Littérature arménienne

La littérature arménienne proprement dite se développe parallèlement à la poésie de l'Arménie, pays et culture. Les deux sont très liées, et leur histoire connaît plusieurs âges d'or et plusieurs courants littéraires : l'historiographie du Ve siècle, la poésie du Xe au XIVe siècle, et la « révolution littéraire arménienne » du XIXe siècle. Cet article retrace le fil de l'histoire de la littérature arménienne, et de ce qu'elle est actuellement.

Stand de l'Arménie au salon du livre de Paris en 2012.

La langue arménienne est utilisée par environ 3 000 000 d'Arméniens en Arménie et près de 6 000 000 dans la diaspora. D'autres langues (russe, anglais, français, kurmandji, etc.) peuvent être utilisées dans les deux situations.

Manuscrit arménien, Ve et VIe siècles,.
Bible arménienne, XIVe siècle.

Littérature arménienne jusqu'au XVIIIe siècle modifier

 
Page d'un manuscrit de Histoire de l'Arménie de Moïse de Khorène (Movsês Korenatsi).

Quand l'Arménie devient chrétienne, et quand elle invente son propre alphabet — vers 405 grâce au moine Mesrop Machtots —, la littérature arménienne commence à se développer. Au Ve siècle, cette littérature se présente sous forme d'historiographie : Moïse de Khorène, dont la vie reste méconnue, écrit une magistrale Histoire de l'Arménie, relatant l'histoire de son pays jusqu'à son époque ; son œuvre est un mélange d'histoire et de légendes comme celle d'Haïk. Parallèlement, Agathange écrit lui aussi une Histoire de l'Arménie.

Au cours du haut Moyen Âge en général, la littérature arménienne est peu connue, et on ne dispose de presque aucun livre de cette époque. Mais, à partir de la fin du Xe siècle, les romans, et plus particulièrement la poésie, se développent considérablement. Certains poètes jouissent d'une grande renommée, dont Grégoire de Narek (Krikor Narekatsi en arménien). Tous ces écrits sont religieux ou influencés par la religion. Les haïren (quatrains) de Nahapet Koutchak, par leur philosophie de vie provocatrice et leur thématique charnelle, ouvrent les voies à la modernité de la poésie la plus libre.

La littérature en Arménie est, au cours de la Renaissance et des XVIIe et XVIIIe siècles, peu abondante. Seul Sayat-Nova (1712-1795) semble émerger comme l'unique troubadour de toute la Transcaucasie, véritable pont entre les cultures.

Liste d'auteurs arméniens anciens modifier

IVème siècle modifier

Vème siècle modifier

 
Movses Khorenatsi dans un manuscrit du XIVe siècle

Moyen Âge modifier

Haut Moyen Âge (Ve siècle-Xe siècle) modifier

  • Korioun (380c-450c), Vie de Machtots
  • Yéghichê Vardapet (415c-475c), Histoire de Vardan et de la guerre arménienne'
  • Lazare de Pharbe (442c-500c), Lettre à Vahan Mamikonian, Histoire de l'Arménie
  • Agathange, Histoire des Arméniens/Histoire et vie de saint Grégoire
  • Fauste de Byzance, Histoire de l'Arménie

VIème siècle modifier

VIIème siècle modifier

VIIIème siècle modifier

IXème siècle modifier

 
Armenian manuscript, 887

Xème siècle modifier

Moyen Âge central (XIe – XIIIe siècle) et Moyen Âge tardif (XIVe – XVe siècle) modifier

XIème siècle modifier

XIIème siècle modifier

XIIIème siècle modifier

XIVème siècle modifier

XVème siècle modifier

Renaissances et époque moderne modifier

XVIème siècle modifier

XVIIème siècle modifier

XVIIIème siècle modifier

XIXe siècle modifier

Au cours du XIXe siècle se produit une sorte de « révolution littéraire arménienne » dont Raffi (Hakob Mélik Hakobian de son vrai nom) est le principal représentant. Les romans ne ressemblent plus à des apologétiques ou à des panégyriques ; les auteurs utilisent l'arménien courant, et leurs histoires sont plus « libres » (les auteurs sont la plupart du temps des intellectuels libres-penseurs). Surtout, les romans arméniens sont en grand nombre à cette époque. Ils se modernisent considérablement.

XXe siècle modifier

Pour l'Arménie occidentale, l'histoire des Arméniens dans l'Empire ottoman (1524-1923) se termine en cataclysme : Mouvement de libération nationale arménien (1862-1922), massacres hamidiens (1894-1897), génocide arménien (1915-1923). Hors Arménie, c'est aussi la Journée de commémoration du génocide arménien qui se déroule de manière catastrophique pour les élites arméniennes intellectuelles de Constantinople (et d'Arménie occidentale) : rafle des intellectuels arméniens du 24 avril 1915 à Constantinople.

L'Arménie orientale, autrefois Arménie perse (1502-1828), devient en 1828 Arménie russe (dans la vice-royauté du Caucase), avec guerre russo-turque de 1877-1878, russification et Campagne du Caucase (1914-1918), puis république démocratique d'Arménie (1918-1920) (avec les voisines éphémères : république fédérative démocratique de Transcaucasie, dictature de Caspienne centrale, avec la guerre arméno-turque (1920) et l'invasion de l'Arménie par l'Armée rouge (1920)), enfin la république socialiste soviétique d'Arménie (1920-1991). La longue présence russe, avec russification et soviétisation, influence fortement la société arménienne et la production artistique et littéraire arménienne, pour le meilleur parfois.

Parmi les écrivains les plus féconds, en langue arménienne principalement :

XXIe siècle (époque contemporaine) modifier

Dans l'Arménie indépendante, une nouvelle génération d'écrivains prend actuellement son essor. Par manque de critique littéraire indépendante objective, à la suite des tensions existantes entre Union des écrivains d'Arménie post-soviétique et divers groupes littéraires indépendants, et il est ardu d'en dresser un tableau exhaustif.

Actuellement, la littérature arménienne — ou de la diaspora — est assez abondante et d'un style assez moderne (ainsi que la poésie).

Parmi les écrivains populaires sur des questions de dystopie sociale et la corruption politique, se distinguent Vahram Sahakian, et Vahe Avetian, qui vit en Suède depuis quinze ans en raison de sa persécution par les autorités arméniennes.[réf. nécessaire]

Un autre écrivain inclassable est l'écrivain américain Armen Melikian, brièvement revenu en 2002 en Arménie et à la langue arménienne : son Journey to Virginland, publié aux États-Unis en 2010, a remporté onze prix littéraires, et traite de questions fondamentales dont souffre la société arménienne, comme les relations de genre, l'orientation religieuse et la corruption politique.[réf. nécessaire]

Le Tigre en flammes[8], une étude sur les réactions de la communauté internationale et notamment de l'opinion publique américaine face au génocide arménien. Ce livre a valu à Peter Balakian en 2005 le prix Raphael Lemkin. En 2016, il reçoit le prix Pulitzer pour Ozone Journal[9].

Quelques auteurs actifs et titres récents modifier

Presse modifier

 
La Une du journal arménien Arevelk.

Des écrivains tels que Arpiar Arpiarian, Melkon Gurdjian, Lévon Pachalian, Krikor Zohrab collaborèrent à la rédaction de quotidiens en langue arménienne, notamment dans les journaux populaires tels que Arevelk (« Orient ») qui fut fondé en 1884 ou Hayrenik (« La Patrie »).

En dépit de ces participations, les écrivains arméniens, tout comme les journalistes de cette époque, n'étaient pas autorisés à utiliser des mots tels que « Arménie », « nation », « patrie », « liberté » ou « progrès » dans la rédaction de leurs articles[réf. nécessaire].

Notes et références modifier

  1. Chronique de Mathieu d'Édesse (962-1136), continuée par Grégoire le prêtre
  2. « ADIC - V », sur globalarmenianheritage-adic.fr (consulté le ).
  3. Ter-Minassian, Anahide, « Les dessins satiriques dans le périodique arménien Gavroche (1908-1920) », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Persée, vol. 77, no 1,‎ , p. 123–143 (DOI 10.3406/remmm.1995.1716, lire en ligne, consulté le ).
  4. « Chouchanik KOURGHINIAN », sur dictionnaire-creatrices.com (consulté le ).
  5. « ACAM - Livres arméniens », sur acam-france.org (consulté le ).
  6. « Margaret Ajemian Ahnert - Auteur », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  7. « ACAM - Livres arméniens », sur acam-france.org (consulté le ).
  8. Peter Balakian, Le Tigre en flammes. Le Génocide arménien et la réponse de l'Amérique et de l'Occident, Paris, Phébus, De facto, 2005.
  9. Who Is Peter Balakian? The Pulitzer Prize-Winning Poet Has A Long History Of Merging Great Writing With Social Justice.

Annexes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Anthologies modifier

  • (en) Agop Jack Hacikyan, Gabriel Basmajian, Edward S. Franchuk et Nourhan Ouzounian, The Heritage of Armenian Literature, vol. 1 : From the Oral Tradition to the Golden Age, Wayne State University Press, , 392 p. (ISBN 978-0-8143-2815-6, lire en ligne)
  • (en) Agop Jack Hacikyan, Gabriel Basmajian, Edward S. Franchuk et Nourhan Ouzounian, The Heritage of Armenian Literature, vol. 2 : From the Sixth to the Eighteenth Century, Wayne State University Press, , 1108 p. (ISBN 978-0-8143-3023-4, lire en ligne)
  • (en) Agop Jack Hacikyan, Gabriel Basmajian, Edward S. Franchuk et Nourhan Ouzounian, The Heritage of Armenian Literature, vol. 3 : From The Eighteenth Century To Modern Times, Wayne State University Press, , 1104 p. (ISBN 978-0-8143-3221-4, lire en ligne)
  • Anthologie de la poésie arménienne, sous sa direction de Rouben Mélik, aux Éditeurs Français Réunis, 1973 (traductions)
  • La Poésie arménienne du Ve siècle à nos jours, trad. Vahé Godel, La Différence, 1990 (adaptations)

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier