Groupes politiques sous la Révolution française

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La Révolution française engendre l'apparition de nombreux courants politiques qui s'expriment au travers des débats législatifs, des clubs et des journaux. Les historiens ont proposé différents travaux sur l'histoire politique de la Révolution française à l'instar de l'historienne américaine Lynn Hunt qui a mené une cartographie des nuances politiques en France de 1792 à 1798 dans l'un de ses ouvrages[1]. Plus spécifiquement sur le Directoire, l'historien Jean-René Suratteau a consacré de nombreux travaux d'histoire politique sur les élections à cette période et sur les colorations politiques des départements[2].

Emblème du club des Jacobins (Société des Amis de la Constitution)

Les différents groupes politiques ont été mouvants au gré des évènements et des régimes successifs (Assemblée constituante, Assemblée législative, Convention nationale, etc.), si bien que les clivages changent en permanence en fonction des évènements. Ainsi, le parti patriote s'oppose aux monarchistes conservateurs (club des Impartiaux) jusqu'en 1791 mais se divise lui-même après la fuite de Varennes et engendre deux groupes, l'un conservateur (club des Feuillants) et l'autre plus radical (les membres restés au club des Jacobins).

L'évolution rapide des évènements a fait que la plupart des groupes politiques à la recherche d'un équilibre politique ont été éliminées progressivement par les « extrêmes »[3].

Dans certains cas, les positionnements des hommes politiques changent au fil du temps à l'instar du député Maximin Isnard qui siègeait à gauche sous la Législative avec les Girondins, bascule à droite sous la Convention, puis devient royaliste sous le Directoire.

Contexte

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Sous l'Assemblée constituante (1789-1791), les premières nuances politiques commencent à se réaliser autour des débats de septembre 1789 sur le droit de veto du roi ou la possibilité d'instaurer une chambre haute. Ces débats donnent naissance au spectre politique (gauche et droite).

 
Hôtel des Menus Plaisirs, premier siège des députés de l'Assemblée constituante.
  • La droite de l'Assemblée défend la primauté de l'exécutif avec le veto illimité du roi pour affirmer sa prééminence dans les institutions nouvelles. Les Monarchiens souhaitent instaurer une chambre haute comme en Angleterre.
  • La gauche défend le pouvoir législatif et s'oppose au droit de veto[4].

Progressivement, d'autres nuances commencent à se former avec les débats autour de la Constitution civile du clergé (l'abbé Maury, issu de la droite, s'y oppose) ou autour de la question du droit de vote. En effet, la « gauche » (en particulier Robespierre) se prononce pour un élargissement du suffrage et contre un droit de vote réservé aux « riches »[5].

Ces positionnements se poursuivent dans les assemblées qui succèdent à la Constituante jusqu'à la Convention nationale (Girondins et Montagnards).

 
Coup d'état du 18 fructidor an V qui élimine les députés royalistes élus en 1797.

Sous le Directoire, l'instabilité politique mène ces différents courants à s'affronter lors des élections, entrainant des coups d'état répétés de la part des élites politiques modérées pour empêcher la venue au pouvoir des « partis » jugés menaçants à l'instar des royalistes (coup d'état du 18 fructidor) ou des néo-jacobins (coup d'état du 22 floréal). Ainsi, le coup d'état de Bonaparte fut justifié par une crainte du retour au pouvoir des Jacobins[6].

Après l'instauration du Consulat, Bonaparte cherche à mettre un terme aux divisions politiques dans un régime stabilisé. Il rallie des personnalités de tous les anciens courants politiques, allant de la gauche jacobine (Fouché) à des anciens modérés (abbé Maury, Portalis, Cambacérès). Cependant, des groupes d'opposition persistent avec une opposition républicaine rapidement démantelée, une opposition royaliste (Cadoudal) et une opposition libérale au sein du Tribunat dans le groupe des Idéologues (Germaine de Staël, Benjamin Constant). Bonaparte met finalement un terme à ces courants en censurant la presse d'opposition, en déportant les anciens Jacobins, et en épurant le Tribunat en 1802.

 
Qu'est ce que le Tiers État, pamphlet de Sieyès.

Initialement les Patriotes rassemblent des nobles libéraux, des clercs, et des bourgeois partisans des idées nouvelles et de la défense du Tiers État. Inspirés par la Révolution américaine, ils souhaitent participer au renouvellement des idées en vue des États généraux de 1789. Ils se réunissent au sein de la Société des Trente qui supervise la mobilisation en province à l'aide de brochures[7]. Parmi eux se trouvent des figures politiques importantes promises à des carrières politiques d'envergure.

Plus généralement, dans les années qui suivent la création de l'Assemblée nationale, les « patriotes » désignent dans la société française les partisans de la Révolution et de ses réformes comme la Constitution civile du clergé en opposition aux « aristocrates ». Les Jacobins en province (affilié au club des Jacobins de Paris) se rassemblent ainsi en « société de patriotes ».

Sous l'Assemblée constituante, plusieurs nuances politiques se forment, allant des plus radicaux aux plus modérés mais les observateurs ne retinrent essentiellement que deux camps : le côté gauche qui rassemble les patriotes de toutes tendances (La Fayette, Barnave, Robespierre) et le côté droit de l'Assemblée (représenté par l'abbé Maury, Malouet, etc)[8].

 
Cazalès, Maury et Malouet, figures de la droite réactionnaire sous l'Assemblée constituante.

Les Noirs ou les Aristocrates

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Jean-Joseph Mounier, chef de file des Monarchiens.

Les Noirs forment le groupe le plus conservateur de l'Assemblée constituante, ils sont défenseurs des privilèges et de la monarchie. En septembre 1789, ils votent en faveur du veto absolu au roi, ce qui aurait donné la possibilité à Louis XVI de refuser à tout moment la sanction des lois, ce qui échoue. En 1791, ils votent la « motion Dom Gerle » qui propose d'instituer le catholicisme comme religion d'état. L'abbé Maury, membre de ce groupe, s'est opposé à la Constitution civile du clergé[10].

Les Monarchiens (sous la houlette de Mounier) se distinguent par leur proposition d'instituer une chambre haute sur le modèle anglais. Ils en font la proposition en septembre 1789 mais échouent. Ils votent ensuite avec les Noirs pour le veto absolu du roi. En octobre 1789, Jean-Joseph Mounier quitte la vie politique, c'est Malouet et Clermont-Tonnerre qui prennent la suite en 1791 et constituent le Club des Impartiaux.[13]

Gauche puis centre[14]

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Les Constitutionnels ou nationaux

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La Fayette lors de la fête de la Fédération apparait comme l'une des figures politiques les plus en vues.

Les Constitutionnels forment un groupe réuni autour de La Fayette et issu des patriotes. En septembre 1789, ils sont à gauche de l'Assemblée constituante et votent contre la chambre haute et le veto absolu du roi. En juin 1790, La Fayette et Le Chapelier se séparent des Jacobins et créent un courant plus modéré au sein de la société de 1789[16]. Ils défendent la Constitution civile du clergé.

A partir de juillet 1791, ils finissent par se rapprocher de la monarchie après la fuite du roi et l'apparition des premières manifestations républicaines en France. Ils se fondent ensuite dans le club des Feuillants contre celui des Jacobins.

Le Triumvirat : Barnave, Lameth, Duport[15]

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Ce groupe composé essentiellement de trois hommes siège à gauche. Barnave rejette ainsi la proposition de chambre haute des Monarchiens. Le Triumvirat se rapproche ensuite de la cour après la mort de Mirabeau. Ils quittent les Jacobins et rejoignent ensuite les plus modérés au sein du club des Feuillants en juillet 1791.

 
Robespierre, chef de file des démocrates de l'Assemblée constituante.

Les Démocrates

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Ils sont les plus à gauche de l'Assemblée constituante. Parmi eux, Robespierre s'illustre en rejetant toute forme de veto[17] et en s'opposant au suffrage censitaire[18]. Après la fuite de Varennes et les manifestations républicaines ils sont les seuls membres à rester au club des Jacobins contre les plus modérés qui rejoignent le club des Feuillants.

 
Composition de l'Assemblée législative française élue en septembre 1791. Jacobins, 136; Indépendants, 345; Feuillants, 264

Les Feuillants

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Issus du parti patriote et réunis au sein du club des Feuillants, ils souhaitent fixer la Révolution par la Constitution de 1791 et empêcher de nouvelles dérives après la fuite du roi. Ils se retrouvent en opposition avec les monarchistes conservateurs et dans le même temps avec la gauche démocratique (Jacobins et Cordeliers)[19]. Ils s'opposent ainsi au groupe de Brissot (futurs Girondins) sur la question de la guerre qui risque de mettre en péril la monarchie constitutionnelle. Ils s'opposent également à la gauche sur la citoyenneté à accorder aux hommes de couleurs libres.

Ils sont divisés entre les fayettistes (partisans de La Fayette) ou entre les lamethistes (partisans des frères Lameth).

La Gironde ou les Brissotins

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Réunis autour du journaliste Brissot, du philosophe Condorcet et de plusieurs avocats élus députés dans le département de la Gironde, ils sont membres du club des Jacobins et forment la gauche de l'Assemblée législative. Parmi eux se cachent quelques républicains déclarés comme Brissot ou Condorcet[21] qui collabora avec Thomas Paine à la rédaction d'un journal qui militait pour un changement de régime politique[22]. De même, Brissot afficha son soutien pour la république après la fuite de Varennes dans son journal le Patriote Français[23].

Les Girondins sont méfiants à l'égard du roi et de la cour ; ils sont favorables à une guerre contre les monarchies européennes hostiles à la Révolution[24]. Ils attaquent la « droite » en votant la mise en accusation de La Fayette.

Au club des Jacobins, ils sont attaqués par Robespierre qui s'oppose, de son côté, à la guerre.

Extrême gauche : le « trio cordelier »

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Trois membres de la société des Cordeliers sont élus députés : Claude Basire, François Chabot, Merlin de Thionville.

 
Jacques Pierre Brissot, figure politique des Girondins.

La Gironde ou les Brissotins

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Située à gauche dans les bancs de l'Assemblée législative et aussi en raison de leur soutien précoce apporté à la république et leur proximité avec les Jacobins, la Gironde se voit qualifiée de « modérée » sous la Convention nationale car elle forme très vite un groupe hostile à Robespierre, Marat et aux sans-culottes. Le ministre girondin de l'Intérieur Jean-Marie Roland les qualifie de « brigands » dans la presse dès le mois d'août 1792[26]. Jean-Clément Martin relève toutefois qu'ils peuvent s'apparenter politiquement à un « centre » rendu impossible par la radicalisation de la Révolution[3].

Lors du procès du roi, ils se montrent plus modérés dans le sort à réserver à Louis XVI en votant pour l'appel au peuple[27], ce qui leur fut reproché et constitua l'une des causes de leur éviction.

Selon Jean-Clément Martin, les Girondins s'opposaient essentiellement aux Montagnards en matière politique car ils étaient ancrés dans le « légalisme », et étaient réticents à reconnaître l'expression de la volonté générale uniquement dans la Convention nationale ou dans la Commune de Paris[28]. Anne de Mathan, spécialiste des Girondins, définit l'idéologie girondine par un « absolu primat des libertés individuelles » et une opposition au mesures dirigistes de salut public[29]. En matière économique, les Girondins furent favorables à la liberté de circulation des denrées et à une défense de la propriété privée contre Robespierre qui formule le « droit à l'existence »[30]. Sur le fond, Montagnards et Girondins se rejoignaient sur la propriété privée, la régulation des inégalités par l'impôt et les projets en matière d'éducation mais la Montagne a préconisé des mesures d'exception pour conserver son alliance avec les sans-culottes parisiens[31].

La Gironde s'appuyait sur les autorités des départements qui leur étaient favorables contre les sans-culottes mais n'étaient pas fédéralistes, ils formulent un projet de Constitution centralisé[32]. Dans leur lutte contre la Montagne et contre Marat ils sont accusés de modérantisme puis évincés par les sans-culottes lors du coup d'état des 31 mai-2 juin 1793, provoquant l'indignation de certains départements et la révolte fédéraliste.

La Plaine ou le Marais.

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Groupe hétérogène de députés hésitants, d'abord alliés aux Girondins, certains se rallient ensuite à la Montagne comme Barère ou Carnot mais certains enjoignent l'opposition à Robespierre le 9 thermidor aux côtés des Montagnards antirobespierristes (Billaud-Varenne, Fouché, Tallien).

 
Le Triomphe de la Montagne, estampe révolutionnaire.

La Montagne est un groupe politique constitué autour de Robespierre, Danton et Marat dans le courant de septembre 1792. Lors du procès de Louis XVI, les Montagnards se sont montrés plus radicaux que les Girondins en votant pour la mort de Louis XVI et en rejetant l'appel au peuple.

En matière politique, les Montagnards versent dans l'illibéralisme et soutiennent que la Convention nationale incarne la volonté du peuple[28]. Ils défendent la centralité législative comme principe de gouvernement[33]. Les Montagnards concèdent à certaines mesures populaires et conservent l'appui des sections parisiennes jusqu'à l'arrestation des Hébertistes.

En matière économique, Robespierre s'oppose à Jean-Marie Roland sur la liberté des denrées et fait précéder le « droit à l'existence » sur la liberté économique[30] , il est favorable à la propriété privée mais estime que des droits sociaux permettent de favoriser la liberté[34]. Les Montagnards ont ainsi promulgué des mesures dirigistes afin de répondre aux revendications sociales avec la loi du maximum qui réglemente le prix du grain ou la loi de ventôse qui transfère les biens des suspects aux populations indigentes. Françoise Brunel considère que les Montagnards souhaitaient mettre en place un projet politique basé sur la fraternité[33]. Toutefois la propriété privée et le droit de « tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens » furent inscrits dans la Constitution de 1793[35].

De surcroit, les historiens estiment que Robespierre était un « libéral égalitaire » qui insistait sur le respect des droits naturels dans l'instauration de la liberté[34]. Les Montagnards étaient libéraux mais opposés à une liberté absolue de l'économie ainsi qu'à des projets égalitaires tels que la réforme agraire, ils souhaitaient un « projet de justice distributive qui favorise l'équité plutôt que la stricte égalité »[36].

 
Maximilien Robespierre, l'un des chefs de file de la Montagne.

Lors de la Terreur les Montagnards se divisèrent entre les Indulgents et les Robespierristes. Les Indulgents sont autour de Danton et Desmoulins, ces derniers se montrent critiques sur la nécessité de poursuivre la politique de répression tandis que les Robespierristes (Robespierre, Saint-Just, Couthon) défendent les mesures de salut public et s'opposent aux groupes modérés et radicaux. Robespierre se montre ainsi opposé aux manifestations athées des Hébertistes et défend l'existence de Dieu. Les Robespierristes dominent jusqu'au 9 thermidor. Certains Montagnards participent à la chute de Robespierre comme Billaud-Varenne, Vadier, Collot d'Herbois.

Le robespierrisme engendre une postérité au XIXème siècle dans les courants républicains socialistes avec Albert Laponneraye ou Louis Blanc qui réhabilitent Robespierre, alors perçu comme une figure sociale, bien qu'il ne fut pas socialiste.

Extrême gauche

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Réunis autour du prêtre activiste Jacques Roux, ce groupe proche des milieux populaires émet des revendications sociales importantes. Jacques Roux rédige une pétition à la Convention nationale le 25 juin 1793 dans laquelle il dit que « La liberté n'est qu'un vain fantôme, quand une classe d'homme peur affamer l'autre impunément. L'égalité n'est qu'un vain fantôme quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable »[38]. Les Enragés prônaient la taxation des denrées contre l'accaparement au profit des grosses fortunes[39]. Cependant, les Enragés rencontrèrent l'hostilité des Montagnards et de Hébert. En matière politique, les Enragés furent favorables à une forme de démocratie directe, ils tenaient à la surveillance des législateurs. Les meneuses de la Société des républicaines révolutionnaires reprirent les thèmes de Jacques Roux.

Les Hébertistes ou exagérés.

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Frontispice du Père Duchesne (journal radical d'Hébert) sur lequel on voit le Père Duchesne armé d'une hache et fumant une pipe.

Les Hébertistes se sont constitués essentiellement autour du club des Cordeliers sous la houlette de Jacques René Hébert. Ils étaient opposés aux Enragés. Leur influence est importante parmi les sections parisiennes ainsi qu'en province avec la diffusion du journal du Père Duchesne[40]. Les Hébertistes se distinguent par leur anticléricalisme militant, ce qui irrite Robespierre. Ils incitent l'évêque Jean-Baptiste Gobel à démissionner de ses fonctions et organisent une fête de la Raison à Notre-Dame de Paris[41]. Ils sont éliminés par les Montagnards robespierristes.

 
Insurrection du 1er prairial an III contre la Convention thermidorienne et pour le retour de la Constitution de l'an I (1793)

Centre à droite

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Conseil des Anciens, chambre haute sous le Directoire.

Les royalistes ou clichyens

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A droite, les royalistes (ou « crypto-royalistes »), vigoureusement opposés aux « anarchistes » (Jacobins) et au Directoire, ils sont favorables au retour de l'ordre par le rétablissement de la royauté. Ils sont favorables aux émigrés et aux prêtres. Ils se réunissent au sein du club de Clichy, où des monarchistes constitutionnels et absolus se rassemblent en vue des élections de 1797[42]. Ils finissent majoritaires aux Conseils et élaborent une loi qui autorise les parents d'émigrés à accéder aux emplois publics et une loi qui abroge la répression des prêtres réfractaires[43]. Ils sont écartés du jeu politique après le coup d'état du 18 fructidor an V. Cependant, les manifestations royalistes persistent en dehors du champ parlementaire avec la reprise du conflit vendéen et l'insurrection royaliste qui éclate dans le Midi Toulousain en 1799.

 
Les directeurs, chef du pouvoir exécutif.

Au centre, les Thermidoriens, partisans d'une république modérée, respectueuse des biens et des propriétés, souhaitaient éviter un retour de la Terreur ou de la royauté en France car elle serait une menace pour les acquéreurs de biens nationaux.

 
Gracchus Babeuf, communiste et orateur au club du Panthéon.

Les néojacobins ou exclusifs

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Les néojacobins, sont des républicains « prononcés » parmi lesquels on trouve des anciens membres des comités de surveillance ou de la Convention. Ils sont partisans d'un retour aux acquis de la constitution de 1793 (élaborée par les Montagnards), de la fiscalité progressive et de mesures à l'encontre des prêtres, des modérés et des royalistes cachés ou déclarés.

En 1796, les néojacobins se portent sur les questions sociales et adhèrent en partie aux idées communistes de Gracchus Babeuf au club du Panthéon. Après l'échec de la conjuration des Égaux, ils se concentrent ensuite sur la défense des libertés publiques et de l'impôt progressif[46]. Lors des élections législatives de 1798 ils sont écartés par la loi du 22 floréal an VI mais reviennent au pouvoir en 1799. Ils fondent le club du Manège. Robert Lindet, ancien Montagnard, est élu ministre des Finances cette année là. En 1799, ils élaborent la loi des otages contre les familles des émigrés et un nouvel emprunt forcé sur les riches[47].

Références

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  1. Lynn Hunt, Politics, Culture and Class in the French Revolution, Berkeley, University of California Press, 1984 ; réédition en 2004, (dir.), The New Cultural History, Berkeley, University of California Press, 1989.
  2. Les Élections de l'an VI et le «coup d'état du 22 floréal» (Il  mai 1798). Paris, Société Les Belles Lettres, 1971.  
  3. a et b Jean-Clément Martin souligne que « les stigmatisations politiques ont affecté tous les groupes à un moment où à un autre, créant une zone durable de flottement autour de ceux qui demeurèrent les vrais vaincus de l'affrontement entre les extrêmes, ce centre à jamais introuvable en France qui va des monarchiens aux Girondins ». Martin Jean-Clément, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012, p. 13.
  4. Marc Belissa, Yannick Bosc, Rémi Dalisson, et alii, Citoyenneté, République et démocratie en France, 1789-1899, Paris, Ellipses, , p. 24-25
  5. Marc Belissa, Yannick Bosc, Rémi Dalisson, et alii, , Paris, Ellipses, 2014, p. 20-21.
  6. Hervé Leuwers, La Révolution française, Paris, PUF, 2020 (quadrige manuel), p. 302
  7. Pierre Levêque, Histoire des forces politiques en France. 1789-1880. Tome I., Paris, Armand Colin, , p. 34
  8. Michel Biard, Pascal Dupuy, La Révolution française 1787-1804 , Paris, Armand Colin, 2020 (4ème edition), 382 p., p. 80.
  9. a b et c Bianchi, Serge. « Chapitre XI. Une révolution politique ? ». Des révoltes aux révolutions, Presses universitaires de Rennes, 2004, En ligne : https://doi.org/10.4000/books.pur.28060.
  10. Michel Biard, Pascal Dupuy, p. 55-56, 79-81.
  11. Maurice Genty, « Robert Howell Griffiths, Le Centre perdu. Malouet et les «monarchiens» dans la Révolution française. Presses universitaires de Grenoble, Gap, 1988. », Annales historiques de la Révolution française, no n°275,‎ , pp. 78-81. (lire en ligne)
  12. Michel Biard, Pascal Dupuy, La Révolution française, 1787-1804, Paris, Armand Colin, 2020 (4ème edition), 382 p., p. 79-80
  13. Pascal Dupuy, Michel Biard, p. 55-56, 79-81.
  14. a et b Pierre Serna, La République des girouettes. 1789-1815, et au-delà : une anomalie politique, la France de l'extrême centre, Seyssel, Champ Vallon, 2005, p. 350.
  15. a et b Albert Soboul, La Révolution française, Paris, Gallimard, , 606 p., p. 173-174
  16. Pascal Dupuy, Michel Biard, p. 79-81.
  17. Pascal Dupuy, Michel Biard, p. 55-56
  18. Marc Belissa, Yannick Bosc, Rémi Dalisson, et alii, Citoyenneté, République et Démocratie en France, 1789-1899, Paris, Ellipses, 2014, p. 20-21.
  19. Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012, p. 371.
  20. Bianchi, Serge. « Chapitre XI. Une révolution politique ? ». Des révoltes aux révolutions, Presses universitaires de Rennes, 2004, https://doi.org/10.4000/books.pur.28060.
  21. Michel Biard, Pascal Dupuy, La Révolution française. 1787-1804, Paris, Armand Colin, 2016, p. 85-86.
  22. Pierre Levêque, Les forces politiques en France. 1789-1880, Paris, Armand Colin, 1992, p. 56.
  23. Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral, et alii, Histoire générale de la presse française, tome 1. Des origines à 1814., Paris, Presses Universitaires de France, , p. 448
  24. Albert Soboul, La Révolution française, Paris, Gallimard, 1984, p. 228-229.
  25. Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, , « Tous ces Girondins ont incarné une orientation de la Convention jusqu'en mars-avril 1793. Convention hésitante sur le sort du roi et hostile à Marat et aux sans-culottes. Ils étaient soucieux des formes de la légalité [...] », p. 487.
  26. Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012, p. 441.
  27. Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, , p. 465
  28. a et b Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012, p. 487.
  29. De Mathan, Anne, « Les Girondins et la représentation nationale », Parlement[s], Revue d'histoire politique, 2005/3 n° HS 2, 2005. p.31-39. En ligne : https://shs.cairn.info/revue-parlements1-2005-3-page-31?lang=fr
  30. a et b Marc Belissa, Yannick Bosc, Rémi Dalisson, et alii, Citoyenneté, République et Démocratie en France, 1789-1899, Paris, Ellipses, 2014, p. 31-32.
  31. Pierre Levêque, Les forces politiques en France. 1789-1880, Paris, Armand Colin, 1992, p. 59.
  32. Marc Belissa, Yannick Bosc, Rémi Dalisson, et alii, Citoyenneté, République et Démocratie en France, 1789-1899, Paris, Ellipses, 2014, p. 35.
  33. a et b Françoise Brunel, « Montagne / Montagnards », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire Historique de la Révolution française, p. 760.
  34. a et b Bosc, Yannick. « Robespierre libéral », Annales historiques de la Révolution française, vol. 371, no. 1, 2013, pp. 95-114.
  35. Constitution du 24 juin 1793, « Article 16. - Le droit de propriété est celui qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposer à son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie ». En ligne : https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-constitutions-dans-l-histoire/constitution-du-24-juin-1793
  36. Jean-Pierre Gross, Égalitarisme jacobin et droits de l'Homme, 1793-1794. La Grande famille et la Terreur, Paris, Arcantères, 2000, p. 9.
  37. Michel Biard, Pascal Dupuy, la Révolution française, 1787-1804, Paris, Armand Colin, 2020 (4ème édition), 382 p., p. 99
  38. Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française, t. VI. Le gouvernement révolutionnaire, Paris, Messidor/Editions sociales, , p. 184-185
  39. Gotlib R., « Enragés », dans Soboul Albert, Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, , p. 416-419
  40. Michel Biard, Pascal Dupuy, , Paris, Armand Colin, 2020 (4ème édition), 382 p., p. 101.
  41. Universalis, Encyclopædia. « CULTE DE LA RAISON ». Encyclopædia Universalis, 19 janvier 1999, https://www.universalis.fr/encyclopedie/culte-de-la-raison/.
  42. a et b Jean-René Surrateau, « Clichy/Clichyens », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, , p. 231-232
  43. Hervé Leuwers, La Révolution française, Paris, PUF, 2020 (quadrige manuel), p. 212.
  44. Gainot, Bernard. « Benjamin Constant et le cercle constitutionnel de 1797 : la modération impossible », Annales historiques de la Révolution française, vol. 357, no. 3, 2009, pp. 103-118.
  45. Fajn Max. Le «Journal des hommes libres de tous les pays» (2 novembre 1792-14 septembre 1800). In: Annales historiques de la Révolution française, n°220, 1975. pp. 273-288.
  46. Jean-Paul Bertaud, « Néojacobins », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, PUF, 1989, p. 786.
  47. Hervé Leuwers, La Révolution française, Paris, PUF, 2020 (quadrige manuel), p. 300.