Jacques Ferrandez

auteur de bande dessinée français
Jacques Ferrandez
Jacques Ferrandez à Mouans-Sartoux en 2012.
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Œuvres principales

Jacques Ferrandez, né le à Alger[1], est un auteur de bande dessinée, illustrateur et contrebassiste de jazz français qui vit dans le Sud de la France. Après une formation en arts décoratifs, il commence sa carrière en 1978 dans des périodiques. Il adapte de nombreuses œuvres littéraires et entreprend seul la série Carnets d'Orient, en dix volumes, ainsi que des carnets d'illustration sur ses voyages et sur la musique, reflétant son intérêt pour le jazz. Il emploie largement l'aquarelle[2].

Biographie modifier

Enfance et formation modifier

La famille paternelle de Ferrandez est d'origine espagnole[3]. Son grand-père paternel arrive à Alger en 1880 et son père est médecin. Jacques Ferrandez naît à Alger le 12 décembre 1955 ; trois mois plus tard, sa famille quitte l'Algérie devant la tournure des évènements[3] et s'installe à Nice[4].

Formé à l'École nationale d’Art décoratif de Nice[2], Jacques Ferrandez commence sa carrière d'auteur de bande dessinée dans le no 4 du nouveau mensuel (À suivre) lancé par les éditions Casterman en 1978[4].

Premières publications modifier

Jacques Ferrandez commence sa carrière par des récits complets écrits pour lui par le scénariste Rodolphe et publie ainsi six récits complets dans (À suivre) entre 1978 et 1981, six récits complets dans Métal hurlant entre 1981 et 1984 et enfin six récits complets autour du personnage du Vicomte dans Pilote en 1984 et 1985[2]. Ces différents récits sont réunis et édités en albums sous les titres L'Heure du loup aux éditions du Cygne en 1981[2], Outsiders aux éditions Les Humanoïdes associés en 1985 et Le Vicomte aux éditions Dargaud en 1986.

Les deux auteurs publient parallèlement une première histoire longue, en noir et blanc, L'Homme au bigos, publiée dans Télérama durant l'été 1980 puis éditée en album en novembre de la même année aux éditions Les Humanoïdes associés, dont la suite, Le Maître de la nuit, toujours en noir et blanc, est publiée dans Métal hurlant au printemps 1982 puis éditée en album en septembre de la même année chez le même éditeur. Le style de Ferrandez est alors proche de celui de Jacques Tardi[4]. Ce diptyque devient par la suite une série intitulée Les Enquêtes du commissaire Raffini, dont Jacques Ferrandez dessine encore deux tomes avant de l'abandonner en 1988.

Pour le mensuel Circus, les deux auteurs créent également la série Anne et Charles dont seuls deux épisodes sont publiés en 1982 et 1984 et édités en albums par les éditions Glénat en 1983 et 1985.

Raconteur de la Provence modifier

Durant cette période de collaboration avec Rodolphe, Jacques Ferrandez commence à écrire ses propres scénarios en abordant des thèmes plus personnels avec des nouvelles chroniquant la vie villageoise dans l'arrière-pays provençal publiées dans (À suivre) en 1981 et éditées en albums par Casterman en 1982 et 1986.

Par la suite, il adapte en bande dessinée les romans de Marcel Pagnol Jean de Florette et Manon des soures en 1997[4].

Quittant la Provence méditerranéenne pour la Provence alpine, il adapte également en bande dessinée le roman de Jean Giono, Le Chant du monde en 2019.

Raconteur de l'Algérie modifier

Profondément intéressé par les relations entre la France et l'Algérie, Jacques Ferrandez interroge « tous ces ratés de notre histoire commune » et travaille à maintes reprises sur des « auteurs à cheval entre les deux pays », comme Albert Camus, Mohamed Fellag et Maurice Attia[5].

C'est ainsi qu'il commence une longue saga de bande dessinée historique, prévue au départ en cinq tomes et qui en compte finalement dix parus entre 1986 et 2009, intitulée Carnets d'Orient, sur l'histoire de la présence française en Algérie, de 1836 à 1962[3],[6]. D'abord publiée dans Corto Maltese, la série figure ensuite dans (À suivre)[2]. Dans ce long récit, étayé par une solide documentation, Ferrandez s'attache à transmettre le point de vue de ses différents personnages : « ceux des indigènes et des colons, des militaires et des fermiers, des Arabes, des chrétiens ou des juifs »[7].

Jacques Ferrandez, qui n'avait pas connu l'Algérie qu'il avait quittée à l'âge de trois mois, n'y revient pour la première fois qu'en 1993 après le décès de son père survenu la même année, en bateau depuis Marseille pour des raisons affectives[3]. De ce séjour, il rapporte un carnet de souvenirs et de dessins, Retours à Alger, élaboré avec Rachid Mimouni[3]. Depuis 2002, il retourne régulièrement en Algérie[5], environ deux fois par an, pour rencontrer des amis et participer à des évènements culturels avec l'Institut français, tel le Salon international du livre d'Alger, bien que plusieurs de ses albums ne soient pas publiés en Algérie faute de visa d'importation (« une censure qui ne dit pas son nom »)[8].

En marge des Carnets d'Orient, Jacques Ferrandez collabore régulièrement à des illustrations de carnets de voyage : Voyage en Syrie (1999), Istanbul (2000), Irak, 10 ans d'embargo avec Alain Dugrand (2001), Liban (2001)[2], Les tramways de Sarajevo en 2005[9], Retours à Alger en 2006[10].

En , le musée de l'Armée consacre une exposition à l'histoire de l'Algérie coloniale de 1830 à 1962. Les illustrations de Ferrandez y tiennent une place de choix, présentées dans chacune des sections[11],[12].

Jacques Ferrandez adapte ensuite des œuvres d'Albert Camus se déroulant en Algérie, tout d'abord la nouvelle L'Hôte[13] en 2009, puis le roman L'Étranger en 2013 — il donne les traits de Jean-Jacques Brochier au procureur[14] — ainsi que Le Premier Homme en 2017[15].

S'associant avec l'écrivain Maurice Attia, il réalise en 2012 l'adaptation d'Alger la Noire (Casterman, ouvrage publié à l'origine par Actes Sud)[3].

En 2021, il illustre le roman Le Désert sans détour écrit par Mohammed Dib en 1992[16].

Douze ans après avoir terminé les Carnets d'Orient, Jacques Ferrandez leur donne une suite avec les Suites algériennes, un diptyque dont le premier tome paraît en mai 2021[17] puis le second en avril 2023, mettant ainsi un terme, au moins provisoire, aux Carnets d'Orient, Jacques Ferrandez ne s'interdisant pas de poursuivre un jour la série[8].

Raconteur de romans noirs modifier

Retrouvant la veine de L'Homme au bigos, Jacques Ferrandez travaille parfois dans le genre du roman noir.

En , sur un scénario original de Tonino Benacquista, il dessine L’Outremangeur[4], adapté ensuite au cinéma, puis adapte la nouvelle de l'écrivain La Boîte noire en . Il réalise également des illustrations pour une édition de La Maldonne des sleepings et Victor Pigeon de cet auteur[2].

Raconteur de l'univers du jazz modifier

Contrebassiste de jazz, Jacques Ferrandez se produit en clubs ou lors de festivals avec le Mille sabords quartet[4] et le Miles Aboard Jazz Quintet.

Il publie des œuvres se rapportant au jazz et a publié régulièrement des illustrations de couvertures pour le magazine Jazzman.

Des 1987, sur des textes de Patrick Raynal, il dessine Nostalgia in Time Square, publié en récit complet dans (À suivre) en mars puis édité en album en format à l'italienne par les éditions Futuropolis en novembre de la même année.

Il publie ensuite Blues, histoires en bleu (éd. Art Moderne, 1990) et, sur un texte de Philippe Razol, Paris, jour et nuit (1990)[2].

Il illustre deux récits consacrés à Miles Davis entre 2006 et 2008[2], pour une collection ouverte aux éditions Nocturne ; il s'agit de sa première biographie portant sur une personne réelle[18].

Ouvrages collectifs modifier

Par ailleurs, Jacques Ferrandez participe à des ouvrages collectifs, comme France Info, 30 ans d'actualités (Futuropolis, 2017), où il signe un récit sur le siège de Sarajevo[19].

Il collabore aussi à En chemin elle rencontre..., qui entend dénoncer les injustices visant les femmes, pour une narration sur les femmes algériennes lynchées à Hassi Messaoud[20].

Il adapte également des œuvres littéraires : pour Je bouquine, il travaille sur des classiques comme Le Cid (Pierre Corneille), Madame Bovary (Gustave Flaubert), La Chèvre de monsieur Seguin (Alphonse Daudet)[2], etc…

Œuvre modifier

Albums de bande dessinée modifier

Séries modifier

Les Enquêtes du commissaire Raffini modifier

dessin et couleurs, avec Rodolphe (scénario), Les Humanoïdes associés :

  1. L'homme au Bigos, coll. « Métal Hurlant », 1980 (ISBN 2-7316-0074-8).
  2. Le Maître de la nuit, coll. « Sang pour Sang », 1982 (ISBN 2-7316-0176-0).
  3. Villa Ténèbre, coll. « Sang pour Sang », 1984 (ISBN 2-7316-0320-8).
  4. Martin Squelette, coll. « Métal Hurlant », 1988 (ISBN 2-7316-0494-8).
Anne et Charles modifier

dessin et couleurs, avec Rodolphe (scénario), Glénat :

  1. La Porte de Bréchéliant, 1983 (ISBN 2-7234-0364-5).
  2. La Nuit du sonneur, 1985 (ISBN 2-7234-0568-0).
Carnets d'Orient modifier

scénario, dessin et couleurs, Casterman :
(format 22,6 cm x 30,4 cm)

  1. Carnets d'Orient, édition brochée et couverture souple, 58 p., coll. « Studio (A Suivre) », 1987 (ISBN 2-203-33813-X).
    • réédition cartonnée, 1994.
    • réédition, titré Djemilah, nouvelle calligraphie du titre, 2014 (ISBN 2-203-38813-7).
  2. L'Année de feu, édition brochée et couverture souple, 60 p., avec un carnet graphique de 10 pages, coll. « Studio (A Suivre) »,1989 (ISBN 2-203-33826-1).
    • réédition cartonnée, 1994.
    • réédition, nouvelle calligraphie du titre, 2014.
  3. Les Fils du Sud, édition brochée et couverture souple, 62 p., avec un carnet graphique de 8 pages, coll. « Studio (A Suivre) », 1992 (ISBN 2-203-33847-4).
    • réédition cartonnée, 1994.
    • réédition, nouvelle calligraphie du titre, 2014.
  4. Le Centenaire, 63 p., avec un carnet graphique de 10 pages, 1994 (ISBN 2-203-38860-9), (Prix du jury œcuménique de la bande dessinée 1995).
    • réédition, nouvelle calligraphie du titre, 2014.
  5. Le Cimetière des princesses, 60 p., avec préface de Louis Gardel, 1995 (ISBN 2-203-38873-0).
    • réédition, nouvelle calligraphie du titre, 1995.
  6. La Guerre fantôme, 60 p., 2002 (ISBN 2-203-39002-6) (prix Maurice-Petitdidier 2003), (Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage 2003).
  7. Rue de la Bombe, 52 p., 2004 (ISBN 2-203-36507-2).
  8. La Fille du Djebel Amour, 54 p., 2005 (ISBN 2-203-36508-0).
  9. Dernière Demeure, 57 p., 2007 (ISBN 978-2-203-00368-2).
  10. Terre fatale, 60 p., 2009 (ISBN 978-2-203-01533-3).
Édition intégrale :
  1. Premier Cycle, reprend les tomes 1 à 5, 2008 (ISBN 978-2-203-01454-1).
  2. Second Cycle, reprend les tomes 6 à 10, 2011 (ISBN 978-2-203-04099-1).
Suites algériennes modifier

scénario, dessin et couleurs, Casterman :
(format 19 cm x 26,8 cm)

  1. 1962-2019 - Première partie, 114 p., 2021 (ISBN 978-2-203-20296-2).
  2. 1962-2019 - Seconde partie, 168 p., 2023 (ISBN 978-2-203-22356-1).

One Shot modifier

  1. Jean de Florette, 1997 (ISBN 2-203-37701-1).
  2. Manon des sources, 1997 (ISBN 2-203-37702-X).
  1. Miles Davis, 2006 (ISBN 2-84907-036-X).
  2. Miles Davis, volume 2, 2008 (ISBN 978-2-84907-045-1).
  1. Hiver, printemps, 2014 (ISBN 9782369810650).
  2. Eté, automne, 2015 (ISBN 9782369811367).

Romans illustrés modifier

Ferrandez a illustré la couverture et l'intérieur de ces différents ouvrages.

Recueils d'illustrations modifier

Cette catégorie comprend de nombreux carnets de voyage, des recueils d'illustration et des ouvrages non-fictionnels centrés sur les illustrations de Ferrandez.

  1. Voyage en Syrie, Casterman, 1999 (ISBN 2-203-38034-9).
  2. Istanbul, 2000 (ISBN 2-203-38036-5).
  3. Irak : Dix Ans d'embargo, 2001 (ISBN 2-203-38037-3).
  4. Liban, 2001 (ISBN 2-203-38039-X).

Autobiographie modifier

Distinctions modifier

Notes et références modifier

  1. « FERRANDEZ, Jacques », sur ledelarge.fr (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i et j Gaumer 2010.
  3. a b c d e et f Sébastien Lapaque, « Alger les yeux fermés », Le Figaro Littéraire,‎ .
  4. a b c d e et f Sylvain Venayre, « Le grand soleil de Jacques Ferrandez », sur Actua BD, .
  5. a et b Jacques Ferrandez (int.) et Christophe Loubes, « Le dessinateur de BD Jacques Ferrandez vient parler de son travail sur l'Algérie et la France », Sud Ouest,‎ (lire en ligne).
  6. Olivier Delcroix, « Jacques Ferrandez clôt en beauté les Carnets d'Orient », sur blog.lefigaro.fr/bd, 18/092013.
  7. Thibaut Dary, « Jacques Ferrandez : Il était une fois en Algérie », Le Figaro Magazine,‎ .
  8. a et b Jacques Ferrandez (int.) et Marius Jouanny, « Des colons aux colonels », Casemate,‎
  9. David Taugis, « Les tramways de Sarajevo - de Jacques Ferrandez - Casterman », sur Actua BD, .
  10. Didier Pasamonik, « Retours à Alger - Jacques Ferrandez et Rachid Mimouni - Casterman », sur Actua BD, .
  11. David Barroux, « Ferrandez, l'Algérois », Les Échos,‎ .
  12. Éric Biétry-Rivierre, « Algérie 1830-1962 : l'engrenage et la déchirure », Le Figaro,‎ .
  13. a et b Extraite du recueil L'Exil et le Royaume de Albert Camus.
  14. Jacques Ferrandez (int.) et Alexandra Chaignon, « Je me suis mis au service du récit », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  15. Pascal Ory, « Camus par Camus. Jacques Ferrandez adapte Le Premier Homme, roman posthume d'Albert Camus. », L'Histoire,‎ .
  16. Daniel Muraz, « Quand Jacques Ferrandez fait un détour par le désert et par Mohammed Dib », Le Courrier Picard,‎ (lire en ligne)
  17. Anne Douhaire, « "Suites algériennes" de Jacques Ferrandez, l’Algérie d’après la guerre d’indépendance », franceinter.fr,‎ (lire en ligne)
  18. Jacques Ferrandez (interviewé) et Frédéric Bosser, « Ferrandez, entretien sur l'échafaud », dBD, no 2,‎ , p. 74-77.
  19. Aurélia Vertaldi, « France Info, 30 ans d'actualité revisités par les plus grands auteurs de BD », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  20. François Boudet, « En chemin elle rencontre… T2 - Collectif - Des ronds dans l’O », Actua BD, .
  21. Virginie François, « Well done for sleeping », BoDoï, no 35,‎ , p. 18.
  22. Charles-Louis Detournay, « La France algérienne, une blessure encore vive », sur Actua BD, .
  23. Frédéric Potet, « BD de l’été : Jacques Ferrandez, à Alger dans les pas de Camus », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  24. Jacques Ferrandez (int.) et Jérôme Blachon, « Jacques Ferrandez (Le Premier Homme) : "L’œuvre de Camus est intemporelle" », sur Actua BD,
  25. Jacques Ferrandez (int.) et Jean-Pierre Fuéri, « Ferrandez : western écolo en Provence », Casmate, no 127,‎ .
  26. Frédéric Bosser, « Le Chant du monde : western sur la Durance », dBD, no 137,‎ , p. 85.
  27. Nicolas Pothier, « Voyage, Voyage », BoDoï, no 8,‎ , p. 42.
  28. Jean-Christophe Ogier, France Info : 30 ans d'actualité, Paris, Futuropolis, , 316 p. (ISBN 978-2-7548-2362-3).
  29. « Prix de la Presse des Jeunes pour Jacques Ferrandez », sur Actua BD,
  30. P. B., « Spécial du jury », Historia,‎ (lire en ligne).
  31. Laurent Vissière, « Prix de la bande dessinée », Historia, no 855,‎ .

Annexes modifier

Documentation modifier

Sources secondaires
Interviews

Liens externes modifier

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