Ligne du Tonkin

ligne de chemin de fer française

La ligne du Tonkin, ou ligne du Sud-Léman (ligne St-Gingolph–Bouveret–Monthey–St-Maurice et portion de la ligne de Longeray-Léaz au Bouveret), est une ligne de chemin de fer reliant Saint-Maurice à Genève (Suisse), en passant par Évian-les-Bains, Thonon-les-Bains et Annemasse (France).

Ligne du Tonkin
Ligne de Genève à Saint-Maurice
via Évian-les-Bains et Saint-Gingolph
Image illustrative de l’article Ligne du Tonkin
Viaduc de la Morge à Saint-Gingolph en 2019.
Pays Drapeau de la Suisse Suisse,
Drapeau de la France France
Historique
Mise en service 1859 – 1886
Électrification 1954 – 1972
Fermeture 1998 (fermeture partielle)
Concessionnaires Cie de la ligne d'Italie (en Suisse) (1853 – 1874)
Cie du Simplon (en Suisse) (1874 – 1881)
Cie de la Suisse occidentale et du Simplon (en Suisse) (1881 – 1886)
PLM (en France) (1886 – 1889)
Cie du Jura-Simplon (en Suisse) (1889 – 1903)
CFF (en Suisse) (1903 – 1938)
CFF / SNCF (à partir de 1938)
Caractéristiques techniques
Écartement standard (1,435 m)
Électrification 15 kV – 16,7 Hz
en Suisse
25 kV – 50 Hz
en France (non électrifiée entre Évian et St-Gingolph)
Signalisation Block manuel
Trafic
Propriétaire CFF (en Suisse)
SNCF Réseau (en France)
Exploitant(s) RegionAlps (depuis 2003),
SNCF (jusqu'en 1986)
Trafic En Suisse : Voyageurs RegionAlps (depuis 2003),
Fret local CFF

En France : Voyageurs PLM (jusqu'en 1938),
Fret local (jusqu'en 1988),
Touristique (jusqu'en 1998)

La ligne est exploitée dans le Chablais valaisan, ainsi qu'entre Évian-les-Bains et Genève, mais la section reliant Saint-Gingolph à Évian-les-Bains, longue de 17,8 kilomètres, sur la rive sud-est du lac Léman, dans le Chablais savoyard, n'est plus exploitée depuis 1998. Actuellement, plusieurs associations militent pour sa réouverture.

Historique de la ligne

modifier

Chronologie

modifier

Origine du surnom

modifier

Le surnom de ligne « du Tonkin » aurait été donné à cette ligne par ses constructeurs, qui y auraient trouvé, lors des travaux, des conditions géologiques leur rappelant celles rencontrées lors de la construction de la « vraie » ligne du Tonkin, entre le sud de la Chine et le nord de l'Indochine, alors colonie française[11].

Projet de réouverture de la section Évian − St-Gingolph

modifier

Prémices

modifier
 
Ligne du Tonkin à l'extrême-droite, les ponts noirs sont Bellegarde à gauche et Évian à droite.

Après la vente du matériel roulant du train touristique « Rive-Bleue Express », le pouvoir local français favorise dans un premier temps la transformation de la ligne en piste cyclable, plutôt que d'œuvrer à sa réouverture. L'idée est pourtant vite abandonnée, notamment à cause des conventions internationales empêchant le déferrement de la ligne et de son coût (100 000 euros le kilomètre).

D'autres idées font alors leur apparition, comme la reconversion du tracé de la voie ferrée en voie verte et la construction d'une route en viaducs et tunnels[12] au-dessus des villages de la rive sud du lac Léman, ce qui permettrait de dévier le trafic routier international. Mais ces propositions ne rencontrent pas un écho favorable auprès des autorités locales et nationales[13], tandis que la réouverture de la ligne, qui a également ses partisans[14], revient sur le devant de la scène.

À ce sujet, selon les opposants au projet de réhabilitation de la ligne ferroviaire, l'étude préliminaire pour la réouverture de la ligne coûte 2 millions d'euros, somme supérieure à la réalisation d'une voie verte de 17 kilomètres à 100 000 euros le kilomètre[15]. Or, on sait de source officielle que l'étude préliminaire représente un coût réel de 115 100 euros[16].

Le dossier est alors saisi par la région Rhône-Alpes, organisatrice des transports ferroviaires, en partenariat avec les cantons suisses de Genève et du Valais, qui votent en février 2006 un crédit de 400 000 francs suisses pour le débroussaillage et le désherbage de la partie française abandonnée jusqu'en 2010 inclus, dans l'attente d'une décision[17]. Le nettoyage de la ligne commence le 20 novembre 2006.

Enclenchement du processus de réouverture

modifier

Le 16 décembre 2008, le conseil régional de Rhône-Alpes adopte à l'unanimité de ses membres un vœu inscrivant la réouverture dans le Schéma Régional des Services de Transports[18] et dont voici le contenu :

Le Conseil Régional Rhône-Alpes réaffirme les objectifs et les orientations du schéma régional des services de transport (SRST) en faveur de la ligne ferroviaire dite « du Tonkin » entre Évian et Saint-Gingolph. Il demande que les études d'avant-projet commencent immédiatement et réaffirme à cet effet son souhait d'un projet compatible avec la technique suisse (alimentation électrique, signalisation et technique identique à la ligne Pontarlier-Les Verrières) et les contraintes des zones traversées (milieu urbain, semi-urbain, rural). Il souhaite que ce projet se développe en étroite collaboration avec les élus, les populations concernées et le monde associatif. Il souhaite enfin que l'État français et RFF s'engagent rapidement à mettre en place la part de financement qui leur revient sur ce projet[19].

Le 16 mars 2009, le président du conseil régional de Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne annonce le lancement prochain d'une étude préliminaire permettant une réouverture touristique dès 2011, en attendant le trafic voyageur régional en 2013, voire 2015[20]. Quatre ans plus tard, en juin 2015, aucun train ne circule sur la partie abandonnée.

Le 22 avril 2009 est présenté à Saint-Gingolph le cahier des charges de l'étude préliminaire, financée par la région Rhône-Alpes et le Syndicat intercommunal d'aménagement du Chablais, regroupant les 62 communes du Chablais français, pour la France, ainsi que par l'Organisme intercantonal de développement du Chablais, regroupant les cantons de Vaud et du Valais, pour la Suisse.

Les résultats de cette étude préliminaire sont présentées à Évian-les-Bains le 18 juillet 2011. Le coût de réhabilitation de la ligne s'élève à 106 millions d'euros (124 millions d'euros avec marges et aléas). Le scénario retenu est le prolongement des services ferroviaires valaisans jusqu'à Évian-les-Bains[21]. De ce fait, la ligne serait électrifiée en courant suisse et exploitée par la compagnie RegionAlps (filiale des CFF). Aujourd'hui, les financements sont recherchés et les partenaires attendent le prochain Contrat de Plan entre l'État français et la région Rhône-Alpes.

Le 22 septembre 2012, une action symbolique de l'association franco-suisse Sauvons le Tonkin fait franchir une maquette d'une rame Domino sur le passage à niveau de la commune de Meillerie, situé approximativement à mi-chemin entre les gares des communes d'Évian-les-Bains et de Saint-Gingolph[22],[23].

Le 20 février 2020, environ trois mois après l'ouverture complète du réseau Léman Express, un comité de pilotage, composé des représentants suisses et français, se réunit pour redonner vie aux 17 kilomètres de voie manquants. Il prévoit des études jusqu'en 2022, le début des travaux vers 2024 et l'ouverture de la ligne en 2027[24].

En mars 2024, le Grand Conseil valaisan a voté l’octroi d’un crédit d’engagement[25] de 22,8 millions de francs suisses pour le projet de réhabilitation de la ligne ferroviaire entre Saint-Gingolph et Évian-les-Bains. Le début de travaux pourrait intervenir en 2028 ou 2029, pour une mise en service en 2031 ou 2032 (soit vingt-deux ans après la résolution du Conseil Régional Rhône-Alpes, pour réhabiliter 17 km de voie).

Maillon manquant autour du Léman

modifier
 
Carte de situation (réseau TER Rhône-Alpes), la ligne du Tonkin est en haut à droite de l'image.

Avec l'appui de la Confédération, le canton du Valais investit 24 millions de francs suisses pour rénover la ligne ferroviaire qui traverse le Chablais valaisan, entre Saint-Maurice et Saint-Gingolph[26].

Du côté français, RFF et la SNCF engagent une partie des 48 millions d'euros pour la pose d'une signalisation automatique (BAL) entre Évian et Annemasse[réf. souhaitée].

Il ne manque donc que 17 kilomètres pour que les boucles ferroviaires du lac Léman (via Montreux et Lausanne) et du Mont-Blanc (via Saint-Gervais-les-Bains et Chamonix) soient complètes.

Notons aussi que dans le cadre de la réalisation de la ligne Cornavin – Eaux-Vives – Annemasse (CEVA), des trains Genève-Cornavin – Annemasse – Thonon-les-Bains – Évian-les-Bains – Saint-Gingolph – Martigny – Sion – Brigue pourraient circuler chaque heure[réf. souhaitée]. En outre, de par la géométrie du Léman, cet axe s'avère plus court que l'actuel transit par Lausanne. Le temps de parcours Martigny–Genève serait ainsi réduit[27].

Le fret évoqué dans certains discours[28] ne semble pas réalisable à cause du profil de la voie ferrée, comme le révèle une étude de Réseau ferré de France en 2002[réf. nécessaire]. Par endroits (de part et d'autre des bains d'Évian notamment), la pente est trop raide, ce qui nécessiterait une double traction, contre une simple traction au nord du lac Léman, mais surtout des sommes importantes pour la réfection de l'infrastructure[réf. nécessaire].

Galerie de photographies

modifier

Notes et références

modifier
  1. a b c d e f g et h 150 ans d'histoires sur la ligne du Tonkin, Gilles Berreau, Le Nouvelliste du 9 juin 2009]
  2. RegionAlps "Tonkin 150 ans"
  3. Arrêt fédéral du 28 février 1880: La Compagnie du Simplon est adjudicataire de la ligne, le 16 mars 1874
  4. Patrick Maye, « Port-Valais » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  5. « Compagnie du Jura-Simplon » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  6. « Compagnie du Jura-Simplon » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  7. «... par les Chemins de fer fédéraux (CFF), la compagnie du Jura-Simplon ayant été nationalisée le 1er mai 1903  » Hans-Peter Bärtschi, « Compagnie du Jura-Simplon » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  8. Le Nouvelliste, le 7 mai 1941.
  9. Le Nouvelliste, 26 octobre 1952
  10. Trafic ferroviaire régional - Le Valais lance son RER, communiqué de presse, le 3 décembre 2012, Canton du Valais et RegionAlps.
  11. Le Nouvelliste, 31 août 2009.
  12. Source : propos de l'ADHEPE dans le journal Le Messager du 2 avril 2009.
  13. [http://www.lemessager.fr/Actualite/Chablais/2010/12/08/article_retardes_ajournes_modifies_trop_de_proje.shtml Dossier du Messager, paragraphe «Contourner Évian ou tout l'est du Chablais : une question à 1,5 milliard d'euros»
  14. Particuliers, collectivités et entreprises regroupés au sein de l'Association franco-suisse RER Sud-Léman, qui est créée dans ce but.
  15. (source : DDE 47) d’après l’Association pour un Développement Harmonieux de l'Est du Pays d'Évian.
  16. Fiche projet Interreg de l'étude préliminaire de 2010.
  17. La convention d’entretien publiée par la Région Rhône-Alpes
  18. Le Schéma Régional des Services de Transports de la région Rhône-Alpes
  19. Source : Groupe Les Verts Rhône-Alpes[réf. souhaitée]
  20. « Dossier de presse de la région Rhône Alpes. »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  21. Présentation et résultats de l'étude préliminaire.
  22. « La ligne du Tonkin a symboliquement rouvert », 24 heures,‎ (lire en ligne).
  23. « Les défenseurs de la ligne du Tonkin exigent sa réouverture », RTS info,‎ (lire en ligne).
  24. « Il manque 17 kilomètres de rails pour boucler le tour ferroviaire du Léman - rts.ch - Régions », sur rts.ch, (consulté le ).
  25. « Réhabilitation de la ligne du Tonkin: le Grand Conseil valaisan vote l’octroi d’un crédit d’engagement », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  26. Le dossier d'études de l'État du Valais.
  27. Étude de 2006 : PDF
  28. Les hypothèses émises par l'ADHEPE sur son site

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier
  • Jean-Chaintreau, Jean Cuynat et Georges Mathieu, Les Chemins de fer du PLM, éditions La Vie du Rail et La Régordanne, 1993
  • Patricia et Pierre Laederich, André Jacquot et Marc Gayda, Histoire du réseau ferroviaire français, éditions de l'Ormet, Valignat, 1996
  • William Lachenal, « Les atouts d'un raccordement (CEVA) », in Voies Ferrées, no 11, mai-juin 1982
  • William Lachenal, « Le sillon alpin », in Connaissance du Rail, no 302-303, octobre-novembre 2006, pages 42 à 51 : présentation de la ligne de Valence à Genève via Grenoble et Annecy et du projet CEVA

Articles connexes

modifier