Daniel Cordier

résistant, marchand d'art et historien français (1920–2020)

Daniel Cordier, né le à Bordeaux et mort le à Cannes, est un résistant, marchand d'art et historien français.

Après avoir été membre de la Fédération nationale des Camelots du roi, il s'engage dans la France libre dès . Secrétaire de Jean Moulin en 1942-1943 — au contact de qui ses opinions évoluent du nationalisme intégral maurrassien à une tendance plus libérale —, il consacre à celui-ci une biographie en plusieurs volumes d'une grande portée historique. Après la guerre, il est marchand d'art, critique, collectionneur et organisateur d'expositions, avant de se consacrer à des travaux d'historien et à la rédaction de son autobiographie Alias Caracalla (en deux tomes), et Les Feux de Saint-Elme.

Il est le tuteur légal et père adoptif de Hervé Vilard[2],[3],[4],[5].

Lors de sa mort, à 100 ans, il était l'un des deux derniers compagnons de la Libération encore en vie.

Biographie modifier

Jeune membre de l'Action française modifier

Daniel Bouyjou est né le à Bordeaux. Son père René Bouyjou, après avoir rejoint la florissante entreprise de commerce de café familiale, en est le représentant dans toute l’Europe. Il se marie en 1919 au Bouscat (Gironde) avec Jeanne Gauthier, issue d’une famille de riches propriétaires et négociants bordelais. Sa mère divorce en 1925 et se remarie en 1927 avec Charles Cordier, du même milieu social[6],[a].

Son père, René Bouyjou, obtient la garde du petit Daniel. Il fait ses études dans différents collèges catholiques dont l’école Saint-Elme à Arcachon.

Influencé par les idées maurrassiennes de son beau-père[7],[8] qu’il admire, il milite à 17 ans à l'Action française et fonde à Bordeaux le cercle Charles-Maurras[9]. En effet, comme il le reconnaît dans Alias Caracalla, en tant qu'admirateur de Charles Maurras, il est, au début de la guerre, antisocialiste, anticommuniste, antisémite, antidémocrate et ultranationaliste, souhaitant même, après son ralliement à la France libre, que Léon Blum soit fusillé après un jugement sommaire à la fin de la guerre. Il écrit dans son autobiographie qu'il ne serait jamais entré dans la Résistance sans les articles du théoricien du « nationalisme intégral »[réf. nécessaire]. Mais, contrairement à son maître à penser, il refuse d'emblée l'armistice par patriotisme[9].

Défaite de juin 1940 modifier

En , il se trouve avec sa famille à Bescat (Basses-Pyrénées), attendant avec impatience son incorporation prévue le 10 juillet. Le , il écoute à la radio le premier discours de chef du gouvernement du maréchal Pétain, s'attendant de la part du vainqueur de Verdun à une volonté de poursuivre la guerre ; il est donc totalement révolté par l'annonce de la demande d'armistice. Le jour même, il imprime et diffuse un tract « contre Pétain »[10].

Après avoir rassemblé seize volontaires et espérant que l'Empire français continuera la guerre, il embarque le à Bayonne sur un navire belge, le cargo Léopold II, qui devait aller en Algérie[11]. Le bateau fait finalement route vers l'Angleterre[9].

Engagement dans la France libre et la Résistance modifier

Daniel Cordier atteint Falmouth (Cornouailles) le et s'engage avec ses camarades dans les premières Forces françaises libres de la « Légion de Gaulle » le [9]. Il découvre - avec un étonnement dû à son éducation au sein d'une famille d'extrême-droite ultranationaliste - que des socialistes et des communistes comptent parmi ces engagés patriotes. Il rencontre parmi ceux-ci Raymond Aron[12] et Stéphane Hessel[13], puis Georges Bidault, auxquels il restera lié[9]. En transit pendant quelques jours au palais d'expositions de l'Olympia (West Kensington, Londres), il est affecté au bataillon de chasseurs alors en formation et arrive début juillet à Delville Camp (Aldershot), pour y suivre un entraînement jusqu'à la fin du mois. Le bataillon est ensuite installé au camp d'Old Dean (Camberley), où Daniel Cordier complète sa formation militaire. Il obtient le grade de Lieutenant.

Entré au Bureau central de renseignements et d'action, il est parachuté près de Montluçon le . Il gagne rapidement Lyon et est choisi comme son secrétaire personnel par Jean Moulin, membre (nommé secrètement par de Gaulle) du Comité national français, officieusement seul représentant de ce comité en métropole. Il prend alors le pseudonyme d'Alain en référence au philosophe. Il fonde et dirige le secrétariat de Jean Moulin et pendant onze mois, il est au quotidien l'un de ses plus proches collaborateurs. Il gère son courrier et ses liaisons radio avec Londres. Il l'aide à créer divers organes et services de la Résistance, et assiste aux patients efforts de celui-ci pour unifier la Résistance intérieure française et la placer sous l'égide de Londres.

À Lyon, Cordier recrute, chronologiquement, Laure Diebold (secrétariat), Hugues Limonti (courrier), Suzanne Olivier, Joseph Van Dievort, Georges Archimbaud, Laurent Girard, Francis Rapp alias Louis et Hélène Vernay[14].

À Paris, Cordier emmène la majorité de son équipe, à laquelle se joignent Jean-Louis Théobald, Claire Chevrillon et Jacqueline Pery d'Alincourt[15].

À Lyon, Cordier est remplacé par Tony de Graaff, avec Hélène Vernay (secrétariat) et Laurent Girard (courrier)[15].

Ce long travail aboutit à la fondation du Conseil national de la Résistance (). Il a fallu pour cela passer par bien des frictions et des divergences avec beaucoup de chefs de la Résistance, ainsi qu'avec Pierre Brossolette, autre envoyé de De Gaulle et concurrent de Jean Moulin[16]. Brossolette réclamera, entre autres, le rappel de Cordier à Londres après l'arrestation et la mort de Jean Moulin[17],[18].

Resté jusqu'au au service du successeur de Moulin à la délégation générale, Claude Bouchinet-Serreulles, Cordier passe les Pyrénées en mars 1944, est interné à Pampelune puis au camp de Miranda en Espagne, puis rejoint la Grande-Bretagne le 9 mai 1944[19].

Après avoir été interrogé le 15 mai pour un debriefing par un officier britannique, puis le 18 mai par le contre-espionnage français, Cordier est affecté le même jour par le colonel Manuel au Bureau de renseignement et d'action de la France libre (BRAL - nouveau nom du BCRA) qu'il dirige, en le nommant chef du « bureau des voyages » chargé de préparer les agents qui vont être parachutés en France occupée[20].

Le 28 septembre 1944, Cordier quitte Southampton sur une vedette de la Royal Navy et débarque à Cherbourg[21]. Au mois d'octobre, le lieutenant[22] Cordier est affecté comme secrétaire personnel du colonel Manuel à la Direction générale des études et recherches (DGER) à Paris[23]. À la fin octobre, le colonel Manuel invite à dîner Vitia Hessel et Cordier, afin de leur communiquer la mission qui est assignée à ceux-ci : préparer un Livre blanc relatif à l'action du BCRA pendant la guerre sur la base des documents d’archives de ce Service, Cordier devant s'occuper de l'histoire de l'action militaire et politique de Moulin auprès des mouvements de résistance, et Vitia Hessel de l'histoire du renseignement et de l'action militaire du BCRA[24]. Leur collaboration est fructueuse ; Cordier écrit à ce sujet : « Depuis mon retour à Paris, Vitia Hessel est venue me rejoindre pour achever le classement des archives du BCRA et rédiger le Livre blanc. Elles s’est plongée dans les papiers avec méthode et rédige la partie « Renseignements ». Très souvent, nous déjeunons ensemble car, en plus des changements intellectuels que la guerre m’a imposés, j’ai besoin de ses conseils et surtout de ses connaissances pour préparer la partie qui m’est confiée »[25]. Après son retour de déportation en mai 1945, Stéphane Hessel assiste Vitia et Cordier à la rédaction du Livre Blanc[26]. Le couple Hessel et Cordier restent « très amis » et même des « intimes »[27].

Début avril 1945, Cordier est nommé chef de cabinet du colonel Passy[28], qui vient d’être nommé directeur de la DGER en remplacement de Jacques Soustelle[29]. Cordier a expliqué la veille au soir, lors d’un dîner avec Passy chez le colonel Manuel, que sa « partie personnelle, la mission de Jean Moulin dans les deux zones, […] est en bonne voie d’exécution »[30]. Cordier démissionne de l'armée après le départ du général de Gaulle du gouvernement, en janvier 1946[31].

Dans son livre Présumé Jean Moulin, l'historien Jacques Baynac évoque une possible arrestation de Daniel Cordier par les Allemands autour du . Des rapports officiels du Special Operations Executive britannique l'ont mentionné dans un premier temps mais l'un d'entre eux a été annoté ensuite comme erroné[32]. Dans le rapport ultérieur résumant l'interrogatoire de Daniel Cordier par un agent du même Special Operations Executive lors de son retour à Londres le 15 mai 1944, on constate qu'il n'est pas jugé opportun à cette date de l'interroger sur cet épisode[33]. Daniel Cordier déclare pour sa part : « je n'ai jamais été arrêté, sinon je l'aurais raconté[34]. »

Comme Cordier le raconte dans son livre Alias Caracalla, ses convictions évoluent au fil de ses rencontres et de ses expériences. Il abandonne ses positions royalistes et maurrassiennes, notamment parce que Charles Maurras « trahit » en soutenant le maréchal Pétain, ainsi qu'à cause de l'antisémitisme présent dans ce milieu.

Après-guerre modifier

À l'occasion du procès de René Hardy en 1947, il dépose dans le sens de sa culpabilité dans l'affaire de Caluire. Il conclura à nouveau à cette culpabilité des décennies plus tard « en [son] âme et conscience », cette fois après de longues recherches historiques.

En 1964, à l'occasion de la translation au Panthéon des cendres de Jean Moulin, il est désigné pour tenir un tour de garde autour du catafalque entre 2 heures et 3 h 30 du matin. Il retrouve alors sur la place déserte et glaciale entourant l'édifice une partie de son ancienne équipe (Suzanne Olivier, Laure Diebold et Hugues Limonti), dont les membres s'étaient éloignés après la guerre[35].

Convictions politiques modifier

Après la guerre, Cordier choisit de tourner la page et ne parle plus de la Résistance en public pendant plus de trente ans.

Il ne se consacre plus au militantisme politique et a renoncé à ses opinions d'extrême droite au contact du radical-socialiste Jean Moulin, se décrivant comme « presque communiste » à l'issue de la guerre[36]. Il aide à la fondation du club Jean-Moulin au début des années 1960. Opposé au gaullisme, il déclare voter à gauche[37] mais n'a quasiment plus d'engagement public.

Entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2017, Daniel Cordier prend fermement position contre Marine Le Pen, qualifiant sa possible élection de « monstrueuse » car représentant « la négation de tout ce pour quoi nous nous sommes battus »[38],[37].

Peintre et marchand d'art modifier

« Jean Moulin fut mon initiateur à l'art moderne. Avant de le rencontrer, en 1942, j'étais ignorant de cet appendice vivant de l'histoire de l'art. Il m'en révéla la vitalité, l'originalité et le plaisir. Surtout il m'en communiqua le goût et la curiosité », écrit Daniel Cordier, en 1989, dans la préface du catalogue présentant sa donation au Centre Pompidou[39]. Sitôt les hostilités finies, il commence une carrière de peintre, s'inscrit à l'académie de la Grande Chaumière en 1946, en même temps qu'il achète sa première œuvre, une toile de Jean Dewasne, au Salon des réalités nouvelles.

Pendant dix ans, Cordier peint et collectionne : Braque, Soutine, Rouault, De Staël (« dont la rencontre d'une toile […] fut [sa] révélation de l'art moderne »[40]), Hartung, Villon, Fièvre, Reichel, Réquichot, Dado, Braun-Vega[41]. « Il ne cessera de compléter sa collection personnelle qui comprendra, outre les peintres de sa galerie, Arman, Tàpies, Mathieu, Hundertwasser, Kline, Tobey, Wols, César, Tinguely, Claude Viseux, Stankiewicz, Hantaï, Reutersward, Sonnenstern, Ossorio, Takis, Chaissac[42]… »

C'est ainsi qu'en Daniel Cordier, en ouvrant sa première galerie (d'abord 8 rue de Duras puis 8 rue de Miromesnil), se lance dans ce qui va être une brillante carrière de marchand d'art. Après une première exposition consacrée à Claude Viseux, il expose, conjointement Dewasne, Dubuffet et Matta. En il organise aussi la première exposition personnelle de Bernard Réquichot qu'il rencontra à la Grande Chaumière dès 1950[43]. Pendant huit ans, nombre d'artistes, pour beaucoup découverts, lancés et soutenus par Cordier, se succèdent dans la galerie, avant que celui-ci, pour des raisons économiques et financières, mais aussi du fait du manque d'intérêt qu'il ressent, en France, pour l'art contemporain, ne mette la clé sous la porte en pour se tourner vers l'organisation de grandes expositions. Il participe en particulier à la grande exposition « Douze ans d'art contemporain » ou « 72/72 », en 1972, invité par François Mathey. Une exposition qui fera date pour son scandale et par le fait qu'elle est considérée comme un jalon essentiel dans les grandes expositions d'art contemporain. La présence de Daniel Cordier y fut d'ailleurs très critiquée[44].

À partir de 1973, il fait don d'une partie de sa collection à l’État, en particulier au Centre Pompidou, qui obtient ainsi 500 œuvres en 1989, dont 393 viendront enrichir la collection des Abattoirs de Toulouse (1999)[45]. Il participe au comité d'acquisition du Centre Pompidou. Il reconnaît d'ailleurs le rôle important de certains conservateurs dans sa démarche (Alfred Pacquement, Dominique Bozo, Blaise Gautier, Pontus Hulten et Germain Viatte)[46].

L'ensemble des pièces léguées au Centre Pompidou par Daniel Cordier depuis 1973 représente un millier d’œuvres et d’objets d’art. À celles-ci s’ajoutent en 2015 cent-cinquante objets extra-européens et treize œuvres modernes de Paul Klee, Dado, Georgik, Bernard Réquichot et Louise Nevelson ; plus les archives de sa galerie (1956-1964) ainsi que des documents personnels[47].

Autobiographie modifier

Daniel Cordier publie en 2009 la première partie de ses mémoires, sous le titre Alias Caracalla : mémoires, 1940-1943. Il y révèle en touches légères son homosexualité[48],[49],[50] (qu'il avait dû cacher à l'époque, car « la haine à l’égard de l’homosexualité était terrible »[51]). En 2013, il est favorable au mariage pour tous[52].

Les Feux de Saint-Elme, paru en 2014, est le journal intime de ses années passées en pension, qui précède chronologiquement Alias Caracalla et qu'il publie en attendant d'en avoir fini avec le tome II de ses mémoires, La victoire en pleurant (publié à sa mort)[53]. C'est le récit de son éveil sentimental et sexuel dans l'école Saint-Elme à Arcachon, pensionnat religieux de garçons dans lequel il passe son enfance et adolescence. Il subit les influences contradictoires d'André Gide et des enseignements de l'Église catholique en la personne de son confesseur, qui le persuade de renoncer à son amour pour un garçon du nom de David Cohen. Cet épisode devait marquer sa vie entière.

Il fut un ami de Roland Barthes[54] et le tuteur du jeune Hervé Vilard qu'il a encouragé dans sa démarche de devenir chanteur[55].

Retraite modifier

En 2020, lors des commémorations des 80 ans de l'appel du 18 Juin, le premier ministre britannique Boris Johnson annonce que les quatre derniers compagnons de la Libération, Edgard Tupët-Thomé, Pierre Simonet, Hubert Germain et Daniel Cordier, sont nommés membres honoraires de l'ordre de l'Empire britannique[56]. La décoration est remise à Daniel Cordier par Ed Llewellyn, ambassadeur du Royaume-Uni à Paris, chez lui à Cannes, le [57].

Mort et hommages modifier

Daniel Cordier meurt le à Cannes[8],[9], soixante-seize ans jour pour jour après avoir été fait compagnon de la Libération par décret de Charles de Gaulle. Hubert Germain devient alors le dernier compagnon de la Libération encore vivant[58].

Le président de la République Emmanuel Macron déclare, dans un communiqué : « pour la liberté et l’honneur de la France, il entra en Résistance, quitta tout, accepta le danger, la solitude, la routine aride et les complications insensées des réseaux clandestins […] Affecté à l’administration des réseaux de Résistance de la zone Sud, il fut parachuté en 1942 et devint alors le secrétaire […] de Jean Moulin. Leur engagement […] permit qu’au jour du débarquement les alliés vissent se lever de l’ombre où elle était tapie une France prête à reprendre en main son destin[59]. »

La ministre des Armées, Florence Parly, et la ministre de la Mémoire et des Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq, lui rendent hommage en évoquant « une vie romanesque qui s’éteint, passée au service de la Liberté, pour la grandeur de la France »[60].

Son homosexualité est passée sous silence dans l'immense majorité des hommages[61], à l'exception d'une émission sur France Inter[62].

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (27e division)[63] aux côtés de sa mère et de son beau-père (dont il avait pris le nom), après un hommage national dans la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides présidé par Emmanuel Macron le jeudi [64].

Travaux sur Jean Moulin modifier

À la fin des années 1970, choqué par ce qu'il considère comme des calomnies contre Jean Moulin (en particulier les accusations d'Henri Frenay, qui fait de Moulin un agent crypto-communiste[65]), Cordier entreprend des recherches historiques approfondies pour « défendre la mémoire » de son ancien patron[66]. Celles-ci aboutiront dans son ouvrage biographique Jean Moulin : l’Inconnu du Panthéon, 3 vol., Lattès, Paris, 1989-1993, puis dans Jean Moulin. La République des catacombes, Gallimard, Paris, 1999, qui dépasse l'histoire de la mission de Moulin en retraçant l'histoire de la direction de la Résistance de 1940 à 1945, et qui représente pour Cordier « l'achèvement » de son travail d'historien[67].

En possession des archives de Jean Moulin, Daniel Cordier a pu livrer, après des années d'un travail acharné, une somme biographique monumentale comprenant la publication d'une masse de documents inédits[68], oeuvre qui a profondément renouvelé l'historiographie de la Résistance et qui entend faire définitivement litière des diverses légendes cherchant à salir la mémoire du premier président du CNR. Cependant, il affirme « si j'ai défendu Jean Moulin, je ne l'ai pas vengé, et, surtout, je n'ai calomnié personne »[69].

La méthode de Cordier pour établir les faits historiques - « volonté de vérité intégrale […] coeur de la morale de n'importe quel historien »[70] - se fonde sur les documents d'archives[71] et, en complément quand c'est nécessaire, la presse d'époque, en raison de sa méfiance des témoignages: « La mémoire n'est pas un calendrier […], mais le résultat des sables mouvants de notre conscience: infidélité à la chronologie, travestissements affectifs, manipulation de l'imagination, surestimation de l'ego... »[72]. Cordier fait une analogie avec l'architecture : le témoignage est un ornement comme l'est un vitrail dans une cathédrale, rendant l'oeuvre - architecturale ou historique - vivante car les ornements « racontent le passé »[73].

Anciens résistants à l'épreuve de la mémoire modifier

L'originalité de Daniel Cordier, en tant qu'historien-témoin, est de refuser radicalement le témoignage oral et de ne faire qu'un usage très restreint de ses propres souvenirs. Il insiste sur l'imprécision et les déformations de la mémoire humaine, qui rendent impossible l'établissement d'une chronologie précise, pourtant indispensable pour éviter les confusions et les anachronismes qui brouillent la reconstitution des processus de décision.

D'ailleurs, beaucoup de résistants ont rayé de leurs mémoires certains épisodes importants, fussent-ils parfois à leur honneur — ainsi Daniel Cordier, lors d'un colloque en 1983 sur le CNR, dut mettre sous les yeux incrédules de Christian Pineau le document écrit qui prouvait que ce dernier avait songé le premier (fin 1942) à un projet de Conseil de la Résistance ; Pineau, sans souvenir de l'épisode, refusa malgré tout de le croire.

Enfin, après la guerre, bien des chefs de la Résistance ont privilégié une vision unanimiste de l'épopée clandestine, et préféré taire les querelles, les rivalités, les divergences politiques et stratégiques qui les avaient opposés entre eux ou à Londres, et que pourtant révèlent des documents. Ou bien, inversement, ils ont projeté sur le passé leurs perceptions et leurs convictions acquises rétrospectivement.

Œuvre reconnue modifier

Le travail de Daniel Cordier a été boudé ou critiqué par d'anciens camarades,[Qui ?] qui lui ont reproché d'avoir nui à l'unité des anciens résistants. D'autres[Qui ?] lui ont reproché de vouloir, sous des dehors d'objectivité scientifique, défendre et justifier l'œuvre et les thèses de Jean Moulin, ainsi que la mise sous tutelle de fait de la Résistance intérieure française par la France libre à l'occasion de l'unification, tout cela aux dépens de ceux qui avaient pu entrer en désaccord avec Moulin, et qui soutenaient des projets concurrents. Pour le journaliste Thierry Wolton - lequel avait perdu quelques années plus tôt un procès en diffamation contre Cordier[74] - les livres de Cordier sont un règlement de comptes avec Henri Frenay et une hagiographie de Jean Moulin plutôt qu'une biographie[75].

L'œuvre de Cordier est très largement saluée par les historiens, pour ses informations, son perfectionnisme et ses qualités d'écriture et d'analyse[76],[77]. Au-delà de la défense d'une figure héroïque et emblématique de la Résistance et de l'histoire de France, elle est un jalon indispensable pour l'histoire du combat de l'« armée des ombres ».

Pierre Nora a reconnu que Daniel Cordier était un historien, en écrivant de lui : « […] ce grand acteur et témoin qui devint secrétaire de Jean Moulin par hasard, marchand d'art par passion et historien par accident »[78]. Il se réfère là à ce que Cordier dit lui-même : « […] l'ensemble de mon travail d'historien, inauguré par accident un soir d'octobre 1977... »[79].

Ouvrages modifier

  • 1983 : Jean Moulin et le Conseil national de la Résistance, Paris,  éd. CNRS.
  • 1989-1993 : Jean Moulin : l’Inconnu du Panthéon, 3 vol., Paris,  éd. Jean-Claude Lattès.
    • T.I : Une ambition pour la République : -, Paris,  éd. Jean-Claude Lattès, 1989
    • T.II : Le choix d'un destin : -, Paris,  éd. Jean-Claude Lattès, 1989
    • T.III : De Gaulle, capitale de la Résistance : -, Paris,  éd. Jean-Claude Lattès, 1993

Somme biographique sur Jean Moulin, fondée uniquement sur des documents écrits méthodiquement critiqués.

  • 1999 : Jean Moulin. La République des catacombes, Paris,  éd. Gallimard.

Synthèse des connaissances sur Jean Moulin, fondée sur une somme considérable d'archives, publiée pour le centenaire de sa naissance ; biographie retraçant son action de 1939 à sa mort ; postérité de son action et de sa mémoire.

Décorations modifier

Documents modifier

Archives modifier

Bibliographie modifier

Sur Daniel Cordier galeriste modifier

  • 2005 : Viviane Tarenne (dir.), Daniel Cordier : le regard d'un amateur (donations Daniel Cordier dans les collections du musée national d'Art moderne),  éd. Centre Pompidou, Paris, 397 p. (ISBN 2-84426-263-5) ; nouvelle édition du catalogue publié à l'occasion de l'exposition « Donations Daniel Cordier. Le regard d'un amateur » qui se tint au Centre Pompidou du au .

Sur la Résistance modifier

Sur la polémique Cordier-Frenay modifier

Articles modifier

Filmographie modifier

Sur la Résistance modifier

Sur sa carrière de galeriste modifier

  • Alain Fleischer, Daniel Cordier - Le regard d'un amateur, 35 mm, 52 min, coproduction Centre Georges-Pompidou / Centre national des arts plastiques / La Sept, 1990
  • Musée des beaux-arts de Lyon, conférence filmée le  : « Daniel Cordier, amateur d'art, collectionneur, galeriste et donateur »[90]
  • Snežana Nikčević et Sanja Blečić, Dado : ukrštanja / métissages[91], RTCG, 2011 Documentaire sur le peintre Dado dans lequel intervient Daniel Cordier.
  • Daniel Cordier, fou d'art ! Film documentaire réalisé par Fabrice Maze, co-produit par Seven Doc, Aube Elléouët et Oona Elléouët. Sorti en 2021.

Radio modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Lorsqu’il rejoint la résistance à Londres en 1940, il se donne pour nom « Bouyjou-Cordier ». Après la guerre en 1945, son père étant mort en 1943, son beau-père Charles Cordier l’adopte et il prend officiellement le nom de Daniel Roger Pierre Bouyjou-Cordier[6].

Références modifier

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-45ijdefen-nxn6dss8perb »
  2. « Daniel Cordier, ancien secrétaire de Jean Moulin On n'est pas couché 11 mai 2013 #ONPC » (consulté le )
  3. « Les mille vies d’Hervé Vilard - C à Vous - 25/11/2020 » (consulté le )
  4. « Hervé Vilard - reportage » (consulté le )
  5. Hervé Vilard, Le bal des papillons, Paris, Fayard, , 324 p. (ISBN 2213630712)
  6. a et b « Entretien avec Daniel Cordier : les années d'apprentissage (1/5) », sur franceinter.fr, (consulté le ).
  7. Eric Anceau, « Entre ici, Daniel Cordier, au Panthéon des Français libres ! », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  8. a et b François-Guillaume Lorrain, « L'ancien résistant et compagnon de la Libération Daniel Cordier est mort », sur Le Point, (consulté le ).
  9. a b c d e et f Philippe-Jean Catinchi, « L’ancien résistant Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin pendant la seconde guerre mondiale, est mort », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  10. Le Point magazine, « Du 17 juin au 18 juin 1940, de la résignation à l'espoir », sur Le Point, (consulté le ).
  11. « "La Résistance, c'est un film au ralenti ! " - Par La rédaction | Arrêt sur images », sur www.arretsurimages.net (consulté le )
  12. Cordier rencontre Aron à Delville Camp entre le 18 et le 21 juillet 1940 (Daniel Cordier, Alias Caracalla, Gallimard, Folio, Paris, mai 2023, pp. 163 ss).
  13. Cordier fait la connaissance de Stéphane Hessel à Camberley, en avril 1941 (Daniel Cordier avec Paulin Ismard, De l’Histoire à l’histoire, Gallimard, Paris, 2013, p. 11).
  14. Daniel Cordier, Jean Moulin, la République des catacombes, éd. Folio Histoire, p. 314.
  15. a et b Daniel Cordier, Jean Moulin, la République des catacombes, op. cit., p. 318.
  16. Olivier Wieviorka, « Résistance – Et pourtant elle s'unit... », dans Résistants et collabos – 1943 – La France déchirée, Le Nouvel Observateur, hors-série no 84, novembre-décembre 2013, p. 41.
  17. Guillaume Piketty, Pierre Brossolette, un héros de la Résistance, Paris, éd. Odile Jacob, 1998, 416 p. (ISBN 978-2738105394), p. 328.
  18. (en) Mark Seaman, Bravest of the Brave, Oxford, Isis Large Print Books, 1997, 409 p. (ISBN 978-0753150498), p. 100.
  19. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, éd. Gallimard, Paris, coll. Folio, 2023, p. 135 note 1.
  20. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., pp. 138 à 146 avec les notes de bas de page.
  21. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., p. 167 et note 1.
  22. Cordier avait été nommé sous-lieutenant en juin 1942 et promu lieutenant en juin 1943 (cf. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., note 2 p. 140).
  23. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., Folio, pp. 190-191.
  24. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., p. 193.
  25. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., pp. 219 et 224 (pour la citation).
  26. Cf. Sébastien Albertelli, « Des archives du BCRA au Livre blanc » in Chemins de mémoire, Ministère des armées, en ligne: https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/des-archives-du-bcra-au-livre-blanc (consulté le 2.02.2024), rédigé sur la base d'un entretien accordé par Daniel Cordier au Service historique de l’armée de Terre, le 26 janvier 1999.
  27. Daniel Cordier, De l’Histoire à l’histoire, op. cit., p. 11.
  28. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., p. 239.
  29. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., p. 237.
  30. Daniel Cordier, La Victoire en pleurant, op. cit., p. 238.
  31. Cf. la biographie de Daniel Cordier parmi les dossiers des Compagnons de la Libération, au Musée de l'ordre de la Libération, accessible sur son site internet: https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/daniel-cordier (consulté le 2.02.2024).
  32. Jacques Baynac, Présumé Jean Moulin, Paris, Grasset, , p. 775
  33. Daniel Cordier, La victoire en pleurant, Paris, Gallimard, (ISBN 978-2-07-268877-5), p. 287-297 (Annexes)
  34. Guillaume Dasquié, « Le dernier secret », Vanity Fair, no 40, octobre 2016, p. 100-105, 172-174.
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  46. Daniel Cordier, le regard d'un amateur, op. cit., p. 13, extrait d'une lettre de Daniel Cordier à A. Pacquement où il parle aussi de François Mathey en disant que « par son courage, [il] a suppléé aux défaillances du Musée national d'art moderne » concernant la mise en lumière d'artistes contemporains, éd. du Centre Pompidou, Paris, 2005.
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  66. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., pp. 84-85.
  67. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., p. 64.
  68. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., p. 78.
  69. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., p. 88.
  70. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., p. 45.
  71. « Le coeur de ma démarche fut toujours de m'appuyer sur les documents d'archives et non sur les témoignages des acteurs de la guerre » (Daniel Cordier avec la collaboration de Paulin Ismard, De l’Histoire à l’histoire, op. cit., p. 67).
  72. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., p. 37.
  73. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, op. cit., p. 86.
  74. Dans une interview à L'Express, « Histoire et calomnie : réponse à Thierry Wolton », publiée le 20 mai 1993 (en ligne: https://www.lexpress.fr/informations/histoire-et-calomnie-reponse-a-thierry-wolton_605587.html (consulté le 3.02.2024), Cordier avait en effet violemment critiqué le livre de Wolton Le Grand Recrutement (Grasset, 1993) dans lequel ce dernier accusait Jean Moulin d'avoir été un agent soviétique, accusation que Cordier qualifiait de « calomnie » fondée sur des « manipulations » apparentant son travail à celui des « négationnistes » ; Wolton avait alors déposé plainte pour diffamation contre Cordier, procès que Wolton avait perdu (Daniel Cordier avec la collaboration de Paulin Ismard, De l’Histoire à l’histoire, op. cit., pp. 93-95). Pierre Vidal-Naquet lui aussi, dans son livre Le Trait empoisonné (éd. La Découverte, 1993, rééd. 2002), accuse Wolton de « falsification » dans cet ouvrage.
  75. Thierry Wolton, L'histoire interdite, éd. Jean-Claude Lattès, Paris, 1998, p. 25-26.
  76. Claude Lévy, « Cordier Daniel, Jean Moulin, l'inconnu du Panthéon, tome III, De Gaulle, capitale de la Résistance, novembre 1940-décembre 1941 », Vingtième siècle. Revue d'histoire, no 42, avril-juin 1994 p. 135-137 [lire en ligne].
  77. Éric Alary, « Cordier Daniel, Jean Moulin. La République des catacombes », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 66, avril-juin 2000, p. 180-181 [lire en ligne].
  78. Daniel Cordier (avec la collaboration de Paulin Ismard), De l’Histoire à l’histoire, Gallimard, Paris, 2013, « Avertissement », p. 7.
  79. Cordier se réfère ici au débat sur Jean Moulin lors de l'émission Les Dossiers de l'écran du 11 octobre 1977 (Daniel Cordier avec la collaboration de Paulin Ismard, De l’Histoire à l’histoire, Gallimard, Paris, 2013, p. 64 - voir aussi le même ouvrage pp. 25 ss).
  80. « Pierre Brossolette ou Le Destin d'un héros », sur senscritique.com, (consulté le ).
  81. AFP.
  82. AFP, « Le Prix Renaudot 2009 attribué à Frédéric Beigbeder pour "Un roman français" », « Le prix Renaudot de l'essai a été décerné à Daniel Cordier pour "Alias Caracalla" » [archive], (consulté le ).
  83. Décret du 30 décembre 2017 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier.
  84. ORDRE DE LA LEGION D'HONNEUR Décret du 13 mai 1996 portant promotion et nomination.
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  87. Archives nationales.
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  89. « Auvergne-Rhône-Alpes : actualités et infos en direct », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
  90. Voir sur mba-lyon.fr.
  91. « Dado : métissages, un film de Snežana Nikčević et Sanja Blečić – Vidéo – L’anti-musée virtuel de l’artiste Dado (Miodrag Djuric) », sur www.dado.fr (consulté le )

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