Éditions du Sagittaire

maison d'édition

Le Sagittaire est une maison d'édition française fondée en 1919 à Paris et disparue en 1979. Pour certains de ses ouvrages, elle est également référencée comme Éditions Simon Kra, Éditions S. Kra, ou Éditions Kra (du nom de son fondateur).

Éditions du Sagittaire
Le logo des éditions : un sagittaire stylisé (vers 1925).

Parcours

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Le premier Sagittaire (1919-1951)

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Créée par Simon Kra[1], en association avec son fils Lucien[2] et ses sœurs, Hélène et Suzanne, au 6 rue Blanche dans le IXe à Paris, cette librairie devenue maison d'édition avait comme but premier de publier des volumes illustrés à tirage limité. Après avoir publié comme premier titre Les Flirts du mâle de l'humoriste Lucien Boyer, elle développa rapidement une édition de livres plus classique dans la forme, très soignée, sous la direction d'abord d'André Malraux (1921-1923), rejoint deux ans plus tard par Philippe Soupault, recruté par André Germain, et Léon Pierre-Quint, déjà sous contrat d'auteur et ami des filles Kra. Tout en ayant publié des auteurs fin de siècle, elle devint la maison d'édition des surréalistes avec pour auteur régulier André Breton et la première édition du Manifeste du surréalisme (1924). Germain y lança La Revue européenne que Kra conserva jusqu'en 1927, et qui engendra la collection du même nom, où ne parurent que des auteurs contemporains, puis « Les Cahiers nouveaux », où parurent La Liberté, ou l'amour de Robert Desnos qui valut à l'éditeur un procès pour outrage aux bonnes mœurs.

Jusqu'aux premiers effets de la crise de 1929, plusieurs collections de littérature et d'essais virent le jour comme la série « Documentaires », initiée par Pierre-Quint (1924-1939) qui permit de découvrir John Maynard Keynes, les « Panoramas des littératures contemporaines» (1928-1940), ou bien encore la « Fontenelle » dirigée par Georges Urbain et Salomon Reinach. Durant cette période, une série de livres remarquables fut produite avec l'artiste Yan Bernard Dyl.

Cette maison porta durant ces dix années plusieurs noms : Aux Éditions du Sagittaire [chez] Simon Kra, Simon Kra, ou Kra. En 1927, elle publie 4 titres par mois, engrange des bénéfices sur un chiffre d'affaires dépassant les deux millions de francs. En , les Éditions Kra/Éditions du Sagittaire se transforment en société anonyme[3].

En 1930, alors que Soupault s'éloigne définitivement, Léon Pierre-Quint devient l'actionnaire principal du Sagittaire. Un immeuble est acquis, rue Henri-Regnault, où sont regroupés toutes les activités et un fort personnel. La famille Kra, dont le nom disparaît de la marque, se retire en partie et ouvre deux librairies, toujours rue Blanche. Pierre-Quint publia Paul Valéry, René Crevel, Thomas Mann. Un Gargantua illustré par Dubout eut un énorme succès. La collection « Byblis » composée de livres illustrés numérotés de haute tenue dont quatre Pierre Louÿs dépassa les 10 000 exemplaires. Durant l'été 1931, la crise rattrape l'édition française et Le Sagittaire doit revendre progressivement une partie de son fonds, son immeuble et licencier. L'adresse devient le 56 rue Rodier. En 1933, les Kra démissionnent, suivi par Pierre-Quint l'année suivante : toutefois, celui-ci reste directeur littéraire. Une réorganisation se fit par le biais de Marie-Madeleine Allard, Gabrielle Neumann, Edouard Roditi et Jérôme Jéramec, nommé administrateur-délégué, qui empéchèrent la liquidation. Durant cette période qui se termine en , paraissent des titres remarquables dont l'Anthologie de l'humour noir d'André Breton, que Pierre-Quint était allé récupérer chez Robert Denoël mais que le gouvernement de Vichy interdira de diffusion.

Durant les trois premières années de la Seconde Guerre mondiale, Le Sagittaire poursuivit son travail d'édition, réfugié rue du Vieux-Port à Marseille, avec Les Cahiers du Sud qui l'hébergèrent. Bras-droit depuis 1923 de Léon Pierre-Quint[4], Gabrielle Friedrich[5] lui succéda à la tête de l'entreprise puis se réfugia dans la clandestinité après l'invasion de la zone libre ; auparavant, des traductions de romans américains et des récits de résistants furent publiés. Jean Beaufret puis Julien Luchaire furent un temps président et servirent de prête-nom. Le Sagittaire devient la cible de la censure, son catalogue placé sous l'œil de Vichy, et sortent moins de vingt titres dont une collection négociée avec le bien en vue Henri Pourrat.

En , à Paris, Le Sagittaire est réorganisé. Léon Pierre-Quint est élu président, poste qu'il conserve jusqu'en 1951, assistée de Gaby Neumann. On y publia notamment quatre titres d'André Breton dont Arcane 17 (1947), mais aussi Paul Eluard, Pierre Mabille, et le jeune Claude Simon. En 1947, la crise du livre frappe le pays et Pierre-Quint doit ralentir la production qui culmine de nouveau à trois titres par mois. Les Messageries Hachette cassent alors le contrat de diffusion au moment où sort Les Mauvais coups de Roger Vailland et la liquidation menace.

En 1951, Pierre-Quint se rapproche des éditions de Minuit dirigées par le jeune Jérôme Lindon qui, nommé président, apure les dettes et permet encore à la maison d'exister dignement. En 1954, le Club français du livre rachète la marque, Pierre-Quint se retire.

Le catalogue complet de cette époque compte un peu plus de 410 titres, dont certains sont considérés comme incontournables[6].

Le second Sagittaire (1975-1979)

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Le Club français du livre finit par céder aux Grasset-Fasquelle ce qui reste de la maison, où ne sortent que six titres avant 1967, quand la société est définitivement liquidée. En 1975, Grasset relance la marque et la place sous la direction de Gérard Guégan assisté entre autres de Raphaël Sorin et d'Olivier Cohen, lesquels avaient été licenciés en 1974 de Champ Libre, la maison fondée par Gérard Lebovici. La direction artistique est confiée à Alain Le Saux, lui aussi venu de chez Champ Libre, qui développe une charte graphique privilégiant les couleurs fluorescentes et une typographie de style affiche. Entre autres auteurs publiés à cette époque : Jacques Baynac, Béatrix Beck, Pierre Mabille, Jean-Pierre Martinet, etc. Bukowski y fut traduit en 1977 pour les Contes de la folie ordinaire par le biais de Jean-François Bizot, qui y publia son premier roman, et Léon Mercadet.

Les éditions du Sagittaire, peu rentables, disparaissent en [7], l'année de leurs 60 ans[8].

Extrait du premier catalogue (1919-1951)

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« Collection de la Revue européenne » puis « Collection Européenne »[9]

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37 titres sortis de 1923 à 1928, ensuite réimprimés ou révisés[10]. Chaque volume était illustré par une héliogravure hors-texte exécutée par un artiste contemporain[11] et représentant l'auteur du livre.

« Les Cahiers nouveaux[17] »

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« Carnets littéraires » (chez Kra)

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Série cosmopolite

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Série française

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  • André Beucler, La belle de banlieue, 1, 1927
  • André Rivollet, Battement de coeur, 2, 1927
  • Gilbert Mauge[19], Merveille de la mort, 3, 1927
  • Emmanuel Bove, Un soir chez Blutel, 4, 1927
  • Georges Duvau, Le Testament romantique, 5, 1927

Bibliographie

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Notes et références

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  1. Ancien secrétaire de la famille Rothschild, il fut libraire dès 1903 sous le nom de la Librairie de l'Ancien temps, rue de la Victoire, puis déménage sa boutique au 6 rue Blanche. Il est mort le 13 janvier 1940 à Angers.
  2. Lucien-Jacques Kra (1889-1944), mort à Auschwitz.
  3. Le capital souscrit est de deux millions de francs sous la forme de 20 000 actions dont la moitié va à la famille Kra. Le conseil d'administration est présidé par Roger Picard, professeur agrégé des facultés de droit ; Simon Kra est vice-président ; Hélène Kra, secrétaire ; les autres membres sont Georges Dreyfus, banquier, Edmond Bomsel, bibliophile connu, agréé près le tribunal de Versailles, A. Saphir, administrateur de sociétés, R. Bing, ingénieur E.C.P., Léon Pierre-Quint et Philippe Soupault. Léon Pierre-Quint et A. Saphir sont nommés administrateurs-délégués. La direction générale est assurée par Lucien Kra ; Léon Pierre-Quint et Philippe Soupault restent les directeurs littéraires de la maison. (Sources : Pascal Fouché, Chronologie de l’Édition française depuis 1900, en ligne.)
  4. Le directeur littéraire était passé dans la clandestinité dès juin 1940.
  5. Gabrielle dite Gaby Neumann, du nom de son époux
  6. « Le Sagittaire » par Antoine Corin, In: Léon Pierre-Quint, Paris, Bibliothèque nationale, 1981 - en ligne sur Gallica.
  7. G. Guégan, op. cit., p. 379-382.
  8. François Laurent et Béatrice Mousli, Les Editions du Sagittaire : 1919-1979, Paris, Editions de l'IMEC, , 505 p. (ISBN 2-908295-59-8), p.435
  9. En juillet 1923, Philippe Soupault et Léon Pierre-Quint furent chargés de diriger la « Collection de la Revue européenne », issue de la revue du même nom créée en mars et publiée au Sagittaire. Par la suite, le nom deviendra « Collection européenne » (sources : Imec).
  10. Par exemple, le no 26 Gatsby le Magnifique a connu deux versions de la traduction classique de Victor Llona : la première publiée en 1926, la seconde à partir de sa réédition de 1946 (détails en section Éditions de l'article Gatsby le Magnifique).
  11. Comme Robert Delaunay, Foujita, Joseph Sima, Adolf Hoffmeister, Man Ray, Christian Bérard, etc.
  12. Voir sur sudoc.fr.
  13. Voir sur sudoc.fr.
  14. Voir sur sudoc.fr.
  15. Voir sur sudoc.fr.
  16. Voir sur sudoc.fr.
  17. Lancée en septembre 1924 à raison d'un livre édité par mois (récit, essai, poésie), tiré à moins de 1 000 exemplaires en petit-format, sous couverture papier marron avec, hors-texte, un extrait fac simili de l'écriture manuscrite de l'auteur.
  18. Pseudonyme de Gérard Rosenthal, directeur de la revue L'Œuf dur.
  19. Pseudonyme d'Edmée de La Rochefoucauld.
  20. Archives consultables depuis 1989 à l'Imec sous le nom « Kra/Le Sagittaire ».

Voir aussi

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Articles connexes

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