Charles Dupuy
Charles Dupuy, né le au Puy-en-Velay et mort le à Ille-sur-Têt, est un homme d'État français. Il occupe à plusieurs reprises la fonction de président du Conseil sous la IIIe République, entre 1893 et 1899. Il est également président de la Chambre des députés de 1893 à 1894.
Charles Dupuy | |
Charles Dupuy en 1894. | |
Fonctions | |
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Président de la Chambre des députés | |
– (5 mois et 25 jours) |
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Législature | VIe |
Prédécesseur | Jean Casimir-Perier |
Successeur | Jean Casimir-Perier |
Président du Conseil des ministres français et ministre de l'Intérieur | |
– (7 mois et 11 jours) |
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Président | Félix Faure Émile Loubet |
Gouvernement | Dupuy IV et V |
Législature | VIIe |
Prédécesseur | Henri Brisson |
Successeur | Pierre Waldeck-Rousseau |
– (7 mois et 16 jours) |
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Président | Sadi Carnot Jean Casimir-Perier |
Gouvernement | Dupuy II et III |
Législature | VIe |
Prédécesseur | Jean Casimir-Perier |
Successeur | Alexandre Ribot (président du Conseil) Georges Leygues (Intérieur) |
– (7 mois et 19 jours) |
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Président | Sadi Carnot |
Gouvernement | Dupuy I |
Législature | Ve |
Prédécesseur | Alexandre Ribot |
Successeur | Jean Casimir-Perier (président du Conseil) David Raynal (Intérieur) |
Ministre de l'Agriculture | |
– (2 ans, 11 mois et 11 jours) |
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Président | Émile Loubet |
Gouvernement | Waldeck-Rousseau |
Législature | VIIe |
Prédécesseur | Paul Delombre |
Successeur | Léon Mougeot |
Sénateur français | |
– (23 ans et 29 jours) |
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Circonscription | Haute-Loire |
Député français | |
– (2 ans et 28 jours) |
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Élection | 18 octobre 1885 |
Réélection | 6 octobre 1889 20 août 1893 8 mai 1898 |
Circonscription | Haute-Loire |
Législature | IVe, Ve, VIe et VIIe (Troisième République) |
Groupe politique | Union républicaine |
Biographie | |
Nom de naissance | Charles Alexandre Dupuy |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Puy-en-Velay (France) |
Date de décès | (à 71 ans) |
Lieu de décès | Ille-sur-Têt (France) |
Nationalité | française |
Parti politique | Modéré |
Profession | Professeur agrégé de philosophie |
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Biographie
modifierJeunesse et études
modifierCharles Dupuy naît dans une famille modeste. Il effectue ses études secondaires au lycée Charlemagne[1]. Il suit des études de philosophie. Il est reçu 3ème[2] à l'agrégation de philosophie en 1879[3].
Parcours professionnel
modifierCharles Alexandre Dupuy devient enseignant. Il est nommé professeur au lycée de Saint-Étienne, remplaçant Auguste Burdeau[3].
Il devient ensuite inspecteur d’académie. Nommé à Ajaccio (Corse), il y rencontre en 1883 Antoinette Laborde, une jeune veuve et mère d'une jeune fille, qu'il épouse en 1888. Celle-ci est originaire d'Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées-Orientales, ville dont Charles Dupuy deviendra citoyen d'honneur en 1893, avant de s'y installer à la fin de sa vie et d'y mourir en 1923[4].
Parcours politique
modifierÉlu député pour le département de la Haute-Loire en 1885, il adhère au mouvement des républicains modérés. Il participe activement aux discussions sur les réformes de l’enseignement.
Il est ministre de l'Instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes en 1892, pendant les deux premières présidences d’Alexandre Ribot. À la suite du scandale de Panama, qui fit tomber le cabinet Ribot, il est appelé à la présidence du Conseil par Sadi-Carnot le 4 avril 1893, prenant également le ministère de l’Intérieur et des Cultes.
Il travaille alors à l’alliance franco-russe et fait face aux troubles sociaux dans le Midi (grèves de Carmaux) et dans le Nord.
Il est de nouveau président du Conseil quand Sadi Carnot est assassiné le 24 juin 1894, il décide alors d'être candidat à l’élection présidentielle qui s’ensuit. Échouant, il est reconduit par le nouveau président de la République Jean Casimir-Perier avec lequel il s'entend mal. Il démissionne au bout de six mois, entrainant celle de Casimir-Perier le lendemain.
C’est également sous son ministère que Dreyfus est condamné en 1894.
Il avait une réputation de courage, due à une phrase, prononcée alors qu’il était président de la Chambre. Le 9 décembre 1893, l’anarchiste Vaillant y avait lancé une bombe. Dupuy s'était écrié : « Messieurs, la séance continue ! »[5].
Il s'attaque au mouvement socialiste (circulaire d'octobre 1894) tout en renforçant la police politique à la suite de l'attentat de Vaillant.
Revenu à la présidence du Conseil en novembre 1898, en pleine affaire Dreyfus, il s'oppose avec détermination à la révision du procès[6]. Mais le 3 juin 1899, la Cour de cassation impose cette révision. Il ne peut contenir l’agitation croissante des ligues d'extrême droite : quand le baron Cristiani agresse à coups de canne le président Loubet au champ de courses d’Auteuil (5 juin 1899), il est presque accusé de complicité, car les policiers, pourtant présents en nombre, n’interviennent que mollement. Son gouvernement est mis en minorité et il démissionne le 12 juin.
Il est sénateur de 1900 à sa mort, en 1923.
Il est initié à la franc-maçonnerie le . Il est membre de la loge « L'industrie » de Saint-Étienne, qui appartient au Grand Orient de France[7].
Sa forte corpulence lui valut d'être surnommé « le pachyderme »[4]. Un lycée au Puy-en-Velay porte son nom : le lycée Charles-et-Adrien-Dupuy, ancien Collège Royal. Adrien Dupuy, son frère (1854-1906), poursuit une carrière d'enseignant, puis est nommé inspecteur de l’Académie de Paris en 1895 puis inspecteur général de l’instruction publique en 1899, il a été le plus proche collaborateur de son frère quand celui-ci devient ministre de l’Instruction publique et des Cultes en 1892. Il sera son chef de cabinet lorsqu'il sera président du conseil des ministres puis président de la Chambre des députés[8].
Liste des présidences du Conseil
modifierIl est cinq fois président du Conseil sous quatre présidents de la République différents :
- Sadi Carnot (4 avril au 3 décembre 1893 puis du 30 mai au ), dont il assura l’intérim (jusqu’au 27 juin 1894) ;
- Jean Casimir-Perier (du 1er juillet 1894 au ), dont il assura l’intérim (jusqu’au 17 janvier 1895) ;
- Félix Faure (du au ), dont il assura l’intérim (jusqu’au 18 février 1899) ;
- Émile Loubet (du 18 février au 12 juin 1899).
Témoignages
modifier« Henri Brisson dura peu. Il ne dut qu’à son énergie de durer assez pour faire son devoir, et introduire la révision du procès de 1894, devenue nécessaire après les aveux et le suicide du colonel Henry.
Il n’y a pas de mots pour peindre le ministère Dupuy qui lui succéda. Ce fut le chaos, l’écroulement et l’abîme. La République allait où l’emportait l’Affaire, que soulevaient en hurlant les nationalistes, entraînés par les bandes romaines. Alors régnèrent dans les villes les matraques et les bayados, et une canne aristocratique défonça le chapeau du président Loubet. »
— Anatole France, L’Église et la République (1904)
« Il était resté l'homme simple à qui suffisent, avec les satisfactions du devoir civique accompli dans un sublime désintéressement de lui-même[5]. »
— Gaston Doumergue, lors de l'éloge posthume.
Décorations
modifier- Grand-croix de l'ordre de l'Étoile noire (Royaume du Dahomey)
- Grand-croix de l'ordre du Dragon d'Annam
- Grand-croix de l'ordre royal du Cambodge (1894)
- Grand-croix de l'ordre de Charles III d'Espagne (Royaume d'Espagne, 15 mai 1899) [9]
Publications
modifier- L'année du Certificat d'études : Livret de morale questions, résumés, sujets de rédaction, 46e éd, 1924, Paris, Armand colin, 38 p.; livret de botanique agricole par Louis Matruchot, Paris, Armand Colin et Cie, 1895, 3e édition ; Livret d'histoire de France, par M. Ernest Lavisse. 2 fasc., Paris, A. Colin , 1894.
- Le Concordat et la séparation des Églises et de l'État, Paris : édition de "la Nouvelle Revue" , 1903, 20 p.
- Discours prononcé par M. Charles Dupuy à la distribution solennelle des prix du lycée du Puy, Le Puy : impr. de Marchessou , 1876, 12 p.
Notes et références
modifier- Léon Douarche, En marge de la Troisième, FeniXX, (ISBN 979-10-410-1251-0, lire en ligne)
- Recueil des lois et actes de l'instruction publique: instruction supérieure, instruction secondaire, instruction primaire, Delalain (lire en ligne)
- jmbelmer, « Dupuy, Charles (1851-1923), trois fois Président du Conseil dans les années 1890 », sur textes rares, (consulté le )
- Fabricio Cardenas, « Un ministre à Ille-sur-Têt en 1893 », sur Vieux papiers des Pyrénées-Orientales, (consulté le )
- « Histoire », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
- Sur son rôle dans l'Affaire, voir Bertrand Joly, Histoire politique de l'affaire Dreyfus, Fayard, 2014 et Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.
- Jean-Jacques Peurière, "Evocation d'une loge Stéphanoise "L'Industrie" à Travers quelques personnalités", in: Saint-Etienne, Histoire et Mémoire, Bulletin du vieux Saint-Etienne, Saint-Etienne, 2018, n. 272, p. 20.
- Notice biographique d'André Dupuy sur le site Bahutiendupuy.com.
- Guia Oficial de España 1910 pag.157
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil : histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
- « Charles Dupuy », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
- « Charles Dupuy », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
- Gérard Bonet, « Dupuy (Charles, Alexandre dit Charles-Dupuy) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises 1789-2011, vol. 1 Pouvoirs et société, t. 1 (A-L), Perpignan, Publications de l'olivier, , 699 p. (ISBN 9782908866414)
- Auguste Rivet, « La jeunesse de Charles Dupuy ou les écoles d’un républicain de gouvernement », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, (lire en ligne [sur Gallica])
- Auguste Rivet, « La carrière gouvernementale de Charles Dupuy : un opportuniste inoportun », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, , p. 137-164 (lire en ligne [sur Gallica])
- Auguste Rivet, « Charles Dupuy dans son département ou l’action locale d’un homme d'État », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, , p. 179-205 (lire en ligne [sur Gallica])
Liens externes
modifier- Ressources relatives à la vie publique :