Pierre Morel (résistant)

dentiste et Résistant français

Pierre Morel, né le 13 avril 1923 à Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-et-Vilaine) et mort le à Paris (quinzième arrondissement) , à l’âge de 97 ans, est un chirurgien-dentiste de profession connu comme espion et résistant français.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Pierre Morel s'engage très tôt dans la résistance, et travaille durant le second semestre 1943 au sein d'un réseau action du SOE, le réseau Oscar-Parson de François Vallée. En , il est élu président du Comité d'action de la Résistance.

Identités modifier

À l'État-civil, son nom est Pierre Morel.

Lorsqu'il est membre du réseau Parson, le commissaire de police Louradour lui fournit des faux papiers d’identité, au nom de Pierre Morvan.

D'autres fausses identités sont Marot (en Espagne) et Harot (transcription erronée).

En tant que futur agent du SOE, à l'entraînement, il est Pierre Mathieu, matricule 40.064.

Famille modifier

Son père est Louis Marie Morel, chargé de mission 3e classe, S/Lt ; déporté ; chevalier de la légion d'honneur à titre posthume ; médaille de la Résistance française ; Croix de guerre.

Sa mère est Alice Céline née Dufeu, chargée de mission 3e classe : S/Lt ; internée ; citée à l'ordre de la division ; décédée, aveugle, à l'INI.

Son frère est Claude, chargé de mission 3e classe : S/Lt ; déporté ; officier de la légion d'honneur ; médaille de la Résistance française ; Croix de guerre.

Sa femme est Simone, née Chevrel. Il se marient en 1947.

Ils ont trois fils : Patrick, Didier et Bruno.

Éléments biographiques modifier

Jeunesse modifier

Il fait ses études au lycée de Rennes jusqu’en 1939.

Résistance modifier

1939. Son père est nommé chef d’atelier des réparations de l’armée de l’air à Clermont-Ferrand. C’est dans cette ville qu’à la rentrée d’octobre, Pierre Morel entre au lycée Blaise-Pascal.

1941. Premiers contacts avec la résistance à Clermont-Ferrand : il est recruté par un camarade de lycée, Marc Tertière, qui travaille pour deux professeurs : Jean-Michel Flandin, professeur de lettres, et Saintenac, professeur de philosophie. Ils dessinent des « V » et des croix de Lorraine, puis font des tracts qu’ils distribuent dans les boîtes aux lettres. Repéré par les services de Vichy, en novembre, il retourne en Bretagne au lycée de Rennes. Il entre en contact avec un groupe de camarades qui ont formé un groupe de résistants : il est recruté par un camarade de lycée devenu étudiant en droit, Bernard Dubois, et il intègre ainsi un groupe dirigé par Robert Tiercery « Fred », dont la tâche consiste à collecter des renseignements militaires et à les transmettre à Paul Moysan de Brest, à former des groupes et rechercher des terrains de parachutage. Ce groupe est en contact avec Madame Prod'homme, dite « Herminie », à Rennes, qui lui donne une aide importante, notamment financière. Il prend contact avec Joël Le Tac, chef du réseau OVERCLOUD, et se range sous ses ordres.

1942. En février, Joël Le Tac est arrêté : le réseau est désorganisé par les arrestations. En juin, Pierre Morel obtient le bac de philosophie. Pour démarrer des études de médecine, il s'inscrit en PCB[1], mais il ne s'agit que d'une couverture pour ses activités de résistant.

1943. Au début de l'année, grâce à Paul Moysan, une liaison est établie avec le réseau de renseignements MARATHON-Chinchilla d'Yves Mindren.

En mai, il réside à Hédé.

En juin se produisent l'arrestation d'Yves Mindren, et l'arrivée de François Vallée « Oscar », envoyé par le SOE pour former le réseau action PARSON en Bretagne. Le groupe entre en contact avec François Vallée par l’intermédiaire de Léopold Lauraine et de René Ballard. Pierre Morel prend en main le groupe Tiercery, qui, outre la recherche d’information, organise des groupes paramilitaires, repère et prépare des terrains de parachutage en Ille-et-Vilaine.

Le 25 juillet arrivent deux membres du réseau, parachutés près de Martigné-Ferchaud.

En novembre, après le départ en Angleterre de René Bichelot, la zone d'action de Pierre Morel s'étend au nord de l'Ille-et-Vilaine et à la plus grande partie des Côtes-du-Nord, à l’est de Saint-Brieuc. Pierre Morel se déplace à Saint-Servan et adopte l'identité de Pierre Morvan, avec un PC à Saint-Jouan-des-Guérets. À la fin du mois ont lieu les premières arrestations : son père et son frère (qui seront déportés), madame Prod’homme, Robert Tiercery et de nombreux membres du groupe.

En décembre, le réseau Oscar-PARSON est démantelé par plusieurs arrestations. François Vallée réussit à s'échapper et à se rendre à Paris, d'où il donne l'ordre à ses lieutenants de partir pour l'Angleterre. Dans la nuit du 23 au 24, Pierre Morel tente un départ par mer depuis la baie de Fresnaie, à Saint-Cast, qui échoue.

1944. En janvier, une nouvelle tentative est prévue, mais le 13, l'organisation est découverte et Pierre Morel échappe de peu à la Gestapo. Il reçoit de François Vallée l'ordre de gagner Paris pour prendre contact avec un réseau d'évasion par l'Espagne, le réseau Pernod.

Le 2 février, accompagné de quatre aviateurs américains, il gagne Lannemezan, échappe de justesse à la Gestapo, gagne Tarbes, puis Bagnères-de-Bigorre.

En mars, une première tentative de franchir les Pyrénées est infructueuse : partant de Tarbes, il passe à Bagnères-de-Bigorre (hôtel des Américains), Sainte-Marie-de-Campan, Caderolles, Camparan[2], La Houle, avant de devoir repartir en arrière en voyant des Allemands se diriger vers eux depuis la frontière. Pierre Morel rentre à Tarbes avec un pied noir, qui commence à geler, car il s'enfonçait dans la neige jusqu'à la ceinture. De retour à Paris, Pierre Morel est envoyé à Lannion pour organiser un réseau d’évasion par mer entre les ponts de Biht et de Begleber. La Gestapo de nouveau sur ses traces, il sauve les convoyeurs et agents du réseau Pernod, en particulier deux sœurs résistantes de Gap qu’il ramène à Paris.

En mai, avec trois amis, il organise un nouveau départ : Toulouse, Pamiers, Verniolle (où il prend contact avec un guide espagnol et entreprend la marche à pied), Saint-Paul-de-Jarrat, Mercus, Tarascon-sur-Ariège, Vicdessos, pique d'Endron. Le 23, il passe la frontière d'Andorre à 2879 mètres d'altitude, marchant pieds nus depuis 24 heures. Il descend vers Ordino. Le 25, il passe de la frontière espagnole à La Farga, où le groupe est arrêté par les carabinieros. Il est en liberté surveillée pendant une semaine à Seo-de-Urgel.

En juin, il est emprisonné successivement à Lérida, Saragosse et Miranda de Ebro.

Le 1er juillet, il est libéré, passe une semaine à Madrid et arrive à Gibraltar le 8. Il part à Londres par avion le 10, et arrive à Londres le 11, où il fait son rapport, puis est envoyé à l’entraînement (Ruislip, Ringway). Il est ensuite transféré au BCRA.

Le 10 octobre, Pierre Morel est muté à la DGER[3].

En novembre, au milieu du mois, il fait la campagne d’Alsace.

1945. En janvier, il est sur le front de l’Atlantique. Il est démobilisé le 7 août.

Après la guerre modifier

1945. Après sa démobilisation, il reprend ses études d'odontologie.

1948. Il obtient le diplôme de chirurgien-dentiste à la faculté de médecine de Paris (). Il est officier liquidateur du réseau Oscar-PARSON.

1987. Il prend sa retraite le 1er juin.

2004. En décembre, il devient président du Comité d'action de la Résistance.

2005. Le , Pierre Morel succède à Jacques Poirier à la présidence de Libre Résistance, association des anciens de la section F du SOE, fonction qu'il assume jusqu'à fin 2009.

2020. Pierre Morel décède le à Paris, à l’âge de 97 ans[4]

Reconnaissance modifier

Pierre Morel a reçu les décorations suivantes :

Annexes modifier

Notes modifier

  1. PCB (Physique Chimie Biologie) est le nom de l'année universitaire préparatoire à la première année de médecine.
  2. À vérifier.
  3. DGER : Direction générale des études et recherches
  4. Pascal Simon, « Nécrologie. Décès du résistant bretillien Pierre Morel », sur Ouest-France, (consulté le )
  5. « Décret du  », sur legifrance.gouv.fr.

Sources et liens externes modifier

  • Libre Résistance, bulletin d’information et de liaison, anciens des Réseaux de la Section F du S.O.E. (Special Operations Executive), Amicale BUCK, no 16, 1er trimestre 2006.
  • Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 32, PARSON CIRCUIT.