Utilisateur:Sebi/Test/Memphis (Égypte)1

Modèle:Égypte antique Lieux

Memphis est le nom grec de la ville antique, capitale du premier nome de Basse-Égypte (Ineb Hedj : « La muraille blanche » ou encore Inebou Hedj : « Les murs blancs »)[1].

Le site se trouve aujourd'hui près des villes de Mit-Rahineh et d'Helwan, au sud du Caire.

Le nom Memphis est la déformation grecque du nom égyptien de la pyramide de Pépi Ier (VIe dynastie), Men-néfer[2].

La ville fut fondée par le roi Ménès vers -3000 et fut la capitale de l'Égypte durant tout l'Ancien Empire.

Memphis est sous la protection du dieu Ptah, le patron des artisans, dont le temple était l'Hout-ka-Ptah, le « château du ka de Ptah »[3]. C'est de ce terme qui qualifie la maison du dieu, que serait dérivé en grec le mot aegyptos prototype du nom du pays en latin.

Memphis occupait une place stratégique à l'entrée du delta du Nil, et de ce fait portait également le nom de « Balance des Deux Terres ». Elle regorgeait d'ateliers et de manufactures notamment d'armes qui étaient conservées dans de grands arsenaux non loin du port principal de la ville, le Perou Nefer, dont les textes du Nouvel Empire nous vantent l'activité fébrile.

Les monuments de Memphis modifier

Sous le Nouvel Empire et notamment sous les règnes des glorieux souverains de la XIXe dynastie, Memphis gagna donc en puissance et en grandeur, rivalisant avec Thèbes tant au niveau politique qu'architectural. Les fouilles effectuées depuis plus d'un siècle maintenant sur le site ont confirmé peu à peu les descriptions antiques de la cité et permis ainsi d'en rendre une image plus nette. Un témoin de ce développement peut-être retrouvé dans une chapelle de Sethi Ier dédiée au culte de Ptah et de deux hypostases de la ville elle-même : la déesse Tchesemet coiffée d'une tour, probablement crénelée comme l'indiquerait son nom[4] et la ville personnifiée sous les traits d'une déesse Hathor, coiffée du symbole pyramidal que l'on retrouve dans le nom de la ville de l'époque[5],[6].

L'Hout-Ka-Ptah : Le Grand Temple de Ptah modifier

 
Restitution du parvis occidental du grand temple de Ptah à Memphis - XIXe dynastie

Le développement actuel et connu du sanctuaire de Ptah remonte pour l'essentiel à cette époque. Ce temple et son enceinte occupaient alors une grande partie de la ville antique.

On en connaît la disposition grâce à l'historien grec Hérodote qui visita le site à l'époque de la seconde invasion perse, donc bien après le Nouvel Empire, y rencontrant les prêtres du dieu Ptah qui lui livrèrent une interprétation de l'histoire du pays à travers les principaux monuments que la grande enceinte contenait. Ainsi, selon l'auteur grec, le temple avait été fondé par Ménès lui-même et cette fondation correspondrait à la partie intime du monument, partie la plus reculée et inaccessible dans l'Antiquité car réservée aux seuls prêtres et au roi[7]. Il n'en donne donc aucune description et se contente de la citer faisant confiance aux dires des prêtres.

Longtemps seule cette description de Memphis et de son grand temple a prévalu[8] et a même souvent été contestée par les critiques de l'auteur et historien antique, jusqu'à ce que les travaux archéologiques entrepris au siècle dernier exhument peu à peu les ruines oubliées de l'Hout-Ka-Ptah et des monuments qu'il comportait alors, révélant une enceinte gigantesque accessible en effet par plusieurs portes monumentales dont trois ont pu être identifiées avec certitude : Une première au sud, une seconde à l'ouest et une troisième à l'est. Si la porte nord n'a pu être dégagée la découverte de sphinx et de restes de statues monumentales dans ce secteur semblent démontrer qu'elle a bien existé mais que son emplacement exact et donc son plan est probablement perdu.

Les vestiges du grand temple et de son enceinte ont été fouillés et exposés dans un musée en plein air à proximité du grand colosse de Ramsès II qui marquait l'axe sud du temple. C'est aussi dans ce secteur qu'un grand sphinx monolithe a été découvert au XIXe siècle siècle. Il est l'un des plus grands exemples de ce genre statuaire encore présent sur son site d'origine. Datant de la XVIIIe dynastie on hésite encore à le dater précisément. Anépigraphe, il aurait été sculpté aux alentours du règne d'Amenhotep II ou Thoutmôsis IV. De nombreuses autres statues, colosses, sphinx, stèles et éléments d'architecture sont entreposés dans un enclos ou plutôt jardin formant un petit musée en plein air à l'instar d'autres sites célèbres. Cependant la plupart du produit des fouilles a été envoyé dans les principaux musées du monde. Ainsi les pièces maîtresses du site se retrouvent exposées pour la plupart au musée du Caire tandis que des centaines d'ex-voto en forme d'oreilles, dédiés à « Ptah-qui-écoute-les-prières », qui ont été retrouvés dans l'enceinte du temple, garnissent les collections de certains musées.

Le temple de Ptah enrichi par des siècles de vénération devait être entouré de monuments divers et représentait à cette époque l'un des lieux de culte les plus importants de l'empire. Nous ignorons actuellement son aspect intérieur et seuls les principaux accès au périmètre qui l'entourait sont actuellement connus, notamment par la découverte des grands colosses qui en ornaient les portes ou pylônes et qui pour ceux qui ont été mis au jour datent également du règne de Ramsès II.

Le grand roi y fonde en effet pas moins de trois sanctuaires dans lesquels son culte est associé à ceux des divinités auxquels ils ont été dédiés :

Le temple de Ptah de Ramsès aimé d'Amon, dieu souverain d'Héliopolis modifier

 
Le dieu Ptah

Découvert en 1955 par Rudolf Anthes, Le temple qui émergea du limon du Nil s'avéra être un édifice complet doté d'un pylône, d'une cour destinée aux offrandes rituelles, d'un portique à colonnes suivi d'une salle à piliers et d'un sanctuaire tripartite, le tout enclos dans une enceinte propre d'une épaisseur de quatre mètres construite en briques crues. Ce monument ouvrait à l'est en direction d'une voie jalonnée d'autres monuments qui furent tour à tour dégagés tant et si bien que la partie sud du site est la zone la plus explorée de Memphis jusqu'à présent. Les explorations archéologiques qui ont eu lieu par la suite révèlent en effet que la partie méridionale de la ville contenait en effet un grand nombre d'édifices cultuels indiquant une dévotion particulière au dieu Ptah à cet endroit. La découverte d'une nouvelle enceinte dans ce secteur contenant un temple dédié au dieu principal de Memphis pourrait donc apporter quelques éclaircissements supplémentaires sur les diverses formes que prenait le culte du dieu de Memphis.

Dénommé le temple de Ptah de Ramsès aimé d'Amon, dieu souverain d'Héliopolis, ce temple remonte dans son état le plus développé au Nouvel Empire et jouxte la grande enceinte de l'Hout ka Ptah, enceinte principale du site de Memphis, à son angle sud-ouest.

L'identification de ce temple et de son culte a donné lieu à plusieurs hypothèses au moment de sa découverte. En premier lieu l'épithète netjer heqa Iounou[9], surtout connu pour Ramsès III qui dans le grand papyrus Harris énumère les différentes fondations qu'il créa ou dont il assura la pérennité dans le pays, les égyptologues pensèrent un temps que cette découverte pouvait correspondre à l'un des sanctuaire de ce pharaon à Memphis et donc remonter à la XXe dynastie. Puis l'étude approfondie du monument ainsi que les différentes occurrences dans les nombreux protocoles qu'adopta lors de son long règne Ramsès II[10], révélèrent que cet édifice avait été fondé et construit par le grand souverain de la XIXe dynastie, sa décoration achevée par ses successeurs Mérenptah et Séthi II qui y laissèrent des témoignages. Le temple est resté en fonction tout au long de la période ramesside puis peu à peu été transformé en lieu de pèlerinage finit par devenir une nécropole pendant la IIIe période intermédiaire. À la Basse Époque, le secteur est peu à peu abandonné, victime probablement des différents assauts de cette histoire mouvementée. Memphis devenue l'enjeu du pouvoir des différentes dynasties qui se succèdent alors sur le trône d'Horus, est à souvent le théâtre de ces conflits qui voient s'affronter les grandes puissances du moment afin de conquérir, de conserver ou de libérer la vallée du Nil et ses richesses. Les fouilles d'Anthes révèlent que pendant toute cette période agitée le secteur du petit temple de Ptah de Ramsès II a été peu à peu englouti par la ville, puis enseveli par des couches successives d'une intense activité artisanale tant et si bien qu'il finit par disparaître sous l'accumulation des siècles.

Ces fouilles ont également révélé dans les fondations du temple la présence de plusieurs blocs de remplois au nom d'Aménophis III, démontrant que le grand Ramsès avait sans doute reconstruit ou refondé un édifice cultuel déjà existant au temps de l'autre roi-soleil près d'un siècle plus tôt. Un édifice dédié à Ptah qui est au sud de son Mur de Neb-Maât-Rê est en effet attesté par les sources du règne du père d'Akhénaton sans qu'aucunes traces n'en aient jamais été trouvées jusque là. Il s'agirait des premières preuves que l'édifice a probablement été démantelé et ses pierres utilisées pour refonder un sanctuaire, pratique assez courante dans l'Égypte antique.

Le culte de Ptah qui est au sud de son Mur est une forme particulière de dévotion au dieu memphite qui est attestée dès les plus hautes époques de l'Histoire de l'Égypte antique. L'épithète du dieu suggère que ce monument se situe au sud d'une enceinte ou d'un mur particulier de la capitale. Il se trouve que Memphis ayant porté comme nom celui du Mur blanc ou des Murs blancs selon les sources égyptiennes, la plupart des égyptologues s'accordent pour attribuer cet épithète particulier du dieu au temple principal de Memphis. Or ce dernier est clairement désigné par le nom de Château du ka de Ptah, le mot Hout en égyptien désignant dès la plus haute antiquité la maison du dieu. En l'absence de vestiges probants sur le site, l'enceinte même de l'Hout-ka-Ptah semblait donc être le siège de ce culte. La plupart des égyptologues identifiant le Mur Blanc à la grande enceinte nord, celle de l'Hout ka Ptah devenait de facto le périmètre enfermant ce sanctuaire méridional qui donna l'une des épithètes les plus célèbre du dieu Ptah. La découverte d'Anthes pourrait donc remettre en question cette identification. Ramsès cherchant à renouer avec le glorieux temps de ses ancêtres aurait ainsi récupéré les matériaux du monument consacré à cette forme singulière du culte du dieu memphite, peut-être tombé en désuétude suite à l'expérience amarnienne et l'aurait alors rebaptisé à son nom, réactivant ainsi un lieu de culte auquel les habitants de Memphis étaient particulièrement attachés depuis plusieurs siècles.

Parallèlement, la découverte d'un bassin à libation dans le temple nouvellement fouillé est venu apporter un autre éclairage sur les cultes qui entouraient ce sanctuaire. Datant du règne de Mérenptah, treizième fils et successeur de Ramsès, ce petit monument votif donne pour la première fois une représentation en trois dimension d'un édifice Memphis bien réel, figurant un mur crénelé, doté de grandes oreilles, au pied duquel les égyptiens venaient apporter de nombreux ex-voto sous la forme de stèles portant des représentations d'oreilles. Ces stèles étaient jusque là interprétées comme des représentations du souhait d'être entendu par la divinité. Grâce à ce nouveau témoignage nous savons aujourd'hui que les stèle se réfèrent bien à un mur d'enceinte de Memphis doté d'oreilles et révéré par les habitants de Memphis et de toute l'Égypte venant faire une offrande au grand dieu qui écoute les prières[11]. La présence de cet objet votif dans le petit temple de Ptah de Ramsès II, la découverte non loin de là par William Matthew Flinders Petrie au début du XXe siècle de quantité de ces stèles si singulières avec leur oreilles identiques confirment donc la présence de cette enceinte et de son sanctuaire non loin du secteur fouillé par Anthes, voire que le monument et l'enceinte qu'il mit au jour pouvait abriter le sanctuaire en question.

L'autre révélation faite par ces fouilles est la datation de la grande enceinte de l'Hout-Ka-Ptah. En effet une grande partie de la portion sud-ouest de cette gigantesque enceinte a été mise au jour lors de la découverte du petit temple de Ptah de Ramsès II. Le tracé de cette grande enceinte de Memphis autrefois identifié par Petrie, semblait correspondre au développement du temple du Nouvel Empire, dont le célèbre archéologue britannique avait découvert la salle hypostyle et le grand pylône occidental. Or la partie de l'angle sud-ouest de l'enceinte est construite par dessus le petit temple de Ptah récemment dégagé. Cela démontre que l'enceinte telle qu'on la connaît aujourd'hui et qui est reproduite sur tous les plans des vestiges de Memphis, est bien postérieur à ce sanctuaire de la XIXe dynastie. Les résultats des fouilles montrent clairement que ce temple est resté en activité ou a été utilisé comme lieu de sépulture jusqu'à la Basse Époque. Les égyptologues déterminèrent ainsi que cette grande enceinte de brique édifiée juste au nord du petit temple de Ptah remontait en réalité à la fin du Ier siècle av. J.-C., soit la fin de la Période Ptolémaïque et le début de l'époque Romaine.

Ainsi si la portion occidentale de la grande enceinte pourrait au Nouvel Empire être la même que le tracé de l'enceinte postérieure, la portion méridionale serait en revanche différente entre les deux époques séparées par plus d'un millénaire, et la découverte d'Anthes révélerait que la configuration de la cité avec ses temples et leurs enceintes, était alors à l'époque de Ramsès II bien différente. Une autre argument dans ce sens vient étayer cette hypothèse. L'enceinte même du petit temple de Ptah, d'une épaisseur de quatre mètres se trouve dans l'axe de l'enceinte qui enfermait les monuments de Mérenptah au sud-est de l'Hout-ka-Ptah. Les tracés si on les prolonge sur une carte se rejoignent et peuvent donc indiquer qu'à cette époque l'aire consacrée à Ptah dans Memphis était alors beaucoup plus vaste qu'à la fin de la période dynastique. D'autres sanctuaires découverts ou à découvrir peuvent une fois encore le démontrer.

Le temple de Ptah de Ramsès II modifier

Dénommé le temple de Ptah d'Ousirmaâtrê setep-en-Rê Ramsès non loin du précédent mais plus à l'est, il a certainement été bâti à l'occasion de la deuxième fête sed du roi. IL est situé au sud du grand closse couché du roi qui est exposé dans le petit musée en plein air du site.

Fouillé partiellement, deux colosses datant du Moyen Empire et réinscrits au nom du grand Ramsès en ornaient la façade. Ils ont été déménagés dans l'enceinte du musée de Memphis et représente le roi debout dans l'attitude de la marche, ceint de la couronne blanche de Haute Égypte, la hedjet.

Le temple n'a pas encore été complètement dégagé comme la plupart des monuments découverts dans ce secteur, la remontée des eux de la nappe phréatique empêchant une exploration approfondie du sanctuaire jusqu'à présent. On a toutefois découvert son nom ce qui permet de l'attribuer à la XIXe dynastie ainsi que de déterminer son axe, ouvrant cette fois vers l'ouest en direction de la voie processionnelle qui partant de la grande enceinte devait rejoindre le téménos d'Hathor situé encore plus au sud du site.

Le petit temple d'Hathor Maîtresse du Sycomore méridional modifier

 
Le temple d'Hathor de Memphis - XIXe dynastie

Ce petit sanctuaire d'Hathor a été mis au jour au sud de la grande enceinte de l'Hout-Ka-Ptah par Abdulla el-Sayed Mahmud dans les années 1970 et date lui aussi de l'époque de Ramsès II[12].

Dédié à la déesse Hathor, Maîtresse du Sycomore méridional, il présente une architecture proche des petits temples-reposoirs de barques, connus notamment à Karnak[13].

Par ses proportions, il ne semble pas correspondre au sanctuaire majeur de la déesse mais représente pour le moment le seul édifice qui lui est consacré découvert sur le site.

Avec les autres édifices mis au jour dans cette partie du site, tous situés au sud de l'enceinte principale, ils devaient donc jalonner une voie processionnelle qui reliait un autre téménos consacré à Hathor-Sekhmet. Ce dernier temple n'a pas été identifié et dort probablement encore sous la palmeraie de Memphis.

Le temple d'Hathor de Memphis modifier

Parèdre du dieu Ptah, Hathor possédait plusieurs lieux de culte dans la cité comme l'atteste la découverte du petit temple qui lui est consacré juste au sud de l'Hout-ka-Ptah. Ce petit sanctuaire pourrait d'ailleurs être un des temples relais pour les processions qui reliaient les deux téménos lors des grandes fêtes religieuses de la ville.

Décrit et cité par les sources ce temple était célèbre dans l'Égypte antique et représentait l'un des sanctuaires majeurs de la déesse dans le pays.

Ce temple n'a pas été encore identifié à ce jour. Une dépression semblable à celle du grand temple de Ptah située au sud du site pourrait indiquer son emplacement. Le site n'a pas encore été fouillé et pourrait abriter les vestiges d'une enceinte ainsi que d'un grand monument qui cadrerait bien avec les sources antiques qui situent le temple de la déesse au sud de l'antique cité.

Le temple de Neith modifier

Au nord de l'Hout-ka-Ptah se trouvait un quartier de la ville comprenant selon la tradition un temple de Neith, culte memphite dont l'existence est connue depuis l'Ancien Empire[14]. Ce sanctuaire et son téménos s'agrandit avec les siècles au point d'être enclos dans une puissante enceinte de près de six cents mètres de longueur sur plus de quatre cents et ainsi d'occuper une bonne partie de la cité. Cette deuxième enceinte de Memphis reçut même un palais sous le règne d'Apriès de la XXVIe dynastie.

Cette dynastie est en effet issue de Saïs, cité de Neith, dont le culte ancestral prit un nouveau développement et fut encore plus attaché à la théologie memphite.

Le temple d'Astarté modifier

Le temple d'Amon de Memphis modifier

Un temple d'Amon est fondé à la XXIe dynastie et des agrandissements du secteur occidental de l'enceinte de Ptah ont été commandés par les pharaons de la XXIIe dynastie, cherchant à renouer avec la gloire passée des ramesside.

Le temple de Sekhmet modifier

Le temple d'Apis modifier

 
Le taureau Apis (Musée du Louvre)

Les tables d'embaumement du taureau sacré Apis ont été retrouvées au sud-ouest à l'intérieur de l'enceinte dans un édifice qui dans son dernier état remonte au règne de Nectanébo II. Ce monument dédié aux rites de momification du dieu taureau est édifié non loin du grand temple de Ptah. Il a été fouillé à la fin du XXe siècle établissant que l'édifice existait déjà à la XXIe dynastie et qu'il fut plusieurs fois remanié par la suite notamment sous la XXVIe dynastie[15].

Ce fait semble confirmer l'écrit d'Hérodote qui nous rapporte que cette partie du temple fut aménagée sous Psammétique Ier qui

« fit faire pour Héphaïstos (Ptah), à Memphis, le portique orienté du côté du vent du sud et il fit bâtir pour Apis en face du portique, la cour dans laquelle on le nourrit une fois qu'il s'est révélé ; elle est entourée d'une colonnade et toute ornée de figures ; les colonnes y sont remplacées par des colosses hauts de douze coudées. »

— Hérodote, Livre II, §153

L'un des cultes les plus populaires de Memphis était consacré au dieu Apis, hypostase vivante de Ptah incarné dans un taureau sacré. Selon la mythologie il apparaissait régulièrement en Égypte dans un jeune taureau noir portant sur son pelage des signes caractéristiques[16]. Lorsque les prêtres le trouvait, il était alors introduit officiellement dans le temple de Ptah lors d'une cérémonie digne du couronnement d'un roi. Un temple-enclos lui était réservé et à cette occasion sa mère devenait elle aussi une hypostase divine, assimilée à une des formes de la déesse Isis, le suivant dans sa nouvelle vie faite de rites et d'offrandes quotidiens, de cérémonies religieuses et participant aux grandes fêtes de la cité et de la région en jouant un rôle essentiel dans le lien qui unissait Pharaon aux dieux. À sa mort, un deuil national était décrété et Apis était alors momifié et inhumé en grandes pompes avec tous les honneurs dus à un dieu dans la nécropole de Saqqarah. On le conduisait d'abord dans la ouâbet, c'est-à-dire la place pure, afin d'y être préparé selon les mêmes rites de momification réservés aux rois[17]. Le lin le plus fin était employé pour les centaines de mètres de bandelettes nécessaires pour son emmaillotement et des amulettes prophylactiques et autres bijoux précieux y étaient introduits. On recouvrait sa tête d'une masque doré et des centaines de statuettes funéraires ou oushebti bucéphales accompagnaient la dépouille et les imposants vases canopes contenant ses viscères momifiés.

Une fois le temps nécessaire de préparation du corps divin révolu, un grand cortège quittait la salle d'embaumement,se dirigeait vers le grand temple de Ptah, traversait la salle hypostyle, apparaissait alors par la grande porte du pylône occidental devant la foule des pèlerins venus lui rendre un dernier hommage et se dirigeait vers les nécropoles afin de déposer le corps du dieu momifié dans un tombeau spécialement aménagé pour l'accueillir.

Ainsi la partie ouest de l'enceinte de l'Hout-Ka-Ptah aurait été plus particulièrement consacrée à l'aspect funéraire du dieu Ptah.

Les nécropoles de Memphis modifier

C'est d'ailleurs au-delà du mur qui ceinturait le site que fut retrouvée, toujours plus à l'ouest, une nécropole de la XXIIe dynastie et c'est également dans cette zone actuellement sous la ville moderne que se situeraient les autres temples consacrés par différents pharaons du Nouvel Empire. Cette partie de la ville nommée Ânkh-Taouy selon les sources comportait une chapelle ou un oratoire à la déesse Bastet ce qui semble concorder avec la présence de monuments des souverains de la dynastie libyenne issue de Bubastis.

Les palais royaux modifier

Enfin à l'est de l'enceinte un grand portail précédé de colosses ouvrait quant à lui sur la zone des palais royaux. Parmi les effigies royales qui se dressaient devant cette porte monumentale on compte celle de Ramsès II qui a été longtemps sur la place Midan Ramsès face à la gare du Caire et qui a été transférée récemment à Gizeh.

Son treizième fils et successeur Mérenptah poursuit son œuvre et agrandit le périmètre du domaine de Ptah en y bâtissant un nouveau temple dédié au dieu et à sa propre personne, ainsi qu'un palais cérémoniel construit en briques crues, dont les murs étaient stuqués et peints et les montant des portes, les architraves et les colonnes qui soutenaient le plafond étaient en pierre sculptées de reliefs peints en l'honneur du roi.
Cet ensemble temple+palais précédé d'un nouveau grand portail le tout sur un axe nord-sud a été fouillé au XXe siècle permettant d'en relever le plan assez précis notamment de la partie palatiale, tandis que le temple lui n'a été dégagé que sur sa partie d'accueil, révélant qu'il ouvrait par une grande porte sur une cour à ciel ouvert précédant la zone des sanctuaires qui restent encore à explorer dans la partie septentrionale de l'édifice. La plupart des éléments de cet ensemble exceptionnel se trouvent aujourd'hui au musée de l'université de Pennsylvanie ainsi qu'au musée du Caire. Le plan du palais a pu être relevé précisément ce qui est rare pour cette région.
À cette occasion le roi fait probablement rebâtir le mur d'enceinte des principaux sanctuaires déjà existant, mur dont un bassin à libation d'un certain Amenemhat scribe du port de Memphis, trouvé dans le sanctuaire du petit temple de Ptah au sud de son Mur de Ramsès II pourrait nous donner un témoignage[18].
Selon cette hypothèse soutenue par l'égyptologue Rudolf Anthes, l'enceinte et donc l'aire du temple du dieu Ptah aurait alors été considérablement agrandie et aurait ainsi occupé une grande partie de la cité, englobant ou se rattachant ainsi les petites fondations de son père et grand-père[19].
D'autres égyptologues penchent eux pour des enceintes séparées mais orientées et reliées entre-elles selon un point central constitué par le grand temple de Ptah et son enceinte qui resta de tout temps un objet de culte populaire. Selon les sources contemporaines de son règne, Mérenptah semble avoir multiplié aussi les fondations à son nom à Memphis, dont certaines paraissent s'être substituées à celles de son illustre père[20].
Merenptah aurait ainsi marqué un nouveau développement magistral de la cité, preuve qu'à cette époque le roi et sa cour résidaient de nouveau régulièrement à Memphis, nécessitant donc de nouveaux aménagements. En effet il est attesté que le cours du Nil s'est déplacé au cours des siècles vers l'est laissant de nouveaux terrains à occuper dans la partie orientale de la vieille capitale[21]. C'est d'ailleurs dans cette partie de la ville qu'il faudrait rechercher un culte réputé à la déesse Astarté[22] et autour duquel s'agrégea peu à peu les populations du levant qui s'établirent à Memphis tant son commerce était florissant à la croisée des routes caravanières et des principaux axes de circulation entre le Moyen-Orient et l'Afrique.
Quoiqu'il en soit le développement de Memphis ne cessa dès lors, et les pharaons des dynasties suivantes s'attachèrent à embellir et à reconstruire les principales fondations religieuses qui étaient disséminées dans la cité.
 
Palais d'Apriès XXVIe dynastie - Memphis
Le palais était édifié sur un promontoire et dominait ainsi le site. Il faisait partie de cette série de structures édifiées à la Basse époque dans les enceintes sacrées et contenant, outre un palais royal, une citadelle, des casernes et armureries. Flinders Petrie fouilla la zone et y retrouva de nombreux vestiges d'une activité militaire tandis qu'il dégageait l'entrée principale du palais dont les montants de porte portaient des reliefs jubilaires à la gloire du pharaon régnant[23]. De fait les saïtes réorganisent le pays reprenant peu à peu le contrôle de toutes les institutions religieuses et politiques et c'est de Memphis qu'ils gouvernent même si la nécropole royale de la dynastie est installée dans l'enceinte du temple de Neith à Saïs dans le delta.
Memphis est donc le centre nerveux du royaume saïte qui ouvre les frontières du pays aux grecs qui fournissent des mercenaires et reçoivent l'autorisation de s'installer à demeure à Naucratis ou bien dans la capitale même. Des traces de leur présence ont été effectivement retrouvées sur le site ainsi qu'à Saqqarah où des stèles funéraires portant parmi les plus anciennes inscriptions lapidaire en langue carienne ont été mise à jour, et dont certaines sont visibles dans les collections du Petrie Museum de Londres.
Aujourd'hui on peut voir sur le site un grand monticule de brique crue contenant encore enfouie une salle à colonne ou un péristyle, dont seuls les chapiteaux dépassent des décombres comme posés, abandonnés au regard du visiteur.
Les pharaons de cette époque eurent à lutter contre les menaces venant d'Orient que les Assyriens avaient si violemment représentées. Ils s'attachèrent alors à édifier dans chacune des grandes cités de Basse-Égypte des enceintes puissantes qui contenaient et abritaient les bâtiments de l'administration royale. Memphis en tant que pivot central dans la géopolitique de la Basse-Égypte fut donc particulièrement privilégiée comme d'autres grandes cités (Héliopolis par exemple).
L'enceinte dans laquelle cet ensemble palatial était inscrit fait actuellement l'objet de fouilles par une mission russo-belge qui cherche à révéler les monuments qu'elle contenait. En effet son étendue est aussi vaste que l'enceinte de Ptah et seule pour l'instant les vestiges du palais peuvent indiquer une destination précise à la seconde grande enceinte de Memphis.

L'histoire et le rôle de la ville modifier

L'histoire et le destin de la ville furent étroitement liés à la royauté, les couronnements et jubilés (Heb Sed, la fête-Sed) étaient célébrés dans le temple de Ptah. Les premières représentations de ce jubilé ont été retrouvées dans la tombe de Djéser à Saqqarah.

Une histoire légendaire modifier

La légende rapportée par Manéthon dit que Ménès, premier pharaon à réunir les Deux Terres, fonda sa capitale en détournant le fleuve par des digues et Hérodote nous rapporte que, lors de sa visite, les Perses, alors maîtres du pays, veillaient tout particulièrement à l'état de ces digues afin que la cité soit préservée des flots de l'inondation annuelle.

L'importance de la ville à l'Ancien Empire est égale à l'importance de sa nécropole qui de Meïdoum à Gizeh, en passant par Daschour et Saqqarah, est un véritable « négatif » de la cité antique.

En effet, la cité se développa, gardant un rôle majeur dans la vie du pays. Après un épisode sans doute héliopolitain sous les IVe et Ve dynasties, le centre du pouvoir s'établit alors à Memphis et à la Première Période Intermédiaire les institutions s'y maintiennent ainsi que la production artistique des ateliers locaux. Ainsi il est parfois difficile de distinguer l'art funéraire de cette période de celui de la VIe dynastie, notamment à Saqqarah qui reste la nécropole royale.

Capitale de l'Ancien Empire modifier

 
Vue de la nécropole de Saqqarah depuis le palais de Memphis

On sait peu de choses de la cité de l'Ancien Empire, qui fut la capitale de l'État des Pharaons-dieux qui régnaient alors sur le pays à dater de la IIIe dynastie et il faut probablement situer la ville des premières dynasties plus au nord vers Abousir, non loin de Saqqarah-nord où sont situés les mastabas des premières dynasties.

Selon Manéthon, les sources évoquent le « Mur Blanc » (Ineb Hedj) comme établissement initial, fondé par Ménès le premier roi légendaire ayant réussi l'union des Deux Terres. Qualifié dans certains textes de Forteresse du Mur Blanc, il est probable que le roi s'y installa afin de mieux contrôler cette nouvelle union des deux royaumes rivaux des temps prédynastiques. Le complexe de Djéser de la IIIe dynastie, situé dans la nécropole antique de Saqqarah, pourrait alors être l'écho funéraire de cette enceinte primitive et royale abritant tous les éléments nécessaires à la royauté : temples et sanctuaires, cours cérémonielles, palais et casernes.

L'épisode solaire entamé par la IVe dynastie, qui mit en lutte l'influence sur le pouvoir royal des clergés divins héliopolitains et memphites, et se développera à la dynastie suivante ne semble pas avoir changé le rôle premier de Memphis en tant que résidence royale où les souverains recevaient la double couronne, manifestation divine de l'unification des Deux Terres. La tradition voulait aussi que le rite du Séma Taouy, symbole de la réunion, soit répété à Memphis à chaque couronnement, à chaque jubilé ou fête Sed, qui renouvelait alors le pouvoir du roi au bout d'une période qui varia selon les époques mais restait traditionnellement la célébration des trente années de règne.

C'est au cours de cette période que se développe le clergé du temple de Ptah. L'existence du sanctuaire est attestée à cette période grâce aux versements de denrées alimentaires et autres biens nécessaires pour assurer le culte funéraire des dignitaires et membres de la famille royale[24].

Le temple est également cité dans les annales conservées sur la pierre de Palerme et, à partir du règne de Mykérinos, on connaît le nom des grands prêtres de Memphis qui semblent fonctionner en binôme au moins jusqu'au règne de Téti.

En l'absence de vestiges probants concernant cette période de la haute antiquité, les égyptologues ont formulé l'hypothèse selon laquelle la ville des vivants aurait suivi l'établissement des sanctuaires funéraires royaux au fur et à mesure de leurs édifications et du changement de site.

 
Triade memphite de Ramsès II - Musée du Caire

La cité se serait donc développée au gré de ces sites choisis comme pour l'exemple de Gizeh, nécropole royale de la IVe dynastie, située en face d'Héliopolis, où les fouilles récentes ont révélé les établissements portuaires et civils et un palais démontrant que l'activité essentielle du royaume était bien centrée à cette époque sur l'édification du tombeau royal. De même, il est probable que sous la Ve dynastie le site d'Abousir entre Saqqarah au sud et Gizeh plus au nord formait une ville d'artisans dévoués au chantier dynastique et représentait un des quartiers de la capitale comprenant dès le règne de Sahourê un palais royal.

Enfin, une indication sérieuse dans le sens de cette hypothèse, et semble ainsi la confirmer, est l'étymologie du nom de la ville elle-même qui est étroitement liée au nom de la pyramide de Pépi Ier de la VIe dynastie qui se trouve à Saqqarah-sud[25]. À dater de son règne, la cité se serait fixée et développée à partir du complexe funéraire du roi, alors que déjà le déplacement du cours du fleuve change la configuration des voies navigables et du même coup celle de la ville.

Héritière d'une longue pratique architecturale et artistique, sans cesse encouragée par les monuments des règnes successifs, Memphis reste la capitale dynastique et le paysage de la vallée et son horizon occidental se transforment peu à peu et définitivement par l'édification de vastes nécropoles avec des pyramides monumentales, les temples qui en dépendaient et toute l'administration voulue pour leur fonctionnement.

L'ensemble de ces nécropoles étalées sur plusieurs kilomètres devaient ainsi former une véritable mégapole antique, avec les villes qui en dépendaient, les ports qui desservaient ces téménos sacrés et les cultes divins qui y étaient rendus. En bonne place et reliée par des canaux la cité déjà millénaire devenait ainsi le cœur d'une vaste étendue urbaine et religieuse[26].

En effet, chaque complexe funéraire et cultuel recevait des terres et des biens dont les annales d'Abousir constituées notamment par tout un corpus de textes administratifs sur papyri et retrouvées principalement dans les temples funéraires de Néferirkarê Kakaï et de son successeur le jeune pharaon Néferefrê de la Ve dynastie, nous ont conservé le souvenir en nous livrant un témoignage précieux sur l'activité qui y régnait. Quand on sait que le culte de ces rois fonctionna jusqu'à la fin de l'Ancien Empire, soit plus d'un siècle plus tard, on est en droit de penser que depuis la IVe dynastie au moins l'ensemble de ces lieux de cultes royaux formaient des cités ou des bourgades dont l'importance et les moyens attribués varièrent selon leur place et leur lien par rapport à la famille régnante. Le fait que la nécropole de la VIe dynastie soit, elle, centrée à Saqqarah-sud, site dominant la vallée avec ses pyramides de rois et de reines, démontre clairement que pendant plus d'un siècle et demi le développement de la capitale s'y concentra. Les vestiges de cette capitale antique s'y trouveraient toujours, sous les palmeraies et les villages de Saqqarah.

Quoi qu'il en soit, le périmètre de la ville s'agrandit avec le temps et son centre se déplaça certainement vers le sanctuaire de Ptah, dieu des artisans, situé plus au sud, l'actuelle Mit-Rahineh, fixant ainsi la cité du Moyen Empire, puis la métropole du Nouvel Empire.

L'éclipse du Moyen Empire modifier

 
Colosse du Moyen Empire réinscrit aux noms de Ramsès II

Au Moyen Empire, la capitale et la cour de Pharaon furent déplacées à Thèbes puis dans le Fayoum laissant pour un temps Memphis dans l'ombre. Avec la XIe dynastie le pouvoir reconstitué à partir de Thèbes change la donne un temps puisque la nécropole royale des Antef et Montouhotep y est transférée. Leurs successeurs de la XIIe dynastie rétablissent la capitale dans la région de Memphis même s'il est vrai qu'ils l'établirent davantage près du Fayoum notamment à Licht suivant en cela l'exemple des monarques de l'Ancien Empire, qui transféraient leur palais et la cour à proximité de leur nécropole royale.

La vieille cité n'est pas désertée pour autant et reste le siège d'une activité artistique et commerciale importante comme l'attestent les découvertes de quartiers artisanaux et de nécropole installés à l'ouest de l'enceinte du temple de Ptah du Nouvel Empire[27].

A l'est de la cité, dans un secteur qui fait jonction entre la grande enceinte nord et l'Hout-ka-Ptah, Lepsius lors de sa rapide exploration du site releva encore visible sur l'un des nombreux koms qui formaient alors les ruines de la cité, des blocs de granite et des colonnes inscrites au nom d'Amenemhat II, indiquant non seulement que Memphis continua a faire l'objet d'un programme architectural officiel à la XIIe dynastie mais également l'étendue de la cité d'alors qui présentait déjà un développement est-ouest important[28]

On a par ailleurs retrouvé des vestiges d'une activité architecturale de cette époque au cœur du temple de Ptah. Des blocs inscrits au nom du même pharaon ont été en effet retrouvés utilisés comme fondations d'un des grands colosses qui précédaient le pylône de Ramsès II. Ils présentent un fragment des annales de ce souverain du Moyen Empire. Expéditions minières, razzia ou campagne militaire au-delà des frontières, édification de monuments ou consécration de statues aux divinités, tout un panel des actes officiels d'une cour royale est rapporté ainsi et donne de précieux renseignement sur les évènements de l'époque. Ces blocs de remplois pourraient provenir d'un monument du règne situé dans l'Hout-ka-Ptah ou bien de l'édifice autrefois relevé par Lepsius et qui a depuis disparu englouti sous la palmeraie de Memphis.

Selon la tradition rapportée par Hérodote et Diodore de Sicile, Amenemhat III édifia le portail nord de l'enceinte. Bien que pour le moment aucun vestige de cet accès n'y a été retrouvé il est tout a fait probable que les souverains de cette dynastie aient consacré des monuments dans l'Hout-Ka-Ptah puisque non loin de leurs royales pyramides des mastaba des grands prêtres de Ptah y ont été dégagés, démontrant que la royauté et le clergé memphite étaient toujours à cette époque intimement liés.

La XIIIe dynastie prolonge cet état de fait, quoique certains souverains se fassent enterrer à nouveau à Saqqarah, attestant que Memphis conservait donc sa place au cœur de la royauté. Survint alors la montée de dynasties parallèles dans le delta, défaisant l'unité du pays, annonçant l'anarchie qui verra les Hyksôs prendre le pouvoir progressivement pour s'en emparer définitivement en -1650. Cette prise de pouvoir se concrétisa avec le siège et la prise de Memphis. C'est à cette occasion que de nombreux monuments et statues de l'antique capitale furent ainsi démantelés, spoliés et usurpés par les rois hyksôs qui les emportèrent pour orner leur nouvelle capitale du delta, Avaris[29].

Le sac de Memphis dut tant marquer les esprits que la cité s'éclipsa alors et que cet acte sacrilège fut récupéré par la propagande royale de la XVIIe dynastie qui entreprit alors la reconquête un demi-siècle plus tard.

Métropole princière et commerciale du Nouvel Empire modifier

La XVIIIe dynastie s'ouvrit donc par la victoire d'Ahmôsis Ier sur les envahisseurs Hyksôs, d'abord à Avaris puis au Proche Orient réduisant leurs velléités de retour à néant. Ce prince thébain inaugura l'une des plus puissantes dynasties égyptiennes qui reconstitua l'unité du pays, et ayant mis à son profit les progrès technologiques introduits par les Hyksôs, entreprit de conquérir ses voisins afin de former un véritable glacis autour du Double Pays et prévenir pour toujours le danger d'une nouvelle invasion.

Il semble que les premiers temps de la dynastie furent donc occupés à développer cette politique impériale et que Memphis resta à l'ombre de Thèbes et de son dieu libérateur Amon qui reçut ainsi le privilège de voir s'établir la cour et la nécropole royale. Dans le delta, le palais et la forteresse que les premiers Thoutmôsis installèrent à Avaris, l'ancienne capitale Hyksôs, attestent que l'activité militaire et royale s'était basée au plus proche du terrain des opérations et ce jusqu'à Thoutmôsis III.

Sous Amenhotep II puis Thoutmôsis IV le pouvoir semble à nouveau revenir quelque peu au Nord même si Thèbes garde son rôle de métropole religieuse et funéraire de la dynastie.

Avec la longue période de paix qui s'ensuivit la prospérité gagna à nouveau le pays et la ville de Memphis profita à nouveau de sa place stratégique et de son rôle en tant que métropole de Basse Égypte. Un grand harem est fondé à Miour, province sud de Memphis, non loin de Meïdoum[30]. Le commerce se développa et le port de Perou Nefer qui signifie littéralement « Bon Voyage », devint la porte d'entrée du pays pour les routes de Byblos et du Levant.

Au Nouvel Empire, Memphis devint donc la véritable capitale administrative et princière du pays. L'école du Kep, qui éduquait les princes royaux et les fils de la noblesse, qui portaient alors le titre d'enfant du kep, s'y trouvait certainement et de nombreux palais pouvaient accueillir la famille royale. Thoutmôsis IV, le père du grand Amenhotep III, le grand-père d'Akhénaton, reçut la royauté d'Harmakhis lors d'un rêve qu'il eut alors jeune prince résidant à Memphis, selon la légende qu'il rapporte sur une stèle placée entre les pattes du sphinx de Gizeh qui symbolisait ce grand dieu ensablé, oublié.

 
Tête du colosse de Ramsès II

C'est de cette époque que daterait la fondation à Memphis d'un temple consacré à Astarté, qu'Hérodote nous indique lors de sa visite dans la ville comme étant un temple dédié à l'Aphrodite étrangère, et l'on trouve une activité architecturale d'Amenhotep III au cœur même de l'Hout-Ka-Ptah, inaugurant les grands travaux du Nouvel Empire.

Le roi fait également édifier un temple nommé « Le temple de Neb-Maât-Rê est uni à Ptah » qui est cité par plusieurs dignitaires du règne actifs dans la capitale. Ainsi Amenhotep Houy, grand intendant de Memphis sous le règne du célèbre souverain, évoque le monument sur une de ses statues retrouvées sur le site comme étant une fondation de millions d'années du roi au cœur de la capitale. Si l'emplacement de ce temple n'a pas été déterminé avec précision, le fait qu'un certain nombre de ses blocs aient été réutilisés par Ramsès II pour la construction du petit temple de Ptah qu'il édifiera au sud de l'enceinte principale, incite certains égyptologues à penser que les deux édifices se sont succédé au même endroit[31]

D'après des inscriptions retrouvées à Memphis, Akhénaton fonda un temple d'Aton[32] dans la cité, et on a retrouvé à Saqqarah la sépulture d'un des prêtres du culte du disque solaire qui subit des transformations vers la fin du règne et du retournement de situation quelque peu tragique qui marque la fin de la dynastie[33].

Toutânkhamon abandonne Amarna et installe la cour à Memphis où il réside en compagnie de ses conseillers les plus proches qui préparent alors leurs tombeaux à Saqqarah même.

Le tombeau d'Horemheb, alors encore général des armées, est un témoin de cette période et récemment des fouilles ont révélé la tombe de la nourrice du jeune souverain.

Il est attesté que, sous les Ramsès, la ville prit une nouvelle importance dans la politique de la dynastie grâce à sa proximité avec la toute nouvelle capitale Pi-Ramsès. Ramsès II consacre de nombreux monuments à Memphis et l'orne de colosses à sa gloire. Mérenptah, son successeur, y établit un palais, développant l'enceinte sud-est du temple de Ptah, et pendant toute la période qui suivra, Memphis reçoit les privilèges royaux des ramessides.

 
Salle hypostyle et pylône de Ramsès II à Memphis

Avec les XXIe et XXIIe dynasties on assiste à un prolongement de l'activité initiée par les Ramsès. Memphis ne semble pas souffrir d'un déclin lors de cette IIIe période intermédiaire qui vit de grands changements dans la géopolitique du pays. Au contraire tout porte à croire que les souverains du nord s'attachèrent à développer les cultes memphites dans la région. Un temple de Ptah aurait été fondé à Tanis au vu de certains vestiges découverts sur le site. Siamon, pharaon de la XXIe dynastie, fait quant à lui édifier ou restaurer un temple dédié à Amon au sud de l'Hout-Ka-Ptah et dont les vestiges ont été relevés par Petrie au début du XXe siècle reliant un peu plus les deux métropoles de la Basse-Égypte[34].

À Memphis même, selon les inscriptions décrivant son œuvre architecturale, Sheshonq Ier, fondateur de la XXIIe dynastie qui réussit à reformer l'union des Deux-Terres, aurait fait bâtir pour le temple de Ptah un monument ou en tout cas considérablement agrandit l'enceinte du dieu. Le nom de cette fondation était le Château de Millions d'Années de Sheshonq, l'aimé d'Amon. On hésite à placer ce monument parmi les vestiges de l'Hout-ka-Ptah tant le site a été réexploité et enfoui sous les décombres. De plus l'extension de la ville de Mit-Rahineh a largement empiété sur la zone concernée.

Son nom indiquerait une fonction cultuelle funéraire bien connue à l'époque du Nouvel Empire et certains égyptologues le situent à l'ouest de l'enceinte probablement en avant du grand pylône de Ramsès II. Il aurait constitué en une avant cour et un pylône et selon cette hypothèse Sheshonq y aurait fait aménager son tombeau ce qui expliquerait l'absence de traces concrètes de son ensevelissement à Tanis. De fait, une des tables d'embaumement du dieu Apis date du règne de Sheshonq Ier et on a découvert les preuves qu'un culte funéraire lui était rendu à Memphis, culte qui se rendait toujours à la Basse Époque, ce qui confirmerait l'existence d'un lieu spécialement dédié au roi[35].

Sheshonq Ier commande par ailleurs l'édification d'une nouvelle ouâbet pour le dieu Apis. Il s'agissait d'une partie du sanctuaire dédié à cette divinité, plus particulièrement consacrée aux cérémonies funéraires du dieu taureau qui à sa mort y était amené afin d'y être momifié selon les rites[36].

 
Le grand prêtre de Ptah Sheshonq

Une nécropole des grands prêtres de Memphis datant précisément de la XXIIe dynastie a été dégagée à l'ouest de l'enceinte non loin de ce secteur. Il y avait notamment une chapelle dédiée à Ptah par le prince Sheshonq, fils du roi Osorkon II, qui occupait alors la charge pontificale. Cette chapelle est actuellement visible dans les jardins du musée du Caire, derrière une triade colossale de Ramsès II qui provient également de Memphis.

D'autres vestiges découvert dans cette partie de Memphis, signalent des monuments aux noms de Chedsounéfertoum, d'Osorkon.

Il est probable que l'emplacement de cette nécropole, princière, ait été choisi en relation avec la fondation du fondateur de la dynastie.

Memphis, capitale fortifiée de la Basse Époque modifier

Enfin, emplacement stratégique parce que verrouillant l'accès au delta, Memphis garda de tout temps un rôle militaire et commercial que seule Alexandrie put rivaliser sous l'Empire romain.

Lors de la troisième période intermédiaire puis à la Basse Époque, Memphis fut souvent le théâtre des luttes de libération des dynastes locaux contre l'occupant, qu'il soit koushite, assyrien ou perse.

Ainsi pendant la campagne triomphale de Piânkhy, souverain de Napata qui fonda la XXVe dynastie, la ville dans laquelle Tefnakht, l'un des princes du delta issu de l'anarchie libyenne avait trouvé refuge, subit un nouveau siège. Le fait est relaté sur la stèle des victoires que le roi érigea au temple d'Amon du Gebel Barkal et donne une description de la cité qui avait alors été fortifiée. Suite à la prise de la ville il fit restaurer les temples et leurs cultes. Ses successeurs édifièrent des chapelles dans l'angle sud-ouest de l'enceinte principale et Taharka fait reconstruire ou restaurer le temple d'Amon de Memphis[37].

Memphis sera à nouveau au cœur de la tourmente produite par la grande menace assyrienne. Elle sera la base arrière de la résistance kouchite avec Taharka qui parvient une première fois à repousser l'assaut des troupes d'Assarhaddon, puis tombera aux mains des envahisseurs qui seront alors soutenus par une partie des princes du delta. Les troupes assyriennes la mettent alors à sac comme toute la région.

En Nubie, Tanoutamon succède alors à Taharqa et semble reprendre l'avantage. À l'instar de Piânkhy son aïeul, il relate un nouveau siège de la ville sur la stèle du songe, qu'il érigera lui aussi à Napata. Ce dernier sursaut offre un court répit à la monarchie kouchite.

En Assyrie, Assurbanipal succède à son père et reprend l'offensive contre l'Égypte. Tanoutamon est finalement submergé lors d'une invasion massive qui, en -664, met définitivement un terme aux rêves de gloire des pharaons nubiens. Memphis est reprise et cette fois les troupes nubiennes sont repoussées jusque dans leurs frontières, pourchassées par les assyriens et leurs alliés qui pilleront la ville de Thèbes en -663...

 
Les ruines du palais d'Apriès à Memphis

Reconnaissant envers leurs alliés de Saïs, les Assyriens leur remettront alors le pouvoir et ils s'empresseront de reprendre leur indépendance au premier signe de faiblesse de l'empire assyrien. Les enceintes des temples furent alors reconstruites voire fortifiées, comme le palais d'Apriès de la XXVIe dynastie l'atteste, et le siège du pouvoir semble alors être retourné un temps à Memphis.

En effet, suite aux invasions perses, les structures mises en place par les pharaons saïtes sont conservées, renforcées et Memphis est le siège de la nouvelle province conquise. Une garnison perse est installée à demeure dans la ville, probablement dans la grande enceinte nord, à proximité du palais d'Apriès qui domine le site. Les fouilles effectuées par Pétrie ont révélé que ce secteur comportait des armureries et il y a découvert de nombreux vestiges remontant à cette époque.

Memphis est alors sous la coupe réglée d'un pays géré désormais comme une satrapie l'une des plus riches de l'empire Perse. Son gouverneur y réside et l'administration du pays s'y installe à demeure et pendant près d'un siècle et demi la cité en est la capitale officielle et devient l'un des centres névralgiques du commerce de l'immense territoire conquis par la monarchie achéménide.

Pendant toute cette période nous disposons, au travers des stèles consacrées dans le Sérapéum de Saqqarah à Apis par le pharaon régnant, d'un élément clef pour comprendre les évènements.

À dater de la Basse Époque les catacombes dans lesquelles sont inhumées les dépouilles du taureau sacré sont agrandies et prennent alors un aspect monumental qui confirme l'essor des cultes d'hypostases à travers tout le pays et plus précisément à Memphis et ses nécropoles. Ainsi, une stèle dédiée par Cambyse II, premier conquérant perse à soumettre le Double Pays, semble infirmer les dires d'Hérodote qui lui prête une attitude criminelle et irrespectueuse à l'encontre du taureau sacré.

Comme ils le firent avec les Assyriens, les Égyptiens tentèrent à deux reprises de secouer le joug perse au moyen d'alliances avec leur voisin et partenaires, notamment grecs.

 
Sphinx dédié à Prah-Sokar-Osiris au nom de Néphéritès Ier

Le réveil nationaliste viendra à nouveau de Saïs mais pour le bref et unique règne d'Amyrtée qui fonde la XXVIIIe dynastie qui s'éteint avec lui. Il entreprend la reconquête depuis le delta occidental mais ne pourra asseoir son autorité sur tout le pays, la Haute-Égypte et notamment Éléphantine continuant de reconnaître Artaxerxès II comme souverain. C'est Néphéritès Ier qui cette fois depuis Mendès parvient à reformer l'union des Deux -Terres, se faisant couronner pharaon et inaugurant la XXIXe dynastie avant dernière dynastie royale de l'Égypte antique. Selon un papyrus araméen contemporain[38], Néphéritès Ier fait mettre à mort Amyrtée à Memphis même. Il installera sa capitale dans sa ville d'origine dans le delta oriental, où il se fait aménager son tombeau dans une nouvelle nécropole royale.

Memphis perd son statut de première ville du pays au niveau politique mais conserve son importance stratégique et commercial. Elle reste également un centre religieux important.

Lorsque Nectanébo détrône le dernier représentant de cette dynastie éphémère, et reprend à son profit l'indépendance du pays face aux perses qui le menaçait toujours d'une nouvelle invasion, un important programme de reconstruction des enceintes des temples est lancé à travers tout le pays. À Memphis c'est l'Hout-Ka-Ptah qui se voit ainsi doté d'une nouvelle enceinte puissante reconstruite sur le tracé de l'ancienne, englobant les temples et chapelles secondaires dans le téménos du dieu principal de la cité.

C'est la fouille de l'angle sud-ouest de cette enceinte qui a permis de retrouver le petit temple de Ramsès enfoui et comme épargné par les fondations du mur qui forme à cet endroit précis un redan encadré par deux larges bastions donnant une indication sur l'aspect de l'enceinte qui ceinturait le site à cette époque.

Nectanébo II quant à lui tout en poursuivant l'œuvre du fondateur de la XXXe dynastie, entreprend la construction de vastes sanctuaires notamment dans la nécropole de Saqqarah les dotant de pylônes, statues et voies pavées bordées de rangées de sphinx[39].

Malgré ses efforts pour limiter la reprise de l'expansion de l'empire achéménide il ne peut résister à une invasion massive en -343 qui écrase ses troupes à Péluse. Les perses prennent Mendès, Bubastis, saccagent les temples et les nécropoles. Le roi se réfugie à Memphis devant laquelle Artaxerxès III met le siège et l'oblige à fuir en Haute-Égypte. La résistance se poursuit là-bas jusqu'en -335 et il semble que Memphis ait été a nouveau contrôlé par les égyptiens, une stèle d'Apis découverte à Saqqarah datant de la deuxième année d'un souverain du nom de Khababash qui, se réclamant de l'héritage du dernier Nectanébo, aurait ainsi repris l'initiative. Ce sursaut ne peut contenir les armées de Darius III qui finissent par reprendre le contrôle de tout le pays.

Avec ces périodes de troubles récurrents, d'invasions suivies de reconquêtes successives, Memphis subit les assauts de l'histoire. Plusieurs fois conquise elle a été le théâtre de plusieurs dénouements sanglants de l'histoire du pays et malgré l'intervention de ses alliés grecs venus soutenir le parti anti-perse qui fragilisait l'hégémonie du grand roi de Persépolis, la cité retomba aux mains du conquérant pour ne plus jamais devenir la capitale du pays.

À la suite des perses ce sont les grecs qui prendront alors le contrôle de tout le pays et même si à certaines périodes des tentatives d'indépendances reprennent en thébaïde, aucune ne permettra à une nouvelle lignée de rois indigène de monter sur le trône d'Horus.

Memphis sous les Ptolémées modifier

 
Alexandre visitant le temple de Memphis, par André Castaigne (1898-1899)

Alexandre le Grand se fit couronner pharaon dans le temple de Ptah et la cité garda un statut important, notamment religieux, durant toute la période qui suivit la prise de pouvoir par un de ses généraux, Ptolémée. Celui-là même détourna vers l'Égypte le convoi funéraire du grand conquérant mort à Babylone en -323 initialement en route pour la Macédoine. Prétextant que le roi lui-même avait officiellement émis le désir d'être inhumé en Égypte, il fera alors transporter le corps d'Alexandre au cœur du temple de Ptah et le fera embaumer par les prêtres. La précieuse relique restera à Memphis jusqu'à l'édification du Sôma[40] à Alexandrie même, quelques années plus tard dans lequel sera aménagé le tombeau royal.

C'est également Ptolémée, le premier d'une longue lignée de souverains macédonien, qui introduit pour la première fois le culte de Sérapis en Égypte, instituant son cule à Saqqarah où il s'assimile à la divinité funéraire locale et célèbre, Osiris-Apis. Ce n'est qu'après son règne que le culte du dieu devient alexandrin et qu'un grand temple y est bâti en son honneur par les successeurs du roi[41]. De cette période datent les aménagements du parvis du Sérapéum de Saqqarah avec notamment l'édification de l'hémicycle aux poètes qui orne le dromos du temple ainsi que de nombreux éléments d'architecture d'inspiration grecque. La réputation du sanctuaire dépassa les frontières du pays.

C'est à Memphis qu'à partir de Ptolémée III, sur ordre du roi et sous le patronage du grand prêtre de Ptah, les délégués des principaux clergés du royaume se réunissaient en synode en présence du souverain afin d'établir la politique religieuse du pays pour les années à venir, fixant par décret les taxes et impôts, créant de nouvelles fondations et rendant hommage aux souverains lagides qui au début et à la fin de leur dynastie furent particulièrement bien acceptés par les prêtres du pays. Ces décrets étaient inscrits sur de hautes stèles placées dans les principaux sanctuaires du pays, et étaient gravées en trois écritures afin d'être lues et comprises par tous : le hiéroglyphe, le hiératique et le grec. L'exemple le plus célèbre de ces stèles est la pierre de Rosette qui permit le déchiffrement de l'écriture sacrée des anciens égyptiens au XIXe siècle.

Ce sont également des stèles, funéraires cette fois, découvertes sur le site ou encore à Saqqarah qui nous ont ainsi transmis la généalogie du haut clergé de Memphis, véritable dynastie de grands prêtres de Ptah qui nourrit avec la famille royale d'Alexandrie des liens très étroits au point que des mariages entre certains grands prêtres et les princesses lagides renforcent encore un peu plus l'engagement des deux familles l'une envers l'autre. Les ultimes descendants de cette lignée de grands prêtres vécut la prise de pouvoir romaine.

La fin de Memphis modifier

 
Relevé des ruines de Memphis établi par Karl Richard Lepsius au milieu du XIXe siècle

Avec l'arrivée des romains, à l'instar de Thèbes, la cité perdit sa place au profit d'Alexandrie ouverte sur l'empire et finalement, abandonnée peu à peu à l'époque copte puis arabe la ville devint une carrière pour construire les nouvelles cités de l'Égypte, notamment la nouvelle capitale, Le Caire, édifiée plus au nord en face des pyramides de Gizeh.

Au XIIIe siècle, le chroniqueur arabe Abdul al-Latif visitant le site, le décrivit nous laissant un témoignage impressionné sur la grandeur des ruines de Memphis. Certains auteurs du XIXe siècle, dont Gaston Maspero, le citent dans leurs ouvrages décrivant l'Égypte[42] :

«  Malgré l'immense étendue de cette ville et la haute antiquité à laquelle elle remonte, malgré les vicissitudes des divers gouvernements dont elle a subi le joug, quelques efforts que différents peuples aient fait pour l'anéantir, pour en faire disparaître les moindre vestiges et en effacer jusqu'aux plus légères traces, en transportant ailleurs les pierres et les matériaux dont elle était construite, en dévastant ses édifices, en mutilant les statues qui en faisaient l'ornement ; enfin malgré ce que quatre mille ans et plus ont dû ajouter à tant de causes de destruction, ses restes offrent encore aux yeux des spectateurs une réunion de merveilles qui confond l'intelligence, et que l'homme le plus éloquent entreprendrait inutilement de décrire. Plus on la considère, plus on sent augmenter l'admiration qu'elle inspire ; et chaque nouveau coup d'œil que l'on donne à ses ruines est une nouvelle cause de ravissement... Les pierres provenues de la démolition des édifices remplissent au loin le site entier : on aperçoit en quelques endroits des pans de murailles encore debout, construits de ces grosses pierres dont je viens de parler ; ailleurs, il ne reste que les fondements ou bien des monceaux de décombres. J'ai vu l'arc d'une porte très haute dont les deux murs latéraux sont formés chacun d'un seul bloc ; et la voûte supérieure, qui était aussi d'un bloc unique, était tombée au-devant de la porte… Les ruines de Memphis occupent une demi-journée de chemin en tous sens.  »

Les savants de Bonaparte ne trouvèrent que des ruines éparses cinq siècles plus tard et il faudra attendre les premiers relevés et fouilles du XIXe siècle et les travaux d'envergure de Flinders Petrie, pour dégager les restes de l'ancienne capitale de l'Égypte et lui rendre un peu de sa splendeur passée.

Explorations, fouilles archéologiques et principales découvertes modifier

 
Colosse de Ramsès II découvert à Memphis
  • Visite et description des monuments de la ville par Hérodote lors de la seconde domination perse au Ve siècle avant notre ère ;
  • Visite du site par l'historien grec Diodore de Sicile au Ier siècle avant notre ère ;
  • Visite du site par le géographe grec Strabon lors de la conquête romaine la fin du Ier siècle avant notre ère ;
  • Visite et description des ruines du site par le géographe arabe Abdul al-Latif al-Baghdadi au XIIIe siècle ;
  • Visite du site par l'historien égyptien Ahmad al-Maqrîzî au XIVe siècle ;
  • Identification du site par Jean de Thévenot en 1652 lors de son voyage en Égypte ;
  • Recherches et relevés du site lors de l'Expédition d'Égypte de Bonaparte en 1798, confirmant l'identification de Thévenot. Publication dans la Description de l'Égypte des premières vues des vestiges du site ;
  • Premières fouilles du site par Giovanni Battista Caviglia et Sloane en 1820 : découverte du grand colosse couché de Ramsès II, actuellement exposé dans le musée en plein air du site ;
  • Relevé du site et rapide exploration de Karl Richard Lepsius en 1843 lors de l'expédition prussienne ;
  • Découverte fortuite d'éléments d'un sanctuaire de Mithra au Kom el-Dafbaby en 1847 ;
  • Fouilles de Joseph Hekekyan de 1852 à 1854 : découverte au Kom el-Khanzir (nord est de l'enceinte du grand temple de Ptah) de talatates provenant d'un temple d'Aton à Memphis, réutilisées dans les fondations du pavement d'un monument ruiné ;
  • Fouilles de Mariette et du Service des antiquités égyptiennes de 1850 à 1860 : découverte de statues royales de l'Ancien Empire au nord de l'enceinte du temple de Ptah, découverte du grand colosse en granite de Ramsès II, transféré au Caire devant la gare de la ville et récemment déménagé à Gizeh[43] ;
  • Fouilles de Petrie de 1907 à 1912 : découverte et identification de la salle hypostyle du temple de Ptah et du pylône de Ramsès II, découverte du grand sphinx en albâtre, découverte de la grande enceinte nord et du palais d'Apriès, découverte du temple d'Amon de Siamon[44] ;
  • Fouilles de l'université de Pennsylvanie de 1914 à 1921 : découverte au Kom el-Qala du temple et du palais de Mérenptah ;
  • Découverte par Ahmed Badawy en 1942 du petit temple de Ptah qui est au sud de son mur et découverte de la chapelle et de la tombe du prince Sheshonq et de son fils Takélot de la XXIIe dynastie[45] ;
  • Découverte par Labib Habachi de la chapelle de Séthi Ier en 1950 ;
  • Découverte fortuite d'une nécropole du Moyen Empire au Kom el-Fakhri en 1954[46] ;
  • Fouilles de Rudolph Anthes de l'Université de Philadelphie de 1955 à 1957 : Fouilles et dégagement du petit temple de Ptah qui est au sud de son mur, mise à jour de la ouâbet d'Apis et des tables d'embaumement du taureau sacré[47] ;
  • Découverte fortuite d'un chapiteau du petit temple d'Hathor en 1969[48] ;
  • Fouilles du Service des antiquités égyptiennes de 1970 à 1984 : fouilles, études et dégagement du petit temple d'Hathor par Abdulla el-Sayed Mahmud, Huleil Ghaly puis Karim Abu Shanab ;
  • Fouilles de l'American Research Center in Egypt en 1980 : fouilles complémentaires et études de la ouâbet d'Apis[49] ;
  • Étude par Jaromir Málek en 1982 du petit temple de Ptah qui est au sud de son mur[50] ;
  • Fouilles de l'Egypt Exploration Society de Londres à partir de 1970 et de 1984 à 1990 : fouilles complémentaires de la salle hypostyle et du pylône de Ramsès II et découverte de blocs de granite portant les annales du règne d'Amenemhat II, fouilles au Kom el-Fakhri des tombes des grands prêtres de Ptah de la IIIe Période Intermédiaire, exploration du Kom el-Rabia, identification et fouille de la ville et de la nécropole du Moyen Empire, recherches à l'ouest de Memphis du site de la cité de l'Ancien Empire, près de Saqqarah[51] ;
  • Fouille du Service des Antiquités égyptiennes au sud du Kom el-Qala et découverte d'un quartier d'habitation d'époque romaine ;
  • Reprise des fouilles du petit temple d'Hathor en 2003 par le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes ;
  • 1re campagne de fouilles de la Mission Russo-Belge dans la grande enceinte nord de Memphis en 2003 ;
  • 2e campagne de fouilles de la Mission Russo-Belge dans la grande enceinte nord de Memphis en 2004.

Notes modifier

  1. O36T3O49

    Jnb ḥḏ = Ineb-hedj
    O36O36O36T3O49

    Jnb.w ḥḏ = Inebou-hedj
  2. Y5
    N35
    F35O24O49

    Mn-nfr = Men-néfer
  3. Q3
    X1
    V28O6X1
    O1
    D28O49

    ḥw.t-k3-Ptḥ = Hout-ka-Ptah
  4. En égyptien le mot tour crénelée se traduit en effet par le terme ṯsmt
  5. O24
    signe qui détermine le nom en hiéroglyphe Men-néfer
  6. Cf. J. Berlandini, Problématique des monuments du secteur de la chapelle de Séthi I à Memphis, p. 35-36 et pl. 3
  7. Hérodote, Livre II, §99 Histoire de l'Égypte
  8. Voir par exemple le schéma qu'en donne D. Ramée dans son ouvrage p. 143, qui en suivant la description d'Hérodote dispose sur un plan les différentes parties du grand temple autour d'un noyau central attribué à Ménès
  9. Traduit par : dieu souverain d'Héliopolis
  10. cf. J. Yoyotte Le nom de Ramsès « souverain d'Héliopolis », p. 66 in R. Anthes, Mit Rahineh 1956
  11. Ce culte eut un tel succès qu'il s'exporta jusqu'à Thèbes où un oratoire au dieu Ptah qui écoute les prières a été aménagé dans la falaise surplombant Deir el-Medineh et la vallée des Reines
  12. Cf. A. S. Mahmud
  13. On citera pour exemple l'édifice de Ramsès III destiné à recevoir les barques divines des dieux de Karnak dans la première cour du grand temple d'Amon-Rê
  14. De nombreux prêtres de Neith au nord de son Mur ont en effet été enterrés à Saqqarah
  15. Cf. M. Jones
  16. Selon les sources et les stèles retrouvées au Sérapéum de Saqqarah, le dieu apparaissait tous les vingt-cinq ans environ
  17. Il s'agit du monument comportant les grandes tables d'embaumement cité plus haut
  18. Cf. R. Anthes
  19. Cf. Ibidem
  20. Cf. H. Sourouzian, B - Problèmes d'identification du monument, p. 36-39
  21. Cf. D. G Jeffreys & H. S. Smith, The eastward shift of the Nile's course through history at Memphis, p. 58-59
  22. Hérodote, Livre II, §112
  23. W. M. F. Petrie
  24. Cf. J.H. Breasted § 241 ; p. 109-110 qui cite un tel versement au bénéfice du culte de la reine mère Néferhétepès
  25. <
    ppii
    >Y5
    N35
    F35O24

    Ppj-mn-nfr = Pépi-men-néfer = Pépi est stable de beauté/perfection ou La beauté/perfection de Pépi est établie
  26. Cf. G. Goyon
  27. Cf. A. T. El-Hitta ; p. 50-51
  28. Cf. Lepsius, Mitrahineh. 14.19 Febr. 31 März. 18 Mai 1843, p. 203. et planche Abt. I. Bl. 09., relevé c à e sur la carte du site
  29. La plupart de ces reliques sera par la suite récupérée par Ramsès II pour orner sa nouvelle capitale de Pi-Ramsès, pour finalement être déménagé lors de la IIIe période intermédiaire à Tanis où ils ont été retrouvés parmi les ruines de cette autre capitale de l'Égypte antique
  30. Cf. A. Cabrol ; IIe partie, ch. 1, La maison du roi et la vie du pays ; Thèbes ou Memphis... quelle capitale pour l'Égypte ?
  31. Cf. Ibidem ; IIe partie, ch. 1, Le monde des temples ; Memphis et ses cultes.
  32. Cf. A. Mariette, p. 7 et p. 10 ainsi que planches 27 (fig. e) et 35 (fig. e1, e2, e3)
  33. Cf. B. Löhr
  34. W. F. Petrie, ch. VI, § 38, p. 12, planches XXX et XXXI
  35. T. L. Sagrillo
  36. Cf. W. M. F. Petrie § 38, p. 13. Pour une version hiéroglyphique complète du texte de consécration du monument et une traduction, cf. C. Maystre, Ch. XVI, §166, p.357
  37. Cf. D. Meeks, Une fondation Memphite de Taharqa (Stèle du Caire JE 36861), p. 221-259
  38. Papyrus Brooklin 13, conservé au musée de Brooklin à New York
  39. Voir notamment le Sérapéum de Saqqarah
  40. Littéralement le Corps ; par ce qualificatif les grecs désignaient l'endroit où était conservé le corps momifié d'Alexandre. L'endroit précis n'a pas été identifié avec certitude mais il s'agissait probablement d'un quartier funéraire royal qui jouxtait le quartier des palais de la nouvelle capitale des Ptolémées, non loin de l'actuelle Bibliotheca Alexandrina
  41. L'état le plus ancien du Sérapéum d'Alexandrie remonte en effet à Ptolémée III
  42. Cf. A. L. Joanne & Émile Isambert, p. 1009 et G. Maspero ch. I, L'Égypte primitive, § Origine des Égyptiens : les nomes
  43. Cf. A. Mariette
  44. Cf. W. F. Petrie et suivant
  45. Cf. A. Badawy
  46. Cf. A. T. El-Hitta
  47. Cf. R. Anthes et suivants
  48. Cf. A. el-Sayed Mahmud
  49. Cf. M. Jones
  50. Cf. J. Málek
  51. Cf. D. G. Jeffreys

Bibliographie modifier

  • Hérodote, L'Enquête, vol. II [détail de l’édition] ;
  • Jean-François Champollion, L'Égypte sous les Pharaons, De Bure frères,  ;
  • Karl Richard Lepsius, Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien, Berlin, Nicolaische Buchhandlung, 1849-1859 ;
  • Daniel Ramée, Histoire générale de l'architecture, Amyot, Éditeur,  ;
  • Adolphe Laurent Joanne & Émile Isambert, Itinéraire descriptif, historique et archéologique de l'Orient, Paris, Hachette,  ;
  • Heinrich Karl Brugsch, Recueil de monuments égyptiens - Première partie - Planches I - L, Leipzig, Librairie J. C. Hinrichs,  ;
  • Auguste Mariette, Monuments divers recueillis en Égypte et en Nubie, Librairie A. Franck, Consultation en ligne ;
  • Gaston Maspero, Histoire ancienne des peuples de l'Orient, Paris, Hachette,  ;
  • Jacques de Rougé, Géographie ancienne de la Basse-Égypte, Paris, J. Rothschild, Éditeur,  ;
  • Gaston Maspero, Guide du visiteur au Musée du Caire, Le Caire, Imprimerie de l'Institut français d'archéologie orientale,  ;
  • James Henry Breasted, Ancient records of Egypt historical documents from earliest times to the persian conquest, collected edited and translated with commentary, vol. I The First to the Seventeenth Dynasties, The University of Chicago press,  ;
  • William Matthew Flinders Petrie, Memphis I, British School of Archaeology in Egypt and Egyptian Research Account, Fourteenth Year,  ;
  • William Matthew Flinders Petrie, The Palace of Apries (Memphis II), British School of Archaeology in Egypt and Egyptian Research Account, Fifteenth Year,  ;
  • Abdel Tawab El-Hitta, Fouilles de Memphis à Kom el Fakhri, Les grandes découvertes archéologiques de 1954, Le Caire,  ;
  • Rudolf Anthes, A First Season of Excavating in Memphis, Philadelphia, The University Museum. University of Philadelphia,  ;
  • Ahmed Badawy, « Das Grab des Kronprinzen Scheschonk, Sohnes Osorkon’s II. und Hohenpriesters von Memphis », Annales du service des antiquités de l'Égypte, no 54,‎  ;
  • Rudolf Anthes, Memphis (Mit Rahineh) in 1956, Philadelphia, The University Museum. University of Philadelphia,  ;
  • Rudolf Anthes, Mit Rahineh 1955, Philadelphia, The University Museum. University of Philadelphia,  ;
  • Georges Goyon, « Les ports des Pyramides et le Grand Canal de Memphis », Revue d'Égyptologie, no 23,‎
  • Beatrix Löhr, Aḫanjāti in Memphis, Karlsruhe, ZAK,  ;
  • Abdulla el-Sayed Mahmud, A new temple for Hathor at Memphis, Egyptology today N°1,  ;
  • Dimitri Meeks, Hommage à Serge Sauneron I, Le Caire, IFAO,  ;
  • Dorothy J. Crawford, Jan Quaegebeur & Willy Clarysse, Studies on ptolemaic Memphis, Louvain, Studia Hellenistica - Édition W. Peremans,  ;
  • David G. Jeffreys, The survey of Memphis, Londres, Journal of Egyptian Archaeology,  ;
  • Tanis, l’or des pharaons, Association Française d’Action Artistique,  ;
  • Dorothy Thompson, Memphis under the Ptolemies, Princeton, Princeton University Press,  ;
  • Jaromir Málek, A Temple with a Noble Pylon, Archaeology Today,  ;
  • Alain-Pierre Zivie, Memphis et ses nécropoles au Nouvel Empire, Éditions du CNRS,  ;
  • Hourig Sourouzian, Les monuments du roi Mérenptah, Mainz am Rhein, Verlag Philpp von Zabern,  ;
  • Michael Jones, The temple of Apis in Memphis, vol. 76, Journal of Egyptian Archaeology,  ;
  • Geoffrey T. Martin, The Hidden Tombs of Memphis, Thames & Hudson,  ;
  • Charles Maystre, Les Grands prêtres de Ptah de Memphis, Freiburg, Orbis biblicus et orientalis - Universitätsverlag,  ;
  • Agnès Cabrol, Amenhotep III le magnifique, Éditions du Rocher,  ;
  • Troy Leiland Sagrillo, The Mummy of Shoshenq I Re-discovered?, vol. N°205, Göttinger Miszellen, , p. 95-103

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