Marie-Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870)

noble italo-française du XIXe siècle
Caroline des Deux-Siciles
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de la duchesse de Berry (1816-1819), par Jean-Baptiste Paulin Guérin.
Biographie
Titulature Princesse des Deux-Siciles
Duchesse de Berry (1816-1831)
Comtesse Lucchesi Palli (1831-1870)
Duchesse della Grazia (1856-1870)
Dynastie

Maison de Bourbon-Siciles

Maison de Bourbon-Deux Siciles
Nom de naissance Maria Carolina Ferdinanda Luisa di Borbone
Naissance
Caserte (Naples)
Décès (à 71 ans)
Mureck (Autriche-Hongrie)
Sépulture Cimetière de Mureck (Autriche)
Père François Ier des Deux-Siciles
Mère Marie-Clémentine d'Autriche
Conjoint Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry
(1816-1820)
Hector Lucchesi-Palli
(1833-1864)
Enfants

Henri d'Artois
Louise d'Artois


Anne-Marie Lucchesi-Palli
Clémentine Lucchesi-Palli
Françoise-de-Paule Lucchesi-Palli
Isabelle Lucchesi-Palli
Adinolphe Lucchesi-Palli
Religion Catholicisme romain

Signature

Signature de Caroline des Deux-Siciles

Description de l'image Coat of arms of Princess Caroline of Naples and Sicily as Duchess of Berry.png.

Marie Caroline Ferdinande Louise de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, née le à Caserte et morte le à Brünnsee, plus connue sous son titre de duchesse de Berry, fut l'épouse de Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, second fils du roi Charles X de France assassiné en 1820, et la mère du comte de Chambord, prétendant légitimiste au trône de France sous le nom de « Henri V »

Au nom de son fils, elle tenta en vain de prendre le pouvoir en France en 1832 en qualité de « régente ». Elle est à l'origine des dernières insurrections vendéennes et chouannes qui secouent le nord-ouest de la France en mai et juin 1832.

Biographie modifier

Famille modifier

 
La Duchesse de Berry, médaille bronze 41 mm, signée Gayrard, 1820.

Marie-Caroline de Naples et de Sicile est née au palais royal de Caserte dans le royaume de Naples le . Petite-fille du roi Ferdinand Ier des Deux-Siciles et de la reine née Marie-Caroline d'Autriche, elle est la fille aînée du prince héritier François, duc de Calabre et de l'archiduchesse Marie-Clémentine d'Autriche, fille de l'empereur Léopold II et de l'infante Marie-Louise d'Espagne.

À son baptême, elle reçoit les prénoms de ses grands-parents paternels et de sa grand-mère maternelle Marie Caroline Ferdinande Louise. La reine Marie-Caroline, grand-mère de la princesse, est la sœur de la défunte reine de France Marie-Antoinette. Elle voue une haine mortelle à la Révolution française.

La révolution française et la guerre modifier

L'année même de la naissance de la princesse, le royaume de Naples et de Sicile rejoint la Deuxième Coalition. L'armée française commandée par le général Championnet, entre dans le Royaume et instaure une République parthénopéenne le [1]. Vaincue, la famille royale embarque sur un bâtiment britannique commandé par l'amiral Nelson et se réfugie à Palerme.

La princesse passe ainsi son enfance à Palerme, à Naples que la famille royale retrouve le . La princesse perd sa mère en 1801. Le duc de Calabre, qui n'a pas de fils, se remarie l'année suivante avec l'infante Marie-Isabelle d'Espagne pour assurer la succession au trône.

Vaincue à nouveau par les troupes françaises du général Masséna, la famille royale quitte Naples pour la Sicile en 1806 tandis que l'empereur des Français confie le Royaume de Naples à son frère Joseph Bonaparte puis à son beau-frère Joachim Murat.

La princesse reçoit une éducation assez libre, bercée par les chansons populaires en patois italien et pratique notamment la peinture.

Tandis que sa tante Marie-Amélie de Sicile épouse en 1809 le duc d'Orléans en exil, l'archiduchesse Marie-Louise d'Autriche, double cousine de la princesse, épouse en 1810 Napoléon Ier au grand dam de leur grand-mère, la reine Marie-Caroline qui meurt en Autriche en 1814.

La Restauration et le mariage modifier

La chute de l'Empire français permet au roi Ferdinand de retrouver son trône napolitain malgré la résistance et les intrigues de Joachim Murat qui est fusillé en 1815. La maison de Bourbon retrouve également le trône de France et l'ex-comte de Provence, frère de Louis XVI, devient roi sous le nom de Louis XVIII.

Très vite, il s'agit d'assurer la succession au trône que les princes français retrouvent après vingt-cinq années d'exil. Le roi, veuf, n'a pas d'enfant et répugne à se remarier à 60 ans. Son frère et héritier a deux fils mais aucun des deux n'a d'enfants. Le plus jeune de ses fils a eu de nombreuses maîtresses et la rumeur prétend qu'il a épousé en exil une jeune Anglaise dont il a deux filles. La jeune femme n'étant pas de sang royal, le mariage aurait été annulé et le prince est libre. C'est à ce neveu que le roi confie la charge de donner des successeurs au trône. La famille royale de Naples est une branche cadette de la maison de Bourbon et le choix du roi de France se porte sur l'aînée des petites-filles du roi, Marie-Caroline, qui a alors 18 ans.

La princesse Marie-Caroline vient en France en pour épouser Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, second fils du comte d'Artois, futur Charles X et frère du roi Louis XVIII (sans descendance). Leur mariage par procuration après des négociations menées par l'ambassadeur Pierre Louis Jean Casimir de Blacas d'Aulps a lieu à Naples le [2]. Elle débarque à Marseille le , y est mise en quarantaine au lazaret d'Arenc en prévention de la peste[Laquelle ?], puis traverse la France. Leur première rencontre se réalise au château de Fontainebleau le et leur mariage a lieu deux jours plus tard dans la cathédrale Notre-Dame de Paris[3].

Bien que son époux, resté officiellement célibataire (il a eu en fait de nombreuses maîtresses, dont Amy Brown avec qui il a deux filles, Charlotte et Louise), ait eu vingt ans de plus qu'elle et qu'il s'agît d'un mariage arrangé, ils semblent avoir formé un couple assez uni, comme l'attestent leurs échanges de lettres tendres. Le palais de l'Élysée a été aménagé pour eux[1].

Le duc et la duchesse de Berry ont eu quatre enfants, dont deux seulement survécurent au-delà des premiers jours :

  • Louise Marie Thérèse d'Artois, leur 3e enfant, née à Paris le , fut appelée Mademoiselle et titrée comtesse de Rosny en 1830 ; le elle épousa à Frohsdorf (Autriche) celui qui devint duc de Parme le sous le nom de Charles III et prince de Lucques, dont elle eut quatre enfants ; après l'assassinat de son époux le et une période de régence, elle fut chassée du duché en 1859 par une insurrection et mourut à Venise le .
 
La naissance du Duc de Bordeaux, par Dubufe, en 1820.

À la cour de France modifier

 
La Duchesse de Berry en 1825,
Thomas Lawrence,
château de Versailles.

Après l'assassinat de son mari, la duchesse de Berry s'installe aux Tuileries. Elle a un tempérament assez opposé à celui de sa belle-sœur l'austère duchesse d'Angoulême, sa belle-sœur et cousine de vingt ans son aînée et qui a supporté des souffrances que la jeune Marie-Caroline n'a pas connues, étant née après la Terreur : elle est peu attachée à l'étiquette, aime recevoir et est très sensible à la mode.

Amatrice de voyages et d'expériences nouvelles, elle aime s'éloigner assez souvent de la capitale. Elle a un rôle non négligeable dans le lancement en France de la vogue venue d'Angleterre des bains de mer, en particulier à Boulogne-sur-Mer et Dieppe, première cité balnéaire de France, vers 1820. Elle pratique volontiers ce loisir à la belle saison et le popularise auprès de la cour royale et la bourgeoisie française. Elle apprécie également les promenades en mer et possède un bateau dédié à cet effet, Le Furet[4], peint par le peintre Louis Ambroise Garneray en 1827 et exposé au musée de Dieppe[5]. À l'occasion, elle en profite pour visiter d'autres villes, comme Le Havre en [6]. C'est elle également qui inaugure une section du canal de la Somme.

 
Bordeaux - Carton d'invitation de juillet 1828.

Du 14 au , elle séjourne à Bordeaux afin de « ranimer les fidélités à la Couronne » des habitants de la première ville à s'être ralliée à Louis XVIII en 1814[7].

Elle s'intéresse aux arts et découvre un tableau de Paul Huet Une chaumière, présenté à la galerie Gaugain et l'achète[8].

Son passage au château d'Effiat (Puy-de-Dôme) est marqué par une pierre qui se voit encore sur la grande place de ce bourg auvergnat situé non loin du domaine de Randan, propriété de la princesse Adélaïde d'Orléans, sœur aînée de Louis-Philippe Ier.

 
La duchesse de Berry en 1829, déguisée en Mary Stuart.

Soulèvement de 1832 modifier

À la suite des Trois Glorieuses, elle suit Charles X et la cour en exil en Angleterre, vit à Bath en Angleterre et au palais de Holyrood en Écosse, mais elle cherche à se faire proclamer régente pour son fils, sous le nom d'« Henri V »[9].

En 1831, elle s'entoure de légitimistes déterminés, comme Ferdinand de Bertier, Bourmont, Florian de Kergorlay, le duc d'Almazan ou le duc de Blacas, qui définissent avec elle un programme politique dans l'optique d'une restauration de la branche aînée, l'édit de réforme du royaume. La réforme prévoyait l’élection par les contribuables de conseils municipaux, qui éliraient des conseils cantonaux. Chaque canton désignerait un conseiller général dont l'Assemblée serait chargée d’administrer les départements. Ces derniers seraient rassemblés en 18 provinces[Note 1], dont les assemblées (états provinciaux) siégeraient 30 jours par an. À l’échelon national, l’édit prévoyait deux chambres : une chambre des pairs héréditaires et une Chambre des députés nommés par les provinces[10],[11]. Dans ce programme, tout contribuable est électeur, tout électeur est éligible ; selon Bertier : « Les idées les plus larges, les plus libérales, les plus favorables au peuple et en même temps les plus conformes à la gloire et à la grandeur de la France en faisaient la base[12]. »

L'ancien roi Charles X manifeste des réserves à l'égard des entreprises de la princesse et son représentant, le duc de Blacas, sera écarté du complot.

À l'été 1831, la duchesse se rend en Italie ; en correspondance permanente avec les légitimistes, elle prépare un double soulèvement qui doit avoir lieu à Marseille et en Vendée. En Italie, elle séjourne tout d'abord à Gênes, où elle reçoit, à titre privé seulement, le soutien du roi de Sardaigne, Charles Albert ; à Naples chez son frère, le roi Ferdinand II des deux Siciles, à Rome, où le pape évite prudemment de lui manifester son soutien en public.

À partir d'août 1831, elle reçoit l'hospitalité au palais ducal de Massa et le soutien du duc François IV de Modène, le seul souverain dans la région à refuser de reconnaître la monarchie de Juillet.

Le 14 décembre 1831, elle se remarie secrètement à Rome avec le comte Hector Lucchesi Palli, chambellan du roi des Deux Siciles, qui l'assiste dans ses entreprises[13].

En janvier 1832, elle met en place un Comité de La Haye, chargé d'établir le lien avec le roi Guillaume 1er des Pays-Bas, opposé à la politique belge de Louis-Philippe.

Le 26 avril 1832, elle embarque avec plusieurs partisans sur un bateau à vapeur acheté pour la circonstance, le Carlo Alberto et débarque à côté de Marseille dans la nuit du 28 au . Au lieu du soulèvement de deux mille fidèles annoncé, elle ne parvient à mobiliser que soixante hommes. Ne parvenant pas à prendre ainsi le contrôle de la mairie de Marseille, elle décide de partir directement pour la Vendée[14].

En Vendée, elle tente de relancer les guerres de Vendée et de rallier la population à sa cause.

La mobilisation locale fut assez faible, et l'opération échoue rapidement.

Après une cavale de six mois, la duchesse trouve refuge dans la maison de Mlles Duguigny à Nantes, sise au no 3 de la « rue Haute-du-Château » (actuelle rue Mathelin-Rodier) située face au château des ducs de Bretagne, mais elle est trahie par Simon Deutz.

Après s'être cachée toute une nuit avec ses partisans dans un réduit situé derrière une cheminée alors que sa maison était cernée par la gendarmerie qui ne la trouvait pas, elle dut sortir de l'âtre lorsqu'un feu y fut allumé par des gendarmes en faction. Se rendant au général Dermoncourt, garant de sa sauvegarde, elle est mise aux arrêts le par la gendarmerie, dirigée par Adolphe Thiers qui, depuis le , venait de remplacer Montalivet au ministère de l'Intérieur[15],[16].

Détenue dans la citadelle de Blaye et soumise à la surveillance la plus rigoureuse, elle y accouche d'une fille prénommée Anne Marie Rosalie - le devant des témoins désignés par le maréchal Bugeaud à la demande de Louis-Philippe[17], dont les médecins Louis-Charles Deneux (accoucheur), Antoine Dubois et Prosper Ménière[18].

La princesse déclare alors qu'elle avait épousé secrètement, en 1831 Hector Lucchesi-Palli (1808-1864), futur duc della Grazia, et qu'il était le père légitime de cet « enfant de Blaye » mais des interrogations subsistent sur la paternité de cet enfant[1].

La petite Rosalie meurt à Blaye au bout de six mois, le suivant et est inhumée dans le caveau des Lucchesi-Palli, à Naples.

La duchesse eut ensuite de ce nouveau mari trois autres filles et un garçon. Sa descendance directe compta ainsi six enfants - sur dix qu'elle mit au monde - : deux du duc de Berry et quatre d'Hector Lucchesi-Palli.

Après quelques mois en prison, la duchesse est libérée et expulsée à Palerme ; elle est tenue à l'écart de la famille royale, qui lui refuse la direction de l'éducation de son fils, confiée à sa belle-sœur, la dauphine.

« La grande maison de Brunnsee, désertée, évoque une grève à marée basse. La vie s'est retirée, comme la mer, de ces pièces à demi démeublées où subsistent encore quelques épaves, vestiges d'un bonheur évanoui. Une très vieille femme, épaissie, affaissée, se tient devant la fenêtre, feuilletant tout le jour un album de photographies (où) presque aveugle, elle s'évertue à reconnaître les traits des visages qu'elle a connus. »

— Laure Hillerin

La fin modifier

Ayant perdu à deux mois d'intervalle, début 1864, sa fille, duchesse de Parme, et son second époux, qui l'avait ruinée — six millions de francs de dettes — elle s'installe en Autriche, où elle vit ses dernières années entre le château de Brunnsee et Venise. Elle y avait acheté le palais Vendramin, que son fils Henri d'Artois lui fit vendre en échange de son aide financière. Elle meurt aveugle au château de Brunnsee le .

La duchesse de Berry et les arts modifier

 
Rosny (Yvelines). Le château de la duchesse de Berry,
Camille Corot, 1840,
musée du Louvre, Paris.

La duchesse s'intéressa à de nombreux domaines artistiques, elle eut une peintre attitrée en la personne de Hortense Haudebourt-Lescot (1785-1845)[19]

Comme son époux qui présidait la Société des Amis de l'Art, la princesse fut une grande mécène, encourageant par ses multiples achats dans les Salons de nombreux peintres et favorisant la production artistique et littéraire d'un grand nombre de musiciens et d'hommes de lettres.

Elle apporta également un parrainage actif à de nombreuses manufactures ainsi qu'à beaucoup de maisons de commerce ou ateliers d'artisanat, souhaitant ainsi favoriser l'essor économique du pays.

Mais son extrême générosité - elle fut surnommée « la bonne duchesse » - est moins connue; elle se manifesta par le soutien très actif qu'elle apporta tout au long de sa vie, même en exil, à de multiples organisations et associations aussi bien qu'aux victimes de catastrophes naturelles, nécessiteux ou anciens serviteurs de la monarchie.

Musique modifier

Elle fut le mécène de plusieurs musiciens, comme Rossini, Boieldieu qui lui dédia son opéra La Dame blanche. De nombreux compositeurs de l'époque lui dédièrent également des œuvres.

Bibliophilie modifier

Dans son château de Rosny, la duchesse de Berry réunit une des plus exceptionnelles bibliothèques de son temps, tant par la rareté des éditions qui s'y trouvaient que par la grande qualité des reliures, le plus souvent dues au célèbre René Simier, magnifique ensemble de plus de 8 000 volumes qui sera dispersé en 1837 lors d'une vacation de plus d'un mois, ce qui fait que des livres reliés à ses armes ou avec sur les plats ses initiales « MC » entrelacées et couronnées, apparaissent au gré des ventes de grandes bibliothèques européennes.

Théâtre modifier

Passionnée de théâtre, elle obtint de Louis XVIII le parrainage du théâtre du Gymnase qui, à partir de 1825, prit le titre de « théâtre de Madame », Madame étant le nom traditionnellement donné à la première princesse du royaume après la dauphine, nom qu'elle avait réussi à imposer[réf. nécessaire] avant la mort de Louis XVIII en 1824, en tant que mère du futur héritier du trône de France[1].

De multiples pièces et vaudevilles, le plus souvent œuvres de l'auteur dramatique Eugène Scribe, y furent représentées jusqu'en 1830, date du départ en exil de toute la famille royale.

Photographie modifier

Durant son séjour en Italie, la duchesse s'intéressa aux arts, notamment à la photographie. Elle fut en relation avec les photographes primitifs installés à Rome, qui constituaient le cercle du Caffè Greco.

Sa collection de photographies contient des tirages de Frédéric Flachéron, Giacomo Caneva, Pompeo Bondini, Eugène Constant, James Anderson, Stefano Lecchi, Vittorio della Rovere, Firmin Eugène Le Dien, Disdéri, Joseph Vigier, comte de Vernay, Pascual Perez, Pierre Émile Pécarrère, Antonio Perini, Domenico Bresolin, Félix Teynard.

Elle a fait l'objet d'un catalogue intitulé Promenade méditerranéenne. Collection photographique de la duchesse de Berry. Les années 1850 (Céros éditeur)[20].

Jardins modifier

Comme l'impératrice Joséphine, la duchesse, très férue de botanique, remodela complètement le parc du château de Rosny dans le goût « paysagiste anglais » très en vogue à l'époque.

Elle le fit planter de milliers d'essences d'arbres, d'arbustes et de fleurs, le peupla de cerfs et de daims et y acclimata des biches naines venues d'Asie centrale ainsi que des kangourous qui vivaient dans des enclos dessinés dans l'esprit des fermes du pays de Caux.

Voulant rappeler le souvenir de la reine Marie-Antoinette, sa grand-tante, elle fit aménager dans le parc une « rivière anglaise » avec cascade artificielle dans l'esprit de celle que la souveraine avait créée au Petit Trianon de Versailles. Enfin, pour satisfaire sa passion pour les fleurs exotiques, elle créa une vaste serre chaude.

Une exposition intitulée « Entre Cour et jardin, Marie-Caroline, Duchesse de Berry » s'est tenue d'avril à au musée de l'Île-de-France, au château de Sceaux ; cette vaste rétrospective historique traitant des séjours officiels de la princesse, du palais des Tuileries au château de Rosny, regroupait près de 300 objets (meubles, tableaux, tapisseries, livres, orfèvrerie, bijoux, souvenirs historiques) provenant de plus de 80 musées, institutions patrimoniales et collectionneurs privés, dont la moitié était exposés pour la première fois[Note 2].

Souvenirs princiers à l'encan modifier

La vente aux enchères publiques « Noblesse Oblige » organisée par la maison Sotheby's à Londres le dispersa un album amicorum composé de 96 œuvres sur papier 70 objets et souvenirs historiques lui ayant appartenu, parmi lesquels[21] :

  • son meuble d'aquarelliste orné d'une plaque en bronze doré sertie des miniatures de la duchesse et de ses deux enfants ;
  • une plaque commémorative de son mariage en porcelaine de Sèvres (1816) ;
  • le vaisseau en argent sur son socle en bois clair offert par la ville de Bordeaux à la naissance de son fils (1820) ;
  • trois bustes en biscuit de Sèvres d'elle et de ses enfants ;
  • son dernier service à café en porcelaine de Vienne ;
  • des sièges en acajou provenant du château de Rosny.

Le , c'est un bureau à cylindre entièrement incrusté de fleurs de lys et portant un médaillon marqueté à son chiffre, et une paire de vases en porcelaine ornés de médaillons en « biscuit » aux profils du duc et de la duchesse (Paris, Denuelle, vers 1823), offerts par elle à son amie la comtesse Leray de Chaumont et demeurés depuis dans sa descendance, qui furent vendus par Me Fraysse et Jabot, commissaires-priseurs, à l'hôtel des ventes de Tours.

Un témoignage intime de la société artistique sous Charles X modifier

Le 30 mars 2021 à Paris, un album amicorum composé de 96 œuvres sur papier dont un Oriental en pied, aquarelle de Delacroix et des œuvres de Félix Storelli, Louis Lafitte, Hippolyte Bellangé ou encore Victor-Jean Nicolle, réunies par Adèle de Maillé La Tour Landry (1787-1850), comtesse d'Hautefort, dame de compagnie de la duchesse de 1816 à 1833, fut vendu aux enchères par l'OVV Audap et associés.

Un présent royal inédit modifier

Le , une boîte en or du maître-orfèvre parisien Morel, ornée d'une miniature de Duchesne (1770-1856) représentant la duchesse de Berry, offerte par elle le au vicomte du Hamel, maire de Bordeaux, en remerciement de l'accueil royal de la ville lors de sa « mission » de propagande politique précitée, qui avait été depuis conservée par les descendants sans avoir été exposée, a été vendue aux enchères à Bordeaux à un collectionneur de souvenirs historiques pour la somme de 35 980 euros, au double des estimations[22].

Peintures modifier

Quelques peintures réalisées par la duchesse de Berry :

La duchesse de Berry dans la culture populaire modifier

Télévision modifier

En 1961, l'équipe de La caméra explore le temps consacre un épisode à l'aventure de la duchesse de Berry retraçant les tentatives avortées de soulèvement de la Provence et de la Vendée en 1832 et son arrestation à Nantes, puis la naissance de sa fille Rosalie en 1833 à la forteresse de Blaye. Elle est interprétée par Françoise Christophe.

En 1971, Jacques Trébouta tourne sur le même sujet le téléfilm La Duchesse de Berry, avec Martine Sarcey dans le rôle de la duchesse.

L'émission Secrets d'Histoire sur France 3 du , intitulée La Duchesse de Berry, une rebelle chez les Bourbons !, lui est également consacrée[23].

Littérature modifier

Chateaubriand a relaté dans ses Mémoires d'outre-tombe ses relations avec la duchesse en exil. L'écrivain[24] alors dans l'opposition légitimiste à la monarchie de Louis-Philippe expose notamment dans sa Lettre à madame la duchesse de Berry son analyse de la situation politique en France après 1830 et des conditions d'une restauration légitimiste.

On peut aussi évoquer le roman d'Alexandre Dumas Les Louves de Machecoul, dont la duchesse est une des protagonistes.

Le roman de Jean de La Varende, Man d'Arc (1950), met en scène la tentative de soulèvement vendéen, où figure la duchesse et ses partisans.

Le livre de Jean Raspail, Le Roi au-delà de la mer (2000), évoque largement l'équipée de 1832 et le courage de la duchesse.

Titulature et décorations modifier

Titulature modifier

  •  : Son Altesse Royale princesse Marie-Caroline de Naples et de Sicile.
  •  : Son Altesse Royale Madame, duchesse de Berry.
  •  : Son Altesse Royale la duchesse de Berry, marquise de Rosny
  • — 1856 : Son Altesse Royale la comtesse Hector Lucchesi-Palli.
  • 1856 —  : Son Altesse Royale la duchesse de la Grazia.

Décorations dynastiques modifier

  Empire d'Autriche
  Dame de l'ordre de la Croix étoilée
  Royaume de Bavière
  Dame de première classe de l'ordre de Sainte-Élisabeth
  Royaume d'Espagne
  Dame de l'ordre de la Reine Marie-Louise

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Picardie, Île-de-France, Normandie, Champagne, Lorraine, Alsace, Bretagne, Poitou, Orléanais, Berry, Bourgogne, Guyenne, Auvergne, Dauphiné, Gascogne, Languedoc, Occitanie, Corse ; Alger forme un royaume dépendant directement de la Couronne.
  2. Un catalogue a été publié à l'occasion de cette manifestation.

Références modifier

  1. a b c et d Laure Hillerin, « La duchesse de Berry, people avant l'heure », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 14 mai 2013.
  2. Actes du mariage célébré par procuration entre Charles Ferdinand de Berry et Caroline de Bourbon-Sicile, rédigés en italien puis « pour traduction conforme » en français, faits à Naples, le 24 avril 1816, Base de données Archim - Archives nationales - France.
  3. Première entrevue de S. A. R. la duchesse de Berry avec la famille royale le 15 juin 1816 à Fontainebleau.
  4. « Joconde - catalogue - dictionnaires », sur www2.culture.gouv.fr (consulté le ).
  5. « Le Furet, cotre de l'Etat, destiné au service particulier de SAR Madame, duchesse de Berry, sortant du port de Dieppe », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le ).
  6. A. Pihan Delaforest, Premier voyage de S. A. R. Madame la duchesse de Berry en Normandie en 1824, Paris, l'auteur, , VII-255 p. (lire en ligne)
  7. A. Pihan Delaforest, Voyage de Son Altesse Royale Madame la duchesse de Berry au berceau de Henri IV, Paris, l'auteur, , IV-XVI-XXXIX-614
  8. Art et commerce d'art en France avant l'époque impressionniste : évocation du nom de la duchesse et de la galerie d'Henri Gaugain.
  9. Frédérique Féron, « La duchesse de Berry, aristocrate star, amante prolifique mais putschiste ratée », Paris Match, 14-20 août 2014 p. 97-100.
  10. Ferdinand de Bertier de Sauvigny, Souvenirs d’un ultra-royaliste, p. 461.
  11. Hugues de Changy, Le soulèvement de la duchesse de Berry, 1830-1832. Les royalistes dans la tourmente, Paris, DUC-Albatros, 1986, p. 107.
  12. Laure Hillerin, La duchesse de Berry, éd. Flammarion, p. 287.
  13. Vicomte de Reiset, Marie-Caroline, duchesse de Berry, Paris, Calmann-Lévy, , 435 p. (lire en ligne), p. 379-382
  14. Etienne Dejean, La Duchesse de Berry et les monarchies européennes (août 1830 - décembre 1833) d'après les archives diplomatiques et les documents inédits des archives nationales, Paris, Librairie Plon, , XIV+393 (lire en ligne), p. 1-196
  15. de Berranger 1975, p. 77-78.
  16. Aussel 2002, p. 30.
  17. Docteur Prosper Meniere, Journal de la captivité de Mme la duchesse de Berry à Blaye, Paris, Calman-Levy, 1882.
  18. « Archives départementales de Gironde. Blaye-Registres d'état civil-Naissances -1833 1833. Cote : 4 E 5233/5 », sur Archives départementales de Gironde, (consulté le )
  19. Larousse, Dictionnaire de la peinture.
  20. Quelques photos du recueil photographique de la duchesse, extrait d'un catalogue de vente.
  21. Vincent Meylan, « Les souvenirs de Marie Caroline, duchesse de Berry », Point de vue no 3271, 30/03-5/04/2011 p. 65 à 67.
  22. Reproduction dans La Gazette de l'Hôtel Drouot no 250, 27 novembre 2009, p. 250.
  23. « Secrets d'Histoire - La duchesse de Berry, une rebelle chez les Bourbons », sur Le Figaro (consulté le )
  24. Vicomte de Chateaubriand, Mémoires d’outre tombe, Paris, Eugène et Victor Penaud,, 1849-1850, 6000 p., tomes 10 et 11

Annexes modifier

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Sources modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier