Maurice II de Craon

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Maurice II de Craon, né vers 1136 et mort en 1196, seigneur de Craon, gouverneur d'Anjou et du Maine sous Henri II d'Angleterre, personnage militaire et poète anglo-normand du XIIe siècle. Maurice II possédait aussi des fiefs en Angleterre qu'il tenait de la munificence d'Henri II (Ham, Wal(e)ton, Ewell, Burne[1]).

Maurice II de Craon
Biographie
Naissance
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
CraonVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Allégeance
Activités
Père
Hugues, Sire de Craon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Marquise (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Enfants
Autres informations
Conflits
Blason

Biographie modifier

Chevalerie modifier

Maurice II, fils de Hugues Ier de Craon et de Marquise (très probablement de Vitré, fille d'André Ier ou plutôt de son fils Robert II de Vitré ?) sa seconde femme, succéda à son demi-frère aîné Guérin II de Craon en 1150. Il n'était pas majeur et ne fut reçu chevalier que postérieurement à la prise de possession de son fief. L'acte militaire le plus ancien de Maurice II est sa participation au siège mis par Henri II d'Angleterre devant la ville de Thouars, qui fut prise le .

Il était aussi le petit-fils de Maurice Ier (x Étiennette ou Tiphaine, fille d'Hugues d'Ingrandes et Chantocé) et l'arrière-petit-fils de Renaud Ier de Craon (x Ennoguen/Agnès/Domitia de Vitré), lui-même fils du fondateur de la deuxième Maison de Craon au XIe siècle, Robert le Bourguignon (x Avoise/Blanche de Sablé, fille héritière de Geoffroi de Sablé).

Croisade modifier

Quelques années plus tard, Maurice II partit pour la croisade. Maurice II rentra donc en France après le mois de . Il avait couru quelques dangers en Orient et, en exécution d'un vœu fait en Égypte, il constitua au profit de la collégiale Saint-Nicolas de Craon une rente de deux sous destinée à contribuer à la lampe de la chapelle.

Mariage modifier

Il n'épousa Isabelle de Meulan (Maison de Beaumont-Leicester)[2], fille de Galéran IV de Meulan, veuve en premières noces de Geoffroy III de Mayenne (mort en 1169), qu'à son retour de Terre-Sainte vers 1170. Cette alliance lui apportait le double appui des seigneurs de Meulan et de ceux de Mayenne.

De son mariage, contracté en 1170 avec Isabelle de Meulan de Mayenne (morte en ), Maurice II eut quatre fils et trois filles :

Henri II d'Angleterre modifier

L'époque de Maurice II vit s'accomplir l'élévation de la maison d'Anjou. Geoffroy d'Anjou meurt en 1151. Les seigneurs de l'Anjou devinrent vasseaux de son fils Henri (lui même vassal de Louis VII)[6]. La succession est portant disputée par son frère Geoffroy, avec l'appui du roi, en 1152. En 1154 Henri devint le roi d'Angleterre et, sous ses étendards, ses vasseaux doivent choisir leur camp: En 1174, lors de la révolte des fils d'Henri II contre leur père, on trouve Maurice II au nombre des seigneurs restés fidèles à Henri. Chargé de commander les Angevins, il s'empara de Chantoceau et de Sablé, détruisit les deux forteresses voisines de Sablé : Saint-Loup et Saint-Brice, et reçut le gouvernement de l'Anjou et du Maine, ainsi que de la forteresse récemment construite à Ancenis.

Il figure cette même année parmi les témoins de la pacification signée au Traité de Falaise entre Henri II et ses fils.

En 1177, lors de la convention passée entre Louis VII et Henri II, il est d'avance désigné par ce dernier comme l'un des arbitres qui statueront en cas de difficultés. Il en est de même le pour la paix signée à Gisors entre Philippe-Auguste et Henri II.

Troisième croisade modifier

Richard Cœur de Lion, successeur d'Henri II, avait emmené avec lui un grand nombre de ses vassaux mais d'autres n'allèrent le rejoindre que plus tard ; Maurice II fut du nombre de ces derniers car, en 1191, il était encore en Anjou. On ne rencontre aucun acte émané de lui au moment de son départ pour son premier voyage en Terre-Sainte. Pour le second, au contraire, on en connaît plusieurs, dont un testament datant de 1191.

Décès modifier

Maurice II revint en France et fonda le prieuré des Bonshommes de Ballots près de Craon. Il mourut le , ainsi qu'il résulte de l'obituaire de la Haye-aux-Bons-Hommes[7]. On ne sait où eut lieu sa sépulture, mais on sait que son cœur fut porté à l'abbaye de Savigny.

Poète anglo-normand modifier

Maurice II ne fut pas seulement un grand guerrier et un homme de foi ; il fut encore poète, et parmi les chansons des trouvères de la langue d'oïl qui sont venues jusqu'à nous, il en est une qu'on peut légitimement considérer comme son œuvre[8], c'est celle qui commence par ce vers :

« A l'entrant del doux termine. »

Littérature modifier

Maurice II de Craon est le personnage central du vers anonyme en moyen haut-allemand Moriz von Craûn, daté entre 1187 et 1250. Ceci, à son tour, dérive d'un fabliau Du chevalier Qui recovra l'amour de sa dame. L'histoire raconte les efforts de Maurice pour courtiser "Isabel", présentée comme la femme de son voisin, Richard de Beaumont[9].

Notes et références modifier

  1. « Maurice II et Henri II, p. 172 », sur La structure familiale des Craon du XIe siècle à 1415, thèse soutenue par Fabrice Lachaud le , Université Michel-de-Montaigne-Bordeaux III.
  2. Appelée pour cela jusqu'à la fin de ses jours « Isabelle de Mayenne ».
  3. Il succéda à son père en 1196 et fut seigneur de Craon jusqu'en 1207.
  4. Amaury Ier succéda à son frère Maurice III et fut seigneur de Craon depuis 1207 jusqu'au .
  5. Comme ses deux sœurs, Agnès était mariée en 1191, lors de la confection du testament de son père. Elle avait reçu en dot deux rentes assises l'une sur Craon, l'autre sur Chantocé, et devait abandonner l'une et l'autre si ses frères étant morts elle était devenue propriétaire des fiefs situés en Angleterre. Elle avait épousé Thibaut II de Mathefelon, ainsi que le prouve le don qu'il fit à l'abbaye de Fontaine-Daniel pour le repos de son âme, don qui ne porte pas de date mais qui reçut en 1204 l'approbation de l'évêque d'Angers (Voir folios 75 et 71 du Cartulaire de Fontaine-Daniel). Amaury Ier attendit jusqu'en 1216 pour le ratifier. D'Agnès Thibaut n'eut pas de fils, ainsi que le prouve la charte 241 du Cartulaire de Craon par laquelle, en 1218, Thibaut approuvait un don fait à Chaloché par sa fille Ysabelle à son lit de mort, don qui était ratifié par son autre fille Emma.
  6. Rodney Castleden, World History (ISBN 0-7525-1320-6)
  7. Une autre preuve se trouve dans l'acte dressé en 1197 entre Guy VI de Laval et André II de Vitré, afin d'établir entre eux une paix durable. André, dans l'énumération de ceux de ses amis qui ont droit au bénéfice de cette paix, nomme la maison de Craon mais au lieu de Maurice II il désigne « les enfants de Maurice de Craon » donc Maurice Il n'existait plus lors de la rédaction de l'acte. On ne rencontre plus le texte de ce traité qui n'est connu que par l'Histoire de Vitré de Pierre Le Baud, p. 36 ; on en trouve une analyse dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, t. XXX, p. 389.
  8. Gaston Raynaud, qui a fait une étude toute spéciale des chansons du XIIIe siècle, a bien voulu prendre la peine de vérifier les attributions faites aux seigneurs de Craon. Écartant trois d'entre elles, il n'en retient que deux, celle-ci pour Maurice II et celle qui commence par « Fière amour claime en moi par éritaige » qu'il attribue à Amaury II de Craon. A la page 197 des Chroniques Craonnaises on en trouve le texte in extenso, tel qu'il a été publié par Guillaume-Stanislas Trébutien en 1843 Chansons de Maurice et de Pierre de Craon, poètes Anglo-Normands du XIIe siècle, Caen, in-16 tiré à 120 exemplaires.
  9. (en) Classen, Albrecht, « Moriz von Craûn », sur The Literary Encyclopedia, .

Bibliographie modifier

  • Fabrice Lachaud, "Une prise de position à contre-courant de l'aristocratie du Maine et de l'Anjou: l'intervention loyale du seigneur de Craon, Maurice II, envers le Plantagenêt, son suzerain", dans : Martin Aurell, Ghislain Baury, Vincent Corriol et Laurent Maillet (dir.), Les Plantagenêts et le Maine, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2022, p. 152-167.
  • Fabrice Lachaud, Le lignage en question : femmes, alliances et filiations chez les Craon du XIe siècle à 1373, Bordeaux, Ausonius, 2017.
  • Arthur Bertrand de Broussillon et Paul de Farcy, « Sigillographie des Seigneurs de Craon », Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 2e série, t. 2,‎ , p. 597-666 (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier