Château de Rastignac

château français situé à La Bachellerie

Le château de Rastignac est un château français construit entre 1811 et 1817 par l'architecte Mathurin Salat (dit Blanchard) sur la commune de La Bachellerie en Dordogne[1].

Château de Rastignac
Image illustrative de l’article Château de Rastignac
La Bachellerie - Château de Rastignac
Période ou style Néoclassique
Architecte Blanchard
Début construction 1811
Fin construction 1817
Propriétaire initial Pierre Chapt de Rastignac
Protection Logo monument historique Classé MH (1946, 1951)
Coordonnées 45° 08′ 55″ nord, 1° 08′ 21″ est
Pays Drapeau de la France France
Région historique Périgord
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Dordogne
Commune La Bachellerie
Géolocalisation sur la carte : Dordogne
(Voir situation sur carte : Dordogne)
Château de Rastignac
Géolocalisation sur la carte : France
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Château de Rastignac

Le château et son parc font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques.

Présentation

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Le modèle de la Maison-Blanche ?

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La Maison-Blanche

La particularité du château de style palladien est de ressembler à la façade Sud de la Maison-Blanche de Washington, dont le portique fut construit en 1829.

En 1971, pour trancher la question, un citoyen américain, M. Leslie-E. Acsay, avait offert un prix de 1 000 francs pour trouver la date de construction et l'architecte du château. Le prix a été remporté en 1972 par le conservateur des Archives départementales de la Dordogne, Noël Becquart, grâce à son étude parue dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord (SHAP). Il a pu étudier les cinq cahiers du régisseur pour les années 1811 à 1817 conservés dans les Archives départementales de la Dordogne qui permettent de suivre l'avancement des travaux.

Certains historiens pensent que l’origine de cette similitude serait un dessin de l’architecte Charles-Louis Clérisseau qui était un ami de Thomas Jefferson quand il était ambassadeur des États-Unis à Paris.

Selon d'autres, il fut édifié sur les assises du château féodal des marquis du lieu et achevé vers 1820 d'après les plans ayant servi à édifier le château du duc de Leinster à Dublin (fin XVIIIe siècle), puis la résidence du président des États-Unis d'Amérique[2].

Il pourrait aussi s'agir d'un simple plagiat ; dans les années 1780[3], le marquis de Chapt de Rastignac a pour projet de faire reconstruire le château et fait établir des plans par un architecte qui est appelé Blanchard, de son nom, Mathurin Salat[4] (et non Jean Luc Blanchard)[5], peut-être par Charles-Louis Clérisseau.

Après la Révolution de 1789, le gentilhomme doit fuir la France pour l'Allemagne en 1791 pour éviter la guillotine ; il entre dans l'armée des princes. Il revient en France et devient en 1809 président du collège électoral du Lot, en 1817 député du Lot, en 1823 pair de France, et meurt en 1833.

Le projet démarre en 1811 par des démolitions pour une construction entre 1812 et 1817. Le château, de style néo-classique, est reconstruit par l'architecte-entrepreneur Mathurin Salat, dit Blanchard. Les cahiers du régisseur donnent un coût de construction du seul château de 4 000 francs, sans tenir compte du jardin "à l'Anglaise". Deux noms sont cités : Jean Delmas, maçon entrepreneur qui a reçu près de 4 000 francs et Blanchard, désigné une fois comme architecte, qui est payé 3 160 francs ; ce dernier n'apparaît plus dans ces cahiers après octobre 1815, quand le gros-œuvre est terminé.

Thomas Jefferson était à Bordeaux en 1789[6] et y a visité l'école d'architecture où une copie des plans avait été déposée et à cette occasion aurait pu voir les plans du futur château de Rastignac, et s'en inspirer à son retour aux États-Unis.

Un reportage télévisé sur TF1 du soutient cette thèse, à savoir que Rastignac aurait été le modèle pour la conception de la Maison-Blanche, Jefferson y ayant séjourné lors d'une visite en France, travail appuyé par les recherches d'un historien.

Or, la Maison-Blanche a été construite à partir de 1792 par Hoban, puis reconstruite après 1814 ; sa colonnade imaginée par Jefferson en 1792, n'est réalisée qu'en 1824 par Latrobe.

De passage à Bordeaux en 1787, Thomas Jefferson n'a pu rencontrer pour alimenter sa réflexion architecturale que des architectes liés à Victor Louis, auteur en 1787 des plans du château du Bouilh : deux pavillons réunis par une colonnade qui s'incurve et devient dans son centre un pavillon circulaire.

Un autre architecte bordelais, Louis Combes (1754-1818), imagina avant 1789 un château bâti sur une falaise creusée de "loggias" et comprenant deux pavillons d'où partent des colonnades disposées en courbe (plans non réalisés).

On peut aussi citer le château Peychotte, une folie construite entre 1785 et 1789 par l'architecte Jean-Baptiste Dufart (1752-1820).

Quand commence la construction du château de Rastignac, l'architecte Combes a entrepris la réalisation de château Margaux ; cet architecte est celui du département de la Dordogne et travaille à Périgueux.

Il ne semble donc pas que l'origine du château soit à chercher à Bordeaux, mais plutôt à Paris. Ce type de bâtiment avec des colonnes et un bombement central sous coupole se retrouve dans l'architecture néoclassique :

- château de Montmusard, par Charles De Wailly, en 1766 ;
- intendance de Franche-Comté, à Besançon, par Victor Louis, en 1774 ;
- projet de pavillon pour Catherine II, en 1776 ;
- hôtel de la préfecture du Cantal, à Aurillac, construit entre 1798 et 1811 suivant les plans de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Lallié.

Le bâtiment qui peut conduire à la Maison-Blanche comme au château de Rastignac pourrait être l'hôtel Thellusson, luxueux édifice néo-palladien bâti de 1778 à 1780 à Paris par Claude-Nicolas Ledoux (détruit en 1826) qui était considéré comme son chef-d'œuvre, "si neuf et surprenant que, dit-on, on prenait des billets pour le visiter"[7].

Il est aussi possible que le concepteur de Rastignac soit son propriétaire qui aurait fait une synthèse des formes architecturales vues au cours de ses voyages, comme l'a fait Thomas Jefferson pour la Maison Blanche ; Blanchard n'aurait alors que "mis au net" et réalisé les idées du marquis.

Histoire

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On trouve des traces d'un château nommé « Hospitium de Rastinhaco » datant de 1483.

En 1572, le château est incendié à la suite de la condamnation de ses propriétaires, Raymond Chapt de Rastignac et ses deux frères, au cours des « Grands jours de Périgueux ».

Il est remplacé par la demeure actuelle, construite entre 1811 et 1817 [8] à l'initiative de Pierre Chapt de Rastignac[9],[10].

 
Portrait de Zénaïde Chapt de Rastignac, duchesse de La Rochefoucauld, peint en 1817 par Edmée Brucy

En 1817, Zenaïde Chapt de Rastignac (1798-1875) apporta le château en dot à François Marie de La Rochefoucauld, duc de Liancourt ; leur fils Pierre le vendit en 1878 à Auguste de Peyronny, qui le transmit à son fils Henri-Marie Georges de Peyronny et lui même à son neveu peu avant sa mort, en 1921, le capitaine de vaisseau (ER) Octave Lauwick (mort en 1940 à 82 ans) et son épouse.

Le , le château est brûlé par les troupes allemandes de la division Brehmer à la suite d’une opération de représailles contre la Résistance, et les 33 tableaux de collection de la galerie Bernheim-Jeune qui y étaient cachés depuis le début de la guerre ont disparu[11] (parmi lesquelles des Cézanne, des Manet, des Renoir, des Toulouse-Lautrec, un Matisse et un van Gogh)[12]. Dans son récit Les inoubliables, Jean-Marc Parisis revient très précisément sur cette ténébreuse affaire et ses suites[13].

En 1952, le château est restauré par l'architecte en chef des monuments historiques Yves-Marie Froidevaux.

Cléo de Mérode, rivale de Sarah Bernhardt, y séjourna, alors qu'il appartenait aux Lauwick.

Après des années d'abandon où le château subit des pillages et se détériore gravement, sept Hollandais le rachètent en copropriété en l'an 2000, le scindant en autant de logements, cinq dans l'édifice proprement dit, et deux dans l'orangerie[14].

Classement

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Les façades et toitures du château, les communs et le parc sont classés monuments historiques par arrêté du . Le vestibule et l'escalier de pierre sont également classés par arrêté du [8].

Notes et références

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  1. Il est visible, dans les deux sens, depuis l'autoroute A 89.
  2. Jacques de Montarnal, Châteaux et manoirs de France - Périgord et Limousin - Paris, Vincent et Fréal, 1937, p. 19.
  3. Source : Société historique et archéologique du Périgord
  4. Remarque : Dans les actes du Congrès Archéologique de France de 1979, François-Georges Pariset le dit natif de Nontron en 1755, fixé en 1783 au Taillan, puis à Eysines, aux portes de Bordeaux, en 1808. Bien que travaillant dans les alentours de Bordeaux, il n'apparaît dans aucune liste à Bordeaux. Il retourne ensuite dans son pays et exerce comme architecte-ingénieur. Il n'est plus cité dans les cahiers du régisseur de Rastignac après 1815. Il est cité comme architecte à Mareuil en 1821 (INHA : Prison de Nontron), où il meurt en 1822. Il n'est cité qu'une seule fois avec le titre d'architecte dans les cahiers du régisseur de Rastignac. Il ne semble pas avoir été un très bon architecte, car ses ouvrages ont souvent eu des problèmes entraînant des critiques et des diminutions de ses honoraires. En 1810 il établit un devis pour la prison de Nontron, mais il n'est pas retenu. En 1811 il propose un devis pour la réparation de l'église de Verteillac. En 1815 il fait un devis pour la prison de Périgueux, mais on lui préfère l'architecte Combes (INHA : Prison de Périgueux). Il avait réalisé en 1812 les plans du Palais de Justice et de la sous-préfecture de Ribérac (INHA : Sous-préfecture de Ribérac) mais ayant oublié des éléments importants, on décide de ne lui payer qu'une partie de ses prestations. Il semble donc difficile de penser qu'il a été l'inventeur du plan du château de Rastignac. François-Georges Pariset note qu'en 1808 il s'est marié avec une Anglaise, Mary Palmer, qui est dite de Bordeaux depuis six ans, donc après la paix d'Amiens, sur son contrat de mariage. Elle devait probablement travailler auprès d'une riche famille des "Chartrons". Bien qu'il n'ait pas été possible de dire s'ils étaient parents, il note qu'un lieutenant-colonel anglais, Charles Palmer, achète, après 1814, des domaines viticoles à Cenon. Son domaine s'avérant trop grand, il doit le vendre en 1843, pour partie aux Pereire qui construisirent Château Palmer. Charles Palmer a habité à Grosvenor Place en 1839 et Shaftesbury Terrace en 1843. Il aurait pu servir à faire connaître l'architecture anglaise au marquis de Rastignac, mais il n'est arrivé à Bordeaux qu'après le début de la construction du château.
  5. Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Éditions Mengès, 1995, p. 63 citant une « communication de Paul Roudié »
  6. Our White House in France ?
  7. André Chastel, L'art français. Le temps de l'éloquence 1775-1825, p. 114, Flammarion, Paris, 1996 (ISBN 2-08-010203-6)
  8. a et b « Notice sur le château de Rastignac », notice no PA00082331, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, consultée le 24 mai 2011.
  9. Guy Penaud, Dictionnaire biographique du Périgord, p. 228-229, éditions Fanlac, 1999, (ISBN 2-86577-214-4)
  10. Noël Becquart, « Conseillers généraux et conseillers d'arrondissement en 1830 en Dordogne », Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. 111, no 1,‎ , p. 58 (lire en ligne)
  11. Guy Penaud, p. 201-209, Les crimes de la Division "Brehmer", éditions la Lauze, mars 2004, (ISBN 2-912032-65-2)
  12. Dominique Richard, Le mystère des toiles de Dordogne, Sud Ouest du 6 novembre 2013.
  13. Jean-Marc Parisis, Les inoubliables : récit, Paris, Flammarion, , 231 p. (ISBN 978-2-08-127407-5)
  14. Hervé Chassain, Il habite à la Maison-Blanche, Sud Ouest édition Dordogne du 2 novembre 2012.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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