Michel Vinaver

dramaturge et écrivain français
Michel Vinaver
Naissance
Paris (France)
Décès (à 95 ans)
Paris (France)
Activité principale
Distinctions
Conjoint
Catherine Le Tellier (séparé en 1990)
Descendants

Anouk Grinberg (fille)

Louise Grinberg (petite fille)
Auteur
Langue d’écriture français
Genres
théâtre
romans
essais

Michel Vinaver est un dramaturge, universitaire et homme d'affaires français né le à Paris et mort le [1].

Il a été président-directeur général de l'entreprise Gillette France de 1966 à 1982[2] avant de se consacrer totalement à l'écriture.

Biographie modifier

Jeunesse et études modifier

De son vrai nom Michel Grinberg, il naît à Paris en 1927. Son père, Léon Grinberg (1900-1981) est un antiquaire né à Kiev, sa mère, Sophie Vinaver (1904-1964), une avocate née à Saint-Pétersbourg. Son grand-père, Maxim Vinaver (1863-1926), a joué un rôle important en tant qu'avocat et dirigeant du parti constitutionnel démocratique (les « cadets ») russe[3]. En 1919, il fuit la révolution bolchevique et se réfugie à Paris avec sa femme Rosa (1872-1951) et ses trois enfants : Valentine (1896-1983) qui deviendra docteur en médecine et radiologue, Eugène (1899-1979) qui émigre en Angleterre à la fin des années 1920 pour se consacrer à l'écriture, et Sophie.

En 1940, la famille est contrainte à l’exil aux États-Unis à la suite de l'adoption des lois de Vichy[4].

Engagé volontaire dans l’armée française en 1944-1945, il effectue ses études secondaires à Paris, Cusset (Allier), Annecy et New York. Il passe son baccalauréat entre 1946 et1947 à l'université Wesleyenne dans l'état du Connecticut.

Carrière modifier

La même année, il traduit The Waste Land de T. S. Eliot et adopte le patronyme maternel comme nom d'auteur. Son premier roman, Lataume, est publié en 1950 aux Éditions Gallimard grâce à Albert Camus. En 1952, son second roman, L’Objecteur, reçoit le prix Fénéon.

Détenteur d'une licence libre de lettres à la Sorbonne en 1951, il est embauché en 1953 comme cadre stagiaire par la société Gillette France, puis nommé chef du service administratif.

Passionné de théâtre, il suit en 1955 les répétitions d’Ubu roi à Annecy lors du stage national d’art dramatique amateur. Gabriel Monnet qui le dirige lui demande d’écrire une pièce pour l’année suivante. Les Coréens sont montés par Roger Planchon en à Lyon, puis par Jean-Marie Serreau en à Paris. Suivent en 1957 et 1959 Les Huissiers et Iphigénie Hôtel, créées respectivement en 1980 par Gilles Chavassieux à Lyon, et 1977 par Antoine Vitez à Paris.

En 1964, il est promu président-directeur général de Gillette Italie, puis en 1966 de Gillette France. Alors qu’il est PDG, il se consacre à l’écriture de Par-dessus bord dès 1967 et au cours des étés 1968 et 1969[5]. En 1969, il négocie l’acquisition par Gillette de la société française S. T. Dupont dont il devient PDG jusqu'en 1978. En 1982, il quitte Gillette et est nommé professeur associé à l'Institut d’études théâtrales de l'université Paris III-Censier. La même année est créée au Centre national des lettres la commission Théâtre dont il assure la présidence pendant quatre ans.

En 1988, il est nommé professeur d’études théâtrales à l’université Paris-VIII.

En 2005, il met en scène sa pièce À la renverse au théâtre Artistic Athévains, puis en 2009 L'Ordinaire pour son entrée au répertoire de la Comédie-Française en collaboration avec Gilone Brun.

Vie privée modifier

Michel Vinaver épouse Catherine Le Tellier le 2 mai 1957 à Paris. De cette union naît notamment l'actrice Anouk Grinberg en 1963, avant la séparation du couple en septembre 1990.

Il est le grand-père de l'actrice Louise Grinberg.

Écrits modifier

Théâtre modifier

  • Les Coréens (1955), mise en scène Roger Planchon, théâtre de la Comédie, Lyon, , sous le titre : Aujourd'hui ou les Coréens puis mise en scène Jean-Marie Serreau, théâtre d'Aujourd'hui, Alliance française, Paris, .
  • Les Huissiers (1957), mise en scène Gilles Chavassieux, théâtre Les Ateliers, Lyon, .
  • La Fête du cordonnier (1958), traduction de la pièce de Thomas Dekker The Shoemaker's Holiday (1600), mise en scène Georges Wilson, Théâtre national populaire (Paris), .
  • Iphigénie Hôtel (1959), mise en scène Antoine Vitez, centre Georges-Pompidou, Paris, .
  • Par-dessus bord (1969), mise en scène Roger Planchon, Théâtre national populaire (Villeurbanne), .
    Cette pièce-fleuve (60 personnages, 25 lieux, 7 heures de représentation) sera créée par Roger Planchon dans une version abrégée en 1973, puis par Charles Joris en version intégrale au Théâtre populaire romand, La Chaux-de-Fonds (Suisse) le . Elle a été reprise dans une mise en scène Christian Schiaretti au TNP et au Théâtre national de la Colline en 2008.
  • La Demande d'emploi (1971), mise en scène Jean-Pierre Dougnac, théâtre 347, Paris, , puis Patrick Roegiers, théâtre Provisoire, Bruxelles, 1975.
  • Dissident, il va sans dire (1976), mise en scène Jacques Lassalle, théâtre de l'Est parisien, Paris, .
  • Nina, c'est autre chose (1976), mise en scène Jacques Lassalle, théâtre de l'Est parisien, .
  • Les Travaux et les jours (1977) mise en scène Alain Françon, centre Georges-Pompidou, .
  • À la renverse (1979), mise en scène Jacques Lassalle, Théâtre national de Chaillot, Paris, . Reprise en 2005 dans une mise en scène de l'auteur au théâtre Artistic Athévains.
  • Le Suicidé (1980), traduction de la pièce de Nikolaï Erdman, Samoubitsa, (1928) mise en scène Jean-Pierre Vincent, Comédie-Française au théâtre national de l'Odéon, Paris, .
  • L'Ordinaire (1981), mise en scène Alain Françon et Michel Vinaver, Théâtre national de Chaillot, .
  • Les Estivants (1982), traduction de la pièce de Maxime Gorki Datchniki (1904), mise en scène Jacques Lassalle, Comédie-Française, Paris, .
  • Les Voisins (1984), mise en scène Alain Françon, Le Jardin d'Hiver, théâtre Ouvert, Paris, .
  • Portrait d'une femme (1984), mise en scène Sam Walters, traduction anglaise de Donald Watson (Portrait of a Woman), Orange Tree Theatre, Richmond, .
  • L'Émission de télévision (1988), mise en scène Jacques Lassalle, Comédie-Française à l'Odéon, .
  • Le Dernier Sursaut (1988), mise en scène Michel Didym, Théâtre de Rungis, .
  • Les Huissiers (1998, nouvelle version), mise en scène Alain Françon, Théâtre national de la Colline, Paris, .
  • Jules César (1990), traduction de la pièce de Shakespeare, Julius Caesar (1599), mise en scène Claude Stratz, Comédie de Genève, .
  • Le Temps et la Chambre (1991), traduction de la pièce de Botho Strauss, Die Zeit und das Zimmer, mise en scène Patrice Chéreau, Théâtre national de l'Odéon, .
  • King (1998), mise en scène Alain Françon, Théâtre national de la Colline, .
  • La Visite du chancelier autrichien en Suisse, lecture par Dominique Valadié, Théâtre national de la Colline,
  • 11 septembre 2001 (2002), mise en scène Jean-François Demeyère, Festival d'Avignon en  ; reprise dans une mise en scène de Robert Cantarella au Théâtre national de la Colline en 2006 puis dans une mise en scène d'Arnaud Meunier à Comédie de Saint-Étienne, le théâtre de la Ville et le Forum du Blanc-Mesnil en 2011.
  • Bettencourt Boulevard ou Une histoire de France, mise en scène Christian Schiaretti, Théâtre national populaire (Villeurbanne),

Romans et traductions modifier

  • 1947 : The Waste Land de T. S. Eliot (traduction), publié dans Poésie no 31, 1984.
  • 1948 : Lataume (roman), éd. Gallimard.
  • 1950 : L’Objecteur (roman), éd. Gallimard - prix Fénéon.
  • 1981 : Histoires de Rosalie (littérature enfantine), Castor Poche.
Inspirées de la jeunesse russe de sa grand-mère (œuvre appartenant à la liste officielle du cycle 2 en France[pas clair], parue en 2007).
  • 2017: Par-dessus bord (formes : l'Intégrale, la Brève, la Super-brève et l'Hyper-brève).
  • Les Aventures de Jean Patamorfoss (littérature pour enfants), inédit.

Distinctions modifier

Décoration modifier

Récompenses modifier

Nominations modifier

Publications modifier

Théâtre
  • Théâtre complet (2 vol.), Actes-Sud et éditions de l'Aire, Lausanne, 1986.
  • Les Coréens, éditions Gallimard, 1956 ; Théâtre complet vol. 1 ; Aujourd'hui ou les Coréens, Actes Sud, 1993.
  • Les Huissiers, Théâtre national populaire, no 29, 1958 ; Le Livre des Huissiers, éditions Limage / Alin Avila, Paris, 1981 ; Théâtre complet vol. 1 ; Actes Sud, coll. « Babel », 1999 (nouvelle version avec King).
  • Iphigénie Hôtel, Théâtre national populaire, no 39, 1960 ; Gallimard, 1963, 2e version ; Théâtre complet vol. 1, 3e version ; Actes Sud, coll. « Répliques », 1993.
  • Par-dessus bord, L'Arche (éditeur), 1972 ; Théâtre populaire romand, coll. « Du Répertoire », La Chaux-de-Fonds, 1983 ; Théâtre complet vol. 1 (nouvelle version) ; Acteurs, no 51-52, août- et no 53, oct. 1987.
  • La Demande d'emploi, L'Arche Éditeur, 1973 ; Théâtre complet vol. 1.
  • Théâtre de chambre (Dissident il va sans dire et Nina, c'est autre chose), L'Arche, 1978 ; Théâtre complet vol. 2.
  • Les Travaux et les Jours, L'Arche, 1979 ; Théâtre complet II.
  • À la renverse, éditions de l'Aire, 1980 ; Théâtre complet II.
  • L'Ordinaire, éditions de l'Aire, 1983 ; Théâtre complet II.
  • Les Voisins, Théâtre complet vol. 12 ; L'Avant-scène théâtre, no 797,  ; Théâtre populaire romand, coll. « Du Répertoire », 1989.
  • Portrait d'une femme, Théâtre complet vol. 2.
  • L'Émission de télévision, Actes Sud-Papiers, 1990.
  • Le Dernier Sursaut, Actes Sud-Papiers, 1990.
  • King (avec Les Huissiers), Actes-Sud, coll. « Babel », 1999. Madame Vitri
  • L'Objecteur, L'Arche Éditeur, 2001.
  • Écrits sur le théâtre, éditions de l'Aire, 1982 ; nouvelle édition : Écrits sur le théâtre I, L'Arche Éditeur, 1998. Écrits sur le théâtre II, L'Arche Éditeur, 1998.
  • Électre de Sophocle, Suréna de Corneille, dossiers dramaturgiques (en collaboration) : deux volumes de la collection « Répliques », Actes Sud, 1992 (rééd. 2000). Écritures dramatiques (sous la direction de), Actes Sud, 1993 (rééd. 2000). Dom Juan de Molière, Liberté à Brême de Rainer Werner Fassbinder, Britannicus de Racine, dossiers dramaturgiques (en collaboration) : trois volumes de la collection « Répliques », Actes Sud, 1994.
  • /11 September 2001, L'Arche, 2001.
  • Bettencourt boulevard, L'Arche, 2014.
Traductions
  • Amour de Henry Green (Loving), Gallimard, 1954.
  • La Fête du cordonnier de Thomas Dekker (The Shoemaker's Holiday), Théâtre national populaire, coll. « Du Répertoire », 1959 ; Théâtre complet vol. 1.
  • Les Estivants de Maxime Gorki (Datchniki), Comédie-Française, coll. « Du Répertoire », 1983 ; Théâtre complet vol. 2.
  • Le Suicidé de Nikolaï Erdman (Samoubitsa), L'Avant-Scène, no 749, 1984 ; Théâtre complet vol. 2.
  • La Terre Vague de T. S. Eliot (The Waste Land), Poésie, no 31, 1984.
  • Jules César de Shakespeare (Julius Caesar), Actes Sud-Papiers, 1990.
  • Le Temps et la Chambre de Botho Strauss (Die Zeit und das Zimmer), L'Arche, 1991.
  • Viol de Botho Strauss (Schandung), L'Arche, 2005.
  • Un mois à la campagne de Ivan Tourguéniev, L'Arche, 2018.
Romans, essais et autres textes
  • Lataume (roman), Gallimard, Paris, 1950.
  • L'Objecteur (roman), Gallimard, 1951.
  • Les Histoires de Rosalie (littérature pour enfants), Flammarion, coll. « Castor-Poche », Paris, 1980 (rééd. 2000).
  • Lapiaz, anatomie d'un paysage (textes sur des photos de Michel Séméniako), éditions du Passage, Paris, 1982.
  • Les Français vus par les Français (essai) sous le pseudonyme de Guy Nevers, éditions Bernard Barrault, Paris, 1985.
  • Le Compte rendu d'Avignon (essai), Actes-Sud, Arles, 1987.
  • La Visite du chancelier autrichien en Suisse (essai), L'Arche, Paris, 2000.
  • Albert Camus / Michel Vinaver, S'engager ? : correspondance (1946-1957), L'Arche, 2012 (ISBN 978-2-85181-775-4).

Bibliographie modifier

Catherine Brun, « À l’envers et l’endroit de mai 1968 : les théâtres de Gatti et de Vinaver », Études françaises, vol. 54, no 1,‎ , p. 107 (lire en ligne)

Notes et références modifier

  1. AFP, « Décès du dramaturge Michel Vinaver à 95 ans », sur lefigaro.fr, .
  2. Laurance N'Kaoua, « Michel Vinaver, ou la double vie d'un PDG », sur Les Échos, (consulté le ).
  3. (en-US) « Maxim Vinaver, Famous Russian Jewish Leader, Dies in Paris at 63 », sur jta.org (consulté le ).
  4. Didier Méreuze, « Michel Vinaver, sur le fil du temps et du rasoir », sur La Croix, (consulté le ).
  5. Catherine Brun, « À l’envers et l’endroit de mai 1968 : les théâtres de Gatti et de Vinaver », Études françaises, vol. 54, no 1,‎ , p. 107 (lire en ligne)
  6. Décret du 14 avril 2017 portant promotion et nomination.

Liens externes modifier