Parinari campestris

Parinari campestris est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Chrysobalanaceae. C'est l'espèce type du genre Parinari Aubl..

C'est un arbre.

En Guyane, on l'appelle Gris-gris, Gaulette blanc, Néflier de Guyane (créole), Koko, Foungouti koko, Foungouti (Nenge tongo), Fungu pau (Saramaka), Kupeshini (Kali'na), Ãnkiavunon (Palikur)[2],[3],[4].

Au Suriname, on l'appelle Vonkhout (Hollandais du Suriname), Foengoe, Tajamama (Sranan tongo), Boehoeroedoe, Beherada, Behoerada, Bohowoda, Buirata (Arawak), Foengoe pau (Saramaka), Koepésienie, Koepensienoe (Karib)[5],[2].

On le nomme Pajura-grande au Brésil, Wild potato[4], Buhurada, Mahaicaballi[2] au Guyana, et Guaray, Merecurillo, Pasita au Venezuela[6].

C'est aussi une des espèces que l'on appelle Bois Bandé dans les Caraïbes (Trinidad)[7].

Description modifier

Parinari campestris est un arbre atteignant 25 m de haut. Les jeunes branches sont villeuses (pubescence courte et douce), devenant glabres et grisâtres avec l'âge.

Son bois dur et lourd (densité : 0,80 à 0,90), est de couleur brun rose plus ou moins clair, et contient généralement d'abondants gros corpuscules siliceux[8]. Les vaisseaux sont rares (1 à 2 par mm2), plus ou moins bien disséminés (tendance à former des amas lâches ou de courtes files obliques), et très gros (220 à 320 µm), avec des thylles rares à abondants[3].

Les feuilles sont subsessiles, glabres dessus, tomenteuses dessous, à base arrondie à cordée, et à apex acuminé (acumen long de 7-12 mm). Les pétioles longs de 2-4(-7) mm, sont cylindriques, pubescents lorsqu'ils sont jeunes, et agrémentés de glandes discrètes. Ses stipules mesurant jusqu'à 1-3(4) cm de long, sont larges, aiguës à l'apex, villeuses, acuminées, semi-amplexicaules (enserrant plus ou moins la tige), et persistantes (ou tardivement caduques). Les limbes mesurent de 6-13 x 3-6,5 cm, sont de forme ovale. La nervure médiane est légèrement saillante sur le dessus, et les 14-16 paires de nervures secondaires sont proéminentes dessous.

Les inflorescences sont des panicules ou racèmes terminaux et axillaires. Le rachis et les axes portent une courte pubescence brune. On observe souvent deux glandes sur les jeunes branches sous le point d'abscission du pétiole.

Le réceptacle est subcampanulé-turbiné, couvert d'un tomentum brun à l'extérieur. Le tube du calice est tomenteux à l'intérieur et sur la marge, avec des poils hérissés, retorses. On compte 5 pétales blancs, glabres, plus courts que les lobes du calice. Les 7 étamines fertiles, d'un côté font face à 7-8 staminodes filamenteuses, à base connée et sans anthères. L'ovaire et la base du style sont densément velues, hirsutes.

Le fruit est glabre, de forme oblongue, de couleur brun foncé, avec de petites taches blanches, long de (3-)4-6 cm pour (1,5-)2-3 cm de large. L'épicarpe est lenticellé, le mésocarpe fin et charnu, et l'endocarpe épais et dur, densément tomenteux à l'intérieur [2],[5],[6].

Répartition modifier

Parinari campestris est présent au Venezuela, à Trinidad, dans les Guyanes (Guyana, Suriname, Guyane) et au nord de l'Amazonie brésilienne adjacente[2],[6].

Écologie modifier

Parinari campestris pousse sur les berges inondables des cours d'eau et aux alentours des savanes et des milieux ouverts[2], autour de 0–900 m d'altitude au Venezuela[6].

Parinari campestris est une espèce dominante dans les forêts ripicoles des cours d'eau côtiers de la Malmanoury et de la Karouabo[9], dans les forêts sur cordons sableux anciens d'Awala-Yalimapo (Guyane)[10] et les forêts marécageuses à Mauritia flexuosa à Trinidad[11].

Les fruits et graines de Parinari campestris et une des ressources végétales les plus communes dans le régime alimentaire de la tortue Peltocephalus dumerilianus[12]

Utilisation modifier

Parinari campestris produit un bois dur et cassant. Il est initialement peu durable, mais peut convenir après traitement pour des usages en extérieur ou sous-marins (résistance aux tarets du fait de sa teneur en silice)[4].

L'écorce de Parinari campestris est un aphrodisiaque populaire à Trinidad[13]. L'extrait de cette écorce ne présenterait pas de toxicité particulière[7].

Chimie modifier

Ses composés chimiques ont été analysés[14],[15].

On a découvert un dimère de diterpène kaurane original dans Parinari campestris: le 15-oxozoapatlin-13α-yl-10′α,16′α-dihydroxy-9′α-methyl-20′-nor-kauran-19′-oic acid γ-lactone-17′-oate[16].

Protologue modifier

 
Parinari campestris par Aublet (1775)
Planche 206.
1. Stipules. - 2. Baies. - 3. Noyau[17].

En 1775, le botaniste Aublet propose le protologue suivant[17] :

« PARINARI (campeſtris) foliis cordatis, acutis, fructu parvo. (Tabula 206.)

Arbor trunco triginta vel quadraginta-pedali, ad ſummitatem ramoſo ; ramulis villoſis, candicantibus. Folia alterna, ſubſeſſilia, ſupernè virenria, internè tomento candicantia, cordata, ovata, acuminata. Stipulæ binæ, villoſæ, latæ, oblongæ, concavæ, acutæ, ſemi-amplexi-caules, deciduæ, ad baſim foliorum. Flores racemoſi, axillares & terminales. Corolla, stamina, piſtillum, ut in præcedenti. Pericarpium : drupa ovata, parva, cortice craſſa, è ſulco virenti, acido : putamen oſſeum, duriſſimum, compreſſum, ovatum, inæasquale, rugoſum, ad oras dentatum, acutum, biloculare. Semen unicum in quolibet loculo, dulce & edule.

Florebat & fructum ferebat Junio.

Habitat in ſylvis Timoutou.


LE PARINARI à petit fruit. (Planches 206.)

le tronc de cet arbre s'élève a trente ou quarante pieds, ſur un pied & demi de diamètre ; ſon écorce eſt griſâtre, gerſée & ridée, ſon bois eſt jaunâtre, dur & compacte. Il pouſſe à ſon ſommet pluſieurs branches, les unes droites, & les autres inclinées ; elles ſont chargées de rameaux garnis de feuilles alternes, entières, vertes en deſſus, couvertes en deſſous d'un duvet court & blanchâtre. Ces feuilles ont la forme d'un cœur terminé par une longue pointe. Leur pédicule eſt très court, il eſt accompagné de deux longues & larges stipules aiguës, entières & velues. Les plus grandes feuilles ont environ ſix pouces de longueur, ſur trois de largeur.

Les fleurs naiſſent en grappe à l'extrémité des branches, à 1'aiſſelle des feuilles : elles ſont ſemblables à celles de l'arbre qui vient d'être décrit.

Le fruit eſt une baie ovoïde, liſſe, jaunâtre ; ſon écorce eſt charnue, pulpeuſe & acide. Elle couvre un noyau ovale, comprimé irrégulièrement, marqué de pluſieurs cavités dont les bords ſont ſaillants & tranchants. L'une & l'autre face ſont partagées par une arrête. Les bords ſont comme dentelés, & les deux extrémités ſont terminées par une pointe plus allongée du côté de l'attache de la baie que de l'autre, où elle eſt très courte.

Ce noyau eſt très dur, il eſt à deux loges oblongues qui renferment chacune une amande blanche, couverte d'une membrane rouſſâtre : cette amande eſt douce & bonne à manger.

On a repréſenté le noyau de la baie de grandeur naturelle.

Cet arbre eſt nommé PETIT PARINARI par les Garipons.

Il étoit en fleur & en fruit dans le mois de Juin.

Il croît dans les forêts de la Guiane au quartier de Timoutou.

Cet arbre ſe trouve auſſi à l'Iſle de France au quartier de Moka.

Les Créoles appellent NEFLE le fruit de cet arbre. »

— Fusée-Aublet, 1775.


Notes et références modifier

  1. (en-US) « Parinari campestris Aubl. - synonyms », Tropicos, Saint Louis, Missouri, Missouri Botanical Garden (consulté le )
  2. a b c d e et f (en) R.C. Barneby, LW. Grimes, Odile PONCY et M.J. JANSEN-JACOBS (eds.), Flora of the Guianas : Series A: Phanerogams - Fascicle 28 • LEGUMINOSAE • 87 MIMOSOIDEAE, Kew, Royal Botanic Gardens, , 384 p. (ISBN 978-1-84246437-3), p. 101
  3. a et b Pierre DÉTIENNE, Paulette JACQUET et Alain MARIAUX, Manuel d'identification des bois tropicaux : Tome 3 Guyane française, Quae, (lire en ligne), p. 58-59
  4. a b et c ONF, Guide de reconnaissance des arbres de Guyane : 2e édition, ONF, , 374 p. (ISBN 978-2842072957)
  5. a et b (en) Dr. A. Pulle, Flora of Suriname : DIALYPETALAE, vol. II, PART 1, Leiden, E. J. BRILL - FOUNDATION VAN EEDENFONDS - c/o Royal Tropical Institute, Amsterdam, , 500 p., p. 455
  6. a b c et d (en) Ghillean T. Prance, « 7. PARINARI Aubl., Hist. Pl. Guiane 514. 1775. », dans Julian A. Steyermark, Paul E. Berry, Kay Yatskievych, Bruce K. Holst, Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 4, Caesalpiniaceae–Ericaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 799 p. (ISBN 9780915279524, lire en ligne), p. 231-232
  7. a et b (en) Venkatesan Sundaram, Stephanie Mohammed, M. R. Srinivasan, Jenelle Johnson, Rod Suepaul, Indira Pargass, Chernell John, Danesha Ramdhanie, Shiann Lallack, Esther Daniel et Lester Gilkes, « Acute and subacute toxicity evaluation of hydroalcoholic extract from the stem bark of Bois Bande (Parinari campestris Aubl.1772) in rats », BMC Pharmacology and Toxicology, vol. 22, no 51,‎ (DOI 10.1186/s40360-021-00522-w, lire en ligne)
  8. (en) Alain Mariaux, « Formation of Silica Grains in Wood as a function of Growth Rate », IAWA Journal, vol. 1, no 3,‎ , p. 140–142 (DOI 10.1163/22941932-90000711, lire en ligne)
  9. (en) Sylvie Mérigoux, Dominique Ponton et Bernard de Mérona, « Fish richness and species-habitat relationships in two coastal streams of French Guiana, South America », Environmental Biology of Fishes, vol. 51, nos 25–39,‎ (DOI 10.1023/A:1007422100976, lire en ligne)
  10. (en) Alexandre Renaudier, Johan Ingels et Steven L. Hilty, « Nesting and general behaviour of Hooded Tanager Nemosia pileata in French Guiana and Surinam », Cotinga, vol. 30,‎ , p. 54–56 (lire en ligne)
  11. (en) Aliya Hosein, Darshanjit Singh Narang, Luke Rostant et Adrian Hailey, « The abundance of Red-bellied Macaws (Orthopsittaca manilata) and Orange-winged Parrots (Amazona amazonica) in relation to fruiting Moriche Palms (Mauritia flexuosa) at the Aripo Savannas, Trinidad », Revista Brasileira de Ornitologia, vol. 25, no 1,‎ , p. 40–46 (DOI 10.1007/BF03544375, lire en ligne)
  12. (en) Jorge L. Pérez-Emán et Alfredo Paolillo O., « Diet of the Pelomedusid Turtle Peltocephalus dumerilianus in the Venezuelan Amazon », Journal of Herpetology, vol. 31, no 2,‎ , p. 173-179 (JSTOR 1565384, lire en ligne)
  13. (en) Cheryl Lans, « Ethnomedicines used in Trinidad and Tobago for reproductive problems », Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, vol. 3, no 13,‎ (DOI 10.1186/1746-4269-3-13, lire en ligne)
  14. (en) B.J. Ramcharitar, « Phytochemical investigations of some West Indian plants [Capparis flexuosa, C. feruginea and Parinari campestris] », Thesis of the West Indies Univ., St. Augustine (Trinidad and Tobago). Faculty of Natural Sciences. Dept. of Chemistry,‎
  15. (en) A. Abdel-Razik, Alessandra BRACA, J.B. de Méndez, N. De Tommasi et I. Morelli, « Secondary metabolites from Parinari campestris (Chrysobalanaceae) », Università di Pisa - 4 Contributo in Atti di Convegno,‎ (lire en ligne)
  16. (en) Alessandra Bracaa, Ayman F. Abdel-Razik, Jeannette Mendez et Ivano Morelli, « A new kaurane diterpene dimer from Parinari campestris », Fitoterapia, vol. 76, nos 7–8,‎ , p. 614-619 (DOI 10.1016/j.fitote.2005.05.005)
  17. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, (lire en ligne), p. 517-518

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