Amédée VI de Savoie

comte de Savoie

Amédée VI de Savoie
Illustration.
Amédée VI de Savoie, dit le comte vert
Titre
Comte de Savoie

(39 ans, 8 mois et 7 jours)
Prédécesseur Aymon Ier
Successeur Amédée VII
Biographie
Dynastie Maison de Savoie
Date de naissance
Lieu de naissance Chambéry (Savoie)
Date de décès (à 49 ans)
Lieu de décès Campobasso (Naples)
Sépulture Abbaye d'Hautecombe
Père Aymon de Savoie
Mère Yolande de Montferrat
Conjoint Bonne de Bourbon
Enfants Une fille mort-née
Amédée
Louis
Antoine

Amédée VI de Savoie

Amédée VI de Savoie, dit le « comte vert », né le à Chambéry (comté de Savoie) et mort de la peste à Campobasso (Royaume de Naples) le , est prince souverain du comté de Savoie (1343 à 1383), duc de Chablais et d'Aoste, marquis en Italie et vicaire général d'Empire.

Premier fils du comte Aymon de Savoie, il succède à son père en 1343 alors qu'il n'a que neuf ans. La régence est placée sous l'autorité de ses oncles : Louis de Vaud et Amédée III de Genève. D'un esprit chevaleresque, il participe à des tournois, se lance dans une croisade. Il crée en 1362 l’Ordre du collier de Savoie. Son surnom lui provient de la couleur de son armure, portée lors d'un tournoi à Chambéry en 1348.

Biographie modifier

Enfance et régence (1343-1348) modifier

Amédée de Savoie est né le à Chambéry[1],[2], ville où les comtes de Savoie possèdent une résidence depuis une dizaine d'années. Il est le premier enfant du comte Aymon de Savoie et de Yolande de Montferrat[1],[2]. Il est baptisé le par l'évêque de Maurienne, Aimon II de Miolans[3].

Il hérite en 1343 du titre comtal à l'âge de neuf ans ; il est alors placé sous l'autorité de ses oncles, le baron Louis II de Vaud et le comte Amédée III de Genève[4],[5]. Il s'émancipe de cette tutelle lors de sa majorité en 1348[2].

Règne comtal modifier

Un seigneur guerrier modifier

À partir de 1352, il utilise des pièces d'or « imitant le florin, avec l'écu savoyard comme différent, [tout en copiant également] les écus et les moutons français » (monnaie d'or représentant un mouton)[6].

Le conflit delphino-savoyard trouve un règlement par le traité de Paris, de 1355[7]. Il acquiert la province du Faucigny en renonçant au Viennois et fixe ainsi la frontière entre la Savoie et le Dauphiné[7]. Son mariage, la même année avec Bonne de Bourbon[7], une nièce du roi Philippe VI de Valois, renforce ce rapprochement avec le royaume de France.

En 1357, un conflit éclate avec la branche cadette des Savoie-Achaïe[7]. Il combat son cousin Jacques, prince de Piémont avant de parvenir à un accord qu'il impose au fils et successeur de ce dernier.

En 1359, l'apanage de Vaud est récupéré[7].

 
Campagne militaire d'Amédée VI de Savoie contre la Bulgarie entre 1366 et 1367.

Amédée VI combat également les marquis de Salucces et de Montferrat et parvient aussi à neutraliser la Famille Visconti de Milan, entre 1360 et 1363. Il remporte avec le comte de Genève, son ami, Aymon III, une victoire contre Frédéric II de Saluces[8]. Ce dernier rendra hommage au Dauphin de France pour le marquisat.

En 1365, Amédée VI réussit à obtenir le titre de « vicaire perpétuel et héréditaire de l’Empire dans l’ancien royaume d’Arles » (Reichsvikar) des mains de Charles IV du Saint-Empire de passage à Chambéry[9],[10],[7]. Il est désormais le représentant régional du pouvoir impérial (vicarii imperii, Reichsvikar)[10],[11]. Toutefois ce pouvoir se limite des diocèses de Sion, Lausanne, Genève (qui se déroba vite), Aoste, Ivrée, Turin, Maurienne, Tarentaise, Belley, au comté de Savoie et aux terres qui en dépendant dans les diocèses de Lyon, Mâcon et Grenoble[10],[12].

Lors de l'élaboration de la ligue de 1366, Amédée se retrouve aux côtés du roi de Hongrie, de la flotte génoise et le roi de Chypre, Pierre Ier[13]. Il dirige ainsi l'une des expéditions, parfois considérée comme une croisade, triomphe des Bulgares et reprend pour un temps aux Turcs Gallipoli, sur les Dardanelles[13]. Il se dirige ensuite en mer Noire pour « libérer » son cousin Jean V Paléologue, empereur romain d'Orient[14],[13].

L'esprit chevaleresque modifier

Il fonde en 1352, l'Ordre du Cygne noir, puis en 1362 l’Ordre du collier de Savoie, avec quatorze autres chevaliers[15],[16],[17].

Il institua à la forteresse de Pierre-Châtel, dans l'Ain actuel, face à Aix, une Chartreuse avec douze pères chargés de la prière perpétuelle dans le temps où les chevaliers partaient guerroyer contre les Turcs en Méditerranée.

Il est surnommé le « comte vert » raison d'une armure et d'une livrée de couleur verte qu'il porta, en 1348[18], lors d'un tournoi à Chambéry. On dit qu'il adopta cette couleur en signe d'errance tant que la compagnie des chevaliers n'aurait été complète. Le vert est bien la couleur traditionnelle des chevaliers errants. Par ailleurs avant cette institution de l'Annonciade, le comte était dit « ferré », c'est-à-dire qu'il portait un anneau de fer entourant sa cuisse, toujours selon la tradition de la chevalerie errante.

Le comte utilise dans sa titulature, en plus du titre de comte de Savoie, ceux de « duc de Chablais et d'Aoste, marquis en Italie et vicaire général d'Empire »[19].

Mort et succession modifier

Amédée VI s'engage dans une campagne napolitaine en 1382 - 1383 pour soutenir Louis Ier d'Anjou[20].

Il meurt de la peste[14], le à Santo Stefano, à proximité de Campobasso[21]. Il confie peu de temps auparavant l'anneau de saint Maurice, symbole du pouvoir comtal, au maréchal de Savoie, Gaspard de Montmayeur, afin qu'il le remette à son fils et devienne son tuteur[20]. Le maréchal de Montmayeur meurt un mois et demi plus tard[20].

Après deux mois, le corps est transféré en Savoie et inhumé dans la nécropole de la maison de Savoie, en l'abbaye d'Hautecombe, le [21] ou lendemain[2].

Son fils Amédée lui succède à l'âge de 23 ans, sous le nom d'Amédée VII[4].

Famille et descendance modifier

 
Statue d'Amédée VI de Savoie sur la Piazza Palazzo di Città de Turin.

Amédée épouse en 1355 la princesse Bonne de Bourbon, fille de Pierre Ier, duc de Bourbon et d'Isabelle de Valois[22],[23]. De cette union sont connus trois enfants, voire quatre selon l'historien André Palluel-Guillard :

  • une fille mort-née en 1358 ;
  • Amédée (1364-1391), successeur de son père sous le nom Amédée VII, dit le Comte Rouge, marié à Bonne de Berry.
  • Louis (1362-1365).
  • Antoine († 1374).

Hommage modifier

Chambéry, en France, ancienne capitale du comté puis du duché de Savoie, possède une « avenue du Comte-Vert »[1]. La ville de Nice possède également une « Rue du Comté-Vert-Amédée-VI »[1].

La Place du Comte-Vert à Monthey en Suisse témoigne de l'importance qu'a eue la maison de Savoie sur le Chablais.

En Italie, de nombreuses rues portent son nom. À Turin, il existe dans le centre historique, Piazza Palazzo di Città, une statue remémorant la libération de Jean V Paléologue par le Comte Vert, et édifiée par le roi Charles Albert.

Notes et références modifier

  1. a b c et d Germain 2007, p. 22-23.
  2. a b c et d Bernard Andenmatten, « Savoie, Amédée VI de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
  3. Claudius Blanchard, Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie avec pièces justificatives inédites, Académie de Savoie, Tome 1 (1875), 744 pages, p. 221 (lire en ligne).
  4. a et b Sache 2007, p. 317.
  5. Nicolas Carrier, Matthieu de La Corbière, Entre Genève et Mont-Blanc au XIVe siècle : enquête et contre-enquête dans le Faucigny delphinal de 1339, Librairie Droz, , 401 p. (ISBN 978-2-88442-019-8, lire en ligne), p. XVI.
  6. Yves Coativysem, « La montagne est-elle une frontière ? Le témoignage de la circulation monétaire d'après les trésors alpins », Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, vol. 34, no 1,‎ , p. 2003 (lire en ligne).
  7. a b c d e et f Demotz 2000, p. 462.
  8. Pierre Duparc, Le comté de Genève, (IXe – XVe siècles), t. XXXIX, Genève, Société d’histoire et d’archéologie de Genève, coll. « Mémoires et documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 621 p. (lire en ligne), p. 305.
  9. Georges Chapier, Châteaux savoyards : Faucigny et Chablais, vol. 5, Grenoble, Éditions Revue Les Alpes, , 410 p., p. 6.
  10. a b et c The Green Count of Savoy, 1967, p. 194-195 ([1])
  11. JG, « Reichsvikar », sur le site saintempire.hypotheses.org (consulté en ).
  12. Demotz 2000, p. 188.
  13. a b et c Alain Demurger, Croisades et croisés au Moyen Âge, Flammarion, , 414 p. (ISBN 978-2-08-125591-3, lire en ligne), p. 238.
  14. a et b Leguay 2005, p. 29.
  15. Amédée de Foras, Chevaliers de l'ordre du Collier de Savoie, dit de l'Annonciade, appartenant au duché de Savoie, de 1362 à 1860, Grenoble, Impr. de E. Allier, , 42 p. (lire en ligne), p. 8-10.
  16. Arnaud Bunel, « Armorial des Chevaliers de l'Annonciade - Amédée VI »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur heraldique-europeenne.org, Héraldique européenne (consulté le ).
  17. Guichenon 1660, lire en ligne, p. 413.
  18. Alain Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey : Les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné (1282 - 1355), Lyon, Presses universitaires de Lyon, coll. « Histoire et Archéologie médiévales », , 433 p. (ISBN 2-7297-0762-X, lire en ligne), chap. 14, p. 85.
  19. Demotz 2000, p. 175.
  20. a b et c Guido Castelnuovo, « Les maréchaux de Savoie au bas Moyen Âge », dans XXXVIe Congrès des Sociétés Savantes de Savoie, La société savoyarde et la guerre. Huit siècles d'histoire, XIIIe – XXe siècles, Mémoires et Documents de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, (lire en ligne), chap. 100, p. 91-99.
  21. a et b Laurent Ripart, « Ultimes itinérances. Les sépultures des ducs de la Maison de Savoie entre Moyen Age et Renaissance », dans A. Paravicini Bagliani et alii (dir.), L’itinérance des seigneurs (XIVe – XVIe siècle), Lausanne, coll. « Cahiers lausannois d’histoire médiévale », (lire en ligne [PDF]), chap. 43, p. 193-247.
  22. Guichenon 1660, lire en ligne, p. 428.
  23. Demotz 2000, p. 467.

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

Ouvrages généraux
Ouvrages, articles sur Amédée VI et la période
  • Marie-José de Belgique, La Maison de Savoie. Les origines: Le Comte Vert - Le Comte Rouge, Paris, éditions Albin Michel, , chapitre II, « Le Comte Vert » pp. 77-277..
  • Florian Chamorel, "Ad partes infidelium" : la croisade d'Amédée VI de Savoie, juin 1366 - juillet 1367, Lausanne, Université de Lausanne, coll. « Cahiers lausannois d’histoire médiévale » (no 56), (ISBN 978-2-940110-69-8 et 2-940110-69-7, OCLC 967755698)
  • Eugene L. Cox, The Green Count of Savoy : Amedeus VI and Transalpine Savoy in the Fourteenth-Century, Princeton University Press, (réimpr. 2015) (1re éd. 1967), 422 p. (ISBN 978-1-4008-7499-6, lire en ligne).
  • Bruno Galland, « Le rôle du comte de Savoie dans la ligue de Grégoire XI contre les Visconti (1372-1375) », Mélanges de l'École française de Rome - Moyen Âge, vol. 105, no 2,‎ , p. 763-824 (lire en ligne).
  • Richard K. Emmerson, Key Figures in Medieval Europe : An Encyclopedia, Routledge, coll. « Routledge Encyclopedias of the Middle Ages », , 784 p. (ISBN 978-1-136-77518-5, lire en ligne), p. 33-35.
  • [Sache] Bernard Sache, Le siècle de Ripaille, 1350-1450 : quand le duc de Savoie rêvait d'être roi, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 324 p. (ISBN 978-2-84206-358-0, lire en ligne).  
    Bernard Sache est un ancien professeur agrégé, enseignant l'Histoire et la Géographie au Lycée Berthollet.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier