Patrimoine mondial

lieu listé par l'UNESCO

Le patrimoine mondial ou patrimoine mondial de l'UNESCO est un ensemble de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l'héritage commun de l'humanité. Ce patrimoine fait l'objet d'un traité international intitulé « Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel », adopté par l’UNESCO en 1972, actualisé chaque année depuis 1978 par le Comité du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), une institution spécialisée de l'Organisation des Nations unies.

Emblème du patrimoine mondial, dessiné par le graphiste belge Michel Olyff et adopté en 1978 par la Convention du patrimoine mondial : le carré du logo représente le patrimoine bâti créé par l'homme. Il est entouré par un cercle qui symbolise le globe terrestre évoquant le patrimoine naturel[1].
Drapeau du patrimoine mondial.

En 2023, 1 157 biens sont inscrits au patrimoine mondial dont 900 biens culturels, 218 naturels et 39 mixtes. En comptant les sites répartis sur plusieurs pays, l'Italie est celui qui en possède le plus grand nombre (58), suivie par la Chine (56), l'Allemagne (51), l'Espagne et la France (49). Cordoue en Espagne est la ville qui compte le plus grand nombre de sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, avec quatre inscriptions[2]. Seuls quatre biens ont été retirés de la liste depuis sa création[3], ainsi qu'une partie de l'ancien site géorgien « cathédrale de Bagrati et monastère de Ghélati », le périmètre classé ne comprenant désormais plus que le monastère[4]. Le comité du patrimoine mondial est instauré par la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, texte adopté le lors de la XVIIe conférence générale de l’Unesco, et ratifié en par 192 de ses 195 États membres. Le but de cette liste est de cataloguer, nommer, et conserver (grâce au fonds du patrimoine mondial) des biens culturels, naturels ou « mixtes » d’importance pour l’héritage commun de l’humanité. Les sites inscrits au patrimoine mondial font généralement l'objet d'une exploitation touristique mettant en avant cette reconnaissance.

Tableau synoptique du patrimoine mondial modifier

 
Sites du patrimoine mondial de l'Unesco.
 
Les cinq groupes régionaux définis par l'Unesco :
  • Afrique
  • États arabes
  • Asie et Pacifique
  • Europe et Amérique du Nord
  • Amérique latine et Caraïbes

L’Unesco s’efforce de respecter un équilibre entre continents dans la localisation du patrimoine mondial. À l’origine, l’Europe était surreprésentée. C'est encore le cas, mais l’apparition des sites naturels exceptionnels contribue à une harmonisation géographique.

En 2023, avant la 45e session du Comité du patrimoine mondial, 1 157 biens sont répertoriés, répartis en 167 États parties : 900 sont culturels, 218 naturels, et 39 mixtes (culturels et naturels)[5]. Ces biens sont aussi répertoriés suivant cinq régions selon une définition propre à l'Unesco qui ne se fonde pas que sur des critères géographiques[6]:

Site Culturel Naturel 0Mixte 0Total Pourcentage
Afrique 54 39 5 98 8,47 %
États arabes 82 5 3 90 7,78 %
Asie et Pacifique[a],[b] 195 70 12 277 23,94 %
Europe et
Amérique du Nord[a],[b]
469 66 11 546 47,19 %
Amérique latine
et Caraïbes
100 38 8 146 12,62 %
Total 900 218 39 1157 100,00 %

Liste du patrimoine mondial par aire géographique modifier

Liste des quinze États parties à la Convention de 1972 possédant les plus grands nombres de sites en 2023[5]:

Rang États parties Nombre
de sites
1   Italie 59
2   Chine 57
3   Allemagne 52
  France 52
5   Espagne 50
6   Inde 42
7   Mexique 35
8   Royaume-Uni 33
9   Russie 31
10   Iran 27
11   Japon 25
  États-Unis 25
13   Brésil 23
14   Canada 22
15   Turquie 21

Origines modifier

 
Façade du Grand temple d'Abou Simbel.
  • Conceptions antiques : les Sept Merveilles du monde.
  • 1954 : Convention de La Haye (1954) pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé.
  • 1964 : l'Unesco entreprend les travaux de sauvetage des temples d'Abou Simbel contre la montée des eaux du lac Nasser, à la suite de la construction du haut barrage d'Assouan en Égypte. Ce sauvetage fait reconnaître à plusieurs pays l'importance de préserver le patrimoine mondial.
  • 1965 : demande par les États-Unis de la création d'une Fondation mondiale pour préserver les sites culturels et naturels.
  • 1970 : Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels[7]. Ratifiée par 143 États parties en 2023, cette convention n'est pas rétroactive : pour les objets déplacés avant 1970, la restitution se fait au cas par cas (négociation bilatérale entre États, médiation du comité intergouvernemental de l'Unesco[8]) ; après 1970, la restitution est systématique[9].
  • 1972 : Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel.
  • 1976 : création du Comité du patrimoine mondial.
  • 1978 : premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial.

Objectifs modifier

« Le patrimoine est l'héritage du passé dont nous profitons aujourd'hui et que nous transmettons aux générations à venir. Nos patrimoines culturel et naturel sont deux sources irremplaçables de vie et d'inspiration. »

— Extrait de la convention de 1972.

L'objectif principal de la liste du patrimoine mondial est de faire connaître et de protéger les sites que l’organisation considère comme exceptionnels. Pour ce faire, et dans un souci d’objectivité, ont été mis en place des critères. À l'origine, seuls existaient les sites culturels (1978), dont l'inscription sur la liste était régie par six critères. Puis, à la suite notamment d'un souci de rééquilibrer la localisation du patrimoine mondial entre les continents, sont apparus les sites naturels et quatre nouveaux critères. Enfin, en 2005, tous les critères ont été fondus en 10 critères uniques applicables à tous les sites[10]. Ce sont les suivants :

  1. ou (I) : représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain ;
  2. ou (II) : témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages ;
  3. ou (III) : apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ;
  4. ou (IV) : offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine ;
  5. ou (V) : être un exemple éminent d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d'une culture (ou de cultures), ou de l'interaction humaine avec l'environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l'impact d'une mutation irréversible ;
  6. ou (VI) : être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle ;
  7. ou (VII) : Représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles ;
  8. ou (VIII) : être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la Terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d'éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification ;
  9. ou (IX) : être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l'évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d'animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins ;
  10. ou (X) : contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation[11].

Statut des biens inscrits modifier

La conservation, la gestion et la transmission aux générations futures des biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial incombent en premier chef à l’État partie signataire de la convention, mais l’inscription sur la liste postule que ces biens appartiennent aussi à l’« Humanité » et sont ainsi placés sous une sorte de sauvegarde internationale. Il y a donc un système de coopération et d’assistance pour aider l’État partie, notamment d'un point de vue financier et matériel. La communauté n’entre pas directement dans la gestion des biens concernés, mais il y a un suivi qui est réalisé par des organismes internationaux indépendants de l’État partie (exemple : centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature). Cette protection est toute relative par rapport à la souveraineté de l’État partie sur son territoire.

Distribution géographique et rôle symbolique modifier

Selon Olivier Lazzarotti, professeur des Universités à l'UFR d'histoire et de géographie de l'Université d'Amiens, sa création a permis aux Etats-Unis de "compenser, dans l’ordre des Sept Merveilles du Monde, la déficience en matière de monuments anciens", en valorisant la place prise par les parcs de Yellowstone et du Yosemite "dans la construction du pays"[12] tandis que persiste un "relatif « vide » de l’Afrique"[12], entrainant l’invention du « patrimoine immatériel » en octobre 2003[12] et montrant que "le tourisme a une place essentielle dans ce mouvement de patrimonialisation"[12]. Selon ce chercheur, ce « patrimoine immatériel » montre que le tourisme, "loin de « détruire » la culture"[12], devient ainsi ce "qui la fait vivre, si ce n’est revivre"[12].

Processus d'inscription modifier

Inscription sur la liste indicative nationale modifier

L'inscription sur la liste indicative nationale de l'État partie porteur de la candidature (en anglais : Tentative list) constitue le préalable incontournable à une demande de reconnaissance mondiale par le Comité du patrimoine mondial. Le Centre du patrimoine mondial, qui s'assure de l'éligibilité des candidatures, vérifie en effet que la proposition de bien a fait l'objet d'une première évaluation nationale qui a justifié son inscription sur la liste indicative de l'État partie concerné. Cette évaluation nationale consiste en l'analyse de la valeur universelle exceptionnelle potentielle du bien proposé, qui se fait à partir des critères définis par les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial[11], dans sa dernière version[c]. En France, cette analyse est réalisée par les services de l’État (ministère chargé de la culture et ministère chargé de l'écologie).

Chaque pays signataire de la Convention dresse donc une liste indicative nationale qui figure sur le site du patrimoine mondial de l'humanité.

Cette liste regroupe les sites pour lesquels l'État partie a l'intention de déposer un dossier de candidature à l'Unesco[13].

L'inscription d'un site sur la liste indicative se fait au moyen d'un formulaire spécifique appelé « format pour la soumission d'une liste indicative »[14].

Élaboration du dossier de candidature modifier

La préparation du dossier de candidature est une opération complexe qui peut prendre plusieurs années. La présentation du dossier est encadrée par les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial[15]. Tout dossier doit comporter la justification de la valeur universelle exceptionnelle du bien proposé, sa description et la démonstration de son authenticité[16] et de son intégrité[17], un plan de gestion détaillé[18] ayant pour objectif de préserver sa valeur universelle exceptionnelle. Une cartographie très précise du bien et, le cas échéant, de sa zone tampon[19] doit être produite à l'appui du dossier de candidature.

Dépôt de la candidature modifier

La proposition d'inscription, qui doit être signée, est déposée par l’État partie au Centre du patrimoine mondial de l'Unesco qui a son siège à Paris. Le dossier doit être rédigé en français ou en anglais[20]. La candidature doit être déposée au plus tard au de l'année précédant la session du Comité du patrimoine mondial au cours de laquelle elle sera examinée. Il s'écoule en effet un délai de 18 mois entre le dépôt du dossier et la décision finale prise par le Comité.

En France, le dépôt de la candidature se fait après avis du Conseil national des biens français inscrits au patrimoine mondial. Cette instance a été créée en 2004 à l'initiative des ministères chargés respectivement de la culture et de l'écologie, responsables du suivi de la Convention. Ce comité réunit des experts de différentes disciplines en présence de l'ambassadeur, délégué de la France auprès de l'Unesco. Ce comité a pour rôle de conseiller (avis consultatif) les deux ministres dans la sélection des candidatures et de manière plus générale, dans la mise en œuvre de la Convention sur le territoire national[21].

En 1994, le Comité du patrimoine mondial lance la Stratégie globale pour une Liste du patrimoine mondial « équilibrée, représentative et crédible » pour assurer une représentation plus équilibrée à l'échelle mondiale[d]. La procédure de candidature longue, coûteuse et complexe, favorise en effet les grands pays développés qui mobilisent leurs hauts fonctionnaires impliqués dans les ministères de référence, leurs chargés de mission des dossiers de candidature qui ont une bonne maîtrise des critères d'éligibilité, leurs experts du patrimoine, leurs diplomates et les soutiens institutionnels et associatifs à différentes échelles (État, collectivités locales)[23]. L'adoption de quotas (dépôt d'un dossier de candidature tous les deux ans pour chaque pays, limites sur les nominations annuelles) ne parvient cependant pas à combler le déséquilibre de la Liste relatif aux pays et catégories de biens sous-représentés[24].

Examen du dossier modifier

Le dossier fait l'objet d'un premier examen formel par le Centre du patrimoine mondial qui s'assure de sa complétude et de sa conformité au format Unesco. Au 1er mars de l'année 1, le secrétaire général du Centre du patrimoine mondial informe l’État partie de cette complétude puis transmet le dossier aux organes consultatifs de la Convention : l'ICOMOS pour les biens culturels, l'UICN pour les biens naturels, ou les deux pour les biens mixtes. Pour le cas particulier des paysages culturels, l'ICOMOS consulte l'UICN[25]. Ces experts sont en effet chargés d'assurer l'évaluation scientifique et technique de la candidature et d'établir un rapport pour l'information du Comité du patrimoine mondial, assorti d'une proposition de décision. Ils disposent d'un an pour mener à bien cette évaluation et une mission d'expertise a en principe lieu sur site entre août et décembre de l'année 1.

Six semaines avant la session du Comité du patrimoine mondial, le rapport d'expertise est adressé à l’État partie. Cette disposition permet à l’État partie de retirer la candidature avant la session du Comité, si d’aventure les conclusions des experts étaient défavorables et lui ouvre ainsi la possibilité de présenter à nouveau un dossier réorienté qui sera reçu comme une proposition nouvelle[26].

Inscription sur la liste du patrimoine mondial modifier

« Le Comité du patrimoine mondial décide si un bien doit être inscrit ou non sur la Liste du patrimoine mondial, ou si son examen doit être différé, ou son dossier renvoyé »[27].

S'il décide l'inscription, le Comité adopte alors une déclaration de valeur universelle exceptionnelle du bien, qu'il peut assortir de recommandations. S'il rejette l'inscription, la décision est alors définitive et le bien ne peut être de nouveau présenté. S'il renvoie le dossier, il demande alors des informations complémentaires qui doivent lui être soumises avant le 1er février de l'année durant laquelle l’État partie souhaite que la candidature soit examinée. Le Comité peut enfin différer l'examen de la proposition pour faire procéder à une évaluation plus approfondie ou demander une révision substantielle du dossier à l’État partie[28].

Patrimoine en danger modifier

 
La cité antique de Palmyre, classée au patrimoine depuis 1980, il a été classé « en péril » en 2013, au cause de la guerre civile syrienne.

Le Comité du patrimoine mondial étudie les rapports sur l’état de conservation des biens naturels et culturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril. Il établit, met à jour et diffuse, chaque fois que les circonstances l'exigent, sous le nom de « liste du patrimoine mondial en péril », une liste des biens figurant sur la liste du patrimoine mondial pour la sauvegarde desquels de grands travaux sont nécessaires et pour lesquels une assistance a été demandée aux termes de la convention. Cette liste contient une estimation du coût des opérations. Ne peuvent figurer sur cette liste que des biens du patrimoine culturel et naturel qui sont menacés de dangers graves et précis, tels que menace de disparition due à une dégradation accélérée, projets de grands travaux publics ou privés, rapide développement urbain et touristique, destruction due à des changements d'utilisation ou de propriété de la terre, altérations profondes dues à une cause inconnue, abandon pour des raisons quelconques, conflit armé venant ou menaçant d'éclater, calamités et cataclysmes, grands incendies, séismes, glissements de terrain, éruptions volcaniques, modification du niveau des eaux, inondations, raz-de-marée[29].

Patrimoine naturel modifier

Selon un recensement mené par l'UNESCO et l'UICN, les sites du patrimoine mondial abritent plus de 25 % de la biodiversité mondiale, comprenant entre autres, plus de 75 000 espèces de plantes et plus de 20 000 espèces de vertébrés[30].

Autres conventions et programmes de l'UNESCO liés au patrimoine modifier

En dehors de la convention du concernant le patrimoine mondial culturel et naturel, il existe d'autres conventions et programmes de l'Unesco liés au patrimoine[31].

Depuis 1992, le programme Mémoire du monde vise à sensibiliser la communauté internationale à la richesse du patrimoine documentaire, à la nécessité d’assurer sa conservation pour les générations futures et à le rendre accessible à un large public.

En 1997, le concept de patrimoine oral et immatériel de l'humanité a été défini. Une proclamation des chefs-d’œuvre culturels immatériels, dont la première a eu lieu en 2001, établit une liste qui vient compléter celle du patrimoine matériel mais dont la « Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » de 2003 et le « Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » sont différents de ceux du « patrimoine mondial »[32].

En 2001 a été adoptée la convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique pour lutter contre le pillage, la destruction et l'exploitation commerciale de ce patrimoine spécifique.

Projets de volontariat modifier

The World Heritage Volunteer (WHV), créé par l’Unesco, cherche à surmonter les frontières et les territoires pour rassembler de jeunes bénévoles du monde autour d'un projet de protection du patrimoine mondial. Le World Heritage Volunteer sensibilise les jeunes au patrimoine mondial via des projets de volontariat afin qu’ils soient en mesure d'en prendre soin et qu’ils puissent transmettre cet héritage. C’est pourquoi le Comité de Coordination du Service Volontaire International (CCSVI) et le Centre du patrimoine mondial ont lancé conjointement ce projet en 2008. En 2012, WHV propose des projets de volontariat dans plus de 25 pays sur tous les continents. Le projet comprend 33 associations de jeunesse et quelque 700 bénévoles venant de part et d’autre du globe afin de partager leur culture, préserver les sites naturels, restaurer les découvertes archéologiques et sensibiliser les communautés locales. Les partenaires agissent sur divers sites du patrimoine mondial : de l’antique Chan Chan zone archéologique au Pérou aux sites naturels tels que l’énorme chute Victoria en Zambie, les projets proposés sont aussi nombreux que diversifiés. Le WHV espère, de cette façon, favoriser la paix et les échanges entre les cultures et sensibiliser les jeunes sur l’importance de préserver le patrimoine mondial. Derrière ces projets, différentes associations, notamment Vive Mexico, Nataté[33], SJ Vietnam[34] ou encore le Service Volontaire International[35] qui entretiennent les partenariats nécessaires en vue de permettre aux jeunes dans leurs pays de se préparer pour participer ensuite à ces multiples chantiers à l'étranger.

Critiques modifier

Il existe une littérature critique des politiques de l'UNESCO et du rôle des États dans les classements. L'inscription de sites du patrimoine mondial peut avoir des effets (en) sur leurs communautés locales soumises aux processus de surfréquentation touristique qui provoquent des nuisances sociales (trafics, bruit, incivisme) et environnementales. Facteur de touristification ou pire de disneylandisation, la labellisation peut avoir aussi d'autres conséquences négatives en lien avec la surexploitation des richesses de ces sites : effets de banalisation liés à une « mise en marque » généralisée de ces territoires ou au contraire de folklorisation du patrimoine et des cultures locales présentées comme traditionnelles pour répondre aux besoins des touristes et de marchandisation (le journaliste Marco d'Eramo parle à ce sujet d'UNESCO-cide)[36] ; muséification ou transformation du site en « musée à ciel ouvert » alors que les populations locales ne désirent pas continuer à vivre dans des mondes révolus ; dépossession et gentrification commerciale et résidentielle des lieux visités, en rupture avec l'idéal de mixité sociale et culturelle que poursuit l'UNESCO ; tertiarisation des activités[e] au détriment de l'économie locale traditionnelle[37],[38].

L'augmentation des sites labellisés fait naître entre eux des rivalités d'ordre économique (financement de leur préservation et de leur mise en valeur) et géopolitique[39].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a et b Le bassin d’Ubs Nuur et « Paysages de la Dauria » (Mongolie, fédération de Russie) sont des sites trans-régionaux, situés à la fois dans les zones Europe et Asie et Pacifique. Ils sont comptabilisés par l'Unesco en Asie et Pacifique.
  2. a et b L’œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne est un site trans-régional, situé à la fois dans les zones Europe (Allemagne, Belgique, France, Suisse), Asie et Pacifique (Inde et Japon) et Amérique latine et Caraïbes (Argentine). Il est comptabilisé par l'Unesco en Europe et Amérique du Nord.
  3. Les Orientations sont révisées tous les deux ans.
  4. Une étude globale effectuée par l'ICOMOS entre 1987 et 1993, « révélait que l'Europe, les villes historiques et les monuments religieux, le christianisme, les époques historiques et l'architecture « élitiste » (par opposition à l'architecture vernaculaire) étaient surreprésentés sur la Liste du patrimoine mondial, alors que les cultures vivantes, et en particulier les « cultures traditionnelles », étaient sous représentées[22] ».
  5. Les activités liées au tourisme de masse relèvent, pour l'essentiel, du secteur tertiaire : activités de découverte et de loisirs sous de nombreuses formes, transport, hôtellerie et restauration…

Références modifier

  1. Christina Cameron, Mechtild Rössler, La Convention du patrimoine mondial. La vision des pionniers, Presses de l'Université de Montréal, , p. 129
  2. (en) « This city now has more UNESCO Heritage sites than anywhere in the world », sur CNN (consulté le )
  3. « Unesco Centre du patrimoine mondial - Liste du patrimoine mondial », sur whc.unesco.org (consulté le ).
  4. « Le monastère de Ghélati (Géorgie) retiré de la Liste du patrimoine mondial en péril », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le )
  5. a et b « Liste du patrimoine mondial, statistiques », sur whc.unesco.org (consulté le ).
  6. « États parties - Statistiques », sur whc.unesco.org.
  7. texte de la Convention de l'Unesco de 1970
  8. exemple : frise du Parthénon
  9. Catharine Titi, The Parthenon marbles and international law, Springer, (ISBN 978-3-031-26356-9, lire en ligne), chap. 9, en particulier p. 254
  10. (fr) Les critères de sélection (Unesco)
  11. a et b §77 des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, 12 juillet 2017.
  12. a b c d e et f "Tourisme culturel et patrimoine : quelques analyses pour un Monde habitable", par Olivier Lazzarotti, en 2010 dans le Journal of urban research [1]
  13. (fr) Listes indicatives (Unesco)
  14. annexe 2a des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial.
  15. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , annexe 5
  16. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , § 79 à 86
  17. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , § 87 à 95
  18. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , § 108 à 118
  19. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, § 103 à 107
  20. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , § 132 alinéa 12
  21. Circulaire n° 2012/004 du 12 avril 2012 du ministère chargé de la culture.
  22. Marie-Blanche Fourcade (dir.), Patrimoine et patrimonialisation. Entre le matériel et l’immatériel, Presses de l'Université Laval, , p. 14
  23. (en) Aurélie Elisa Gfeller, « Anthropologizing and indigenizing heritage: the origins of the UNESCO Global Strategy for a representative, balanced and credible World Heritage List », Journal of social archaeology, vol. 15, no 3,‎ , p. 366–386.
  24. (en)Lasse Steiner, Bruno S. Frey, Imbalance of World Heritage List. Did the UNESCO Strategy Work ?, University of Zurich, Economics Working Paper N° 14, mars 2011, 29 p.
  25. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , § 144 à 146
  26. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , § 152
  27. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , § 153
  28. Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, , § 154 à 160
  29. Article 11.4 de la Convention du patrimoine mondial.
  30. Laurent Radisson, « Les sites du patrimoine mondial de l'Unesco menacés par le dérèglement climatique », Actu Environnement,‎ (lire en ligne)
  31. Thèmes de l'Unesco - Section Culture
  32. Patrimoine culturel immatériel
  33. Nataté
  34. SJ Vietnam
  35. Service Volontaire International
  36. (en) Marco d'Eramo, « UNESCO-cide », New Left Review, no 88,‎ , p. 47-53 (lire en ligne).
  37. (en) Laurent Bourdeau, Maria Gravari-Barbas, Mike Robinson, World Heritage, Tourism and Identity, Routledge, , 290 p. (lire en ligne).
  38. (en) Christine Landorf, « Managing for Sustainable Tourism: A Review of Six Cultural WorldHeritage Sites », Journal of Sustainable Tourism, vol. 17, no 1,‎ , p. 53-70 (DOI 10.1080/09669580802159719).
  39. (en) Chloé Maurel, « The unintended consequences of UNESCO world heritage listing », sur theconversation.com, .

Annexes modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier