Conflit israélo-arabe

conflit opposant l'état d'Israël et les pays arabes

Le conflit israélo-arabe est le nom donné aux relations tendues entre l'État d'Israël et les États arabes environnants, depuis la création d'Israël le . Il a eu pour points culminants sept conflits armés : la guerre de 1948, la guerre de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre d'usure en 1967, la guerre du Kippour en 1973, la première guerre du Liban en 1982, et la seconde guerre du Liban en 2006.

Conflit israélo-arabe
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte du conflit israélo-arabe :
Israël (en bleu), la Cisjordanie et Gaza (en rouge), les membres de la Ligue arabe (en vert), dont ceux qui ont été en guerre avec Israël (en vert foncé)
Informations générales
Date - en cours
(76 ans, 5 mois et 18 jours)
Lieu Moyen-Orient
Casus belli Création de l'État d'Israël.
Issue

En cours

Belligérants
Drapeau d’Israël Israël

Soutiens :
Drapeau des États-Unis États-Unis (depuis 1973)
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas (1973)[1]
Drapeau de la Tchécoslovaquie Tchécoslovaquie (1948-1949)
Drapeau du Portugal Portugal (1973)[2]
Drapeau de l'URSS Union soviétique (1948-1949)


Drapeau de la France France (1956)
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (1956)


Drapeau du Liban Forces libanaises (1978-2000)
Armée du Liban Sud (1984–2000)
Armée syrienne libre (2013-2019)[3]
Drapeau de la Ligue arabe Ligue arabe (1948-1979)

Drapeau du Liban Brigade Marada (1982-1991)
Amal (depuis 1974)
Front national libanais de la résistance (1982-1999)


Drapeau de l'Iran Drapeau de l'Irak Drapeau du Liban Drapeau du Yémen Axe de la résistance :


Palestiniens :
Gouvernements
Gouvernement de toute la Palestine (1948-1959)
République arabe unie (1948-1967)
Drapeau de la Palestine État de Palestine (depuis 1988)
Factions armées:

Soutiens :
Drapeau de la Corée du Nord Corée du Nord (depuis 1973)
Drapeau de Cuba Cuba (1973)
Drapeau de l'URSS Union soviétique (1955-1991)
Commandants
Drapeau d’IsraëlDavid Ben Gourion (1948-1963) †
Drapeau d’Israël Moshé Sharett (1954-1955) †
Drapeau d’Israël Levi Eshkol (1963-1969) †
Drapeau d’Israël Golda Meir (1969-1974) †
Drapeau d’Israël Yitzhak Rabin (1974-1977 puis 1992-1995) †
Drapeau d’Israël Menahem Begin (1977-1983) †
Drapeau d’Israël Yitzhak Shamir (1983-1984 puis 1986-1992) †
Drapeau d’Israël Shimon Peres (1984-1986 puis 1995-1996) †
Drapeau d’Israël Benyamin Netanyahou (1996-1999 puis depuis 2009)
Drapeau d’Israël Ehud Barak (1999-2001)
Drapeau d’Israël Ariel Sharon (2001-2006) †
Drapeau d’Israël Ehud Olmert (2006-2009)
Drapeau d’Israël Naftali Bennett (2021-2022)
Drapeau d’Israël Yaïr Lapid (2022)
Drapeau du Liban Bachir Gemayel (1978-1982) †
Drapeau du Liban Amine Gemayel (1982-1988)
Drapeau du Liban Samir Geagea (1982-1990)
Drapeau du Liban Saad Haddad (1978-1984) †
Drapeau du Liban Antoine Lahd (1984-2000) †
Massoud Barzani (depuis 1990)
Massoud Radjavi (1990-2003)
Maryam Radjavi (depuis 1990)
Kazem Radjavi (1990-1992) †
Mazloum Abdi (depuis 2017)
Drapeau de la Jordanie Abdallah Ier (1948-1951) †
Drapeau de la Jordanie Talal (1951-1952) †
Drapeau de la Jordanie Hussein (1952-1994) †
Drapeau de l'Arabie saoudite Roi Abdelaziz (1948-1953) †
Drapeau de l'Arabie saoudite Roi Saoud (1953-1964) †
Drapeau de l'Arabie saoudite Roi Fayçal (1964-1967 puis 1973-1975) †
Drapeau de l'Arabie saoudite Roi Khaled (1975-1982) †
Drapeau de l'Arabie saoudite Roi Fahd (1982-2005) †
Drapeau de l'Arabie saoudite Roi Abdallah (2005-2015) †
Drapeau de l'Arabie saoudite Roi Salmane (depuis 2015)
Gamal Abdel Nasser (1952-1970) †
Drapeau de l'Égypte Anouar el-Sadate (1970-1977) †
Drapeau de l'Algérie Houari Boumediene (1973-1978) †
Drapeau de l'Algérie Chadli Bendjedid (1979-1992) †
Drapeau de l'Algérie Mohamed Boudiaf (1992) †
Drapeau de l'Algérie Ali Kafi (1992-1994) †
Drapeau de l'Algérie Liamine Zéroual (1994-1999)
Drapeau de l'Algérie Abdelaziz Bouteflika (1999-2019) †
Drapeau de l'Algérie Abdelmadjid Tebboune (depuis 2019)
Drapeau de la Tunisie Habib Bourguiba (1973-1987) †
Drapeau de la Tunisie Zine el-Abidine Ben Ali (1987-2011) †
Drapeau de la Tunisie Moncef Marzouki (2011-2014)
Drapeau de la Tunisie Béji Caïd Essebsi (2014-2019) †
Drapeau de la Tunisie Kaïs Saïed (depuis 2019)
Drapeau du Soudan Omar el-Bechir (1989-2019)
Mouammar Khadafi (1969-2012) †
Drapeau du Liban René Moawad (1989) †
Drapeau du Liban Elias Hraoui (1989-1998) †
Drapeau du Liban Émile Lahoud (1998-2007)
Drapeau du Liban Michel Sleiman (2008-2014)
Drapeau du Liban Michel Aoun (2016-2022)
Drapeau du Liban Najib Mikati (depuis 2021)
Saddam Hussein (1979-2003) †
Drapeau de l'Irak Nouri al-Maliki (2006-2014)
Drapeau de l'Irak Haïder al-Abadi (2014-2018)
Drapeau de l'Irak Adel Abdel-Mehdi (2018-2020)
Drapeau de l'Irak Moustafa al-Kazimi (2020-2022)
Drapeau de l'Irak Mohammed Chia al-Soudani (depuis 2022)
Drapeau de la Syrie Hafez el-Assad (1967-2000) †
Drapeau de la Syrie Bachar el-Assad (depuis 2000)
Drapeau de la Syrie Maher al-Assad (depuis 2011)
Imam Yahya (1948) †
Ahmed ben Yahya (1948-1962) †
Mohammed al-Badr (1962-1970) †
Abdallah al-Sallal (1962-1967) †
Abdel Rahman al-Iryani (1967-1974) †

Drapeau du Liban Sleiman Frangié (1982-2000)
Moussa Sadr (1974-1978) †
Hussein Husseini (1978-1980) †
Nabih Berri (depuis 1980)
Walid Joumblatt (1982-2000)
Georges Haoui (1982-1992) †


Axe de la résistance :
Drapeau de l'Iran Rouhollah Khomeini (1979-1989) †
Drapeau de l'Iran Ali Khamenei (depuis 1981)
Drapeau de l'Iran Hachemi Rafsandjani (1989-1998) †
Drapeau de l'Iran Mohammad Khatami (1998-2005)
Drapeau de l'Iran Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013)
Drapeau de l'Iran Hassan Rohani (2013-2021)
Drapeau de l'Iran Ebrahim Raïssi (2021-2024) †
Drapeau de l'Iran Massoud Pezechkian (depuis 2024)
Drapeau de l'Iran Qassem Soleimani (2006-2020) †
Drapeau de l'Iran Ismael Qaani (depuis 2020)
Subhi al-Toufeili (1989-1991)
Abbas Moussaoui (1991-1992) †
Hassan Nasrallah (1992-2024) †
Naïm Qassem (depuis 2024)
Drapeau de l'Irak Falih Al-Fayyadh (depuis 2014)
Drapeau de l'Irak Abou Mehdi al-Mouhandis (2003-2020) †
Drapeau de l'Irak Abou Fadak al-Muhammadawi (depuis 2020)
Hussein Badreddine al-Houthi (2004) †
Abdul-Malik al-Houthi (depuis 2004)


Palestine :
Mohammed Amin al-Husseini (1948-1974) †
Yasser Arafat (1969-2004) †
Drapeau de la Palestine Mahmoud Abbas (depuis 1996)
Georges Habache (1967-2000) †
Moustapha Zibri (2000-2001) †
Ahmad Saadat (depuis 2001) (POW Page d'aide sur l'homonymie)
Ahmed Yassine (1987-2004) †
Moussa Abou Marzouk (1992-1996)
Khaled Mechaal (1996-2017 puis depuis 2024)
Abdel Aziz al-Rantissi (2004) †
Ismaïl Haniyeh (2006-2024) †
Yahya Sinwar (2017-2024) †
Fathi Shaqaqi (1951-1995) †
Ramadan Shallah (1995-2018) †
Ziyad al-Nakhalah (depuis 2018)
Nayef Hawatmeh (depuis 1968)

Batailles

Ce conflit occupe une place majeure dans la géopolitique du Proche-Orient, où plusieurs problématiques l'accompagnent : l'instabilité de la région, le contrôle par Israël des lieux saints de Jérusalem (ville sacrée des trois monothéismes), les colonies israéliennes de la Cisjordanie et du plateau du Golan, et le contrôle par Israël du bassin du lac de Tibériade (importante ressource d'eau potable).

Le conflit israélo-arabe est parallèle et en partie lié au conflit israélo-palestinien, caractérisé par la question des réfugiés palestiniens, par l'exacerbation du sentiment national palestinien (né dans les années 1920 mais jamais concrétisé par la création d'un État) et par l'apparition à la fin des années 1960 de groupes d'activistes palestiniens perpétrant des attentats, des prises d'otages et des détournements d'avions.

Chronologie

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Le conflit israélo-arabe a ses racines dans les tensions entre le sionisme, visant à établir un État juif en Terre sainte, et le nationalisme palestinien, réaction à l'émergence du sionisme à la fin du XIXe siècle[4]. Ces divergences ont engendré des revendications territoriales concurrentes, alimentant les conflits qui persistent encore aujourd'hui[5]. En 1936, les arabes se rebellent contre l'autorité britannique mais sont vaincus. À ce moment également, la communauté juive se renforce militairement et la Haganah, une force paramilitaire sioniste, mène contre les Arabes des opérations de représailles[6].

Après la Seconde Guerre mondiale, la Haganah, créée en 1920, a été renforcée en prévision de la déclaration d'indépendance d'Israël en 1948[7]. Lors de cette déclaration, la Haganah a été intégrée dans les Forces de défense israéliennes (FDI) pour assurer la sécurité de l'État naissant[8]. Pendant ce temps, l'Irgoun a continué ses opérations militaires et a été intégrée dans les FDI[9], tandis que le Lehi, également actif avant la création d'Israël, a été dissous en 1948, avec certains de ses membres intégrés dans les FDI[10]. À ce moment, les Etats Arabes se retrouvent moins habilement formés et moins bien pourvus en équipement[11]. À la suite de ces évènements et devant le contexte international, les Britanniques décident de quitter la Palestine et remettent leur mandat à l'ONU. Celle-ci charge alors une commission d'enquête, l'UNSCOP de trouver une solution au problème. L'UNSCOP recommande le partage de la Palestine qui est voté par l'ONU le [12], et qui divise la Palestine en deux États, l'un juif, l'autre arabe[13]. Les sionistes adhèrent pleinement à ce texte, tandis que les Palestiniens le rejettent[11].

Il s'ensuit le lendemain une guerre civile particulièrement sanglante[14], qui perdurera jusqu'à la phase suivante, le 14 mai 1948. En ce jour l'État d'Israël est proclamé et les États arabes voisins déclarent officiellement la guerre et envahissent le territoire : c'est la première guerre israélo-arabe[15]. Dans la foulée, un exode palestinien appelé Nakba se déroule avec près de 350 000 Arabes palestiniens qui fuient, sont pris par les combats, ou sont expulsés par les soldats conquérant les villages[16]. Entre décembre et mars 1948, environ 100 000 Palestiniens, en majeure partie membres des classes moyennes et supérieures urbaines, quittèrent leurs maisons, espérant revenir une fois que les armées arabes auraient pris le contrôle du pays[17]. Après la guerre, environ 725 000 Arabes palestiniens qui vivaient dans les territoires qui forment Israël sont devenus réfugiés. Ces derniers constituent un élément majeur du contentieux israélo-arabe.

À la suite du succès d'Israël lors du conflit israélo-arabe de 1948, les accords de Rhodes sont établis et fixent des lignes d'armistice[18]. Malgré les précautions prises pour éviter que ces lignes d'armistice entre les belligérants ne deviennent des frontières politiques, celles tracées à Rhodes ont fini par acquérir ce statut de facto[19]. Ces frontières se caractérisent par leur étendue limitée et leur absence de conformité avec des caractéristiques géographiques naturelles, parfois divisant les champs des villages[20], ce type de frontière est parfois appelé ligne verte.

Avant 1920

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1920-1948

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Palestine mandataire

L'antisémitisme qui régnait en Europe au XIXe siècle (particulièrement dans l'Empire tsariste, où des massacres de juifs se sont répétés, mais aussi en France avec l'affaire Dreyfus) a entraîné la naissance du sionisme. Aussi, des philanthropes juifs (entre autres, Sir Isaac Montefiore, dont on peut voir encore le moulin qu'il fit construire, près de Jérusalem) achetèrent au Sultan Turc de l'époque des terres, souvent incultes, sources de maladies (marais) pour ébaucher le futur territoire juif[réf. souhaitée]. Le rôle du JOINT américain (organisme /« leveur » de fonds en anglais : fund raiser), est également important, son action vise à acheter de nouvelles terres aux Turcs, occupant la Palestine jusqu'en 1918.

Le journaliste Théodore Herzl a joué un rôle déterminant dans le développement de ce mouvement, grâce à son livre L’État juif. Ce mouvement s'est aussi étendu aux pays musulmans, où la situation des juifs, considérés comme sujets de seconde zone (« Dhimmis »), était parfois précaire. Le mouvement sioniste ne concernait qu'une partie des Juifs. Quant aux autres Juifs, ils considèrent le judaïsme comme une religion, et leur pays natal par exemple la France, Allemagne, Royaume-Uni, etc. Cependant sans oublier la constante référence à Jérusalem et l'Israël « historique » (c'est-à-dire les anciens Royaumes de Juda et d'Israël).

  • La Déclaration Balfour de 1917 qui, pendant la Première Guerre mondiale, promet la création d'un « Foyer national juif » en Palestine. Cette notion qui n'impliquait pas nécessairement un État était extrêmement vague. Elle supposait seulement la possibilité pour les Juifs d'y trouver asile.
  • La désintégration de l'Empire ottoman. Allié des puissances centrales durant la Première Guerre mondiale, cet empire fut vaincu et, conformément aux accords secrets Sykes-Picot de 1916, la France et le Royaume-Uni se partagèrent les dépouilles de l'Empire ottoman. Le Royaume-Uni obtint la Palestine, et la France la Syrie, notamment.

Les accords de 1916 allaient permettre au Royaume-Uni et à la France d'étendre leurs empires coloniaux au Moyen-Orient, en 1920, par les différents traités de paix. De plus, conformément à la déclaration Balfour de 1917, les Juifs commencèrent à immigrer en plus grand nombre en Palestine, surtout dans les années 1930 à cause de la politique antisémite d'Hitler.

Pendant la période mandataire la population juive s'est organisée en Yichouv en Palestine.

  • 1922 : création de l'Agence juive pour la Palestine qui devient un des principaux organes de la Palestine juive, c'est un gouvernement potentiel.
  • 1935 : cette agence est élue. David Ben Gourion en est le président. Il sera Premier ministre du gouvernement provisoire. En parallèle, le Yichouv crée des écoles, des hôpitaux, un syndicat et toute une structure sociale se construit. 80 % des travailleurs adhèrent à ce syndicat. Des entreprises naissent, un système économique s'établit sans réels contacts avec la société arabe.
  • Dans les années 1930 : Une force armée semi-clandestine est en œuvre et compte 45 000 hommes en 1947[réf. nécessaire]. Tous les organes nécessaires à la viabilité d'un État pendant le mandat britannique sont opérationnels.

Les réactions par rapport au mandat britannique sont très différentes au sein de la population juive. Les populations demandent à la Société des Nations (SDN) « la formation d'un gouvernement national parmi ceux qui résidaient en Palestine depuis avant la guerre, musulmans, chrétiens, et juifs ». La SDN refuse[réf. nécessaire]. Les populations arabes refusent toute participation aux institutions mandataires car ceci légitimerait « le foyer juif »[réf. nécessaire]. Ils reconnaissent un mufti, figure religieuse, à la tête d'un conseil musulman suprême à Jérusalem. En 1936, le Haut comité arabe présidé par le Mufti (Amin al-Husseini) finira par s'allier avec l'Allemagne nazie. Les mobilisations arabes n'ont pas pour objectif de créer un mouvement national, contrairement aux populations juives. La situation est différente aussi parce qu'il n'y a pas d'identité nationale, et la mobilisation se structure avant tout autour de solidarités traditionnelles, et non autour de l'idée d'un État futur. Il existe des clivages entre notables en clans rivaux, entre notables ruraux et urbains, sans communication entre les notables et les masses populaires. Les partis politiques, quand ils existent, ne font que couvrir ces clivages traditionnels. Au milieu des années 1930 s'opère une radicalisation de la mobilisation. En Galilée, les campagnes se rebellent sous la direction d'un chef local : Izz al-Din al-Qassam. La mobilisation gagne ensuite les villes et appelle à la grève générale jusqu'à la cessation de l'immigration juive.

Entre 1946 et 1948, les Britanniques attaquent et arraisonnent des navires, notamment l'Exodus, sur lesquels des migrants juifs tentent de rejoindre la Palestine. Un faux groupe organisé par les services secrets britanniques, les Défenseurs de la Palestine arabe, revendique ces attaques[21].

1948-1967

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La structure politique existante soutient des grèves, puis demande son arrêt en accord avec les souverains des pays voisins (Transjordanie, Irak, Arabie saoudite) afin de ménager la force mandataire et faire confiance au Royaume-Uni, dans les années 1940 pendant la Seconde Guerre mondiale[réf. nécessaire]. La lutte est une lutte politique arabe pour la Palestine et non pas une lutte palestinienne.  : les populations arabes en Palestine refusent cette décision unilatérale, d'où la création d'un gouvernement de toute la Palestine sous la direction du mufti[réf. nécessaire]. Le mufti fait appel aux États arabes car il n'a pas de structures ni d'armée. Les forces armées de la ligue arabe franchissent les frontières dès le lendemain de la création d'Israël. L'Égypte cherche à s'assurer le contrôle des territoires proches de ses frontières, surtout des territoires côtiers. La Transjordanie veut s'emparer de la Cisjordanie et de Jérusalem. Dès le premier conflit, la population palestinienne est réduite à une simple force d'appoint, prisonnière des Arabes. La Ligue arabe subit un échec militaire et des conventions bilatérales d'armistice sont signées.

Ceci comble un vide administratif et la nationalité jordanienne est accordée aux Arabes vivant en Jordanie. Ces accords se font en leur absence. En termes de réfugiés, 65 % vont dans des camps de Cisjordanie et de Gaza, et les autres partent en Syrie, au Liban et en Transjordanie. La libération de la Palestine devient un élément de mobilisation des foules, un but se fonde autour de la destruction d'Israël .

En 1958, la République arabe unie (RAU) est créée par la fusion de l'Égypte, de la Syrie et du Yémen Nord. Le Grand Mufti de Jérusalem lance une campagne pour l'intégration de la Palestine dans la RAU. Il pousse la Ligue arabe vers la reconstitution de l'identité palestinienne. L'Irak répond en proposant l'instauration d'une république palestinienne à Gaza et en Cisjordanie et une armée de libération de la Palestine. Ce positionnement inquiète Nasser et va inciter le sommet de la Ligue arabe à accepter l'établissement d'une entité palestinienne en 1963 et en 1964 : apparaît alors l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) à Jérusalem. L'Égypte tente de concurrencer les créations irakiennes.

En 1965, un mouvement revendique une opération commando contre Israël. Ce mouvement est le bras armé du Fatah, fondé au Koweït en 1959 par des Palestiniens venus d'Égypte, attirés par la prospérité des pays pétroliers. Ils sont soit des travailleurs de catégorie supérieure, soit des avocats, sont intégrés économiquement au Koweït, mais vont ressentir leur marginalisation politique. Ce sont les premiers mouvements actifs à l'extérieur d'Israël. La mobilisation autour des mouvements de lutte palestiniens va se faire surtout après la défaite de 1967. La guerre des Six Jours éclate : l'État hébreu occupe une partie de l'Égypte, de la Syrie, la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Les armées arabes sont défaites et s'ensuit une crise de légitimité du fait de l'échec à contrer les offensives israéliennes. Durant les années 1960, la frustration consécutive à l'échec conduit à une forte augmentation des combattants et une euphorie mobilisatrice génère un foisonnement des groupes et une multiplication des scissions dans ces groupes[réf. nécessaire]. Devant la nécessité d'unification des mouvements palestiniens, l'OLP apparaît comme un lieu d'enjeu et d'équilibre entre les différents groupes. L'unification est concrétisée en 1968. L'équilibre reste toutefois conflictuel.

Dans l'OLP, le Fatah joue un rôle d’arbitre[réf. nécessaire]. L'OLP n'est pas une organisation homogène et les différentes organisations sont en conflit permanent. L'OLP adopte une charte lors de sa création : droit du peuple palestinien à exercer son droit à l'autodétermination et sa souveraineté.

L'élimination de l'État juif est prônée et l'emploi de méthodes terroristes est massif dès le début du conflit (voir Chronologie du terrorisme palestinien). Comme le mouvement s'est développé en dehors des frontières historiques de la Palestine, il y a une forte dichotomie entre l'intérieur et l'extérieur. L'OLP est très mal représentée à l'intérieur jusqu'au milieu des années 1970. De plus, l'OLP hésite à revendiquer clairement la Cisjordanie, car ce serait une exigence contre la Jordanie, d'où des conflits entre Palestiniens et pouvoir jordanien. Enfin, elle garde l'idée de l'arabité de la Palestine et veut être soutenue par tout l'élan émotionnel arabe et par les masses arabes. Situation paradoxale pour l'OLP qui veut garder son autonomie, diriger la lutte pour les Palestiniens, mais reste dépendante des pays arabes, de leur soutien et des territoires arabes. Il faut attendre 1974 pour qu'un sommet arabe reconnaisse l'OLP comme le seul représentant du peuple palestinien. La structuration de l'identité palestinienne s'est réalisée sur un mode négatif, parce se définit comme victime d'une colonisation israélienne.

Depuis 1967

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Drapeau palestinien

Les Palestiniens s'exilent beaucoup dans les pays arabes. Ces États les acceptent comme réfugiés[réf. nécessaire]. Ils ont peur que ces populations entraînent des déséquilibres économiques et politiques, et donc, à part la Jordanie, ces États confinent les réfugiés dans des camps où la situation est souvent précaire. Les mouvements de libération de la Palestine mettent en œuvre des guérillas contre Israël à partir des États arabes. La résistance palestinienne a construit ses bases militaires, en plus de la constitution d'un État dans l'État.  : le roi de Jordanie chasse les combattants palestiniens après des combats meurtriers. Après septembre noir l'OLP se replie sur le Liban.

En 1974, l'OLP décide d'instaurer une autorité indépendante, nationale et combattante sur toutes les portions du territoire palestinien qui seront libérées. C'est donc l'apparition de l'autorité nationale. C'est un premier pas vers la revendication d'un État palestinien, sans en fixer les frontières pour autant. Mais il est clair que l'OLP lutte pour la reconnaissance d'une souveraineté politique sur les territoires occupés par Israël. L'OLP est reconnue comme l'unique représentant légitime du peuple palestinien. Le conflit sanglant est un élément de plus dans la précision de la revendication palestinienne. Les combattants repliés au Liban sont pris au piège de la guerre libano-libanaise. Une structuration militaire s'opère au Liban et un embryon de société nationale s'organise. La société palestinienne est de plus en plus encadrée: apparaissent des syndicats, des organismes, un fonds national palestinien, des ateliers de production, des cellules d'entraide aux familles de combattants, des hôpitaux. Ces différentes structures sont nécessaires à la constitution d'un futur État palestinien au Liban. D'autant plus possible qu'ils ont une liberté d'action et que l'OLP bénéficie de la manne pétrolière. Les structures étatiques libanaises sont faibles, et le fractionnement communautaire est fort. L'OLP profite de ces limites de l'État libanais pour assurer son développement. Dans un second temps, le Liban s'avère être un piège, car les combattants sont pris dans les conflits internes au Liban. La question palestinienne a contribué à radicaliser et à précipiter les affrontements libanais.

En 1969, en 1973, le Liban est confronté à l'existence d'organisations palestinienne. La guerre du Kippour éclate en 1973 et la coalition palestino-islamiste affronte les milices chrétiennes. L'OLP est un allié de la Syrie mais la Syrie opère un retournement et l'OLP se retrouve prise entre Israël et la Syrie.

En 1982, le Liban est envahi par l'armée israélienne, les Palestiniens perdent ainsi leur avantage sur le territoire libanais et sont enlisés dans un conflit différent de celui avec Israël. C'est la fin de la présence palestinienne au Liban et leurs infrastructures sont détruites.Comme ils n'étaient déjà plus présents en Cisjordanie, il n'y a plus de présence palestinienne aux frontières.

L'état-major de l'OLP s'éloigne pour s'implanter à Tunis. La rupture est encore plus grande entre l'élite et la population palestinienne. Il existe des conflits internes à l'OLP : un positionnement pour continuer la lutte armée et un autre positionnement pour rechercher une solution politique. La solution politique passe par le rapprochement avec les pays arabes comme l'Égypte et la Jordanie. Ce serait un retour en arrière pour les autres.

L'Autorité palestinienne est sous la présidence de Mahmoud Abbas depuis 1996, succédant à Yasser Arafat et œuvre en vue de la création d'un État palestinien.

Le , il annonce la tenue d'un référendum en ce sens[23].

Normalisation des relations entre Israël et les pays arabes

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L'Égypte et la Jordanie sont les premiers pays arabes à signer un traité de paix avec Israël, respectivement en 1979 et 1993.

Les accords d'Abraham, signés le 15 septembre 2020, sont deux traités de paix entre Israël et les Émirats arabes unis d'une part et entre Israël et Bahreïn d'autre part.

Le 23 octobre 2020, le président américain Donald Trump annonce qu'Israël et le Soudan vont normaliser leurs relations[24]. L'accord est signé le 6 janvier 2021 à Khartoum[25].

Le 10 décembre 2020, Israël et le Maroc acceptent de normaliser leurs relations dans le cadre d'un accord négocié avec l'aide des États-Unis[26]. Une déclaration conjointe est signée le 22 décembre 2020 à Rabat[27].

Liste des pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël
Pays Date du traité de paix Article détaillé
  Égypte 26 mars 1979 Traité de paix israélo-égyptien
  Jordanie 26 octobre 1994 Traité de paix israélo-jordanien
  Bahreïn 15 septembre 2020 Accords d'Abraham
  Émirats arabes unis 15 septembre 2020 Accords d'Abraham
  Maroc 22 décembre 2020 Accords d'Abraham
  Soudan 6 janvier 2021 Accords d'Abraham

Liste des guerres et conflits israélo-arabes

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Période Nom
1947–1949 Guerre israélo-arabe de 1948
1951–1955 Infiltrations fedayin
1956 Crise du canal de Suez
1967 Guerre des Six Jours
1967–1970 Guerre d'usure
1973 Guerre du Kippour
1978-1982 Guerre du Liban (opération Litani en 1978 et opération Paix en Galilée en 1982)
1987–1993 Première intifada
1991 Bombardement d'Israël par l'Irak
1996 Opération Raisins de la colère
2000–2004 Seconde intifada
2006 Conflit israélo-libanais de 2006 et opération Pluies d'été
2008–2009 Opération Plomb durci
2012 Opération Pilier de défense
2014 Opération Bordure protectrice
2021 Crise israélo-palestinienne de 2021
depuis 2023 Guerre Israël-Hamas
Guerre Israël-Hezbollah

Notes et références

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  1. (en) Manfred Gerstenfeld, « anfred Gerstenfeld on Joop den Uyl 1919-1987: Dromer en doordouwer (Joop den Uyl 1919-1987: Dreamer and Pusher) by Anet Bleich », Jerusalem Center for Public Affairs, vol. Printemps, no 1,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Mario Del Pero, « ‘Which Chile, Allende?’ Henry Kissinger and the Portuguese revolution », Cold War History dans Taylor & Francis, vol. 11, no 1,‎ , p. 32 (lire en ligne, consulté le )
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  25. « Le Soudan signe l'accord de normalisation avec Israël », sur L'Orient - Le Jour,
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Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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