Site antique de Néris-les-Bains

Neriomagus
Aquae Nerii
Site antique de Néris-les-Bains
Image illustrative de l’article Site antique de Néris-les-Bains
Carte représentant la civitas des Bituriges Cubes. Le site antique de Néris-les-Bains apparaît en bas à droite sous son toponyme protohistorique : Neriomagus.
Localisation
Pays Drapeau de l'Empire romain Empire romain
Province romaine Haut-Empire : Gaule aquitaine
Bas-Empire :
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Allier
Commune Néris-les-Bains
Type Vicus
Protection Logo monument historique Classé MH (1991, Villa de Cheberne)
Logo monument historique Classé MH (1984, Établissement thermal de Néris-les-Bains)
Logo monument historique Classé MH (1927, Camp romain des Chaudes)
Logo monument historique Classé MH (1862, Amphithéâtre de Néris-les-Bains)
Coordonnées 46° 17′ 19″ nord, 2° 39′ 44″ est
Altitude 230 à 441 m
Superficie Phase protohistorique : 3 hectares
Phase gallo-romaine : 20 hectares
Géolocalisation sur la carte : Empire romain
(Voir situation sur carte : Empire romain)
Neriomagus
Neriomagus
Histoire
Protohistoire Epoque laténienne
Haut Moyen Âge Période Mérovingienne
Sources
Girardy-Caillat, Hénique et Franceschelli 2011, Desnoyers 1982, Dessalles 1965, Liégard et Fourvel 1999

Le site antique de Néris-les-Bains est un complexe urbain protohistorique et antique[1] appartenant au peuple des Bituriges Cubes. Le site est localisé au sein de l'actuelle commune de Néris-les-Bains, une ville située dans le département de l'Allier, en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Par ailleurs, l'agglomération antique de Néris-les-Bains, distante de 8 kilomètres de Montluçon (direction sud-est), s'inscrit dans les marges méridionales du Bocage bourbonnais, à la limite septentrionale de l'ensemble naturel des Combrailles[2].

Toponymie modifier

Le toponyme de Neriomagus[Note 1] / Aquae Nerii est probablement associé à un culte local[3], celui du dieu « Nerios » (ou Nerius en latin)[1]. Selon les linguistes, le nom de l'agglomération secondaire de Neriomagus se manifeste comme étant une déclinaison du théonyme de Nerius. Le toponyme de l'ancienne cité de Néris-les-Bains est notamment attesté sur la table de Peutinger sous la forme de « Aquis Neri » ; dans l'œuvre Vie des Pères de Grégoire de Tours (chapitre consacré à saint Patrocle), sous la forme « vicus Nereensim »[1]. Le nom de la cité apparaît également sur plusieurs inscriptions épigraphiques, et serait possiblement gravé sur le milliaire de Bruère-Allichamps sous la forme de « Ner(iomago) »[1].

Histoire modifier

Période laténienne modifier

La fondation des structures urbaines du site, sous leur forme protohistorique, est attribuée à La Tène « B ». Le complexe urbain fait dès lors partie intégrante du territoire de la tribu gauloise des Bituriges Cubi[1]. La mise en place de ces structures proto-urbaines est réalisée sur un vaste plateau à caractère granitique[1]. Le site Nérisien du 2e Âge du fer se présente sous une forme approximativement triangulaire et couvre alors une superficie totale de 3 hectares[1]. L'ensemble de ses fortifications sont du type éperon barré[1]. Son enceinte est encadrée sur deux de ses côtés par deux petits cours d'eau, l'« Eaux-Chaudes »[Note 2] et le « Cournauron » (un affluent du Polier), et par une imposante butte de terre rectiligne[Note 3] doublée d'un vaste fossé, sur le troisième côté[1]. Des vestiges d'habitats domestiques appartenant au complexe urbain initial de Néris-les-Bains ont été mis en évidence à proximité du ruisseau des « Eaux-Chaudes »[1].

Période gallo-romaine modifier

Au cours de la période gallo-romaine, la cité de Neriomagus devient Aquae Nerii et connaît une phase d'accroissement urbain significative. De ses 3 hectares initiaux, la cité, sous sa forme antique, se déploie sur une superficie de 200 hectares[1]. Aux Ier et IIe siècles, l'essentiel de la parure monumentale de la ville gallo-romaine est mise en place. Celle-ci est alors constituée deux complexes thermaux, d'un aqueduc, d'un amphithéâtre, d'un sanctuaire[1].

Aquae Neri était située au carrefour de voies romaines : celle reliant Lugdunum (Lyon) à Limonum (Poitiers), celle reliant Avaricum (Bourges) à Augustonemetum (Clermont-Ferrand) et celle reliant Augustoritum (Limoges) à Nevirnum (Nevers)[4]. Un détachement de la VIIIe légion stationnait à Neriomagus.

Des fouilles, effectuées dans les années 1980 sur le site de Néris-les-Bains, ont également permis de dégager des structures maçonnées appartenant à une villa, la « villa de Cheberne », ainsi qu'un castrum (camp romain de stationnement), le « camp romain des Chaudes »[1].

En 1969, des fouilles archéologiques ont révélé la présence d'une zone d'habitat dense et d'activités artisanales. Ont été mis au jour des vestiges d'ateliers de potier, de bronzier, de tabletier du IIe siècle, de travail du bois, de travail de cuir.

Vestiges modifier

L'oppidum des Eaux-Chaudes modifier

Sur l'éperon rocheux escarpé délimité par la rencontre de deux vallons, le vallon thermal où coule le ruisseau des Eaux chaudes et la vallée du Cournauron, a été construit, à l'extrémité, un petit oppidum de 3 ha. Cet oppidum est séparé du reste de l'éperon par une levée de terre doublée d'un fossé.

Le théâtre modifier

L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1862[5].

Les aqueducs modifier

Deux aqueducs amenaient l'eau potable à Néris. Le plus ancien, l'aqueduc ds Combes, entièrement souterrain, était long d'une dizaine de kilomètres. Sa construction remonterait au Ier siècle. Le second, l'aqueduc des Viviers, entièrement souterrain lui aussi mesurait 35 km, il aurait été construit au IIe siècle, sous la dynastie des Antonins pour assurer les besoins croissants d'une ville en expansion. L'écoulement de l'au se faisait uniquement par gravitation. Un castellum divsiorum (château d'eau) situé sur les hauteurs de Néris recevait l'au et assurait son épuration et sa répartition en différents points de la ville. L'utilisation des aqueducs semble avoir cessé au IVe siècle[6].

Les thermes modifier

Le site antique possédait deux ensembles de thermes, l'un au sud mis au jour en 1819 et l'autre au nord mis au jour en 1847[4].

Les eaux de Néris furent captées par les Romains par le creusement de trois puits. En 1964, lors du nettoyage du fond du puits César, la dalle romaine fut mise au jour[7]. Une inscription monumentale retrouvée en trois exemplaires nous révèle que Lucius Julius Equester, deux fois duumvir et flamine de Rome et d'Auguste ainsi que ses deux fils occupant les mêmes fonctions, ont dédié les aménagements des thermes au culte impérial et au dieu Nerio démontrant ainsi la sollicitude des administrateurs de la civitas des Bituriges Cubes siégeant à Avaricum envers une ville thermale dont le rayonnement dépassait le cadre local.

À l'intérieur des bâtiments des thermes construits au XIXe siècle, dans la galerie sud, sont conservés de nombreux éléments lapidaires des anciens thermes.

La villa de Cheberne modifier

Cette villa fut découverte sous le Second Empire. Elle était organisée autour d'une cour à péristyle. Elle était équipée de thermes privés.

De nouvelles fouilles archéologiques effectuées au début des années 1980 ont lises au jour des vestiges qui montrent que cette maison n'était pas isolée, mais faisait partie d'une agglomération, avec ses rues, un réseau d'égouts, des ateliers de verriers et de potiers.

L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1991[8].

Le camp des Chaudes modifier

L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1927[9]

Le sanctuaire modifier

La nécropole modifier

Protection du site modifier

Les vestiges antiques de Néris-les-Bains ont fait l'objet de plusieurs classements sur la liste des monuments historiques français : l'amphithéâtre-théâtre, en  ; le camp romain des Chaudes, en  ; l'établissement thermal, en  ; et la villa de Cheberne, en .

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Accompagné du suffixe magus, terme qui fait référence aux mot « plaine », « champs » ou « marché »[1].
  2. L'hydronyme de ce cours d'eau fait probablement référence à sa source dont la température s'élève à environ 50°[1].
  3. En l'occurrence, il s'agit donc d'un rempart de type « Fécamp ».

Références modifier

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o Aquae Nerii / Neriomagus (Néris-les-Bains) sur L'Arbre celtique.
  2. Liégard et Fourvel 1999, p. 99.
  3. Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux de France, Larousse, 1963 (publication posthume) (BNF 33159244) ; réédition Librairie Guénégaud, 1989, (BNF 37370106), P492
  4. a et b Desnoyers, Michel, « Chapitre III : Néris-les-Bains (Allier), ville thermale gallo-romaine », Revue archéologique du Centre de la France, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 21, no 2,‎ , p. 145–168 (DOI 10.3406/racf.1982.2348, lire en ligne, consulté le ).
  5. « Monuments antiques (restes de l'amphithéâtre) », notice no PA00093245, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  6. Laville, Louis, « Les aqueducs gallo-romains de Néris », Revue archéologique du Centre de la France, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 3, no 4,‎ , p. 323–339 (DOI 10.3406/racf.1964.1176, lire en ligne, consulté le ).
  7. http://infoterre.brgm.fr/rapports/83-SGN-450-AUV.pdf
  8. « Vestiges de la villa gallo-romaine de Cheberne et ses dépendances », notice no PA00093409, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  9. « Ancien camp romain des Chaudes », notice no PA00093240, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • Claudine Girardy-Caillat, Jérôme Hénique et Carlotta Franceschelli, « NERIOMAGUS/AQUAE NERII : Une agglomération secondaire de la cité des Bituriges Cubes (Néris-les-Bains, Allier) », Publications du Ministère de la Culture et de la Communication,‎ , p. 1-5
  • Michel Desnoyers, « Néris-les-Bains (Allier), ville thermale gallo-romaine », Revue archéologique du centre de la France, t. 21/2,‎ , p. 145-168 (DOI 10.3406/racf.1982.2348, lire en ligne, consulté le )
  • Michel Desnoyers, « Néris-les-Bains, ville thermale gallo-romaine », in André Pelletier, La Médecine en Gaule : villes d'eaux, sanctuaires des eaux, Paris, Picard, 1985.
  • Sophie Liégard et Daniel Martin (dir.), « Aquae Nerii (Néris-les-Bains) en territoire biturige », dans Sophie Liégard, Daniel Martin (dir.) et al., L'identité de l'Auvergne : mythe ou réalité historique : essai sur une histoire de l'Auvergne des origines à nos jours, Créer, , 717 p. (lire en ligne), pages 218-227
  • Jérôme Besson, « L’agglomération antique d’Aquae Nerii/Néris-les-Bains : Carnet de fouilles », (consulté le ), p. 58-64
  • Sophie Liégard et Alain Fourvel, « Nouvelles données sur les thermes sud de Néris-les-Bains (Allier) / New data on the south thermae at Néris-les-Bains (Allier). », Revue archéologique du centre de la France, t. 38,‎ , p. 99-115 (DOI 10.3406/racf.1999.2819, lire en ligne, consulté le ).
  • Georges Dessalles, « Les puits romains de Néris-les-Bains (Allier) », Revue archéologique du Centre de la France, vol. tome 4, no fascicule 1,‎ , pages 31 à 34 (DOI 10.3406/racf.1965.1195, lire en ligne, consulté le ).
  • Jean-Claude Poursat, « Circonscription d'Auvergne », Gallia, Éditions du CNRS, t. 35/2,‎ , p. 419-428 (lire en ligne, consulté le )
  • Jean-Claude Poursat, « Circonscription d'Auvergne », Gallia, Éditions du CNRS, t. 41/2,‎ , p. 421-429 (lire en ligne, consulté le )
  • Jean-Claude Poursat, « Circonscription d'Auvergne », Gallia, Éditions du CNRS, t. 33/2,‎ , p. 423-438 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jean-Claude Poursat, « Circonscription d'Auvergne », Gallia, Éditions du CNRS, t. 39/2,‎ , p. 445-455 (lire en ligne, consulté le )
  • Jean-Claude Poursat, « Auvergne », Gallia, Éditions du CNRS, t. 43/2,‎ , p. 244-249 (lire en ligne, consulté le )
  • Marianne Surgent, « Les ouvrages de franchissement des aqueducs antiques de Bourges », Revue archéologique du centre de la France, t. 51,‎ (lire en ligne, consulté le )
  • Louis Laville, « Les aqueducs gallo-romains de Néris. », Revue archéologique du Centre, t. 3/4,‎ , p. 323-339 (DOI 10.3406/racf.1964.1176, lire en ligne, consulté le )
  • David Lallemand, « Découverte d’une porte monumentale sur l’oppidum de Cordes-Chateloi à Hérisson », RACF, t. 43,‎ , p. 247-251 (ISSN 1951-6207, lire en ligne, consulté le )
  • Sophie Krausz, « La topographie et les fortifications celtiques de l’oppidum biturige de Châteaumeillant-Mediolanum (Cher) », Revue archéologique du centre de la France, t. 45-46,‎ 2006-2007 (lire en ligne, consulté le ).
  • Sophie Krausz, « La sculpture celtique anthropomorphe à Châteaumeillant (Cher) : découverte récente d’une main en grès », Revue archéologique du centre de la France, t. 48,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Yves Menez, « Les céramiques fumigées ("Terra Nigra") du Bourbonnais : Étude des collections de Néris-les-Bains et Châteaumeillant », dans Yves Menez et al., Revue archéologique du Centre de la France, t. 28/2, (DOI 10.3406/racf.1989.2595, lire en ligne), p. 117-178
  • Olivier Buchsenschutz, « Les Celtes et la formation de l'Empire romain », dans Olivier Buchsenschutz et al., Annales. Histoire, Sciences Sociales, t. 2, (lire en ligne), p. 337-361.
  • Christophe Batardy (dir.), Olivier Buchsenschultz (dir.) et Françoise Dumazy (dir.), Le Berry antique : Atlas 2000, vol. 21, , 192 p. (lire en ligne).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier