Carentan
Carentan | |
![]() L'église Notre-Dame. | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Saint-Lô |
Canton | Carentan |
Intercommunalité | Communauté de communes de la Baie du Cotentin |
Commune | Carentan-les-Marais |
Statut | Commune déléguée |
Maire délégué | Jean-Pierre Lhonneur 2016-2020 |
Code postal | 50500 |
Code commune | 50099 |
Démographie | |
Gentilé | Carentanais |
Population | 5 876 hab. (2016) |
Densité | 375 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 18′ 12″ nord, 1° 14′ 54″ ouest |
Altitude | Min. 0 m Max. 30 m |
Superficie | 15,66 km2 |
Historique | |
Date de fusion | |
Commune(s) d’intégration | Carentan-les-Marais |
Localisation | |
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Carentan est une ancienne commune française, située dans le département de la Manche en région Normandie, devenue le une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Carentan-les-Marais.
Elle est peuplée de 5 876 habitants[Note 1].
GéographieModifier
Carentan est située au milieu de vastes marais assainis et transformés en riches prairies, au confluent de la Taute et de la Douve. La Capitale des Marais, aux portes de la péninsule du Cotentin et de la baie des Veys, est au cœur du parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin.
La ville est dotée d'une gare ferroviaire sur la ligne Cherbourg-Caen-Paris et est traversée par les RN 13 et RN 174. Elle est desservie par le transport en commun départemental par bus (Manéo) via la ligne 001 Cherbourg-Octeville - Valognes - Carentan - Saint-Lô. Son port est relié à la mer par un canal.
ToponymieModifier
Parmi les formes attestées suivantes, on trouve Carenton et Karentonem en 1063 et 1066[2], Karentomum au XIe siècle[3], Carentomus en 1136[2] et Carentan en 1319[2].
La localité est désignée à l'époque gallo-romaine sous la forme Carentomagus qui serait issue de l'anthroponyme gaulois Carentus[3],[2], ou du substantif carento, « cher », « beau »[4], et de *magos, « marché »[3].
Le gentilé est Carentanais.
HistoireModifier
Sa position-clé fait de Carentan, au gré des diverses guerres, une place très disputée. La cité Carentomagus est souvent assiégée et détruite, lors des incursions vikings et des guerres franco-anglaises. Elle est fortifiée par Blanche de Castille, puis démantelée en 1853.
Elle est chef-lieu de district de 1790 à 1795.
Bataille de NormandieModifier
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, dès le , la commune est le théâtre de violents affrontements entre parachutistes américains de la 101e Airborne Division et les Fallschirmjäger allemands. C'est finalement à la baïonnette que la ville sera prise par les Américains le . Certains bâtiments assez anciens de la ville portent encore les stigmates de la bataille. Ces évènements sont relatés en détail dans le livre Frères d'armes et la minisérie qui en est tirée (épisode 3).
Selon le Général Eisenhower, Commandant suprême des Forces alliées en Europe, Carentan (l'objectif de la 101e Airborne) est la clé du débarquement. Dans ses mémoires, il écrira : « Le , j'ai fait le tour de la zone du débarquement en compagnie de l'amiral Ramsay, et je me suis entretenu avec le Field Marschal Montgomery, le général Bradley, et les commandants des forces navales. Tous étaient inquiets des conditions de débarquement défavorables et aspiraient à une amélioration de la météo qui permettrait à nos troupes d'exploiter pleinement leurs premiers succès… Sur la plage d'Omaha, qui continuait à nous causer le plus d'anxiété, le général Bradley nous a signalé une certaine amélioration, mais suite à cette réunion des commandants, je décidais de modifier le plan tactique immédiatement afin que toutes les forces américaines, le Ve et VIIe Corps, se concentrent sur la liaison des plages de débarquement à Carentan. »
Pour le général Bradley également, c'est l'objectif de la 101e airborne qui est primordial. « Un risque majeur de l'opération Overlord était qu’une fois à terre, les Alliés seraient incapables de relier et consolider les cinq têtes de pont avant que les Allemands ne montent une contre-attaque blindée majeure visant à diviser leurs forces et de les rejeter à la mer. Cette menace pour la liaison des plages se matérialisa. À cet instant, Carentan était sans doute le point le plus vital de toute l’opération à cause de la précarité des défenses américaines qui s’y trouvaient. Le secteur était détenu par la 101e division aéroportée, qui avait été pratiquement isolée sur le secteur. Dans la planification de l'opération Overlord, Carentan avait été désigné comme un objectif principal du D-Day, car il se trouvait entre les plages de débarquement d’Omaha et Utah. Après une étude plus approfondie, sa capture avait été jugée trop ambitieuse, et il a été décidé que la ville serait prise plus tard, lorsque la situation tactique serait plus favorable. La mission révisée de la 101e division aéroportée était de prendre les rivières et canaux au nord, à SAINT-COME-DU-MONT et au nord-est de CARENTAN. »
Cependant le général Bradley tenait à capturer Carentan au plus vite, et la voulait pour le Jour J+1. S’il n’y arrivait pas, il était prêt à la détruire, si nécessaire, et nota encore dans ses mémoires : « Nous devons rejoindre le général Gerow au plus vite. J’avais dit au général Collins, anticipant des difficultés dans ces marais : si cela devient nécessaire pour gagner du temps, envoyez 500 ou même 1 000 tonnes de bombes sur Carentan et détruisez la ville. Ensuite, précipitez-vous et vous l'obtiendrez[5]. ».
Fusion de communesModifier
Le , Carentan intègre avec trois autres communes la commune de Carentan-les-Marais[6] créée sous le régime juridique des communes nouvelles instauré par la loi no 2010-1563 du de réforme des collectivités territoriales. Les communes d'Angoville-au-Plain, Carentan, Houesville et Saint-Côme-du-Mont deviennent des communes déléguées et Carentan est le chef-lieu de la commune nouvelle.
Le , les communes de Brévands, Veys et Saint-Pellerin rejoignent la commune nouvelle[7], suivies le de Brucheville, Catz, Montmartin-en-Graignes, Saint-Hilaire-Petitville et Vierville[8]. La commune nouvelle est alors composée de douze communes déléguées.
HéraldiqueModifier
Les armes de la commune de Carentan se blasonnent ainsi : |
Selon Victor Adolphe Malte-Brun (La France illustrée, tome 3, Jules Rouff éditeur, Paris, 1882), le blasonnement des armes de Carentan est le suivant : « d'azur, à un sautoir d'argent ».
Politique et administrationModifier
Tendances politiques et résultatsModifier
- Élections législatives de 2007 (2e tour) : 52,2 % pour Philippe Gosselin (UMP), 47,8 % pour Jean-Karl Deschamps (PS)
- Élection présidentielle de 2007 : 53 % pour Nicolas Sarkozy, 47 % pour Ségolène Royal
- Élections municipales de 2008 : 51,85 % pour Jean-Pierre Lhonneur (UMP - CPNT), 48,15 % pour Hervé Houel (PS - MoDem)
- Élection présidentielle de 2012 : 53,84 % pour François Hollande, 46,16 % pour Nicolas Sarkozy
- Élections municipales de 2014 : 69,80 % pour Jean-Pierre Lhonneur (DVD), 30,20 % pour Pascal Guilbert (PS)
Liste des mairesModifier
Le conseil municipal était composé de vingt-neuf membres dont le maire et huit adjoints[13]. Ces conseillers intègrent au complet le conseil municipal de Carentan-les-Marais le jusqu'en 2020 et Jean-Pierre Lhonneur est élu maire de la commune nouvelle.
DémographieModifier
En 2016, la commune comptait 5 876 habitants. Depuis 2004, les enquêtes de recensement dans les communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans (en 2008, 2013, 2018, etc. pour Carentan[14]) et les chiffres de population municipale légale des autres années sont des estimations[Note 2]. Carentan a compté jusqu'à 6 589 habitants en 1982.
ÉconomieModifier
La commune héberge depuis 2014 une unité de méthanisation développée par Methaneo, qui collecte des déchets agricoles et agro-industriels pour produire du biométhane injecté sur le réseau de gaz local[17].
Lieux et monumentsModifier
La ville est dotée d'un patrimoine historique :
- L'église Notre-Dame : église romane du XIe siècle détruite en 1443 et reconstruite en style gothique par le bailli du Cotentin, Guillaume de Cerisay. Elle fait l'objet d'un classement au titre des Monuments historiques par la liste de 1862[18]. Elle abrite de nombreuses œuvres classées à titre d'objets[19]. Le maître-autel porte les armoiries du pape Urbain VIII (famille Barberini), pape de 1623 à 1644.
- L'hôtel de ville : date des XVIIe-XVIIIe siècle. Ancien couvent qui servit de caserne, de collège, de garnison…
- Les arcades médiévales : place de la République, ces arcades sont uniques en Normandie. Elles sont supposées être le reste d'un ancien marché couvert. L'ensemble fait l'objet d'une inscription au titre des Monuments historiques depuis le [20].
- Quatre autres bâtiments sont inscrits : l'hôtel de Ponthergé (rue Sebline)[21], la maison du 47 rue Holgate[22], l'ancienne loge maçonnique (impasse des Saules)[23] et l'hôtel Hervieu-de-Pontlouis (7 rue de l'Église)[24].
- Le pont-canal : ouvert le . Le pont-canal fait passer la route nationale 13 à 2 x 2 voies (reliant Caen à Cherbourg) sous le canal de Carentan à la mer sur le port. Le chantier a duré 22 mois avec en moyenne 70 personnes par jour.
- Longueur : 615 mètres
- Coût : 163 millions de francs (24,9 millions d'euros).
- Déblais : 130 000 m3 .
- Palplanches : 2 800 tonnes.
- Béton : 18 000 m3.
- Acier : 1 741 tonnes.
- Trois pompes de drainage de 9 kW.
- Deux pompes d'assainissement de 44 kW.
- Un groupe électrogène de 200 kVA.
- Le lavoir des Fontaines : XVIIIe siècle.
- Le presbytère : XVIIIe siècle, a eu l'honneur d'accueillir une nuit Napoléon Ier.
- D-Day Experience : musée consacré à l'histoire des parachutistes allemands et américains en juin 1944, situé à Dead Man's Corner (poste de commandement avancé des parachutistes allemands en ).
Activité culturelle et manifestationsModifier
JumelagesModifier
Carentan est jumelée avec la ville allemande de Waldfischbach-Burgalben en Rhénanie-Palatinat depuis 1966 et avec la ville anglaise de Selby depuis 1974.
SportsModifier
Le Club sportif carentanais fait évoluer deux équipes de football en ligue de Basse-Normandie et deux autres, ainsi qu'une équipe féminine de football à 8, en divisions de district[25].
L'hippodrome Maurice-de-Folleville (hippodrome de la Russie) est sur le territoire communal.
Carentan dans la cultureModifier
- Sanctuary, saison 3 : épisodes 17 (Normandy) et 18 (Carentan)
- Frères d'armes : épisode 3 (Carentan)
- Call of Duty : jeu vidéo, carte Carentan
- Brothers in Arms: Road to Hill 30 : jeu vidéo
- Carentan, deux minutes d'arrêt, de Frédéric Lasaygues, Le Castor Astral éditeur, 2007
Personnalités liées à la communeModifier
Natifs de CarentanModifier
- Jean Loret (XVIIe siècle), poète ;
- Benjamin Basnage (1580-1652), pasteur
- Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont (1732-1786), avocat des Calas ;
- Charles François Louis Caillemer (1757-1843), avocat.
- Louis Caillemer, (1764-1827), militaire.
- Paul Marie Victor Enouf (1783-1845), homme politique ;
- Pélage-Adélaïde de Lorimier (1784-1835), militaire et homme politique ;
- Pierre Truffaut (1894-1974), homme politique, député de Charente-Maritime.
- Edith Faucon (1919-2019), peintre ;
- Jacques Dopagne (1921-2002), scénariste, critique d'art et écrivain ;
- André Ledran (1933), homme politique ;
- Jean-Pierre Lambert (1951) international de handball et joueur de rugby (remplaçant en finale du championnat de France de rugby en 1977 avec Perpignan) ;
- Stéphane Travert (1965), homme politique ;
- Philippe Gosselin (1966), homme politique ;
- Stéphane Mottin (1966), footballeur ;
- Frédéric Duthil (1973), navigateur et skipper ;
- Mickaël Barré (1978), footballeur ;
- Benoît Lesoimier (1984), footballeur, a joué dans le CS Carentan ;
- Maxime Delauney (1981), producteur de cinéma.
AutresModifier
- François-Anne-René-Marie Le Maignen (1752-1836), homme politique, receveur du district de Carentan, député de la Manche.
- Honoré de Balzac se rend à Carentan en juillet 1822, alors qu’il séjourne entre mai et août chez sa sœur Laure Surville à Bayeux. C'est dans cette ville, à l'époque du siège de Granville, qu'il situe sa nouvelle : Le Réquisitionnaire parue en 1831
- Jules Lebrun de Plaisance (1811-1872), député de 1846 à 1848.
- Guy Allix (1953), enseignant de lettres modernes au lycée Sivard-de-Beaulieu
- Patrick Fissot (1971), enseignant d'histoire et de géographie au lycée Sivard-de-Beaulieu
Notes et référencesModifier
NotesModifier
- Population municipale 2016.
- Dans le tableau des recensements et le graphique, par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu, pour les populations légales postérieures à 1999 de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique que les populations correspondant à l'année 2006, première population légale publiée calculée conformément aux concepts définis dans le décret no 2003-485 du 5 juin 2003, et les années correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee.
RéférencesModifier
- Altitudes, coordonnées, superficie : répertoire géographique des communes 2013 (site de l'IGN, téléchargement du 19 mars 2014)
- « Géoportail (IGN), couche « Limites administratives » activée »
- Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, t. 1 : Formations préceltique, celtiques, romanes, Genève, (lire en ligne), p. 193
- Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris, Larousse,
- René Lepelley, Dictionnaire étymologique des noms de communes de Normandie, Condé-sur-Noireau, Éd. Charles Corlet, (ISBN 2-905461-80-2), p. 86
- Major General Maurice Rose, World War II's Greatest Forgotten Commander.
- « Recueil des actes administratifs de décembre 2015 » [PDF], sur le site de la préfecture de la Manche (consulté le 19 août 2019).
- « Recueil des actes administratifs de juillet 2016 » [PDF], sur le site de la préfecture de la Manche (consulté le 19 août 2019).
- « Recueil des actes administratifs de décembre 2018 » [PDF], sur le site de la préfecture de la Manche (consulté le 19 août 2019).
- « Carentan Manche », sur GASO, la banque du blason (consulté le 21 septembre 2014)
- http://perso.numericable.fr/briantimms3/chf/05bassenormandie.htm
- « Carentan : Jean-Pierre Lhonneur succède à Jean-François Landry », sur ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le 22 septembre 2014)
- Réélection 2014 : « Ouest-france.fr - Municipales à Carentan. Jean-Pierre Lhonneur repart pour un 2e mandat » (consulté le 28 mars 2014)
- « Carentan (50500) - Municipales 2014 », sur elections.ouest-france.fr, Ouest-France (consulté le 22 septembre 2014)
- Date du prochain recensement à Carentan, sur le-recensement-et-moi.fr, site spécifique de l'Insee.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 20062007 2008 2009 2010 20112012201320142015 2016 .
- Guillaume Le Du, « Carentan va aussi se chauffer au biogaz », sur ouest-france.fr, (consulté le 11 décembre 2018).
- « Église Notre-Dame », notice no PA00110352, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Œuvres mobilières à Carentan », base Palissy, ministère français de la Culture.
- « Maisons », notice no PA00110355, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Maison », notice no PA00110356, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Maison », notice no PA00110354, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Ancienne loge maçonnique », notice no PA00110353, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « Hôtel Hervieu de Pontlouis », notice no PA00110655, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- « C.S. Carentanais », sur Site officiel de la Ligue de Basse-Normandie (consulté le 22 septembre 2014)
Voir aussiModifier
BibliographieModifier
- Volker Griesser, Les Lions de Carentan. Fallschirmjäger-Regiment 6. 1943.1945, Bayeux, éditions Heimdal, , 135 p..
- Frédéric Lasaygues, Carentan, deux minutes d’arrêt, le Castor astral, Bègles, 2003
- Georges Bernage, Objectif Carentan, éditions Heimdal, .
- Carentan (Histoire de la ville de) et ses notables, Émile de Pontaumont, Le Livre d'histoire, Paris 2010 . (ISBN 978-2-7586-0419-8)