Louis-Joseph de Vendôme

général français
Louis-Joseph de Bourbon-Vendôme
Description de cette image, également commentée ci-après
Le duc de Vendôme en campagne par Jean Gilbert Murat.
Biographie
Titulature Prince du sang
Duc de Vendôme
Duc de Beaufort
Duc d'Étampes
Comte de Penthièvre
Prince de Martigues
Dynastie Maison de Bourbon-Vendôme
Distinctions Chevalier de l'ordre du Roi
Autres fonctions Gouverneur de Provence
Surnom le « Grand Vendôme »
Naissance
Paris, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Décès (à 57 ans)
Vinaròs, Drapeau de l'Espagne Espagne
Père Louis de Bourbon-Vendôme
Mère Laure Mancini
Conjoint Marie-Anne de Bourbon
Religion Catholicisme

Description de l'image Coat of Arms of Louis-Joseph de Vendôme.svg.

Louis-Joseph de Bourbon, duc de Vendôme, dit le Grand Vendôme, né le à Paris et mort le à Vinaròs en Espagne, duc de Vendôme (Louis III, 1669-1712), de Beaufort (1669-1688[1]), d'Étampes (1669) et de Mercœur (1669-1712) et comte de Penthièvre (1669), est un général français.

Biographie modifier

Il est le fils aîné de Louis II, duc de Mercœur, duc de Vendôme, et de Laure Mancini et le petit-fils de César de Vendôme, homosexuel comme lui. Il est donc l'arrière-petit-fils du roi Henri IV et de Gabrielle d'Estrées et le petit-fils de Françoise de Lorraine. Frère aîné du grand prieur Philippe de Vendôme, il est également le cousin germain de la duchesse et régente de Savoie Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie et de la reine de Portugal Marie-Françoise-Élisabeth de Savoie.

Orphelin à l'âge de 15 ans, il hérite d'une immense fortune et commence une carrière militaire à l'âge de 18 ans. Il est promu au grade de lieutenant-général en 1688. Durant la guerre de la Ligue d'Augsbourg, il se distingue lors des batailles de Steinkerque et de La Marsaille, puis commande l'armée d'invasion de la Catalogne en 1695 et s'empare de Barcelone en 1697.

Louis XIV a toujours refusé de le faire maréchal de France, car il jugeait que, même issu d'une branche bâtarde, son origine royale l'empêchait d'ambitionner une dignité inférieure à son rang[2]. En 1702, après la capture du maréchal de Villeroy à Crémone au tout début de la guerre de Succession d'Espagne, Vendôme est nommé à la tête de l'armée française en Italie en 1702. Il y fait la connaissance de Giulio Alberoni qui fera carrière en devenant son amant.

Vendôme s'oppose durant trois ans à son cousin, le prince Eugène de Savoie-Carignan, feldmaréchal impérial, qu'il bat à Cassano en 1705. En 1706, il remporte la bataille de Calcinato avant d'être envoyé en Flandre où l'armée française a subi plusieurs défaites. Mais il se querelle avec le duc de Bourgogne et ne peut empêcher une nouvelle défaite française à Audenarde.

Dégoûté par ce revers dont il rejette la responsabilité sur le petit-fils de Louis XIV, il se retire dans ses propriétés. Il épouse alors en 1710 à Sceaux, à l'âge de cinquante-six ans, une de ses cousines, âgée de trente-deux ans, Marie-Anne de Bourbon-Condé (mademoiselle de Montmorency), fille d'Henri-Jules de Bourbon-Condé et d'Anne de Bavière. Cette union resta sans postérité.

Il est rappelé pour prendre le commandement de l'armée de Philippe V d'Espagne. Il remporte alors les victoires de Brihuega et de Villaviciosa qui assurent à Philippe le trône d'Espagne. Critiqué par ses contemporains qui lui reprochent une grossièreté soldatesque[3] et des mœurs homosexuelles dissolues[4], il fut l'un des meilleurs généraux de Louis XIV. À sa mort en 1712 à Vinaròs en Espagne, des suites d'une indigestion[5], Philippe V d'Espagne fit porter le deuil à tout son royaume ; ses restes reposent à l'Escurial (Madrid), dans le caveau des Infants.

Personnalité modifier

Détestant les bâtards royaux légitimés, le duc de Saint-Simon, dans ses Mémoires, dresse de lui un portrait au vitriol :

« Il était d'une taille ordinaire pour la hauteur, un peu gros, mais vigoureux, fort, et alerte ; un visage fort noble et l'air haut […] surtout admirable courtisan, et qui sut tirer avantage jusque de ses plus grands vices à l'abri du faible du Roi pour sa naissance ; poli par art, mais avec un choix et une mesure avare, insolent à l'excès […] en même temps, familier et populaire avec le commun par une affectation qui voilait sa vanité et le faisait aimer du vulgaire ; au fond, l'orgueil même, et un orgueil qui voulait tout, qui dévorait tout[6]. »

De fait, s'il fut l'un des grands généraux de Louis XIV (quoique négligent sur les détails et en général bien aidé par ses seconds, comme à Cassano ou Villaviciosa), le duc de Vendôme était réputé pour sa grossièreté. Le marquis d'Argenson, futur ministre des Affaires étrangères de Louis XV, notera dans son journal qu'il porta à un excès « prodigieux » le « libertinage, la malpropreté et la paresse ».

Il était connu pour son homosexualité ostensiblement vécue[7]. Saint-Simon lui reprochait de s'être adonné au « vice » des « habitants de Sodome » : « M. de Vendôme y fut plus salement plongé toute sa vie que personne, et si publiquement, que lui-même n'en faisait pas plus de façon que la plus légère et de la plus ordinaire galanterie », mais contrairement au célèbre mémorialiste, la Cour tolérait largement ce penchant[8]. Et de poursuivre de sa vindicte le malheureux duc venu à Clichy « suer la vérole entre les mains les plus habiles, qui échouèrent. » L'arrière-petit-fils d'Henri IV dut revenir à la Cour « avec la moitié de son nez ordinaire, ses dents tombées, et une physionomie entièrement changée, qui tirait sur le niais ».

Activité militaire modifier

Titres modifier

Divers modifier

C'est à Clichy-la-Garenne, dans la maison du financier Antoine Crozat que Louis-Joseph duc de Vendôme et d'Étampes, vient se réfugier pendant près de trois mois pour soigner sa vérole. La maison du financier Antoine Crozat, était vaste et confortable, au milieu de magnifiques jardins dessinés par Le Nôtre. Et en 1708, Crozat lui acheta sa terre de Vendeuil.

Ascendance modifier

Notes et références modifier

  1. Date à laquelle il vendit le duché à Charles Ier Frédéric de Montmorency-Luxembourg qui le renomma duché de Montmorency.
  2. Saint-Simon, Mémoires, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, 1948, t. II, p. 260.
  3. « Il est bien certain que le duc de Vendôme portoit, surtout à la fin de ses jours, le libertinage, la malpropreté et la paresse, à un excès si prodigieux, qu'il est inconcevable que ces défauts ne lui aient pas fait plus de torts… » Voyer de Paulmy d'Argenson 1857, p. 129[lire en ligne].
  4. Lachâtre 1843, p. ??.
  5. « …Il se livra tout à son aise de tous genres de volupté qui lui étoient chers ; il se gorgea de poisson qu'il émoit à la fureur, fût-il bon ou mauvais, bien ou mal accommodé ; il but du vin épais, capiteux, fumeux, et gagna enfin une forte indigestion, ou plutôt une maladie, suite d'indigestions répétées, dont la diète et l'exercice auroient put être le véritable remède ». Voyer de Paulmy d'Argenson 1857, p. 133 [lire en ligne].
  6. Saint-Simon, op. cit., t. II, p. 573.
  7. Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean-François Fitou, Saint-Simon and the Court of Louis XIV, University of Chicago Press, (ISBN 9780226473208, lire en ligne), p. 109
  8. Didier Godard, Le Goût de Monsieur. L'homosexualité masculine au XVIIe siècle, éditions H & O, Montblanc, 2002.

Sources et bibliographie modifier

  • Jean-Paul Desprat, Les Bâtards d'Henri IV. La saga des Vendômes (1594-1727), Perrin, 1994 (réédition Tallandier 2015 et Texto Tallandier 2018).
  • Fadi El Hage, Vendôme. La gloire ou l'imposture, Belin, 2016, 340 p.
  • Jean-Claude Pasquier, Le Château de Vendôme, [détail des éditions].
  • René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson, Mémoires et journal inédit du marquis d'Argenson : ministre des affaires étrangères sous Louis XV, .
  • Louis Truc, MM. de Vendôme ou les pourceaux d'Épicure, 1956.
  • Maurice Lachâtre, Histoire des Papes, Mystères d'iniquités de la cour de Rome, .
  • Lucien Bély (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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