Georges Bensoussan (historien)

historien français
Georges Bensoussan
Georges Bensoussan en 2012.
Biographie
Naissance
Pseudonyme
Emmanuel BrennerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Domaine
Directeur de thèse
Distinction
Œuvres principales

Georges Bensoussan, né le à Martimprey-du-Kiss au Maroc, est un historien français spécialiste d'histoire culturelle de l'Europe des XIXe et XXe siècle et, en particulier, des mondes juifs.

Ses travaux sont notamment consacrés à l'antisémitisme, à la Shoah, au sionisme et aux articulations entre Histoire et mémoire. Il est rédacteur en chef de la Revue d'histoire de la Shoah, responsable éditorial au Mémorial de la Shoah (Paris) et conférencier[1] sur le site communautaire juif akadem.

Il essaie de placer la Shoah dans l'histoire globale du monde et de l'Occident en montrant qu'il s'agit d'un « aboutissement », et non d'une anomalie[2].

Dans plusieurs de ses ouvrages dont notamment Les Territoires perdus de la République (2002), il se penche sur la résurgence de l'antisémitisme dans les banlieues françaises et plus particulièrement parmi les jeunes d'origine maghrébine.

À la suite de propos de Georges Bensoussan sur France Culture considérés par plusieurs associations comme polémiques, la chaîne est l'objet d'une mise en garde par le CSA[Note 1]. L'historien est poursuivi par ces associations pour incitation à la haine raciale ; il est relaxé en en première instance[3],[4] et en en appel[5].

Biographie modifier

Georges Bensoussan naît au Maroc, d'où est originaire sa famille. Après une scolarité secondaire menée à Paris et des classes préparatoires au lycée Henri-IV[6], il poursuit des études d'histoire à l'université Paris I (doctorat de IIIe cycle en 1981 sous la direction d'Albert Soboul : La Révolution française dans les manuels scolaires (histoire et instruction civique) de 1867 à 1914[7]) tout en étant professeur d’histoire en lycée à Paris[8]. En 1991, il fait partie de l'équipe qui lance Sens Magazine autour de Michel Cool et Bernard Stephan[9]. En 2003, il obtient son habilitation à diriger des recherches[10].

Depuis 1993, il dirige la revue d'histoire du Mémorial de la Shoah (aujourd’hui la Revue d'histoire de la Shoah) avant d’être nommé, en 2002, responsable éditorial du Mémorial. Il y a créé à la fin des années 1990 le service de formation consacré à l’enseignement de l’histoire de la Shoah.

En 2008, il marque son hostilité à l'introduction de l'enseignement de l'histoire de la Shoah en école primaire[11].

En 2010, il signe JCall, l’appel d’intellectuels juifs européens pour une paix israélo-palestinienne fondée sur le principe « deux peuples-deux États ».

Travaux modifier

Il est surtout connu pour sa contribution à l’histoire de la Shoah qu’il dit aborder selon l’expression de Michel Foucault « en se déprenant du connu[12] ». Suivant notamment Philippe Ariès[13], il n’y a pas, pour lui, d’histoire sans anthropologie[14]. D’un point de vue méthodologique, il cherche en priorité à dégager le substrat intellectuel du social pour comprendre les phénomènes historiques, et décrypter le discours caché des conduites sociales. Il rejoint ainsi Zeev Sternhell[15].

Une part significative de son travail consiste à déconstruire certaines « évidences » en réexaminant les paradigmes admis. Selon lui, le sionisme n’est pas né d’une réaction à l’antisémitisme, mais d’un désenchantement de l’Europe des nationalités[16], Israël n’est pas née de la Shoah, même si celle-ci va contribuer à légitimer son existence[17] et le conflit israélo-arabe n’est pas à l’origine de la disparition des communautés juives en terres arabes[18]. Enfin et surtout la Shoah est un fait d’histoire qu’il convient de ne pas trivialiser en la banalisant ou en l’instrumentalisant[19]. Le fil rouge dans sa pensée, c'est l'étude des soubresauts des modernisations confrontées aux résistances et aux héritages du passé des sociétés et des cultures où ces modernisations se produisent: c'est l’analyse des longs détours de la modernité qui enracinent la Shoah au cœur de la vieille Europe, le sionisme au cœur de la sécularisation des sociétés et le destin des Juifs en pays arabes dans l’effritement lent des sociétés traditionnelles. Pour chaque sujet traité, il cherche à mettre en exergue la part d’universel que toute histoire singulière porte en elle.

Ouvrages sur la Shoah modifier

Que Sais-je ? (1996) modifier

Il est l’auteur de l’ouvrage consacré à la Shoah dans la collection encyclopédique Que sais-je ?, Histoire de la Shoah, depuis 1996, aux Presses universitaires de France (5e édition mise à jour, 2012, traduit en plusieurs langues). Il y fait une présentation synthétique, historiographiquement à jour des faits principaux de la Shoah, de leur réception contemporaine et de leur mise en histoire et en mémoire[20].

Auschwitz en héritage ? (1998) modifier

Dans son essai Auschwitz en héritage ? D'un bon usage de la mémoire publié en 1998 (nouvelle édition augmentée en 2003), il tente de montrer que si la Shoah suscite aujourd'hui un sentiment de saturation (ce qui était d’ailleurs déjà le cas en 1946) c'est moins que l’on en parle « trop » que l’on en parle mal.

La question politique, estime-t-il, laisse la place à un lamento qui évite de s'interroger sur les structures de pensée d'un monde occidental, et germanique au premier chef, qui a conduit à ce désastre. Selon lui, l'histoire de la Shoah est aujourd'hui affadie sous la forme d'une religion civile, un moralisme pétri de « bons sentiments » qui induit l'idée, erronée, d'une parenthèse barbare. Auschwitz, soutient-il, n'est pas l'aboutissement de l'« intolérance » ni même du seul antisémitisme, mais le mariage de l'archaïsme (la passion antisémite) et des « anti-Lumières de progrès » dont l’histoire en Occident est, à quelques exceptions près, sous-estimée. Plutôt que de multiplier les cérémonies mémorielles et les invocations moralisantes, il plaide pour une « histoire politique » de la Shoah.

Auschwitz en héritage ? est très bien accueilli dans la presse[21], notamment par le Monde diplomatique qui en donne un compte rendu élogieux[22].

Europe. Une passion génocidaire (2006) modifier

Il poursuit son analyse des origines de la Shoah en publiant en 2006 Europe. Une passion génocidaire. Essai d'histoire culturelle (Paris, Mille et Une Nuits). Dans cet ouvrage, il entend réhabiliter une histoire culturelle longtemps suspectée d'essentialisme, pour montrer que les concepteurs de l'assassinat de masse des malades mentaux, d'une partie des Tziganes d’Europe et surtout des Juifs ont trempé dans un bain culturel spécifique. En particulier dans l'espace germanique de la fin du XIXe siècle et de l’après Grande Guerre.

Il plaide, en suivant Michel Foucault, pour une « archéologie intellectuelle de la Shoah[23] » en essayant de retracer l'histoire des « anti-Lumières », à commencer par les vieux courants de l’antijudaïsme chrétien qui s’étaient employés durant un millénaire à faire des Juifs une « question ». Pour lui, on ne peut comprendre la législation nazie, en particulier les Lois de Nuremberg (1935), sans référence à l'histoire longue de la culture européenne. Ainsi, les années 1880-1914 ont-elles constitué la matrice d'une brutalisation de la société que la Grande Guerre allait exacerber. Dans ce livre, il reste fidèle à sa préoccupation d'une histoire sociale des idées et d’une histoire culturelle du social : il entend montrer que la Shoah est un événement sans précédent mais non sans racines. Qu’il n’est donc pas un accident dans la marche continue du progrès tel que l'enseigne une conception réductrice des Lumières, mais que cette tragédie s’ancre au contraire dans le temps long de l'histoire.

Une fois encore, la presse accueille l'ouvrage positivement, du Monde[24] à L'Humanité[25], en passant par L'Arche[26] et au magazine Lire[27].

Un Nom impérissable (2008) modifier

En 2008, il publie Un Nom impérissable. Israël, le sionisme, la destruction des Juifs d'Europe (Paris, Le Seuil). Cette fois, il se place après l'événement afin d'étudier le rôle qui fut, et continue d'être prêté à la Shoah dans la genèse d'Israël : il y entend démonter l'opinion commune selon laquelle la naissance de l'État d'Israël serait une conséquence quasi directe de la Shoah. S’il reconnait un lien essentiel entre la catastrophe juive et l’État d’Israël, il qualifie ce lien de politique et non d’historique, un lien de légitimité et non un lien de causalité. Il montre comment l'État d'Israël a géré le souvenir de cet événement qu'il allait commémorer durant des décennies en opposant l'héroïsme des uns à la « lâcheté » supposée des autres. Loin d'occuper la place centrale qui est désormais la sienne dans l'État d'Israël, la Shoah a longtemps suscité un sentiment de honte et une réaction de rejet. Mais à partir du procès Eichmann (1961), et surtout après les guerres des Six Jours (1967) et du Kippour (1973), par le biais aussi (comme ailleurs) du renouvellement des générations, la Shoah s'est inscrite au cœur de l'identité israélienne, au point qu’aujourd’hui, avec le Mur occidental, Yad Vashem est le lieu le plus visité de l’État juif.

Alexandra Laignel-Lavastine fournit un compte rendu détaillé de l'ouvrage dans le Monde[28]. Ailleurs la réception est également positive, notamment dans plusieurs revues (Le Monde des religions[29], Tsafon[30], Sciences humaines[31], La Vie des Idées[32]).

Ouvrages sur le sionisme et les Juifs en pays arabes modifier

Une histoire intellectuelle et politique du sionisme (2002) modifier

En 2002, il publie Une histoire intellectuelle et politique du sionisme 1860-1940 (Fayard). Il part du constat qui fait du sionisme aujourd'hui un terme péjoratif, sinon une insulte, pour tenter de redonner ses droits à l’histoire dissimulée sous les « strates de cette stigmatisation ».

En s'appuyant sur une riche bibliographie (mais plutôt rare en langue française), il veut mettre en lumière un mouvement national qui pousse à redéfinir l'identité juive dans un sens sécularisé. Le sionisme, selon lui, est d’abord une révolution culturelle autour de l’hébreu redevenu une langue maternelle, même s’il n’avait jamais cessé d’être une langue vernaculaire et vivante. Pour lui, loin de ne viser que la création d'un État juif, le sionisme entend décoloniser le sujet juif et désaliéner l’homme juif au temps des nations. Dans un judaïsme qui est alors majoritairement européen, confronté à la modernité des Lumières, l'identité juive, remodelée, sécularisée, prend une forme nationale. Ce remodelage passe par une révolution culturelle autour de la langue de la nation juive : l'hébreu. Aussi, selon l'auteur, loin de ne parler qu'aux Juifs, le sionisme pose-t-il des questions majeures du XXe siècle, celle des rapports de la langue et de la nation, du peuple et du territoire, du devenir d'une foi nationale dans le processus de laïcisation, comme les formes culturelles du politique dans les sociétés de masse. Dans cet ouvrage, il interroge aussi l'utopie sociale qui accompagna le sionisme (le kibboutz). À la manière de Marc Bloch évoquant Robespierre, il interpelle les protagonistes d'aujourd'hui : « Sionistes, antisionistes, par pitié dites-nous ce que fut le sionisme ! »[33].

Sylvain Cypel, dans Le Monde, consacre un compte rendu détaillé et enthousiaste à son ouvrage : « Voilà la meilleure étude parue depuis longtemps en France sur les sources du sionisme, la plus complète, et surtout la plus honnête[34] ». Du Figaro[35], à Libération[36], en passant par La Croix[37], les comptes rendus de la presse sont élogieux.

Juifs en pays arabes (2012) modifier

Forte d'un million de personnes en 1945, la société juive en terre arabe en rassemble aujourd'hui à peine cinq mille. Il souligne qu'en moins de 30 ans, ce monde s'est dissous sans que cela émeuve beaucoup. Occultée jusqu'aujourd'hui, cette histoire est analysée dans Juifs en pays arabes. Le grand déracinement 1850-1975 (2012).

Il entend montrer que l'histoire des antiques communautés juives d'Afrique du Nord et du Proche et Moyen-Orient a fait l'objet de lectures superficielles et souvent passionnelles. Il montre comment les Juifs d'Orient, séfarades ou Juifs de culture arabe, ont accédé au XIXe siècle à une forme de modernité culturelle et économique. Mentalement au moins, sinon politiquement, ils se sont, selon l'auteur, affranchis de l'ancestral statut du dhimmi.

Ainsi, bien avant que le conflit de Palestine ne vienne, aux alentours des années 1930, dégrader un peu plus les relations judéo-arabes, la situation était conflictuelle car l'ancien dominé réclamait un statut de sujet égal en droits. Les prémices de la décolonisation, le conflit en Palestine, mais aussi la collusion de certaines figures arabes avec le nazisme vont finir par altérer, sinon dissoudre les liens d’une longue cohabitation. Pour lui, le départ des Juifs du monde arabe a donc commencé, culturellement, bien avant 1945.

Outre le conflit palestinien, révélateur et accélérateur plus que cause profonde de l’exode, la fin des Juifs en terre arabe est d’abord liée à leur émancipation dans le contexte d’une décolonisation où, à quelques exceptions près (la Tunisie en particulier), le nationalisme arabe s’est replié sur une conception ethnicisée de la nation qui exclut les Juifs du corps national, eux qui étaient les plus anciens indigènes de certains de ces territoires.

Selon lui, cette exclusion s'est aussi tissée, et peut-être surtout, de jalousies sociales et de ressentiment face à l’élite juive nettement plus avancée scolairement et socialement. La minorité juive, à la présence millénaire, fut contrainte sourdement au départ en allant former ici et là une nouvelle diaspora, mais en rejoignant surtout, pour les ¾ d’entre elle, l’État d’Israël. Rarement expulsée, plus souvent exclue en sourdine sans possibilité de recours à la loi, la communauté juive s’exile non sans connaître au passage humiliation, spoliation, et parfois même violences et pogroms (Libye, Égypte, Syrie, Irak).

Pierre Assouline, dans le magazine L'Histoire fait son portrait à l'occasion du compte rendu qu'il donne de son ouvrage[38]. La Quinzaine littéraire[39], Marianne[40], Le Figaro Littéraire[41] accueillent aussi très favorablement son ouvrage.

Antisémitisme et banlieue française modifier

Les Territoires perdus de la République (2002) modifier

En 2002, il dirige, sous le pseudonyme d'Emmanuel Brenner, la rédaction d'un ouvrage rassemblant les témoignages de quelques enseignants et chefs d'établissements scolaires, Les Territoires perdus de la République : antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire. Il y dépeint principalement une jeunesse issue de l'immigration maghrébine traversée partiellement par l'antisémitisme[42].

L'expression « territoires perdus de la République » sera reprise par des hommes politiques dont le président de la République, Jacques Chirac[43], Philippe de Villiers[44] et du rapporteur de la commission Stasi Rémi Schwartz[45]. L'ouvrage est également utilisé comme base de réflexion par des spécialistes français de l'islam comme Anne-Marie Delcambre[46]. Alain Finkielkraut parle en 2013 d'un « livre capital […] écrit par des professeurs [qui] faisait apparaître la triste réalité des quartiers difficiles : misogynie, antisémitisme, francophobie »[47]. Une nouvelle édition de poche augmentée d'une postface, paraît après les attentats de janvier 2015 en France[48]

Critiques envers l'ouvrage : les conclusions avancées dans cet ouvrage sont mises en cause par quelques auteurs, comme Alain Gresh, journaliste au Monde diplomatique[49], ou par Ivan Segré dans l'organe du Parti des Indigènes de la République[50]. Ce dernier déclare : « Mon approche sociologique a été la suivante : s’en tenir aux documents dont Georges Bensoussan a fait lui-même état, à savoir les témoignages des enseignants qui ont été publiés sous sa direction et une étude statistique sur les préjugés anti-juifs chez les jeunes, qui est parue dans le livre « Les Anti-feujs », publié à l’initiative de l’UEJF. Ce sont en effet les deux seuls documents sur lesquels il s’appuie pour fonder sa thèse « ethno-culturelle » d’un antisémitisme d’origine principalement maghrébine… Or une analyse un tant soit peu critique de ces documents, et j’entends par critique un minimum de rigueur intellectuelle, met en évidence que rien, absolument rien ne justifie d’imputer aux jeunes d’origine maghrébine une résurgence de l’antisémitisme dans les Collèges et les Lycées. »[50]

Le livre trouvera un prolongement dans un second ouvrage intitulé France prends garde de perdre ton âme paru en 2004, qui explique que l’antisémitisme des jeunes issus de familles maghrébines est « un phénomène qui, bien que massif au vu de ce qu’il appelle « la réalité du terrain », est pourtant nié par les sociologues »[50]. Il nomme ce refus de prendre en compte la réalité « l’illusion sociologique », soit la volonté de réduire ces phénomèmes à des causes socio-économiques alors que ceux-ci « sont selon lui largement attribuables à des causes qu’il appelle « ethno-culturelles » »[50].

Controverse et procès à la suite de l'émission Répliques (2015) modifier

Propos prêtés par Georges Bensoussan à Smaïn Laacher modifier

Le , il est invité par Alain Finkielkraut dans l'émission Répliques sur France Culture, pour un débat avec l'historien Patrick Weil autour du sujet « Le sens de la république » — titre d'un des ouvrages de Patrick Weil.

À la 26e minute de l'émission, il déclare : « Aujourd'hui effectivement nous sommes en présence d'un autre peuple qui se constitue au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés[51]. »

Puis à la 28e minute il tient les propos suivants qui provoquent un débat :

« Il n'y aura pas d'intégration tant qu'on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : “C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère”[52]. »

Immédiatement, Patrick Weil lui répond : « C'est une honte que vous puissiez dire une chose pareille parce que vous condamnez quatre millions de nos compatriotes[52]. »

Démenti et droit de réponse de Smaïn Laacher modifier

Le 16 octobre, Smain Laacher, dément formellement les propos qu'il lui a attribués[53].

Le 24 octobre, 15 jours plus tard, Alain Finkielkraut lit à l'antenne un droit de réponse de Smaïn Laacher :

« À la suite de l'échange il y a 15 jours sur le sens de la république, Monsieur Smain Laacher a demandé et obtenu le droit de réponse suivant : “au cours de l'émission Répliques du 10 octobre 2015 Monsieur Georges Bensoussan m'a attribué la phrase suivante (…). Cette prétendue citation n'est que la déformation outrancière de mes propos mais aussi de ma pensée. Je n'ai évidemment jamais suggéré ni supposé que l'antisémitisme de certaines familles arabes s'expliquait par une cause biologique. Une telle thèse qui suggère l'idée d'un racisme naturel est précisément aux antipodes de mes travaux de sociologue. Cette théorie est totalement éloignée de ce que je suis et de ma pensée”[54]. »

L'enseignante et militante Laurence de Cock, une des signataires de la tribune de Médiapart du 13 octobre 2015 (voir ci-après), a incité Smaïn Laacher à déposer une plainte contre lui, plainte (dont le motif n'est pas connu) retirée avant de donner lieu à des poursuites (ou d'être rejetée)[55].

Citation originale de Smaïn Laacher et article précisant sa pensée modifier

Le film qu'il mentionne est diffusé le 22 octobre sur France 3[56]. Les propos tenus par Smaïn Laacher auxquels il se réfère sont les suivants :

« Cet antisémitisme, il est déjà déposé dans l’espace domestique. Il est dans l’espace domestique et il est quasi naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue. Une des insultes des parents à leurs enfants quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de Juif. Et ça toutes les familles arabes le savent. C’est une hypocrisie monumentale que de ne pas voir que cet antisémitisme, il est d’abord domestique et, bien évidemment, il est sans aucun doute renforcé, durci, légitimé, quasi naturalisé au travers d’un certain nombre de distinctions à l’extérieur. Il le trouvera chez lui, et puis il n’y aura pas de discontinuité radicale entre chez lui et l’environnement extérieur parce que l’environnement extérieur en réalité le plus souvent, dans ce qu’on appelle les ghettos, il est là, il est dans l’air que l’on respire. Il n’est pas du tout étranger et il est même difficile d’y échapper, en particulier quand on se retrouve entre soi, ce sont les mêmes mots qui circulent. Ce sont souvent les mêmes visions du monde qui circulent. Ce sont souvent les mêmes visions du monde fondées sur les mêmes oppositions et en particulier cette première opposition qui est l’opposition eux et nous. Puis après sur cette grande opposition, sur cette grande bipolarité, eh bien, se construisent une multiplicité d’oppositions entre les nationalités, entre les ethnies, etc.[57] »

Le , Smaïn Laacher publie un article dans Le Monde, intitulé « L’antisémitisme, une histoire de famille ? » où il reprend sur le fond la même analyse que précédemment[58]. Ni les propos tenus par Smaïn Laacher dans le documentaire diffusé le , ni son article du ne font l'objet de polémiques ou de réactions.

Réactions tierces à ses propos modifier

À la suite de ces propos, diverses réactions le condamnent. Le 13 octobre, plusieurs militants associatifs, enseignants et chercheurs interpellent le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qualifiant ses propos, dans une tribune sur un blog de Médiapart, de « racisme biologique, condamnant au délit, sans distinction, une partie de la population française dès la naissance'[59]. »

Alain Jakubowicz, le président de la LICRA réagit par une tribune le [60].

En réaction à ces prises de position contre lui, une tribune de soutien paraît le 4 décembre dans Le Figaro signée par des universitaires, historiens et sociologues stipulant :

« Georges Bensoussan n'est pas le premier à évoquer cet antisémitisme culturel. Des intellectuels, notamment maghrébins ou d'origine maghrébine, l'avaient souligné avant lui. Boualem Sansal, Kamel Daoud, Fethi Benslama et Riad Sattouf pour ne citer que des auteurs reconnus en France, avaient déjà décrit cette situation. Évoquer un “glissement assuré d'un racisme culturel à un racisme biologique”, comme le font ses accusateurs, relève de la bêtise autant que de la mauvaise foi. Le travail mené depuis plus de vingt ans par cet historien, tant dans ses livres qu'à la tête de la Revue d'histoire de la Shoah, montre l'inanité et la perversité de ces accusations[61]. »

Le 16 juin 2017, Laurence de Cock, proche du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, écrit à la direction du Mémorial de la Shoah « pour se plaindre de sa présence dans le cadre du séminaire des enseignants à destination du secondaire »[55] (il s'agissait du séminaire créé, monté et organisé par lui).

Mise en garde du CSA modifier

En , le CSA a adressé à France Culture « une mise en garde ferme » pour la diffusion de ces propos, considérant que ses propos « étaient susceptibles d’encourager des comportements discriminatoires »[62],[63].

Interrogé sur cette affaire en avril 2016 par la revue de la LICRA Le Droit de vivre, Alain Finkielkraut répond :

« J’ai eu un avertissement du CSA, j’ai été convoqué par la directrice de France Culture. […] J’ai demandé un décryptage de l’émission, et je dis bien, à un moment donné, après l’intervention de Bensoussan, qu’il y avait dans ces propos un risque d’essentialisation. On a fait un faux procès à Bensoussan, et à moi également. Il s’est trompé : à partir du moment où il impliquait dans son discours un sociologue algérien, il fallait le citer exactement. […] Mais l’aurait-il cité exactement que ça aurait été plus fort que la métaphore qu’il a utilisée[64]. »

Poursuites pour incitation à la haine et relaxes modifier

Le , le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) publie un communiqué mentionnant qu'il avait signalé ses propos à la préfecture de Paris et que le parquet « a décidé diligenter des poursuites »[65]. Il a été confirmé que le CCIF avait effectué un signalement auprès du Parquet cinq mois après l’émission[66]. Il est convoqué devant le tribunal correctionnel, le [67].

Plusieurs associations se constituent partie civile dont, outre le CCIF[68], notamment la LICRA[69], SOS Racisme[70],[71] et la Ligue des droits de l'homme[72].

Le procès est suivi par la presse[73]. Pour Alain Finkielkraut, qu'il cite comme témoin, « les associations antiracistes ne luttent plus contre le racisme. Leur objectif est d’interdire de penser, il s’agit de soustraire la réalité à l’investigation et les musulmans à la critique[72]. » Des écrivains et des chercheurs comme Elisabeth de Fontenay, Boualem Sansal ou Yves Ternon apportent leur soutien au spécialiste de l'histoire culturelle de l'Europe[72].

En revanche, pour le journaliste Mohamed Sifaoui cité à témoigner par la LICRA[74], il « est un destructeur des ponts entre Juifs et Arabes[72] » (lui-même déclarait en avril 2015 que les sociétés arabes étaient « nourries à la mamelle de la haine antisémite[75] »), la militante de l'Union juive française pour la paix Michèle Sibony allant jusqu'à accuser l'historien de pratiquer un « discours digne d’un Drumont ». Quant à la sociologue et anthropologue Nacira Guénif, elle « assure que l’insulte « espèce de Juif, mes excuses », souvent utilisée en arabe, « est passée dans le langage courant et ne signifie pas la haine des Juifs »[73]. ». La participation de la LICRA en tant que partie civile à ce procès, incomprise d'une partie des militants, provoque des réactions internes qui conduisent à la fin de la présidence d'Alain Jakubowicz, remplacé par Mario Stasi.

Le , il est relaxé par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, qui, dans ses attendus, précise : « Enfin et surtout, l'infraction de provocation à la haine, la violence ou la discrimination suppose, pour être constituée, un élément intentionnel », et la caractérisation de celui-ci « se heurte au fait que Georges Bensoussan […] n'a eu de cesse de déplorer cette constitution de deux peuples séparés […] et d'appeler non pas à une séparation de la fraction supposée avoir fait sécession, à son rejet, son bannissement ou son éradication, mais au contraire à sa réintégration dans la nation française[76],[3]. » Le tribunal a aussi déclaré irrecevable la constitution de partie civile du CCIF[76]. Le CCIF annonce son intention de faire appel de ce jugement[4]. L'audience d'appel a lieu le [77]. Le , la Cour d’appel de Paris le relaxe « de toute accusation de racisme et d’incitation à la haine pour ses propos sur les musulmans ». « La Cour d’appel considère qu’il n’y avait pas de provocation à la haine car l’historien n’a nullement visé la communauté arabo-musulmane dans son ensemble, mais insisté à plusieurs reprises sur l’emprise de l’idéologie salafiste. » Le CCIF et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) se pourvoient en cassation[5]. En , la Cour de cassation rejette les pourvois des parties civiles[78].

Publications modifier

  • Génocide pour mémoire. Des racines du désastre aux questions d'aujourd'hui, Paris, Le Félin, 1989.
  • L'Idéologie du rejet. Enquête sur « Le monument Henry » ou archéologie du fantasme antisémite dans la France de la fin du XIXe siècle, Éd. Manya, 1993, coll. « Document ».
  • Mémoires juives, (collectif), Paris, Gallimard, 1994.
  • Histoire de la Shoah, Paris, PUF, 1996, coll. « Que sais-je ? » ; 2e édition revue et corrigée, 1997 ; 3e édition refondue 2006 ; 4e édition, 2010, 5e édition mise à jour, 7e édition, 2020, 2012 (traduction espagnole, italienne, japonaise).
  • Avec Anne Baron (et al.), L'Aubrac, éd. M. Houdiard, « Guide historique et littéraire », Paris, 1998.
  • Une histoire intellectuelle et politique du sionisme: 1860-1940, Paris, Fayard, 2002.
  • Auschwitz en héritage? D'un bon usage de la mémoire, Paris, Mille et Une Nuits, 1998 ; nouvelle édition augmentée, Paris, Mille et Une Nuits/Fayard, 2003 (traduction espagnole et italienne).
  • Du fond de l'abîme. Journal du ghetto de Varsovie, avec Hillel Seidman, Nathan Weinstock, Paris, Pocket, 2002.
  • Les Territoires perdus de la République : antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire, Paris, Mille et Une Nuits, 2002 ; (3e édition augmentée, Paris, Hachette, 2015, coll. "Pluriel").
  • Ailleurs, hier, autrement : connaissance et reconnaissance du génocide des Arméniens, co-dirigé avec Claire Mouradian et Yves Ternon, Centre de documentation juive contemporaine, 2003.
  • France, prends garde de perdre ton âme…, Paris, Mille et Une Nuits, 2004.
  • Une histoire intellectuelle et politique du sionisme (1860-1940), Paris, Fayard, 2002 ; nouvelle édition revue et augmentée, 2003 (traduit en italien).
  • Les Archives clandestines du ghetto de Varsovie, Emmanuel Ringelblum et le Collectif Oyneg Shabbes. Exposition : Mémorial de la Shoah, Paris, 2006-2007, Mémorial de la Shoah, 2006.
  • Europe, une passion génocidaire. Essai d'histoire culturelle, Paris, Mille et Une Nuits, 2006.
  • Histoire, mémoire et commémoration. Vers une religion civile, dans Le Débat, Paris, Gallimard, novembre-, p. 90-97.
  • Un nom impérissable. Israël, le sionisme et la destruction des Juifs d'Europe (1933-2007), Paris, Le Seuil, 2008.
  • Juifs en pays arabes : le grand déracinement, 1850-1975, Paris, Tallandier, , 965 p. (ISBN 978-2-84734-887-3, DOI 10.3917/talla.benso.2012.01, présentation en ligne).
    Édition actualisée : Juifs en pays arabes : le grand déracinement, 1850-1975, Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 1087 p. (ISBN 979-10-210-5090-7).
  • Atlas de la Shoah : la mise à mort des Juifs d'Europe, 1939-1945, Paris, Éditions Autrement, 2014.
  • Dictionnaire de la Shoah, co-dirigé avec Jean-Marc Dreyfus, Edouard Husson, Joël Kotek, Paris, Larousse, 2015.
  • L'Histoire confisquée de la destruction des Juifs d'Europe, Paris, PUF, 2016.
  • Une France soumise - Les voix du refus, sous la dir. de Georges Bensoussan, préface d'Elisabeth Badinter, Paris, Albin Michel, 2017.
  • Les Juifs du monde arabe : la question interdite, Paris, Odile Jacob, , 165 p. (ISBN 978-2-7381-3513-1, DOI 10.3917/oj.benso.2017.01).
  • L'Alliance israélite universelle (1860-2020), Juifs d'Orient, Lumières d'Occident, Paris, Albin Michel, 2020[79].
  • Un Exil français. Un historien face à la justice, préface de Jacques Julliard, L'Artilleur, 2021.
  • Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950), Paris, PUF, 2023, coll. Que sais-je ?.

Prix modifier

  • 1994 : prix Zadoc Kahn du Consistoire de France pour son livre L'Idéologie du rejet (éditions Manya, 1993)
  • 2002 : prix du Fonds social juif unifié pour son livre Une histoire intellectuelle et politique du sionisme. 1860-1940 (Fayard, 2002)
  • 2008 : prix Mémoire de la Shoah 2008, attribué par la fondation Jacob Buchman, sous l'égide de la Fondation du judaïsme français[80]
  • 2018 : Prix de la laïcité de l'association Comité Laïcité République[81]

Notes et références modifier

Notes modifier

Références modifier

  1. akadem.org, interventions sur akadem
  2. Europe, une passion génocidaire. Essai d'histoire culturelle, Éditions Mille et une nuits, coll. « Essai », Paris, 2006.
  3. a et b « Relaxe de George Bensoussan » sur lefigaro.fr, et mise en garde d'Alain Finkielkraut :

    « Un antiracisme dévoyé vous demande de criminaliser une inquiétude, au lieu de combattre ce qui la fonde. Si le tribunal cède, ce sera une catastrophe intellectuelle et morale. »

  4. a et b « Provocation à la haine : l’historien Georges Bensoussan relaxé » sur lemonde.fr.
  5. a et b Martine Gozlan, « Racisme et incitation à la haine : Georges Bensoussan relaxé en appel », sur Marianne,
  6. Pierre Assouline, « Les mondes perdus de Georges Bensoussan », L'Histoire, no  382, décembre 2012, p. 22.
  7. « Information et documentation », Revue Française de Pédagogie, 1981, vol 57 no 1, p. 105.
  8. Pierre Assouline, « Les mondes perdus de Georges Bensoussan », art. cit.
  9. Yves Marie Labes, « Un nouveau magazine de culture et de réflexion. L'éthique à la une de « Sens Magazine » », Le Monde, lundi 30 septembre 1991, p. 8.
  10. art. cit.
  11. « On ne peut pas entrer au cœur de la Shoah avec des enfants de 10 ans », Le Monde, 15 février 2008.
  12. Il cite régulièrement, depuis longtemps, l’expression « comprendre, c’est se déprendre du connu ». Par exemple: Georges Bensoussan, « L’enseignement de la Shoah », Les Temps modernes, février 1992, repris partiellement dans Revue d’Histoire de la Shoah, 1996, no 156, p. 124. Encore: « Il a parlé au CCR Neumünster de l’échec des Lumières et des génocides et de la Shoah dans l’Europe du 20e siècle », Europaforum, 11-06-2008.
  13. Qu’il cite dans Auschwitz en héritage ? D'un bon usage de la mémoire (1998) & Georges Bensoussan, éditorial, Le Monde Juif, no 150, 1994, p. 3.
  14. Voir par exemple Revue d’Histoire de la Shoah, no 190, janvier-juin 2009, « Rwanda. Quinze ans après. Penser et écrire l’histoire du génocide des Tutsi ».
  15. Voir le compte rendu que donne Christophe Prochasson de L’idéologie du Rejet (1993), dans Annales. Histoire, Sciences Sociales, 1995, vol. 50, no  6.
  16. Cf. son Une histoire intellectuelle et politique du sionisme (1860-1940), Fayard, 2002 ; nouvelle édition revue et augmentée, 2003.
  17. Un nom impérissable. Israël, le sionisme et la destruction des Juifs d'Europe (1933-2007), Seuil, 2008.
  18. Juifs en pays arabes : Le grand déracinement 1850-1975, Tallandier, 2012.
  19. Auschwitz en héritage ? D'un bon usage de la mémoire, Mille et une nuits, 1998. Également Georges Bensoussan, « Histoire, mémoire et commémoration. Vers une religion civile », Le Débat, no 82, novembre-décembre 1994.
  20. Voir description détaillée sur le site des PUF.
  21. « Ce livre devrait être remis entre toutes les mains, surtout celles des professeurs d'histoire. Sa clarté, sa densité, sa précision en font un outil désormais indispensable à l'enseignement de la Shoah qui devrait aller au-delà du seul antisémitisme, même si ce délire européen a été la toile de fond de la catastrophe. » (Les Inrockuptibles, janvier 1999). À propos de la 2e édition de 2003: « Ce formidable bouquin, bref, exhaustif, peut aider chacun de nous à retrouver ses repères et à faire le tri d'une histoire souvent largement déformée par des reconstructions politiques, des comparaisons stupides ou des oublis souvent volontaires. » Paris-Match, 13 novembre 2003.
  22. Nicole Fouché écrit: « Sa réflexion, solidement argumentée, analyse les fondements de l'inhumanité des sociétés de masse, à même d'éclairer cette banalité du mal fait de tueurs ordinaires d'assassins de bureau et d'appareil d'État », Le Monde Diplomatique, janvier 1999, p. 31.
  23. Dès son ouvrage de 1993, L'idéologie du rejet, il se réfère à Foucault — qu'il cite par ailleurs explicitement p. 203 — puisque le sous-titre comprend l'expression « archéologie du fantasme antisémite », et dans son dernier ouvrage en 2013, Juifs en pays arabes, il écrit encore qu'il travaille en « historien [qui] se fait archéologue ».
  24. « C'est une tout autre Europe qui apparaît au terme de cette enquête généalogique : un continent ou l'exécration des Lumières mine en permanence les certitudes de la raison comme les douces illusions du progrès. » Le Monde des livres, vendredi 21 avril 2006, p. 8.
  25. « Georges Bensoussan […] éclaire la responsabilité des hommes et donne sens à la nécessité de veiller. » L'Humanité Hebdo, samedi 3 juin 2006, p. 14.
  26. « À chacune de ses publications, Georges Bensoussan nous livre une véritable leçon d'épistémologie, de déontologie et de méthodologie sur le travail de recherche en histoire.[…] On ne peut que souhaiter que la plus grande diffusion de cet essai, qui nous bouscule mais nous agrandit en même temps. » L'Arche, mai 2007.
  27. Marc Riglet écrit: « Georges Bensoussan [regarde] en historien des idées la complexité des choses. Ainsi établit-il, dans son foisonnant "essai d'histoire culturelle", d'utiles distinctions propres à surmonter les trop faciles paradoxes. [Il s'agit] d'une belle et grande synthèse », Lire, no 344, avril 2006, p. 87.En ligne.
  28. « Ce livre posé et très argumenté vient opportunément rappeler que la centralité qu'occupe désormais la mémoire de la Shoah en Israël est assez récente. […] Mais Georges Bensoussan montre surtout à quel point la thèse du lien de causalité entre la Shoah et Israël […] conduit à un double dévoiement. Dévoiement de l'histoire de la Shoah, mais aussi dévoiement de l'histoire radicalement politique du sionisme, ainsi réduit à un geste compassionnel. », Le Monde, vendredi 14 mars 2008.
  29. « Un livre incisif, fort bien documenté, pour lutter contre la doxa contemporaine convaincue d'un lien direct entre la Shoah et la création de l'État d'Israël. […] Passionnant. » Le Monde des religions, mars-avril 2008.
  30. « Avec ce livre, l’historien de la Shoah et du Yishouv entreprend de faire tomber des clichés qui ont la vie dure […]. Bref, c'est la rigueur historique pratiquée par Georges Bensoussan qui donne de la crédibilité à ce livre qui devrait permettre de revoir bien des idées reçues comme évidentes, alors que l'historien doit apprendre à se méfier des évidences. » Tsafon, Lille, no  56.
  31. Sciences humaines, no 193 - mai 2008, p. 64, en ligne.
  32. Perrine Simon-Nahum, « Israël aux prises avec la Shoah », La Vie des Idées, 11 janvier 2008. En ligne .
  33. Cette interpellation figure en quatrième de couverture.
  34. Il ajoute : « Loin des historiographies mythifiées ou parcellaires, parce que marquées du sceau de l'idéologie — pro ou antisioniste —, il ne prétend pas à la neutralité. », Le Monde, 12 avril 2002.
  35. La grande synthèse, scientifique et poussée, quasi exhaustive, manquait encore. Il nous l'offre, Philippe Oriol, « Le sionisme, du rêve à la réalité », Le Figaro, jeudi 2 mai 2002. Philippe Oriol lui reproche cependant de négliger les figures de Bernard Lazare et Saul Raphaël Landau.
  36. « L'auteur de ce monumental ouvrage, Georges Bensoussan, pose d'emblée cartes sur table : "L'adjectif claque comme une insulte. Sioniste." Et il a raison : autant affronter l'opprobre de face. Et tenter par "l'étude de cette nation imaginée, hésitant sur plus d'un siècle entre l'épopée et l'abîme", d'expliquer cette stratégie de survie et de libération nationale des juifs à l'ère moderne. […] Ce serait faire injure à l'ouvrage de Georges Bensoussan que de se cantonner à deux ou trois aspects tant la matière y est foisonnante, érudite jusqu'à l'infime détail ; l'ouvrage s'augmente d'un cahier photos, de cartes, d'une bibliographie conséquente, d'une chronologie comparée et d'un index. Cette « histoire intellectuelle et politique» emplit bien son office parce que l'auteur explore jusqu'en ses moindres courants, fractions, oppositions, l'épopée du mouvement sioniste, qui signifie toujours aux yeux de ses tenants le rêve d'une normalisation de l'existence juive à l'ère contemporaine, afin de « réintégrer les Juifs en termes politiques » dans l'histoire, comme dira Hannah Arendt (Auschwitz et Jérusalem). », Libération, 20 juin 2002.
  37. La Croix, jeudi 14 mars 2002.
  38. « En réussissant la prouesse de résumer la situation en deux mots (« convivialité et mépris »), il se tient à équidistance entre deux thèses qu'ils jugent fausses : celle d'un âge d'or des Juifs en terre d'islam, brisé par la naissance de l'État d'Israël, et celle d’un âge noir, lacrymal, fait de massacres à répétition. […] En excipit de cette recherche impressionnante de rigueur, de nouveauté et d'honnêteté, il enjoint de « dominer ce qui nous avait écrasés ». Le travail de l'historien ne prend-il pas sens lorsqu'il met à nu des mécanismes de domination toujours masqués ? », Pierre Assouline, « Les mondes perdus de Georges Bensoussan », L'Histoire, no  382, décembre 2012.
  39. « L'immense travail de Georges Bensoussan permet de rompre avec les fantasmes pour prendre pied dans la réalité : les relations conflictuelles entre juifs et arabes ne commencent aucunement avec le sionisme et la naissance d'Israël. […] L'auteur convainc, 1000 preuves à l'appui, que seule la longue durée éclaire l'interminable conflit israélo-palestinien. » La Quinzaine Littéraire, 1er-15 avril 2013.
  40. « Dérangeant mais inattaquable, ce livre fera date pour l'histoire et la vérité », Marianne, 3 novembre 2012.
  41. « Ce livre constitue mieux qu'une somme : un formidable témoignage sur le rôle du mépris dans l'Histoire. » Le Figaro Littéraire, 31 mai 2012.
  42. « Des territoires perdus de la République aux territoires perdus de la nation », FigaroVox, 14 août 2015.
  43. Jacques Chirac, « Allocution du Président de la République à Valenciennes », sur Présidence de la République,
  44. « Philippe De Villiers contre l'Europe, le monde et l'immigration », capital.fr, 31 mars 2007.
  45. « Caméra perdue en territoire de la République », sur OpenEdition,
  46. « L’islam traditionnel face au droit républicain de la Femme au respect », Anne-Marie Delcambre, libertyvox.com.
  47. « A. Finkielkraut : "C'est parce que j'ai déstabilisé l'édifice idéologique de la gauche avec mon livre que j'ai fait l'objet de tant de hargne" », sur Atlantico,
  48. Martine Gozlan, « Territoires perdus de la République : retour sur une omerta française », sur Marianne,
  49. « Contre-attaque(s) », sur Contre-attaque(s) (consulté le ).
  50. a b c et d « « La réaction philosémite ». Entretien avec Ivan Segré », sur Les Indigènes de la République (consulté le ).
  51. Répliques, émission du 10 octobre 2015, « Le sens de la République », 26e minute.
  52. a et b Répliques, émission du 10 octobre 2015, « Le sens de la République », 28e minute.
  53. « Mise au point de Smaïn Laacher », Le Blog de Laacher, 16 octobre 2015.
  54. « Que reste-t-il aujourd’hui de l’idée de progrès ? », Répliques du 17 octobre 2017.
  55. a et b Geay et al. 2017.
  56. Georges Benayoun, Profs en territoires perdus de la République, France 3, diffusé le 22 octobre à 23 h 15.
  57. Entre le 56e et la 57e minute du film. Ce passage est précédé par un commentaire d'une professeure de lycée qui déclare au sujet des propos antisémites tenus par des élèves : « savoir pourquoi, d'où ça leur vient. Pour beaucoup, quand ça m'est arrivé avec des élèves d'en discuter, ça relève un peu d'un climat familial quand même, une espèce de posture familiale ; c'est ce qu'on dit dans la famille. » Le passage vidéo peut être intégralement consulté dans « Rencontre avec Georges Benayoun, réalisateur de Profs en territoires perdus de la République ? », La Règle du jeu, Youtube, 25 octobre 2015, à 28 minutes 20 secondes. Les propos de Smaïn Laacher sont également partiellement cités dans Le Monde du 22 octobre 2015 (Luc Cédelle, « L'antisémitisme à l'école : en parler sans déraper », Supplément Télévision, p. 22), ainsi que par Jacques Tarnero, « État d'urgence intellectuelle : territoires occupés de la pensée progressiste », Le Huffington Post, dimanche 15 novembre 2015, en ligne.
  58. Smaïn Laacher, « L’antisémitisme, une histoire de famille ? », Le Monde, 21 janvier 2016. Il écrit notamment :

    « L’antisémitisme de ces jeunes issus de l’immigration maghrébine pour qui le juif incarne négativement le complot permanent et le “deux poids, deux mesures” va bien plus loin que le préjugé judéophobe de leurs parents. On ne peut pas faire semblant de penser que la structure familiale est d’un effet nul sur la construction des représentations subjectives. Ce serait absurde. Aussi, ce n’est pas à l’école qu’il faut débusquer l’antisémitisme. Les modes de socialisation sont déterminants. C’est précocement que la langue de la maison, de l’entre-soi, s’apprend sur le mode du “cela va de soi”. Elle est enracinée bien avant toute scolarisation. Elle est déjà là. Et sur cette langue de l’intérieur et donc de l’intériorité sont déposés les mots qui désignent les gens haïssables et les gens “bien” que l’on donne en exemple, ceux que l’on doit fréquenter et ceux que l’on doit impérativement éloigner de soi et des siens. »

    Dans cet article, Smaïn Laacher tente cependant de distinguer un « “simple” préjugé judéophobe […] plus domestique que public, et l'antisémitisme qui prévaut dans la société française, bien au-delà de la communauté maghrébine. »

  59. « Une “répliques” de trop », tribune signée par Tewfik Allal, Gregory Bekhtari, Hervé Bismuth, Vincent Capdepuy, Zoé Carle, Grégory Chambat, Nathalie Coste, Vincent Casanova, Laurence de Cock, Sophie Ernst, Eric Fournier, Stany Grelet, Alain Gresh, Hayat El Kaaouachi, Fanny Layani, Erwan Le Nader, Laurent Lévy, Gilles Manceron, Philippe Marlière, Servane Marzin, Shlomo Sand, Véronique Servat, Christophe Tarricone, blogs.mediapart.fr, 13 octobre 2015.
  60. « Non monsieur Bensoussan, tous les arabes ne sont pas antisémites », Huffington Post.
  61. « Soutien à l'historien Georges Bensoussan », Le Figaro, vendredi 4 décembre 2015, p. 18. Cette tribune a donné lieu à une lettre ouverte plus longue, en reprenant les termes, signée par une centaine d'intellectuels. Au 13 janvier 2016, une seule copie en ligne de cette lettre subsiste : « Face aux poursuites du MRAP : pétition de soutien à Georges Bensoussan », Europe-Israël, 26 octobre 2015.
  62. « Émission “Répliques” du 10 octobre 2015 : France Culture mise en garde », csa.fr, 21 décembre 2015.
  63. Pascal Boniface, « Quand des intellectuels dits de gauche revendiquent un droit au racisme ethnique et social », Mediapart, 22 décembre 2015, en ligne).
  64. Alain Finkielkraut, « De l'Académie à la LICRA », Le Droit de Vivre, no  662, juin 2016, page 48.
  65. CCIF, « Georges Bensoussan convoqué devant le Tribunal correctionnel de Paris », 4 novembre 2016.
  66. Stéphane Durand-Souffland, « Georges Bensoussan, le CCIF et l’islamophobie », Le Figaro, jeudi 26 janvier 2017, p. 10.
  67. « Un nouveau procès en islamophobie contre Georges Bensoussan : c’est la liberté qu’on attaque ! », Guylain Chevrier, atlantico.fr, 25 janvier 2017.
  68. Cf. communiqué du CCIF du 4 novembre 2016, déjà cité.
  69. « Monsieur Bensoussan, il n'existe pas d'antisémites de naissance », Alain Jakubowicz, avocat et président de la Licra, huffingtonpost.fr, 24 janvier 2017.
  70. « Georges Bensoussan : “Le CCIF poursuit avec moi sa stratégie d'intimidation” », entretien, actuj.com, 17 janvier 2017.
  71. « Islamophobie : le procès honteux fait à Georges Bensoussan », Martine Gozlan, marianne.net, 22 janvier 2017.
  72. a b c et d « Procès de Georges Bensoussan : “Leur objectif est d'interdire de penser” », Martine Gozlan, marianne.net, 26 janvier 2017.
  73. a et b « Au tribunal, l’historien Georges Bensoussan face aux associations antiracistes », Raphaëlle Bacqué, lemonde.fr, 26 janvier 2017.
  74. Il en est membre depuis avril 2016.
  75. Les "Arabes" ne visitent pas Auschwitz, Huffington Post, 23 avril 2015
  76. a et b Stéphane Durand-Souffland, « L'historien Georges Bensoussan relaxé », sur Le Figaro,
  77. Martine Gozlan, « Au procès en appel de Georges Bensoussan, une atmosphère kafkaïenne », sur Marianne, .
  78. Barbara Lefebvre, Georges Bensoussan relaxé: une victoire pour la liberté d’expression, lefigaro.fr, 19 septembre 2019
  79. Recension : Danielle Khayat, « L’Alliance Israélite Universelle de Georges Bensoussan », sur mabatim.info, (consulté le ).
  80. Prix 2008 Fondation Jacob Buchman, lauréat : Georges Bensoussan.
  81. Communiqué du Comité Laïcité République : Georges Bensoussan, Boualem Sansal, Jean-Pierre Changeux, lauréats des Prix de la Laïcité 2018, 6 novembre 2018


Bibliographie modifier

  • Pierre Assouline, « Les mondes perdus de Georges Bensoussan », L'Histoire, no 382,‎ (lire en ligne).
  • Olivier Geay, Martine Gozlan, Michel Laval, Barbara Lefebvre et Pierre Nora (et alii.), Autopsie d'un déni d'antisémitisme : autour du procès fait à Georges Bensoussan, Paris, L'Artilleur, coll. « Interventions », , 200 p. (ISBN 978-2-8100-0799-8, lire en ligne) (extraits).
  • Yana Grinshpun et Roland Assaraf, « Les travers du discours antiraciste : le cas du procès de Georges Bensoussan », dans Annick Duraffour, Philippe Gumplowicz, Grégoire Kauffmann, Isabelle de Mecquenem et Paul Zawadzki (dir.), La Modernité disputée : textes offerts à Pierre-André Taguieff, Paris, CNRS Éditions, , 784 p. (ISBN 978-2-271-12952-9), p. 33-43.

Liens externes modifier