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Madame du Barry
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Portrait de Madame du Barry par Élisabeth Vigée Le Brun, 1782, Corcoran Gallery of Art (Washington).

Titre Comtesse du Barry
(1768-1793)
Biographie
Nom de naissance Jeanne Bécu
Surnom Madame du Barry
Mademoiselle Lange
Mademoiselle de Vaubernier
Mademoiselle de Cantigny
Naissance
Vaucouleurs
Décès (à 50 ans)
Paris
Père Jean-Jacques Gomard de Vaubernier (?)
Mère Anne Bécu
Conjoint Guillaume Dubarry
Liaisons Louis XV
Signature de Madame du Barry

Blason de Madame du Barry

Jeanne Bécu, dite Bécu de Cantigny et plus connue sous son surnom de Madame du Barry, née le à Vaucouleurs et morte guillotinée le à Paris, est la dernière favorite de Louis XV, roi de France, entre 1768 et 1774.

Née roturière à Vaucouleurs, sa grande beauté en fait une personnalité importante du demi-monde parisien, plusieurs hommes de la haute noblesse française sont de ses amants et clients. Elle est devient la belle-sœur de son amant le comte du Barry après avoir rencontré Louis XV en 1768.

Bien que désirant ne pas se mêler de politique, elle est malgré elle au milieu ses rivalités entre ses amis, le duc d'Aiguillon et le maréchal-duc de Richelieu, et le duc de Choiseul, principal ministre d'État de Louis XV. La comtesse Jeanne du Barry mène une grande vie à la Cour, appréciée pour son esprit et son mécénat, mais détestée pour ses origines et son statut de maîtresse royale. Cela lui vaudra aussi l'animosité affichée de la jeune dauphine de France Marie-Antoinette d'Autriche, influencée par Mesdames, fille du roi, provoquant une crise politique entre la France et l'Autriche. Malgré des tentatives de réconciliation entre les deux femmes, toutes échoueront.

Au lendemain du décès de Louis XV le , le nouveau roi Louis XVI l'oblige à quitter la Cour. Elle mène une vie d'exil au château de Louvecienne, gérant son domaine, sa famille et recevant les grands noms de France et de l'Europe. Elle mène une grande histoire d'amour avec le duc de Brissac. Au moment où éclate la révolution française de 1789, Madame du Barry prend parti de la contre-révolution, venant en aide aux Émigrés en Angleterre.

Madame du Barry est un peu oubliée, mais le cambriolage de Louvecienne dans la nuit du 10 au 11 janvier 1791 attire l'attention sur elle ; on retrouve ses bijoux volés en Angleterre et un procès s'ouvre à Londres. Durant la période de la Terreur, ses traversées de La Manche la rendent suspecte auprès du Comité de Salut public. Elle est emprisonnée le à la prison Sainte-Pélagie et, après un procès expéditif où elle se défend mal, Madame du Barry est guillotinée le sur la place de la Révolution.

Famille modifier

Née roturière, rien ne présageait Jeanne Bécu à devenir une dame de qualité. Son arrière-grand-père était Jean Bécu, rôtisseur parisien durant le règne de Louis XIII, et son grand-père Fabien Bécu reprit son office dans les années 1600. Fort bel homme vivant en libertin, il avait épousé la damoiselle Séverine Bonné, comtesse de Montididier et dame de Cantigny. Celle-ci perdit ses titres pour avoir épousé un roturier, qui se faisait malgré tout appeler Bécu de Cantigny pour le prestige de la particule nobiliaire[L 1].

Elle meurt quelques mois plus tard, et Fabien Bécu entre au service de Mademoiselle de Ludres, maîtresse du roi de France Louis XIV entre 1675 et 1678 ; il est ensuite officier de bouche au service d'un noble voisin, M. de Roreté. Le à l'église de Vaucouleurs, il épouse Anne Husson, femme de chambre de la « Belle de Ludres ». Les témoins de ce mariage sont un avocat au Parlement, un maître chirurgien, un huissier audiencier et un autre officier de M. de Roreté[V 1]. De cette union naissent trois fils et quatre filles, parmi lesquels :

  • Charles (, Vaucouleurs - , Lunéville), qui se faisant appeler Bécu de Cantigny, valet du duc Léopold de Lorraine et de Stanislas Leczinski, alors duc de Lorraine[V 2] ;
  • Nicolas (, Vaucouleurs - , Versailles), domestique au service de l'épouse du duc d'Antin[V 3] ;
  • Hélène (, Vaucouleurs) dite la Belle Hélène, au service de Mme Bignon, épouse du prévôt des marchands de Paris Armand-Jérôme Bignon[V 2] ;
  • Anne (, Vaucouleurs - , Villiers-sur-Orge), couturière et mère de Madame du Barry ;
  • Jean-Baptiste, domestique auprès du duc Antoine VI de Gramont[V 3].

Enfance à Vaucouleurs modifier

À Paris, Anne Bécu de Cantigny est couturière au couvent des Pénitents réformés du Tiers-Ordre de Saint-François de Picpus, aujourd'hui disparu. Aussi belle et libertine que son père, Anne part accoucher discrètement à Vaucouleurs, l'acte de naissance de Jeanne Bécu indique[L 1] :

« Le dix-neuvième d'août mil sept cent quarante-trois est née et a été baptisée le même jour, Jeanne, fille naturelle d’Anne Bécu, dite Cantigny, et a eu pour parrain, Joseph Demange, et pour marraine, Jeanne Birabin, qui ont signé avec nous. Signé : L. Gabon, vicaire de Vaucouleurs, Joseph Demange, Jeanne Birabin. »

Jeanne naît au no 8, rue du Paradis, dans une maison existant encore en 1883[V 4]. Elle reçoit son prénom de sa marraine conformément à la tradition. Le nom du père est absent, mais une hypothèse veut que ce soit un moine du couvent de Picpus, né Jean-Jacques Gomard de Vaubernier et appelé en religion frère Ange. Lors de son mariage avec le comte Guillaume Dubarry (ou du Barry) en 1768, elle dira être la fille d'un Jean-Jacques Gomard de Vaubernier, parent homonyme de frère Ange mais qui est une invention de la part de la nouvelle Madame du Barry[L 1].

Appelée dans sa jeunesse Mademoiselle de Vaubernier ou de Cantigny, Jeanne Bécu passe ses premières années à Vaucouleurs, où naît et est baptisé le son frère Claude[V 5]. Très jolie petite fille, on la surnommait « l'Ange », surnom qui pourrait aussi être une allusion à l'identité de son père[V 6]. Les Bécu quitte Vaucouleurs pour Paris en compagnie de Roch-Claude Billard-Dumouceaux, un munitionnaire (fournisseur de vivre à l'armée) régulièrement de passage en Lorraine et qui avait été séduit par la beauté d'Anne[L 2].

Premières années à Paris modifier

Pension au couvent modifier

 
L'ancien couvent en 2011.

Le à l'église Saint-Eustache de Paris, Anne Bécu épouse Nicolas Rançon, un domestique de Billard-Dumouceaux. La jeune Jeanne côtoie le monde des domestiques, des petits artisans et des marchands auquel appartient sa famille par la naissance, et celle de la noblesse, des nantis et de la haute finance car c'est là où elle est employée. En 1750, Mademoiselle de Cantigny est mise en pension chez les dames de Saint-Aure, dans la rue Neuve-Sainte-Geneviève, qui suivait la règle de saint Augustin. On ne sait pas qui motiva ce choix : l'abbé de Grandchamp, qui faisait sauter la petite sur ses genoux ; ou son protecteur Billard-Dumouceaux ; peut-être Philippe Bécu, un parent prêtre à Saint-Nicolas des Champs ; ou même son père le frère Ange, qui était devenu prêtre à l'église Saint-Eustache[V 7] ?

Très bonne élève, la jeune pensionnaire connaissait bien le dessin, l'histoire, le calcul, la musique, la religion, et elle excellait dans l'art et la façon d'écrire mais beaucoup moins dans l'orthographe (comme beaucoup de ses contemporains). De cette éducation, elle en gardera toujours un souvenir ému et elle n'oublia jamais les enseignements du couvent[L 3].

Premiers emplois modifier

 
Adélaïde Labille-Guiard, amie et fille de l’employeuse de Jeanne Bécu à La Toilette. Portrait peint par Marie-Gabrielle Capet vers 1790.

Mademoiselle de Cantigny quitte les dames de Saint-Aure vers 1758. Extrêmement belle à quinze ans, elle est initiée à la coiffure pour dame auprès d'un coiffeur appelé Lametz. Lorsqu'elle sera favorite royale, les méchantes rumeurs des pamphlets diront que Lametz fut sont amant et qu'il lui demanda de l'épouser ; les pamphlétaires continuèrent en affirmant que la jeune femme refusa et ruina le coiffeur par ses débauches, alors il fut obligé de fuir ses créanciers en Angleterre et Mademoiselle de Cantigny se prostitua[V 8].

Si elle fut effectivement apprentie de Lametz, Billard-Dumouceaux la place auprès d'une veuve d'un fermier général, Mme de Delay de La Garde, qui tenait un salon littéraire et à qui elle fait la lecture. La veuve la congédie en 1760 quand elle est alertée de sa débauche, comptant parmi ses amants les deux frères de Mme de Delay de La Garde, hommes mariés et de bonne famille. Devenue Mademoiselle Lange en raison de son profil délicat, la jeune femme devient vendeuse de mode à La Toilette, magasin rue Neuve-des-Petits-Champs tenue par la mère d'Adélaïde Labille-Guiard, qui n'est pas encore peinteresse et avec qui elle devient amie. La plupart des hommes venant à La Toilette appartiennent à la bonne société parisienne, et viennent lorgner du coin de l’œil l'éclat de la vendeuse ; parmi eux, Mademoiselle Lange choisit avec soin ses amants.[L 4].

Ascension modifier

Liaison avec Jean-Baptiste du Barry modifier

Le vicomte Jean-Baptiste du Barry appartient à une ancienne famille du Languedoc, son père était capitaine au régiment d'Île-de-France et chevalier de Saint-Louis, son frère Élie était entré à l'École militaire, ayant put justifier les quatre quartiers de noblesse exigés par l'établissement. Jean-Baptiste du Barry, dont la légitimité du titre était contestable, avait abandonné son épouse, Catherine Ursule Dalmas de Vernongrèse, et son fils, Adolphe, à Lévignac pour mener une vie d'escroc et de libertin. Monté sur Paris pour rétablir sa situation, la marquise de La Caze (une parente) l'introduit dans les cercles de la noblesse, permettant à du Barry de devenir fonctionnaire au service des Affaires Étrangères, où il s'enrichit scandaleusement[L 5].

Le comte est dans une perpétuelle précarité en raison de son amour des plaisirs terrestres, ce qui lui valut le surnom de « Roué ». Nicolas Rançon, à qui Billard-Monceaux avait donné la charge de garde-magasin en Corse, le rencontra car du Barry avait reçu l'adjudication des fournitures pour la Corse. Le comte fait nommer Rançon receveur des gabelles à Fresnay-sur-Sarthe, et fait loger Anne Rançon et sa fille, qui se faisait dorénavant appeler Mademoiselle de Vaubernier, dans sa maison rue de la Jussienne. À dix-neuf ans, la demoiselle a une importante domesticité et son nouvel amant l'emmène aux bals de l'Opéra et de la Comédie italienne, où elle est l'objet de tous les regards. Chez du Barry, elle apprend les manières de la noblesse, qu'elle rencontre, qu'elle prend comme amant en plus de Jean-Baptiste du Barry, faisant dire à un rapport de police en 1765 : « Tous nos agréables de haute volée s'empressent autour d'elle »[L 6].

Rencontre avec Louis XV modifier

 
Louis XV peint par l'atelier de Louis-Michel van Loo dans les années 1760.

En 1768, Jean-Baptiste du Barry introduit Mademoiselle de Vaubernier à Versailles, dans l'espoir que le roi Louis XV la remarque, en vain. Le comte avait abandonné et cédé ses fonctions à Anne Rançon, mais le duc de Choiseul, principal ministre d'État[n 1], ne reconnu pas cet abandon et supprima l'office sous prétexte d'économies financières. Anne Rançon et sa fille allèrent plaider leur cause, Jeanne dut faire plusieurs allers-retours entre Versailles et Paris. Louis XV la remarqua durant un de ces voyage, et il devient son amant au printemps. Pour pleurer la reine Marie Leczinska, morte le , le roi se retira à Compiègne où se trouvait Mademoiselle de Vaubernier, dont on taisait pour le moment l'existence, mais qui était un secret de Polichinelle[L 7].

Si elle se faisait appeler comtesse du Barry, Mademoiselle de Vaubernier n'en avait pas droit et il fallait régulariser sa situation avant son installation et sa présentation officielle à la Cour. Le comte pense d'abord à son fils Adolphe vivant avec lui à Paris ; mais à quinze ans, il est trop jeune pour la nouvelle maîtresse royale. Jean-Baptiste du Barry propose alors à son frère Guillaume une grosse somme d'argent contre un mariage blanc, s'il acceptait de monter à Paris. Guillaume du Barry accepte, le contrat de mariage est signé le , stipulant une séparation de biens et que la future épousée payait toutes les dépenses du ménage. Leur union est célébrée le à l'église Saint-Laurent de Paris, et le prêtre présidant la cérémonie est Jean-Jacques Gomard de Vaubernier, le père supposé de la mariée ; Guillaume du Barry rentra chez lui le soir-même[L 8].

La Cour de France modifier

Installation à Versailles modifier

Louis XV s'étonnait de la vie sentimentale de Madame du Barry. Une anecdote connue dit que, assez inquiet quant à la réputation de sa nouvelle favorite, le vieux roi demande au maréchal-duc de Noailles : « — Il paraît que je succède à Sainte-Foix ? — Oui, Sire, comme Votre Majesté succède à Pharamond… » répond son sujet[L 9].

En , la favorite a ses premiers appartements dans l'Aile du Nord, à la place de Dominique Lebel, premier valet de chambre du roi, qui venait de mourir et que l'Histoire a retenu comme le « rabatteur » de maîtresses royales de Louis XV. Ce premier logement est au rez-de-chaussée, il donne sur la Cour royale du château de Versailles et est à six pièces de la chapelle du château. Par la suite, l'appartement de la comtesse Du Barry sera au troisième étage et entièrement rénové pour elle[L 10]. Comme confidente et amie, la comtesse prend sa belle-sœur Claude-François du Barry, surnommée « Chon », qui écrivait des vers et désirait jouer un rôle de protectrice des Arts et des Lettres comme Madame de Pompadour jadis[L 11].

Présentation à la Cour modifier

 
La comtesse du Barry en Flore par François-Hubert Drouais. (Château de Versailles, 1769.)

Les premiers pamphlets et injures obscènes des courtisans et des parisiens arrivent lorsqu'on se rend compte que la relation entre la comtesse et le roi dure plusieurs mois, alors qu'on pensait qu'il s'agissait d'un amour passager comme beaucoup d'autres. Afin de pouvoir être plus libre et plus intouchable, Louis XV décide que Madame du Barry devait être officiellement « présentée » à la Cour Il lui trouva comme chaperon la très endettée comtesse de Béarn, qui accepta en échange de l'éponge de ses dettes et de la protection de ses deux fils, officiers de la Cavalerie et de la Marine royale. La Gazette de France[n 2] annonce dans son tirage d' : « Le 22 de ce mois, la comtesse du Barry eut l'honneur d'être présentée au Roi et à la famille royale par la comtesse de Béarn. » Mesdames, filles du roi, veulent le remarier à une autre princesse pour évincer la comtesse, mais Louis XV prétexte toujours son deuil de la reine Marie pour refuser[L 12].

L'accueil est extrêmement froid, mais le dauphin de France, Louis-Auguste, est si éblouit par elle qu'il trouve important de noter dans son journal : « Présentation de Madame du Barry ». Cette dernière est inscrite aux honneurs de la Cour alors que ses preuves de noblesse de remonte pas à 1400, peut paraître à la chapelle — ce qu'elle fait dès le 23 avril, se mettant à la place de Madame de Pompadour —, et aux couverts[n 3] de Mesdames et du dauphin. Cette présentation n'a cependant pas fait taire les reproches sur sa naissance roturière, ses nombreux amants et sa beauté[L 13].

Éducation de Zamor modifier

 
Madame du Barry et son esclave Zamor par J.-B.-A. Gautier-Dagoty. (Clark Art Institute, 1775.)

En 1669, Louis XV offre à Madame du Barry un petit page de sept ans, Zamor[n 4], esclave de couleur né en 1762 au Bengale. Le , elle le fait baptiser à Versailles par le père Collignon, sous le nom de Louis-Benoît. Elle se constitue sa marraine, et son parrain est le comte de La Marche, fils du prince de Conti. (Vatel)

En tant que marraine, la comtesse Jeanne dépense pour lui beaucoup d'argent en fournitures ; elle veille à l'éducation religieuse et profane de son filleul, aussi sut-il très bien compter, lire, écrire et parler français ; il se passionne pour Jean-Jacques Rousseau et l'abbé de Mably.

Selon les personnes ayant connu Zamor, il parlait de la vie à la Cour « en termes amers, disant que, si la belle comtesse l'avait recueilli et élevé, c'était pour faire de lui son jouet ; elle permettait qu'on l'humiliât chez elle ; il y était sans cesse en butte aux railleries et aux insultes des familiers du château. » (Vatel ; G. Lenotre)

En , pour rire, Louis XV aurait nommé Zamor, par brevet royal, gouverneur du château et pavillon de Louvecienne, demeure que le roi a offert à sa favorite ; Zamor percevrait 600 livres françaises de rente. Baptiste Capefigue indique que cette preuve existait encore en 1858, mais Charles Vatel ne l'a pas retrouvée en 1883, il doute de son existence et de la véracité de l'anecdote. (Vatel)

Pion contre le duc de Choiseul modifier

Rivalités politiques modifier

 
Le duc de Choiseul par Louis Michel van Loo. (Château de Versailles, 1763.)

La comtesse Jeanne s’acclimate bien à la Cour, qu'elle séduit par son charme, sa gentillesse, son langage pur et ses bonnes manières qu'elle apprit auprès des grands seigneurs, ses amants à Paris, et Louis XV lui donna encore des conseils à son arrivée à Versailles[L 14]. Elle lui plaît pour sa beauté et surtout parce qu'elle ne se mêle pas de politique, il trouve en elle un havre de repos ; il vit avec elle une seconde jeunesse, découvrant des plaisirs inconnus. Pourtant, la favorite va être un pion dans les rivalités politiques contre son gré. Le duc de Choiseul, qui est le principal ministre d'État de Louis XV depuis 1758, ne s'est d'abord pas inquiété car il pensait que la passion serait brève. Mais celle-ci durant, l'ancien protégé de Madame de Pompadour sait que la favorite n'est pas dangereuse mais qu'elle peut le devenir si elle est manipulée par les bonnes personnes[L 15].

 
Le duc d'Aiguillon, pair de France, par un peintre anonyme. (Musée des Beaux-Arts d'Agen, XVIIIe siècle.)

Monsieur de Choiseul œuvre en secret pour le mariage entre le dauphin Louis-Auguste et l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche, fille de l'impératrice Marie-Thérèse. Il veut resserrer les liens du pacte de famille conclu entre la France et l'Espagne en mettant l'Autriche de leur côté contre l'Angleterre. Cependant, il a le défaut d'avoir laissé beaucoup de liberté aux Parlements, qui s'opposaient souvent au roi et à ses réformes, affaiblissant l'autorité royale[L 16]. Le duc d'Aiguillon, commandant en chef en Bretagne depuis 1753, entre en conflit avec le Parlement de Bretagne en 1762, refusant de lui donner plus de privilège qu'il en possède déjà ; le duc de Choiseul prend presqu'ouvertement parti pour le Parlement. De son côté, le maréchal-duc de Richelieu — qui aurait été amant de Madame du Barry durant sa vie parisienne —, premier gentilhomme de la Chambre du Roi et gouverneur de Guyenne, désire entrer au Conseil du Roi, mais le principal ministre n'a pas envie et le fait languir[L 17].

 
M. le maréchal-duc de Richelieu par Louis Tocqué. (Château de Versailles, 1786, copie d'un portrait de 1772.)

Avertie qu'on cherche à la monter contre lui, Madame du Barry veut bien aider le maréchal-duc de Richelieu par amitié, mais sans se compromettre. Louis XV tenta de rapprocher sa concubine et son principal ministre lors d'un souper festif le au château de Bellevue, jadis demeure de Madame de Pompadour, mais le duc restait anxieux tandis que la maîtresse royale était la reine de la soirée[L 18]. Il continue d'être inquiet par les faveurs accordées à la jeune femme : en juillet de la même année, le souverain français accorde par brevet royal à Madame du Barry le château de Louveciennes[L 19].

Par l'intermédiaire de Madame du Barry, les ducs d'Aiguillon et de Richelieu gagnent peu à peu en autorité contre Monsieur de Choiseul, qui ne doit plus dire du mal d'elle au risque d'être réprimandé par le roi. Cependant, le principal ministre prépare le mariage franco-autrichien et tire toutes les ficelles de la politique, il est certain d'être trop indispensable pour la France. Aussi, quand il fait diffuser les plus méchants pamphlets, les plus railleuses épigrammes et caricatures sur la favorite royale, il ne s'attend pas à ce que son souverain réagissent si vivement. Quand François-Hubert Drouais expose deux portraits de Madame du Barry en 1770, le public est si conquit que Madame du Barry regagne toute sa réputation. Ses appartements, que Louis XV déménage en au second étage du château au-dessus des siens, sont prit d'assaut[L 20].

Crises des parlements et des Malouines modifier

La Cour de France est divisée en deux : d'un côté le parti de Monsieur de Choiseul, de l'autre le parti dévot, qui lui oppose et qui a trouvé son (involontaire) soutient en Madame du Barry. Le roi assure à son principal ministre qu'il le sera pas renvoyé, le duc d'Aiguillon n'étant pas aimé et il s'occupe bien des affaires de la France depuis plus de dix ans ; quant à Madame du Barry, le rassure Louis XV, elle ne lui porte aucune haine et ne veut qu'être en bons termes[L 21]. La favorite va jouer un rôle secondaire dans l'« Affaire de Bretagne » qui dure depuis 1763 : le , Louis XV pratique un lit de justice pour interdire le parlement de Paris de s'occuper de l'affaire. Le , il charge le chancelier de Maupeou et l'abbé Terray, contrôleur général des finances, de l'écriture d'un édit ôtant aux Parlements le droit de remontrance pour s'opposer à lui. Cet édit est discuté dans la chambre de comtesse et avec elle, et publié le . Le duc de Choiseul, qui a toujours soutenu les Parlements, a préféré se tenir à l'écart pour ne pas être une victime collatérale du « coup Maupeou »[L 22].

La crise des Malouines va être la cause du renvoi du duc : le roi d'Espagne et le roi de Grande-Bretagne revendiquent chacun le territoire et se lancent des menaces mutuelles. Les Bourbons de France doivent entrer en guerre aux côtés des Bourbons d'Espagne selon le pacte de famille. Le principal ministre veut la guerre, mais Louis XV est bien conscient que cela serait dangereux : le , il envoie une lettre à son cousin d'Espagne, écrite de la main de Madame du Barry, où il fait savoir que la France est dans l'impossibilité d'être en guerre en raison de sa situation politique et militaire. Le lendemain, le duc de La Vrillière est chargé de remettre le billet royal de démission exilant le duc de Choiseul surs ses terres de Chanteloup[L 23].

Modèle:Message galerie 2

Difficultés avec Marie-Antoinette modifier

Arrivée de la dauphine modifier

 
Portrait de Marie-Antoinette au pastel par Joseph Ducreux pour le dauphin Louis-Auguste. (Château de Versailles, 1769.)

Marie-Antoinette, quinze ans, doit épouser le dauphin Louis-Auguste le . Le dernier, Louise de France reçoit de son père le droit d'entrer au couvent carmélite de Saint-Denis (aujourd'hui musée d'Art et d'Histoire) pour racheter tous les péchés du roi en raison de sa vie marquée par les impiétés, la dernière étant sa liaison avec Madame du Barry. Sur le chemin vers Versailles le , Marie-Antoinette rencontre brièvement la nouvelle carmélite, devenue sœur Thérèse-Augustine. Madame du Barry est conviée à la soirée au château de La Muette, à la grande surprise du comte de Mercy-Argenteau, le très dévoué ambassadeur d'Autriche en France, pour qui il était « inconcevable que le roi […] fasse connaître le même jour à sa petite-fille [Marie-Antoinette] sa maîtresse et celle qui, dit-on, est entrée en religion pour racheter par son sacrifice l'inconduite de son père[L 24]. »

Durant la soirée, Madame du Barry éclipse par son éclat Marie-Antoinette. Durant le souper, la dauphine répond à Louis XV, qui lui demandait comme trouve-t-elle la dame inconnue : « Charmante ! » Elle demande son identité à Madame de Noailles, sa première dame d'honneur : « — Son rôle ?… Amuser le roi. — Alors je veux être sa rivale », répond la dauphine ingénument[L 25].

Les réjouissances sont l'occasion d'une nouvelle dispute entre le duc de Choiseul et Madame du Barry : le dauphin veut entendre Athalie de Jean Racine, qu'il affectionne. Mademoiselle Clairon est appelée pour ce rôle qu'elle a tenu pendant longtemps, malgré son départ à la retraite trois ans plus tôt. Comme elle est hésitante, la comtesse Jeanne propose la jeune et moderne Mademoiselle Dumesnil ; mais Monsieur de Choiseul en fait une affaire personnelle et c'est Mlle Clairon qui est choisie. L'opinion publique trouve cela injuste, le ministre avait lancé une campagne discréditant Mlle Dumesnil ; la vieille cantatrice est accueillie froidement, au grand plaisir de la maîtresse royale[L 26].

Orgueils et préjugés modifier

La Cour de Vienne est marquée par la piété de l'impératrice Marie-Thérèse, qui fait fouetter les prostituées en place publique, que le roi très-chrétien ait une maîtresse est scandaleux. (Levron)

À son arrivée en France, la dauphine Marie-Antoinette passe beaucoup de temps avec Mesdames, qui communiquent à leur nièce par alliance leur haine de Madame du Barry[Z 1]. Marie-Antoinette, se faisant son opinion d'elle par les méchantes rumeurs, écrit à sa mère que Madame du Barry est « la plus sotte et impertinente créature qui soit imaginable »[Z 2]. L'Étiquette à la cour de France empêchant une personne de rang inférieur d'adresser la parole à une de rang supérieur, Marie-Antoinette refuse de lui adresser la parole, ne le faisant qu'avec dégoût quand cela est nécessaire aux tables de jeux. Cette animosité ne tarde pas à être connue, la dauphine disant hautement son opinion, faisant beaucoup pleurer la comtesse Jeanne, qui ne cherche qu'à être son amie[Z 2].

Les causes du mépris sont variées : Madame du Barry est la maîtresse d'un veuf débauché, sa vie sentimentale fut active dans sa jeunesse, elle est plus belle et populaire que la dauphine qui, possiblement, souffre de voir une femme sexuellement épanouie alors que le dauphin ne la touche pas[L 27]. L'honneur de « petite rousse » (comme la surnomme la favorite[Z 3]) est en jeu, mais aussi l'alliance franco-autrichienne : la mauvaise humeur de la princesse transforme cette affaire privée en affaire d'État[Z 4].

Tentatives de réconciliation modifier

 
Florimond-Claude de Mercy-Argenteau, par un peintre anonyme. (Localisation inconnue, 1757)

Louis XV demande à Madame de Noailles, à l'abbé de Vermond (précepteur et confesseur de la dauphine) et au comte de Mercy-Argenteau d'avertir sa petite-fille qu'elle doit être aimable avec la maîtresse du roi. L'impératrice est informée que Marie-Antoinette ne change pas son attitude malgré les remontrances[L 28].

Comprenant l'importance de l'alliance, sa fille accepte qu'un soir de grand bal, le , Monsieur de Mercy-Argenteau s'avance et discute avec Madame du Barry. La jeune fille discute avec des dames, vient saluer le comte et en profite pour adresser quelques mots à la Madame du Barry. Cela s'étant ébruité, Madame Adélaïde, qui haït le plus la comtesse du Barry, arrête Marie-Antoinette avant qu'elle n'ai put rejoindre le comte, lui disant avec autorité : « Il est temps de s'en aller, partons ; nous irons attendre le roi chez ma sœur Victoire. » Par faiblesse, la dauphine quitte la salle avec elle. Madame du Barry de nouveau publiquement humiliée, le roi menace de mettre fin à l'alliance[L 28].

 
Marie-Thérèse d'Autriche par Anton von Maron. (Ptuj Ormož Regional Museum, 1772.)

Déjà préoccupée par le partage de la Pologne, Marie-Thérèse délaisse sa bigoterie pour rappeler sa fille à l'ordre : Madame du Barry ne doit être vue par elle que comme une dame admise à la Cour, et Marie-Antoinette doit capituler[Z 5]. Pour le Nouvel An, les courtisans présentent leurs vœux de bonne année à la famille royale ; les dames de Versailles présentent leurs vœux pour à la dauphine, qui leur dit quelque chose. Madame du Barry est accompagnée de la duchesse d'Aiguillon et de la maréchale de Mirepoix, à qui la dauphine dit d'abord quelques banalités. Elle regarde ensuite Madame du Barry, et lui adresse neuf mots passés à la postérité : « Il y a bien du monde, aujourd'hui, à Versailles[Z 6]. »

Marie-Antoinette se promet de ne plus jamais lui parler, sauf que l'ambassadeur de Mercy-Argenteau l'oblige pour l'alliance ; mais ce ne sont que des banalités si insignifiantes et impersonnelles qu'elles blessent Madame du Barry. L'ambassadeur doit encore intervenir car, lors d'une soirée chez le duc de La Vrillière, la duchesse de Brissac, dame d'atours de Marie-Antoinette, refuse d'y assister parce que Madame du Barry y était. Le duc de Brissac (qui est réceptif à la beauté de la comtesse Jeanne) prétend que c'est Marie-Antoinette qui lui avait interdit de venir, mensonge que la princesse ne démentit pas. Le , quand Madame du Barry fait ses vœux à la famille royale, le dauphin lui adresse quelques mots ; la dauphine s'abstient, considérant que son époux a parlé pour deux[L 29].

La comtesse essaie maladroitement de s'attirer ses faveurs : Marie-Antoinette a évoqué son désir d'acheter une paire de boucles d'oreilles en diamants coûtant 700 000 livres. Comme elle ne peut se la payer, Madame du Barry lui fait savoir indirectement qu'elle serait disposée à le lui offrir ; en apprenant cela, la princesse préfère oublier les boucles d'oreilles. Par un hasard, le créateur des boucles d'oreilles est Charles-Auguste Boehmer, le même qui créera le collier de diamant à l'origine de l'affaire du collier de la reine[Z 7].

Dernière année modifier

 
La vicomtesse du Barry, gravure de 1892 d'après F.-H. Drouai. (Château du Vergier, XVIIIe siècle.)

Durant le carême 1773 (du au ), Madame du Barry voit que Louis XV, qui commence à être assez diminué physiquement, est aussi très préoccupé par le Salut de son âme. Malgré ses craintes, son influence auprès de lui ne diminue pas, elle obtient plusieurs généreuses donations pour le mariage entre son neveu le vicomte Adolphe du Barry, fait écuyer du roi par brevet et vivant auprès d'elle, et Rose-Marie-Hélène de Tournon, de la famille du prince de Soubise mais sans fortune. Le mariage est célébré dans la chapelle du château de Versailles le 19 juillet, et la vicomtesse du Barry est présentée à la famille royale à Compiègne le 1er août, chaperonnée par la duchesse de Laval et la comtesse de Montmorency[L 30].

Madame du Barry sera aussi chargée des préparatifs de mariage entre le comte d'Artois et la princesse Marie-Thérèse de Savoie. Elle la forme aux us et coutumes de la Cour, l'union est célébrée le . Madame du Barry a encore l'occasion de briller aux réjouissances, mais elles sont marquées par le décès soudain du marquis de Chauvelin, survenu le 23 novembre, durant une partie de whist chez la maréchale de Mirepoix et en présence du roi[L 31].

Ce décès inattendu contribue à la préoccupation de Louis XV sur sa propre mort[L 32]. Au carême 1774 (du au ), il se montre encore plus soucieux ; afin d'oublier ses tracas, il passe ses derniers jours auprès de son amante et de ses amis, et ne ménage pas sa santé malgré les conseils des médecins[L 33]. Madame du Barry s'inquiète de sa situation : si le roi venait à mourir, elle serait dans une certaine gêne financière[L 34].

Exil modifier

L'abbaye du Pont-aux-Dames modifier

 
Louis XVI, Roy de France par M.-L.-A. Boizot. (BnF, 1775.)

Louis XV rend l'âme le . La veille, il avait ordonné à ce que Jean-Baptiste du Barry soit emprisonné au château de Vincennes (mais il avait déjà fuit en Hollande) et Jeanne du Barry à l'abbaye du Pont-aux-Dames. Le vicomte et la vicomtesse Adolphe et tout le reste du clan du Barry reçoivent l'interdiction de paraître à la Cour. L'abbaye du Pont-aux-Dames était située à Couilly, dans le diocèse de Meaux[L 35].

L'abbesse Gabrielle de La Roche-Fontenille accueillit Madame du Barry, qui avait énormément pleuré sur le trajet. Elle ne peut recevoir aucune autre visite que celles qui lui sont autorisées par le roi, seulement entretenir une correspondance avec les autres ; pour payer ses dettes les plus lourdes, elle commence à vendre plusieurs de ses bijoux. En août, la comtesse Jeanne envoie une lettre au duc de La Vrillière pour être retirée de l'abbaye, prétextant une mauvaise santé ; le duc reste évasif. L'abbesse de La Roche-Fontenille et le comte de Maurepas, nouveau ministre de Louis XVI, interviennent auprès du jeune roi quelques mois plus tard, mais c'est un refus sec[L 36].

Madame du Barry se plie à la règle des bénédictines et noue une bonne amitié avec l'abbesse. Les religieuses l'apprécient peu en raison de sa vie luxurieuse, mais la comtesse gagne le cœur des autres moniales et retrouve de la joie. La duchesse d'Aiguillon, dont le mari est en disgrâce, et le duc de Brissac, qui ne cache plus sa passion pour la comtesse du Barry, lui rendent souvent visite. Le prince de Ligne n'hésite pas à sauter par-dessus la clôture pour la rencontrer en dehors des heures de visite. Au printemps 1775, il ose envoyer une lettre à la reine Marie-Antoinette pour sortir la comtesse de sa dévote prison. La nouvelle reine et toute la Cour montre de l'indulgence, même Madame Adélaïde aimerait que le roi la libère de l'abbaye. « On verra », répondit son neveu avant d'autoriser l'ancienne maîtresse royale à quitter l'abbaye en avril[L 37].

Retour à Louvecienne modifier

 
Madame du Barry peinte par Élisabeth Vigée Le Brun en 1781.

Elle acquiert une propriété à Saint-Vrain où elle se sent trop isolée. En , le comte de Maurepas obtient du roi qu'elle retourne au château de Louveciennes, dont Louis XV lui avait cédé l'usufruit en 1769, et où elle se plaisait beaucoup.

Madame du Barry y mène une vie paisible et heureuse, marquée par sa longue liaison avec duc de Cossé-Brissac. Elle marie sa cousine Marie-Josèphe, une fille de son oncle Nicolas Bécu, avec le marquis Paul de Boisséson, major du régiment des dragons de Condé. Jeanne et le duc de Brissac sont marraine et parrain de leur fils Louis-Benoît, né en 1784. (Levron)

En 1777, l'empereur Joseph II, frère de la reine, est de passage en France incognito sous le nom de comte de Falkenstein pour tenter de résoudre les problèmes conjugaux du jeune couple royal. Le souverain n’hésite pas à venir saluer la dame de Louvecienne, qui, durant leur promenade, voulant lui céder le pas, s'entend dire de l'empereur, bien qu'il ne la trouvait pas aussi jolie : « Passez, madame, la beauté est toujours reine ! » Cette visite se fait au grand dam de sa sœur et de sa mère, qui seront furieuses d'apprendre qu'il n'ait pas daigné s'arrêter chez le duc de Choiseul. (Levron)

En 1778, Madame du Barry, accompagnée par sa belle-sœur Claire-Françoise, de quelques femmes et d'un laquais, entre nuitamment pour observer Marie-Antoinette, qui joue avec sa société. La reine ne se formalise pas de cette présence, elle avait commencé à montrer des signe d'indulgence envers Madame du Barry, car Marie-Antoinette commence à être accablée par les injures. (Levron)

Physique et personnalité modifier

En , Jeanne du Barry se rend auprès de Voltaire, âgé et malade, pour rendre hommage à un homme des Lumières, qu'elle admire. Elle est, à 35 ans, une femme d'une grande beauté, et celle-ci marque Jacques Pierre Brissot, qu'elle rencontre en sortant de chez le philosophe. Comme il est timide, elle rentre de nouveau en sa compagnie pour le présenter à Voltaire. Brissot écrit dans ses Mémoires : « En me rappelant le sourire si plein de grâce et de bonté de Madame du Barry, je suis devenu plus indulgent envers la favorite. » (Levron)

Les gens de Louveciennes aiment beaucoup leur dame, qui est une personne très généreuse et charitable, acceptant d'être marraine aux baptêmes ou témoin aux mariages. (Levron)

Mécénat modifier

Au temps de Louis XV, la nouvelle propriétaire fait appel à Ange-Jacques Gabriel, Premier architecte du Roi, pour agrandir et redécorer le château et le pavillon de Louvecienne[L 19].

Titres, armes et devise modifier

Titulatures modifier

De naissance roturière, Jeanne Bécu, dite de Cantigny ou (Gomard) de Vaubernier, n'a aucun titre de noblesse. Elle porte par mariage le titre de son époux et son titre officiel est « Madame la comtesse du Barry ». Elle porte successivement le nom puis le titre de :

  •  : Mademoiselle Jeanne Bécu ;
  •  : Madame la comtesse du Barry.

Armoiries modifier

 
Armes de Jeanne Bécu en tant que comtesse du Barry. (1768)

Madame du Barry reprenait les armes des Gomard de Vaubernier : « D'azur au chevron d'or, surmonté d'un geai sommé d'une lettre G majuscule, accompagné de deux roses en chef et d'une main dextre en pointe, le tout d'argent ».

Appartenant à la Maison du Barry par mariage, elle combine les armoiries des Gomard de Vaubernier à celles des du Barry telles que revendiquées par Jean du Barry, qu'il a reprise de la famille britannique de Barrymore, dont il prétend descendre : « D'argent à trois barres jumelles de gueule, au cimier d'une couronne surmontée d'un château d'argent, et issant d'icelle une tête de loup de sable, colletés d'une couronne ducale et enchaînés d'or avec la devise : Boutez en avant[L 9]. »

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Ancêtre de la fonction de Premier ministre français.
  2. Ancêtre du Journal officiel de la République française.
  3. Sous l'Ancien Régime, le Grand Couvert est la cérémonie d'un repas prit en public par le roi ou des princes et princesses du sang. Le Petit Couvert est un repas prit par ces mêmes personnes mais seules.
  4. Ayant été enlevé par des marchands britanniques, son nom était prononcé \zɛmɔʁ\ ; cela est attestée dans certains livres écrivant Zemor(d) ; l'orthographe Zamore peut se trouver, mais elle est fautive.

Références modifier

  1. a b et c Levron 1973, p. 23-24.
  2. Levron 1973, p. 25.
  3. Levron 1973, p. 26.
  4. Levron 1973, p. 26-27.
  5. Levron 1973, p. 28-30.
  6. Levron 1973, p. 30-32.
  7. Levron 1973, p. 33-35.
  8. Levron 1973, p. 35-39.
  9. a et b Levron 1973, p. 28.
  10. Levron 1973, p. 39.
  11. Levron 1973, p. 39-40.
  12. Levron 1973, p. 40-43.
  13. Levron 1973, p. 44-45.
  14. Levron 1973, p. 52-53.
  15. Levron 1973, p. 42.
  16. Levron 1973, p. 49-51.
  17. Levron 1973, p. 51.
  18. Levron 1973, p. 52.
  19. a et b Levron 1973, p. 53-54.
  20. Levron 1973, p. 55-58.
  21. Levron 1973, p. 68-69.
  22. Levron 1973, p. 70-71.
  23. Levron 1973, p. 71-73.
  24. Levron 1973, p. 58-61.
  25. Levron 1973, p. 61-62.
  26. Levron 1973, p. 66-67.
  27. Levron 1973, p. 81.
  28. a et b Levron 1973, p. 82-83.
  29. Levron 1973, p. 89-90.
  30. Levron 1973, p. 92-94.
  31. Levron 1973, p. 94-96.
  32. Levron 1973, p. 96.
  33. Levron 1973, p. 99-100.
  34. Levron 1973, p. 103.
  35. Levron 1973, p. 107-108.
  36. Levron 1973, p. 109-112.
  37. Levron 1973, p. 112-114.
  1. Vatel 1883, p. 7-8.
  2. a et b Vatel 1883, p. 8-9.
  3. a et b Vatel 1883, p. 12.
  4. Vatel 1883, p. 10.
  5. Vatel 1883, p. 11.
  6. Vatel 1883, p. 16.
  7. Vatel 1883, p. 20.
  8. Vatel 1883, p. 31-32.
  1. Zweig 2013, p. 54.
  2. a et b Zweig 2013, p. 55.
  3. Zweig 2013, p. 56.
  4. Zweig 2013, p. 58.
  5. Zweig 2013, p. 62-66.
  6. Zweig 2013, p. 67.
  7. Zweig 2013, p. 70.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Charles Vatel, Histoire de Madame Du Barry: d'après ses papiers personnels et les documents des archives publiques; précédée d'une introduction sur Madame de Pompadour, le Parc-aux-cerfs et Mademoiselle de Romans, Versailles, L. Bernard, .
  • Jacques Levron, Madame du Barry ou la fin d’une courtisane, Paris, Librairie Académique Perrin, coll. « Présence de l’histoire », , 341 p. (OCLC 255127807).
  • Stefan Zweig (trad. Alzir Hella), « La lutte pour un mot », dans Marie-Antoinette, Paris, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche », (1re éd. 1933), 506 p. (ISBN 9782253146698, OCLC 11676251), p. 52-70

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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