbaines les plus importantes du Paraguay sont situées le long de la frontière Argentine-Paraguay : Asunción, Alberdi, Encarnación, Pilar et Ciudad del Este, cette dernière étant la troisième zone franche commerciale la plus importante au monde, derrière Miami et Hong Kong. Un grand pourcentage de la population, en particulier dans les zones rurales, tire sa vie de l'activité agricole, souvent sur une base de subsistance. En raison de l'importance du secteur informel, il est difficile d'obtenir des mesures économiques précises. L'économie a connu une croissance rapide entre 2003 et 2013, la demande mondiale croissante de produits de base combinée à des prix élevés et à des conditions météorologiques favorables pour soutenir l'expansion des exportations basées sur les produits de base du Paraguay[67],[68].

En 2012, le gouvernement du Paraguay a introduit le système MERCOSUR (FOCEM) afin de stimuler l'économie et la croissance de l'emploi grâce à un partenariat avec le Brésil et l'Argentine[69].

Monnaie modifier

La monnaie paraguayenne est le guaraní paraguayen. 1 euro = 8 086,00 Guaranís au 16 Novembre 2023.

Ressources naturelles modifier

Les principales ressources naturelles du Paraguay sont : le fer, le pétrole, le manganèse, le bois, le calcaire et l'énergie hydraulique[52]. De plus le Paraguay exporte plus de viande que l'Argentine et produit dix fois plus d'électricité qu'il n'en consomme grâce à l'hydroélectricité. Le pays est le quatrième exportateur de soja au monde (dont 97 % est génétiquement modifié) et le sixième de bétail[70].

Agriculture modifier

Le Paraguay est le sixième producteur de soja au monde, le deuxième producteur de stévia et le neuvième exportateur de bœuf[71],[72],[73].

En 2018, outre le soja, le pays disposait d'une importante production de maïs et de canne à sucre, où il se positionnait comme le 21ème producteur mondial ; les autres cultures importantes du pays sont le manioc, le riz, le blé, l'orange, le yerba mate et le sorgho. En élevage, le Paraguay a produit, en 2020, 481 000 tonnes de viande bovine, étant le 26e producteur mondial[74].

La culture du soja a été apportée par les Brésiliens dans le pays : en 2019, près de 70 % des producteurs de soja et de riz au Paraguay étaient des Brésiliens, ou des descendants de Brésiliens (les soi-disant brasiguaios). Les premiers producteurs brésiliens ont commencé à arriver dans le pays dans les années 1980. Avant cela, il y avait beaucoup de terres inutilisées dans le pays[75].

Industrie modifier

La Banque mondiale répertorie chaque année les principaux pays producteurs, sur la base de la valeur totale de la production. Selon la liste de 2019, le Paraguay avait la 79e industrie la plus précieuse au monde (6,9 milliards de dollars). Le pays était le 7e plus grand producteur d'huile de soja au monde en 2018[76].

L'industrie minière du Paraguay produit environ 25 % du produit intérieur brut (PIB) du pays et emploie environ 31 % de la main-d'œuvre. La production de ciment, de minerai de fer et d'acier est courante dans tout le secteur industriel du Paraguay. La croissance de l'industrie a été encore alimentée par l'industrie de la maquila, avec de grands complexes industriels situés dans la partie orientale du pays. Le Paraguay a mis en place de nombreuses incitations visant à attirer des industries dans le pays. L'un d'eux est la soi-disant "loi Maquila" par laquelle les entreprises peuvent se délocaliser au Paraguay, en bénéficiant de taux d'imposition minimaux[77].

Références modifier

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Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Infographies et dossiers
Articles de revues
Ouvrages
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  • Alain Rouquié, Amérique latine : Introduction à l'Extrême-Occident, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais » (no 373), , 2e éd. (1re éd. 1987), 448 p. (ISBN 978-2-02-020624-2).  .
Publications officielles
  • [PDF] (en) Gordon Wilmsmeier et Ricardo J. Sánchez, Landlocked Countries in South America : Transport System Challenges, New York, , 82 p. (lire en ligne).
  • Constitution de la République du Paraguay. Traducción al idioma francés. [1]

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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