Château d'Amfreville

château à Amfreville (Manche)
Château d'Amfreville
La grande porte charretière encadrée par deux tours rondes (fin 15e s.).
Présentation
Type
Fondation
XIVe siècle-XVe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Restauration
XVIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Inscrit MH (partie en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
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Coordonnées
Carte

Le château d'Amfreville est une ancienne demeure fortifiée, des XIVe et XVe siècles, remaniée aux XVIe et XVIIIe siècles, construite à l'emplacement d'un château primitif fondé au XIe siècle à l'époque de Guillaume le Conquérant, qui se dresse sur l'ancienne commune française d'Amfreville, dans le département de la Manche, en région Normandie. Il fut le centre de la seigneurie d'Amfreville, puis du comté, élevée en marquisat au XVIIe siècle en faveur de Charles-François Davy d'Amfreville.

Le château est partiellement inscrit aux monuments historiques.

Localisation modifier

Le château et son ancien domaine sont situés dans le Bauptois, petit pays marécageux du Clos du Cotentin, rue de la Rosière, à 800 mètres au nord-est de l'église Saint-Martin d'Amfreville, au sein de la commune nouvelle de Picauville, dans le département français de la Manche. Il est implanté en bordure du marais, bénéficiant ainsi des crues annuelles de janvier-février pour remplir d'eau ses douves.

Le château se dresse au bout d'une avenue privée carrossable longue de presque 900 mètres avant d'arriver devant la porterie.

Historique modifier

La fondation du château remonte à Guillaume Le Conquérant[1]. En 1089, le seigneur d'Amfreville était Richard de Reviers ( 1107), seigneur de Vernon et de Néhou, fondateur de l'abbaye de Montebourg toute proche. En 1226, « Amfrveille » appartenait à Guillaume de Reviers.

Selon Théodose du Moncel, s'appuyant sur Charles Duhérissier de Gerville, en 1329, le seigneur d'Amfreville est Guillaume Avenel des Biards[note 1]. Par mariage, le titre échoit à Jean de Tardes, baron de l'Angle-de-Néhou, qui épouse Françoise des Biards en 1503, puis à Nicolas, baron de Mouy, uni à Françoise de Tardes, dame d'Amfreville, de Néhou et des Biards, en 1533. Leurs fils et petit-fils en héritent[2].

Le fief, qui relevait de Néhou, devient ensuite la propriété de la famille du Poërier[note 2] seigneurs de Portbail, à la suite de l'achat de la seigneurie d'Amfreville, en 1604, par Jacques Poërier ( 1629 à Rouen et inhumé à Amfreville[note 3])[3]. En 1618, le fief d'Amfreville est érigé en baronnie[3]. En 1652, la famille Poërier vend le domaine à Pierre Davy, seigneur de Sortosville[3],[note 4].

La seigneurie d'Amfreville est élevée en marquisat au XVIIe siècle en faveur de Charles-François Davy d'Amfreville (1628-1692), lieutenant-général des armées de Louis XIV, et compagnon d'armes du comte de Tourville à la bataille de la Hougue le . Par un aveu de 1706 de Charles-Antoine Davy, baron, on apprend qu'il existait à Amfreville une motte « …les hommes dudit fief sont sujets à la réparation des mottes et fossés de mon château »[4]. Les Davy d'Amfreville donnèrent plusieurs marins, ainsi que deux cardinaux de la curie romaine et deux grands baillis du Cotentin. À la mort du commandeur d'Amfreville, en 1780, la famille du Mesnildot[note 5] hérite du domaine. Après la Révolution, une grande partie du château fut abandonnée puis détruite[1]. Au XIXe siècle, le château est racheté par les Sesmaisons[2].

Possesseurs successifs modifier

Liste non exhaustive.

Description modifier

Le château d'Amfreville des XIVe et XVe siècles, remaniée aux XVIe et XVIIIe siècles[7] est formé de deux plateformes : l'une entourée de douves portant le château proprement dit et l'autre portant des petits bâtiments agricoles dont les douves ont été comblées.

L'enceinte « haute », faussement quadrangulaire, est actuellement entourée de douves partiellement sèches et épouse la forme en amande de la plateforme castrale. Il subsiste ici et là quelques vestiges médiévaux mais dans l'ensemble, les logis et dépendances ont été reconstruits ou remaniés au XVIIIe siècle.

La porterie

On pénètre dans la propriété par une avenue plantée, longue de 900 mètres environ, donnant sur la porterie de l'enceinte castrale proprement dite. Ce châtelet d'entrée, tour-porte flanquée de deux hautes tours rondes coiffées d'un toit en poivrière et couvertes en ardoises, percées de meurtrières et de « trous de fusil », est de la fin du XVe siècle[8] ou du début du XVIe siècle[9]. Il est percé d'une grande porte charretière à voûte en berceau à arc en anse de panier à triple ressaut et conserve les rainures servant à relever un ancien pont-levis à flèches remplacé depuis par un pont fixe enjambant des douves sèches. L'étage est occupé par une salle des gardes[10] qui s'éclaire par une seule mais large fenêtre à meneaux pleins sans moulures. Cette salle est couverte par un toit à forte pente. Aucun mur d'enceinte ne fait suite actuellement à droite ni à gauche à cette poterne.

Les logis

Dans la cour intérieur, on trouve[11] les logis.

Il y a en fait deux logis, car on a construit au XVIIIe siècle[9], peut-être vers 1740, par l'architecte Louis Dacier[11], à gauche de la porterie, une maison rectangulaire à un étage, accolée à une tour ronde ancienne. Elle comprend un rez-de-chaussée et un étage à cinq jours chacun ; ses lignes d'arêtes sont renforcées de pilastres en pierres de taille régulières[12].

Le logis principal, du XVIe siècle, un simple rez-de-chaussée, est situé au fond de la cour, côté est de la plateforme, bordé de douves en eaux. Il s'éclaire par de grandes fenêtres à croisée et, dans une toiture de pente moyenne, par trois importantes lucarnes de façades à fronton arrondi que surmontent trois petits clochetons terminés par des boules. La face de ces lucarnes est absolument plane et sans décors. À l'origine l'arrière, prévu pour la défense était aveugle. Une tour polygonale abritant un escalier est construit à la charnière de ce dernier et d'une ancienne chapelle voutée d'ogives de la fin du XIVe siècle[11] dédiée jadis à Notre-Dame-de-la-Coudre et aujourd'hui désaffectée[12].

La chapelle

La façade à galbe plat de la chapelle, dont les angles sont pourvus de contreforts de hauteur différents est percée d'une porte à accolade surmontée d'une baie gothique qui devait comporter jadis une verrière[12], tandis qu'à son côté droit, des contreforts plus épais alternent avec des baies gothiques longues. Au sommet de la porte un chaînage apparent se poursuit sur la tour de l'escalier polygonal qui en comporte seul, un autre, plus élevé à son dernier étage.

Un imposant colombier complète l'ensemble[12]. Les communs ont été en partie reconstruits au XXe siècle[11].

Protection aux monuments historiques modifier

La poterne, la chapelle, et le bâtiment attenant à la chapelle sont inscrits au titres des monuments historiques par arrêté du [1].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Cette famille possédait également la baronnie des Biards, en Avranchin ; Amfreville et les Biards restèrent dans cette famille jusqu'en 1503.
  2. Ils portaient : d'azur au chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles d'argent, et d'un croissant du même en pointe. Elles furent portées conjointement par toutes les branches de cette même famille, les du Poërier d'Amfreville, du Poërier de Francqueville, du Poërier de Taillepied et du Poërier de Portbail. De nos jours, seule subsiste la branche de Portbail.
  3. En 1610, il devient Président au Parlement de Rouen.
  4. Les Davy étaient originaires de la région de Périers. Ils portaient : d'azur, au chevron d'or accompagné de trois harpes de même, celles du chef adossées.
  5. En 1789, la seigneurie et le château appartenaient à la famille du Mesnildot[5].
  6. Baron d'Amfreville, Cauquigny et Colomby, fut président au Parlement de Rouen. En 1620, il fonda le couvent des Capucins de Valognes[6].
  7. Marquis d'Amfreville.

Références modifier

  1. a b et c « Château d'Amfreville », notice no PA00110319, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. a et b Théodose du Moncel, « Châteaux de Nacqueville et d'Amfreville », Annuaire du Département de la Manche, volume 34, J. Elie, 1862, p. 47-49.
  3. a b et c Université Inter-Âges de Basse-Normandie - Antenne de Cherbourg (préf. Rodolphe de Mons), Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 15.
  4. Florence Delacampagne, « Seigneurs, fiefs et mottes du Cotentin (Xe – XIIe siècle) : Étude historique et topographique », dans Archéologie médiévale, t. 12, (lire en ligne sur Persée.), p. 200.
  5. Renault, « Notes historiques et archéologiques sur les communes de l'arrondissement de Valognes », Annuaire du département de la Manche, année 1873, p. 10-11.
  6. René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 123.
  7. Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 30.
  8. Guy Le Hallé (préf. Hervé Morin, photogr. Yves Buffetaut), Châteaux forts de Basse-Normandie, t. II, Louviers, Ysec Éditions, , 160 p. (ISBN 978-284673-215-4), p. 78 (Amfreville).
  9. a et b Barbaroux 1982, p. 11.
  10. Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 127.
  11. a b c et d « Château », notice no IA00001099, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, Inventaire général du patrimoine culturel.
  12. a b c et d Jean Barbaroux, Châteaux de la Manche, t. II, Région nord, Paris, Nouvelles Éditions Latines, , 30 p., p. 3.

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier