Patriotes pour l'Europe

groupe politique au Parlement européen (2024-)

Patriotes pour l'Europe (en anglais : Patriots for Europe, PfE ou P4E) est un groupe politique d'extrême droite du Parlement européen. Il est fondé à la suite des élections européennes de juin 2024 à l'initiative de Viktor Orban et présidé par Jordan Bardella.

Patriotes pour l'Europe
Image illustrative de l’article Patriotes pour l'Europe
Chambre Parlement européen
Législature(s) 10e
Fondation
Partis membres Parti Identité et démocratie
Mouvement politique chrétien européen
Président Jordan Bardella
Représentation
84  /  720
Positionnement Extrême droite[1]
Idéologie Souverainisme
National-conservatisme
Populisme de droite
Euroscepticisme[2]
Factions :
Russophilie[2]

La création de ce groupe provoque des controverses, liées notamment aux positions de certains de ses membres et à son orientation favorable à la Russie de Vladimir Poutine.

Il compte 84 membres, dont 30 issus du RN, constituant ainsi sa plus forte délégation. Il devient la troisième force politique au Parlement européen[3].

Historique

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Le groupe politique Patriotes pour l'Europe est fondé le 30 juin 2024, à la suite des élections européennes de 2024, lors d'une conférence tenue par Viktor Orbán, Andrej Babiš et Herbert Kickl[4]. Le Fidesz, le parti de Viktor Orbán, était non-inscrit depuis 2021 au Parlement européen, tandis que le parti d'Andrej Babiš, ANO 2011, était membre de Renew Europe pendant la précédente législature et le parti d'extrême-droite autrichien de Herbet Kickl, le FPÖ, était membre du groupe Identité et démocratie[4].

Le groupe est rapidement rejoint par différents mouvements nationalistes et eurosceptiques : le parti espagnol Vox[5], le parti néerlandais PVV[6], le Parti populaire danois[7], le parti belge flamand Vlaams Belang[8], le parti portugais Chega[9], le parti grec Voix de la Raison, la coalition tchèque Serment et Automobilistes ainsi que le le parti Lettonie d'abord[10]. Le 8 juillet, le Rassemblement national, fort de 30 députés, annonce également rejoindre les Patriotes pour l'Europe, actant la fin du groupe Identité et démocratie, absorbé par l'initiative lancée par Orbán, Babiš et Kickl[11]. La Ligue de Matteo Salivini annonce suivre également le RN vers ce nouveau groupe[12]. Patriotes pour l'Europe remplit alors les conditions nécessaires à la formation d'un groupe parlementaire au sein du Parlement européen (au moins 23 membres, issus d'au moins 7 États membres différents)[7].

Orientations politiques

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Viktor Orbán, à l'origine du groupe, lui donne pour objectifs de se positionner contre le « soutien militaire à l’Ukraine » et contre « l’immigration illégale » et pour la « famille traditionnelle » et « alléger les contraintes environnementales »[13],[14].

Pour l'universitaire Francisco Roa Bastos, la majorité des partis qui compose le groupe ont une position pro-Kremlin dans le cadre de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ou pour le moins sont favorables à une solution de paix similaire à celle défendue par la Russie. Ils sont tous des partis anti-immigration et eurosceptiques, ou pour conforter une Europe des nations[2]. Les Patriotes pour l'Europe s'engagent à préserver les nations européennes, la défense de leurs traditions et leur héritage chrétien[15].

Ces orientations s'opposent à celles de l'autre groupe d'extrème droite des Conservateurs et réformistes européens de Giorgia Meloni, qui est atlantiste et pro-ukrainien[15] mais sont proches du troisième groupe d'extrème droite L'Europe des Nations Souveraines présidé par René Aust et Stanisław Tyszka[16].

Composition

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Jordan Bardella prend la tête du troisième groupe du Parlement européen[13],[14].

Un des six vice-présidents de ce groupe est l'Italien Roberto Vannacci. Sa désignation comme numéro 2 du groupe crée la polémique, Vannacci étant « connu pour ses prises de positions extrémistes », notamment homophobes et nostalgiques de Benito Mussolini[17]. Du point de vue de la France, le groupe va ainsi à l'encontre de la dédiabolisation du Front national — devenu le Rassemblement national — voulue par Marine Le Pen[18].

Il compte 84 membres, dont 30 issus du RN, constituant ainsi sa plus forte délégation. Il devient la troisième force politique au Parlement européen[3]. Malgré un nombre de députés en augmentation, il ne devrait pas avoir un poids important au sein du Parlement européen en raison du cordon sanitaire imposé par les autres partis, qu'Olivier Costa considère cependant comme plus faible qu'avant[19].

Pays Parti national Parti européen Ancien groupe parlementaire Députés
  Autriche Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) Parti Identité et démocratie Identité et démocratie
6  /  19
  Belgique Vlaams Belang (VB) Parti Identité et démocratie Identité et démocratie
3  /  13
  Danemark Parti populaire danois (DF) Aucun Identité et démocratie
1  /  14
  Espagne Vox Parti des conservateurs et réformistes européens Conservateurs et réformistes européens
6  /  61
  France Rassemblement national (RN) Parti Identité et démocratie Identité et démocratie
30  /  81
  Grèce Voix de la Raison (FL) Aucun Aucun
1  /  21
  Hongrie Fidesz Aucun Non-inscrits
10  /  21
Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP) PPE[n 1]
Aucun
Parti populaire européen
1  /  21
  Italie Lega Parti Identité et démocratie Identité et démocratie
8  /  76
  Lettonie Lettonie d'abord (LPV) Mouvement politique chrétien européen Aucun
1  /  8
  Pays-Bas Parti pour la liberté (PVV) Parti Identité et démocratie Identité et démocratie
6  /  31
  Portugal Chega Parti Identité et démocratie Aucun[n 2]
2  /  21
  Tchéquie ANO 2011 ALDE[n 3]
Aucun
Renew Europe
7  /  21
Přísaha a Motoristé (PaM) Aucun Aucun
2  /  21
  Union européenne Total
84  /  720

Notes et références

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  1. Le KNDP a quitté le PPE après que le groupe du PPE a décidé d'admettre en son sein le parti Tisza. Après la création de l'alliance Patriotes pour l'Europe, le KDNP a décidé de la rejoindre.
  2. Membre du parti ID, Chega n'a gagné aucun siège lors des Élections européennes de 2019. Après les Élections européennes de 2024, le parti a gagné deux députés, décidant de rejoindre le PfE
  3. ANO 2011 a annoncé son départ de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe et du groupe Renew Europe le 21 juin 2024 en raison de la déclaration de son dirigeant Andrej Babiš estimant qu'ANO ne serait pas en mesure de suivre son son programme dans sa famille politique européenne actuelle. ANO a réfléchi à rejoindre d'autres groupes parlementaires européens après son départ, avant de négocier avec succès la création de l'alliance Patriotes pour Europe avec le Fidesz and le FPÖ.

Références

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  1. Matthieu Quentin, « Elections européennes : vers un nouveau groupe d’extrême droite mené par Viktor Orbán au Parlement européen ? »  , sur touteleurope.eu, (consulté le )
  2. a b et c Rose Amélie Becel, « Patriotes pour l’Europe : quatre questions sur ce groupe politique du Parlement européen, présidé par Jordan Bardella », Public Sénat,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a et b « Parlement européen : Jordan Bardella va prendre la tête du nouveau groupe nationaliste « Patriotes pour l’Europe » », Valeurs actuelles, (consulté le )
  4. a et b « UE : Viktor Orbán veut former un nouveau groupe parlementaire européen », (consulté le )
  5. (en) « Spain's far-right Vox quits ECR to join Orban's new European Parliament group », sur Reuters.com, (consulté le )
  6. (en) « PVV joins new radical right-wing alliance "Patriots for Europe" in Brussels », sur NL Times, (consulté le )
  7. a et b (en) « Viktor Orbán’s rightwing group hits quota for recognition by EU parliament », sur TheGuardian, (consulté le )
  8. « Le Vlaams Belang rejoint le nouveau groupe parlementaire des "Patriotes pour l'Europe" », sur LaLibre.be, (consulté le )
  9. (en) Aitor Hernández-Morales, « Portugal’s Chega party to join Orbán’s new far-right alliance », sur Politico.eu, (consulté le )
  10. (en) Gerardo Fortuna, « Far-right Patriots group springs to third force in European Parliament »  , sur euronews.com, (consulté le )
  11. « Parlement européen : le RN rejoint le nouveau groupe souverainiste de Viktor Orban »  , sur SudOuest.fr, (consulté le )
  12. (it) Matteo Salvini, « Tweet de Matteo Salvini », sur X.com, (consulté le )
  13. a et b Romain Herreros, « Le groupe présidé par Jordan Bardella au Parlement européen torpille la « normalisation » du RN », sur Le HuffPost, (consulté le )
  14. a et b Alain Guillemoles, « L’extrême droite à la manœuvre au Parlement européen », sur La Croix, (consulté le )
  15. a et b Vincent Georis, « Jordan Bardella rafle la présidence des Patriotes pour l'Europe », L'Écho,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Valentin Ledroit, « Les groupes du Parlement européen : l’Europe des Nations Souveraines (ENS) »  , sur Toute l'Europe,
  17. « Homophobe, raciste, pro-Mussolini : le super vice-président de Bardella au Parlement européen », Libération, (consulté le )
  18. « Au Parlement européen, le cordon sanitaire contre l'extrême droite va-t-il céder? », sur RFI, (consulté le )
  19. Valérie de Graffenried, « Les Patriotes pour l’Europe n’auront pas le poids qu’ils espèrent au Parlement européen », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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Articles

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