Grégoire de Tatev
Portrait de Grégoire de Tatev, Ms. 1203, Matenadaran, Erevan
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata
Vayots Dzor (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Nom dans la langue maternelle
Գրիգոր ՏաթեւացիVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Activités
Parentèle
Arakel de Siounik (oncle maternel)
Parségh Syunetsi (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Maître
Hovhannès Vorondnétsi (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web

Grégoire de Tatev, Grigor Tatevatsi ou Grigor Tateviants (en arménien Գրիգոր Տաթեվացի ; 1346-1409) est un religieux, philosophe nominaliste, enseignant, poète, peintre et copiste arménien du XIVe siècle. Défenseur de l'indépendance de l'Église apostolique arménienne, ce supérieur du monastère de Tatev est l'auteur de nombreux écrits théologiques et philosophiques. Il est également connu comme enlumineur de deux manuscrits conservés au Matenadaran d'Erevan.

Biographie modifier

 
Complexe monastique de Tatev.
 
Monastère de Tatev ; au centre, mausolée de Grégoire de Tatev.

Grégoire naît en 1346 à Tmkaberd dans le Gougark (ou au Vayots Dzor), mais alors qu'il est encore jeune, les temps troublés que traverse l'Arménie zakaride forcent ses parents à se réfugier en Siounie, plus sûre[1]. Faisant preuve d'une intelligence inhabituelle pour son âge, il est envoyé au monastère de Tatev afin d'y étudier auprès de Hovhannès Vorotnetsi[1] en 1370, avec lequel[2] il effectue le voyage de Jérusalem[3] et qui l'ordonne archimandrite en 1373[2].

De retour à Tatev, Grégoire devient le supérieur du monastère[4] dont il parvient à maintenir l'organisation malgré les invasions timourides[2] ; il y a notamment pour étudiant Thomas de Metsop[5]. Devant fréquemment quitter Tatev avec ses élèves pour des raisons de sécurité, il y meurt le et y est enterré ; si un mausolée n'est érigé sur sa tombe qu'en 1787[2], Grégoire est déjà canonisé au XVe siècle[6].

Œuvres modifier

Chronologiquement parlant, Grégoire est avant tout connu comme copiste : il copie ainsi un Évangile à Yerzenka en 1374, aujourd'hui conservé dans le trésor d'Etchmiadzin (Ms. 224)[7]. Peintre talentueux, il réalise en outre lui-même les miniatures de deux autres Évangiles (Matenadaran, Ms. 6305 et Ms. 7482[8]) aux couleurs vives, à la ligne ferme et énergique, et innovants par rapport aux canons traditionnels[9]. Dans un Commentaire des tables des canons[10], il décrit les ornementations de ce genre de texte comme une « porte d'entrée pour la connaissance du caché, du divin, des beautés spirituelles et intellectuelles », y souligne l'importance particulière de l'effet symbolique et psychologique de la couleur et la signification du contraste entre clair et foncé[11].

Grégoire est ensuite célèbre pour ses nombreux écrits théologiques et philosophiques : Commentaires aux psaumes[6], Sermons[4]… Influencé par la philosophie classique et ayant recours à la pensée occidentale, il dresse une distinction nette entre philosophie et théologie, deux aspects de la Vérité, et affirme que la science n'a rien à voir avec la foi[12]. Sur un plan strictement religieux, ce partisan des traditions de l'Église arménienne n'hésite pas à utiliser la scolastique face aux tenants de l'union avec Rome ; il rédige notamment à cette attention un Livre de questions et réponses sur les erreurs des hérétiques et des païens[4], terminé en 1397[13].

Grégoire est enfin connu pour ses travaux dans d'autres domaines, comme la poésie[2]. Il réalise en outre une réforme de l'arménien en se basant sur les principes de la « pensée linguistique »[14].

Notes et références modifier

  1. a et b (en) Agop Jack Hacikyan (dir.), The Heritage of Armenian Literature, vol. II : From the Sixth to the Eighteenth Century, Détroit, Wayne State University Press, (ISBN 978-0814330234), p. 606.
  2. a b c d et e (en) Tatev Foundation, « Grigor Tateviants and Tatev University (1346-1409) » (consulté le ).
  3. Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), Armenia sacra — Mémoire chrétienne des Arméniens (IVe – XVIIIe siècle), Somogy / Musée du Louvre, Paris, 2007 (ISBN 978-2-7572-0066-7), p. 281.
  4. a b et c Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Éd. Privat, (1re éd. 1982), 991 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 361.
  5. (en) Agop Jack Hacikyan (dir.), op. cit., p. 652.
  6. a et b Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), op. cit., p. 291.
  7. Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), op. cit., p. 338
  8. « Page de garde du Ms. 7482 » (consulté le ). « Lettre d'Eusèbe, Ms. 7482 » (consulté le ). « Lettre d'Eusèbe, Ms. 7482 » (consulté le ). « L'Évangéliste Matthieu, Ms. 7482 » (consulté le ). « L'Évangéliste Marc, Ms. 7482 » (consulté le ). « L'Évangéliste Luc, Ms. 7482 » (consulté le ). « L'Évangéliste Jean, Ms. 7482 » (consulté le ). « L'Annonciation, Ms. 7482 » (consulté le ). « La Nativité, Ms. 7482 » (consulté le ).
  9. Jannic Durand, Ioanna Rapti et Dorota Giovannoni (dir.), op. cit., p. 329
  10. Claude Mutafian (dir.), Arménie, la magie de l'écrit, Somogy, Paris, 2007 (ISBN 978-2-7572-0057-5), p. 111.
  11. Claude Mutafian (dir.), op. cit., p. 113.
  12. (en) Agop Jack Hacikyan (dir.), op. cit., p. 609.
  13. Claude Mutafian (dir.), op. cit., p. 181.
  14. Claude Mutafian (dir.), op. cit., p. 80.

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Article connexe modifier

Liens externes modifier