Adolf Hoffmeister

écrivain, journaliste et diplomate tchécoslovaque
Adolf Hoffmeister
Adolf Hoffmeister à la terrasse du café
Les Deux Magots à Paris en 1969.
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Formation
Faculté de droit de l'université Charles (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Lieu de travail
Père
Adolf Hoffmeister (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Martin Hoffmeister (d)
Adam Hoffmeister (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Artiste national (d) ()
Chevalier de la Légion d'honneur‎Voir et modifier les données sur Wikidata

Adolf Hoffmeister, né le à Prague et mort le (à 70 ans) à Říčky v Orlických horách[1], est un artiste peintre, caricaturiste, illustrateur, scénographe, écrivain, dramaturge, traducteur, commentateur radio, enseignant, critique d'art, diplomate et voyageur tchécoslovaque.

Biographie modifier

 
Brundibár, qui fut créé en 1943 au camp de Theresienstadt, représenté ici à l'Opera Theater of Pittsburgh (en) en 2010.

En 1920, il est l’un des membres fondateurs du mouvement d'avant-garde Devětsil,

Après des études de droit à l'université Charles de Prague (il fut un avocat communiste convaincu) et des caricatures dans Simplicus[2], il rejoignit en 1927 le mouvement du Théâtre libéré avant de contribuer au Lidové Noviny (1928-1930) et au Pestrý týden, puis au Literární Noviny (1930-1932)[3], son supplément littéraire.

En 1930, Adolf Hoffmeister présente à James Joyce la première traduction en tchèque de Ulysse[4]

 
Exposition de caricatures d'Adolf Hoffmeister à Berlin en 1961.

En 1939, il part pour la France, où il avait déjà séjourné en 1922 et fait la rencontre de Ralph Soupault, Tristan Tzara, et Le Corbusier. Considéré comme un agent de l'URSS et ayant été « l’initiateur et le chef de file de la Maison de la culture tchécoslovaque, créée à Paris pendant l’été 1939 et qui devait servir justement de centre culturel, de résistance »[5], il fut enfermé après le Pacte germano-soviétique à la prison de la Santé, puis au camp de Damigny[6]. Via le Maroc, le Portugal puis Cuba, il parvient néanmoins à gagner les États-Unis où, avec Antonín Pelc (cs), il exposa au MoMA de New York[7].

De 1941 à 1945, il fut chef des émissions tchécoslovaques à La Voix de l'Amérique[8].

De 1948 à 1951, il fut l'ambassadeur de la Tchécoslovaquie à Paris après avoir occupé un poste au ministère de l'information[9]. Mis ensuite à l'écart, il devient enseignant à l'École supérieure d’arts et métiers de Prague.

Son fils, Martin Hoffmeister, a ouvert un hôtel de prestige à Prague[10].

Il fut lié à Staša Jílovská[11]

 
L'hôtel Hoffmeister de Prague a été fondé par le fils d'Adolf Hoffmeister[12].

Œuvres modifier

  • 1934 Visages[13]
  • 1938 Brundibár, opéra pour enfants écrit par Adolf Hoffmeister et le compositeur tchèque-allemand Hans Krása en 1938. Il fut interprété pour la première fois le par les enfants déportés du Camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie occupée. En tchèque commun, "Brundibár" désigne un bourdon et dans cette pièce il s'agit d'un personnage de méchant, un joueur d'orgue de barbarie inspiré d'Adolf Hitler
  • 1941 The Animals are in Cages (Touriste malgré soi[14])
  • 1955 Sto let české karikatury, Prague, SNKLHU[15]
  • 1958 Le Café Union (Kavárna Union), Prague, Nakladatelství československých výtvarných umelců[16]
  • 1960 Publication de collages dans Les Lettres françaises[17]
  • 1961 František Matoušek - Výstava k 60. narozeninám, catalogue, Galerie Václav Špála, texte d'Adolf Hoffmeister
  • 1965 Nouvelles tchèques & slovaques, Seghers, préface d'Adolf Hoffmeister
  • 1969 La Prison, Gallimard, EAN13 / (ISBN 9782070270866)

Citations modifier

« Réfugié en France après l’occupation de la Tchécoslovaquie par les nazis, porté sur la liste noire de la Gestapo, j’ai été arrêté et mis en tôle à Paris pendant la drôle de guerre pour des opinions trop avancées et trop libres à cette époque de l’histoire. C’est à la prison de la Santé que j’ai écrit, pendant sept mois, en confinement solitaire, ce journal et ces dialogues de détenus. »

— Avant-propos à La Prison[18]

Hommages modifier

« Lorsqu'on les regarde pour la première fois (ils) surprennent par leur étrange cruauté. On n'imagine d'abord qu'ils représentent les hommes tels qu'ils devraient être, avec leurs tares, leurs vices, leurs verrues. Et puis, au second abord, on s'aperçoit qu'ils sont moins cruels que profonds. » Philippe Soupault, 1928

Avec ses collages, il renoue avec « cette imagination véritable de la nature qui invente le cactus, la tortue, l'escargot et les critiques d'art, dont je défie au grand jamais les peintres d'imagination de trouver les équivalents lunaires » Louis Aragon[19]

Références modifier

  1. Information d'autorité sur le site d'archive tchèque abART, en ligne.
  2. « Le Simplic[issim]us », sur blogspot.fr (consulté le ).
  3. Andrea Orzoff, Battle for the Castle : The Myth of Czechoslovakia in Europe, 1914-1948: The Myth of Czechoslovakia in Europe, 1914-1948, Oxford University Press, 21 juillet 2009, page 168
  4. Jean Kimball, Odyssey of the Psyche: Jungian Patterns in Joyce's Ulysses, SIU Press, 1997, page 42
  5. Anna Pravdová, interview à Radio Prague, en ligne.
  6. Le Camp de Damigny, en ligne.
  7. (en) Radio Prague : http://www.radio.cz/en/section/curraffrs/laughing-at-czech-politics-caricature-art-1900-1950
  8. Françoise Norant, Parallèle 50, un périodique tchécoslovaque, communiste et parisien contre la division de l'Europe, in Une Europe malgré tout 1945-1990, sous la direction de Antoine Fleury et Lubor Jílek, Peter Lang, 2009, page 387
  9. Annie Guénard, Les attentes de l'est européen, in Europe des élites ? Europe des peuples ? : la construction de l'espace européen, 1945-1960, Presses Sorbonne Nouvelle, 1er janvier 1998, p. 154-157.
  10. Le Journal du Parlement : http://www.lejournalduparlement.fr/site/fr/node/54
  11. Université Charles de Prague, Eva Kalivodová et Mariana Bernasová, Was Staša Jílovská a modernist translator? : https://dspace.cuni.cz/handle/20.500.11956/20853?show=full [archive]
  12. « Avantgarde Prague - Hébergement », sur Avantgarde Prague (consulté le ).
  13. Centre Pompidou : http://bibliothequekandinsky.centrepompidou.fr/clientBookline/service/reference.asp?INSTANCE=INCIPIO&OUTPUT=PORTAL&DOCID=0369894&DOCBASE=CGPP
  14. « The Animals Are in Cages », sur blogspot.fr (consulté le ).
  15. Important essai sur la caricature tchèque, comprenant 554 pages et plus de 970 reproductions.
  16. « Biographie sommaire d'Adolf Hoffmeister », sur bohemica.free.fr (consulté le ).
  17. Adelaide Russo, Le peintre comme modèle : du surréalisme à l'extrême contemporain, Presses Universitaires du Septentrion, 2007, page 55
  18. La Prison, Gallimard, 1969 - lire en ligne.
  19. Cités par Justine Lacoste dans Adolf Hoffmeister, homme de plumes et d'encres, L'Humanité, 6 janvier 2007 : https://www.humanite.fr/node/363470

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Utah State University, Logan, Laughter and Hatred Are Neighbors, Adolf Hoffmeister and EF Burian in Stalinist Czechoslovakia, 1948-1956
  • Louis Aragon, Adolf Hoffmeister et la beauté d'aujourd'hui, 1960

Liens externes modifier