Offensive Dniepr-Carpates

offensive soviétique de décembre 1943 à avril 1944
(Redirigé depuis Opération Dniepr-Carpates)

L’offensive Dniepr-Carpates est une offensive stratégique menée du au par les 1er, 2e, 3e et 4e fronts d'Ukraine et le 1er front de Bielorussie contre le groupe d'armées Sud, dans le but de reprendre les territoires d'Ukraine et de Moldavie occupés par les forces de l'Axe. Cette opération amène l'Armée rouge aux portes de la Roumanie et de la Pologne, détruisant 18 divisions allemandes et roumaines et en réduisant 68 autres à moins de la moitié de leur effectif.

Offensive Dniepr-Carpates
Description de cette image, également commentée ci-après
Les avancées soviétiques en 1943-44.
Informations générales
Date du au
Lieu Ukraine (URSS)
Issue Victoire soviétique décisive
Belligérants
Drapeau de l'URSS Union soviétique
Drapeau de la Roumanie Royaume de Roumanie (divisions Alliées)
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Drapeau de la Roumanie Royaume de Roumanie (armée du régime Antonescu)
Commandants
Drapeau de l'URSS Nikolaï Vatoutine
Drapeau de l'URSS Georgi Zhukov
Drapeau de l'URSS Ivan Konev
Drapeau de l'URSS Rodion Malinovsky
Drapeau de l'URSS Fiodor Tolboukhine
Drapeau de l'URSS Konstantin Rokossovsky
Drapeau de l'URSS Lev Vladimirsky
Drapeau de la Roumanie Nicolae Cambrea
Drapeau de la Roumanie Mihail Lascăr
Drapeau de l'Allemagne Erich von Manstein
Drapeau de l'Allemagne Hans-Valentin Hube
Drapeau de l'Allemagne Walther Model
Drapeau de l'Allemagne Karl-Adolf Hollidt
Drapeau de l'Allemagne Maximilian de Angelis
Drapeau de l'Allemagne Erhard Raus
Drapeau de l'Allemagne Otto Wöhler
Drapeau de la Roumanie Petre Dumitrescu
Drapeau de la Roumanie Ioan Mihail Racoviţă
Forces en présence
2 406 100 hommes (initialement[1]) inconnues
Pertes
270 198 tués ou disparus
839 330 blessés
7 532 canons et mortiers
4 666 chars perdus
676 avions abattus[1]
41 907 tués
51 161 disparus
250 896 blessés[2]

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Front de l’Est
Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Contexte historique

modifier
 
Carte de la bataille du Dniepr, 1943
(carte établie par les services de l'armée des États-Unis).

Dans le cadre de la bataille du Dniepr à l'automne 1943 qui permet de libérer la rive gauche et l'Est de l'Ukraine et de percer les positions de la 17e armée allemande en Crimée, plusieurs têtes de pont soviétiques sont établies à travers le Dniepr, qui seront le fer de lance de l'offensive.

La Wehrmacht se retrouve désavantagée par la directive no 51 de Hitler qui donne l'ordre de rester sur la défensive, les renforts allemands futurs étant déployés en Europe de l'Ouest occupée afin de contrer l'invasion anglo-américaine, attendue de pied ferme[3].

Ordre de bataille

modifier

Groupe d'armées Sud d'Erich von Manstein comprenant :

Groupe d'armées A d'Ewald von Kleist comprenant :

S'ajoutait également la 1re armée hongroise d'István Náday (en) maintenue en réserve par von Manstein ainsi qu'un soutien aérien de la Luftflotte 4 de la Luftwaffe.

1er front ukrainien (Nikolaï Vatoutine) :

2e front ukrainien (Ivan Konev) :

Les 5e armée de la Garde, la 2e armée blindée de la Garde sont par ailleurs maintenues en réserve.

3e front ukrainien (Rodion Malinovski) :

La 6e armée soviétique est par ailleurs maintenue en réserve.

4e front ukrainien (Fiodor Ivanovitch Tolboukhine) :

L'offensive

modifier

Première phase

modifier

Elle peut se diviser en cinq offensives.

 
Forces blindées soviétiques progressant vers Jytomyr, .
 
soldats allemands devant un T-34.

Lancée le par le 1er front ukrainien de Nikolaï Vatoutine, elle vise à percer les positions de la 4e Panzer-Armee au sud de Kiev. Manstein tente de contre-attaquer avec Raus mais échoue en raison de l'absence de renforts. Le , il demande à Hitler la permission de battre en retraite mais ce dernier refuse, lui demandant de tenir ses positions.

Le , les Soviétiques prennent Koziatyn après plusieurs heures de combat. Korosten tombe le 29 et Jytomyr le 31. Berdytchiv se retrouve alors encerclée par l'Armée rouge et les renforts allemands dans le secteur sont stoppés par l'offensive de Kirovohrad.

Selon les rapports soviétiques, 2 204 panzers furent détruits et 100 000 soldats allemands tués ainsi que 7 000 autres capturés[4].

 
Tombes des victimes de l'occupation nazie à Kropyvnytskyï

Le 2e front ukrainien d'Ivan Konev lance une offensive en direction de Kirovograd le permettant de stopper le IIIe Panzer-Korps tentant de renforcer la 4e Panzer-Armee attaquée par Vatoutine. Manstein demande une nouvelle fois à Hitler la permission de battre en retraite, mais celle-ci lui est encore refusée.

Les troupes de Vatoutine continuent d'attaquer sur l'aile gauche allemande, progressant en direction de Lviv et de Ternopil, coupant la liaison entre le groupe d'armées Centre et le groupe d'armées Sud allemands ; par ailleurs ce dernier, dont l'aile droite est encore sur le Dniepr, est dangereusement étiré, un saillant étant apparu autour de Korsun.

 
Équipement militaire allemand détruit après la prise de Korsoun.
 
Canon anti-char soviétique.

Les Soviétiques déplacent ainsi leur effort principal plus au sud en attaquant de part (à l'ouest : 1er front ukrainien contre 1re Panzer-Armee) et d'autre (à l'est : 2e front ukrainien contre 8e Armee) de la base de ce saillant le . Les troupes soviétiques font rapidement leur jonction, encerclant au moins 60 000 hommes.

Débute alors une féroce bataille, surnommée « Petit Stalingrad », qui prend fin le , jour où le saillant est évacué par une contre-offensive allemande venue du sud. Environ 30 000 hommes échappent ainsi à l'encerclement mais en abandonnant leur armement lourd, tandis que 18 000 autres ont été faits prisonniers par les Soviétiques.

Lancée par le 3e front ukrainien contre le groupe d'armées A d'Ewald von Kleist, elle mène à la destruction du saillant autour de Nikopol et de Krivoi Rog, encerclant les défenseurs allemands et mettant un terme aux opérations minières de la Wehrmacht dans le secteur, nécessaires à son effort de guerre[5].

L'offensive est cependant ralentie à la fin , les Soviétiques préparant les plans de la seconde phase de l'offensive Dniepr-Carpates, à plus grande échelle que la première phase[6].

Seconde phase

modifier

Elle peut se diviser en 5 offensives, tout comme la première phase.

 
Troupes soviétiques en Ukraine, 1944.

Après le ralentissement de la progression soviétique à la fin février, l'Oberkommando des Heeres, commandement suprême de la Heer, armée de terre de la Wehrmacht, pensait que toute offensive soviétique supplémentaire dans ce secteur serait improbable. Cependant les Soviétiques planifient une offensive, avec six armées blindées stationnées en Ukraine[7]. Le , l'offensive est lancée par le 1er front ukrainien de Gueorgui Joukov avec un barrage d'artillerie intense, prenant les Allemands par surprise. En raison du terrain très boueux, les troupes allemandes ne peuvent rester mobiles et les Soviétiques disposent d'un grand nombre de blindés et de camions de transport, leur donnant un avantage certain qui aura raison de la défense allemande.

Selon les rapports soviétiques, les Allemands et les Roumains ont perdu 183 310 hommes, 24 950 capturés et 2 187 chars mis hors de combat[8]. Les pertes soviétiques étaient quant à elles estimées à 220 000 tués, 180 000 blessés et 71 000 disparus.

 
Les plans soviétiques lors de l'offensive d'Ouman-Botoșani.

Le , Ivan Koniev lance l'offensive, avançant rapidement et coupant les lignes de ravitaillement de la 1re Panzer-Armee après avoir capturé Tchortkiv le . Le , le 2e front ukrainien neutralise deux Panzer-Korps lors de la prise d'Ouman[9].

Elle est lancée le , alors que le maréchal soviétique Fiodor Ivanovitch Tolboukhine avait été détaché afin de lancer les préparatifs de la libération de la Crimée qui aura lieu en avril-.

La 1re Panzer-Armee, à présent commandée par le général allemand Hans-Valentin Hube, se retrouve totalement encerclée le et établit des positions défensives de style « forteresses ». Les lignes de défense allemandes parviennent à tenir jusqu'à l'arrivée de renforts du IIe SS-Panzer-Korps, premier transfert de troupes sur le front de l'Est depuis la directive no 51 du Führer.

Les services de renseignement militaires soviétiques ignoraient totalement l'arrivée du IIe SS-Panzer-Korps. Les troupes allemandes se déploient alors plus à l'ouest, contrairement aux plans soviétiques qui prévoyaient que ces dernières se seraient avancées au sud, consolidant leurs positions avec la 4e Panzer-Armee. Malgré ce succès limité, Hitler blâme ses généraux pour le succès stratégique de l'offensive soviétique et limoge Manstein et von Kleist, commandants respectivement du groupe d'armées Sud et du groupe d'armées A, les remplaçant respectivement par Walter Model et Ferdinand Schörner et les renommant en Groupe d'armées Nord Ukraine et Groupe d'armées Sud Ukraine, indiquant son intention de reprendre les territoires perdus.

Selon les rapports soviétiques, entre les 6 et , l'Allemagne a perdu 36 800 soldats durant cette offensive ainsi que 13 859 capturés et 275 chars détruits[10].

Au sud de l'Ukraine, le 3e front ukrainien progresse vers Odessa et la Transnistrie sous contrôle roumain. Après trois jours de combats acharnés, la 8e armée de la Garde avance de 8 kilomètres et perce les positions de la 6e armée allemande. Cette dernière, malgré l'ordre de Hitler interdisant toute retraite, se replie derrière le Boug méridional le , échappant de ce fait à l'encerclement soviétique. Le , des lignes défensives improvisées sont établies. Une semaine plus tard, le , sous les assauts incessants de l'Armée rouge, les Allemands abandonnent leurs positions.

Offensive Odessa

modifier
 
Mémorial d'Odessa.

À partir du , le 3e front ukrainien est en mesure de lancer une offensive sur Odessa, opération finale de l'offensive[9]. Le 2 avril 1944, la 8e armée de la Garde de Vassili Tchouïkov et la 46e armée soviétique attaquent les défenseurs allemands malgré la tempête de neige. Le , les derniers soldats allemands sont isolés à Odessa et refoulés derrière le Dniestr. Les Allemands présents dans la ville se rendent aux Soviétiques le . L'Armée rouge pénètre alors à proprement parler en Roumanie.

Selon les rapports soviétiques, entre le 25 mars et le , les pertes du Reich et de la Roumanie s'élevaient à 26 800 soldats tués, 10 680 autres capturés et 443 chars détruits[11].

Conséquences

modifier

Les opérations ainsi que la libération de la Crimée infligent de lourdes pertes aux armées roumaine et allemande stationnées en Ukraine. Les lourdes pertes et la proximité des Soviétiques aux frontières roumaines poussent la Roumanie à engager des pourparlers de paix en secret à Moscou avec le gouvernement de l'URSS.

Reconquêtes soviétiques

modifier

Les oblasts de Vinnytsia, Volhynie, Jytomyr, Kiev, Kirovohrad, Rivne, Khmelnitski et une partie de celui de Poltova ainsi que la RSS moldave sont libérés, soit un territoire total de 204 000 km2.

Analyse moderne

modifier

Cette offensive n'est pas reconnue comme une grande victoire par les historiens occidentaux, qui portent plus d'intérêts aux petits succès de la 1re Panzer Armee, en particulier lors de la bataille de la poche de Kamianets-Podilskyï[7]. Après la fin de la guerre, certains des commandants soviétiques impliqués sont disgraciés et Staline fait supprimer la plupart des références à l'opération[7].

Notes et références

modifier
  1. a et b (en) David Glantz, When Titans Clashed: How the Red Army Stopped Hitler (ISBN 0-7006-0899-0), p. 298.
  2. (de) Karl-Heinz Frieser, Das deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg Band 8 (ISBN 978-3-421-06235-2), p. 447.
  3. (en) John Keegan, Kursk and the Recapture of Western Russia. The Second World War, Harmondsworth, Middlesex, Penguin Books, Ltd, 1989 (ISBN 0-14-011341-X), p. 467.
  4. (ru) « 16 Января 1944 - От Советского Информбюр », 9may.ru, consulté le 19 mars 2013.
  5. (en) John Keegan, Kursk and the Recapture of Western Russia. The Second World War, Harmondsworth, Middlesex, Penguin Books, Ltd, 1989, p. 476.
  6. (en) H.P. Willmot, The Great Crusade: A New Complete History of the Second World War, New York, The Free Press (ISBN 0-02-934715-7), p. 372.
  7. a b et c (en) H.P. Willmott, The Great Crusade: A New Complete History of the Second World War, New York, The Free Press, p. 374.
  8. (ru) « 04 Апреля 1944 - От Советского Информбюро », 9may.ru, consulté le 20 mars 2013.
  9. a et b (en) H.P. Willmott, The Great Crusade: A New Complete History of the Second World War, New York, The Free Press, p. 373.
  10. (ru) « 18 Марта 1944 - От Советского Информбюро », 9may.ru, consulté le 20 mars 2013.
  11. (ru) « 15 Апреля 1944 - От Советского Информбюро », 9may.ru, consulté le 20 mars 2013.

Articles connexes

modifier