Carticasi

commune française du département de la Haute-Corse

Carticasi est une commune française située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse et faisant partie de la collectivité territoriale unique de Corse. Le village appartient à la piève de Vallerustie, dans la région de la Castagniccia.

Carticasi
Carticasi
Pughjale de Carticasi, vu de San Cervone.
Blason de Carticasi
Héraldique
Administration
Pays Drapeau de la France France
Collectivité territoriale unique Corse
Circonscription départementale Haute-Corse
Arrondissement Corte
Intercommunalité Communauté de communes Pasquale Paoli
Maire
Mandat
Jean Renucci
2020-2026
Code postal 20244
Code commune 2B068
Démographie
Gentilé carticasinchi
Population
municipale
25 hab. (2021 en diminution de 21,87 % par rapport à 2015)
Densité hab./km2
Géographie
Coordonnées 42° 21′ 28″ nord, 9° 17′ 28″ est
Altitude 886 m
Min. 652 m
Max. 1 697 m
Superficie 12,8 km2
Type Commune rurale
Aire d'attraction Bastia
(commune de la couronne)
Élections
Départementales Golo-Morosaglia
Localisation
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Carticasi
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Carticasi
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Carticasi

Toponymie modifier

En corse, la commune se nomme Carticasi, prononcé [kærtiˈgaːzi]. Ses habitants sont les Carticasinchi.

Géographie modifier

 
Carticasi et San Cervone. La pointe visible correspond exactement à l'emplacement du vieux sanctuaire.
 
Vue de l'église paroissiale du village.
 
San Petrone vu de Carticasi.

Positionné au sommet de son oppidum préhistorique, nommé A Cima, Carticasi offre un panorama dominant toutes les vallées de la pieve des Vallerustie. Comme un observatoire, il constituait autrefois le point final d'une route qui serpentait à travers la vallée de la rivière Casaluna. Entouré de montagnes, le village offre par temps clair une vue étendue jusqu'à la mer, embrassant la Balagna. De Carticasi, on peut également contempler San Petrone (autrefois appelé Monte Nicegnu[1]), présentant sa forme tabulaire caractéristique, qui se dévoile dans toute sa simplicité à l'instar d'une vue en haute mer (voir photo 3 ci-contre).

Urbanisme modifier

Typologie modifier

Carticasi est classée en tant que commune rurale, faisant partie des communes peu ou très peu denses, selon la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[2],[3],[4].

De plus, la commune fait partie de l'aire d'attraction de Bastia, étant ainsi classée comme une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire englobe un total de 93 communes et est classée parmi les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[5],[6].

Occupation des sols modifier

L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est caractérisée par une prédominance des forêts et des milieux semi-naturels, atteignant 100 % en 2018, proportion similaire à celle de 1990 (100 %). La répartition détaillée en 2018 se présente comme suit : forêts (76,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (19 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (4,1 %)[7]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune ainsi que de ses infrastructures peut être observée à travers différentes représentations cartographiques du territoire telles que la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].

 
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

Histoire modifier

Cf. vestiges préhistoriques.

Lieux, monuments, patrimoine modifier

 
4. Oppidum de Carticasi, nid d'aigle dans les nuages.
  • Oppidum A Cima (prononciation /dʒi: ma/ , comme "adjiii-ma"))
 
le village depuis l'oppidum di a cima.

Malgré une occupation continue pendant des millénaires de ce qui peut être décrit comme un palimpseste (pour emprunter une expression de François de Lanfranchi), la plate-forme sommitale aménagée ainsi que quelques vestiges cyclopéens ont été préservés. Les pentes étaient parsemées de mobilier lithique et céramique.

  • Capella San Stefanu

Situé au lieu-dit Aghja Curtinca. Les analyses de Geneviève Moracchini-Mazel ont révélé que les pierres les plus anciennes de cet endroit sont du même type que celles utilisées pour la construction de la cathédrale de San Petruculu d’Accia (Quercitellu) datant de l’an 596[8].

  • A Casaccia

Ce terrain considéré comme 'sacré' (connu localement sous le nom de campu riservatu ou campu santu en langue corse) est situé à proximité de l’ancienne église Santa Maria, désormais en ruines. Ce toponyme évoque l'idée d'un ancien monastère ou prieuré bénédictin, identifié par les termes corses casaccia ou abbadia, renforçant ainsi l'hypothèse d'une datation remontant à la même période grégorienne (Saint Grégoire 1er), avancée par G. Moracchini-Mazel, pour San Stefanu.

En plus du mobilier céramique couvrant différentes époques, A Casaccia (jardin cultivé) a fourni en abondance du mobilier lithique (haches, fusaïoles, molettes, percutoirs, pointes de flèches), confirmant la longévité et l'ancienneté de l'occupation du site.

 
pointe de flèche Casaccia
 
5. Site des Schippiate dans la haute vallée de la Ghjuvannina.
  • E Schippiate (prononciation /eskipiadε/ )

Rocher gravé à la limite de la commune de Bustanicu (Bustanico), situé dans la haute vallée de A Ghjuvannina (voir photo 5). Il se trouve en bordure de la route D 15, qui relie Carticasi à Bustanicu en passant par le col de Chjatru. Le nom du lieu, mal transcrit sur diverses cartes (mentionnant parfois "scribbiate" pour rayées), est E Schippiate, signifiant Les Ecritures ou Les Ecrites. Ce nom représente une exceptionnelle survivance locale du corse médiéval et du toscan médiéval[9]. Au pied du rocher, un abri sous roche existait autrefois, bien que presque entièrement détruit par le tracé de la route. Dans les années soixante-dix, lors de l'excavation réalisée par un bulldozer, un foyer appareillé a été mis au jour. Les gravures rupestres, également appelées schippiate (les écritures), ont subi une forte dégradation au cours des deux dernières décennies. Sur ce site particulier d'art rupestre, bordant la route et accessible facilement, il est préférable de ne pas marcher sur le rocher.

Par ailleurs, d'autres rochers gravés sont présents sur la commune, mais ils se trouvent dissimulés au cœur du maquis.

 
Venardina di E Schippiate, sculptée au dos d'une molette de grandes dimensions. On remarque les énigmatiques cornes (lunaires ?).

Une conservatrice exemplaire du patrimoine :

Les Schippiate étaient encore préservées il y a quelques décennies, grâce à la vigilance de sa propriétaire, Paghjuva Bariani (membre de la famille Didier Bariani).

Pour les visiteurs souhaitant admirer les gravures rupestres, une information utile est que la maison de Paghjuva (connue comme a Casa di e Schippiate, prononcée comme «a gaza dié skipiadai») est répertoriée sur les cartes sous l'appellation déformée «casa scribbiata» (les «gens de la ville» peuvent parfois négliger la préservation du langage reflétée dans la toponymie). Cette désignation exogène de la maison permet néanmoins de localiser le rocher.

Zia Paghjuva (prononciation /tziaba: juwa/) avait exprimé le souhait d'être inhumée près des Schippiate, à la limite des communes, avec, "un pede in Bustanicu, è un pede in Carticasi" (un pied sur Bustanicu et un pied sur Carticasi). Cependant, son vœu n'a pas été exaucé. Ainsi, la présence des Schippiate dans la page wiki de Bustanicu et de Carticasi vise à rendre hommage à cette personne qui les a préservées. Dans les années soixante, en tant que conservatrice exemplaire, elle a contribué à maintenir en bon état le trésor rupestre, situé en bordure du chemin muletier et bien connu des voyageurs faisant halte à la source (Funtana di Paghjuva).

Venardina di E Schippiate (prononciation /bénærdi: na dieskipia: dε/ )

Sapie schippià, un sapemu leghje.
I to ochji un sò spenti, corci cechi chi noi simu !
Petite vénus des Schippiate, tu savais écrire … nous ne savons pas lire.
Tes yeux ne sont pas éteints …c’est nous qui sommes aveugles !
  • Oppidum A Marza (/amærtza/), en limite des communes de Carticasi et de Bustanicu. cf. Bustanicu
  • Capella San Cervone, chapelle en ruine, non datée, à 1444 m d'altitude.

La Capella San Cervone se trouve à une altitude de 1434 m, située en limite des communes de Carticasi et de Rusiu, plutôt qu'au point culminant de la montagne (A punta, 1451 m, sommet réel non visible depuis Carticasi). Ce lieu, le véritable San Cervone, comprenant les ruines de la chapelle, représente le point le plus élevé de la commune de Carticasi vers l'Ouest et constitue le sommet apparent de la montagne, tel qu'observé précisément depuis Carticasi (cf. photo San Cervone). Il est évident que ce lieu, succédant à un sanctuaire païen, a été choisi en référence à l'oppidum de Carticasi.

Pour les randonneurs, le site de la Capella San Cervone offre le plus beau point de vue sur Carticasi, les Vallerustie, et le San Petrone. Cf. photo de Carticasi vue depuis San Cervone.

 
Solstice 2008 au cœur de l'Arcu di l'Ursini.
  • Arcu di l’Ursini[10].

Le mégalithe[11] est positionné de manière que le soleil puisse seulement pénétrer sous l’Arcu pendant la période du solstice d’été (hémisphère nord) (voir photos ci-dessous 4 et 5). Cependant, ce n'est pas la seule particularité.

Pendant trois jours, de la veille au lendemain du solstice, un spectacle remarquable se produit lorsque le soleil levant éclaire le site.

Le premier rayon, méticuleusement sculpté par les caractéristiques du lieu et l'aménagement des pierres, frappe la dalle horizontale (sous l’Arcu) sous la forme d'une fine ligne lumineuse qui suit l'alignement des entailles. Cela crée, pendant quelques minutes, une flèche lumineuse impressionnante pointant vers la crête montagneuse (A Serra d'Accia), indiquant l'endroit où le soleil est en train de se lever. Les relevés actuels dans cette direction spécifique, en corrélation avec les variations de l'inclinaison de l'écliptique, pourraient éventuellement contribuer à dater le site ou les entailles.

Photos 6, 7, 8 :

De manière tout aussi remarquable, le coucher de soleil pendant le solstice d’été offre un spectacle singulier. Un des montants du mégalithe, sculpté et marqué, présente une face oblique qui, éclairée par les derniers rayons du soleil, permet de viser la position du soleil couchant (celui-ci disparaît derrière le mont Capizzolu, point le plus septentrional atteint par le soleil sur la Serra, une crête montagneuse. Cf. photos 7, 8). Sur la sixième photographie, prise le 20 juin à 20 h 47 (heure française d'été), soit une minute avant que le soleil ne disparaisse, l'aspérité principale (nommée gnomon par commodité et sans intention de froisser les "archéoastronomo-sceptiques") projette son ombre dans une zone décaissée. Il est à noter que ce phénomène ne peut se produire que lorsque le soleil, progressant sur la Serra de Lanu, atteint le mont Capizzolu (cf. photos 7, 8).

Politique et administration modifier

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
1945 1983 Bono Renucci    
1983 En cours Jean Renucci PRG Retraité
Les données manquantes sont à compléter.

Démographie modifier

L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1800. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[12]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[13].

En 2021, la commune comptait 25 habitants[Note 3], en diminution de 21,87 % par rapport à 2015 (Haute-Corse : +5,79 %, France hors Mayotte : +1,84 %).

Évolution de la population  [ modifier ]
1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851 1856
182225226285297316306331361
1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896 1901
380382389379355351381404403
1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962
40941740741838135620523492
1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007 2012 2017
685521182630303527
2021 - - - - - - - -
25--------
De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[14] puis Insee à partir de 2006[15].)
Histogramme de l'évolution démographique

Culture locale et patrimoine modifier

Lieux et monuments modifier

Personnalités liées à la commune modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
  2. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, permettant des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
  3. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.

Cartes modifier

  1. IGN, « Évolution comparée de l'occupation des sols de la commune sur cartes anciennes », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ).

Références modifier

  1. Monte Nicegnu dans la correspondance de Saint Grégoire 1er, Registri Epistolarum de SS Gregorius I Magnus : Nigeuno in Liber sextus, Epistola XXII ; Negeugno monte in Liber octavus, Epistola I.
  2. « Typologie urbain / rural », sur observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
  3. « Commune rurale - définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
  4. « Comprendre la grille de densité », sur observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
  5. « Liste des communes composant l'aire d'attraction de Pleyben - Châteaulin », sur insee.fr (consulté le ).
  6. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
  7. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le ).
  8. Geneviève Moracchini-Mazel, Les Eglises romanes de Corse, Librairie C.Klincksieck, Paris, 1967, vol.2, p.323. .
  9. "Schippiate", participe du verbe "Schippià" (corse médiéval) signifiant écrire. Ce verbe est dûment documenté par les corsismes des textes rédigés en toscan médiéval.
  10. L’Arcu di l’Ursini fut identifié et photographié dès 1945, par Antone Tomasi et son oncle Ghjuvan’Ursinu. Il est à préciser que ce monument, et tous les sites préhistoriques de la région, ont toujours été connus et protégés, voire, si nécessaire, cachés, par la population (au demeurant, cachés certains devront même le rester –hélas- tant que ne pourra être assurée leur protection). En ce qui concerne l’Arcu di l’Ursini et les sites proches, tous avaient été entièrement vidés, sans doute par un chercheur de trésor connu qui au début du XXe siècle, ratissa entièrement cette zone. En ce qui concerne l’Arcu, il ne reste même pas de déblais.
  11. Mégalithe : le terme dolmen (stazzona, en corse) est réservé aux monuments dont «les montants sont plantés». François de Lanfranchi, Le fait mégalithique en Balagne, in Les temps anciens du peuplement de la Corse, la Balagne II, Université de Corse, 1988. Or, à Carticasi, tout comme à Loriani (Cambia, mégalithe fouillé par J-C. Weiss), au moins l’un des montants est constitué par le rocher en place.
  12. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
  13. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
  14. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
  15. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 et 2021.

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier