Fonderie Thiébaut Frères

atelier de fonderie d'art française
Fonderie Thiébaut Frères
Histoire
Fondation
Dissolution
Cadre
Type
Siège
Pays
Organisation
Directeur

La fonderie Thiébaut Frères fut l’une des plus importantes fonderies d’art en France[1] durant les XIXe et XXe siècles. Leurs réalisations sont visibles dans le monde entier.

Particulièrement présentes en France, les fontes des ateliers Thiébaut Frères ornent des dizaines de places et jardins parisiens, parmi lesquels, la place de la République, la place de la Nation ou la place Vendôme.

Histoire modifier

 
Les statues en bronze composant le Monument à la République de Charles Morice ont été réalisées par la fonderie Thiébaut Frères.

Après y être entré comme apprenti en 1775, Charles Cyprien Thiébaut (1769-1830) débute l'activité de fondeur de la famille Thiébaut, lorsqu'il prend en 1787 la direction de l'entreprise où il travaille, et en 1789 s'installe rue du Ponceau à Paris. À cette époque, il produit principalement des objets décoratifs et utilitaires comme des boucles de chaussure. Son fils et son petit-fils vont fortement développer la société.

Associé avec son fils aîné Charles Antoine Floréal (1794-1871) sous le nom Thiébaut et Fils, il créera l'activité de fabrication de cylindres en cuivre pour l'impression de toiles peintes. C'est une première étape vers des objets de caractère artistique et réclamant un grand savoir-faire. En 1823, Charles Cyprien laisse la direction à Charles Antoine Floréal. La société Thiébaut et Fils prend alors le nom Thiébaut Aîné[2],[3],[4],[5].

Ce dernier accentuera la diversification vers des objets réclamant une grande précision et maitrise des matériaux : pièces pour machines à vapeur et bateaux transatlantiques par exemple. En 1839, il obtient une médaille d'or pour le perfectionnement de ses cylindres d'impression car il substitue un cuivre légèrement allié, pour être plus dur, au cuivre rouge d'origine. En 1844, on lui décerne un rappel de sa médaille d'or pour le perfectionnement incessant de son outillage et l'accroissement de sa gamme[6]. Cette même année 1844, il s'associe à ses fils Victor (1823-1888) et Edmond (1828-1848), à nouveau sous le nom de Thiébaut et Fils. C'est à cette période qu'il se lance dans l’exécution d’objets d’art livrés bruts de fonderie[2],[3],[4],[5].

En 1849, Charles Antoine Floréal, fils du fondateur, se retire et confie les rênes de la fonderie familiale à son dernier fils, Victor Thiébaut (1823-1888)[7]. En 1851, celui-ci inaugure une fonderie spécifiquement destinée à la fonte de bronzes d'art suivant la technique de la fonte au sable.

La fonderie Thiébaut Frères (aussi appelée Thiébaut et Fils) s'est spécialisée dans les œuvres artistiques monumentales, les statues et les médaillons, mais aussi dans la production de vases, de coupes et d'accessoires pour cheminées.

Au fil des années, la renommée de cette fonderie a permis à l’entreprise de concevoir des œuvres de plus en plus importantes, en collaboration avec des artistes prestigieux. En 1860, Thiébaut Frères réalise sa première œuvre parisienne : les fontes de L'Agriculture et Le Travail de Charles Gumery pour une des fontaines du square Émile-Chautemps. En 1861, Thiébaut Frères réalise une œuvre monumentale pour la ville de Paris : le groupe de bronze Saint Michel terrassant le Démon de Francisque Duret pour la fontaine Saint-Michel.

En 1863, une autre œuvre monumentale est installée au cœur de la Capitale : Victor Thiébaut réalise la fonte de la statue sommitale de Napoléon 1er d'Auguste Dumont pour la colonne Vendôme. La statue est abattue en 1871 puis restaurée en 1875 par la fonderie d’art Thiébaut Frères. Entre 1864 et 1870, Victor Thiébaut réalise de nombreuses œuvres monumentales à Paris, parmi lesquelles Le Triomphe de la République de Jules Dalou sur place de la Nation, le Monument à Jeanne d’Arc d'Emmanuel Frémiet sur la place des Pyramides, les Lionnes du Sahara au palais du Louvre, de nombreuses œuvres présentes dans le jardin du Luxembourg, le jardin des Tuileries, le jardin des Plantes, sur de nombreuses places…

En 1878, la fonderie d'art Thiébaut Frères réalise la fonte du groupe Charlemagne et ses Leudes de Charles et Louis Rochet, installé sur parvis Notre-Dame - place Jean-Paul-II.

Victor Thiébaut mourant en 1888, il laisse alors à ses fils Victor et Jules les commandes de l’entreprise familiale.

Une des œuvres les plus connues réalisées par la société est la réplique de la Statue de la Liberté, installée à l'extrémité de l'île aux cygnes, inaugurée par le président Sadi Carnot le , en présence de Victor Thiébaut Jeune et Jules Thiébaut.

En 1899, le groupe du Triomphe de la République de Jules Dalou érigé au centre de la place de la Nation est en majeure partie réalisé par la fonderie Thiébaut Frères[8]. C'est le plus grand monument en bronze de la ville.

Victor Thiébaut devient progressivement aveugle et confie son activité à ses trois fils en 1870. Victor (1849-1908), Jules (1854-1898), et Henri (1855-1899) déménagent la fonderie au no 32 de l'avenue de Villiers à Paris en 1877, avant d'ouvrir un magasin avenue de l'Opéra. Sous leur direction, l’entreprise participe à de nombreuses expositions, parmi lesquels l'Exposition universelle de 1878. La fonderie réalise aussi de nombreuses œuvres monumentales que l'on retrouve aujourd'hui encore aux quatre coins du monde.

En 1898, Auguste Rodin signe avec la fonderie les contrats d’édition pour son Saint Jean Baptiste et sa Jeunesse triomphante en plusieurs dimensions. Après la mort de ses deux frères, Victor Thiébaut jeune vend sa société à Gasne en 1901[9],[10],[11].

Œuvres modifier

 
Auguste Bartholdi, La Liberté éclairant le monde, réduction, Paris, île aux cygnes, réalisation de la fonderie Thiébaut Frères.
 
Laurent Marqueste, Monument à Étienne Marcel, hôtel de ville de Paris.
 
Jules Dalou, Le Triomphe de la République, place de la Nation à Paris. La majorité du monument été fondu par Thiébaut Frères (la figure de la Justice, à droite, fut fondue par Pierre Bingen).
 
Emmanuel Frémiet, Monument à Jeanne d’Arc, place des Pyramides à Paris.
 
Charles et Louis Rochet, Charlemagne et ses Leudes, parvis Notre-Dame à Paris.

À Paris modifier

 
D'après Jean-Baptiste Carpeaux, Portrait de Victor Thiébaut, en 1862[12], localisation inconnue.

Cette liste comprend une partie des œuvres fondues par Victor Thiébaut et de ses fils[13].

En France modifier

Cette liste comprend une partie des œuvres fondues par Victor Thiébaut et de ses fils[13].

 
Louis-Philippe Hébert, Monument à Maisonneuve, Montréal.

En Algérie modifier

Plusieurs statues fondues par Victor Thiébaut font partie du patrimoine algérien. Certaines trônent encore au centre de villes comme Oran (« Femme ailée » par Dalou, sur la Place d’Armes) et Jijel (« Pêcheur raccommodant son filet » par Guglielmi, face à l’Hôtel de Ville). D’autres ont été déplacées vers la périphérie : « Monseigneur de la Vigerie » par Falguière, à Biskra. D’autres enfin ont été rapatriées en 1962 : « Thiers » par Guilbert, de Annaba à Saint-Savin ; « Maréchal Valée » par Gustave Crauk, de Constantine à Brienne-le-Château ; «Sergent Blandan » par Gauthier, de Boufarik  à Nancy.

Dans le reste du monde

Cette liste comprend une partie des œuvres fondues par Victor Thiébaut et de ses fils[13].

Galerie modifier

Collaborateurs de notoriété modifier

Notes et références modifier

  1. « "THIEBAUT FRÈRES" | Une des plus grandes fonderies françaises d'art. », sur www.thiebautfreres.com (consulté le )
  2. a et b Archives de la fonderie Thiébaut rassemblées par Georges Thiébaut (1907-2001).
  3. a et b Documentation familiale, provenant pour l'essentiel de Victor Eugène Thiébaut (1875-1963) qui a assumé la liquidation de la fonderie. Bibliothèque familiale du Château de Brou à Brou-sur-Chantereine .
  4. a et b Elisabeth Lebon, Dictionnaire des fondeurs de bronze d'art : France 1890-1950, Perth, Marjon éditions, , 291 p. (ISBN 978-0-9750200-0-5 et 0-9750200-0-5), p. 291
  5. a et b notes extraites de La petite sculpture d'édition au XIXe siècle, thèse présentée en 1944 par C.B. Metman pour le diplôme de l'École du Louvre.
  6. À cette époque, les aciers inoxydables n'étaient pas encore inventés et les seuls métaux non précieux résistant un peu à la corrosion étaient le cuivre et ses alliages, laiton et bronze.
  7. Histoire de la Fonderie Thiébaut, notes recueillies par C.B. Metman. Notes extraites de La petite sculpture d'édition au XIXe siècle, thèse présentée pour le diplôme de l'École du Louvre.
  8. Dalou souhaitait réaliser l'ensemble du monument en bronze à cire perdue avec Pierre Bingen, mais devant l'ampleur de la tâche, seules quelques figures furent fondues suivant cette technique et le reste du groupe a été confié à Thiébaut Frères qui l'a fondu au sable.
  9. Élisabeth Lebon, Répertoire, INHA, (lire en ligne)
  10. « La valeur d'un bronze (27) : Cheval percheron de Barye », sur www.damiencolcombet.com (consulté le )
  11. « Musée d'Orsay: Notice d'Artiste », sur www.musee-orsay.fr (consulté le ).
  12. Un exemplaire en bronze de l'œuvre de Carpeaux est conservé à Beauvais au musée de l'Oise (« Portrait de Victor Thiébaut, en 1862 », notice sur mudo.oise.fr).
  13. a b et c « Résultats de recherche », sur e-monumen.net (consulté le )
  14. « Thiébaut Frères (Fondeurs) », sur hemthieb.free.fr (consulté le )
  15. « Buste d’Allan Kardec – Division 44 – Cimetière du Père Lachaise – Paris (75020) », sur e-monumen.net (consulté le )
  16. Bulletin administratif n°9, septembre 1929, pp.887-888, de la promotion de l'école d'Angers

Annexes modifier

Liens externes modifier

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