Diaspora roumaine en France

Les expressions Roumains de France ou diaspora roumaine en France désignent des personnes nées en Roumanie (ou descendant de parents nés en Roumanie) et vivant en France.

Roumains de France

Populations importantes par région
Population totale 120 000 personnes (2019[1])
Autres
Langues français, roumain
Religions christianisme orthodoxe, judaïsme, minorités catholiques et protestantes.

Typologie

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Les Roumains de France peuvent avoir des statuts différents à la fois par l'état civil et par la situation socio-économique :

  • selon l'état civil, on distingue[2] :
    • les citoyens français, qui le sont devenus par naturalisation ou bien qui sont nés français de parents naturalisés avant leur naissance ; en outre, un nombre bien supérieur mais difficile à estimer de citoyens français a aussi des racines roumaines plus lointaines, parfois sans le savoir ;
    • les citoyens roumains travaillant ou passant leur retraite en France sans avoir été naturalisés, avec un titre de séjour de durée déterminée ou indéterminée ;
  • selon la situation socio-économique, la diaspora roumaine comprend[3] :
    • des communautés anciennes et le plus souvent d'un niveau social élevé, intégrées depuis des décennies (et arrivées en France pour des raisons le plus souvent politiques, religieuses ou intellectuelles, soit pour fuir les persécutions des dictatures du passé, par exemple la Shoah en Roumanie ou la « terreur rouge » du régime communiste de Roumanie, soit pour y faire des études ou une carrière artistique, universitaire, scientifique, médicale ou technique qu'ils n'auraient pas pu faire en Roumanie ; en raison des bas salaires roumains, cette « fuite des cerveaux » n'a d'ailleurs pas cessé après la fin de la dictature en 1989 ;
    • de nombreux actifs arrivés depuis l'ouverture du rideau de fer, et dont l'immense majorité sont des ouvriers agricoles, industriels et du BTP, ou encore du personnel d'entretien, pour beaucoup saisonniers ou en CDD avec des titres de séjour de durée conforme aux contrats, mais qui peut être prolongée pour ceux qui trouvent des CDI ou qui fondent des familles avec des conjoints français, ce qui est assez fréquent car ces actifs sont généralement jeunes et les cultures française et roumaine sont proches ; à titre d'exemple, plus de 4 000 médecins roumains (sur 26 000 médecins étrangers) viennent combler les « déserts médicaux » en France[4] ;
    • et une minorité très peu nombreuse, mais très largement médiatisée, de personnes en situation de marginalité sociale et économique, qui ont pu se livrer au recyclage de matériaux abandonnés en décharge ou ailleurs, à la mendicité ou parfois à la délinquance[5].

Histoire

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Évolution du nombre de citoyens roumains vivant en France (2014-2017), d'après Paula Baciu sur VoxEurop/EDJNet, 2018.
 
Patronnée par Alphonse de Lamartine, la « Société des étudiants roumains » défile à Paris en 1848, pendant le « printemps des peuples », avec le tricolore bleu-jaune-rouge portant les mentions Dreptate, Frăție (« Équité, Fraternité »): reproduction d'une aquarelle de Costache Petrescu.

En tant que « Moldo-Valaques » ou bien comme sujets des empires austro-hongrois (cas des bucoviniens et des transylvains), russe (cas des bessarabiens) ou turc (cas des dobrogéens), les roumains sont signalés en France au XIXe siècle. Les premières vagues comprennent des réfugiés politiques fuyant la répression des révolutions roumaines de 1821 et de 1848 ainsi que des étudiants issus de la noblesse roumaine, mais aussi de la bourgeoisie, acteurs de la renaissance culturelle roumaine, envoyés étudier à Paris, notamment au lycée Louis-le-Grand et à la Sorbonne. En 1846, se créait sous le patronage de Lamartine, la « Société des étudiants roumains ». De grands noms roumains en firent partie, comme Mihail Kogălniceanu, Constantin Alexandru Rosetti, Alexandru G. Golescu, Ștefan Golescu et Nicolae Golescu, Ion Brătianu et Dimitrie Brătianu. Jules Michelet et Edgar Quinet virent se presser les étudiants roumains dans leurs cours du Collège de France[6]. La plupart furent, en outre, affiliés à la loge l'« Athénée des Étrangers »[7],[8],[9] : des exemples typiques sont Nicolae Bălcescu ou Ion Ghica. La quasi-totalité de ces premières vagues retournera en Roumanie lors de la création de celle-ci.

À partir de 1880, avec la multiplication des pogroms antisémites en Russie, dont ceux de Chișinău, des juifs bessarabiens (ashkénazes de langue yiddish) arrivent aussi en France et, dans leur sillage, les premiers juifs roumains[10],[11], pour partie d'anciens « arendaches » (affermeurs des domaines agricoles de la noblesse roumaine) marginalisés par la modernisation économique de l'agriculture roumaine avec l'essor des chemins de fer[12].

Le développement de la classe moyenne en Europe permet ensuite, à la « Belle Époque », à davantage de familles urbaines roumaines d'envoyer leurs enfants étudier en France, et certains de ceux-ci y font souche. Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914 et 1915 alors que le Roumanie est encore neutre (elle rejoint les Alliés en 1916) une partie de ces étudiants roumains en France s'engage dans les troupes françaises. Durant la Seconde Guerre mondiale, alors que la Roumanie et la France métropolitaine se trouvent toutes deux dans la sphère d'influence nazie et gardent des relations cordiales, plusieurs types de citoyens roumains se réfugient en France :

Après la Seconde Guerre mondiale, c'est la répression communiste qui est la principale cause d'exil de Roumains en France (et ailleurs). Les premiers ciblés par la police politique communiste au nom de la lutte des classes, et donc les premiers à arriver, sont les membres de l'ancienne élite roumaine (protipendada, du grec « les cinq premiers » [rangs]) : la France accueille surtout des lettrés, le Royaume-Uni et les États-Unis surtout des scientifiques et ingénieurs, l'Italie des artistes. Ce « premier exil » date des 34 premiers mois du régime communiste de Roumanie, alors que le Parti communiste roumain avait déjà pris le pouvoir (le ) grâce à l'occupation soviétique (depuis le ), mais que la Roumanie était toujours une monarchie dont les frontières n'avaient pas encore été fermées. On y trouve des personnalités, des politiciens, des gens riches, d'anciens officiers ou intellectuels qui ont poursuivi leurs vies en Occident sans avoir connu la vie à l'est du rideau de fer. Après la fermeture de la frontière, durant les décennies suivantes, il fallait risquer sa vie pour réussir à s'échapper à travers les chicanes de ce dernier.

Durant la guerre froide, les Roumains ayant réussi l'aventure, provenant de toutes les couches de la société roumaine, étaient considérés comme des héros dans la diaspora, mais comme des traîtres par le régime (parmi eux, on peut citer Radu Câmpeanu). Plus tard, dans les années 1960 et 70, l'état communiste a commencé à « vendre » les candidats à l'exil, en réclamant, pour accorder des visas de sortie aux demandeurs, des taxes en devises fortes aux « répondants » d'Occident au prorata du niveau d'instruction.

Enfin, au cours des années 1980, il y eut une dernière « vague » de fuyards, dont les motivations n'étaient pas seulement les persécutions sociales ou idéologiques, mais aussi la dégradation globale de la situation pour le plus grand nombre sous la gouvernance des époux Ceaușescu[15]. Même des membres de la nomenklatura firent défection (parmi eux, on peut citer Ion Mihai Pacepa, qui se réfugia aux États-Unis mais séjourna aussi en France[réf. souhaitée].

Personnes connues d'ascendance roumaine ayant vécu ou vivant en France

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Artistes

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Cinéma et télévision

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Littérature

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Musique

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Politique

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Articles connexes

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Notes et références

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  1. « Présentation de la Roumanie », sur Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, (consulté le ).
  2. Source : « Country and Comparative Data » in : Migration Policy Institute - [1] du 4 septembre 2009]
  3. Paula Baciu, (ro) What brings Romanians to the streets - [2] du 11 septembre 2018 sur VoxEurop/EDJNet.
  4. Anne-Laure Lebrun, article « Médecins étrangers : ce ne sont pas des envahisseurs » in : Pourquoi docteur ? - [3] du 13 octobre 2017.
  5. Cette minorité marginale est non seulement très médiatisée, mais elle est même devenue un outil électoral pour des hommes politiques français, comme en témoignent les déclarations du député Lionnel Luca dans Var Matin no 22793, , page 4, rubrique Questions à..., du ministre Manuel Valls sur [4] ou encore du président de la République Nicolas Sarkozy sur [5] le .
  6. « Quand Napoléon III suscita la naissance de la Roumanie », sur napoleon.org.
  7. Daniel Ligou, Dictionnaire de la Franc-maçonnerie, Paris, P.U.F., .
  8. D.G.R. Șerbănescu, La Franc-maçonnerie en Roumanie, Paris, éd. "lettres M", (lire en ligne).
  9. Daniel Beresniak, la Franc-maçonnerie en Europe de l'Est, Ed. Du Rocher, (ISBN 2-268-01251-4), p. 101-121
  10. (ru)ВТ-ЭСБЕ|Александр III
  11. (ru) « Антисемитизм в России как одна из причин возникновения национального еврейского движения » [archive du ], sur Методические материалы по истории сионизма, Сохнут (consulté le )
  12. « Arenda| Jewish Virtual Library », sur www.jewishvirtuallibrary.org (consulté le )
  13. Numerus clausus dans le domaine médical, l’enseignement et les universités, expropriation des domaines fonciers appartenant aux Juifs, le pour les domaines agricoles et le pour les domaines forestiers, puis des compagnies de transport fluvial et maritime le  : Keith Hitchins, (en) Romania 1866-1947, p. 484, Clarendon Press 1994
  14. Traian Vuia a habité Garches de 1921 à 1946, et forma en 1943 dans Paris occupé un groupe de résistants d'origine roumaine appelé Front national franco-roumain et publiant un journal clandestin : România liberă / La Roumanie libre : George Lipovan, (ro) Traian Vuia - un pionier al aviației moderne, ed. Facla, Timișoara 1972
  15. Edward Behr, (en) Kiss the Hand You Cannot Bite : The Rise and Fall of the Ceaușescus, Villard Books, 1991, (ISBN 9780679401285).