Aix-la-Chapelle

ville d'Allemagne

Aix-la-Chapelle
Aachen
Aix-la-Chapelle
Blason de Aix-la-Chapelle
Armoiries
Drapeau de Aix-la-Chapelle
Drapeau
Administration
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Land Drapeau de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie Rhénanie-du-Nord-Westphalie
District
(Regierungsbezirk)
Cologne
Arrondissement
(Landkreis)
Aix-la-Chapelle (région urbaine d'Aix-la-Chapelle)
Nombre de quartiers
(Ortsteile)
7
Bourgmestre
(Bürgermeister)
Mandat
Sibylle Keupen (de)
depuis
Partis au pouvoir Alliance 90 / Les Verts
Code postal 52062-52080
Code communal
(Gemeindeschlüssel)
05 3 13 000
Indicatif téléphonique +49-241, +49-2405,
+49-2407, +49-2408
Immatriculation AC
Démographie
Gentilé aixois
Population 252 136 hab. ()
Densité 1 568 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 46′ 00″ nord, 6° 06′ 00″ est
Altitude 173 m
Min. 67 m
Max. 410 m
Superficie 16 083 ha = 160,83 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
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Aix-la-Chapelle
Géolocalisation sur la carte : Rhénanie-du-Nord-Westphalie
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Aix-la-Chapelle
Liens
Site web www.aachen.de

Aix-la-Chapelle [ɛks la ʃapɛl][N 1] (en allemand Aachen [ˈaːχ][N 2] Écouter, en francique ripuaire Oche [ˈɔːxə])[N 3] est une ville d'Allemagne située dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Ses habitants sont les Aixois et les Aixoises (Aachener en allemand).

Son centre-ville se situe à 5 km de la jonction des frontières de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la Belgique, où l'extrémité ouest de son territoire rejoint les communes belge de Plombières (section de Gemmenich) et néerlandaise de Vaals. C'est la ville la plus à l'ouest de l'Allemagne. Au sud commence l'Eifel.

Il y est parlé un dialecte de la langue régionale francique ripuaire qui s'appelle Öcher Platt.

L'étymologie de Aix-la-Chapelle vient du latin aquis[1] (ablatif pluriel de « eau »), pour Aix, et capella (désignant le manteau de saint Martin) pour Chapelle, la relique étant conservée dans l'édifice homonyme construit par Charlemagne de 787 à 797 (d'où il contrôlait son empire).

Aix-la-Chapelle est connue comme ville de résidence de Charlemagne, comme capitale de l'Empire carolingien au IXe siècle, pour les couronnements d'empereurs et aujourd'hui pour sa station thermale et son université technique, l'École supérieure polytechnique de Rhénanie-Westphalie.

Histoire modifier

Appartenances historiques

Empire romain (124–293)
Empire romain d'Occident (293–476)
Royaume mérovingien (481–751)
Empire carolingien (754–962)
Saint-Empire (962–1166)
  Saint-Empire (Ville libre) 1166-1797
  République cisrhénane (Roer) 1797-1802
  République française (Roer) 1802-1804
  Empire français (Roer) 1804-1815
  Royaume de Prusse (Grand-duché du Bas-Rhin) 1815-1822
  Royaume de Prusse (Province de Rhénanie) 1822-1871
  Empire allemand 1871-1918
  République de Weimar 1918-1933
  Reich allemand 1933-1945
  Allemagne occupée 1945-1949
  Allemagne de l'Ouest 1949-1990
  Allemagne 1990-présent

Proto-histoire et Antiquité modifier

Le site est occupé depuis le néolithique. La cuvette d'Aix-la-Chapelle, drainée par le ruisseau Wurm, présente de nombreuses sources qui en font une zone marécageuse. Aussi, ce sont les hauteurs (le Lousberg) qui sont occupées par les premiers hommes. Des carrières attestent de leur présence. Les Celtes et les Romains s'intéressèrent aux sources chaudes : selon la tradition, la ville fut fondée par le Romain Grenus, sous Hadrien, vers l'an 124. Des bains d'un camp militaire romain du Ier siècle y ont été découverts. Le mot latin aquis est devenu en français aix (Aix-en-Provence et Aix-les-Bains étant aussi des villes d'eaux romaines).

 
Elisenbrunnen (fontaine d'Élise), ensemble architectural bâti autour de l'une des sources chaudes.

Moyen Âge modifier

Le roi franc Pépin le Bref bâtit un château à Aix. Le premier document écrit sur la ville (765) la mentionne comme Aquis villa ; par la suite apparaît le nom Aquae Granni. Son fils Charlemagne apprécia l'endroit et en fit son lieu de résidence et la capitale de l'empire, construisant un palais dont la magnifique chapelle allait devenir la cathédrale. C'est à Aix qu'arriva en 802 l'éléphant blanc, présent du calife de Bagdad Harun ar-Rachid et que Charlemagne appela Abul-Abbas. L'empereur fut enterré dans la chapelle palatine en 814.

Plusieurs conciles régionaux se sont tenus à Aix-la-Chapelle de 799 à 861 (voir concile d'Aix-la-Chapelle).

En 936, le roi de Germanie, Otton Ier, fils de Henri Ier, fut couronné dans la cathédrale. Les empereurs du Saint-Empire romain germanique furent couronnés à Aix pendant 600 ans, le dernier étant Ferdinand Ier en 1531. Au Moyen Âge, Aix était l'une des plus grandes villes de l'empire, mais elle n'eut ensuite qu'une importance régionale. Après la destruction de Dinant par Charles le Téméraire, en 1466, de nombreux dinandiers wallons, comme les familles Amya, Momma ou Byda, se sont réfugiés à Aix et y ont développé une industrie florissante.

Époque moderne modifier

Aix-la-Chapelle resta ville libre d'Empire jusqu'en 1792, quand Dumouriez s'en empara ; prise et reprise depuis, elle resta aux Français de 1794 à 1814 et devint sous le premier Empire le chef-lieu du département de la Roer. Après la conquête prussienne en , Aix-la-Chapelle fut intégré au Royaume de Prusse par le Traité de Paris du . Aix-la-Chapelle fut chef-lieu du district d'Aix-la-Chapelle (en allemand : Regierungsbezirk Aachen) du Grand-Duché du Bas-Rhin (1816-1822), puis de la province de Rhénanie (1822-1945) et, enfin, de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (1946-1972). À partir du , Aix-la-Chapelle fut nominalement chef-lieu de l'arrondissement d'Aix-la-Chapelle (Kreis Aachen) mais sans en faire partie. L'arrondissement d'Aix-la-Chapelle est dissous le , date de l'entrée en vigueur de la loi portant création de la région urbaine d'Aix-la-Chapelle (Gesetz zur Bildung der Städteregion Aachen) du . L'arrondissement d'Aix-la-Chapelle fusionne par conséquent avec la ville d'Aix-la-Chapelle pour former la Städteregion Aachen, dont Aix-la-Chapelle est depuis le chef-lieu.

Traités d'Aix-la-Chapelle modifier

Quatre traités célèbres, dits traités d'Aix-la-Chapelle, y furent signés :

Seconde Guerre mondiale modifier

En tant que ville située sur l'extrême frontière Ouest, Aix-la-Chapelle subit la guerre de manière particulièrement importante. En , une première attaque aérienne s'abattit sur la ville, quatre autres suivirent.

Le , au bout de six semaines de combats, la ville fut la première ville allemande à tomber face aux armées alliées (armée américaine) après la bataille d'Aix-la-Chapelle.

Représentations cartographiques de la municipalité
Carte OpenStreetMap
Carte topographique

Politique et administration modifier

Jumelages modifier

Population et société modifier

Enseignement modifier

Manifestations culturelles et festivités modifier

Chaque année au mois de mai, le prix international Charlemagne (Karlspreis) est remis à une personnalité qui a œuvré pour la cause européenne.

En 2006, la ville a accueilli les jeux équestres mondiaux. Le CHIO allemand (Concours Hippique International Officiel) s'y déroule également chaque année en été.

Tous les sept ans, des personnes effectuent un pèlerinage (Die Aachener Heiligtümer). Les reliques reposant dans le Marienschrein (la châsse de la Sainte Vierge Marie) dans la cathédrale sont montrées au public. Ces reliques seraient les langes de Jésus, la robe de la Sainte Vierge, le tissu dans lequel aurait été enveloppée la tête de saint Jean le Baptiste après sa décapitation ainsi que le tissu que le Christ aurait porté autour de la taille lors de la crucifixion.

Sports modifier

 
Entrainement pour la Ulla-Klinger-Cup 2021, une compétition de plongeon, à Aix-la-Chapelle. Novembre 2021.

Économie modifier

Aix-la-Chapelle possède un aéroport et se situe près d'un bassin houiller, auquel elle donne son nom (industries textiles laine, sidérurgie, industries chimiques, verrerie). La ville compte une usine de fabrication de pneumatiques du groupe allemand Continental AG.

Culture locale et patrimoine modifier

Lieux et monuments modifier

 
Carte interactive du patrimoine d'Aix-la Chapelle.

Le palais de Charlemagne modifier

Charlemagne fit d'Aix-la-Chapelle le siège de sa cour et de son royaume (le sedes regia) : ayant auparavant une vie semi-nomade comme tous ses prédécesseurs francs, il choisit une douzaine de palais pour y établir pendant quelques mois sa Cour itinérante, privilégiant Aix-la-Chapelle à partir de 790 avant d'y faire construire de 795 à 805 son palais qui devint sa résidence permanente dès 801[2]. Son architecture s'inspire des traditions romaines et byzantines. Charlemagne y résida de 801 à sa mort en 814 ; il y est enterré.

Aix-la-Chapelle à la fin du VIIIe siècle était une station thermale antique fondée par les Romains. Selon Éginhard (qui a écrit le livre Vie de Charlemagne), Charlemagne la découvrit lors d'une partie de chasse. Comme il aimait la natation, il fit creuser une piscine où 100 personnes pouvaient se baigner à la fois[2]. La situation géographique d'Aix-la-Chapelle dans le royaume carolingien fut un atout pour la ville. Le nouveau royaume franc était résolument axé sur le Rhin. Aussi, l'axe Rome / Aix-la-Chapelle était l'épine dorsale de l'Occident chrétien sous Charlemagne et Louis le Pieux. La disposition des bâtiments du palais était imposée par les fonctions : habitation, représentation, culte, économie. Il pouvait s'ajouter d'autres fonctions : administration, justice et école sans oublier la vie religieuse étroitement liée à la personne de l'Empereur : Aix-la-Chapelle cumulait toutes ces fonctions.

L'assemblée générale : les « Champs de mai » firent de la nouvelle capitale un haut lieu de la politique, de même que les assemblées : les conciles et les synodes. La justice royale se rendait dans la salle de juridiction du palais. La ville devint aussi une capitale intellectuelle. Aix-la-Chapelle fut considérée comme une nouvelle Athènes. Le palais comportait l'école palatine qui avait pour mission de former une nouvelle génération de comtes, d'administrateurs sachant lire et écrire. Elle disposait d'une importante bibliothèque.

Cette construction témoigne des richesses de Charlemagne mais aussi de la volonté d'originalité de l'empereur. Aix avait un plan général nouveau avec une ordonnance extérieure et un aspect intérieur originaux :

  • Chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle :
    • emprunts byzantins :
      • mosaïques
      • coupole centrales
      • C'est la basilique Saint-Vital (532-547) à Ravenne qui servit de modèle ; l'architecte adopta un plan octogonal et centré.
    • influences romaines :
      • la mosaïque au sol (d'un artiste inconnu cependant).
      • les chapiteaux corinthiens, qui sont pour certains des réemplois, c'est-à-dire des chapiteaux importés d'Italie.
      • Charlemagne serait, d'après Pierre Riché[réf. nécessaire], enterré dans un sarcophage antique.
    • La chapelle, témoin de la renaissance carolingienne : la salle voûtée préparait les cathédrales ; la décoration des grilles par des hélices, marguerites, tresses, cordelettes, entrelacs est carolingienne. Cet art de cour original eut un rayonnement dans tout le royaume carolingien car les prélats et les palatins voulurent imiter l'empereur.
  • L'école palatine

La ville est centrée par rapport au reste de l'empire. Le besoin d'une capitale d'Empire, l'envie de rivaliser avec Byzance et l'ancienne Constantinople, la volonté d'indépendance face à Rome ont été des éléments déterminants pour son édification. Le palais devint le lieu de centralisation du pouvoir et la résidence favorite d'un grand prince. Louis le Pieux y resta comme son père, mais avec les partages territoriaux de l'empire, la capitale et le palais ne furent plus aussi prestigieux et symbolique qu'au temps de Charlemagne. Aix-la-Chapelle fut malgré tout encore un enjeu en 843 lors du traité de Verdun, preuve qu'elle avait marqué la dynastie carolingienne après Charlemagne.

Personnalités liées à la ville modifier

Littérature modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

Références modifier

  1. (oc) Domergue Sumien, « Lei noms d’Ais de Provença, de Dacs e de la Vila d’Ax », Jornalet,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a et b « À la recherche de Charlemagne », documentaire de Perrine Kervran, France Culture, 30 avril 2013.
  3. (en) American Physical Society (APS) [Société américaine de physique], « James C. McGroddy Prize for New Materials » [« Prix James McGroddy pour les nouveaux matériaux »], Liste intégrale des lauréats de ce Prix, sur APS.org, College Park, Maryland (États-Unis), American Physical Society, (consulté le ).
  4. Victor Hugo, « LETTRE IX AIX-LA-CHAPELLE. — LE TOMBEAU DE CHARLEMAGNE », dans Le Rhin, Hetzel, (lire en ligne), p. 85–103


Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier