Papyrus (papier)
La fabrication des papyrusModifier
De manière générale, le principe de fabrication des feuilles de papyrus réside dans la superposition de fines lamelles découpées dans la tige de la plante, humidifiées, placées en couches entrecroisées et compressées.
Formules 58 et 59 du papyrus d'Ani
Les formules des transformations du papyrus d'Ani.
Première étape : la préparation des bandelettesModifier
Il existe de nombreuses méthodes pour le découpage des bandelettes : parmi elles, les méthodes Ragab A, Basile, Hendricks.
Deuxième étape : l'assemblage des bandelettesModifier
Troisième étape : le séchage et les finitionsModifier
Quatrième étape : l'encollageModifier
Utilisation et mise en forme générale des papyrusModifier
Les papyrus, sous le coup de l'État dès l'Ancien Empire, étaient exportés dans tout le bassin méditerranéen[2]. En raison de leur prix élevé, ils étaient souvent grattés pour pouvoir être réutilisés, formant alors ce que l'on appelle des palimpsestes[2].
Mise en forme régulière des papyrusModifier
Qualités des papyrusModifier
- L'auguste et le livie, encore plus fins et plus larges que le hiératique, n'apparaissent que sous l'Empire. Tous deux mesuraient treize doigts de large, soit 24,05 cm[15].
- Le hiératique est le plus beau et le plus fin. Il était appelé ainsi car il était utilisé pour les textes sacrés. Il mesurait onze doigts[18], c'est-à-dire 20,35 cm[15]
- L'amphithéâtrique doit son nom au fait qu'il était fabriqué près de l'amphithéâtre d'Alexandrie. Sa largeur était de neuf doigts, soit 16,65 cm[15].
- Le saïtique est nommé ainsi car il venait de Saïs. Il faisait de sept à huit doigts de largeur, c'est-à-dire de 12,95 à 14,80 cm[15]. Il était de qualité médiocre, car il était fabriqué à partir des déchets restant de la composition de plus beaux papyrus.
- Le taénéotique était de mauvaise qualité et vendu au poids.
- L'emporitique n’était pas utilisé pour l'écriture, mais pour l'emballage des marchandises.
Organisation du contenu des papyrusModifier
Les utilisationsModifier
Les papyrus ont été employés dans différents domaines :
- Littérature (prose, poésie, théâtre) ;
- Correspondance (notamment celle de Cicéron) ;
- Actes législatifs (lois, transactions, baux, actes de propriété, taxes) ;
- Comptes et inventaires (Aristophane et usage du grammateion)
.
Pratique de la lectureModifier
Déclin de l'utilisation des papyrusModifier
La conservation des papyrusModifier
Le rouleau de papyrus le plus ancien qui nous soit parvenu provient de Saqqarah et date de 2900 avant notre ère[27]. On n'a toutefois pas découvert de papyrus grecs antérieurs au IVe siècle avant notre ère. Les documents antérieurs qui n'avaient pas été copiés sur parchemin sont donc perdus[28].
Papyrus connusModifier
Nom | Date de production | Lieu de découverte | Lieu de conservation | Informations complémentaires | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | Le papyrus Westcar | XVIIIe dynastie | Localisation de l'Égypte. |
Musée égyptien de Berlin | Chronologie basée sur le règne du pharaon Khéops | ||
2 | Les papyrus d'Abousir | - | -2477/-2467 | Compréhension du fonctionnement de la société de l'Égypte antique. | |||
3 | Le papyrus Prisse | Extrait du papyrus Prisse. |
-1900 | - | Bibliothèque nationale de France | Deux traités sur la morale. | |
4 | Le papyrus mathématique de Rhind | -1700/-1500 | British Museum de Londres | 87 problèmes mathématiques | |||
5 | Le papyrus mathématique de Moscou | Papyrus de Moscou - 14e problème. |
-1850 | Localisation de l'Égypte. |
Musée des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou | Résultats mathématiques | |
6 | Les papyrus Kahun | - | -1700 | Musée Petrie d'archéologie égyptienne à University College de Londres | Traité de médecine et de mathématiques | ||
7 | Le papyrus Edwin Smith | Planches VI et VII du papyrus Edwin Smith, conservé dans la pièce des livres rares de l’académie de médecine de New York. |
-1600 | Bibliothèque de l'académie de médecine de New York | Traité de chirurgie de guerre. | ||
8 | Le papyrus Ebers | Une page du papyrus Ebers. |
-1550 | Ramesséum | Université de Leipzig | Traité de médecine | |
9 | Le Livre des morts | - | -1700/+63 | Localisation de l'Égypte. |
Musée égyptologique de Turin | Contenus religieux, hymnes aux dieux | |
10 | Le papyrus d'Ani | Un passage du papyrus d'Ani. |
XIXe dynastie | British Museum | appartient au Livre des morts | ||
11 | Le papyrus de Turin | Première partie du papyrus minier de Turin. |
XIIIe dynastie | Localisation de l'Égypte. |
Musée égyptologique de Turin | judiciaire, érotique, plan de lieux. | |
12 | Le papyrus Harris | - | XXe dynastie sous Ramsès III | Médinet Habou | British Museum | Le plus long papyrus découvert en Égypte (41 m) | |
13 | Le papyrus Wilbour[29] | - | XXe dynastie sous Ramsès V |
|
Musée de Brooklyn | Textes administratifs | |
14 | Les papyrus Amherst | - | vers -1134 | Localisation de l'Égypte. |
Morgan Library and Museum | Ensemble de textes littéraires, religieux, juridiques | |
15 | Le papyrus Greenfield | XIe siècle avant notre ère | British Museum de Londres | Transcription du Livre des morts | |||
16 | Les papyrus d'Éléphantine | - | rédigés au IVe siècle avant notre ère |
|
Musée égyptien de Berlin, Musée de Brooklyn | relatant la vie d'une communauté juive en Égypte aux VIe/Ve siècle avant notre ère | |
17 | Les papyrus d'Herculanum[30] | Fac-similé d'un papyrus d'Herculanum issu de Tesoro letterario di Ercolano, ossia, la reale officina dei papiri ercolanesi, 1858. |
- | La villa des Papyrus |
Musée archéologique national de Naples | carbonisés lors de l'éruption du Vésuve en 79, textes philosophiques grecs | |
18 | Le Codex de Berlin[31] | - | Ve siècle | Neues Museum de Berlin | Textes chrétiens apocryches | ||
19 | Les papyrus d'Oxyrhynque | fin du Ve siècle | - | Documents administratifs | |||
20 | Le papyrus P52[32] | papyrus P52, recto. |
1re moitié du IIe siècle | John Rylands Library de Manchester | Contient deux passages du chapitre 18 de l'Évangile selon Jean | ||
21 | Le papyrus 46 | - | entre 175 et 225 | - | Papyrus Chester Beatty et Université du Michigan | Epître paulinienne | |
22 | Le papyrus d'Artémidore | Un fragment du papyrus d'Artémidore. |
-150 | - | Musée des Antiquités de Turin | Texte de géographie // Authenticité controversée | |
23 | Le papyrus de Leyde / papyrus de Stockholm | IIIe siècle | Leyde aux Pays-Bas, au Rijksmuseum van Oudheden | Compilations de recettes techniques relatives à l'argent, l'or, les pierres et les étoffes |
Journal de bord du prêtre Merer - Ce matériau précieux comprend des informations sur l'extraction du calcaire, son transport sur le Nil jusqu'au chantier de Gizeh, où il a probablement été utilisé pour la couche extérieure de la Grande Pyramide. Il confirme également que la pyramide était au stade final de construction de la dernière année de Khéops, et identifie le rôle du demi-frère du roi, Ânkhkhâf, qui était chargé de cette dernière phase.
Notes et référencesModifier
- papyrus, i, m/f ou papyrum, i, n signifie papyrus, mais aussi papier selon A. Ernout, A. Meillet, J. André, Dictionnaire étymologique de la langue latine : histoire des mots, Klincksieck, 2001, p. 480-481.
- Georges Jean, L'écriture, mémoire des hommes, Gallimard, 2007, p. 42.
- Platon, Pol., 288e.
- Pline, XIII, 23, 74.
- H. Ragab, Le papyrus : contribution à l’étude du papyrus et à sa transformation en support de l’écrit, Le Caire, 1980, p. 116-117.
- Pline, XII, 23, 77.
- Pline, XIII, 23, 77.
- N. Lewis, Papyrus in classical antiquity, Oxford, 1974.
- E. Menei, « Remarques sur la fabrication des rouleaux de papyrus : précisions sur la formation et l’assemblage des feuillets », Revue d’égyptologie, 1993, p. 185-188.
- Pline, XIII, 25.
- M.-A. Desboeufs, Papyrus et parchemin dans l’Antiquité gréco-romaine, 2008.
- Pline, XIII, 25, 81.
- Cicéron, Epistulae ad Quitum fratrem, II, 14, 1.
- Martial, XIV, 209.
- N. Lewis, L’industrie du papyrus dans l’Égypte gréco-romaine, Paris, 1934.
- Georges La Faye, s.v. « Liber », dans Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines, t. 3.2, 1915, Austria, p. 1177.
- Pline, XIII, 26, 82.
- Le doigt est une unité de mesure romaine. Un doigt équivaut à 1,85 cm.
- B. Legras, Lire en Égypte, Paris, 2002.
- La Faye (Georges), s.v. « Liber », Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines, 1915, Autriche, p. 1178.
- Ovide, Tristes, I, 1, 2.
- Pirenne 1937, p. 62.
- Pirenne 1937, p. 62-63.
- Saint Augustin, Confessions, 6, III, 3, 20-35.
- Pirenne 1937, p. 120.
- Pirenne, Mohammed and Charlemagne, critiqued by R.S. Lopez, "Mohammed and Charlemagne: a revision",Speculum1943, p. 14–38.
- Baez 2013, p. 97
- Baez 2013, p. 115
- Bernadette Menu, Le régime juridique des terres et du personnel attaché à la terre dans le papyrus Wilbour. Dissertation, Lille, 1970.
- (1986) IV. The Herculaneum Papyri, Bulletin of the Institute of Classical Studies 33, p. 36–45.
- Michel Tardieu, Écrits gnostiques : Codex de Berlin, Éditions du Cerf, coll. « Sources gnostiques et manicheennes », , 518 p. (ISBN 978-2-204-02015-2)
- James Keith Elliott, A bibliography of Greek New Testament manuscripts, Cambridge University Press, 2000 (seconde édition révisée), « P52 », p. 31
Voir aussiModifier
BibliographieModifier
- (es) F. Baez, Los primeros libros de la humanidad : El mundo antes de la imprenta y el libro electrónico, Madrid,
- (de) H. Blanck, Das Buch in der Antike, Munich, Beck,
- R. Drenkhahn, Papyrus [« Lexikon der Ägyptologie »], Wiesbaden, Wolfgang Helck, Wolfhart Westendorf (Hrsg.) Bd. IV,
- (en) D. Diringer, The Book before Printing : Ancient, Medieval and Oriental, New York, Dover Publications,,
- Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne, Bruxelles, (lire en ligne)
- M.-E. Boutroue, Le savoir sur l'écriture et sa transmission à la Renaissance, ou comment fabriquer du papier de papyrus selon Pline l'Ancien,
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle (lire en ligne)
- A. Dureau de la Malle, « Mémoire sur le papyrus et la fabrication du papier chez les anciens », Mémoires de l'Institut de France, vol. 19, no 1, , p. 140–183 (DOI 10.3406/minf.1851.1025, lire en ligne, consulté le 17 octobre 2019)
- M.-A. Desboeufs, Papyrus et parchemin dans l'Antiquité gréco-romaine,
- A. Ernout, A. Meillet et J. André, Dictionnaire étymologique de la langue latine : histoire des mots, Klincksieck,
- G. Jean, L'écriture, mémoire des hommes., Gallimard,
- H. Ragab, Le papyrus : contribution à l’étude du papyrus et à sa transformation en support de l’écrit, Le Caire,
- N. Lewis, Papyrus in classical antiquity, Oxford,
- E. Menei, Remarques sur la fabrication des rouleaux de papyrus : précisions sur la formation et l’assemblage des feuillets., Revue d'égyptologie,
- N. Lewis, L'industrie du papyrus dans l'Egypte gréco-romaine, Paris,
- C. Vandendorpe, Du papyrus à l'hypertexte. Essai sur les mutations du texte et de la lecture, Montréal, Boréal, 1999