Château de Duingt

château fort français

Château de Duingt
Image illustrative de l’article Château de Duingt
Tour (rénovée) et ruines de l'enceinte du château de Duingt
Nom local Château de La Salle
Château de l'Esplanade
Châteauneuf
Château du Roc
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction Entre 1103 et 1148
Destination actuelle Ruiné
Coordonnées 45° 49′ 43″ nord, 6° 12′ 21″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Genevois
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Duingt
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Duingt
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Château de Duingt

Le château de Duingt (Duyn), appelé aussi château de La Salle, Châteauneuf, château de l'Esplanade ou encore château du Roc, est un ancien château fort, remanié au XIVe ou XVe siècle[2], dont les ruines se dressent sur la commune de Duingt dans le département de la Haute-Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Situation modifier

Les vestiges du château de Duingt sont situés dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune de Duingt, sur un promontoire rocheux qui domine le bourg. Il contrôlait l'ancienne route entre Genève et Moûtiers cheminant le long de la rive ouest du lac d'Annecy, empruntant une ancienne voie romaine secondaire. Son système défensif était complété par le Château de Châteauvieux.

Histoire modifier

 
Tour ruînée du château de Duingt (au centre) et châteauvieux sur la presqu'île.

Le château de Duingt (Castrum Duini)[3] dont l'origine reste inconnue, appartenait depuis une époque très ancienne à la famille de Duin ou Duyn, vassale des comtes de Genève.

Le château apparaît pour la première fois dans les textes entre 1103 et 1148[4] sous le terme castra.

Un nommé Raymondus Doint se porte caution pour le comte de la somme de 1 100 sols en 1219[5] lors d'une transaction entre le comte de Genève Guillaume II et l'évêque l'évêque de Genève, Aymon de Grandson[6].

En 1288, Raoul/Rodolphe de Duin, alias de Conflans, prête hommage au comte de Genève et promet de mettre son fief à la disposition du comte en cas de conflit avec la Savoie voisine[7],[8]. En 1296[5], il cède contre 2 500 livres son château de Duingt au comte Amédée II de Genève, et garde celui de Châteauvieux[9]. Le château de Duingt reste la possession des comtes de Genève jusqu'au [5]. Il passe à cette date aux mains des ducs de Savoie, avec tout le comté de Genève. En 1451[5], il est acheté par Perrin d'Antioche[Note 1], fait seigneur du dit lieu par le duc en 1455, qui le cède en 1462[5] à Janus (1440-1491), fils cadet du duc Louis de Savoie, comte apanagiste de Genevois. À sa mort, il le lègue à Hélène de Luxembourg, fille de Louis de Luxembourg et de Jeanne de Bar, son épouse, qui l'apporte en secondes noces au vicomte François des Martigues. Il passe ensuite entre les mains de Louise de Savoie (1467-1522), marquise de Baugé, dame d'Évian, fille de Janus de Savoie et d'Hélène de Luxembourg, petite-fille du duc Louis Ier de Savoie. Le château se transmet à ses descendants François, Sébastien et Marie de Luxembourg. Possession de la famille de Genevois-Nemours, Jeanne-Baptiste de Genevois-Nemours l'apporte en dot en 1665[5] à son mari le duc Charles-Emmanuel II.

En 1681[5], la famille de Monthoux acquiert les deux châteaux, Duingt et Châteauvieux, et les vend en 1696[5] à François-Nicolas de Montpiton, seigneur du Noiret et de Saint-Jorioz. En 1698, les châteaux sont achetés par la famille de Sales, qui les conserve jusqu'à la Révolution.

Déclarés biens nationaux, ils sont adjugés en 1796 à Jean Berthet, qui les revend en 1833[5] au baron Scipion Ruphy. Isaure Ruphy les apporte plus tard en dot à son mari, le comte Henri de la Barge de Certeau.

Description modifier

Du château de Duingt il ne subsiste qu'une tour octogonale, ruinée au-dessus du village et des restes d'enceinte[3].

Le donjon a la particularité d'être hexagonal à l'extérieur et circulaire à l'intérieur, à la datation incertaine[12]. Selon Louis Blondel, ce donjon circulaire qui ressemblerait à celui de Châtillon a été remanié extérieurement au XIVe ou XVe siècle. Ses étages communiquent par un escalier à vis.

Du côté de la porterie, permettant d'accéder au château et tournée vers Talloires, se situait la chapelle castrale, devenue l'église primitive de la paroisse[7]. Cette dernière est transférée en 1344 vers l'emplacement de l'actuel cimetière[7].

Châtellenie de Duingt modifier

Siège d'une châtellenie modifier

Le château de Duingt est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[13]. Il s’agit d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève[14]. Toutefois, la famille de Duin garde une partie du pouvoir faisant d'elle un mandement mixte, c'est-à-dire que le comte et le seigneur sont « associés pour diriger [le territoire] : unité administrative et dualité d'administration » (Pierre Duparc)[15].

Le territoire est constitué des villages et hameaux de Beauvivier (Doussard), Chapelle-Blanche, Chevaline, Dhéré, Duingt, Doussard, Entrevernes, Giez, Macherine (Doussard), Marsaux (Doussard), Saint-Eustache, Saint-Jorioz, la Thuile, Vesone (Faverges)[réf. nécessaire].

Villages, paroisses, fortifications de la châtellenie de Duingt[13]
Commune Nom Type
Duingt Château de Duingt (du Roc) château
Duingt Château de Châteauvieux château
Duingt Château d'Héré château
Doussard Tour de Beauvivier (Château-vieux) maison forte
Lathuile Château de Lathuile maison forte
Saint-Eustache La Bâtie de Saint-Eustache (Château-vieux) maison forte

Au XVIIe siècle, les armes du mandement de Duingt se blasonnaient ainsi : croix d’argent en champ de gueules avec dentelles d’azur à l’entour[16]. Tandis que celui de Chauteauvieux (de Duin) se blasonnaient quant à lui ainsi : croix d'argent en champ de gueules, la couronne ducale dessous[16].

Les châtelains modifier

Dans le comté de Genève[17], puis à la suite de l'intégration en 1401 au comté de Savoie, le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[18],[19]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[20]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[21].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Perrin d'Antioche fait partie des nobles du royaume de Chypre qui ont accompagné la future duchesse Anne de Chypre. Il est fait vice-châtelain ou châtelain au cours de la période, puis écuyer du duc Louis Ier de Savoie et vicaire de Turin en 1447 et il fait bourgeois de Genève en 1456[10],[11].
  2. Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[25].

Références modifier

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 434.
  3. a et b Georges Chapier 2005, p. 182.
  4. Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 290.
  5. a b c d e f g h et i Georges Chapier 2005, p. 316-319.
  6. Léon Menabrea, Des origines féodales dans les Alpes occidentales, Imprimerie royale, , 596 p. (lire en ligne), p. 52.
  7. a b et c Detraz, 1992, p. 71.
  8. Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 316.
  9. Paul Guichonnet (dir.), Histoire d'Annecy, vol. 21, Éditions Privat, coll. « Pays et villes de France », (réimpr. 2000) (1re éd. 1987), 336 p. (ISBN 978-2-7089-8244-4), p. 72 (2000 (ISBN 2-70898-244-3)).
  10. Paul Cattin, « Urbain d'Antioche et la chapelle St Jacques de la Maladière à Ambronay », p. 73-76, dans Bulletin d'histoire et d'archéologie du diocèse de Belley, 1973 ([PDF] lire en ligne).
  11. Comte Amédée de Foras, continué par le comte F.-C. de Mareschal, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 1, Grenoble, Allier Frères, 1863-1910 (lire en ligne), p. 58-59, « Antioche (d') »
  12. Bernard Demotz, « Les fortifications de pierre dans le Comté de Savoie », L'Histoire en Savoie : revue de culture et d'information historique,‎ , p. 119-134 (lire en ligne).
  13. a et b Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
  14. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 416.
  15. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 423-424.
  16. a et b J.-F. Gonthier, « Funérailles de Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1659) », Revue savoisienne, vol. XI, no série II,‎ , p. 249 (lire en ligne)
  17. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVIIe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 413 et suivantes.
  18. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  19. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  20. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  21. Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
  22. a et b Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
  23. ADS1.
  24. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 939, « Duingt ».
  25. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 2-7171-0200-0), p. 21-25, « Les cantons d'Annecy - Annecy-le-Vieux - Seynod », p. 150-154 « Duingt ou Duin ».
  • Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, Éditions La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN 978-2-84265-326-2), p. 316-319.
  • Gérard Detraz, « Réflexions à propos de la naissance du village de Duingt », Revue savoisienne,‎ , p. 69-76 (lire en ligne).
  • Joseph-Marie Lavanchy, « Les Châteaux de Duin. Le château de Dérée », Mémoires & documents publiés par l'Académie salésienne, t. 7,‎ , p. 194 (lire en ligne)
    Joseph-Marie Lavanchy (1844-1915) est un prêtre (ordonné en 1867) et historien de la Savoie, membre correspondant de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie (1897).
  • [PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263,‎ (lire en ligne).   extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Étienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).
  • Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Éditions Cabédita, , 193 p. (ISBN 978-2-88295-117-5), p. 73-75.

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