Utilisateur:Berdea/Siège de Nice (1543)

Siège de Nice
Description de cette image, également commentée ci-après
Tableau réalisé par Matrakçı Nasuh (en) au XVIe siècle.
Informations générales
Date du au
Lieu Nice
Issue Échec du siège de la citadelle. Retrait des Franco-turcs.
Belligérants
Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau de l'Empire ottoman (1517-1793) Empire ottoman
Drapeau de la Savoie Duché de Savoie
Drapeau de la République de Gênes République de Gênes
Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Commandants
Drapeau du Royaume de France François de Bourbon, comte d'Enghien
Drapeau du Royaume de France Antoine Escalin des Aimars
Drapeau du Royaume de France Le chevalier d'Aulx
Drapeau du Royaume de France Adhémar de Grignan
Drapeau du Royaume de France Leone Strozzi
Drapeau du Royaume de France Jean-Baptiste Grimaldi
Drapeau du Royaume de France Gaspard de Caïs
Drapeau de l'Empire ottoman (1517-1793) Khayr ad-Din Barberousse
Drapeau de l'Empire ottoman (1517-1793) Ali Drogut
Drapeau de l'Empire ottoman (1517-1793) Osman
Drapeau de l'Empire ottoman (1517-1793) Rays Salek
Drapeau de la Savoie André Odinet de Monfort
Drapeau de la Savoie Paul Siméon de Balbs
Drapeau de la Savoie Érasme Galléan
Drapeau de la Savoie Nicolas de Beaumont
Drapeau de la Savoie Richard d'Arathon
Drapeau de la Savoie Jean-François Lascaris
Drapeau de la Savoie Jeannet Papacino
Forces en présence
142 galères
30 000 soldats
600 cavaliers
500 lansquenets
6 compagnies d'arquebusiers
50 fantassins
500 hommes de milice et 200 citoyens volontaires (citadelle)

Neuvième guerre d'Italie

Le siège de Nice eut lieu autour des enceintes de la ville puis de la citadelle de juin à . Il se déroula dans le cadre de la Neuvième guerre d'Italie (1542-1546).

Le point culminant est atteint au mois d'. Durant vingt jours, vingt mille Franco-Turcs, sous les ordres du comte d’Enghien, mettent le siège devant la ville puis le château pendant que 120 galères de combat de la Sublime Porte, commandées par Khayr ad-Din Barberousse, au service du sultan Soliman le Magnifique, attaquent Nice par la mer. Cette armada est accompagnée de 40 galiotes, 4 mahonnes et 22 galères françaises.

Après avoir réussi à prendre la ville, les assiégeants franco-turcs échouent face à la résistance acharnée du château et se retirent les et devant l'arrivée des troupes impériales conduites par Charles II de Savoie et le marquis Del Vasto.

Chronologie modifier

 
Le siège de Nice de 1543 par les Franco-Turcs. Gravure d'Enea Vico, archives communales de Nice.

Le casus belli modifier

Les relations entre la France et la Savoie sont tendues car le roi de France, François Ier, réclame l'héritage de sa mère, Louise de Savoie, fille de Philippe, duc de Savoie, dit sans Terre.

La guerre aurait été déclenchée par le non-respect par Charles Quint de la promesse de ne pas ajouter aux défenses et fortifications de Nice et par le refus du duc de Savoie, Charles II, de céder le Genevois au roi de France.

Le roi de France, François Ier, allié depuis 1536 au sultan turc Soliman le Magnifique par l'alliance franco-ottomane, ordonne en 1543 de prendre la ville de Nice, nonobstant sa décision, prise le , « de renoncer solennellement à tous les droits que pourrait avoir la couronne de France sur Nice. »

Le siège modifier

Des tentatives pour s'introduire dans la place par ruse et trahison échouent en . Des baronnets locaux s'allient au roi de France et lui assurent le soutien de nombreux villages de l'arrière-pays niçois. Le château de Bonson est détruit.

Vers le , les cent galères de Khayr ad-Din, ayant à leur bord 14 000 Turcs, font leur apparition dans les eaux niçoises venant de Constantinople et après avoir causé quelques désagréments aux côtes italiennes. Mais elles ne font que passer au large pour rejoindre la flotte française à Marseille[1],[2].

 
La galère de Khayr ad-Din Barberousse pendant sa campagne en Méditerranée en 1543 (musée naval d'Istanbul).

Le , le prince héritier Emmanuel-Philibert, qui séjournait à Nice, arrive à Gênes, où il a été envoyé[2].

Le , la flotte turque accompagnée par une petite flotte française composée de 22 galères et 18 vaisseaux et dirigée par le général des galères Antoine Escalin des Aimars dit « Paulin de la Garde », venant de Marseille, arrive dans la soirée dans la rade de Villefranche[3],[4],[5],[2].

Le , Barberousse fait aux Niçois une proposition de reddition. André Odinet de Monfort, gouverneur de la ville et du comté de Nice depuis le [2],[N 1] rejette cette proposition. Sa réponse au parlementaire qui portait la sommation est restée légendaire[2],[3] :

« Je me nomme Montfort, mes armes sont des pals, ma devise « Il faut tenir », avec la grâce de Dieu et la volonté des habitants, je résisterai jusqu'à mon dernier souffle[2]. »

— André Odinet de Monfort

Le arrive le chevalier Paul Siméon de Balbs de Quiers, grand prieur de Lombardie dans l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui vient prendre le commandement du château et de sa garnison. Il est accompagné du colonel niçois Érasme Galléan[2].

Le premier combat a lieu dans la plaine de Riquier le , entre les milices urbaines et l'avant-garde ennemie. Les Niçois sont repoussés dans les murs. Les coalisés installent alors leurs batteries tout autour de l'actuel Vieux-Nice, qui forme la totalité de la ville à l'époque.

Le , les Turcs installent une batterie, destinée à frapper le quartier ouest de la ville, au Barri viei. Sans doute le même jour un parlementaire turc remet au Sire de Montfort, gouverneur de la citadelle, une sommation : la capitulation immédiate ou la mise à sac de la ville ; la réponse est encore négative[3]. Barberousse s'installe au couvent franciscain de Sainte Croix. Il fait disposer de nombreuses batteries[3] sur la colline de Cimiez, à Saint-Charles, en contrebas du col de Mont Boron et sur la pente du Mont Gros[5].

Le , les troupes françaises terrestres commandées par le François de Bourbon, comte d'Enghien[N 2] arrivent[3],[4]. Ils franchissent le Var et le comte d'Enghien installe son quartier général dans l'abbaye bénédictine de Saint-Pons sur la pente Sud-Est de Cimiez[3].

Le comte d'Enghien a sous ses ordres le marquis de Baquincourt[5], Claude de Savoie, comte de Tende[5], le duc de Rochechouart[5], le comte de Tavannes[5], le comte de la Tour[5], le comte du Maine[5], le comte de Castellane[5], le comte de Pontevès[5], le chevalier d'Aulx[5], le baron Antoine Escalin des Aimars dit « Paulin de la Garde », chef des volontaire provençaux[5], Leone Strozzi, commandant la compagnie des Toscans[5], Gaspard Gimaldi II d'Antibes[5]. Khayr ad-Din Barberousse a quant à lui sous ses ordres Ali Drogut[5], Osman, aga des janissaires[5], Rays Salek[5].

Les défenseurs de Nice sont conduits par André Odinet de Monfort, gouverneur de la ville[2],[5], assisté de Paul Siméon de Balbs[5], Nicolas de Beaumont[5], Richard d'Arathon[5], Jean-François Lascaris[5], Jeannet Papacino[5], Érasme Galléan[5].

 
Boulet tiré par les assiégeants franco-turcs.

Le , les bombardements commencent[6],[4]. Les armées françaises et turques se sont réparties les zones d'attaques par secteurs géographiques : Barberousse reste à Sainte Croix, le capitaine Paulin se voit confier le faubourg Saint-Antoine (aux environs de la Porte Fausse actuelle), le comte de Tavannes s'installe face au bastion Saint-Sébastien (près de la porte Pairolière), Ali Drogut garde les alentours de la tour Sincaïre et Osman les environs de Lympia[5],[6]. Toutes les autres troupes forment une seconde ligne postée sur les hauteurs environnantes. Les batteries turques entrent alors en action et auraient tiré 1 200 coups de canon vers la ville qui riposte avec l'artillerie installée dans la citadelle[5],[6]. Un neveu de Barberousse est tué à la redoute du mont Boron[5].

Les bombardements se poursuivent les et occasionnant de graves dommages aux fortifications : le bastion Sincaïre s'écroule en partie, tandis que les bastions Saint-Georges et Saint-Sébastien sont fortement endommagés. Les Niçois tentent à ce moment-là une sortie infructueuse contre les positions turques avancées[5],[6].

 
Catherine Ségurane, battoir en main, brandissant le drapeau arraché aux Turcs. Bas-relief situé à l'emplacement du bastion Sicaïre, en face de l'église Saint-Martin-Saint-Augustin.

Le au matin, les assiégeants se préparent à donner l'assaut final en plaçant en ligne, face à la ville, une centaine de vaisseaux armés, tandis que les troupes terrestres se forment en colonnes. L'attaque est d'une rare violence, permettant aux attaquants d'ouvrir deux brèches dans les remparts, et d'affaiblir un peu plus le bastion Sincaïre et la porte Pairolière[5],[6]. La population entière se porte à la défense de la ville[6]. Jean-André Tonduti, comte de Falicon, un des plus intrépides défenseurs des remparts, est tué[7].

C'est ce jour là qu'une lavandière (bugadiéra en niçois), Catherine Ségurane, dit donna maufacia (« femme laide »), aurait galvanisé le courage de ses compatriotes en s'emparant d'un drapeau turc[6],[4].

L'acharnement des défenseurs fait durer la lutte encore quelques jours. Le , les Turcs décident de piller les villages et les campagnes environnants[6].

Le [N 3],[N 4], les assiégés, réunis en assemblée générale des responsables de la défense – les consuls, les conseillers de la ville, les capitaines des quartiers, les principaux chefs de famille – et avec l'assentiment du gouverneur du château, décident d'accepter les nouvelles conditions de l'adversaire qui prévoient la remise de la ville aux Français seulement et le droit, pour les habitants qui le souhaitent, de se réfugier dans la citadelle qui supporterait seule le poids du siège, ainsi que la sauvegarde des biens et des personnes restant dans la ville[7],[6],[4].

Le [N 5],[N 6], le chevalier d'Aulx pénètre dans Nice et en prend possession au nom du roi de France[6].

Le siège du château commence. Il va durer 18 jours. Le Camas Supran devient la principale base d'attaque des assiégeants qui cherchent grâce à un échafaudage à abatte la Tour Royale ou donjon ; de même la petite plate-forme des Carmes est mis à profit pour batte le château[8]. Les attaques se poursuivent jusqu'au , date qui voit un nouvel ultimatum de Barberousse repoussé par la forteresse[6].

Les Turcs commencent à trouver le temps long et s'inquiètent des rumeurs qui annoncent l'arrivée d'une armée savoyarde de secours appuyée par la flotte de l'amiral génois Andrea Doria[4]. Par ailleurs, Français et Turcs sont à court de munition[8].

En fait, Jacques Provana de Leyni descend du col de Fenestre avec 2 000 soldats, tandis que le duc de Savoie Charles II et son armée franchissent le col de Nava (it), descendant l'Impero (it), arrivant par Oneille et la Riviera[8].

Dans la nuit du au , violant les accords, les Ottomans mettent à sac la ville qui prend feu et Barberousse s'éloigne emmenant 2 500 personnes captives que les galères emportent vers les marchés d'esclaves[9],[4]. Luc Thévenon indique que les Français, notamment ceux du seigneur d'Antibes, ont également participer aux incendies[8]. Jean Badat (1516-1567), dans sa chronique en niçois, indique « perche los dits Franseses et Turchs abandonerom la vila et meterom lo fuec als quatre cantons della villa » (« Français et Turcs, avant de partir, mirent le feu aux quatre coins de la ville »)[10]. Tandis que le maréchal de Vieilleville, dans ses Mémoires, fait porter la responsabilité du saccage et de l'incendie aux seuls Français, les Turcs ayant déjà rejoint Villefranche[8].


La levée du siège modifier

Le , le comte d'Enghien se retire pour éviter de rester seul face aux armées du duc de Savoie[9].

Le , le duc de Savoie Charles II arrive avec près de 15 000 hommes, tandis que la flotte du Génois Andrea Doria apparaît à son tour[9].

le , Barberousse attend que le gros de ces troupes fraîches soit reparti pour revenir brusquement quelques jours après dans la rade de Villefranche ; à nouveau il passe par le col du Mont Boron et menace Nice ; mais la garnison ayant été considérablement renforcée, les assiégés peuvent mener une sortie victorieuse qui dissuade définitivement le Ottomans de revenir dans le pays niçois[9].

La paix modifier

La paix ne sera définitivement établie que par la signature du traité de Cagnes le entre les représentants de Charles II, de l'empereur et du roi de France. Le roi de France renonce définitivement au comté de Nice et à la vallée de la Stura. L'acte de restitution des terres occupées par les Français est ratifié par Paul Siméon grand prieur de Lombardie, capitaine du château et André Odinet de Montfort « gouverneur de Nice et toutes les Terres Neuves »[8].

Conséquences du siège : renforcement des fortifications modifier

Dès l'éloignement des assiégeants, les réparations des remparts commencent[10],[8].

Les quartiers incendiés et ruinés de la colline du château ne sont pas restaurés, mais au contraire déblayés. En 1548, Paul Siméon fait édifier de solides arcades, adossées à l'ancienne muraille. En 1651, le duc Charles obtient du pape Jules III un bref qui concède quatre décimes sur tous les biens ecclésiastiques situés dans son duché comme participation aux frais de construction des fortifications niçoises. Les travaux resteront cependant limités jusqu'à la fin de son règne[8].

Le siège a mis en évidence les faiblesses de la défense niçoise : rade de Villefranche facile à investir, abords de la ville sans contrôle, remparts trop accessibles par le Pré-aux-Oies (zone non habitée vers l'embouchure du Paillon) et la Marine, château insuffisant et mis en péril dès la prise de ville grâce à la possibilité offert aux assiégeants de s'installer sur les plates-formes du Camas Sobran et des Carmes[8].

Conscient de ces faiblesses, Emmanuel-Philibert, qui arrive au pouvoir en 1553, va s'employer à transformer Nice en une citadelle moderne efficace[8].

Ainsi, plusieurs grands chantiers de constructions militaires vont être entrepris. Le château va être doublé d'une citadelle, l'enceinte de la ville va être élargie et renforcée, les environs de la ville, Villefranche, et la liaison du port avec la ville vont recevoir des protections. Les communautés du comté se verront astreintes à contribuer au financement de ces travaux, ce qui n'ira pas sans résistances[8].

Le début de l'année 1557 voit l'ouverture simultanée des chantiers de construction du fort de Montalban et de la citadelle de Villefranche[11]. Les travaux de la citadelle autour du château démarre eux en 1560[11].

Le fort de Montalban est un ouvrage isolé de taille modeste (40 m de côté). Sa garnison ne dépasse pas 50 à 70 hommes[12].

La citadelle de Villefranche est un ouvrage beaucoup plus important. Les travaux se poursuivent pendant près de quinze ans puisque qu'ils ne sont pas complètement achevés en 1571. Néanmoins dès 1563, la citadelle abrite une importante garnison qui atteindra 400 hommes en 1691[13].

Deux autres éléments secondaires sont ajoutés pour la défense de Villefranche et de Nice. Le fort de Saint-Hospice dont la construction démarre vers 1608. Plus grand que le fort de Montalban, il pouvait abriter une garnison de 200 hommes. Il est rasé en 1706[14]. La tour de Bosio située sur la pointe de Beaulieu est un petit ouvrage pour participer à la défense des abords du port de Villefranche[14].

L'enceinte de la ville est renforcée. Il s'agit de rénover des murailles vétustes, de les moderniser, de les flanquer de bastions. Mais on décide de ne pas restaurer les remparts, mais d'étendre leur superficie et d'élargir l'enceinte. Ainsi le Paillon, bordé de courtines et de bastions, joue le rôle d'un fossé[15].

Mémoire du siège modifier

La région niçoise qui s'était trouvée pendant deux mois un des théâtres de l'actualité internationale violente de l'époque n'oubliera jamais ces incursions ottomanes sur son territoire. Certes, les 2 500 captifs, ramenés plus tard à Nice, le sac de la ville, la désolation des campagnes et villages voisins, tout cela a dû frapper l'imagination d'une population en général assez paisible, en tout cas rarement mêlée à des actes aussi douloureux. Il y a peut-être aussi le caractère -disons exotique- des Turcs qui a joué dans le souvenir tenace qu'ils ont laissé. En effet, matériellement les dégâts semblent avoir été rapidement effacés grâce à la générosité du duc Charles II et grâce au travail de la population. Par contre, c'est dans le souvenir collectif de la région que ce passage restera indélébile pour se mêler à l'histoire et à la légende[16].



Le siège de 1543 a profondément marqué la construction de la mémoire civique de Nice. Le mythe de Catherine Ségurane et le récit de l'intervention miraculeuse de la Vierge Marie sur le bastion Sincaïre au plus fort de la bataille construisent la mémoire de Nice autour des valeurs de résistance et de courage.

Dès 1552, les consuls de Nice font construire une chapelle dédiée à Notre dame du sincaïre qui entend montrer que la ville de Nice, en résistant héroïquement aux Turcs et à leurs alliés, est un vrai fer de lance de la croisade[non neutre]. Nice s'inscrit donc dans cet idéal combattant qui anime tout le XVIe siècle.

La mémoire du siège de 1543 est toujours marquée par divers éléments disséminés dans le Vieux Nice, notamment les boulets des canons turcs présents dans certaines rues et sur la place Garibaldi, comme la plaque commémorant le vœu des consuls de 1552 qui se trouve sur la façade de la chapelle du saint Sépulcre, ou bien le monument à Cathérine Ségurane érigé sur les restes du bastion Sincaïre, ou encore la statue de Notre Dame du Sincaïre pieusement conservée par les pénitents bleus.

Il existe quelques rares monnaies obsidionales frappées par les assiégés durant le siège de Nice, écus d'or et testons au nom de Charles II de Savoie, avec la mention NIC. A. GAL. TURC. OBS. (Nice assiégée par les Français et les Turcs).



Divers modifier

Le siège modifier

C'est ici que la tradition rapporte deux événements : une apparition de la Vierge Marie, qui donne lieu, en grâce, à la construction d'une chapelle dite de la Madone de Sincaïre, détruite dans les années 1780 pour construire la place Garibaldi, et l'intervention de Catherine Ségurane, une lavandière, qui aurait galvanisé la défense.

À la suite de l'échec de l'assaut, les dissensions gagnent le camp coalisé, tandis qu'en Piémont, le duc Charles III de Savoie (1486-1504-1553) et son allié le marquis Del Vasto, gouverneur de Milan au nom de Charles-Quint, lèvent une armée de secours dont un premier détachement s'installe à Sospel le .

Du au , le bombardement reprend, et deux nouvelles brèches sont ouvertes, cette fois sur le rempart nord-ouest, au niveau des actuelles place Saint-François et rue du Pont-Vieux. La ville décide alors de capituler, mais pas la garnison du Château. La population est évacuée, sous la protection des Français, au grand dam des Ottomans qui comptaient bien se saisir d'esclaves nombreux[réf. nécessaire].

Le siège se prolonge donc, désormais limité à la colline du Château (parc du Château aujourd'hui), uniquement fait de bombardements. Le , une partie du contingent ottoman conduit une razzia qui remonte la vallée du Paillon, jusqu'à L'Escarène, et franchit le col de Braus, jusqu'à Sospel. Certaines sources[Lesquelles ?] parlent de 500, voire de 1 500 captifs. Emmenés vers l'Orient, ces captifs sont délivrés par la flotte espagnole au large de la Sardaigne.

Dans le même temps, depuis le début du siège, Jean-Baptiste Grimaldi de Beuil-Ascros, allié aux assiégeants, tente de mettre la main sur les hautes vallées du Comté, notamment le Var et la Tinée, tandis que les troupes ducales tiennent la Vésubie et la Roya.

La levée du siège modifier

Le , l'armée de secours, sous le double commandement de Charles II de Savoie et Don Alphonse d'Ávalos, marquis Del Vasto, s'annonce par voie de mer et de terre, venant de Ligurie. Les assiégeants lèvent le camp les 8 et , tandis que la ville est en grande partie incendiée et pillée. Le duc Charles II de Savoie fait son entrée à Nice le .

La flotte ottomane demeure cependant encore aux îles de Lérins jusqu'au , avant de se replier sur Toulon, que François Ier avait fait entièrement vider de ses habitants. Elle y demeure jusqu'en .

Progressivement, les troupes ducales reprennent le contrôle du territoire. Une ferme répression s'abat sur les Niçois qui avaient choisi le camp français.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Paul Canestrier indique qu'André Odinet de Monfort est gouverneur du château de Nice[5].
  2. Il est évoqué souvent le duc d'Enghien, or ce n'est qu'à partir de 1566 que Louis Ier de Bourbon-Condé devient duc d'Enghien.
  3. Jean-Philippe Fighiera indique le 20 ou le 21 août[6].
  4. Laurent Ripart indique le 19 août[4].
  5. Jean-Philippe Fighiera indique le 22 ou le 23 août[6].
  6. Luc Thévenon indique le 23 août[2].

Références modifier

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (frm) Pierre de Lambert, « Mémoires sur la vie de Charles duc de Savoye neuvième, dès l'an MDV [1505] jusqu'en l'an MDXXXIX [1539], avec un discours sommaire sur le succès du siège mis au devant du château et cité de Nice par François roy de France et par le Turch Barberosse de l'an MDXLIII [1543] », dans Historiae patriae monumenta (texte écrit peu de temps après 1543), Turin, Regia Deputazione sopra gli studi di Storia Patria, (lire en ligne).
  • (it) Pietro Gioffredo, « Storia delle Alpi Marittime » [« Histoire des Alpes maritimes »], dans Historiae patriae monumenta (texte écrit vers 1690), Turin, Regia Deputazione sopra gli studi di Storia Patria, (lire en ligne), p. 1373-1442.
    • Pierre Gioffredo (trad. de l'italien par Hervé Barelli), Histoire des Alpes maritimes : Une histoire de Nice et des Alpes du Sud des origines au 17e siècle [« Storia delle Alpi Marittime »], Nice, Nice Musées, coll. « Bibliouteca gioffrediana », , 647 - 721 p. (ISBN 978-2-913548-91-6). — Ouvrage en 5 volumes. L'appareil de notes est établi par Hervé Barelli, les textes en latin sont traduits par Marcelle Prève.
  • Abbé E. Tisserand, Histoire civile et religieuse de la cité de Nice et du département des Alpes-Maritimes, vol. 2 : Les temps modernes, depuis l'annexion de la Provence à la couronne de France jusqu'à l'entrée des Français dans Nice, en 1792, Nice, Librairies Visconti et Delbecchi, , 320 p. (lire en ligne), p. 43-47.
  • Eugène Caïs de Pierlas, « Chronique niçoise de Jean Badat (1516-1567) », Romania, t. XXV, no 97,‎ , p. 33-79 (lire en ligne, consulté le ).  
  • Émile Buffon, « Du rôle de Villefranche dans l'histoire », Nice Historique, 13e année no 14,‎ , p. 273-286 (lire en ligne, consulté le ).
  • Paul Canestrier, « Le Journal du Siège de Nice en 1543 », L'Eclaireur du Dimanche, 11e année no 450,‎ , p. 5-6 (lire en ligne, consulté le ).
  • Paul Canestrier, « Les sièges militaires de Nice. I - Le siège de 1543 », Nice Historique, 33e année no 3,‎ , p. 89-92 (lire en ligne, consulté le ).  
  • Léo Imbert, « Lettres inédites de Charles III, duc de Savoie, et d'Emmanuel Philibert, prince de Piémont, concernant les affaires de Nice (1542-44) », Nice Historique, 34e année no 5,‎ , p. 167-186 (lire en ligne, consulté le ).
  • Georges Doublet, « Documents inédits sur le siège de Nice de 1543 », Nice Historique, 38e année no 5,‎ , p. 156-160 (lire en ligne, consulté le ).
    • Georges Doublet, « Documents inédits sur le siège de Nice de 1543 », Nice Historique, 39e année no 1,‎ , p. 3-20 (lire en ligne, consulté le ).
  • André Compan et Michel Campan (préf. Richard Pogliano), Histoire de Nice et de son Comté, Nice, éditions Campanile, coll. « Histoire », , 15e éd. (1re éd. 1973), 510 p. (ISBN 9782369930549). — Édition illustrée, revue et augmentée par Michel Compan, fils d'André Compan.
  • Jean-Philippe Fighiera, « Les incursions turques dans la région niçoise en 1543 », Cahiers de la Méditerranée, no 28 « Actes du colloque Vienne 1683, l'Empire Ottoman et l'Europe »,‎ , p. 77-93 (lire en ligne, consulté le ).  
  • Luc Thévenon (préf. Jacques Peyrat), Du château vers le Paillon : Le développement urbain de Nice de la fin de l'Antiquité à l'Empire, Nice, Serre Éditeur, coll. « Forum d'architecture et d'urbanisme », , 408 p. (ISBN 2-86410-302-8 et 978-2-86410-302-8), « Rénovation des défenses après le siège de 1543 », p. 115-128.  
  • Laurent Ripart, « Siège de Nice par les Turcs », dans Ralph Schor (dir.), Dictionnaire historique et bibliographique du Comté de Nice, Nice, Serre éditeur, coll. « Encyclopædia Niciensis », , 412 p. (ISBN 2-86410-366-4 et 978-2-86410-366-0), p. 357-358.  
  • Mara de Candido, « Le "Château" de Nice, du donjon des comtes de Provence à la citadelle des ducs de Savoie, XIIIe - XVIe siècle », Nice Historique, 106e année no 3,‎ , p. 121-147 (lire en ligne, consulté le ).
  • Hervé Barelli (préf. Raoul Mille), Raves, beurre et pissalat : Histoire du congrès et du siège de Nice, de leurs antécédents et de leurs conséquences (1516-1579), Nice, Serre Éditeur, , 299 p. (ISBN 2-86410497-0 et 978-2-86410497-1).

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Articles connexes modifier

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